Différences entre les versions de « Si, vous avez quelque chose à cacher »

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:Des lois censées vous protéger aux entreprises qui rêvent de tout savoir sur vous, il devient de plus en plus compliqué de garder sa vie privée « privée ». Ça l'est encore plus lorsque les principaux concernés vous répondent « Je n'ai rien à cacher. ». Cette affirmation est-elle vraie ? À quels risques nous expose-t-elle ?
 
:Des lois censées vous protéger aux entreprises qui rêvent de tout savoir sur vous, il devient de plus en plus compliqué de garder sa vie privée « privée ». Ça l'est encore plus lorsque les principaux concernés vous répondent « Je n'ai rien à cacher. ». Cette affirmation est-elle vraie ? À quels risques nous expose-t-elle ?
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* Un ensemble d'éléments, physiques ou non, matériels ou non, qui possède un certain degré de confidentialité.
 
* Un ensemble d'éléments, physiques ou non, matériels ou non, qui possède un certain degré de confidentialité.
 
* Ce degré-là va être différent selon quasiment tout le monde, c'est à dire qu'on peut demander ce qu'est la vie privée, je peux vous demander à chaque personne ici ce qu'est la vie privée, il y a de fortes chances que j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de réponses différentes, avec beaucoup d'arguments différents, beaucoup de variables, prises en compte pour certains, pas prises en compte pour d'autres. L'exemple tout bête, les gens avec qui je peux parler sur un IRC : certains vont considérer que c'est public, d'autres que c'est privé, pourtant c'est la même chose. On appelle ça <em>le cadre de référence</em> - histoire de poser les bons mots. Le cadre de référence, pour celles ou ceux qui ne connaissent pas, c'est lié à plein de choses. Pour résumer, c'est la façon de concevoir les choses différemment. Exemple : le mot "Internet" pour madame Michu, c'est Google. C'est pas une blague. Le mot "Internet" pour moi, c'est tout sauf quelque chose de précis ; c'est du web, c'est un certain nombre de ports... C'est n'importe quoi en fait, on ne sait pas. Pourtant c'est le même mot. Voilà, la cadre de référence, c'est ça. C'est lié à l'éducation, c'est lié au niveau social dans certains cas, c'est lié à l'appréhension, à la perception des choses, et la vie fait partie de ce genre de variable-là, en fait.
 
* Ce degré-là va être différent selon quasiment tout le monde, c'est à dire qu'on peut demander ce qu'est la vie privée, je peux vous demander à chaque personne ici ce qu'est la vie privée, il y a de fortes chances que j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de réponses différentes, avec beaucoup d'arguments différents, beaucoup de variables, prises en compte pour certains, pas prises en compte pour d'autres. L'exemple tout bête, les gens avec qui je peux parler sur un IRC : certains vont considérer que c'est public, d'autres que c'est privé, pourtant c'est la même chose. On appelle ça <em>le cadre de référence</em> - histoire de poser les bons mots. Le cadre de référence, pour celles ou ceux qui ne connaissent pas, c'est lié à plein de choses. Pour résumer, c'est la façon de concevoir les choses différemment. Exemple : le mot "Internet" pour madame Michu, c'est Google. C'est pas une blague. Le mot "Internet" pour moi, c'est tout sauf quelque chose de précis ; c'est du web, c'est un certain nombre de ports... C'est n'importe quoi en fait, on ne sait pas. Pourtant c'est le même mot. Voilà, la cadre de référence, c'est ça. C'est lié à l'éducation, c'est lié au niveau social dans certains cas, c'est lié à l'appréhension, à la perception des choses, et la vie fait partie de ce genre de variable-là, en fait.
* C'est entre autres pour ça que, en soi, on a tous une définition différente.
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* C'est entre autres pour ça que, en soi, on a tous une définition différente. La conclusion de ce premier point-là, comme j'ai expliqué, c'est que en soi, il y a quasi-autant de définitions de la vie privée que de personnes sur Terre. Plus ou moins, il y a des définitions qui se recoupent, mais dans l'ensemble on est sur quelque chose comme ça.
 
 
La conclusion de ce premier point-là, comme j'ai expliqué, c'est que en soi, il y a quasi-autant de définitions de la vie privée que de personnes sur Terre. Plus ou moins, il y a des définitions qui se recoupent, mais dans l'ensemble on est sur quelque chose comme ça.
 
  
 
== 05m58s ==
 
== 05m58s ==

Version du 13 août 2013 à 11:01

"Si, vous avez quelque chose à cacher."

Si, vous avez quelque chose a cacher.png

Résumé :

Des lois censées vous protéger aux entreprises qui rêvent de tout savoir sur vous, il devient de plus en plus compliqué de garder sa vie privée « privée ». Ça l'est encore plus lorsque les principaux concernés vous répondent « Je n'ai rien à cacher. ». Cette affirmation est-elle vraie ? À quels risques nous expose-t-elle ?
Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés à tout ceci et, plus important encore, comment faire pour prendre pleinement conscience que si... nous avons tous quelque chose à cacher.

00m34s transcrit par Beuc

OK, c'est bon ça marche OK.

Alors bonjour, bonjour à tous, bonjour à toutes. Bien mangé, ça va ?

On est ensemble pour à peu près une heure, quelque chose comme ça, sur la tentative de réponse à l'argument bateau "Non, non, je n'ai rien à cacher", qui arrive de plus en plus souvent, dans différentes loi, à gauche à droite, etc., etc.

01m00s

Avant toute chose, petite présentation rapide (bien qu'on s'en tape un peu en fait). Si vous ne me connaissez pas, moi je me présente : donc "numendil", je bidouille un peu sur le Net, à gauche à droite, je gueule sur tout en fait, c'est surtout ça le truc. Je tiens un blog, sur lequel je raconte un peu tout et n'importe quoi. Des fois ça marche, des fois ça marche pas. Des fois ça plaît, des fois ça plaît pas, bref... Et puis, dispo un peu sur quelques plate-formes, Twitter entre autres. Et puis sur le blog, il y a un mail.

[Pardon, mieux? C'est bon? OK]

Il y a un mail si vous avez besoin. Voilà.

Le reste, ma foi, ça ne regarde que moi, puisque moi j'ai des choses à cacher. Et la problématique c'est que quand j'aborde ça, quand je commence à dire "J'ai des choses à cacher", on se retrouve souvent sur deux réponses, deux arguments.

Le premier c'est "Ben ouais, mais si t'as quelque chose à cacher, en fait, c'est que t'es un terroriste" - je résume, mais l'idée est un peu là. En gros c'est "C'est mal", partant du principe que si on a quelque chose à cacher, c'est forcément mal. Il y a peut-être un problème dans ces cas-là.

Et puis le deuxième, surtout quand on vient à parler de loi un poil liberticides, ou de PRISM, on se retrouve sur "Moi je m'en fous, je n'ai rien à cacher". OK, c'est cool. Mais sinon ?

On peut se poser deux questions.

  • La première des deux, c'est se demander si c'est vraiment vrai, si on a vraiment rien à cacher. Dans ce cas là, ma foi ben tous à poil, c'est parti. Ben c'est vrai, en même temps. On est d'accord ? Il y a bien quelque chose qui fait que des gens viennent à penser cette chose-là. Il n'y a pas une personne sur terre qui pense qu'on a rien à cacher. Ça existe pas partout, fort heureusement, mais ça existe énormément. Il y a bien des éléments qui doivent faire penser aux gens ce genre de choses. On va essayer de les comprendre dans un premier temps, puis essayer d'y répondre dans un deuxième temps.
  • Et puis on va aussi se demander si c'est pas dangereux de déclarer ce genre de truc-là. Est-ce que le fait de n'avoir vraiment rien à cacher ne sous-entends pas un certain nombre de risques auxquels on est probablement exposés. Peut-être, peut-être pas, on va aussi essayer de se poser sur ce point-là.

Pour se poser sur ce point-là, dans un premier temps, il faudrait définir la vie privée. Le truc est bateau, j'ai pris une définition du dico, du Larousse, comme ça on ira pas troller sur Wikipédia tous ensemble.

"Qui concerne quelqu'un dans sa personne même, dans sa vie personnelle. On parle des appartements privés de la reine."

Ça vient du Larousse.

Ce que je vois, dites-moi si c'est votre avis ou pas, c'est que cette définition-là est imprécise et incomplète. Elle parle d'une chose. Avec l'exemple on a l'impression qu'elle parle de la vie physique. Comme si la vie privée sur l'espace numérique n'existait pas. C'est bizarre. Et j'ai cherché, je me suis dit "Bon, j'ai peut-être pris une vieille version, c'est vrai que les Internets, c'est pas forcément à jour tout le temps...". Non, non, sur tous les dicos, "vie privée" ça parle de choses physiques, du monde des objets. Sauf qu'il n'y a pas que celui-là.

Donc si on devait essayer de la redéfinir, dans un premier temps, moi je vous propose quelque chose comme ça :

  • Un ensemble d'éléments, physiques ou non, matériels ou non, qui possède un certain degré de confidentialité.
  • Ce degré-là va être différent selon quasiment tout le monde, c'est à dire qu'on peut demander ce qu'est la vie privée, je peux vous demander à chaque personne ici ce qu'est la vie privée, il y a de fortes chances que j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de réponses différentes, avec beaucoup d'arguments différents, beaucoup de variables, prises en compte pour certains, pas prises en compte pour d'autres. L'exemple tout bête, les gens avec qui je peux parler sur un IRC : certains vont considérer que c'est public, d'autres que c'est privé, pourtant c'est la même chose. On appelle ça le cadre de référence - histoire de poser les bons mots. Le cadre de référence, pour celles ou ceux qui ne connaissent pas, c'est lié à plein de choses. Pour résumer, c'est la façon de concevoir les choses différemment. Exemple : le mot "Internet" pour madame Michu, c'est Google. C'est pas une blague. Le mot "Internet" pour moi, c'est tout sauf quelque chose de précis ; c'est du web, c'est un certain nombre de ports... C'est n'importe quoi en fait, on ne sait pas. Pourtant c'est le même mot. Voilà, la cadre de référence, c'est ça. C'est lié à l'éducation, c'est lié au niveau social dans certains cas, c'est lié à l'appréhension, à la perception des choses, et la vie fait partie de ce genre de variable-là, en fait.
  • C'est entre autres pour ça que, en soi, on a tous une définition différente. La conclusion de ce premier point-là, comme j'ai expliqué, c'est que en soi, il y a quasi-autant de définitions de la vie privée que de personnes sur Terre. Plus ou moins, il y a des définitions qui se recoupent, mais dans l'ensemble on est sur quelque chose comme ça.

05m58s

Si on fait un rapport avec "Je n'ai rien à cacher", ça sous-entend, en fonction de ce qu'on vient de voir, qu'en soi, en fait, on a pas de vie privée. Sachant que, dans la socio, on considère que la vie privée différencie les individus, on peut se dire que si on a pas de vrai, on a pas de vie. Bon ça plaît pas souvent aux gens quand vous leur dites ça:

- "Ouais, j'ai rien à cacher !" - "Ouais, OK, t'as pas de vie, bon ben va t'acheter une vie, quoi."

Ça ne marche pas trop, comme argument. C'est assez extrêmiste d'ailleurs, ce truc-là, on a tendance souvent à aller clasher les gens quand on essaie de répondre au "je n'ai rien à cacher". La problématique c'est qu'on tombe dans des extrêmes assez rapides, aussi extrêmes que "je n'ai rien à cacher", et le débat n'avance pas. Et on bloque, il y a pas mal de gens qui bloquent sur ce point-là. J'ai bloqué pendant pas mal de temps sur ce point-là aussi, en fait.

Il faut aussi comprendre un autre point, ça c'est une des réponses au "ouais, de toute façon si t'as quelque chose à cacher, c'est quelque chose de mal, t'es un terroriste pédophile". En France c'est la pédophilie qui sert à ce genre d'arguments. La vie privée, elle n'est pas mauvaise, elle n'est pas bonne, elle est privée, voilà. Et c'est juste le principe. Ce que je fais chez moi ça ne regarde personne. Je suis en train de lire : ça ne regarde personne. J'ai le droit de lire un livre sans qu'il y ait un mec derrière en train de me dire : "Hmm, dis-donc, t'es en train de lire un truc cheulou quand même". Sur Internet, ce truc-là n'existe pas. Quand vous lisez quelque chose sur un site, vous laissez des traces, on laisse tous des traces quelque part, il y a des logs qui sont conservés à gauche à droite par différents FAI parce que de toute façon ils ont l'obligation légale de le faire. C'est comme si vous étiez en train de lire un livre, sauf que là il y a quelqu'un qui regarde derrière vous.

Et puis, le dernier point sur cette première partie, c'est de ce dire qu'en soi, la protection de la vie privée numérique n'est pas tant différente que ça de la vie privée physique. On a un ensemble de réflexes depuis qu'on est gamin, de "Attention, il ne faut pas parler à des inconnus, ça peut être dangereux.", "Il ne faut pas monter dans le camion si on te propose d'acheter des bonbons, ou de..." - voilà, je ne vous fait pas le rapport... "Vas-y, monte dans ma camionnette, j'ai des bonbons".... On sait tous et toutes que c'est dangeureux, qu'il y a un problème dans ces cas-là. Ces réflexes-là, qu'on a acquis, qui sont vraiment naturels dans la vie physique, on ne les a pas forcément tous et toutes dans la vie numérique. On ne pense pas forcément à chiffrer ses communications. C'est comme si vous étiez en train d'envoyer une lettre avec une carte postale et des trucs qui clignottent : "Regarde, c'est ici que tu peux lire tout ce que je suis en train de dire". Votre navigation c'est pareil, vos SMS c'est pareil, vos appels c'est pareil... Tout ce qui est numérique au final, c'est pareil. Rajoutons à ça quelques récents événements d'espions, tout ça, partout, "PRISM c'est le mal", et vous avez un Big Brother en puissance.

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