Prêcher la parole ou partager librement - Elzen

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Titre : Prêcher la parole ou partager librement nos idées ?

Intervenant : Elzen

Lieu : Capitole du Libre - Toulouse

Date : Novembre 2016

Durée : 47 min 07

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Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

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Bonjour à tout le monde. Je m’appelle Elzen. Si vous avez du mal à retenir mon pseudo vous dites : « Le type au chapeau avec le tee-shirt par-dessus la chemise », en général on me reconnaît. Et donc aujourd’hui je vais vous parler de prêcher la parole ou partager librement les idées. Donc en gros je vais vous parler de modèles qui sont là, celui qui est ici c’est un peu ce que je suis en train de faire là. Et puis le deuxième c’est partager librement. Alors. Il faut quand même que je vous prévienne. J’ai essayé de faire la conf le plus sérieusement possible, mais je vais pas pouvoir faire autrement que de passer super rapidement sur certains sujets, de me foutre un peu de certaines personnes, etc. Donc voilà, je vais essayer de réduire ça autant que possible, mais il y a quand même un peu de trolls dedans. D’ailleurs on va commencer tout de suite vu que je vais commencer par vous donner le résumé de la conf, comme ça vous saurez tout de suite si vous avez perdu du temps ou pas. Et puis si vous regardez les slides, bon. Le résumé de la conf, en gros, c’est de dire que prêcher ce n’est pas le plus génial. Que c’est ce que je vais faire là, mais si on peut essayer de faire autrement ça peut être mieux. Qu’il faut que nous autres communautés du logiciel libre on prête beaucoup d’attention aux autres domaines. Qu’on a beaucoup, dans notre communauté, les mauvais côtés d’une religion et on n’a pas les bons, ça c’est dommage. Donc il y a du boulot pour essayer d’arranger les choses. Mais il y a aussi un point important à retenir, il y a du boulot pour y arriver mais à la fin on gagne. Après, plus précisément de quoi on parle ? Pour faire les choses bien, on fait ça en quatre points. On commence par étudier la situation actuelle. Ensuite, on essaye de lever le problème et de soulever en quoi c’est un problème. Après on essaye d’aller voir dans d’autres domaines, de faire quelques parallèles, essayer de trouver des idées pour améliorer les choses. Et puis, à partir de là, on fait des propositions pour essayer d’améliorer. Grosso modo, ça va être ça que je vais faire, mais vous avez remarqué que j’aime bien faire les choses dans le désordre, donc je ne vais pas du tout suivre ce plan- là, mais je vais sauter d’un point à l’autre au fur à mesure.

Et donc on va commencer par le fait que le libre serait une religion. Ça, je ne commente pas. Si vous connaissez le personnage [Richard Stallman, NdT], ils font ça pour se marrer, ils ne sont pas sérieux. Mais plus sérieusement, assez souvent, quand on écoute les gens du logiciel libre, on a l’impression que leur vision du monde ressemble à ça. C’est-à-dire qu’on a le militant du logiciel libre là, qui est là pour aller apporter la bonne parole aux sauvages, aux gens qui vivent tout nus, alors ils n’ont pas de firewall, tout ça. Donc voilà. On a une vision qui est extrêmement évangéliste du logiciel libre, où on aurait la responsabilité d’aller éduquer les sauvages. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette vision-là. C’est même pour ça que je fais la conf.

Pour illustrer un peu ça, un discours que j’ai entendu assez souvent dans ma vie de libriste. Je suis militant pour le logiciel libre depuis une grosse dizaine d’années maintenant et, assez souvent, j’ai entendu des discours qui ressemblaient à ça. Donc un libriste qui nous raconte qu’il était en train de parler avec une autre personne et puis que l’autre personne avait un discours qui était absolument génialissime, qui était super intéressant et tout. Et puis d’un coup l’autre personne se met à sortir un ordi Apple et à partir de là ça veut dire que c’est complètement nul, qu’il n’y a plus rien à faire, il n’y a plus que râler ou se barrer comme choix. Ce qui, à moi, me semble un peu exagéré comme réaction L’autre point aussi c’est qu’on a beaucoup dans nos communautés du Libre, dans nos événements autour du Libre, une tendance à réagir en tartuffe, à ne pas vouloir parler d’autre chose. On est là entre geeks, on est là pour parler de numérique et tout ce qui n’est pas numérique on s’en fout. Grosso modo c’est quelque chose qu’on va retrouver dans plein d’évènements et c’est quelque chose qui me semble assez spécifique au numérique. Pour prendre un exemple qui n’a rien à voir. Je fais partie d’une association qui traite de jeux de rôle dans les jeux vidéo, donc voilà, ça reste un peu informatique mais pas grand-chose à voir avec le logiciel libre. Dans les AG de cette association-là quand je vais leur poser de l’auto-hébergement, quand je vais leur dire que si on mettait en place, sur notre serveur à nous, un Framadate pour prendre des rendez-vous, pour faire des parties ou ce genre de choses, ce serait bien pour tout le monde, ce serait bien pour nous, pour ??? accès public et ce serait bien, ils sont très sensibles à ce genre de discours. Ils m’écoutent. Après quand je leur dis qu’il faudrait virer la chaîne YouTube et mettre ??? à la place, ils me disent que j’exagère, que le but c’est de faire venir les gens pas de l ???

Les gens d’autres domaines sont beaucoup à l’écoute et peuvent être ouverts aux sujets qu’on va leur apporter.

Dans le numérique ce n’est pas exactement le cas. Petit exemple de troll mais si vous appelez le THSF et qu’on vient vous dire en commentaire à la fin de l’évènement que ce que vous faites c’est absolument génialissime ici mais que ça pourrait être encore mieux que ça pourrait être un peu plus inclusif, apparemment il y a des gens qui prennent ça comme une insulte. Ça a beaucoup clashé à la fin de la dernière édition ; je n’ai suivi ça que de très loin, je ne peux pas vous donner de détails, mais apparemment il y avait un discours de quelqu’un qui disait vraiment : « C’est génial mais ça pourrait être encore mieux si on était un peu plus ouverts aux autres sujets » et il y a eu une énorme réaction de dire : « C'est quoi ces gens qui viennent nous insulter ? » C’est quand même grave !

Public : THSF ?

Elzen: Toulouse Hacker Space Factory. Donc c’est quelque chose qui se passe ici, dans le coin. Je vous laisse voir avec les logos pour les détails.

Donc pourquoi c’est important l’informatique ? Parce que quand même, on est quand même convaincus que notre domaine est vachement important. Donc pourquoi ? Eh bien on est dans un monde où l’informatique, le numérique est partout. Pour lire les livres maintenant de plus en plus on fait ça sur une tablette au lieu de faire ça sur un bouquin papier. Je suis convaincu, je ne vais pas faire de sondage, mais je suis convaincu que si je demande à peu près tout le monde dans cette salle a un smartphone dans la poche. Je dois être à peu près le seul à avoir encore un vieux truc comme ça. Je ne suis pas le seul, ça va ! Mais c’est extrêmement réduit, même ???, il ne peut pas troller vu qu’il n’a pas de téléphone du tout. Donc à peu tout le monde a un ordinateur dans la poche, parce que ce qu’on appelle un smartphone c’est un ordinateur, avec une ??? pour le téléphone.

Si on va sur tout ce qui est formulaire, truc chiant pour les impôts, genre pôle emploi, genre machins tout ça, à peu près tout ça passe par le numérique maintenant, de moins en moins de papier. Et puis on a toutes les problématiques des objets connectés qui arrivent, où on met de l’informatique absolument partout, jusque dans la cuvette des toilettes, exemple un peu caricatural choisi exprès, mais voilà.

Donc le numérique est extrêmement important parce que le numérique est extrêmement présent dans la société. Mais c’est encore un peu plus que ça, c’est que c’est la troisième grande révolution de l’humanité. La première c’était il y a grosso modo 5 000 ans, c'était l’invention de l’écriture. Avant l’invention de l’écriture, on n’avait pas de moyen de noter les choses. Tout ce qu’il fallait retenir, etc., on n’avait pas da0tre choix que de le retenir de tête. Si je voulais partager avec quelqu’un j’étais obligé d’aller le voir physiquement et de parler avec lui.

À partir de l’invention de l’écriture, on invente le moyen de noter les choses pour ne pas les oublier, on invente le moyen de s’envoyer du courrier. C’est absolument génial et ça, ça change déjà énormément de choses. Mais c’est encore plein de limitations parce que écrire, c’est long. Tout ça. Vous avez un bouquin de trois cents pages vous voulez le sculpter en tablette de pierre, vous imaginez bien que ça prend du temps, donc vous ne ferez pas beaucoup d’exemplaires.

Donc il y avait quand même encore un problème juste avec l’écriture. C’est là qu’est arrivée la deuxième grande révolution de l’humanité qui a été l’imprimerie, il y a, en très gros, 500 ans. En très gros. Je suis très fatigué, ne me demandez pas les détails des dates pour de vrai.

L’imprimerie ça a changé quelque chose d’absolument fondamental. C’est que ça a rendu facile d’imprimer, de faire des bouquins. On a pu, à partir de là, publier du livre en masse. On a pu publier du livre en masse et donc on a pu apporter de l’information chez tout le monde. Tout le monde a pu apprendre à lire et avoir des bouquins dans lesquels lire. Donc ça c’est absolument génial aussi mais ça a quand même une limite qui est vachement importante : c’est que ça devient facile d’imprimer à condition d’avoir une presse. Et que avoir une presse ce n’est pas facile. Avoir une presse ça coûte des sous, c’est dur à récupérer, à mettre en place, tout ça. Donc à partir de l’imprimerie on peut apporter la lecture à tout le monde, mais il n’y a que quelques personnes qui possèdent leur presse et qui peuvent se mettre à émettre des données, à écrire des choses, diffuser, diffuser du savoir.

Donc c’est quelque chose qui nous induit une société verticale, qu’on a gardée pendant super longtemps, c’est resté le modèle jusqu’à la télévision où on a quelques personnes, quelques privilégiés, qui peuvent émettre et tous les autres qui ne peuvent que recevoir. Donc ça induit une société qui est extrêmement verticale. Ça c’était le grand problème jusque-là et puis arrive le numérique, Internet en particulier, mais le numérique en général, qui permet à tout le monde d’avoir son smartphone dans sa poche, d’avoir son blog à soi, à partir duquel on peut émettre de l’information. Donc cette troisième grande révolution c’est celle qui permet vraiment à tout le monde de s’exprimer. Avant le numérique, avant Internet la liberté d’expression c’était quelque chose de virtuel qui ne pouvait physiquement concerner que quelques personnes. Là ça devient quelque chose qui concerne l’ensemble de la population.

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Ce que je viens de vous dire,