Surveillance et note sociale en Chine - Décryptualité du 19 mars 2018

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Titre : Décryptualité du 19 mars 2018

Intervenants : Luc - Nicolas - Magali - Manu

Lieu : Studio d'enregistrement April

Date : mars 2018

Durée : 14 min

Écouter ou télécharger le podcast

Licence de la transcription : Verbatim

NB : transcription réalisée par nos soins. Les positions exprimées sont celles des intervenants et ne rejoignent pas forcément celles de l'April.

Statut : Transcrit MO

Transcription

Luc : Décryptualité.

Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Luc : Semaine 11. Salut Manu.

Manu : Salut Nico.

Luc : Salut Mag.

Mag : Salut Luc.

Luc : Eh bien sommaire, ne perdons pas de temps.

Manu : Ne perdons pas de temps. Alors c’était une bonne semaine, sept articles principaux.

Mag : Contrepoints, « Anarchie, cypherpunk et liberté : les racines philosophiques du bitcoin », par Yorick de Mombynes.

Manu : Très intéressant. Allez jeter un œil parce que ça parle justement d’un point de vue un peu novateur sur la monnaie, l’anarchie ; c’est toujours fun.

Mag : Developpez.com, « L’UE voudrait exiger que les plateformes filtrent le contenu téléchargé pour éviter des violations de copyright », par Stéphane Le Calme.

Manu : Ça touche tout le monde notamment les codeurs, parce que oui, quitte à bloquer les contenus qui sont échangés sur Internet, autant bloquer tous les contenus qui sont échangés sur Internet à moins de montrer qu’on n’a pas violé le copyright de ces chers ayants droit.

Luc : Coupables par défaut !

Manu : Exactement.

Mag : Ouais, c’est ridicule quoi ! ouest-france.fr, « Vire. À la découverte des logiciels libres avec Vire’GUL », par Sébastien Brêteau.

Manu : Alors là ils ont vraiment de la chance, c’est un GUL comme on aime parce que la ville de Vire, ils ont profité de l’occasion. C’est bien joué, pour s’appeler Vire’GUL.

Luc : Ah, rusé. Je n’avais pas compris.

Mag : Les Echos, « Darknet : Brève histoire du grand méchant web », par Marc Lionti.

Manu : Intéressant. Ça parle de trois couches d’Internet. Moi je ne l’avais pas vu comme ça : le web peu profond, accessible à tout le monde ; le web profond et le web sombre. Là attention quand vous allez là-dedans, ça va être dangereux.

Nico : Il y a du Marianas Web ou pas ?

Manu : Du quoi ? Du ?

Nico : Du Marianas Web ?

Manu : Marianas Web. Ah oui, c’est encore plus profond. Oui, les profondeurs ultimes.

Mag : Libération, « Bercy attaque Apple et Google sur les pratiques de leurs magasins d’applications », par Christophe Alix.

Manu : C’était pour dire que la grosse semaine là-dessus, ça parlait bien du ministère qui se réveille enfin et qui dit il y a de l’argent à récupérer parce que des taxes et des amendes parce que les grands GAFA profitent de leur position, ils en abusent, clairement, notamment sur les stores d’applications de téléphones portables.

Mag : J’ai hâte de voir ça. FIGARO, « Mounir Mahjoubi: « Je suis contre toute propriété et vente des données personnelles », par Elsa Trujillo.

Manu : Ça fait du bien d’entendre ça et il ne veut pas qu’on patrimonialise les données personnelles.

Luc : Bravo !

Manu : Ouais, j’ai hésité, j’ai eu peur. Et donc c’est un sujet qui avait déjà été abordé. C’est une proposition de dire quand vous partagez sur Facebook, Facebook doit vous donner de l’argent en échange de ce que vous avez partagé. L’idée n’est pas fondamentalement idiote, sauf quand on creuse un petit peu et puis là on se rend compte que ça crée quand même beaucoup de problèmes.

Mag : C’est totalement utopique. Tu imagines Facebook qui nous donne de la tune ?

Nico : Sur ça oui.

Luc : Pour moi ce n’est pas utopique, au contraire, parce que ça pose de façon irrémédiable que tes données sont une marchandise, donc que tu es une marchandise.

Mag : Dans ce cas-là Facebook va arrêter de nous faire un compte en France pour ne pas avoir à payer les Français qui vont suivre ça.

Manu : Il y aurait ce genre de conséquences. Encore que, va savoir ! Simplement ils ouvriraient un marché, ils te paieraient plus cher que d’autres réseaux sociaux peut-être. Peut-être qu’ils s’en sortiraient, t’inquiète !

Mag : Je n’y crois pas ! usine-digitale.fr, « Sept mesures de Terra Nova pour stimuler l’économie collaborative » par Christophe Bys.

Manu : L’économie collaborative, ce sont les Uber et autres Airbnb.

Luc : Il y a des trucs plus sympas quand même.

Manu : Oui, mais c’est clairement ce genre de choses qu’ils ont en tête et, justement, ils ne veulent pas arrêter ce genre de choses. Ils ne veulent pas, non plus, que ça continue dans le même sens, on ne va pas dire esclavagisme mais dans un sens un petit peu pourri des fois, et donc ils mettent en avant des ???

Luc : L’idée est l’évasion fiscale.

Manu : Oui, il n’y a pas mal de choses. Je n’ai pas lu c’est tout un rapport, je n’ai pas jeté un œil. Ces sept propositions, je ne pourrai pas vous les lister, mais il y a des gens qui réfléchissent. C’est vrai qu’on est dans un mouvement en ce moment donc l’économie collaborative, il faut la prendre à bras le corps.

Mag : Et du coup on parle de quoi ce soir, Luc ?

Luc : On va parler du futur, de l’avenir radieux qui nous attend.

Manu : Et qui vient de ?

Luc : Et qui vient de Chine avec des choses qui sont expérimentées depuis un petit moment et qui sont annoncées pour 2020, si je ne me trompe pas. Ce modèle est un modèle de société, en quelque sorte, puisqu’en Chine il y a eu une annonce récemment, enfin récente, pour mettre en place un système de notation sociale et que chaque habitant ait une note qui permet de savoir si c’est un bon citoyen, ou pas.

Nico : Il faut savoir quand même que la Chine a un fonctionnement assez bizarre par rapport à nous, on n’a pas l’habitude de ça dans nos contrées occidentales. Mais en fait, ils utilisent déjà des applications où tout ce que vous faites est quotidien est noté. C’est WeChat et Alipay qui sont un mélange entre Carte bleue, un site de rencontre, des réseaux sociaux, enfin tout passe par ce truc-là et tout ce que vous faites est noté, scruté et autres. Du coup, si vous n’avez pas des bonnes notes eh bien vous avez des prêts à la consommation qui sont plus chers ou moins d’accès au logement.

Mag : Ou vous ne pouvez plus prendre le train et l’avion.

Nico : Et voilà ! Et c’est ce qu’ils ont annoncé, c’est qu’en 2020, si vous avez des mauvaises notes, eh bien vous ne pouvez plus voyager.

Manu : Ça a l’air d’être plus ambitieux que ça. Ils appellent ça la note sociale, en tout cas c’est comme ça que ça a été traduit en français, et ça a l’air d’ambitionner de mesurer tout ce qui peut être mesurable chez les citoyens, y compris les petites choses de tous les jours : si tu as jeté un papier par terre, que quelqu’un l’a remarqué, eh bien ta note sociale va diminuer.

Mag : Donc en gros ça encourage la délation ?

Manu : La délation, non, pas forcément, des caméras partout.

Mag : D’accord ! C’est carrément la surveillance de masse.

Luc : À fond, à fond. C’est qu’en fait il y a plusieurs choses, parce que la Chine va dans ce sens-là. Il faut se rappeler sur Internet, avant ils tapaient très fort dessus parce que pour eux c’était un danger, et on voit comment, en quelques années, finalement ils ont complètement inversé la problématique et ils ont fait d’Internet un outil de surveillance assez fabuleux. Donc il y a eu ces dernières années des expérimentations de notation, locales, à droite à gauche en Chine, avec des notes mais là plutôt menées par les pouvoirs publics. Et il y a ces entreprises bien sûr, main dans la main.

Manu : En lien avec le pouvoir.

Luc : Avec le gouvernement qui offrent tout plein de choses et notamment le paiement par téléphone portable. Ça c’est le nouveau truc à la mode qui va nous arriver dans pas très longtemps.

Mag : C’est déjà le cas. Moi j’ai déjà des commerçants qui me payent avec leur téléphone.

Nico : Il y a les Apple Pay ou autres qui sont arrivés, effectivement, en France.

Manu : Et c’est beaucoup le cas en Scandinavie.

Luc : Et en Chine, dans les grandes villes, ils sont hyper en pointe parce que ça permet de contrôler encore mieux ce qu’on fait. Il y a ce que disait Nicolas sur le réseau social : on sait qui est en relation avec qui. Les paiements : on sait où on a été, qu’est-ce qu’on a acheté, en quelle quantité, etc. Il y a plein d’autres choses puisqu’on va retrouver même d’autres applications à l’intérieur de l’application.

Manu : Ils ont l’air de parler du fait que tu as répandu des mauvaises nouvelles, par exemple sur Internet, ça va baisser ta note sociale. Le fait que tu as parlé de quelqu’un de manière négative, ça peut baisser ta note sociale.

Mag : Mais alors du coup, qui est-ce qui surveille ça et qui est-ce qui va gérer les notes ?

Luc : Pourquoi tu veux savoir ?

[Rires]

Luc : Ça va faire baisser ta note sociale.

Nico : Sur ce qui existe déjà su Alipay ou WeChat, ce sont les uns les autres, en fait, qui se notent à chaque fois qu’on fait quelque chose. C’est un peu aujourd’hui comme sur eBay ou Amazon ou sur Uber, on laisse une note à la fin pour dire comment ça s’est passé ou autres. Donc c’est le fait d’être bon payeur ou mauvais payeur ; d’être bon acheteur ou bon vendeur et tous ces petits trucs-là, en fait, qui vont faire qu’on va avoir certains accès, ou pas. Par exemple, c’est noté sur 10 sur WeChat, si on a en dessous de 7, eh bien on va devoir payer une caution dans les hôtels alors que si on est au-dessus on ne la paiera pas. Donc ce sont déjà des choses qui sont faites et la note sociale, là-bas, est très mise en avant et si on en dessous de 7 on a vraiment des problèmes si on est en Chine.

Luc : Et en plus de ça ils récupèrent des données, notamment du gouvernement, par exemple ils ont récupéré toutes les données des gens qui ont triché aux examens. Donc ils ont une base de données, officielle, de tous les gens qui se sont fait choper en train de tricher. Ça, ça peut être entré et faire baisser la note.

Manu : Toutes les amendes que tu as reçues dans ta vie.

Luc : Les amendes. Les amendes non payées, ils ont un fichier sur les amendes non payées.

Manu : C’est le minimum !

07’ 20

Mag : Qui est-ce qui gère toutes ces données ?