Open Experience Art et Culture

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Titre : Open Experience - Quels modèles économiques pour l’Open dans l’Art et la Culture ?

Intervenant : Lionel Maurel

Lieu : Paris, La Mutinerie

Date : Janvier 2014

Durée :

Lien vers la vidéo : [1], en bas


00' transcrit Marie-Odile[modifier]

Lionel Maurel : Je suis bibliothécaire et juriste. Je m'intéresse aux questions de droit d'auteur dans l'environnement numérique et j’ai un blog qui s'appelle SILEX sur lequel j'essaye de réfléchir à ces questions. Ça fait un certain temps maintenant que je m'intéresse de plus en plus à la question des modèles économiques et notamment dans le domaine de la culture et de l'art. D'ailleurs quand Louis-David m'a fait cette proposition, [tout] de suite cela a fait écho à beaucoup de discussions que j’avais pu déjà avoir. Je voulais un petit peu réfléchir à cette question parce que du côté, je dirais, des gens qui ne sont pas forcément très favorables à l'usage de ces modèles où vous avez souvent une image qu'on serait dans le gratuit, où l'Open (ou le Libre) seraient tout le temps dans le gratuit. Donc qu'on n'aurait par définition pas de modèle économique. Et du côté des gens qui sont dans l'Open, il y a parfois une certaine difficulté à parler des questions d'argent et des questions de modèle économique. Donc, je voulais participer à cette soirée pour essayer de faire un peu casser tous ces murs-là et commencer à entamer le débat avec vous.


Organisateur : Super. Comme tu n'as pas de numéro, tu as le droit d'en enlever deux. Qui n'a pas de numéro encore ? Est-ce qu'il y a d'autres numéros ? Super. Donc, pas de numéro.


Julien Simon : Bonjour. Je m'appelle Julien Simon. Je suis le créateur d'un société d'édition qui s'appelle Walrus et qui publie du livre numérique. Notamment du livre numérique dans les domaines fantastiques, science-fiction, pulps (?), romans noirs etc, et j'ai une double casquette. J'interviens un peu sous les deux casquettes, ce soir. Je suis aussi auteur sous le nom de Neil Jomunsi. J'écris des séries, des romans, toutes sortes de choses un petit peu bizarres. Là en ce moment, je suis entré dans un truc qui s'appelle le projet Bradbury, qui consiste à écrire une nouvelle par semaine pendant un an et à la publier en temps réel sur les plates-formes de vente. J'ai encore un projet en parallèle, c'est un roman que j'écris par mél en fait, qui est totalement ouvert, qui est sous Creative Commons. En fait, les abonnés à ma newsletter reçoivent gratuitement tous les dimanches un nouveau chapître du roman et peuvent donc voir le truc se construire en direct, etc. Je crois que c'est à peu près tout.


Organisateur : Super. Alors qui n'a pas de numéro, pas encore arraché des trucs, se sent lésé dans cette histoire fantastique ? Non. Il faut. Voila, ça va être toi.


Jeune dame : Je me représente, parce que j'ai oublié quelque chose d'important. On est plusieurs à avoir créé l'association Val'Heureux et on est là pour actualiser les richesses. On travaille avec des modèles innovants. Je me sers de l'art pour éveiller les gens et apporter les modèles complémentaires, les indicateurs... Là par exemple à Noël, il y a un théâtre à Paris qui nous a prêté sa salle et dans un théâtre on a parlé de monnaie et de façon complètement différente de ce qu'on fait d'habitude avec des conférences. Il y avait des jeux, de l'interaction. C'est aussi pour ça et puis je vais rajouter un troisième projet parce qu'il y a des questions là-dessus. Je suis en train, on est plusieurs à créer un eco-lieu qui sera un terrain d’expérimentation des innovations sociales près de Béziers et où là tout va se faire aussi en open en source, mais pas dans le gratuit, mais avec une nouvelle économie. Donc il y plein de questions, parce que ça va toucher à l'agriculture, l'art, l'habitat, donc plein de questions. Merci et je vous libère par un joyeuse année.


Organisateur : Ouais bravo ! Bravo !


Applaudissements.


Organisateur : On peut se rapprocher. Lionel va nous commenter la cartographie qu'il a réalisée. Vous avez des chaises, vous n’êtes pas obligés de vous mettre super loin.


Préparatifs divers

06' 30[modifier]

Lionel Maurel : Donc, comme je vous le disais, ça fait un certain temps que je m'intéresse à ces questions de modèle économique dans le domaine de l'art et de la culture. Ce qui m'a un peu piqué, c'est une discussion que j'avais eu avec un producteur de documentaires, qu'on avait commencée sur Twitter et qui s’était continuée par mél. Où, à la fin de la discussion, on se parlait justement de la question des liens entre l’usage des licences libres et le modèle économique dans la culture. À la fin de la discussion, il avait avancé cet argument en disant « le libre, bon ça a marché dans les logiciels, ça a marché pour les encyclopédies, il y a Wikipédia, mais ça ne marchera jamais pour les autres domaines de la culture que sont le livre, la musique et le cinéma en particulier ». Parce qu'il soutenait que c'était une économie trop particulière et que ce n'était pas possible de mettre en place ces modèles-là, que c'était trop spécifique à la question du logiciel et par extension des encyclopédies qui quelque part n'est pas si éloignée du modèle des logiciels.

Je dois vous avouer que c'est un mél qui m'est longtemps resté en tête, auquel j’avais envie de répondre, mais concrètement, en montrant que ce n'était certainement pas vrai et qu'on pouvait avancer des exemples qui montrent qu'il y avait quand même des modèles économiques soutenables dans d'autres champs que le logiciel et l'encyclopédie.

Maintenant, ça fait plusieurs années que je m'intéresse à ces questions. Dans mes bookmarks, vous savez, j'ai accumulé un certain stock d'exemples, que je voyais passer. Cet atelier, cette première édition d'Open Experience, ça a été l'occasion d'essayer d'organiser ça, sur une carte. D'épingler tous les exemples que j'avais pu trouver depuis toutes ces années et d'essayer de les catégoriser pour voir s'il y avait des modèles qui émergeaient, des familles de stratégies qui pouvaient se dégager. En y regardant bien, il semble quand même qu'il y a vraiment des pôles qui commencent à se constituer et il y a des réalisations qui attestent qu'on commence à voir émerger des modèles valables dans l'ouvert, dans l’Open.

Une chose en préambule qu'il faut peut-être clarifier, c'est un peu une question qu'on s'est beaucoup posée dans le groupe qui a commencé à monter Open Experience, c’est: « Qu'est-ce qu'on doit entendre par Open ? » Ça, c'est une question redoutable. Vous savez qu'il y a beaucoup, au sein même de la sphère des gens qui travaillent là-dessus, il y a des gros débats sur la définition et notamment qu'est-ce qui est Open, qu'est-ce qui est Libre. Dans les vieux logiciels, ce n'est pas du tout la même chose et ça a une signification bien précise.

Pour le domaine de la culture, moi je suis parti sur une définition propre, on va dire, pour ne pas enfermer les choses dans un périmètre trop fermé. J'ai considéré qu'on était dans l'Open à partir où on n’était pas dans un système de droit d'auteur classique, de copyright tous droits réservés, où tout usage demande une autorisation. Voilà: tout ce système classique qui est celui des filières traditionnelles de la création, de l'édition, de la production de musique et de cinéma. J'ai pris comme critère dès qu'on commence un petit peu à ouvrir ce cadre-là, en utilisant des licences, et notamment il y a beaucoup de licences applicables, mais il y en a surtout une qui s'appelle les Creative Commons qui permettent d'ouvrir petit à petit le cadre juridique et de permettre des usages, plutôt que de les refermer. Moi, dès que je suis tombé sur des modèles qui utilisaient ces licences, j'ai considéré qu'on pouvait les intégrer dans l'Open. Ça va me conduire à montrer qu'il y a des gradations, c'est-à-dire qu'il y a des choses qui sont extrêmement ouvertes, il y a des choses qui sont complètement ouvertes, et puis il y a des choses qui sont moins ouvertes. Il y a des modèles dans lesquels les usages non commerciaux sont possibles, mais les usages commerciaux ne sont pas évidents. Il y a des modèles dans lesquels on peut copier et diffuser les œuvres, mais on ne peut pas les transformer. Voila ! Tout ça, ça crée des variables, des graduations dans les modèles. Les modèles que j'ai pu observer, je les ai rangés par types de média. Je pense qu'une chose qui est assez importante c'est qu'on constate que les spécificités des types de médias sont très fortes. C'est-à-dire qu'il y a des variables qu'on va retrouver de média en média, mais il y a quand même une part propre des modes d'expression qui jouent. D’ailleurs, comme ce qu'on va trouver dans le livre n’est pas forcément applicable dans le cinéma, dans la musique. J'ai aussi pris la photographie qui est un domaine intéressant. Il y a la presse, qui peut aussi adopter ce type de modèle et même les médias comme la télévision, qui ont déjà fait des expérimentations autour de l'ouvert qui sont assez intéressantes. (Alors, attendez. C'est un outil qui est intéressant mais qui n'est pas évident à manier.)

11' 25[modifier]

Le premier modèle que je vais vous montrer c'est celui de la musique, parce que je pense que c'est peut-être le premier qui a fait vraiment beaucoup d'expérimentations dans le domaine de l'ouvert. Dans le domaine de la musique, ça fait un certain temps qu'on met en avant des exemples qui sont assez emblématiques. On a eu un exemple qu'on cite souvent: le groupe Nine Inch Nails, qui est un des premiers à tenter de diffuser sa musique sous Creative Commons. Ils ont fait des choses, par exemple, qui consistaient à prendre tous les rush de leurs concerts, les mettre sous une licence qui permettait la réutilisation et même la transformation et à demander à leurs fans de monter eux-mêmes les vidéos de concerts qu'ils souhaitaient voir. Ça a été aussi un des premiers groupes à diffuser sa musique à prix libre. En disant: « voilà, elle est sous Creative Commons, vous pouvez la télécharger gratuitement, mais c'est vous qui décidez combien vous payez ».

On a eu d'autres noms: Peter Gabriel a tenté ça; Giberto Gil dans un autre domaine; Public Enemy récemment a fait ça aussi. Vous avez cette année, un exemple qui est assez intéressant: c'est Moby, qui, son dernier album, a décidé de le mettre gratuitement en téléchargement sur BitTorrent, le protocole qui permet de faire du téléchargement. Et où circulent beaucoup de contenus illégaux, du téléchargement illégal, mais lui il a essayé de le faire en connaissance de cause, en le permettant. Il a fait autre chose: c'est qu'il a mis toutes les sources de sa musique en licence qui permettait la réutilisation. C'est-à-dire que toutes les pistes de l'album ont été mises aussi en open source. C'est le fichier le plus téléchargé de l'année 2013, devant les partages illégaux de Rihanna, c'est lui qui a eu le plus de partages des fichiers et il a eu largement plus d'une centaines de milliers de ventes, parce que sur le bundle qui permettait le téléchargement sur BitTorrent il y avait un petit icône pour l'acheter sur iTunes et il en vendu quand même, voilà.

Donc, on a eu tout un ensemble d'expérimentations qui étaient intéressantes. La limite de ce genre d'expériences, c'est que c’était déjà des artistes qui étaient assez connus et qui pouvaient profiter d'une notoriété déjà acquise pour essayer de développer des formes de rapport avec leur public. Là où on trouve des choses plus intéressantes enfin, peut-être plus significatives, c'est dans d'autres domaines où on a des artistes qui ne sont pas connus et qui essayent de se faire connaître avec des stratégies d'ouverture.

Dans le domaine de la musique libre, on a eu aussi un phénomène de plate-forme. C'est-à-dire qu'il y a des intermédiaires qui sont émergés pour regrouper des artistes qui se diffusaient avec des licences ouvertes. On a, par exemple, Dogmazic en France qui a été un site important. C'était un site qui ne posait pas forcément de questions de modèle économique. C'était des gens qui faisaient de la musique libre qui se rassemblaient sur une plate-forme pour se diffuser. On a eu aussi une plate-forme qui était un peu différente, qui s'appelait Jamendo, qui est assez connue aussi. Elle, en fait, s'est écartée du complètement libre on va dire, elle a permis à ces auteurs de refermer avec leurs licences certains aspects notamment de ne pas permettre les usages commerciaux. Elle a développé un modèle de rémunération qui est assez intéressant : elle laissait la musique circuler pour les usages non commerciaux, avec les artistes qui utilisaient une licence NC, c'est-à-dire qui ne permet un usage commercial, elle vendait des bouquets à des lieux comme des supermarchés, des coiffeurs, des bars, qui pouvaient comme ça sonoriser leurs espaces sans passer par la SACEM qui fait payer, vous savez, très cher et donc qui a fait une mode de sonorisation de l'espace avec ça. C'est un modèle possible avec la réservation de l'usage commercial.

Vous avez aussi, dans la musique, un phénomène qui est assez intéressant sur une autre plate-forme qui s'appelle Bandcamp, qui propose aux artistes et ça c'est un modèle qu'on voit revenir beaucoup dans l'Open, de la désintermédiation. C'est-à-dire, pour produire de la musique et pour la diffuser commercialement il faut beaucoup d'intermédiaires entre les musiciens et le public. Là, la plate-forme permet aux musiciens de mettre en ligne directement leurs morceaux. Bandcamp ne permet pas uniquement de la musique libre mais il y en a aussi, et permet aux musiciens d'avoir un rapport direct avec le public et d'essayer de jouer là-dessus pour développer des modèles économiques. En général, ça prend la forme de : « je donne la musique et je vends des choses autour », ça va être des concerts par exemple, ça va être des vinyles, ça va être du soutien par le biais de dons. Et ça, ce modèle-là, on le retrouve aussi, vous allez voir, dans d'autres domaines. Voyez la musique, c'est un secteur qui est assez intéressant.

Je vais aller du côté du livre maintenant.

16' 23[modifier]

Du côté du livre, c'est aussi un secteur qui est intéressant, on a Neil tout à l'heure qui nous parlera de son expérience, qui écrit des nouvelles et qui nous parlera de son expérience. C'est un modèle intéressant parce qu'on a eu des exemples très marquants, il y a quelques années, qui ont très bien marché, notamment un auteur qui s'appelait Cory Doctorow, qui est canadien, qui à la base était un militant de la culture libre, un activiste du net, qui a un blog qui s'appelle Boing Boing qui a longtemps été le plus grand blog au monde, donc c'est quelqu'un qui a fait notoriété dans le numérique, mais qui est aussi un auteur et un auteur de science-fiction et qui a écrit des romans ; d’emblée il a choisi un modèle et ça c'est aussi une stratégie qu'on retrouve souvent, c'est des modèles que j'appelle de double diffusion. C'est-à-dire je vous donne la version numérique, elle est gratuite, il faut la télécharger, vous pouvez la faire circuler, elle sous Creative Commons, mais je vous vends le papier. Donc là, on a la même œuvre dans deux formats différents : un gratuit, un payant ; un libre et un qui se diffuse dans les circuits traditionnels, parce que Cory Doctorow a été édité par des éditeurs classiques, pas des éditeurs spécialisés dans le libre. Donc, Cory a bien vendu avec ce système-là et il obtenu quand même le prix Hugo qui est l'espèce de « prix Goncourt mondial de la science-fiction ». Donc, on avait quelqu'un de très marquant et qui a entraîné derrière lui toute une série d'auteurs qui ont eu la même démarche, souvent dans la science-fiction d'ailleurs, ce sont souvent des auteurs de science-fiction qui font ça. Doctorow, lui, joue aussi sur la réservation de l'usage commercial, c'est-à-dire que les licences qu'il utilise permettent les usages non commerciaux mais restreignent l’usage commercial qui reste dans le domaine classique de l’autorisation, parce que, de cette manière-là il peut se raccrocher à un éditeur traditionnel qui va pouvoir vendre le papier mais qui va aussi pouvoir vendre par exemple les droits de traduction, qui va pouvoir vendre les droits d’adaptation audiovisuelle. Donc ça fait un double circuit où certains usages sont ouverts et d'autres restent fermés dans le système classique.

Dans le domaine du livre, on trouve aussi beaucoup le crowdfunding qui monte de plus en plus, vous savez, le financement participatif, le fait d'appeler le public pour financer en amont l’œuvre. On parle beaucoup de la plate-forme américaine Kiskstarter, qui a connu une progression assez énorme ces dernières années. En France on en a d'autres, KissKissBankBank, Ulule, et des plates-formes comme My Major Company qui sont sur un modèle un peu différent. Ce qui m'a intéressé, c'est qu'assez rapidement j'ai pu remarquer qu'il y avait une alliance possible entre l'ouvert et le crowdfunding qui ne se retrouve d'ailleurs pas toujours, mais dans certains cas l'artiste va nous dire vous me financez en amont et moi en aval, pour rendre au public quelque part ce qu'il m'a donné, j'ouvrirai mon œuvre. Donc, vous allez permettre la libération de mon contenu. C'est quelque chose qui marche assez bien. Par exemple, le plus gros projet éditorial de l'année 2013 sur Kiskstarter, c'est-à-dire ouvert et pas ouvert confondus, c'est un auteur qui s'appelle Ryan North, qui a fait un livre qui s'appelle « To be or not to be », qui est en fait une adaptation d' Hamlet de Shakespeare, en livre dont vous êtes le héros. Ça a l'air comme ça de rien. C'est une œuvre qui était dans le domaine public. Il a réadapté en livre dont vous êtes le héros, vous savez des trucs qui existaient il y a quelques années, vous devez vous déplacer de page en page, vous faites des choix, voilà. Il a extrêmement bien mené sa campagne et il a récolté 500 000 dollars, ce qui pour un auteur de livre, avant de l'avoir écrit, et avant de l'avoir publié, est énorme ! Avec 100 % des bénéfices qui rentraient dans sa poche. Ce qui est assez intéressant, c'est qu'au départ il n'était pas parti pour faire un livre libre et ouvert et quand il a dépassé, je ne sais plus, 200 000 dollars il a dit bon ben puisqu'on en est là, je l’ouvre. Ce qu'il y a d'intéressant maintenant, c'est que grâce à sa licence son livre dont vous êtes le héros peut devenir un jeu vidéo, il peut devenir une pièce de théâtre, un spectacle. Il y a toute une dimension trans-média. Il a fait aussi appel à des artistes pour illustrer ce livre. et c'est vraiment un exemple. Dans le livre aussi, on a des exemples intéressants qui sont là vraiment des libres, on va dire au sens plein, où vous avez une structure qui se finance par des dons, qui est souvent sous une forme associative et qui va éditer des livres libres.

En France on a, par exemple, Framasoft qui édite une collection de livres qui s'appelle Framabook et dont on a un digne représentant au premier rang ici, et qui est donc mené sur un modèle associatif, là on est dans un domaine de financement qui est supporté par une structure qui se finance par des contributions, des dons ou des cotisations et qui dégage la possibilité de faire des livres. Framabook a fait pendant longtemps des manuels d'informatique, des manuels sur le logiciel libre et maintenant a une branche, très intéressante d'ailleurs, de littérature ouverte avec un auteur qui s'appelle Pouhiou en particulier, qui crée ses livres directement dans le domaine public, mais qui n'a pas du tout renoncé à se diffuser sous forme de livre et qui a une recherche aussi de modèle par crowdfunding qui est assez intéressante.

Dans le même type de choses et là on va passer sur des modèles qui sont plus de crowdsourcing. Un des modèles les plus convaincants d'écriture collaborative qui vise le libre pour faire écrire des gens ensembles, c'est une association qui s'appelle Sésamaths, qui fait des manuels de mathématiques ouverts, libres, pour les collèges en fait. Eux, leur modèle est très intéressant, c'était de dire, on a des auteurs qui sont les professeurs, on va les faire travailler ensemble plutôt que de les faire travailler pour des éditeurs classiques commerciaux qui revendent ensuite leurs livres aux collectivités locales, on va faire travailler les auteurs ensemble pour faire des manuels ouverts et libres et leur modèle est aussi basé sur la double diffusion. C'est-à-dire que tous les livres sont gratuits en version numérique, mais ils vendent les versions papier. Et il se trouve que dans le domaine de l'éducation, on a encore besoin d support papier, ça reste non-substituable si vous voulez. Aux dernières nouvelles ils avaient réussi à prendre à 20 % du marché du livre de maths en France ce qui est une réussite extraordinaire, et grâce au crowdsourcing ils arrivent à avoir des manuels de très grande qualité et aussi une capacité d'actualisation des manuels aux programmes qui est particulièrement intéressant. Donc voilàà, voyez dans le domaine du livre, c'est un champ assez intéressant.

Je vais passer au cinéma.

23' 08[modifier]

Le cinéma je trouve que c'est un des domaines les plus intéressants parce que c'est là où ça paraît improbable. Il faut de tels moyens de financement pour pouvoir faire du film, et il y a de la vidéo qui est une chose, mais si on parle de cinéma, c'est-à-dire faire un vrai film, un long métrage, il faut aussi réunir des équipes, ce n'est pas comme un livre, un film ça se fait à plusieurs, il y a toute une équipe à réunir et donc pendant longtemps la possibilité qu'il existe des films libres, ouverts, était un peu utopique.

Il se trouve que l'année dernière on a eu un exemple d'un film qui s'appelle Le Cosmonaute, El Cosmonauta, c'est un film espagnol, qui a été fait par un producteur qui s'appelle Riot Cinema, qui a tenté la production d'un vrai film sous licence Creative Commons. Leur idée ça a été de dire nous on veut exploser la chronologie des médias, c'est-à-dire que dès que le film sortira, on veut qu'il soit sur internet directement, et on veut qu'il soit partageable. On veut sortir de cette opposition entre le public et les créateurs, on veut qu'il n'y ait plus de piratage possible de ce film parce qu'il sera partageable. Ils ont cherché à mettre en place un modèle économique. Leur modèle économique s'est très vite tourné en partie vers le crowdfunding, c'est une des premières grosses opérations de crowdfunding qui a réussi, et ensuite il s'est décliné sur le fait de se dire, ils n'arrivaient pas bien sûr à réunir l'ensemble de la somme par crowdfunding donc ils ont cherché des modes de valorisation du coup en aval. Déjà ils ont fait énormément de produits dérivés : avec le film ils ont fait un livre, ils ont fait des manuels de cinéma, racontant leur expérience, ils ont tout un système de merchandising qui est assez intéressant. Donc ils ont vendu du physique avec une œuvre immatérielle. Donc on est encore sur cette double diffusion et ils ont aussi très vite développé un système de freemium. C'est-à-dire que le film était gratuit mais si vous vouliez aller plus loin et comprendre mieux l'histoire du film, ils vous demandaient tout un pass qui permet d'accéder à de bonus en fait et qui leur permettait de monétiser ça. Ensuite ils ont aussi utilisé une licence "non commercial" qui leur a permis de s'arrimer aux circuits de distribution classique. C'est-à-dire que le Cosmonaute, vous pouvez le diffuser gratuitement. Ici par exemple si on faisait une projection gratuite on pourrait tout à fait le diffuser, il n'y aurait pas de souci. Par contre si vous êtes une salle de cinéma et que vous vouliez faire payer l'entrée, si vous êtes une chaîne de télé, si vous êtes un distributeur classique, eh bien vous allez devoir payer parce qu'il y a une clause "non commercial" qui vous obligera à partager la rémunération avec Riot Cinema.

Ça c'est intéressant aussi parce que ça touche un des problèmes des œuvres libres qui est le fait de rentrer dans les circuits de distribution classiques. Parfois c'est une force parce que le fait de pouvoir toucher directement les gens sur internet ça peut attirer l'attention sur vous, mais pour un film, par exemple, ne pas être diffusé en salle, c'est un énorme désavantage, à la fois symbolique mais aussi économique. Eux ils ont tenté et il y a eu pas mal de diffusions. Moi j'ai assisté à une diffusion du Cosmonaute à Toulouse dans un cinéma indépendant et l'entrée était payante.

Donc voila un petit peu le premier tour.

On pourrait aussi du jeu vidéo qui est assez intéressant. Étonnamment le jeu vidéo ce n'est pas un domaine où le libre ou l'ouvert est très développé. C'est assez surprenant parce que c'est quand même le type d’œuvre qui est la plus proche du logiciel. Ce n'est pas un domaine où le modèle de l'ouvert est très développé. Ça tient au fait que le jeu vidéo est devenu une industrie hyper massive qui nécessite aussi des financements qui sont équivalents ou qui dépassent très largement ceux d'un film, maintenant le budget. GTA V, c'est une énorme machine par exemple au niveau du financement et de la distribution.

Les formes d'ouverture du jeu vidéo c'est assez amusant. Par exemple dans le jeu vidéo il y a tout le phénomène qu'on appelle des abandonware, c’est-à-dire que les producteurs finissent par ouvrir leurs logiciels au bout de quelques années, contrairement à ce que fait le livre, le cinéma ou la musique, quand il n'y a plus de potentiel économique. Ils libèrent les jeux assez rapidement et ça fait rentrer les jeux dans le libre, on va dire, mais c'est presque parce que justement il n'y a plus de modèle économique. Uns sorte de libération par défaut.

Il y a des exemples de dons qui sont assez intéressants. Vous avez une plate-forme qui s'appelle Humble Bundle qui a eu un rôle assez important ces dernières années, où en fait ils finançaient du jeu indépendant qui pouvait être open source ou pas ; leur idée c'est de dire tu peux choisir de donner soit à la plate-forme Humble Bundle, soit aux créateurs des jeux, soit à des associations caritatives. Ils ont fait des opérations assez impressionnantes de dons qui ont permis ce type de développement. Mais dans le jeu vidéo, c'est un sujet que j'aimerais bien partager avec vous parce que en faisant cette carte ça m'est apparu assez clairement, c'est qu'en fait il y a de l'open sans être open, si vous voulez. Par exemple GTA V et c'est ça qui est assez intéressant et je finirai peut-être là-dessus si vous voulez. C'est que GTA V par exemple, c'est copyrighté tout ce que vous pouvez imaginer, parce que c'est quand même une production qui a coûté énormément d'argent à produire et il n'est pas question de la laisser, de la faire partager en peer to peer, ça c'est complètement interdit. Mais dans GTA V, vous allez avoir Rockstar qui a produit GTA V, vous permet tout à fait de filmer vos parties et de les partager sur Youtube. Ça c'est possible. Il vous permet même de mettre de la pub autour et de vous rémunérer en, par exemple commentant des parties. Ça c'est possible. Donc vous voyez émerger une forme d'ouverture dans une industrie du copyright.

Dans le jeu vidéo ça se manifeste par autre chose. Par exemple en ce moment vous avez un phénomène autour des jeux en Free to Play, je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de ça, vous avez un jeu par exemple qui s'appelle League of Legends ou World of Tanks qui sont des jeux en fait où vous ne payez pas pour jouer mais vous ne payez que pour des bonus. Et League of Legends par exemple c'est, de très loin, le jeu le plus joué au monde, avec des millions et des millions de joueurs. Il y a même des ligues professionnelles de ses joueurs qui deviennent des sportifs professionnels et qui organisent des tournois. C'est un phénomène mondial énorme. Si vous voulez là on tombe dans un jeu qui n'est pas du tout en open source, mais qui est open d'une certaine manière, parce qu'il utilise un modèle de Freemium qui le rend ouvert. C'est-à-dire que vous pouvez y jouer sans payer, c'est une forme d'ouverture. Ça dans le jeu vidéo j'ai l'impression que quelque part ça pose des questions au vrai libre, parce que le vrai libre perd, petit à petit, les avantages qu'il pouvait avoir dans l'ouverture, vu qu'on trouve de l'ouverture dans ce qui n'est pas libre. Vous voyez un peu ce que je veux dire ? Et ce phénomène-là on le retrouve dans d’autres domaines, par exemple dans la musique. Il est clair que l'arrivée des plates-formes de streaming type Deezer ou Spotify a quelque part produit une ouverture parce que vous avez aussi la possibilité d'accéder à énormément de contenus et ils utilisent aussi le modèle du Freemium. Du coup les musiques qui étaient, elles, libres ont perdu cet avantage concurrentiel qu’elles avaient sur la musique qui était derrière un paywall. Donc là aussi la musique, à mon avis est placée dans une phase, la musique libre en tout cas, est placée dans une phase compliquée parce qu'il va falloir trouver une autre façon de rendre le vrai libre intéressant.

Dans le modèle du libre, si on doit aller vers les limites, il y a un autre phénomène qui est en train de se passer, c'est que la stratégie de double diffusion dont je vous parlais est en train de s'éroder. Pourquoi ? Parce que pendant longtemps vendre le papier et donner le libre gratuit ça marchait parce que le numérique n'était pas un substitut du papier. Mais avec maintenant les tablettes, les liseuses et les formats types epub, il y avait des livres numériques qui sont devenus complètement les substituts du papier et qui vous permettent un confort de lecture tel que celui du papier. Donc du coup la stratégie de double diffusion devient plus compliquée, parce que si vous laissez circuler la version numérique, vous avez des chances que ça cannibalise les ventes papier. Là-aussi je sens que les auteurs du libre sont en train de se poser des questions sur leur stratégie parce que ce premier modèle il a est assez perturbé par l'arrivée de la mutation de l'environnement technologique.

32' 09[modifier]

Je montre un dernier domaine qui m'intéresse aussi et qui est assez intéressant qui est celui de la photo. Pourquoi c'est intéressant ? Parce que la photo c'est peut-être le secteur de la création et de l'art qui a été le plus chamboulé par l'arrivée d'Internet et du numérique. Actuellement être photographe professionnel c'est quelque chose de très compliqué parce qu'avec la dissémination des images, la possibilité de monétiser les clichés devient de plus en plus compliquée. Dans le domaine de la photo, on trouve deux choses. On trouve des modèles de crowdsourcing extrêmement puissants, type par exemple sur Flickr, vous savez Flickr vous permet de mettre vos phots sous Creative Commons et le met très bien en valeur, et c'est le plus gros réservoir d’œuvres sous Creative Commons au monde, il y en a plus de 200 millions et donc on a un phénomène de crowdsourcing. Ce sont des amateurs en général qui mettent leurs phots sur Flickr. et là on a une alliance avec un acteur économique, parce Flickr c'est une plate-forme qui appartient à Yahoo, donc qui n'est pas du tout dans le libre, mais qui fonctionne très bien. On a une synergie entre une plate-forme qui n'est pas libre et des amateurs qui veulent être dans le libre. Donc vous avez ce phénomène-là.

Vous avez aussi par exemple Wikimédia qui réussit ça très bien, qui suscite de la production de photos amateurs sous licence libre, qui remplissent Wikimédia Commons. Et à côté de ça vous avez des photographes professionnels qui développent des stratégies très intéressantes, notamment un qui s'appelle Trey Ratcliff, qui a un site qui s’appelle Stuck in Customs, et qui montre comment on peut développer des modèles économiques dans un domaine où ce n'est vraiment pas évident. Lui en fait il est spécialisé dans la photo HD et il s'est fait connaître par des tutoriels sur la photo HD. Tout ce qu'il fait, il le met sur Flickr, sur Pinterest, sur Facebook ; il fait des expos sur Facebook. Tout est sous licence libre et utilisable. Et lui son modèle économique, en fait, c'est devenu le service. C'est-à-dire qu'il vend de la formation, il vend des reportages, c'est-à-dire qu'il dit « Je vais aller sur tel endroit, financez-moi pour que j'aille prendre des photos, pour documenter tel événement ou pour faire des photos sur tel ou tel pays ». Et grâce à ça il a gagné une très grosse notoriété qu'il a construit, en fait, au niveau de communautés comme quelqu'un de visible, de compétent et qui fait des choses extrêmement belles en plus. Il a construit son modèle comme ça et il utilise aussi le NC, c'est-à-dire le non commercial qui lui permet de monétiser les reprises dans les livres, sur les sites d'information et sur toutes les formes, de leur utilisation dans la pub, toutes les formes dans l'utilisation commerciale. Et là on a quelqu'un qui tire vraiment énormément son épingle du jeu grâce à l'ouverture. C'est-à-dire qu'il a conjuré une chose qui pour les artistes est très handicapante qui est l'obscurité, qui est parfois beaucoup plus handicapante que le piratage.

Donc voilà. J'avais beaucoup d'autres exemples à vous montrer, mais je ne peux pas déplier tous les aspects de la carte. Rien qu'en regardant un coup d’œil sur des idées que vous avez mises sur le paperboard tout à l'heure j'ai déjà vu des choses que je n'avais pas du tout repérées. Je ne sais pas si vous avez des réactions à ce petit panorama et si vous-même vous connaissez des exemples, qui ne seraient pas dans la carte, qu'il pourrait être intéressant de discuter ensemble.

Public : On peut applaudir quand même.

Applaudissements.

Public : Tout d'abord merci pour ce panorama et tout ce partage. Il y a des choses un petit peu à la frontière de la culture auxquelles je pense et qui montrent le fait d'utiliser par exemple un jeu au service de la science de façon à sortir un peu l'innovation des laboratoires et la recherche mais qui s'appuie quand même sur des gens qui ont envie de jouer et qui font avancer la recherche en recommandant des protéines ils ne savent même pas qu'ils recommandent des protéines parce qu'ils sont en train de jouer. C'est du crowdsourcing et c'est ouvrir la recherche en dehors des laboratoires. Donc on ouvre, mais c'est vrai que c'est un peu à la frontière par rapport à la culture. Il y a des initiatives de chercheurs isolés, il y en a plusieurs. Il y un truc qui est très connu avec Fold it, qui a permis, disons, de trouver les recommandations de protéines en trois semaines par des équipes qui se sont constituées sur la toile alors que des chercheurs creusaient le sujet depuis des années.

Lionel Maurel : C'est intéressant parce que dans le domaine de la culture j'ai l'impression que les modèles vraiment collaboratifs, où un artiste commence quelque chose et appelle le public à participer, sont encore assez peu développés en fait. C’est assez rare. Et je trouve d'ailleurs que c'est limite actuel et c'est peut-être là au contraire qu'il y a le plus de potentiel parce que comme je le dis s'il commence à y avoir de l'open au-delà de l'open, le vrai avantage de l’ouverture ça va être la possibilité de participation, de remix., de recréation, d'appel au public. Voilà. Mais pour l'instant ce n'est pas un modèle extrêmement répandu. Il n'y a pas énormément d'exemples dans la création pure qui répondent à ça.

Public : Du coup juste pour rebondir là-dessus comme artiste qui appelle le public, je pense qu'il faut citer Candy Chang, qui est une artiste américaine, qui notamment a développé les « Before I Die ». Ce sont des murs en fait. Elle investit à la base des quartiers abandonnée et elle permet aux gens d'émettre des souhaits sur ce qu'ils voudraient ajouter dans leur quartier ou sur leur vie, « Before I Die », et du coup les gens peuvent compléter avant de mourir et c'est très diffusé et son œuvre, ce sont les gens qui contribuent et qui créent l’œuvre en fait.

Public : Merci beaucoup pour tout ce panorama qui est est hyper intéressant. Juste j'ai cru voir « Lyber éditions Zones », ce sont les éditions de l'Éclat ? Ce sont les lyber ? D’accord. Je voulais le souligner parce que c'est Michel Valansi qui est un acteur dans l'édition qui a les éditions de l'Éclat, qui est l'un des tout premiers d'après ce que je sais d'avoir lancé cette notion lyber, l, y, b, e, r comme de libre. Sinon les deux points que je voulais soulever mais rapidement juste pour relancer la réflexion et toujours le logiciel libre qui plane un peu derrière. Le logiciel libre, il y a les deux notions fondamentales, c'est le code source. Le code source c'est le secret de fabrication, donc je pense que c'est utile pour les arts de se demander quel serait l'équivalent du code source. Des fois pour des arts vivants il n'y en a pas. Pour la danse des fois il n'y a pas de système de notation. Mais c'est une question qui est un peu toujours là. Et la deuxième notion dans le logiciel libre, c'est la liberté de l’utilisateur avec l’idée que les logiciels non libres nous privent d'une liberté. Du coup même question, à chaque fois quand on des modèles ouverts, de quelle liberté l'utilisateur, ou le spectateur, ou le lecteur est-il réellement privé ? Est-ce que c'est une liberté fondamentale ? Voilà. Ce sont les questions que je me posais en regardant à chaque fois, je pense que c'est important de savoir ça. Une des réponses éventuelles qui me vient, c'est la liberté d’apprendre. Dans la démarche du photographe sur mettre en ligne des tutoriels, de l'apprentissage, le code source dans le logiciel, c'est une source surtout pour apprendre aussi. C'est la même chose peut-être en art, et c'est peut-être ça le matériau, le secret de fabrication dont on a besoin. Et voilà.

Public : Je pensais moi aussi à Amanda Palmer, la chanteuse de Dresden Dolls, qui a posté son album sur Kickstarter, elle a reçu, je crois, près de deux millions de dollars également. D'ailleurs elle a expliqué très bien, dans une conférence de presse qu'on peut retrouver sur Internet, qu'elle avait financé en faisant appel à Internet, à sa communauté pour créer un lien, pour partager, pour vraiment créer une discussion avec ses fans, avec les gens qui aimaient sa musique, bien évidemment avant, après bien produire son disque à travers un producteur classique et dans un cercle classique. Ce qu'elle souhaitait, c'est créer un lien avec sa communauté. C'est d'ailleurs un peu cette démarche-là aussi qui existe avec le Cosmonaute, c'est vraiment créer une discussion, un sentiment d'appartenance qu'on va pouvoir générer à travers ce projet.

Public : Je crois que tu l'avais cité dans la bande appel. Je voulais juste deux petits points, l'histoire du code source appliqué à différents domaines, ça me fait penser à l'artiste, au musicien Beck, je ne sais pas si l'as cité. C'est intéressant parce que son dernier album n'est vendu que la partition, il ne vend que la partition. A partir de là, soit vous êtes capable de la jouer, soit vous le présentez à un ami musicien qui est capable de vous la jouer, mais c'est tout quoi. En fait il vend le code source de sa musique, et aux utilisateurs, aux mélomanes de se débrouiller avec. Je trouve que 'est une démarche originale et intéressante. Elle n'est pas sous licence libre, la partition, mais ça ne parait assez intéressant.

Et un dernier point, c'est un domaine qui n'a pas été évoqué, c'est assez normal, c’est le domaine de la sculpture et je crois qu'avec le boum de l'impression 3D, la sculpture n’échappera pas au partage sur Internet parce que, évidemment, maintenant les fichiers 3D se numérisent, se mettent sur des plates-formes comme Thingiverse et compagnie avec des licences libres et voila. Moi je me suis intéressé un petit peu à ce que ça pouvait donner, ça pouvait impliquer pour les musées, les musées publics qui proposent des œuvres, des sculptures du domaine public. Je suis allé voir le musée Rodin pour ça et j'ai été plus ou moins bien accueilli. Mais voilà, je pense que le prochain, lorsque dans deux ans tu feras ta présentation, je pense qu'il y aura un nouveau champ qui sera celui de la sculpture.

43' 15[modifier]

Présentateur : La dernière.