Différences entre les versions de « Vers un usage raisonné du numérique - La tête au carré - France Inter »

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<b>Voix off : </b><em>La tête au carré</em> du lundi au vendredi à partir de 14 heures.
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<b>Mathieu Vidard : </b>Ces dernières années la vie numérisée s’est imposée à nous tous de façon fulgurante mais beaucoup d’entre nous commencent déjà à fatiguer, à percevoir les limites de la connexion permanente, des amitiés sur les réseaux sociaux ou de l’information en continu, et pourtant il existe des alternatives pour alléger la charge numérique et son impact écologique. L’essayiste Karine Mauvilly publie au Seuil <em>Cyberminimalisme - Face au tout-numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être</em>. Elle est mon invitée dans un instant avec le sociologue Dominique Cardon, auteur de <em>Culture numérique</em> aux Presses de Sciences Po. L’occasion de réfléchir avec eux aux liens qui sont les nôtres avec Internet et nos objets connectés et comprendre quels sont les enjeux de la culture numérique dans nos sociétés. Vous pouvez nous rejoindre dès maintenant avec vos messages et toutes vos questions franceinter.fr  et le mot clef « l’attaque » ???. Axel Villard, bonjour.
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<b>Axel Villard : </b>Bonjour Mathieu.
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<b>Mathieu Vidard : </b>Une surprise aujourd’hui dans les profondeurs noires des océans avec  <em>De la science</em>.
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<b>Axel Villard : </b>Eh oui ! On imaginait les poissons des abysses incapables de voir les couleurs. Une étude montre que leur vision est en réalité  complexe et certainement bariolée. On plonge dans le noir dans un instant.
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<b>Mathieu Vidard : </b>Et puis dans la dernière partie de l’émission nous retrouverons  la campagne pour les  Européennes. Nathalie Poitevin réalise cette émission préparée aujourd’hui par Lucie Sarfaty.
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<b>Voix off : </b><em>La tête au carré</em> les mercredis psy et philo avec Mathieu Vidard. sur France Inter
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<b>Mathieu Vidard : </b>Cyberminimalisme et culture numérique dans un instant avec mes invités que je salue, Karine Mauvilly  et Dominique Cardon. Bonjour à tous les deux et bienvenue.
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<b>Karine Mauvilly : </b>Bonjour.
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<b>Dominique Cardon : </b>Bonjour.
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<b>Mathieu Vidard : </b>Karine Mauvilly c’est une véritable diète ou hygiène numérique finalement que vous proposez dans ce livre. C’est un petit peu cela le cyberminimalisme ?
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<b>Karine Mauvilly : </b>Je dirais que c’est plutôt porter un regard critique sur la société cybernétique qu’on propose et sur l’artificialisation du monde, puisque aujourd’hui chaque geste est relayé par une application. Donc plutôt que de la « digital détox », je dirais que c’est un regard critique et une forme de mode d’emploi pour mettre les données à distance le plus possible.
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<b>Mathieu Vidard : </b>Est-ce que vous-même avez été victime de fatigue numérique dans votre parcours ?
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<b>Karine Mauvilly : </b>J’en suis victime tous les jours dans mon travail, dans ma vie administrative. Je l’ai été à un moment donné ce qui m’a amenée à ne plus avoir de téléphone portable pendant quatre années, mais je dois dire que la pression s’intensifie tous les jours donc je n’en suis pas sortie et c’est aussi pour ça que j’ai voulu chercher des solutions pour en proposer en particulier aux parents vis-à-vis des enfants.
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<b>Mathieu Vidard : </b>Vous dites « pas de portable avant 15 ans ».
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<b>Karine Mauvilly : </b>Bien sûr ! Ça me semble la base.
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<b>Mathieu Vidard : </b>Bon ! Beaucoup de parents qui nous écoutent vont certainement en douter avec nous. Dominique Cardon, en tant que sociologue, l’idée de débrancher un petit peu ça vous inspire quoi à vous aujourd’hui ?
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<b>Dominique Cardon : </b>L’idée de critiquer je la partage à 100 %. L’idée de se débrancher me semble plus complexe, même si moi je serais plutôt dans l’idée qu’il faut se brancher autrement. Toute l’idée aussi de quelque chose sur la culture numérique, de toute façon nous sommes dans un monde numérique, en revanche il faut le comprendre, il faut le décoder pour avoir d’autres comportements à l’intérieur du monde numérique qui peuvent être des comportements de minimisation de nos pratiques et de nos usages. Mais je crois moins à l’idée de se débrancher parce que là elle me semble ranimer, je le dis avec beaucoup de sympathie, une sorte de rêverie pastorale qui est fréquente chez les grands accélérés, parce qu’on a ça dans les enquêtes sociologiques ; c’est très fréquent. C’est-à-dire que ces gens qui vont passer le week-end dans un monastère en enlevant leur portable pour se ressourcer et retrouver  une vie authentique, ce sont des gens qui, du lundi au vendredi, sont des grands accélérés, des grands communicants et qui accélèrent les autres,  parce qu’il ne faut jamais oublier que ceux qui sont très accélérés...
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<b>Mathieu Vidard : </b>Embarquent tout le monde avec eux.
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<b>Dominique Cardon : </b>Embarquent tout le monde, qui sont des gens de service qui les aident à aller encore plus vite et à communiquer avec plus de gens. Donc il y a quelque chose de paradoxal à faire une proposition qui est moins celle  des milieux sociaux plus ordinaires, qui ont d’ailleurs des usages très différents des technologies qu’on n’imagine pas.
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<b>Mathieu Vidard : </b>Bon, eh bien le débat est ouvert. Finalement on a des choses à se dire dans un instant et à échanger et également, bien sûr, avec les auditeurs qui ont leur avis sur la question et qui nous rejoignent sur franceinter.fr et sur le mot clef l’attaque. À tout de suite.
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===<em>La une de la science</em>, Les couleurs des abysses par Axel Vilard, non transcrit===
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<b>Pause musicale : </b><em>Se kon sa</em> par Delgres.
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<b>Mathieu Vidard : </b><em>Se kon sa</em>et c’était Delgres à l’instant.

Version du 13 août 2019 à 14:26


Titre : Vers un usage raisonné du numérique

Intervenants : Karine Mauvilly - Dominique Cardon - Axel Villard - Mathieu Vidard

Lieu : France Inter - Émission La tête au carré

Date : mai 2019

Durée : 32 min

Écouter ou télécharger la vidéo

Présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription : MO

Description

L’entrée du numérique dans nos sociétés est souvent comparée à une révolution. Mais prend-on le temps de s’interroger sur ses enjeux et notre dépendances aux objets connectés ?

Transcription

Voix off : La tête au carré du lundi au vendredi à partir de 14 heures.

Mathieu Vidard : Ces dernières années la vie numérisée s’est imposée à nous tous de façon fulgurante mais beaucoup d’entre nous commencent déjà à fatiguer, à percevoir les limites de la connexion permanente, des amitiés sur les réseaux sociaux ou de l’information en continu, et pourtant il existe des alternatives pour alléger la charge numérique et son impact écologique. L’essayiste Karine Mauvilly publie au Seuil Cyberminimalisme - Face au tout-numérique, reconquérir du temps, de la liberté et du bien-être. Elle est mon invitée dans un instant avec le sociologue Dominique Cardon, auteur de Culture numérique aux Presses de Sciences Po. L’occasion de réfléchir avec eux aux liens qui sont les nôtres avec Internet et nos objets connectés et comprendre quels sont les enjeux de la culture numérique dans nos sociétés. Vous pouvez nous rejoindre dès maintenant avec vos messages et toutes vos questions franceinter.fr et le mot clef « l’attaque » ???. Axel Villard, bonjour.

Axel Villard : Bonjour Mathieu.

Mathieu Vidard : Une surprise aujourd’hui dans les profondeurs noires des océans avec De la science.

Axel Villard : Eh oui ! On imaginait les poissons des abysses incapables de voir les couleurs. Une étude montre que leur vision est en réalité complexe et certainement bariolée. On plonge dans le noir dans un instant.

Mathieu Vidard : Et puis dans la dernière partie de l’émission nous retrouverons la campagne pour les Européennes. Nathalie Poitevin réalise cette émission préparée aujourd’hui par Lucie Sarfaty.

Voix off : La tête au carré les mercredis psy et philo avec Mathieu Vidard. sur France Inter

Mathieu Vidard : Cyberminimalisme et culture numérique dans un instant avec mes invités que je salue, Karine Mauvilly et Dominique Cardon. Bonjour à tous les deux et bienvenue.

Karine Mauvilly : Bonjour.

Dominique Cardon : Bonjour.

Mathieu Vidard : Karine Mauvilly c’est une véritable diète ou hygiène numérique finalement que vous proposez dans ce livre. C’est un petit peu cela le cyberminimalisme ?

Karine Mauvilly : Je dirais que c’est plutôt porter un regard critique sur la société cybernétique qu’on propose et sur l’artificialisation du monde, puisque aujourd’hui chaque geste est relayé par une application. Donc plutôt que de la « digital détox », je dirais que c’est un regard critique et une forme de mode d’emploi pour mettre les données à distance le plus possible.

Mathieu Vidard : Est-ce que vous-même avez été victime de fatigue numérique dans votre parcours ?

Karine Mauvilly : J’en suis victime tous les jours dans mon travail, dans ma vie administrative. Je l’ai été à un moment donné ce qui m’a amenée à ne plus avoir de téléphone portable pendant quatre années, mais je dois dire que la pression s’intensifie tous les jours donc je n’en suis pas sortie et c’est aussi pour ça que j’ai voulu chercher des solutions pour en proposer en particulier aux parents vis-à-vis des enfants.

Mathieu Vidard : Vous dites « pas de portable avant 15 ans ».

Karine Mauvilly : Bien sûr ! Ça me semble la base.

Mathieu Vidard : Bon ! Beaucoup de parents qui nous écoutent vont certainement en douter avec nous. Dominique Cardon, en tant que sociologue, l’idée de débrancher un petit peu ça vous inspire quoi à vous aujourd’hui ?

Dominique Cardon : L’idée de critiquer je la partage à 100 %. L’idée de se débrancher me semble plus complexe, même si moi je serais plutôt dans l’idée qu’il faut se brancher autrement. Toute l’idée aussi de quelque chose sur la culture numérique, de toute façon nous sommes dans un monde numérique, en revanche il faut le comprendre, il faut le décoder pour avoir d’autres comportements à l’intérieur du monde numérique qui peuvent être des comportements de minimisation de nos pratiques et de nos usages. Mais je crois moins à l’idée de se débrancher parce que là elle me semble ranimer, je le dis avec beaucoup de sympathie, une sorte de rêverie pastorale qui est fréquente chez les grands accélérés, parce qu’on a ça dans les enquêtes sociologiques ; c’est très fréquent. C’est-à-dire que ces gens qui vont passer le week-end dans un monastère en enlevant leur portable pour se ressourcer et retrouver une vie authentique, ce sont des gens qui, du lundi au vendredi, sont des grands accélérés, des grands communicants et qui accélèrent les autres, parce qu’il ne faut jamais oublier que ceux qui sont très accélérés...

Mathieu Vidard : Embarquent tout le monde avec eux.

Dominique Cardon : Embarquent tout le monde, qui sont des gens de service qui les aident à aller encore plus vite et à communiquer avec plus de gens. Donc il y a quelque chose de paradoxal à faire une proposition qui est moins celle des milieux sociaux plus ordinaires, qui ont d’ailleurs des usages très différents des technologies qu’on n’imagine pas.

Mathieu Vidard : Bon, eh bien le débat est ouvert. Finalement on a des choses à se dire dans un instant et à échanger et également, bien sûr, avec les auditeurs qui ont leur avis sur la question et qui nous rejoignent sur franceinter.fr et sur le mot clef l’attaque. À tout de suite.

La une de la science, Les couleurs des abysses par Axel Vilard, non transcrit

Pause musicale : Se kon sa par Delgres.

14’ 32

Mathieu Vidard : Se kon saet c’était Delgres à l’instant.