Signotheque

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Titre : Projet Signothèque - Contribuer pour créer et faire progresser l'accessibilité : La signothèque vise à encourager la créativité

Intervenants : Hocine (Sourd, President de l'association Arboré'Sign) - Sungja (Entendante, Porteuse du Projet Signothèque)

Lieu : PSESHSF (Pas Sage En Seine - Hacker Space Festival)

Date : Juillet 2016

Durée : 43 min 45

Pour visionner la vidéo ici ou ici

Pour télécharger la présentation

Statut : Transcription en cours MO


Description

Les domaines d'application sont variés, ajouter des dessins signés permet de rendre accessibles : des supports pédagogiques, des jeux de société, des jeux vidéo, des livres, des applications, des sites, des affiches de bar, de festivals.

Tout est permis : pourquoi pas des signes à la boulangerie du coin, chez le coiffeur, la création de supports papier de communication interne à l'entreprise pour aider à l'intégration des collègues sourds, etc...

Transcription des paroles de l'interprète

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[QUELQUES CORRECTIONS ET MODIFICATIONS DE LA TRANSCRIPTION SONT EN COURS]


Hocine :

Bonjour à tous et à toutes.

Je suis le président de l'association Arboré'Sign. Le signe d'Arboré'Sign s'effectue comme ceci [il montre au public le nom de l'association en langue des signes, le mouvement représente une graine qui est plantée, grâce à laquelle pousse un arbre].

Le signe de la Signothèque s'effectue ainsi, en référence à celui de "bibliothèque". [il montre au public le terme en langue des signes désignant la Signothèque, qui se distingue de "bibliothèque" par la configuration des mains, les doigts étant écartés].

Pourquoi a-t-on crée la Signothèque ? Ce projet a commencé l'année dernière suite à ma rencontre avec Sungja, ici présente. Sa fille, sourde, est scolarisée au sein d'une école bilingue accueillant des élèves sourds, qui dispense un enseignement en langue des signes. De cette situation, est née une réflexion sur les moyens d'apprendre de manière autonome, une discussion s'est alors créée autour de cette problématique, incluant également la question de l'enseignement bilingue ainsi que la philosophie des logiciels libre. Nous avons donc échangé sur les moyens de mettre en place un projet en langue des signes, de manière collaborative.

Nous en sommes actuellement à notre sixième présentation du projet, après un passage par Toulouse, la Signothèque a également fait l'objet d'une conférence lors du festival Poop, qui a eu lieu récemment à Paris. Aujourd'hui, c'est donc la deuxième fois que nous l'exposons dans la région. L'avancée du projet fera probablement l'objet d'interventions futures auxquelles vous pourrez assister (notamment lors de l'événement Capitole du Libre).

Notre intervention n'est pas une véritable conférence au sens usuel, il s'agit plutôt d'un moment d'échanges, de partage. Lors du Capitole du Libre, la présentation sera davantage aboutie. A suivre !

Je vous invite à suivre ce powerpoint.

Qui parmi vous connaît la culture libre ? Certain-e-s d'entre vous connaissent cette notion. Voici quelques explications. La culture libre est absolument fondamentale, face à l'accès fragile qu'en ont les sourd-e-s, il est nécessaire que les deux cultures, la culture sourde et la culture libre, se côtoient.

Sungja va à présent prendre la parole.


Sungja :

On va d'abord commencer par vous donner une définition du projet Signothèque. Le projet de la Signothèque c'est quoi ? C'est quelque chose qu'on va trouver sur Internet. Un site regroupera des signes, via le format dessin vectoriel.


Hocine :

Beaucoup de sites contenant lexique en langue des signes ne sont pas mis à jour, ont été délaissés, désactivés ou ont fermé, il s'agit de sites « morts ». Comment peut-on protéger cette multitude de données, les rendre vivantes, pour que la langue de signes continue à vivre sur Internet ?

Par ailleurs, nous avons opté pour un format vectoriel. Sur internet, la langue des signes est très très peu voire pas du tout accessible via ce format.


Sungja :

Des problèmes se posent en terme de droits.


Hocine :

Effectivement, on fait face à la question du droit à l'image. Lorsque l'on élabore un dictionnaire en langue des signes, les signes sont effectués par une personne qui est photographiée ou filmée, il est alors possible de voir son visage, nous sommes ainsi contraints par le droit à l'image. Or, ces droits sont extrêmement chers. Une solution consiste à cacher, à flouter les visages pour qu'ils ne soient pas reconnaissables, ce qui garantie une neutralité.


Sungja :

Des problèmes de droits de diffusion, d'accès se posent. Il n'est pas clairement dit qu'on peut reprendre les données pour en faire ce qu'on veut. Ce n'est pas super efficace !


Hocine :

L'aspect dessin présente un intérêt pour l'apprentissage des enfants, qu'ils soient sourds ou entendants. Le mode écrit peut passer par la rédaction de mots, mais également par le dessin. Comment mettre en marche cette dynamique ? Je laisse Sungja intervenir autour de la thématique de l'éducation libre.


Sungja :

Dans un cadre pédagogique, ils apprendront qu'il est possible de faire ce que l'on veut avec un dessin crée selon les principes d'une philosophie libre, on peut le copier, le diffuser.


Hocine :

Peu de personnes ont les compétences techniques nécessaires. Nous avons actuellement besoin des compétences de développeurs. L'infographie constitue un autre domaine.

Extrêmement peu de personnes sourdes sont capables d’œuvrer en tant que développeur, bien que certain-e-s entendants pratiquant la langue des signes puissent assurer cette fonction. Y en-a-il parmi vous ? Ces compétences sont très précieuses, nous en avons énormément besoin, mobilisons toutes ces énergies pour être plus fort.

Une bonne visibilité est très importante, afin de rendre plus aisée la compréhension des éléments de la langue des signes. Certains signes représentés sur format papier sont source d'erreurs lorsqu'il s'agit de les reproduire. Ainsi, nous serons en mesure d'effectuer des modifications si cela s'avère nécessaire. Grâce à cet outil, des dessins pourront être retouchés de manière à obtenir un résultat plus juste. Il est possible de jouer sur les contrastes, de modifier certains paramètres pour que les personnes sourdes usher puissent également avoir accès à ces contenus.

La portabilité est un autre aspect essentiel. Il n'est pas nécessaire d'avoir un accès internet, même s'il n'y a pas de réseau, il est possible d'y accéder de manière autonome.


Sungja :

Ce n'est pas forcément pour faciliter l'apprentissage, mais pour plus de visiblité. Par exemple rendre la langue des signes présente sur un festival, ici ou dans une médiathèque, cela permet de prendre conscience que les sourds existent et qu'ils parlent une autre langue. Au niveau de l'apprentissage, cela donne des petits signes que l'on repère et que l'on apprend. Nous sommes donc davantage axés sur la culture, sur l’éducation des entendants, que sur l’éducation des sourds, même si, bien sûr, ce projet vise aussi l’éducation des personnes sourdes.


Hocine : Les questions pourront être posées après. Nous gardons la question concernant la plateforme IRC pour tout à l'heure. Abordons maintenant l'accessibilité. Qui parmi vous aime l'accessibilité ? D'abord, que signifie ce terme ? Ce n'est une question de handicap, mais d'adaptation. Il s'agit d'une réflexion sur les moyens de s'adapter aux différentes personnes, une réflexion sur de nouvelles ergonomies, quels que soient les profils de chacun : aveugles, sourds, sourds ushers, dysphasiques, personnes en fauteuil roulant...

La créativité est également un axe de notre projet. Le dessin est un bon moyen de s'exprimer, d'exprimer toute sa créativité et de la mettre au profit de la création lexicale. Dès lors qu'un signe a été crée, il est possible de le fixer sur un support via le dessin. Qui parmi vous a des compétences en dessin ? Qui est capable de dessiner des éléments de la langue des signes ?

Penchons nous maintenant sur la licence libre. Qui parmi vous connaît ce concept ? Qui peut me dire ce qu'est la licence libre ? Je vais en expliquer en quoi c'est quelques chose de vraiment fondamental, qui a sa place au sein de ce festival autour de la culture libre. La notion centrale est celle d'autorisation de reproduction, il est possible de reproduire un signe de la Signothèque sans coût financier. Dans le domaine de la cuisine, une personne peut aussi s'inspirer d'autres recettes, reproduire ce que les autres ont fait, pour cuisiner à sa sauce, tout à fait librement.


Personne du public :

La recette de cuisine aussi, on peut la prendre, donc c'est plus compliqué. Par exemple je me filme, je signe un nouveau mot. Il y a beaucoup de monde qui me regarde. Il y a des personnes qui le prennent et qui diffusent et ce n'est pas breveté. Donc un dessin, oui je le comprends.


Hocine :

Il s'agit seulement ici d'une autorisation de reproduction de dessins, de façon à ce que tout le monde puisse y avoir accès et les reproduire. Dans les années 1830, certains ouvrages comportaient déjà des dessins de signes de la langue des signes, qui étaient dors e déjà reproduits. A l'époque, les droits de diffusion s'appliquaient 70 ans après la conception de l'oeuvre, pour ma part il n'est pas question d'attendre tout ce temps, j'aimerais que ce qui est produit puisse être très rapidement diffusé. J'ai une autre philosophie en ce qui concerne la diffusion de ces contenus, c'est un choix assumé que d'autoriser leur diffusion pour que n'importe qui puisse les utiliser.

Passons à l'aspect "universel". Attention, cela ne signifie guère que la langue des signes est universelle. Il existe plus de 300 langue des signes à travers le monde.

La Signothèque est un outil collaboratif. Bien sûr, pour développer un projet, il faut une communauté et un partage pour l'élaboration en collaboratif.

Penchons nous sur le format vectoriel. Cet aspect est important car cela permet de garantir la qualité de l'image lors des impressions ou si cette dernière est agrandie. Si vous êtes développeurs je pense que vous connaissez les mérites du vectoriel ! Ce format est également intéressants pour les personnes aveugles.


Sungja :

On peut en effet changer les couleurs, les dimensions très facilement, pour les personnes malvoyantes, ça peut être intéressant pour jouer sur les contrastes. C'est également intéressant pour les aveugles, car l'avantage du vectoriel est que l'on peut ajouter aussi des métadonnées.


Hocine :

Concernant les métadonnées, une expérimentation a été menée il y a deux mois. Cette interface permettant d'annoter les signes, nous avons échangé autour de cette problématique, sur la manière dont on pouvait obtenir ces données à partir des réalisations. Ces élements connexes seront classés de manière à ce qu'ils soient retrouvés simplement. Il est également possible d'effectuer des réglages sur cette plateforme selon ce qu'on souhaite en terme de droits de reproduction. Il y a aussi une notification sur la licence, le type de licence. Il y a la paternité. Tout cela est visible et rattaché au dossier des fichiers SVG. Des mots clefs peuvent être rattachés au signe, via un recherche ou de façon automatique. Cette réflexion sera encore enrichie à l'avenir, tout le long de l'avancée du projet.

Utilisant le mode opensource, nous sommes également ouverts aux critiques, aux propositions de modifications, d'adaptations.

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La base de données présente quelques visages dessinés, ces derniers sont interchangeables. Il est toutefois difficile de représenter le mouvement. Penchons nous d'abord sur le point suivant : éditeur rapide de signes. Comment construire rapidement un signe, de la manière la plus simple possible, en évitant toute complications ?


Sungja :

On a réfléchi à ça, c'est assez compliqué lorsque l'on est sur du dessin avec un infographiste, à part l'attacher dans une cave. Donc du coup, on a pensé à créer un éditeur rapide de signes qui serait pris avec différents éléments qu'on pourrait piocher pour créer un signe. Ce serait quelque chose avec la configuration des mains, des expressions du visage. Tout ça ce serait vraiment la base, avec des mains.


Hocine :

Les 5 paramètres de la langue des signes sont pris en compte : configuration des mains, orientation, emplacement dans l'espace, mouvement, expressions faciales. Le corps représenté pourrait être celui d'un homme, d'une femme, d'un animal, d'un robot,...


Sungja :

Nous avons attaché des graphistes et ils ont fait des essais. L'éditeur de signes fonctionnerait comme ainsi : on prend un visage et des sous-ensembles qu'on rattache, on voit que ça fonctionne très bien.


Hocine :

Il est possible d'effectuer quelques réglages, il s'agit ici d'essais qui n'ont pas encore atteints la perfection. Les progrès se feront petit à petit, tout au long de l'avancée du projet.

Voyons maintenant les multiples applications de la Signothèque. En terme d'éducation, tout d'abord, sachons que l'Etat n'accorde aucune subvention nous permettant de disposer d'ouvrages en langue des signes. Nous ne disposons pas de livres en langue des signes à des fins pédagogiques. Ici également, lors de notre passage à la médiathèque, nous n'avons rien trouvé de tout ça, si ce n'est un seul ouvrage, un dictionnaire en langue des signes.


Sungja :

Pour les entendants, par exemple, beaucoup de livres d'histoire sont accessibles.


Hocine :

Des subventions devraient pouvoir être allouées, il nous faut continuer à lutter, pour que l'éducation en France soit faite directement en langue des signes et créer des supports adaptés. En France, seulement 5% des enfants sourds ont accès à une éducation en langue des signes.


Sungja :

C'est vrai qu'en créant des ressources libres, ça facilite ce genre d'initiatives.


Hocine :

L'accessibilité peut concerner les festivals, le domaine du cinéma,... il en est question lorsque l'on commande à boire. Il n'est pas possible de faire des photocopies de documents existants, ces supports ne sont pas gratuits. Lors de festivals, des bénévoles ont opté pour le dessin, or cette technique est plus aléatoire, elle peut induire en erreur par manque de précisions. La Signothèque permettrait ainsi d'avoir une base de données où il est possible de piocher.

Concernant les jeux, les enfants peuvent jouer, grâce à des logiciels libres, se basant sur un fonctionnement en opensource.


Sungja :

La langue des signes peut être ajoutée dans les jeux de société, on peut l'imaginer sur des cartes à jouer. Pour le moment on a surtout pensé à des cartes à jouer, mais il doit sûrement y avoir d'autres jeux de société. Dans les jeux vidéos ou sur les tablettes numériques, il y a tout un tas de jeux éducatifs pour enfants entendants, mais pas pour les enfants sourds.


Hocine :

La Signothèque peut également constituer une aide pour la mémoire. Les interprètes sont très souvent confrontés à des néologismes, qui peuvent être vite oubliés. En ayant à disposition son éditeur de signes, ou en ayant fait des impressions des signes, il sera possible pour elles et eux de réviser certains termes si besoin.

La communication au sein de la famille est une question cruciale. 90% des enfants sourds naissent de parents entendants. Ces derniers ne pratiquant pas la langue des signes, la relation avec leur enfant en devient délicate. Les pouvoirs publics n'allouent pas de subventions pour le développement de formations de langue des signes, il est donc difficile d'apprendre cette langue. En revanche, l'implant cochléaire est gratuit ! La langue des signes est, quant à elle, payante ! Son apprentissage devrait être un droit, gratuit pour les parents.


Sungja :

Enfin l'implant cochléaire est gratuit pour les parents, pas pour la société ! Tandis que nous, plus on va développer de supports accessibles et gratuits, plus on va pousser les personnes à utiliser cette langue.


Hocine :

Vous pouvez à présent rejoindre les signothécaires, dont nous faisons partie. Il est possible de contribuer à ce projet de différentes manières. Les personnes qui ont des compétences en la manière peuvent participer au design des signes. Nous sommes actuellement une équipe d'environ 5 infographistes, dont un sourd qui est à Paris. Ces personnes interviennent bénévolement, mais ne sont pas à temps plein.


Sungja :

Il y en a sur Toulouse et un peu en Bretagne. On communique sur Internet et pour le moment on s'est donné pour mission de dessiner les différentes configurations de mains, donc en position paume de la main vers soi, vers le bas, vers l'extérieur et vers le haut. Et donc de répertorier pour avoir les mains. Les expressions, il n'y en aura pas tant que ça à répertorier. Et après le buste, on s'est dit avec un de trois quarts et un de face ça suffit. La plus grosse somme de travail, en fait, ça va être les mains, pour alimenter du coup la banque de signes, une banque qui va pouvoir permettre d'éditer des signes rapidement.

Après on a développé l'éditeur de signes, il y a un développeur qui a commencé. Il y a Jérémie, un développeur, qui a commencé à arranger le logiciel GG, je ne sais pas si vous connaissez, c'est sur Framasoft. Je ne sais plus comment ça s'appelle, c'est un éditeur de bande dessinée, il me semble, et il y a un petit personnage sur Framasoft. Il y a un éditeur. Ça ne vous dit rien ? Bref ! Il est en train de le bidouiller pour le transformer en éditeur de signes, mais il aura sûrement besoin d'aide. Et après il y a plein de choses à faire : communiquer autour de vous le projet, trouver des financements, faire des tests et puis peut-être que vous avez d'autres idées. Et faire un lien avec les fablabs. À Toulouse il y a un lien fort avec les fablabs, avec Etalab ? Non, mais avec TetaLab aussi. Mais tu étais à Toulouse toi ? Non ! Peut-être ! Et en parler autour de vous.

Il y a un site. Il y a des rendez-vous. Là ils sont plus pour des ateliers de langue des signes, mais c'est à Toulouse. Ça va recommencer à partir du mois de septembre, mais ça arrivera vite. Il y a un tweet et donc là il y a mon contact et le sien. Lui est président et il chapeaute cinq projets. Et moi juste celui-là. Si vous avez des questions c'est maintenant.

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C'est important. On n'a pas d'interprète. Souvent dans les festivals, je suis invité, mais il n'y a pas d'interprète. Donc il y a un problème de budget. Normalement il faudrait réfléchir peut-être, si on continue des partenariats à demander des financements. L'année prochaine peut-être que ce serait mieux s'il y ait un interprète. Petit message ! À Paris, qui sait comment on agit ? Je ne sais pas. Parce que nous on est à Toulouse, je ne sais pas comment chercher des financements sur Paris. Les questions. Ils ont commencé là.

Public : La dernière ligne s'il vous plaît.

Hocine : Là aussi : « Imagine vidéo, tu intègres facilement les signes joués par un acteur. » En fait on est vraiment sur du dessin vectoriel. On n'est pas sur du mouvement parce que l'objectif c'est d’être sur des supports physiques, donc sur des cartes à jouer, sur des tablettes d'accord, sur des photocopies dans des festivals de bars, dans des livres pour enfants. L'objectif n'est pas animé, du tout. Hou-là ! Oui, c'est vrai. C'est qui ? [Sungia indique une question à l'écran]. C'est infini, il n'y a pas de limites.

Stéphane Bortzmeyer : En attendant qu'ils finissent de taper sur IRC, je relaie une question posée sur Twitter. Il y a un groupe d'étude langue des signes à l'Assemblée nationale. Est-ce que vous avez pris contact avec eux et est-ce qu'ils peuvent être utiles pour ouvrir des portes. Le tweet en question : https://twitter.com/Tris_Acatrinei/status/749598574590255105

Sungia : Donc ce groupe, c'est qui ?

Stéphane Bortzmeyer : Je ne sais pas. Je relaie une question, une remarque sur Twitter.

Hocine : Ah d'accord. En politique, il y a trente ans, voilà ça fait trente ans que les gens se battent au ministère de l’Éducation. De loi de reconnaissance de la langue des signes, il n'y en a pas en France. Le problème c'est qu'au niveau des signes, des subventions il y en a rarement et en plus, maintenant, les sourds ont une toute petite subvention MDPH [Maisons départementales des personnes handicapées, NdT], pour payer les interprètes et donc les départements estiment que c'est bon. Si les sourds ont envie de participer à la vie publique, ils ont ça pour payer des interprètes. Donc les pouvoirs publics se désengagent de leur obligation d’être accessibles. La santé, l'éducation, le budget de la santé est beaucoup plus haut que celui de l'éducation. Ça crée aussi ce problème c'est-à-dire que, du coup, on va mettre les sourds au niveau des budgets santé plutôt que de les éduquer, de mettre des sous dans l’éducation. Après il y a beaucoup d'autres endroits, en Finlande, il y a d'autres pays, en fait, où c'est un peu mieux !

Public : Est-ce que ce décalage entre éducation et santé c'est dû, justement, aux implants ? Donc on préfère une solution technologique, qui ne fonctionne pas nécessairement pour tout le monde en plus, à une solution éducative pour permettre à plus de gens de connaître la langue des signes, pour permettre, à plus de gens de partager la communication des sourds dans leur environnement, même des entendants. Finalement c'est une politique de surdité !

Hocine : À Ramonville, il y a un parcours bilingue qui éduque les enfants sourds directement en langue des signes. Après la politique de l’Éducation nationale on n'est pas dedans ! Je voudrais ajouter, comme je travaille dans des écoles pour enfants entendants, c'est ce qu'on observe de toutes façons, de manière générale, c'est que les budgets de la santé sont beaucoup plus importants que les budgets de l'éducation. Je ne sais pas pourquoi mais c’est comme ça.

Public : Inaudible.

Sungia : Au niveau des ?

Public : Au niveau du… Inaudible

Sungia : Ah j'ai besoin d'un stylo, parce qu'il y a trop de texte, parce que moi je ne vais pas relire. Est-ce qu’il ou elle est là ? [Sungia indique une question sur l'écran]. C'est toi ? Wikimédia ? Ton rôle c'est quoi en fait ?

Public : Je suis référente du groupe Wikidata de Wikimédia France. Oui, je suis bénévole. Donc s'il y a des projets extérieurs de gens qui veulent travailler avec nous sur Wikidata et qu'il y a besoin d'aide, je fais le lien entre les extérieurs et la communauté des bénévoles. Donc on a lancé, nous aussi, le projet de signothèque libre, mais on a le même problème avec l'absence d'images libres. Donc ça permettrait de faire le lien avec d'autres signothèques libres dans d'autres langues des signes.

Hocine : D'accord. Au Capitole du Libre ? Au Capitole du Libre, en fait, on pourra échanger plus parce qu'il y aura un interprète. Est-ce que tu y seras ?

Public : Je ne pense pas, je suis quasiment sûre que non. Mais je peux poser la question pour savoir s'il y aura d'autres « wikidatiens » qui pourront venir. Il y aura probablement d'autres gens. Pas moi, c'est sûr, mais d'autres gens.

Hocine : D’accord merci. Une question. FSF ? C'est quoi ? Tu poses la question. À qui ? À lui. Oui, oui, à toi. C'est à toi qu'il parle. Avec le FSF, comment on peut faire le lien ? Ça dépend de quoi ?

Public : Moi je ne fais partie de la FSF directement, mais je travaille avec le projet GNU et je travaille avec d'autres projets aussi qui sont intéressés à supporter le langage des signes et améliorer l'accessibilité en informatique. Déjà avec les Toulousains, c'est sûr, s'il y a un camp en 2018, on va faire en sorte qu'il soit accessible, tu vois !

Sungia : Un camp de quoi ?

Public : Il sait de quoi on parle.

Hocine : Oui, 2018. Oui je sais, Ville Science Europe. À Toulouse ?

Public : Oui.

Sungia : C'est la Ville Science Européenne.

Public : Il disait qu'il est déjà engagé dans ce processus-là de Toulouse Ville Science Européenne en 2018. C'est ça ?

Hocine : OK. Oui, il a engagé avec le fab lab, avec l'organisation.

Public : Avec le hackerspace

Hocine : Avec la Fab Foundation, il a engagé et le fab lab.

Public : Fab Foundation,fab lab. Moi pas comprendre fab lab.

Hocine : Les fab labs, c'est le festival des fab labs. Il y a eu un fab lab 2016 à Toulouse où ce sont des trucs de startups, d'imprimantes 3D, etc. Des espaces de coworking, tout ça, à Toulouse. Ouais, donc c'est officiel.

Public : Ah oui, c'est un autre monde, mais c'est bien, c'est complémentaire.

Hocine : Oui, après c'est proche. OK. En tout cas merci voilà. Il n'y a pas plus de questions.

Stéphane Bortzmeyer : Non. Merci

Hocine : Merci aux organisateurs ici et bon courage. Et bravo pour votre engagement pour mélanger les publics sourds et entendants.

Applaudissements