Quelques pistes pour diminuer notre empreinte numérique

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Titre : Quelques pistes pour diminuer notre empreinte numérique

Intervenant : Gautier

Lieu : Alsace Réseau Neutre

Date : 10 ??? avril 2022

Durée : 32 min 23

Vidéo

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Gautier : Bonjour à tous.
Je suis Gautier d’Alsace Réseau Neutre, secrétaire, ex-président.
Nous sommes plutôt une association qui essaie, à la base, de développer le numérique mais d’un point de vue éthique. Depuis quelques années on s’est rendu compte que dans l’asso beaucoup de gens avaient aussi une sensibilité écologique. L’été dernier on a décidé de commencer aussi à développer une expertise sur ces aspects écologie et numérique. Cette présentation est l’occasion pour nous de développer des arguments, de réfléchir par nous-mêmes sur ce qui est le plus efficace pour réduire notre impact écologique.
C’est notre présentation [Diapo de présentation de Alsace Réseau Neutre, NdT]. On pourra en parler plus dans les ateliers après. C’est pour dire qu’on travaille aussi sur les aspects vie privée, sur la neutralité du Net et on propose des outils et des contenus alternatifs aux GAFAM.

Aujourd’hui on veut donner quelques pistes pour diminuer notre impact numérique, des choses concrètes, qui sont scientifiquement logiques.

On s’est dit, en regardant un petit peu les sources, que finalement la première solution la plus efficace serait de tout arrêter. C’est vrai que c’est quand même une problématique qui est très complexe, réussir à trouver ce qui vaut vraiment le coup de faire, c’est tout un environnement. On peut passer aux ateliers ! [Rires]

Qu’appelons-nous « le numérique » aujourd’hui ?

On va essayer de décortiquer un petit peu. Le numérique c’est quelque chose de très vaste. Ça part de l’infrastructure. D’un côté il y a l’utilisateur et de l’autre côté il y a des choses qu’on ne voit vraiment pas, tout ce qui est serveurs, datacenters, donc le stockage et les traitements de données, la fameuse dématérialisation.
Il y a le réseau qui permet de mettre en connexion les serveurs et nos ordinateurs, nos smartphones, donc les terminaux, c’est ce qui est vraiment visible, ce qu’on achète, ce qu’on consomme et qui finit à la poubelle beaucoup trop tôt.
On va aussi parler de l’utilisateur, des usages d’Internet et de comment on peut améliorer nos usages pour diminuer notre impact.

Impacts du numérique

Les chiffres importants par rapport du numérique.
C’est à l’origine de 3,7 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, un peu moins en France à cause du nucléaire. C’est pour ça qu’on aime bien présenter aussi les chiffres du monde. Si on doit régler au niveau mondial, vu qu’Internet est un problème mondial, il vaut mieux parler au niveau des émissions mondiales.
44 % des émissions mondiales viennent de la fabrication des terminaux – ordinateurs, smartphones, tous les objets numériques qu’on achète. En France cette part passe à 86 % parce que justement l’autre part c’est en fait la consommation d’électricité des terminaux et, vu qu’en France il y a le nucléaire, elle est décarbonée. On a l’impression que ce n’est pas si grave mais c’est quand même grave.
On dit que le plus efficace pour réduire notre impact c’est vraiment de prolonger la durée de vie de nos terminaux plutôt que réduire nos usages.

Les fausses bonnes actions

Pour introduire, je voulais aussi parler un peu des fausses bonnes action. C’est vrai qu’on entend beaucoup de choses dans le numérique. Par exemple l’idée de nettoyer sa boîte mail, on verra par la suite que les mails c’est quelque chose qui est relativement négligeable en quantité de données donc en impact. Par exemple je nettoie ma boite mail quand même. Plutôt que d’aller chercher tous les mails que je veux enlever, je vais plutôt trier par taille et tous les mails qui ont une pièce jointe avec une photo, une vidéo, je les supprime. Du coup c’est beaucoup plus efficace que de s’embêter à passer dans toute sa boite mail pour enlever tous les mails dont on n’a plus besoin.
Je voulais vous poser une question : faites-vous des actions, dans votre vie numérique, pour essayer de diminuer votre impact et qu’on puisse éventuellement réfléchir en semble pour voir si c’est efficace ou pas ? Par exemple prolonger la durée de votre téléphone ou...

Public : Je viens de changer mon téléphone, j’ai pris un reconditionné. Le précédent avait neuf ans.

Gautier : C’est pas mal ! Et vous n’avez pas eu de problèmes avec les logiciels ?

Public : C’est un petit peu pour ça que je l’ai changé !

Gautier : Ça ne marchait plus.

Public : Les dernières mises à jour, ??? mais je ne voulais pas Je n’avais pas besoin. Du coup quand il faut le faire, on repart sur du reconditionné. ???

Gautier : Je pense que c’est une bonne pratique.

Public : Si vous parlez, ce serait bien de parler dans le micro comme ça tout le monde entend et ceux qui regardent en live entendent aussi la question.
Je voulais donner mon avis. Je stocke moins de données en ligne sur les serveurs qui tournent tout le temps et plutôt en local sur un disque dur externe ou le disque dur de l’ordinateur

Public : Personnellement au niveau de l’utilisation Internet, minimiser l’usage à tout-va des moteurs de recherche pour aller sur un site qu’on connaît très bien. Par exemple, je ne vais pas sur Google pour taper darty.fr, je tape darty.fr ou alors je l’ai dans mes favoris ce qui évite de faire un aller-retour de la planète pour revenir en France, sur un site qu’on connaît, qu’on a tout bêtement.

Public : J’éteins la box le soir et le matin je me fais engueuler par Free me disant qu’il ne faut pas faire ça. Je sais que la box consomme quand même beaucoup, donc je l’éteins.

Gautier : Ce sont des éléments que vous allez retrouver dans la présentation, je pense que ce sont de bonnes pratiques.
Pour poser les bases de quels impacts a le numérique, ce qui est important et ce qui est moins important, on a trouvé une source dans le Monde Diplomatique qui parle du Matérial Input per unit of service. En fait ça correspond au sac à dos dont Carole a parlé avant, le sac à dos écologique.
Là on voit les correspondances entre un service et combien il coûte en matières premières.
Pour faire un kilomètre en voiture, on va consommer un à deux kilos de matière première ; pour une minute de téléphone, on va consommer 200 grammes de matière premières ; pour un message texto c’est 600 grammes. La différence s’explique parce que le texto est stocké dans plusieurs endroits, du coup ça a plus d’impact que le téléphone qui est juste transféré une fois.
Une chose importante c’est que quand les technologies sont imbriquées, plus elles deviennent complexes, plus c’est un produit où on va mettre de l’électronique, de la mécanique, plus, en fait, ça va générer de déchets. On pourrait se dire que l’acier c’est quelque chose qui pollue beaucoup, mais un kilogramme d’acier ne consomme que 10 kilos de ressources, c’est déjà beaucoup, donc de l’eau, de l’énergie, du minerai, toute la terre qu’il faut remuer pour récupérer le minerai.
Les téléviseurs et smartphones ce sont 1000 kilogrammes de ressources pour un kilogramme d’électronique. Le pire du pire c’est le processeur, donc l’intelligence du numérique, où ce sont 16 kilogrammes pour un, donc c’est 16 000 pour un et ça s’explique par les terres rares. Ces fameuses terres rares sont dans une très faible quantité par m3 de terre. On va devoir extraire des tonnes et des tonnes de terre pour récupérer juste quelques kilos de matière première. En plus, on utilise beaucoup d’eau pour nettoyer la terre, beaucoup de chimie pour nettoyer les matériaux. Finalement on se retrouve avec un impact ! On a un truc dans la main, on a l’impression que ce n’est pas un gros déchet, mais il faut s’imaginer que derrière il y a une voiture !
Un autre aspect important, de manière générale, dans le numérique on voit que la zone la plus en amont de la chaîne de fabrication est celle qui paiera le plus lourd tribut. Ça vaut à la fois pour les ressources de matières premières type, justement, les terres rares. Les terres rares ne sont pas extraites en Europe, elles sont extraites soit en Chine soit en Afrique. En Chine il y a des lacs de chimie entiers qui polluent des environnements gigantesques. En Afrique on utilise des enfants, c’est une catastrophe écologique et sociale. On voit aussi que les déchets, que ce soit en amont et aval de la chaîne de production, ce sont les pays du tiers-monde ou les pays les moins évolués qui payent la facture écologique.

C’était pour l’introduction un peu joyeuse. On va essayer de déconstruire en voyant justement tous les aspects du numérique, du serveur jusqu’à l’utilisateur et, dans chacun de ces aspects, ce qu’on peut faire, ce que vous vous pouvez faire, ce que les politiques peuvent faire éventuellement.

Infrastructure

Il y a l’infrastructure. L’infrastructure c’est ce que j’ai dit avant, ce sont les serveurs, c’est le stockage et l’intelligence qui va permettre de stocker les données et de générer de l’information à partir de cs données. C’est quelque chose que, en tant qu’utilisateur lambda, on ne voit pas, c’est caché dans les datacenters, donc on a l’impression qu’on ne peut pas faire grand-chose.
Là on rentre sur le mythe de la dématérialisation. On dit que le numérique c’est génial, ça dématérialise, c’est-à-dire qu’il n’y a plus d’impact, on ne voit plus les déchets. On a vu, et c’est vrai, que les déchets sont ailleurs, mais les serveurs sont là, ils sont à Schiltigheim, là à côté, ils sont en face de la ???, il y a un grand bâtiment industriel, un peu désaffecté, et c’est là-dedans qu’il y a le datacenter.

Public : Il y a un serveur près de Strasbourg qui a brûlé récemment

Gautier : C’était OVH à Strasbourg. C’est aussi une catastrophe environnementale aussi en soi. Avec tous les serveurs qu’il y a avait dedans, ce sont des quantités de ressources énormes.

C’est un mythe dans le sens où il y a des milliards de serveurs dans des fermes, des antennes pour pouvoir communiquer sur Internet, donc il y a des câbles plus encore des centres de routage où il y a aussi plein d’ordinateurs, des bornes wifis, etc. En fait on voit que de nos jours on consomme énormément d’appareils informatiques.
Pour les serveurs il y a aussi le problème de l’obsolescence programmée. Les performances évoluent très vite. Du coup, pour un datacenter, très rapidement ça ne va plus être rentable de garder les vieux serveurs. Ils vont devoir les remplacer pour en avoir qui sont à jour. Donc ils ont tendance à ne pas utiliser les matériels jusqu’à la fin de leur vie, ils les changent très régulièrement.
On peut presque dire que cette soi-disant dématérialisation c’est, en fait, la plus la plus grande entreprise de matérialisation qui ait été faite par l’Homme.

Un autre aspect c‘est ce qu’on peut appeler le coût de l’instantané. On dit toujours que Google marche super bien, Amazon pareil, on n’a jamais vu un site de Google crasher, être en panne ou quoi que ce soit. On parle d’un niveau de service de 99,995 %. C’est en fait le niveau de service minimal pour une entreprise type Google pour rester compétitive, si tu es en dessous, tu meurs ! Ça correspond à 26 minutes d’indisponibilité par an, donc rien du tout. Si on affiche que pendant 26 minutes on ne puisse pas accéder à notre service, si ça pouvait faire gagner un petit peu de ressources, si c’était un peu plus écolo. ???
Dans les datacenters, en pratique ils ont toujours deux réseaux électriques, ils ont deux serveurs en parallèle qui ont exactement la même chose dessus, comme ça si l’un tombe en panne, l’autre peut tout de suite reprendre instantanément le service. Il y a des salles de batteries en plus si l’électricité tombe plus longtemps qu’une certaine durée, On a trouvé des sources qui disent que Gmail et YouTube, typiquement, dupliquent sept fois les données, donc les données sont présentes sur sept disques durs différents, ce qui veut dire qu’il y a un impact sept fois plus important que si vous l’aviez chez vous à la maison. Il y a aussi des serveurs qui ne sont pas utilisés à 100 % de leur capacité parce que, en fait, on dimensionne les ordinateurs pour qu’ils puissent supporter des plus grands pics quand les gens rentrent à la maison, à 18 heures, pour regarder des vidéos ou Netflix. Du coup ils sont utilisés à 10 % tout la journée et après à 100 %, et ça fait encore tout ça qui est trop surdimensionné.

Nous avons aussi notre infrastructure dans un datacenter pour des raisons historiques. C’est juste à Schiltigheim, à côté, comme je l’ai dit. On s’est un peu posé la question de ce qu’on pouvait faire ou ce qu’on faisait. Concrètement on utilise des serveurs reconditionnés, qui sont mis au rebut par les entreprises capitalistes du domaine. On conserve un niveau de redondance bas, on n’a pas sept fois les données, on les a entre deux et quatre fois environ, seulement pour la criticité. On utilise des pièces de remplacement qui sont aussi d’occasion.

Il y a aussi une solution pour les serveurs, c’est l’auto-hébergement. En fait on peut mettre ses données dans un datacenter, mais on peut très bien aussi les garder à la maison comme au bon vieux temps, c’est un peu plus compliqué, il faut quand même avoir quelques compétences pour l’instant. Mais concrètement il peut y avoir l’équivalent d’un smartphone chez soi, qui reste branché toute la journée sur Internet, avec lequel on va pouvoir échange ses données, mettre ses mails dessus, mettre ses vidéos de vacances, ses photos de vacances. C’est aussi une chose qu’on va présenter à l’atelier de cet après-midi aussi.

15’ 38

Réseau

La deuxième partie du numérique