Extrait du conseil municipal de Toulouse du 27 mars 2025
Titre : Extrait du conseil municipal de Toulouse du 27 mars 2025
Intervenants : Maxime Le Texier, conseiller municipal - Sacha Briand, adjoint au maire, finances - Thierry Sentous, conseille municipal délégué - Jean-Luc Moudenc, maire
Lieu : Toulouse
Date : 25 mars 2025
Durée : 4 min
[ Vidéo]
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : À prévoir
NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·es mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Transcription[modifier]
Jean-Luc Moudenc, maire : La parole est à Monsieur Le Texier.
Maxime Le Texier : Merci Monsieur le Maire.
D’abord un point de méthode qui m’a particulièrement choqué en commission et qui a été répété par monsieur Brillant. C’est le fait de commencer à évaluer le soutien à certaines associations aux bénéfices directs dont la ville pourrait bénéficier par rapport aux associations. C’est l’argument qui nous a été exposé en commission de finances. L’association April œuvre pour le logiciel libre mais n’apporte pas de contribution directe à la ville de Toulouse. Cet argument a été répété d’une manière que je trouve assez nauséabonde sur la question de La Ligue des droits de l’Homme qui n’apporterait pas un bénéfice direct aux Toulousaines et Toulousains, par Monsieur Brillant. Je veux dire que je m’inscris en faux sur ce type de procédé qui consiste à dire que parce qu’on n’a pas un bénéfice associatif immédiat, on ne devrait pas soutenir une cause. Je signale d’ailleurs qu’on vient à peine, et mon camarade Romain vient de le dire, d’affirmer notre solidarité envers Kiev, je ne nous vois pas dire non, il y n’a pas de rétribution immédiate à un don à Kiev, donc nous ne le ferons pas car quel est le bénéfice direct que Kiev apporte à la ville ? Je trouvais donc ce motif fallacieux et je trouve que cet argument ne doit pas être utilisé.
Maintenant, j’en viendrais au fond.
En 2011, la ville de Toulouse adhérait d’un même élan à l’initiative OpenDataFrance et à l’April qui est l’association pour la promotion du logiciel libre. C’était un grand pas en avant fait par nos prédécesseurs à la fois matériel et symbolique pour la démocratie locale. En l’effet, d’une part Toulouse s’engageait dans une démarche d’accessibilité des données publiques aux citoyens, par exemple avec les données géographiques d’OpenStreetMap et, d’autre part, elle prenait conscience que l’utilisation par les services municipaux des logiciels open source, ces programmes dont le fonctionnement est transparent et appropriable par les usagers, plutôt que des services opaques et privatifs, est une composante essentielle de la démocratie et de la souveraineté numérique d’une institution. Pour le dire avec une formule : des données ouvertes traitées par des logiciels ouverts, voilà une pierre angulaire de la démocratie toulousaine.
Aujourd’hui, la complémentarité de ces deux éléments, open data et open source, est remise en cause par la décision de maintenir le premier mais de quitter l’April. Un choix symbolique fort pour une économie de 2 500 euros. Quel dommage ! En adhérant à l’April, la collectivité ne cherche pas un service, ce qu’April ne propose pas, mais elle affiche publiquement son soutien au logiciel libre. C’est un message fort qui est envoyé, en plus du soutien financier, à cette association. Quitter l’April, c’est accepter la victoire des GAFAM dans nos services comme l’écrasante mainmise de Microsoft sur nos logiciels collaboratifs. À l’heure où les budgets se contractent, où les économies s’imposent, où les relations internationales se tendent et où la dépendance à des éditeurs et fournisseurs américains, et vous l’avez mentionné notamment en début de conseil, constitue une menace pour la pérennité de nos systèmes d’information, hypothéquant la capacité future des collectivités à fonctionner et à remplir leurs missions, le logiciel libre s’avère plus précieux que jamais. Il est la seule alternative viable, souveraine, aux outils et services fournis par les entreprises américaines. Par exemple, le ministère de l’Éducation, une nouvelle fois, encore, ainsi que d’autres ministères avant lui, vient de renouveler sa dépendance aux solutions Microsoft pour les quatre années à venir. Face à cette défaillance de l’État et au manque de politique publique ambitieuse et cohérente du gouvernement, en tant que collectivité nous avons un rôle à jouer pour pousser cette idée de la souveraineté numérique. À l’heure où l’enjeu de l’impact écologique des technologies numériques se pose aussi, cette approche éthique et durable de l’informatique devrait être promue. Ainsi, à l’image de la région Occitanie, il serait temps de penser à migrer vers des logiciels open source, ce qui serait également un facteur, message à Monsieur Brillant, d’économie financière.
Aussi nous revendiquons non seulement de conserver l’adhésion symbolique à l’April mais d’entamer la réflexion, dès que possible, sur l’émancipation et la souveraineté numérique de la ville qui s’avère être à risque. Vous souhaitez le faire sur le paracétamol, soyez cohérent, faites-le sur notre numérique.
Jean-Luc Moudenc, maire : Monsieur Sentous
Thierry Sentous : Monsieur Le Texier, merci pour votre petit exposé qui a commencé sur un point d’accord. L’association April est une association nationale, qui apporte peu à notre territoire. Son travail est surtout axé sur des plaidoyers au niveau national. On est d’accord sur le constat et je ne vois rien à ajouter aux débats qui ont eu lieu en commission et à votre position que nous venons d’entendre longuement.
Jean-Luc Moudenc, maire : Je mets aux voix.
Qui ne participe pas ?
Qui s’abstient ?
Qui vote contre ?
C’est adopté. Nous allons au chapitre suivant.