Protection des données sur Internet - Le Grand Direct - Radio Djang'O

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Titre : Protection des données sur Internet

Intervenants : Cédric Jeanneret - Stéphane Koch - Claudia - Fabien

Lieu : Le Grand Direct - Radio Djang'O

Date : mars 2018

Durée : 20 min 30

Écouter ou télécharger le podcast

Licence de la transcription : Verbatim

NB : transcription réalisée par nos soins. Les positions exprimées sont celles des intervenants et ne rejoignent pas forcément celles de l'April.

Statut : Transcrit MO, relu (avec son) CB

Transcription

Voix off : Radio Djang'O – Le grand direct – 18-19 heures

Fabien : Bonsoir à toutes et bonsoir à tous. Soyez les bienvenus pour votre heure de ??? dans ce Grand Direct de Radio Djang'O. Je suis très heureux de vous retrouver pour ce nouveau numéro ce soir. Au programme nous allons commencer avec toi Claudia. Bonsoir.

Claudia : Bonsoir.

Stéphane Koch : Nous allons parler ensemble de protection de données numériques. Je fais référence, bien sûr, au récent vol de quelque cinquante millions de données, excusez du peu, cinquante millions de données d’utilisateurs ; c’était sur Facebook.

Claudia : On en parlera ce soir. On aura deux invités Cédric Jeanneret, militant pour les droits numériques et Stéphane Koch, consultant en stratégie numérique et réseaux sociaux. On va pouvoir parler de cette tempête qui a envahi Facebook, mais on va pouvoir aussi avoir des réponses à plusieurs questions qu’on se pose aujourd’hui dans les médias. Est-ce que Facebook est réellement une menace ? Comment nous protéger, protéger nos données personnelles ?

Fabien : Je suis Fabien, je vous accompagne jusqu’à 19 heures. Bienvenue à vous dans ce Grand Direct. Et on ouvre cette émission avec un sujet brûlant d’actualité et cette action Delete Facebook!, suite au scandale qui a investi la plus célèbre plateforme du monde, une campagne de désabonnement massif s’est engagée sur les réseaux sociaux. Tout a commencé après les révélations récentes de la presse anglo-saxonne selon lesquelles Facebook s’est fait piéger par ses propres données. Au cœur du scandale la société Cambridge Analytica qui aurait récolté des informations sur les utilisateurs et utilisatrices de Facebook, à leur insu, dans l’objectif d’influencer la campagne présidentielle de Donald Trump aux États-Unis.

Voix de Mark Zuckerberg : This is a major ??? and i’m really sorry thats ?????????????????

Fabien : Et on en parle ce soir avec toi Claudia.

Claudia : Oui bonjour. C’était le patron de Facebook. Mark Zuckerberg, le 21 mars, a brisé le silence en s’excusant auprès de deux milliards d’utilisateurs et utilisatrices qui ont été volés, comme plusieurs médias ont dit, de leurs données personnelles. Le patron de Facebook a promis d’améliorer la confidentialité des données des usagers, usagères, mais malgré cela la confiance est brisée. Une campagne massive de désabonnement et différentes questions. Est-ce que Facebook est une menace ? Quels sont les risques réels ? Quelles données sont-elles aspirées par le réseau social avec leur autorisation ou non ? Pour quel usage politique, commercial, sociétal ? Comment supprimer nos données ?

Fabien : Oui, toutes des questions essentielles et existentielles qu’on va aborder ce soir et auxquelles on va pouvoir, j’espère, trouve des réponses avec nos deux invités, des experts de la région. Tout d’abord Cédric Jeanneret, bonsoir.

Cédric Jeanneret : Bonsoir.

Fabien : Bienvenue à vous sur Radio Djang'O. Vous êtes militant pour les droits numériques et fondateur du site internet www.ethack.org. Et vous, Stéphane Koch, bonsoir.

Stéphane Koch : Bonsoir.

Fabien : Vous êtes consultant en stratégie numérique et réseaux sociaux. Ce sont des questions qui vous concernent, sur lesquelles vous vous êtes plongé. On va en discuter ce soir.

Claudia : On a plusieurs questions à vous poser. Je vais commencer avec une. Par rapport à ce que Facebook a déclaré sur les médias au cours des derniers jours, il a déclaré d’être scandalisé d’avoir été trompé par l’entreprise anglaise Cambridge Analytica, mais est-ce que la plus grande plateforme du monde se fait réellement piéger ? Comment c’est possible ? Qui veut répondre ?

Stéphane Koch : Premièrement je crois qu’il n’y a pas de données qui ont été volées, ça il faut aussi le dire, c’est un peu une exagération des médias et c’est peut-être le problème c’est que, finalement, on n’a rien eu besoin de voler. Et je ne pense pas que Facebook soit innocent là-dedans. Je pense qu’ils sont conscients que ce qu’ils ont mis à disposition et les autorisations, finalement, qu’ils offrent à ceux qui créent des applications externes qui sont connectés à Facebook, eh bien permettent que la situation qui est arrivée puisse arriver. Donc maintenant qu’ils aient été surpris et autres, c’est un petit peu étonnant !

Fabien : Est-ce que les utilisateurs ont vraiment été volés comme l’ont déclaré certains médias ? Cédric Jeanneret.

Cédric Jeanneret : Non, pas du tout. En fait les utilisateurs ont juste fourni leur matériel en acceptant les conditions générales d’utilisation comme d’habitude et ça a juste été exploité jusque, on va dire, l’extrême, actuellement, de ce que l’on peut avec Facebook. Il n’y a pas eu de vol de données. C’est juste une exploitation des données qui sont présentes et voilà !

Fabien : Qu’on comprenne bien, réexpliquez-nous brièvement. Donc nous on fournit nos données à Facebook, pour n’en citer qu’un, en signant les conditions générales, nous acceptons qu’ils stockent les données et ce sont eux qui ont fourni les données à un tiers.

Cédric Jeanneret : Tout à fait. C’est même pire que ça ! On accepte que les données que l’on fournit à la plateforme exploite ces données et les transmette à un tiers. Donc forcément ces données-là sont dans la nature, sous le contrôle de la plateforme plus ou moins, et c’est juste exploité comme ça.

Fabien : Et dans le cas présent de Cambridge Analytica, ce sont eux qui sont venus se servir ? Stéphane Koch.

Stéphane Koch : Oui, dans une certaine mesure. Il y a deux aspects. Il y a le fait que Facebook permet un accès aux données des utilisateurs sous forme de profilage pour communiquer quelque chose ou pour, potentiellement, vendre quelque chose. Mais ça veut dire que je peux faire une campagne sur Facebook pour essayer de faire que des gens achètent mes produits ou je peux communiquer une information pour sensibiliser les gens sur une cause. Et on va utiliser le même profilage de données. On n’a pas les données en main, mais on a la possibilité de faire que Facebook touche des personnes qu’on arrive à profiler à travers le système de données.

Et puis il y a les données extérieures, celles qui sont collectées dans des applications, et là on est dans le cas, entre autres, de Cambridge Analytica, où les applications vont permettre d’extraire beaucoup de données par rapport à ce que Facebook permet et toutes les permissions que ces applications vont solliciter auprès des utilisateurs qui, dans la grande majorité, ne les vérifient pas.

Fabien : Vous parlez d’applications. Qu’est-ce qu’il y a comme applications qui vont se servir de nos données ?

Stéphane Koch : Celles que Cambridge Analytica a mises en place, par exemple le test de psychologie. Il y a toutes les applications qui vous disent « voulez-vous connecter avec votre compte Facebook ?», par exemple.

Fabien : D’accord. Donc ça ce sont des applications qui vont se servir de nos données.

Stéphane Koch : Voilà. Si vous avez une montre Garmin, si vous êtes sur Spotify et que vous vous connectez avec votre compte Facebook, à chaque fois on vous dit : « Est-ce que vous acceptez de transmettre ? » Normalement il faudrait vérifier tout ce qu’on accepte de transmettre et là-dedans il y a tout un faisceau de données, certaines sur lesquelles on peut agir et d’autres sur lesquelles on n’a pas de contrôle.

Claudia : Dans les cas Cambridge Analytica, eh bien ce sont des tests psychologiques, apparemment ça devait simplement entre guillemets « nourrir une recherche universitaire » et puis, toujours selon les médias, tout ce qui est sorti c’est devenu une arme politique redoutable. Mais est-ce que c’est un cas unique ? Est-ce qu’on est à l’abri en Suisse, d’un cas comme celui de Cambridge Analytica ?

Stéphane Koch : Cas unique, c’est un peu compliqué de savoir, je pense. Après si la Suisse est à l’abri de ce genre de choses ? Non. Je veux dire, ce genre de réseau c’est international. N’importe qui peut commencer à piocher dans ses data à piocher, à piocher dans ses profils et commencer à faire des campagnes de communication quelconque, que ce soit au sein de la Suisse, que ce soit en France, que ce soit en Russie, que ce soit aux États-Unis ou n’importe où.

Et puis il n’y a pas que Trump qui l’a utilisé. Obama l’avait utilisé aussi, il ne faut pas oublier. Et puis maintenant il y a plein de gens qui sont à l’abri. Ce sont des gens qui sont conscients, qui ont fait l’effort d’essayer de comprendre l’environnement dans lequel ils se trouvent, de comprendre les systèmes de données avec lesquels ils collaborent. Oui, ce sont des entreprises privées, cotées en bourse, elles ne sont pas altruistes. Si Facebook fait 40 milliards de chiffre d’affaires dont 20 milliards de bénéfices, c’est aussi qu’il « redistribue » entre guillemets 20 milliards ; ils emploient 25 000 personnes, en tout cas fin 2017. Maintenant voilà ! Il n’y a rien d’innocent. C’est une société qui est là pour faire de l’argent, elle fait de l’argent avec nos données. Donc leur système c’est de prendre un maximum de nos données. Clairement, on peut leur reprocher un manque de transparence sur la manière de faire, que beaucoup des démarches sont critiquables. Mais il y en a un certain nombre sur lesquelles ont peut agir si on prend juste le temps de parcourir les paramètres de configuration ; rien que ça ! On peut faire quand même un certain nombre de choses ! On ne peut pas tout faire, mais aujourd’hui, par exemple, configurer sa confidentialité c’est un acte d’activisme. C’est-à-dire si tout le monde le fait eh bien c’est un message qui est envoyé à ces sociétés. On parle de Facebook, mais il n’y pas que Facebook ; Snapchat, d’autres.

Claudia : WhatsApp ; ça fait partie de Facebook.

Stéphane Koch : WhatsApp, Instagram et Messenger font partie de Facebook, mais tous les autres, que ce soit du YouTube, tous les autres réseaux sociaux ont le même modèle économique derrière ; donc il ne faut pas le négliger. Même Swisscom a ce modèle économique. Swisscom, tout d’un coup, a ouvert tous les canaux de données, ils vous prennent l’empreinte vocale, ils vous prennent les données de géolocalisation, ils vous prennent les données d’échange avec la Swisscom Box, etc., et c’est à l’utilisateur de revenir sur ses settings pour enlever ça. C’est juste inadmissible ! Alors oui on peut critiquer Facebook, des sociétés aux États-Unis et puis demander que le ??? juridique soit en Suisse, mais quand on ne fait rien pour les sociétés en Suisse, ça soulève quand même quelques questions

Claudia : Mais il y a aussi des lois. Je vais poser la question surtout à Cédric, des lois qui protègent la sphère privée des citoyens et citoyennes. Je pense à la loi sur la protection des données personnelles. Cette loi, déjà si on peut en parler un petit peu plus, et puis quel est le lien entre cette loi et le cas de Facebook aussi ?

9’ 35

Cédric Jeanneret : Le problème