Quelques pistes pour diminuer notre empreinte numérique
Titre : Quelques pistes pour diminuer notre empreinte numérique
Intervenant : Gauthier
Lieu : Alsace Réseau Neutre
Date : Conférence donnée le 20 novembre 2021 à la mairie de Schiltigheim dans le cadre de la Journée « zéro déchet » co-organisée par Zéro Déchet Strasbourg.
Durée : 32 min 23
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : À prévoir
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Transcription[modifier]
Gauthier : Bonjour à tous. Je suis Gauthier d’Alsace Réseau Neutre, secrétaire, ex-président.
Nous sommes plutôt une association qui essaie, à la base, de développer le numérique mais d’un point de vue éthique. Depuis quelques années on s’est rendu compte que dans l’asso beaucoup de gens avaient aussi une sensibilité écologique. L’été dernier on a décidé de commencer aussi à développer une expertise sur ces aspects écologie et numérique. Cette présentation est l’occasion pour nous de développer des arguments, de réfléchir par nous-mêmes sur ce qui est le plus efficace pour réduire notre impact écologique.
C’est notre présentation [Diapo de présentation de Alsace Réseau Neutre, NdT]. On pourra en parler plus dans les ateliers après. C’est pour dire qu’on travaille aussi sur les aspects vie privée, sur la neutralité du Net et on propose des outils et des contenus alternatifs aux GAFAM [Google Apple Facebook Amazon Microsoft].
Aujourd’hui on veut donner quelques pistes pour diminuer notre impact numérique, des choses concrètes, qui sont scientifiquement logiques.
On s’est dit, en regardant un petit peu les sources, que finalement la première solution la plus efficace serait de tout arrêter. C’est vrai que c’est quand même une problématique qui est très complexe, réussir à trouver ce qui vaut vraiment le coup de faire, c’est tout un environnement. On peut passer aux ateliers ! [Rires]
Qu’appelons-nous « le numérique » aujourd’hui ?[modifier]
On va essayer de décortiquer un petit peu. Le numérique c’est quelque chose de très vaste. Ça part de l’infrastructure. D’un côté il y a l’utilisateur et de l’autre côté il y a des choses qu’on ne voit vraiment pas, tout ce qui est serveurs, datacenters, donc le stockage et les traitements de données, la fameuse dématérialisation.
Il y a le réseau qui permet de mettre en connexion les serveurs. Et nos ordinateurs, nos smartphones, donc les terminaux, c’est ce qui est vraiment visible, ce qu’on achète, ce qu’on consomme et qui finit à la poubelle beaucoup trop tôt.
On va aussi parler de l’utilisateur, des usages d’Internet et de comment on peut améliorer nos usages pour diminuer notre impact.
Impacts du numérique[modifier]
Voici les chiffres importants par rapport du numérique.
Le numérique est à l’origine de 3,7 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, un peu moins en France à cause du nucléaire. C’est pour ça qu’on aime bien présenter aussi les chiffres du monde. Si on doit régler le problème, vu qu’Internet est un problème mondial, il vaut mieux parler au niveau des émissions mondiales.
44 % des émissions mondiales viennent de la fabrication des terminaux – ordinateurs, smartphones, tous les objets numériques qu’on achète. En France cette part passe à 86 % parce que justement l’autre part c’est en fait la consommation d’électricité des terminaux et, vu qu’en France il y a le nucléaire, elle est décarbonée. On a donc l’impression que ce n’est pas si grave mais c’est quand même grave.
On dit que le plus efficace pour réduire notre impact c’est vraiment de prolonger la durée de vie de nos terminaux plutôt que réduire nos usages.
Les fausses bonnes actions[modifier]
Pour introduire, je voulais aussi parler un peu des fausses bonnes actions. C’est vrai qu’on entend beaucoup de choses dans le numérique. Par exemple l’idée de nettoyer sa boîte mail, on verra par la suite que les mails c’est quelque chose qui est relativement négligeable en quantité de données donc en impact. Par exemple moi, je nettoie ma boite mail quand même. Mais plutôt que d’aller chercher tous les mails que je veux enlever, je vais plutôt trier par taille : et tous les mails qui ont une pièce jointe avec une photo, une vidéo, je les supprime. Du coup c’est beaucoup plus efficace que de s’embêter à passer dans toute sa boite mail pour enlever tous les mails dont on n’a plus besoin.
Je voulais vous poser une question : faites-vous des actions, dans votre vie numérique, pour essayer de diminuer votre impact et qu’on puisse éventuellement réfléchir ensemble pour voir si c’est efficace ou pas ? Par exemple prolonger la durée de votre téléphone ou...
Public : Je viens de changer mon téléphone, j’ai pris un reconditionné. Le précédent avait neuf ans.
Gauthier : C’est pas mal ! Et vous n’avez pas eu de problèmes avec les logiciels ?
Public : C’est un petit peu pour ça que je l’ai changé !
Gauthier : Ça ne marchait plus.
Public : Les dernières mises à jour et les applications dont j'avais besoin et que je ne pouvais pas ouvrir. J'ai finalement craqué mais je ne voulais pas, je n’en avais pas besoin. Du coup quand il faut le faire, on repart sur du reconditionné.
Gauthier : Je pense que c’est une bonne pratique.
Public : Si vous parlez, ce serait bien de parler dans le micro, comme ça tout le monde entend et ceux qui regardent en live entendent aussi la question.
Je voulais donner mon avis. Je stocke moins de données en ligne sur les serveurs qui tournent tout le temps, et plutôt en local sur un disque dur externe ou le disque dur de l’ordinateur.
Public : Personnellement, au niveau de l’utilisation Internet, minimiser l’usage à tout-va des moteurs de recherche pour aller sur un site qu’on connaît très bien. Par exemple, je ne vais pas sur Google pour taper darty.fr, je tape darty.fr ou alors je l’ai dans mes favoris, ce qui évite de faire un aller-retour de la planète pour revenir en France, sur un site qu’on connaît, qu’on a tout bêtement.
Public : J’éteins la box le soir, et le matin je me fais engueuler par Free me disant qu’il ne faut pas faire ça. Je sais que la box consomme quand même beaucoup, donc je l’éteins.
Gauthier : Ce sont des éléments que vous allez retrouver dans la présentation, je pense que ce sont de bonnes pratiques.
Pour poser les bases de quels impacts a le numérique, ce qui est important et ce qui est moins important, on a trouvé une source dans le Monde Diplomatique qui parle du Matérial Input per unit of service. En fait ça correspond au sac à dos dont Carole a parlé avant, le sac à dos écologique.
Là on voit les correspondances entre un service et combien il coûte en matières premières.
Pour faire un kilomètre en voiture, on va consommer un à deux kilos de matières premières ; pour une minute de téléphone, on va consommer 200 grammes de matières premières ; pour un message texto, c’est 600 grammes. La différence s’explique parce que le texto est stocké dans plusieurs endroits, du coup ça a plus d’impact que le téléphone qui est juste transféré une fois.
Une chose importante, c’est que lorsque les technologies sont imbriquées, plus elles deviennent complexes et plus c’est un produit composé d’électronique, de mécanique, etc ; plus ça va générer de déchets, en fait. On pourrait se dire que l’acier, c’est quelque chose qui pollue beaucoup, mais un kilogramme d’acier ne consomme que 10 kilos de ressources, c’est déjà beaucoup : de l’eau, de l’énergie, du minerai, toute la terre qu’il faut remuer pour récupérer le minerai.
Les téléviseurs et smartphones ce sont 1 000 kilogrammes de ressources pour un kilogramme d’électronique. Le pire du pire, c’est le processeur, donc l’intelligence du numérique, où ce sont 16 kilogrammes pour un, donc c’est 16 000 pour un, et ça s’explique par les terres rares. Ces fameuses terres rares sont dans une très faible quantité par m3 de terre. On va devoir extraire des tonnes et des tonnes de terre pour récupérer juste quelques kilos de matière première. En plus, on utilise beaucoup d’eau pour nettoyer la terre, beaucoup de chimie pour nettoyer les matériaux. Finalement on se retrouve avec un impact ! On a un truc dans la main, on a l’impression que ce n’est pas un gros déchet, mais il faut s’imaginer que derrière il y a une voiture !
Un autre aspect important, de manière générale, dans le numérique : on voit que la zone géographique la plus en amont de la chaîne de fabrication est celle qui paiera le plus lourd tribut. Ça vaut à la fois pour les ressources de matières premières justement de type terres rares. Les terres rares ne sont pas extraites en Europe, elles sont extraites soit en Chine, soit en Afrique. En Chine il y a des lacs de chimie entiers qui polluent des environnements gigantesques. En Afrique on utilise des enfants, c’est une catastrophe écologique et sociale. On voit aussi que les déchets, que ce soit en amont ou en aval de la chaîne de production, ce sont les pays du tiers-monde ou les pays les moins évolués qui payent la facture écologique.
C’était pour l’introduction un peu joyeuse. On va essayer de déconstruire en voyant justement tous les aspects du numérique, du serveur jusqu’à l’utilisateur et, dans chacun de ces aspects, ce qu’on peut faire, ce que vous pouvez faire, ce que les politiques peuvent faire éventuellement.
Infrastructure[modifier]
Il y a l’infrastructure. L’infrastructure c’est ce dont je parlais avant, ce sont les serveurs, c’est le stockage et l’intelligence qui vont permettre de stocker les données et de générer de l’information à partir de ces données. C’est quelque chose qu'en tant qu’utilisateur lambda, on ne voit pas, c’est caché dans les datacenters, donc on a l’impression qu’on ne peut pas faire grand-chose.
Là, on rentre dans le mythe de la dématérialisation. On dit que le numérique, c’est génial, ça dématérialise, c’est-à-dire qu’il n’y a plus d’impact, on ne voit plus les déchets. On a vu, et c’est vrai, que les déchets sont ailleurs, mais les serveurs sont là, ils sont à Schiltigheim, à côté, ils sont en face de la brasserie Fischerstub. Il y a un grand bâtiment industriel, un peu désaffecté, et c’est là-dedans qu’il y a le datacenter.
Public : Il y a un serveur près de Strasbourg qui a brûlé récemment.
Gauthier : C’était OVH à Strasbourg. C’est une catastrophe environnementale aussi, en soi. Avec tous les serveurs qu’il y avait dedans, ce sont des quantités de ressources énormes.
C’est un mythe dans le sens où il y a des milliards de serveurs dans des fermes, des antennes pour pouvoir communiquer sur Internet, donc il y a des câbles, plus encore des centres de routage où il y a aussi plein d’ordinateurs, des bornes wifis, etc. En fait on voit que de nos jours on consomme énormément d’appareils informatiques.
Pour les serveurs, il y a aussi le problème de l’obsolescence programmée. Les performances évoluent très vite. Du coup, pour un datacenter, très rapidement ça ne va plus être rentable de garder les vieux serveurs. Ils vont devoir les remplacer pour en avoir qui sont à jour. Donc ils ont tendance à ne pas utiliser les matériels jusqu’à la fin de leur vie, ils les changent très régulièrement.
On peut presque dire que cette soi-disant dématérialisation, c’est, en fait, la plus grande entreprise de matérialisation qui ait été faite par l’Homme.
Un autre aspect, c‘est ce qu’on peut appeler le coût de l’instantané. On dit toujours que Google marche super bien, Amazon pareil, on n’a jamais vu un site de Google crasher, être en panne ou quoi que ce soit. On parle d’un niveau de service de 99,995 %. C’est en fait le niveau de service minimal pour une entreprise type Google pour rester compétitive ; si tu es en dessous, tu meurs ! Ça correspond à 26 minutes d’indisponibilité par an, donc rien du tout. Nous on n'en aurait rien à faire que pendant 26 minutes on ne puisse pas accéder à un service, si cela pouvait faire gagner un petit peu de ressources, si c’était un petit peu plus écologique.
Dans les datacenters, en pratique ils ont toujours deux réseaux électriques, ils ont deux serveurs en parallèle qui ont exactement la même chose dessus, comme ça si l’un tombe en panne, l’autre peut tout de suite reprendre instantanément le service. Il y a des salles de batteries en plus, si l’électricité tombe plus longtemps qu’une certaine durée. On a trouvé des sources qui disent que Gmail et YouTube, typiquement, dupliquent sept fois les données, donc les données sont présentes sur sept disques durs différents, ce qui veut dire qu’il y a un impact sept fois plus important que si vous l’aviez chez vous à la maison. Il y a aussi des serveurs qui ne sont pas utilisés à 100 % de leur capacité parce que, en fait, on dimensionne les ordinateurs pour qu’ils puissent supporter des plus grands pics quand les gens rentrent à la maison, à 18 heures, pour regarder des vidéos ou Netflix. Du coup ils sont utilisés à 10 % toute la journée et après à 100 %, et ça fait encore tout ça qui est trop surdimensionné.
Nous avons aussi notre infrastructure dans un datacenter pour des raisons historiques. C’est juste à Schiltigheim, à côté, comme je l’ai dit. On s’est un peu posé la question de ce qu’on pouvait faire ou ce qu’on faisait. Concrètement, on utilise des serveurs reconditionnés, qui sont mis au rebut par les entreprises capitalistes du domaine. On conserve un niveau de redondance bas, on n’a pas sept fois les données, on les a entre deux et quatre fois environ, seulement pour la criticité. On utilise des pièces de remplacement qui sont aussi d’occasion.
Il y a aussi une solution pour les serveurs, c’est l’auto-hébergement. En fait on peut mettre ses données dans un datacenter, mais on peut très bien aussi les garder à la maison comme au bon vieux temps, c’est un peu plus compliqué, il faut quand même avoir quelques compétences pour l’instant. Mais concrètement, il peut y avoir l’équivalent d’un smartphone chez soi, qui reste branché toute la journée sur Internet, avec lequel on va pouvoir échanger nos données, mettre nos mails dessus, mettre nos vidéos, nos photos de vacances. C’est aussi une chose qu’on va présenter à l’atelier de cet après-midi.
15’ 38[modifier]
Réseau[modifier]
La deuxième partie du numérique c’est le réseau, c’est ce qui va connecter les serveurs, les terminaux. Ça permet d’échanger les données.
Un élément intéressant, c’est la différence de consommation énergétique des réseaux filaires et des réseaux d’ondes. Pour une même quantité de données, la 4G va consommer 50 kWh quand la fibre optique n’en comme que 5. Ça parait intéressant comme ça, mais ce n’est pas forcément là qu’on va faire de vrais gains parce que ça ne représente que 5 % des émissions du numérique contre 80 % pour les terminaux. Ça peut être intéressant de se mettre en filaire à la maison plutôt qu’en wifi, mais ça ne va pas être une révolution. C’est un effort qu’on peut faire, si c’est facile, mais il y en a d’autres qui sont plus intéressants.
Petit encart sur la 5G parce que c’est toujours le sujet un peu politique. Ça permet d’avoir plus de débit pour une consommation réduite. Pour la même quantité de données on va consommer un peu poins qu’en 4G, mais le problème, c’est le problème de toutes les infrastructures comme les autoroutes. Plus on fait de routes, plus il y a de voitures. Plus on va mettre de débit, plus il va y avoir d’usages, plus de gens vont regarder des vidéos en ligne sur leur smartphone, et après on va rajouter de nouveaux d’appareils qui vont être connectés partout, il va y avoir plus de données et finalement l’impact écologique va augmenter, c’est certain. En plus il y a l’argument commercial des vendeurs de terminaux, de téléphones et ordinateurs, qui va être « vous n’avez pas de téléphone 5G ? Vous êtes au 20e siècle ! »
Pour conclure sur le réseau, en fait nous pensons que les vraies problématiques sur le réseau, ce n’est pas l’écologie, c’est plus la vie privée, qu’on ne se soit pas pisté sur Internet, qu’on n’utilise pas nos données pour mettre de la publicité ciblée, ce genre de choses. En fait c’est l’activité historique de l’ARN [Alsace Réseau Neutre], de notre association.
Terminaux[modifier]
Concernant les terminaux qui sont finalement ce dont on a l’impression qu'il est le plus facile à modifier pour un utilisateur final, donc pour nous : c’est l'ordinateur, l'ordinateur portable, le téléphone, le smartphone.
On a dit qu’en France la fabrication des terminaux - des ordinateurs et des smartphones - représente 86 % des émissions, et on a un énorme problème parce que la durée de vie d’un smartphone est actuellement de 23 mois, donc ce n’est rien du tout. On a vu qu’en théorie ils pourraient durer une dizaine d’années, mais actuellement ils ne sont utilisés que deux ans. Donc il y a un énorme travail à faire là-dessus. C’est là qu’on peut vraiment faire des gains importants. Le problème c’est qu’on est bloqués par plusieurs aspects, entre autres le logiciel. Les smartphones qui sortent aujourd’hui ont un support officiel de logiciel de deux ans. Au bout de deux ans, si l’entreprise ne fait pas un effort elle-même, il se peut qu’on ne puisse plus l’utiliser parce que les logiciels ne sont plus à jour.
L’obsolescence programmée, on y vient. Elle est déterminée par le design du matériel. On fait des appareils qui sont trop fragiles, qui cassent facilement ; par le logiciel : on fait des logiciels qui ne sont pas maintenables, qui ne durent pas. Et le marketing évidemment, Apple qui sort un iPhone tous les ans et tous les autres exemples qu’on connaît. Là on a une petite BD qui explique un scandale qu’il y a eu et qui a été prouvé, il me semble, comme quoi certains fabricants d’imprimantes programment l’imprimante pour qu’au bout de 10 000 pages, elle ne fonctionne plus. Là, évidemment, on se retrouve à avoir des tonnes d’imprimantes dans des décharges sauvages en Afrique : ce n’est pas top !
Un autre aspect intéressant, c’est l’explosion de firmware. On a l’exemple de Windows : depuis Windows 98 jusqu’à Windows 10, le matériel dont on a besoin est passé de 16 Mégas de RAM à 2 Gigas, ça fait un peu moins de 1.000 fois plus, c’est ça ?, au moins 100 et en fait ça continue à exploser. Une étude est sortie disant que la sortie de Windows 11 allait provoquer la mise au rebut de 50 % des appareils numériques. Il y a plein d’ordinateurs qui tournent très bien actuellement sous Windows 7 ou 10 au niveau performances ; c’est juste qu’ils vont sortir Windows 11 et ce ne sera pas forcément compatible avec tous ces anciens appareils. Du coup les gens vont être obligés de changer tout leur parc, donc on se retrouve évidemment avec de nouveau des déchets en masse.
Public : Sur ce tableau, qui est directement tiré de la documentation de Microsoft, on peut s’interroger quand même entre les versions 7, 8 et 10, s’il n’y a pas eu augmentation. Je ne sais pas si vous avez essayé, si vous avez un ordinateur avec juste 2 Gigas de RAM et que vous faites tourner Windows 10 ! En tout cas, beaucoup d’utilisateurs ne vont pas supporter d’être sur ce genre de machine avec ce système-là parce que ça sera beaucoup trop lent. En réalité, je pense qu’ils n’affichent pas la vraie couleur de leurs prérequis. Pareil sur le stockage, 20 Gigas ça semble peu ! En atelier on constate qu’on a plein d’ordinateurs avec 32 Gigas de RAM qui sont passés sous Windows 10, qui sont complètement cassés, et les utilisateurs ne savent pas gérer ce problème. Je pense vraiment que ce tableau est plutôt mensonger, la fin en tout cas, mais c’est issu de leur documentation.
Public : Je peux aussi préciser que les mises à jour de Windows 10 sont prévues jusqu’en 2025. Autrement dit il n’y a aucune urgence à passer à Windows 11, il y a le temps, pas besoin de se presser, tout va bien, aucun problème.
Gauthier : Merci pour les précisions. Encore une petite blague des Guignols qui présentent Steve Jobs qui dit : « Ceci est une révolution, il faut tout racheter ». C’est la stratégie de marketing typique de l’obsolescence programmée.
Pour conclure, la chose vraiment importante c’est limiter le renouvellement des équipements. Pour ça, une solution c’est d’entretenir les équipements avec du logiciel libre, qui n’est pas dirigé par une stratégie de marketing mais qui est là juste pour que ça marche, pour que ce soit utile pour vous et pas plus. Et promouvoir la seconde main et l’occasion.
Utilisateurs[modifier]
Le dernier aspect qu’on voulait voir, c’était les utilisateurs, donc concrètement ce qu’on peut faire comme utilisateur pour diminuer l’impact.
Pour ça, ce qui nous parle le plus c’est ce genre de schéma.
Le problème c’est que plus on a de contenu, plus on a de Gigas de données qu’on va vouloir chercher, qu’on va vouloir visualiser, télécharger, plus il faudra de puissance, plus il faudra de matériel et le problème c’est le matériel. Finalement, si on arrive à réduire la quantité de données qu’on consomme sur le Net, on arrivera aussi à réduire tout l’impact derrière.
Sur ce schéma on voit que 60 % de la consommation des données sur Internet est due à la vidéo. Ensuite, loin derrière, viennent les pages web sur lesquelles il y a aussi parfois des photos de pub, des vidéos de pub, etc. Il y a les jeux vidéos, réseaux sociaux, partage de fichiers. Mais on voit que l’éléphant c’est le streaming vidéo.
Encore un petit exemple assez parlant qui a été calculé par un collègue de l'aCROciation [1], il me semble, qui n’a pas pu venir. Il calcule que si on considère que la moitié des utilisateurs Netflix lambdas en France consomment un film de deux heures en qualité maximale, full HD, par jour, et qu’il y a huit millions d’utilisateurs Netflix en France, alors on arrive à une quantité d’énergie qui correspond à une centrale nucléaire par jour. Donc juste pour l’utilisation des vidéos de Netflix, il y a une centrale nucléaire qui est consommée entièrement, et évidemment ça ne fait qu’augmenter.
On propose des actions qui sont vraiment concrètes, rapides.
Déjà installer un bloqueur de publicité. Non seulement ça nous libère un peu de temps de cerveau disponible parce qu’on n’est pas toujours en train de voir plein de choses sur l’écran qui ne nous intéressent pas du tout et, en plus, on ne télécharge pas toutes ces vidéos et images de pub, donc ça allège la navigation. On a aussi découvert un module complémentaire dans le navigateur internet qui permet, en fait, par défaut de lire les vidéos YouTube en résolution plus petite. Souvent on ne regarde pas la vidéo pour la qualité de l’image, on regarde juste parce qu’on a envie d’écouter quelqu’un qui parle, donc ça permet de diminuer beaucoup l’impact.
On accompagne aussi les gens dans nos ateliers pour mettre à jour des terminaux qui sont officiellement obsolètes mais sur lesquels on peut mettre d’autres logiciels qui vont permettre de prolonger la durée de vie.
Je ne sais pas si j’ai été trop long, mais il y a encore quelques slides de conclusion.
On avait au début la slide qui montrait comment fonctionne Internet aujourd’hui.
On a ces serveurs, on a ces câbles qui courent partout avec les antennes wifis, on a nos terminaux, on a les utilisateurs lambda. Et on a ces fameux robots, intelligence artificielle, objets connectés, qui traînent par là et qui sont un peu comme des utilisateurs. En fait ils vont générer des données, ils vont lire des données, donc ils vont utiliser toute l’infrastructure de la même manière que nous l’utilisons, sauf que ça va être pour des usages commerciaux, pour analyser nos faits et gestes, je ne sais trop quoi. Pour l’instant, aujourd’hui, 50 % des données sont générées par des utilisateurs, 50 % par des robots, de l’IA, etc. Donc c’est assez impressionnant. Quand on y pense ça paraît presque logique. Il y a des robots qui vont créer du texte à partir de textes existants, il y en qui vont trafiquer des vidéos, etc.
On voit que l’Internet n’est déjà plus trop centré sur l’humain, il dérive clairement vers un truc un peu contre-utopique et ça ne fait qu’augmenter. Ce qu’on peut voir venir, c’est un Internet dirigé par les GAFAM, que les gouvernements utilisent pour contrôler les masses de population grâce à des IA, etc. Au final, l’impact écologique ne sera plus dû à nous, il sera dû à des choses sur lesquelles on n’a pas du tout de contrôle.
C’est un peu contre ça qu’on lutte dans notre association. Notre vision d’un Internet du futur, c’est un Internet par les usagers, pour les usagers, où on met l’utilisateur au centre et le reste c’est vraiment juste pour rendre service à l’utilisateur, ce n’est pas pour faire de la pub, ce n’est pas pour faire du contrôle des masses [de population, NdT].
Pour essayer de développer cet Internet utopique, il y a pas mal d’acteurs. Nous sommes juste un représentant local d’une fédération qui s’appelle CHATONS, le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires [2]. En gros nous proposons des services alternatifs aux GAFAM, des services plus centrés utilisateur aussi.
Nous sommes aussi membre de la Fédération française des fournisseurs d’accès à Internet associatifs, qui propose des connexions à Internet comme Orange ou SFR peuvent le faire, donc nous faisons aussi de la fourniture d’accès à internet.
Et aussi quelque chose qui se développe pas mal en ce moment ce sont les coopératives du numérique, Mobicoop[3], Telecoop[4], qui sont aussi très fortement basées sur Internet. Finalement, ce sont à la base des plateformes Internet et, grâce à ça, elles arrivent à développer des services, etc. Ce sont des gens qu’on aime bien, on ne bosse pas forcément toujours avec eux, mais on se considère un peu dans le même écosystème.
Pour résumer sur ce qu’on peut faire :
- réutiliser du matériel d’occasion ;
- privilégier le réseau filaire au réseau mobile ;
- limiter le renouvellement de ses équipements ;
- utiliser du logiciel libre pour prolonger la durée de vie ;
- comprendre aussi que les usages concrets de vidéo sur Internet ça a un impact sur toute la chaîne, sur tout l’environnement numérique qui fait que finalement ça a un gros impact écologique.
On a parlé de tout ça.
Pour introduire les ateliers qui ont lieu juste après la présentation.
On a un premier atelier où on parle de limiter l’utilisation des données sur le navigateur. En fait on apprend à configurer son navigateur, Firefox, Internet Explorer ou autre, en fait on conseille Firefox ; pour éviter le pistage et pour bloquer les contenus indésirables, pour potentiellement jouer des vidéos en plus faible résolution.
Le deuxième atelier, c’est installer GNU/Linux. Déjà découvrir GNU/Linux pour commencer, donc découvrir un système d’exploitation qui permet de prolonger la durée de vie des ordinateurs et aussi d’utiliser un ordinateur qui a moins de ressources, donc plus vieux. On apprend à le découvrir, on l’installe et on peut le paramétrer.
Il y a aussi la même chose pour les smartphones. Il y a Android de Google et ensuite il y a LineageOS [5], qui est une alternative, c’est l’équivalent de GNU/Linux pour les smartphones. On peut aussi le découvrir et l’installer, installer des applications libres qui fonctionnent sur de vieilles versions d’Android, et sécuriser son smartphone.
On a mis un petit logo, 1, 2, 3, pour dire que ça monte un peu en complexité. Si vous voulez juste passer un petit peu de temps, ça va être cet atelier. Si vous avez déjà un peu envie de vous impliquer, ça va peut-être être celui-là ou celui-là. Après, si vous avez vraiment envie de reprendre le contrôle de votre vie numérique globale, c’est l’atelier sur YunoHost [6]. C’est aussi un système d’exploitation GNU/Linux qui permet d’administrer facilement son propre serveur. En fait, on apprend à installer un serveur, comme je disais avant, sur l’équivalent d’un smartphone à la maison, qui consomme deux watts, donc rien du tout, et sur lequel on peut avoir ses propres mails, ses propres documents, les synchroniser avec son téléphone, avec son ordinateur.