Différences entre les versions de « Vivre en tout-doux-cratie à Picasoftland »

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Chez Picasoft, chacun·e fait ce qu'iel veut, mais tout en douceur...
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Chez Picasoft, chacun·e fait ce qu'iel veut, mais tout en douceur.
  
 
Pour faciliter les actions des personnes motivées tout en favorisant la recherche de compromis, l'association Picasoft prend ses décisions par Tout-Doux-Cratie. Présentation du concept et retour d'expérience sur son utilisation et ses limites.
 
Pour faciliter les actions des personnes motivées tout en favorisant la recherche de compromis, l'association Picasoft prend ses décisions par Tout-Doux-Cratie. Présentation du concept et retour d'expérience sur son utilisation et ses limites.

Version du 27 novembre 2022 à 16:04


Titre : Vivre en tout-doux-cratie à Picasoftland

Intervenant : Rémi Uro et Quentin Duchemin

Lieu : JDLL [Journées du logiciel libre de Lyon] 2022

Date : Samedi 2 avril 2022

Durée : 54 min 46

Vidéo

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir. Logo JDLL ?

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Résumé

Chez Picasoft, chacun·e fait ce qu'iel veut, mais tout en douceur.

Pour faciliter les actions des personnes motivées tout en favorisant la recherche de compromis, l'association Picasoft prend ses décisions par Tout-Doux-Cratie. Présentation du concept et retour d'expérience sur son utilisation et ses limites.

Transcription

Quentin Duchemin : Comme vous pouvez le voir, nous allons parler de tout-doux-cratie à Picasoftland.

L'idée de la conférence, de la présentation, c'est de présenter un mode de gouvernance qu'on a mis en place à Picasoft, on va expliquer ce que ça fait. C'est une réflexion qui peut être intéressante pour toutes les structures sur la manière d'organiser les règles de fonctionnement de ces structures.

Rémi Uro : Pour commencer, un peu de contexte. Picasoft est un chaton [1]. Chaton, c'est clair pour tout le monde ? OK, parfait, je ne fais pas de rappel là-dessus. Nous sommes un chaton[2] qui existe depuis 2017, on a une trentaine de membres, on a 11 services ouverts — un Mattermost, des pads — le tout sur trois serveurs. C'est une association composée principalement d'étudiants et d'étudiantes, de profs et d'anciens et anciennes de l'UTC, l'Université de technologie de Compiègne. On a vocation à viser la communauté de l'UTC, mais aussi, plus largement, un peu tout le monde.

On a trois grands axes : l'hébergement, la sensibilisation, la formation.

L'hébergement c'est proposer les services dont je parlais tout à l'heure avec tout l'aspect technique pour maintenir ces serveurs, parce que ça ne tourne pas par magie.
L'aspect sensibilisation, c'est organiser des conférences, des ateliers, des émissions de radio aussi et parler des sujets qui nous tiennent à cœur, comme la décentralisation, le Libre en général.
Et aussi, puisqu'on a la chance d'être dans une université et d'avoir des profs qui sont bons en pédagogie, tout un axe formation pour essayer de former aussi bien les étudiants et étudiantes mais aussi le grand public aux outils qu'on utilise, donc pour s'auto-héberger, pour apprendre à se servir de son ordinateur. Dans cet axe-là, on organise au sein des activités pédagogiques d'inter-semestre — à l'UTC, à la fin de chaque semestre, il y a deux semaines consacrées à des cours un petit peu différents des cours habituels. Donc chaque semestre on a entre 20 et 40 étudiants et étudiantes, juste une semaine, et on va parler de comment utiliser Linux, comment prendre en main des méthodes de gestion de versions GNU/Linux, etc., et on va aussi axer sur la liberté et les alternatives aux GAFAM. On participe aussi à UPLOAD et Librecours, vous pourrez aller voir la conférence de Stéphane Crozat, on en parlera un peu plus tard plus en détail.

Quentin Duchemin : Quelques chiffres rapides pour se rendre compte que nous sommes quand même relativement modestes. On a quelques utilisateurs :
sur notre Mattermost [Service de discussion instantanée], 8000 utilisateurs et utilisatrices et un petit million de messages.
Sur notre instance PeerTube où on accueille des associations comme l'association Scenari[3], on a un peu plus d'une centaine de vidéos.
Sur le service de téléversement de fichiers on a quelques milliers de fichiers.
Ça reste relativement local à Compiègne, et c'est le but des chatons. Pour donner une idée, nous sommes globalement une trentaine de membres dans l'association : on définira plus tard la notion de membres, car ce n'est la notion de membre telle qu'on l'entend habituellement, des membres actifs qui vont aller faire des trucs techniques ou de la communication en permanence.

L'association Picasoft a été créée en 2017, association loi 1901. Dès sa création nous nous sommes structurés de manière assez traditionnelle, avec un bureau qui est globalement l'organe décisionnaire, avec une présidence, de la trésorerie et puis éventuellement quelques autres rôles : responsable communication, vice-président, vice-présidente, etc., et un fonctionnement avec une assemblée générale où on réunit l'ensemble des membres tous les six mois. On présente les bilans moraux, les bilans financiers, on les vote, on considère que c'est OK, on élit un nouveau bureau et c'est reparti pour un tour, puisque, à l'UTC, les choses fonctionnent beaucoup par semestre. Donc une organisation somme toute assez classique.

À un moment donné, comme le niveau technique devenait important car on avait de plus en plus d'utilisateurs et d'utilisatrices, on s'est dit que la question de la sécurité rentrait en ligne de mire, puisqu'on a quand même des données qui peuvent être sensibles, celles des gens, des associations, des entreprises qui utilisent nos services pour discuter. Il y a toute cette question de réussir à faire en sorte que nos serveurs soient suffisamment sécurisés pour qu'on ne puisse pas rentrer dedans, que les membres ne puissent pas rentrer dans l'association et faire n'importe quoi. Donc, il y avait un peu cette idée à l'époque qu'il faut que la confiance que nous accordent les utilisateurs soit fondée, donc on va créer ce rôle de responsable technique qui va avoir pour but de bien cadrer les accès à l'infrastructure. Dans les statuts, le responsable technique a toutes les prérogatives autour de la distribution des accès, etc.

Rémi Uro : Mais aussi d'essayer de réfléchir à comment on va faire tourner les services. Sans entrer dans les détails techniques, avant on avait un fonctionnement un peu bordélique où chacun faisait son truc. Avec l'arrivée du responsable technique, il y a eu plus une structuration de comment on gère et on a essayé vraiment de bien encadrer tout ça.

Quentin Duchemin : Et puis voilà. Ça a super bien marché, franchement c'est nickel, on vous conseille la même chose.

Rémi Uro : En vrai, il y a eu des petits problèmes avec cette organisation-là.

Nous pouvons vous raconter une petite histoire qui nous est arrivée. Un membre du bureau qui était responsable technique - ça aurait pu être n'importe quel autre membre du bureau, le problème aurait été le même - avait une vision, un peu comme disait Quentin : il voulait vraiment cadrer les choses pour augmenter la confiance des utilisateurs et utilisatrices, et ça passait notamment par faire une architecture d'administration du système qui soit très bien cadrée, mais, du coup, très complexe. Prendre en main les outils, pour pouvoir monter en compétences dessus, devenait donc beaucoup plus difficile pour des nouveaux et nouvelles membres et ça allait un petit peu en contradiction avec la vision de certains autres membres qui préféraient avoir un truc ouvert : tu rentres dans l'association et, en deux heures, tu es autonome et tu peux monter de nouveaux services. Donc ça a posé des petites questions.

Et, ce qui a vraiment déclenché un blocage, c'est que cette personne a refusé de donner des accès à un membre, alors que le reste de l'association était pour que cette personne ait des accès ; ça fait des histoires, ça a clashé en AG, je vous passe les détails. Mais, du coup, s'est posée cette question-là : d'un côté ce responsable technique — mais ça aurait pu être le responsable financier qui refuse de payer des trucs — donc un membre du bureau qui prend des décisions unilatérales et qui empêche le bon fonctionnement de l'association au sens auquel l'entendaient la plupart des membres.

Quentin Duchemin : Là vient aussi un problème statutaire, puisqu'on avait inscrit dans nos statuts que le responsable technique était le seul capable de donner les accès à l'infrastructure, c'est-à-dire de pouvoir se connecter au serveur et de faire des choses. Donc s'il refusait de le faire, soit on ne respectait pas nos statuts, soit on se soumettait simplement à ça, donc là on voyait bien que cela posait des problèmes. On a commencé à voir émerger un truc qu'on n'avait pas vu avant : le problème d'une organisation un peu bureaucratique et très verticale, qu'on avait souhaitée à la base pour pouvoir sécuriser les données des utilisateurs et augmenter leur confiance et, finalement, qui a fait exploser le fonctionnement interne de l'association.

Rémi Uro: En plus que ce qu'on avait souhaité pour ça, on a surtout été pris par défaut par ce qu'on voyait autour et on ne s'était pas plus posé la question que ça.

Donc on a remarqué des problèmes, notamment la centralisation du pouvoir qui va ralentir les initiatives des membres parce que, si je veux faire un truc, il me faut l'aval du bureau ; un manque de transparence parce que le bureau peut aussi faire des trucs dans son coin sans prévenir les autres. Ça amène des potentiels blocages, ça amène un désengagement des membres qui ne se sentent pas forcément écoutés et qui ne voient pas forcément ce qui se passe.

Donc, il y a un problème. Que fait-on ? On en a parlé, on a organisé un PicaCamp, on s'est retrouvés tous ensemble chez Quentin à boire des bières.

Quentin Duchemin : On n'a pas bu des bières, il était 14 heures, peut-être après !

Rémi Uro : On a passé une grosse après-midi à discuter : que fait-on ? Comment est-ce qu'on essaye de régler ce problème ?

Quentin Duchemin : Un des thèmes, en particulier, qui était un peu au centre de cette discussion, c'était que devait-on garder entre le bazar et la cathédrale. Je ne sais pas si ce terme-là vous dit quelque chose. [4] est un essai d'Eric Raymond qui est paru en 1997. C'est la personne qui a utilisé, je crois, pour la première fois, le terme open source, qu'on n'aime pas trop, mais passons ! On est purement dans le développement logiciel. Il oppose la manière un peu bazar de faire, c'est-à-dire qu'il y a une multitude de développeurs et de développeuses qui vont collaborer, de manière pas forcément cadrée par une personne, donc il y a une grande adaptabilité, une grande flexibilité, avec l'idée que, derrière ça, va émerger un ordre spontané et que tout va bien se passer, c'est génial ! Et, de l'autre côté, la vision un petit peu cathédrale de la chose, avec une ou plusieurs personnes vraiment dépositaires du pouvoir de décision et un petit groupe de développeurs et développeuses qui sont chargés du développement du code ; les gens, à l'extérieur, peuvent donner leur avis, mais bon !, on s'en fout un peu, il y a quand même un organe décisionnaire. Ces deux modes d'organisation ne nous paraissaient pas fonctionnels, pour des raisons qu'on va détailler après.

Rémi Uro: Au même moment, on avait aussi d'autres soucis dans l'association, notamment la question de changer de banque et un autre point de blocage qui était en discussion entre les membres sur la portée politique de l'association. Certains membres voyaient l'association comme entièrement technique, là pour proposer une alternative et héberger des services, point. D'autres étaient plus pour faire de la propagande un peu plus profonde et un peu plus politique. On se posait plein de questions et on s'est rendu compte que le problème c'était le mode de décision. On a donc décidé de changer de mode de décision et qu'il allait en découler la résolution de tous les problèmes.

On a aboli le concept de bureau, on a aboli le concept de cotisation. Avant, les membres devaient cotiser un euro par semaine, je crois, c'était trop ! On a aboli ça. On a donné un pouvoir égal à tous les membres, le tout sur la base de la bienveillance, la gentillesse et le laisser-faire.

Quentin Duchemin : Voilà, c'est notre présentation !

Rémi Uro: On va détailler un peu plus tout ça.

12'37

Quentin Duchemin : En ayant observé quelques organisations, j'ai l'impression que c'est classique de se rendre compte du problème de la verticalité, de vouloir passer à une structure horizontale, sans pouvoir centralisé, et cette espèce de mythe de l'horizontalité, que je vais détailler, qui résoudrait tout. En réalité, cela crée d'autres problèmes, cela recrée des structures de pouvoir informel et, dans la refonte de nos statuts, on a essayé de se positionner contre ça.

Je me base en particulier, rétrospectivement, sur une brochure que vous pouvez lire aujourd'hui sur L’infokiosque, La tyrannie de l'absence de structure [5], écrite en 1970 par Joreen Freeman, une activiste du mouvement de libération des femmes étasunien. Ça détaille très bien qu'en réalité, dans une structure de groupe qui se dit informelle et qui se veut horizontale, il y a forcément des normes implicites au sein de ce groupe et du coup ces normes, sur lesquelles reposent les décisions, sont connues de peu de personnes. Elles sont connues, finalement, des personnes qui vont le plus discuter entre elles. En fait, dans ce mode d'organisation, beaucoup de personnes ont l'impression que des choses se passent sans elles, mais sans forcément réussir à identifier pourquoi.

Du coup, l'absence de structure créée deux choses.
D'abord la formation d'une élite informelle. C'est souvent un groupe d'amis qui se connaissent très bien, qui étaient peut-être là à l'origine de l'asso, qui fonctionnent sur des canaux de communication qui peuvent parfois être informels, un petit peu parallèles aux canaux classiques, qui vont discuter entre eux par téléphone, en se voyant autour dans un bar autour d'un café, etc. Ils vont finalement agir, certes de manière décentralisée et sans pouvoir explicite, mais sans le consentement, forcément, des autres membres et surtout, ces membres n'ont pas forcément la connaissance de ce qui se passe dans l'asso. Donc de la même manière qu'on avait, avant, le bureau qui décide, on a là une sorte de bureau informel qui, assez souvent, émerge.

La thèse de Joreen Freeman est que la formation de ces élites est inévitable. Pire encore ! Le fait qu'une élite informelle continue de propager le mythe de l'absence de structure rend très difficile de mettre des bâtons dans les roues de cette structure de pouvoir puisqu'elle est censée ne pas exister. Et on sait très bien que les structures de pouvoir qui sont implicites, qui se disent pas, sont les plus difficiles à remettre en question.
Donc, premier problème, formation d'une élite informelle.

Deuxième problème. L'absence de structure crée souvent un système de star qui répond à un besoin de société qu'on voit un peu partout, y compris dans les groupes militants : écouter un groupe cohérent, avoir une personne qui va porter les propos du groupe ou de la structure, mais ne pas avoir un ensemble de personnes, avec leur individualité propre, qui va constituer le groupe.

Il y a beaucoup de structures qui se battent contre ça. Je ne sais pas si vous avez un petit peu suivi chez Framasoft[6], mais Pyg [Pierre-Yves Gosset] se bat contre le fait d'être considéré comme le directeur de Framasoft, qui prend toutes les décisions et est le référent ultime. Pouhiou se bat contre le fait d'être considéré comme le directeur de PeerTubeErreur de référence : Balise fermante </ref> manquante pour la balise <ref>, où, à la fois côté technique et ailleurs, on a vraiment essayé de faire en sorte que n'importe qui puisse rejoindre l'asso, se former, comment se former à l'aide du wiki et comment trouver les informations. Tous nos fonctionnements en termes de communication, d'organisation d'événements ou de techniques sont détaillés la-dessus, c'est une ressource importante pour nous sinon, sur Mattermost, c'est impossible.

Public : Une question complémentaire par rapport au délai de dix jours : comment gérez-vous l'équilibre entre le fait qu'il doit être assez court - car il faut être impliqué régulièrement pour pouvoir suivre - et en même temps un peu long, dans le sens où ça peut bloquer l'énergie bénévole de partir sur quelque chose, mais qu'il faut attendre dix jours ? Comment gérez-vous l'équilibre entre les deux ?

Quentin Duchemin : On n'était pas loin de jeter un D20 et voir ce qui sort. On a considéré que dix jours ce n'est ni trop ni pas assez, mais c'est vrai que c'est discutable.

Rémi Uro : Dix jours c'est pour les actions extraordinaires qui vont pouvoir attendre parce qu'elles sont extraordinaires. Ou alors, si c'est vraiment urgent, tu peux envoyer des mails à tout le monde disant « SVP, c'est urgent ».

Public : Par rapport à la circulation de l'information dans une association, je crois beaucoup aux infographies et cartographies type carte mentale. Par rapport au choix de dix jours, j'ai en tête la monnaie libre [Ğ1, NdT] et le système de toile de confiance par rapport à l'entrée de nouveaux membres, il y a peut-être des choses à revoir là-dedans ; j'entends bien la critique concernant la complexification des statuts et du process.
Sinon par rapport à la gestion des membres, vous appelez ça des membre fantômes, je pense que ça peut être géré comme on gère les membres dans la monnaie libre Ğ1, où un système logarithmique fait que si tu n'as pas voté depuis mille ans, il y a un logarithme descendant pour atténuer ton compte membre, et dès que tu te remets à voter, tu reviens à 100 %. Peut-être que le mail que vous envoyez pour dire « coucou, vous êtes encore là ? » peut se faire sous forme de bot, un bot de type « réactive ton compte à 100% ».

Rémi Uro : Ça pourrait. Est-ce que ça serait souhaitable, dans le sens où on est une trentaine, on se connaît, contrairement à la toile de confiance, qui est quand même un peu plus grosse et où tout le monde ne se connaît pas ? On est une trentaine, on se connaît. Nous sommes une association, donc des gens qui s'associent pour faire des choses ensemble. Je pense qu'il est plus important de garder du lien et de prendre le temps d'envoyer un mail même pour prendre des nouvelles des gens. Je pense que c'est plus adapté, en tout cas à une petite structure, de garder les choses simples et manuelles, plutôt que d'avoir un truc plus lourd. On a beaucoup réfléchi quand on a eu ces discussions-là : on a réfléchi à comment la toile de confiance était faite, à comment gérer ce genre de choses. On s'est dit que c'était plus simple de ne pas s'embêter.

Quentin Duchemin : En deux mots aussi. C'est vrai que mettre des outils comme ça c'est quand même assez complexe à développer, on n'a pas automatisé, donc ce qu'on a trouvé c'est que les membres peuvent se mettre en vacances. On a ce mode vacances où, en fait, eux-mêmes choisissent de disparaître, leur vote n'est plus comptabilisé et ensuite ils peuvent se réactiver, revenir. Ça nous paraissait être le compromis le plus simple.
Pour l'entrée des nouveaux membres, on a choisi de faire en sorte qu'elle soit complètement libre et pas cooptée, c'était aussi un choix qui a structuré les statuts et la manière d'avoir ces dix jours de délai, etc. Pour l'instant on a constaté que ça marche pas trop mal et que, justement, les gens se sentent légitimes du fait qu'on leur dise « venez, informez-vous et votez, c'est la seule chose que vous avez à faire et vous êtes les bienvenus chez nous. »

Public : Tu as parlé d'information qui circulent au sein des membres de l'association. Vous avez aussi dit que vous avez beaucoup d'utilisateurs, qui ne sont pas membres à priori. Comment faites-vous circuler l'information vis-à-vis de ces personnes-là, si vous souhaitez faire descendre cette information ?

Quentin Duchemin : Nous ne sommes pas très bons là-dessus parce que, par essence, le fait qu'on propose des services où on ne traque pas les gens et où on ne peut pas les contacter, en fait, bien souvent, on ne sait pas qui sont nos utilisateurs et utilisatrices. Il y a ce Mattermost qui est public, que les gens peuvent rejoindre, on peut trouver nos coordonnées sur les sites, etc., on reçoit régulièrement des questions auxquelles on répond. Il est vrai qu'on a pas de moyens, on a un blog, mais on n'a pas d'espace de discussion avec l'ensemble de nos utilisateurs et utilisatrices où on puisse faire circuler cette information.6 Rémi Uro : On a le canal général sur Mattermost avec 100 personnes. Et du coup, on fait attention quand on fait des mises à jour parce ça risque de casser. C'est vrai qu'on n'est pas très bon sur ces questions.

Public : Encore une question : sur la bienveillance comment faites-vous pour la gérer, parce que dans la messagerie, on sait que le ton ne passe pas et c'est très facile de mal se comprendre, on a pas les visages. Les AG sont peut-être faites en vrai, mais tous les six mois ça ne suffit peut-être pas pour régler toutes les questions.

Quentin Duchemin : C'est une question complexe, je pense que je n'aurai pas de réponse tout à fait satisfaisante. Je crois que les règles du jeu structurent beaucoup les comportements des joueurs et des joueuses, ce qui fait que, quand les membres arrivent, ils sont supposés avoir lu les statuts et pris connaissance de comment la tout-doux-cratie fonctionne. De manière générale, le climat actuel est bienveillant et les discussions se font d'une manière qui n'est pas conflictuelle. C'est un peu bateau comme réponse, mais j'ai l'impression qu'en arrivant là-dedans, tu as moins de chance d'avoir de la conflictualité comme tu aurais dans des fils Twitter ou je ne sais pas trop quoi, où les règles du jeu t'encouragent à réagir de manière très manichéenne, etc.

Rémi Uro : Un autre aspect là-dessus, par texte c'est plus compliqué et parfois juste dire « je suis désolé, je sais que mon message va te paraître violent, mais il n'est vraiment pas violent et je ne le pense pas comme ça », ça permet de calmer un peu la tension.

On va peut-être conclure ? Si tu as une question rapide ?

Public : L'attribution et la révocation des droits sur les serveurs et l'accès aux données personnelles, est-ce que c'est une action ordinaire ou extraordinaire ?

Rémi Uro : C'est extraordinaire.

Quentin Duchemin : Merci beaucoup. On peut continuer la discussion au stand Picasoft au 2e étage. En tout cas merci pour votre temps.