« Cahier international » : différence entre les versions
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''L'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ou World Intellectual Property Organization (WIPO) est une institution spécialisée des Nations unies dans la mission officielle est la promotion d'un système international de propriété intellectuelle. Le 25 février 2011, Francis Gurry<ref>http://www.numerama.com/magazine/18414-l-ompi-voit-le-parti-pirate-comme-une-incitation-a-changer-le-droit-d-auteur.html</ref>, directeur général de l'OMPI, a plaidé pour une évolution du droit d'auteur au regard des changements induits par les technologies de l'information et de la communication. Il en tire le constat suivant :'' | ''L'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ou World Intellectual Property Organization (WIPO) est une institution spécialisée des Nations unies dans la mission officielle est la promotion d'un système international de propriété intellectuelle. Le 25 février 2011, Francis Gurry<ref>http://www.numerama.com/magazine/18414-l-ompi-voit-le-parti-pirate-comme-une-incitation-a-changer-le-droit-d-auteur.html</ref>, directeur général de l'OMPI, a plaidé pour une évolution du droit d'auteur au regard des changements induits par les technologies de l'information et de la communication. Il en tire le constat suivant :'' |
Version du 22 décembre 2011 à 10:23
Questionnaire candidats.fr Cahier n°3 : international
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En bref...
Réforme de l'OMPI
L'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ou World Intellectual Property Organization (WIPO) est une institution spécialisée des Nations unies dans la mission officielle est la promotion d'un système international de propriété intellectuelle. Le 25 février 2011, Francis Gurry[1], directeur général de l'OMPI, a plaidé pour une évolution du droit d'auteur au regard des changements induits par les technologies de l'information et de la communication. Il en tire le constat suivant :
"Nous n’avons pas d’autre choix ; soit le système du droit d’auteur s’adapte aux avantages découlant de l’évolution naturelle, soit il disparaît"(F.Gurry)[2]
Pour lui, cette évolution passe par :
- "la neutralité envers la technologie et les modèles commerciaux créés pour répondre à la technologie";
- l'élaboration d'une solution provenant "d'une combinaison de lois, d’infrastructures, de changements culturels, de collaboration interinstitutionnelle et de modèles commerciaux améliorés";
- Une simplification du droit d'auteur.
Depuis plusieurs années, des États membres de l'OMPI et des ONG plaident pour une réorientation de l'action de l'OMPI, une réforme de son fonctionnement et l'adoption d'un traité refondant l'équilibre de la propriété intellectuelle. Portant, au mépris de la position du directeur général de l' OMPI, de la mobilisation des ONG et de la volonté de certains États, on assiste aujourd'hui à un entêtement dans la voie de l'ignorance des évolutions induites par les nouvelles technologies, comme le démontre les négociations de l'accord international ACTA.
La menace Acta
L'ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement/Accord Commercial Anti-Contrefaçon) est un accord international négocié depuis 2007 dans l'obscurité la plus totale, avec la Commission européenne qui négocie au nom de tous les états membres de l'Europe. L'accord proposé au vote maintient la sacralisation des DRM (Digital Right Management) ou menottes numériques[3] dans le droit international. Le texte mentionne en effet dans un paragraphe non contraignant que le contournement de ces « menottes numériques » doit être interdit par la loi, alors même que ce contournement peut s'avérer nécessaire pour assurer l'interopérabilité et donc la capacité des logiciels à échanger des informations et à utiliser mutuellement les informations échangées.
Questions
La menace Acta
Question 3b : Êtes-vous opposé au projet d'accord international Acta imposant aux États de sacraliser les DRM et de faire de leur contournement une exception soumise à la volonté des parties ?
Développements
Réforme de l' OMPI
L'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ou World Intellectual Property Organization (WIPO) est une institution spécialisée des Nations unies dans la mission officielle est la promotion d'un système international de propriété intellectuelle. Le 25 février 2011, Francis Gurry[4], directeur général de l'OMPI, a plaidé pour une évolution du droit d'auteur au regard des changements induits par les technologies de l'information et de la communication. Il en tire le constat suivant :
"Nous n’avons pas d’autre choix ; soit le système du droit d’auteur s’adapte aux avantages découlant de l’évolution naturelle, soit il disparaît"(F.Gurry)[5]
Pour lui, cette évolution passe par :
- "la neutralité envers la technologie et les modèles commerciaux créés pour répondre à la technologie";
- l'élaboration d'une solution provenant "d'une combinaison de lois, d’infrastructures, de changements culturels, de collaboration interinstitutionnelle et de modèles commerciaux améliorés";
- Une simplification du droit d'auteur.
Depuis plusieurs années, des États membres de l'OMPI et des ONG plaident pour une réorientation de l'action de l'OMPI, une réforme de son fonctionnement et l'adoption d'un traité refondant l'équilibre de la propriété intellectuelle. Portant, au mépris de la position du directeur général de l'OMPI, de la mobilisation des ONG et de la volonté de certains États, on assiste aujourd'hui à un entêtement dans la voie de l'ignorance des évolutions induites par les nouvelles technologies, comme le démontre les négociations de l'accord international ACTA.
La menace Acta
L'ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement/Accord Commercial Anti-Contrefaçon) est un accord international négocié depuis 2007 dans l'obscurité la plus totale, avec la Commission européenne qui négocie au nom de tous les états membres de l'Europe. L'accord proposé au vote maintient la sacralisation des DRM (Digital Right Management) ou menottes numériques[6] dans le droit international. Le texte mentionne en effet dans un paragraphe non contraignant que le contournement de ces « menottes numériques » doit être interdit par la loi, alors même que ce contournement peut s'avérer nécessaire pour assurer l'interopérabilité et donc la capacité des logiciels à échanger des informations et à utiliser mutuellement les informations échangées.
Mort annoncée de l'exception d' interopérabilité
Ce projet d'accord international ajoute un verrou supplémentaire aux DRM en affirmant que la sacralisation des menottes numériques est de principe, et la possibilité de les contourner une exception soumise à la volonté des parties[7]. C'est une atteinte inacceptable aux libertés et à la sécurité juridique des auteurs et utilisateurs de logiciels libres.
De plus, si l'interdiction du contournement des verrous numériques est encadrée par les lois nationales dans chacun des pays[8], il n'en est pas de même pour le développement ou la distribution de logiciels utilisés dans le cadre des œuvres numériques. Ainsi « la fabrication, l'importation, ou la distribution d'un outil ou d'un produit, y compris les programmes informatiques » qui n'ont qu'un « objectif commercialement limité en dehors du contournement des mesures techniques efficaces [DRM] »[9] est strictement interdite dans la version actuelle de l'accord. L'insécurité juridique que le projet de traité ACTA fait peser sur le Logiciel Libre et plus globalement sur le monde de l'informatique aura des conséquences très néfastes en matière d'innovation dans ce domaine, l'écosystème du Logiciel Libre étant particulièrement fragile face à ces risques juridiques. Une adoption de cet accord par les institutions européennes ne pourra qu' handicaper l'émergence des prochaines révolutions technologiques en Europe et défavorisera les entreprises et l'économie européennes sur le marché global. Le logiciel libre constitue un potentiel de croissance important dans l'information : en France, 90% des entreprises innovant dans ce domaine l'ont fait en utilisant des logiciels libres[10].
Le texte est également muet à propos du droit à l'interopérabilité ainsi que l'exception de décompilation — pourtant proclamés dans les droits européen et français[11]. Le projet de traité ACTA s'abrite derrière une formulation très générale : « les engagements des paragraphes 5, 6 et 7 s'appliquent sous toutes réserves des droits, limitations, exceptions ou interdictions aux violations des droits d'auteurs ou droits voisins dans le droit d'une des parties »[12]. Ainsi, le texte se contente de mettre en place des mesures restrictives et privatives de libertés, sans pour autant instaurer le moindre encadrement de leurs dérives : les protections de la liberté des consommateurs tout comme l'affirmation des principes d'interopérabilité et du choix des usages font l'objet d'un simple renvoi à ce que pourrait éventuellement proposer le législateur national, ce qui est insuffisant. Alors que les restrictions de libertés sont inscrites dans le marbre, les protections des droits fondamentaux sont passées à la trappe et négligées par le texte : avec l' ACTA, seules les atteintes à la libertés sont mises en place, et leurs garde-fou ignorés.
Mépris de la démocratie
Globalement, l'ensemble du processus de mise en place du texte est anti-démocratique et dangereux pour les libertés. Il met également en danger des droits aussi fondamentaux que l'accès au médicaments ou que les libertés fondamentales des utilisateurs d'internet[13].
Mais le plus grand danger du texte est qu'il institue un comité ACTA. Celui-ci pourra, une fois le texte signé, le modifier librement avec l'accord des exécutifs, sans se soumettre à un vote législatif ni à un débat public. La mise en place de ce comité est opaque et antidémocratique ; elle pourrait permettre à quelques uns de dicter le droit international de façon discrétionnaire, sans respecter les droits des citoyens à connaître les lois et à les faire voter la loi par leurs représentants.
La version finale du texte a été publiée en décembre 2010, et les signatures ont débuté le 1er octobre 2011. Le 18 décembre 2011, les pays membres de l'Union européenne ont signé l'ACTA (accord commercial anti-contrefaçon). Cette signature est une étape obligatoire pour l'adoption du texte. Le texte doit être approuvé par le parlement européen avant toute signature. La préservation de l'innovation et des libertés passe nécessairement par un rejet de cet accord.
Références
- ↑ http://www.numerama.com/magazine/18414-l-ompi-voit-le-parti-pirate-comme-une-incitation-a-changer-le-droit-d-auteur.html
- ↑ http://www.wipo.int/about-wipo/fr/dgo/speeches/dg_blueskyconf_11.html
- ↑ Voir cahier MTP/DRM
- ↑ http://www.numerama.com/magazine/18414-l-ompi-voit-le-parti-pirate-comme-une-incitation-a-changer-le-droit-d-auteur.html
- ↑ http://www.wipo.int/about-wipo/fr/dgo/speeches/dg_blueskyconf_11.html
- ↑ Voir cahier MTP/DRM
- ↑ Voir l'article 2.18, paragraphe 5 du texte http://sandrinebelier.files.wordpress.com/2010/10/consolidated-text-acta-tokyo-6-oct-2010.pdf
- ↑ "to the extent provided by the law"
- ↑ "the manufacture, importation, or distribution of a device or product, including computer programs" that "has only a limited commercially significant purpose other than circumventing an effective technological measure".Traduction par nos soins.
- ↑ http://www.april.org/fr/innovation-90-des-entreprises-innovantes-francaises-utilisent-du-logiciel-libre
- ↑ article L122-6-1 Code de la propriété intellectuelle http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006278920&cidTexte=LEGITEXT000006069414, directive européenne de 1991 relative à la protection juridique des programmes d'ordinateur http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CONSLEG:1991L0250:19931119:FR:PDF">, réaffirmé par le Conseil d'État http://www.april.org/groupes/dadvsi/analyse-arret-conseil-etat-decret-dadvsi.html
- ↑ "the obligations in paragraphs 5, 6 and 7 are without prejudice to the rights, limitations, exceptions or defenses to copyright or related rights infringement under a Party's law". Traduction par nos soins.
- ↑ Ce qui est dénoncé par la Quadrature du Net http://www.laquadrature.net/fr/ACTA