Différences entre les versions de « Pas de vie privée sans petits sacrifices - Zenzla »

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche
(Page créée avec « Catégorie:Transcriptions '''Titre :''' Pas de vie privée sans petits sacrifices '''Intervenant :''' Zenzla '''Lieu :''' Ubuntu Party - Paris '''Date :''' Novembr... »)
 
Ligne 49 : Ligne 49 :
 
==10’ 31==
 
==10’ 31==
  
Selon une étude, en fait, de l’université de Duke
+
Selon une étude de l’université de Duke, il y a 40 % des actions qu’on effectue tous les jours qui ne sont pas des décisions, en fait. Ce sont des habitudes. Je pense que quand vous sortez de chez vous le matin, vous fermez votre porte à clef, vous partez et vous vous posez la question « est-ce que j’ai fermé la porte ? » Parce que tellement on le fait machinalement qu’on oublie qu’on l’a fait. Les habitudes deviennent des automatismes et les automatismes ça sert à quoi en fait ? C’est que notre cerveau arrête de réfléchir. C’est qu’on fait ça automatiquement et ça permet d’économiser de l’énergie. Comme ça notre cerveau ne va pas énormément utiliser d’énergie, il va faire appel à un automatisme et, de ce fait-là, donc quand vous fermez la porte le matin vous dites : « Est-ce que j’ai vraiment fermé la porte, ou non ? ». Vous l’avez fermée, mais vous ne savez pas quelquefois.
 +
 
 +
Et après c’est vrai que changer ces automatismes-là c’est le plus compliqué. Si vous êtes habitué à Windows, vous avez des automatismes sur Windows. Si vous êtes habitué à avoir votre téléphone, vous l’utilisez uniquement pour les réseaux sociaux, c’est dur à supprimer ces automatismes-là.
 +
 
 +
En fait, le schéma des automatismes, le schéma des habitudes c’est un peu celui-là, que vous pouvez trouver sur un livre, si vous êtes intéressé, de Charles Duhigg, <em>The Power of Habit</em>, <em>La force des habitudes</em>, qui est un livre intéressant sur, justement, les habitudes et comment changer nos habitudes.
 +
 
 +
Donc une habitude, il y a un déclencheur. Il y a un déclencheur qui va lui-même engendrer une routine pour avoir une récompense. Et donc ça, c’est un peu le schéma des habitudes.
 +
 
 +
Je vais prendre, par exemple, quand quelqu’un à côté de vous a la même sonnerie. Déjà dès que votre téléphone sonne, il y a un SMS qui arrive, c’est le déclencheur, et la routine c’est d’aller voir qui vous a envoyé un SMS. La récompense c’est la lecture de ce SMS-là. Donc c’est dur, quand votre téléphone est de l’autre côté de la salle, de ne pas aller. Vous entendez la petite sonnerie du SMS, donc votre cerveau vous dit « il faut aller lire le SMS. » C’est dur de résister, déjà. Vous vous dites « je dois aller voir qui m’a écrit ». Donc c’est exactement ça. La sonnerie du SMS c’est le déclencheur. La routine c’est d’aller chercher son téléphone, ouvrir l’application des SMS, et la récompense c’est la lecture, que ce soit une bonne ou une mauvaise nouvelle. En tout cas c’est la récompense et c’est le but. Et je pense que ça vous est arrivé, à tout le monde : quand il y a un voisin qui a exactement la même sonnerie que vous, vous savez que le téléphone sonne chez le voisin et pourtant, vous ne pouvez pas vous empêcher de sortir votre téléphone et de regarder votre téléphone. Eh bien pourquoi ? Parce que simplement, le déclencheur ça a été la sonnerie et que votre cerveau s’en fout : ça a été un déclencheur, il lui faut sa récompense. C’est pour ça qu’en général, quand il y a quelqu’un à côté de vous qui a la même sonnerie du SMS, vous le voyez qui sort son téléphone, c’est vraiment lui, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de sortir votre téléphone et de regarder. Voilà, c’est Pavlov, c’est un réflexe pavlovien.
 +
 
 +
Et donc changer ses habitudes. Quand je dis qu’il faut faire un effort psychologique, c’est essayer de migrer vers les logiciels libres. C’est un effort qu’on fait qui est, pour moi, intellectuel, on va voir après, un tout petit peu, les efforts intellectuels, mais l’effort psychologique c’est déjà essayer de migrer, utiliser de plus en plus les logiciels libres. Et si possible, d’adhérer à la philosophie et aux valeurs. Parce que pour adhérer à la philosophie des logiciels libres, il ne suffit pas que, uniquement, d’installer un logiciel libre, mais il y a une philosophie de partage derrière, c’est une philosophie de tolérance, une philosophie d’égalité entre toute l’humanité. Donc voilà, il y a aussi une philosophie derrière les logiciels libres.
 +
 
 +
C’est aussi d’accepter le fait, ça aussi c’est un aspect psychologique, c’est accepter le fait qu’un logiciel libre ne soit pas la copie conforme d’un logiciel privateur. Pourquoi ? Parce qu’énormément de personnes disent : « Oui, mais est-ce que ça je vais le retrouver sur Ubuntu ? » Je pense que ça a été aussi l’erreur, à un moment donné, des logiciels libres, de faire exactement ce que font les logiciels privateurs. À un moment donné, je pense que ça a été une petite erreur. Et on voit, de plus en plus aujourd’hui, de logiciels novateurs dans le logiciel libre. J’en discutais tout à l’heure, je prends l’exemple du logiciel R, qui est un logiciel de traitement statistique et de modélisation. En fait aujourd’hui, hélas, c’est vrai que ça fait déjà un moment que je travaille dans le milieu scientifique et au début, les étudiants qui venaient, demandaient toujours Windows avec Excel, parce qu’ils faisaient leurs statistiques sur Excel. Aujourd’hui, quand ils viennent, ils demandent Windows et R. R, c’est un logiciel libre de traitement statistique et donc, de ce fait-là, il y a une évolution, et R ne ressemble pas du tout à Excel, ne ressemble à aucun logiciel qui existe. Et donc ça a été vraiment une innovation. Il ne faut pas vraiement aller chercher quand vous utilisez, quand vous voulez aller vers le logiciel libre, accepter le fait qu’un logiciel libre n’est pas forcément une copie du logiciel privateur. Et aussi il faut quelquefois, c’est un petit sacrifice, c’est de dire que peut-être le logiciel libre ne sera pas aussi bon que le logiciel privateur. La récompense que vous avez derrière, c’est que vous savez que vous utilisez un bon logiciel, même si, peut-être, il lui manque quelques fonctionnalités pour être super.
 +
 
 +
Moi, j’ai fait des interventions dans des collèges et c’est dingue comment les réseaux sociaux font partie de la vie des collégiens, même plus – donc des lycéens je suppose – mais c’est fou que les réseaux sociaux, aujourd’hui, ils ne peuvent pas s’en passer. Parce qu’ils sont, à un moment donné, le mot ne me plaît pas, mais c’est presque esclaves des réseaux sociaux. Parce que s’ils ne sont pas sur les réseaux sociaux, c’est qu’ils n’existent pas. C’est fou à dire, mais pour un collégien s’il n’est pas sur les réseaux sociaux, c’est qu’il n’existe pas, parce que tout le monde est sur les réseaux sociaux. Et c’est dur de dire à un collégien de qui a treize ans, quatorze ans : « Écoute, non, ne va pas sur Facebook », alors que tous ses copains y sont. Donc c’est un peu compliqué. Moi je ne dirai jamais, même à tout le monde, ne va pas sur Facebook. Je ne vais jamais leur dire de quitter les réseaux sociaux, seulement de ne plus être esclave des ces réseaux-là mais d’en être le maître. Ça veut de mettre les informations qu’on veut et ne pas mettre les informations que les autres veulent. Mettre uniquement ce qu’on veut mettre, des photos et dire « attention, je sais ce que je vais mettre sur Facebook, je vais mettre telle photo-là donc je sais quelle donnée je vais donner à Facebook ou aux réseaux sociaux. »
 +
 
 +
Il y a aussi le truc c’est d’avoir la dernière application à la mode ou le dernier téléphone à la mode. C’est aussi psychologique. Justement, je pense qu’il y a beaucoup de sociétés qui jouent dessus. Ils sortent tous les deux ans, chaque année, ils sortent quelque chose de nouveau pour dire : « Regardez ce super téléphone, quand vous appuyez sur le bouton, vous allez vous sentir libre, heureux. » Ils vous sortent toutes les conneries du monde en fait, et c’est vrai qu’on est tenté. C’est la tentation d’avoir quelque chose de nouveau, d’avoir le téléphone dernier cri. Je prends, par exemple, les smartphones, ça fait maintenant plus de deux ans que je n’utilise plus du tout Google Play, donc ça veut dire que je n’ai pas la dernière application à la mode, je n’ai pas Candy Crush, je n’ai pas Zombies Vs Plants, ou une autre application et pourtant je suis toujours vivant, j’arrive à vivre, je respire et ça ne me manque pas. Pourtant, quand j’utilisais mon téléphone, c’est un réflexe, je jouais énormément avec. Aujourd’hui je ne joue plus avec mon téléphone. C’est aussi ça un sacrifice c’est se dire « je veux protéger ma vie privée » donc le compromis c’est de ne plus utiliser Google Play. Après, je vous avoue que c’est un peu extrémiste, mais c’est ce que je fais. Je ne demande à personne de faire comme moi je fais. Mais à chacun de voir quelle est son utilité aujourd’hui des smartphones, comment il peut faire.
 +
 
 +
Là je parle du dernier truc à la mode, mais ça peut-être par exemple : si je choisis un téléphone, moi je dois choisir un téléphone, je ne vais pas choisir le téléphone parce qu’il vient de sortir ou c’est un super téléphone à la mode. Je vais choisir un téléphone à condition que je puisse enlever l’OS par défaut qui est dessus – l’OS ça veut dire le système d’exploitation – et que je puisse mettre Cyanogen. Voilà. Même si je vais acheter un Galaxy S4, un Samsung Galaxy S4, un vieux téléphone, pour moi le plus important c’est que je puisse change ce qu’il y a dans le téléphone par défaut.
 +
 
 +
Il y a aussi savoir demander de l’aide et de sortir un petit peu de sa bulle. C’est aussi un frein psychologique parce que, quelquefois, des personnes hésitent énormément à demander de l’aide ou à demander simplement un petit conseil. Donc ça, je le mets dans tout ce qui est aspect psychologique, parce que c’est une barrière psychologique. Personne ne va vous refouler parce que vous allez lui demander de l’aide. Peut-être qu’il y a une quinzaine d’années on lui disait RTFM, mais ça n’existe plus, maintenant. <em>Read The Fucking Manual</em>, aujourd’hui je ne pense plus que lorsque vous allez demander de l’aide, quelqu’un va vous envoyer balader. Que ce soit au niveau des logiciels libres, surtout au niveau des logiciels libres, je pense que personne va vous envoyer balader parce que vous êtes quelqu’un qui découvre et qui veut apprendre.
 +
 
 +
On reprend un tout petit, en fait, ce que disait l’auteur du livre. On a le schéma, c’est que, pour changer nos habitudes, eh bien il faut garder le déclencheur, si on a la possibilité de garder le déclencheur, et garder la récompense aussi. Et interagir, agir sur la routine. Par exemple, je prends juste pour les fumeurs, l’exemple des fumeurs, quand vous voyez un café, eh bien le fumeur veut allumer sa cigarette. La routine c’est d’allumer une cigarette, la récompense c’est la nicotine. En changeant la routine, c’est d’avoir le déclencheur, eh bien c’est le café il est là, et au lieu de fumer sa cigarette mettre un patch nicotine et la récompense elle est la même, en fait. C’est qu’on garde le déclencheur, on garde la récompense, mais on change la routine. C’est peut-être pareil, aussi, pour passer, par exemple, à un OS libre. Le déclencheur c’est de pouvoir aller sur Internet. La récompense c’est d’avoir des nouvelles des proches si on va sur les réseaux sociaux ou utiliser Office, eh bien la routine ça serait de lui proposer quelque chose : au lieu d’aller sur Windows, c’est d’aller sur Ubuntu.
 +
 
 +
En fait, qu’est-ce qu’on fait ? C’est presque moi, quand j’ai lu ça, je disais c’est presque qu’on va hacker l’habitude : on va intervenir sur l’habitude et essayer de changer la routine.
 +
 
 +
Voilà, au niveau des habitudes je pense que c’est quelque chose qui est très compliqué à changer et que ça induit de se faire violence et de se dire « voilà, moi ce que j’ai envie de changer c’est ça », et de s’en donner les moyens et d’en être convaincu.
 +
 
 +
Après, il y a l’effort intellectuel. Pourquoi je mets ça comme sacrifice pour la vie privée, eh bien parce que l’effort intellectuel demande du temps. Tout le monde n’a pas énormément de temps. Ça veut dire que c’est du temps, au lieu de le passer en famille, vous allez le passer en train de lire un bouquin. Au lieu de le passer avec vos enfants, vous allez le passer à écrire un tuto ou à lire un tuto. Donc voilà ! Donc c’est un sacrifice, quand même, de temps que vous allez faire. Passer du temps pour s’autoformer, pour chercher l’information, suivre des tutos et les comprendre. Ici j’ai oublié « et les comprendre », ce n’est pas suivre uniquement les tutos : c’est « suivre les tutos et essayer de les comprendre ».
 +
 
 +
Et vous avez aussi une veille qui est techno. Une veille technologique parce que ça va vite. Aujourd’hui l’informatique ça va vite, le numérique ça va vite et il faut rester, je ne vais dire à la pointe, mais il faut rester là. Je vais prendre, par exemple, le jour où il y avait TextSecure sur les téléphones et d’un coup Textsecure a décidé de changer la logique pour envoyer des SMS qui sont chiffrés. Il y a eu Silence après, eh bien à ce moment-là, il faut être là. Il faut se dire « moi je vais enlever TextSecure, je vais mettre Silence ». Aujourd’hui TextSecure, c’est Signal en fait.
 +
 
 +
==24’ 41==
 +
 
 +
Se déplacer aussi lors de ces événements-là, ça

Version du 19 décembre 2016 à 15:51


Titre : Pas de vie privée sans petits sacrifices

Intervenant : Zenzla

Lieu : Ubuntu Party - Paris

Date : Novembre 2016

Durée : 52 min 23

Visualiser la conférence

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO


00’

Bonjour à toutes et à tous. Merci d’être présents en nombre à cette conférence-là. La conférence que je vais donner c’est : Pas de vie privée sans petits sacrifices. Je me présente : je suis Zenzla, je suis un animateur des Cafés vie privée depuis un peu plus de trois ans. Les Cafés vie privée ce sont des évènements qu’on organise sur Paris. Il y a plusieurs collectifs. Je fais partie du collectif parisien. Il y a d’autres collectifs partout en France. Et donc on organise des évènements justement pour sensibiliser les gens qui viennent à la protection des données personnelles et à la vie privée. Donc ces évènements-là sont sur Paris. Vous pouvez les trouver sur le site, justement, cafévieprivée.fr. Je suis aussi membre d’un Gull [Groupe d’utilisateurs de logiciels libres, NdT] qui est Root66, qui est un Gull qui se situe dans les Yvelines. N’hésitez pas à venir nous voir.

Donc le pourquoi de cette conférence ? En fait il y a eu deux anecdotes. La première anecdote c’était lors des Journées du logiciel libre à Lyon, en discutant, comme ça, avec des amis, on était un groupe, et je leur disais « pour avoir la main sur sa boîte mail, pour éviter, par exemple si vous êtes sur Gmail, Gmail peut lire vos mails, ça veut dire que Google peut lire vos mails, avec des algorithmes – ce n’est pas une personne physique derrière qui le lit, mais ce sont des algorithmes – pour justement capter des mots-clefs et vous proposer de la publicité. Je leur ai dit justement, pour éviter cela, pour éviter que les algorithmes lisent les mails, il serait bien d’acheter un nom de domaine chez OVH ou Gandi et comme ça avoir sa propre boîte mail. » Cette personne-là a fait un bond en arrière et m’a dit : « Moi, jamais je n’achèterai quelque chose que je peux avoir gratuitement ! »

Il y a aussi une autre anecdote d’un informaticien qui connaissait très bien le logiciel libre, qui pouvait installer facilement Ubuntu ou Mint, mais qui ne voulait pas. Pourquoi ? Parce que, pour lui, il fallait qu’il garde Windows pour jouer. Et c’est vrai qu’il avait vraiment la réticence de passer sur un OS libre, eh bien tout simplement parce qu’il avait des jeux et qu’il adorait jouer.

Justement, avec ces deux cas, on voit bien que d’une part, il faut un effort économique pour pouvoir acheter, par exemple un nom de domaine, c’est un sacrifice quand même économique et le deuxième, c’est un sacrifice d’un loisir qui est le jeu.

Je ne vais pas refaire toute la panoplie de comment on capte vos données, mais seulement on va voir quelques exemples. Je prends l’exemple le plus parlant : si vous allez sur Internet, vous savez que vous n’êtes pas les seuls à savoir où vous allez. Là j’ai pris des exemples : Le Monde et L’Express. Je suis allé sur Le Monde, je suis allé sur L’Express, et avec l’extension de FireFox Lightbeam, donc je ne suis allé que sur deux sites et je me retrouve avec une vingtaine d’entités extérieures qui savent ce que je suis en train de faire. Ce qu’ils savent : ils savent que je suis en train de lire tel article, donc ils connaissent mes intérêts, ce que j’aime, ce que je n’aime pas. Ils peuvent savoir combien de temps je passe à lire un article ou les articles, ou combien de temps je passe sur ces articles-là.

Il y a aussi la cession des données, quelquefois il y a beaucoup de données qu’on donne nous-mêmes. Il faut savoir que les plus grands fournisseurs de données personnelles, c’est nous-mêmes. Vous mettez vos photos sur Facebook, vous mettez votre date de naissance sur Facebook, des évènements, donc voilà ! Mais il faut savoir aussi que vous avez des données que vous envoyez sans le savoir. Par exemple les User-Agents. Les User-Agents c’est quoi ? Ce sont des données qu’envoie votre navigateur au site internet pour essayer de dialoguer, de dire « voilà, moi j’ai ça, essaye de t’adapter à mon navigateur et au système ». Donc on voit bien qu’on peut connaître nos systèmes d’exploitation, on peut connaître l’IP, on peut connaître le navigateur qu’on utilise, on peut connaître la résolution de l’écran, l’architecture. Et avec ces données-là, en fait, on peut deviner, on sait combien il y a d’ordinateurs chez vous, même si vous êtes derrière une box. Mais comme ces données-là sont différentes d’un ordinateur à l’autre, ou d’une tablette à un ordinateur ou un smartphone, ces données-là sont différentes, donc on peut savoir combien il y a d’écrans derrière la box. Cela est très important. Si vous avez trois ordinateurs, déjà, ça donne une information que, peut-être, vous êtes quelqu’un qui a un CSP élevé, ça veut dire une classe socioprofessionnelle A+, par exemple.

Et le plus grand, en fait, collecteur de données, c’est bien notre ami Google, parce que Google c’est le leader incontestable : c’est le moteur de recherche et leader incontestable depuis les années 2000. Donc dans plusieurs pays, que ce soit l’Allemagne, que ce soit en France ou en Angleterre, donc Google, le moteur de recherche Google peut connaître énormément sur vous : peut savoir si vous êtes fort en orthographe ou non, vu qu’il corrige ; peut connaître vos centres d’intérêt, ce que vous cherchez, si vous aimez la mode, si vous aimez le sport, si vous aimez, voilà ! Tous les centres d’intérêt ! Peut savoir dans quelle ville vous habitez non seulement avec l’IP, mais quand vous allez chercher, par exemple, « plombier à Versailles », il sait, il peut dire que « tiens, il cherche un plombier à Versailles, donc il habite Versailles ! »

Et voilà donc le moteur de recherche. Et Google n’est qu’un moteur de recherche. Il faut savoir qu’il y a quinze ans, Google n’était qu’un moteur de recherche, mais aujourd’hui Google ce n’est plus un moteur de recherche, mais c’est énormément d’applications qui gravitent autour. Donc on a parlé des moteurs de recherche, mais il y a aussi Gmail. Il y a aussi Gmail, donc on en parlé tout à l’heure. Gmail, il faut savoir que vos mails sont lus par un algorithme de Google et tout ça pour compléter le profil qu’ils ont, capter des mots clefs et ainsi vous proposer des publicités personnalisées. Donc c’est pour ça qu’il faut se débarrasser le plus rapidement de Gmail.

Il y a aussi, même si vous n’utilisez pas les moteurs de recherche de Google ou si vous n’utilisez pas le mail, eh bien il y a Chrome. Il y a le navigateur Chrome qui envoie des données personnelles et donc qui complète la panoplie de données que peut avoir Google. Il y a beaucoup de personnes qui utilisent Chrome tout simplement parce qu’il est plus rapide. Oui, mais il ne faut pas oublier que Chrome n’est plus rapide de quelques, même pas des millisecondes par rapport à Firefox.

Donc en complément il y a YouTube. YouTube lui, qu’est-ce que fait YouTube ? Il permet de savoir quels sont vos loisirs, quel type de musique vous aimez, quel type de vidéo vous aimez regarder : si vous aimez la politique, si vous aimez les recettes de cuisine, le vous aimez le DIY par exemple, le Do it yourself, et voilà, plein de loisirs que peut renvoyer YouTube sur vous.

Et ces données-là peuvent être complétées, justement, par Google Actualités. Donc on connaît vos loisirs et Google Actualités connaît …

Donc les solutions ? Les solutions, les compromis qu’on doit faire pour protéger sa vie privée et je ne vais pas donner de solutions, une liste de solutions, je pense que lors des Cafés vie privée, si vous venez nous voir, vous allez en avoir. Mais là, la solution, surtout c’est de faire l’effort de sortir de nos habitudes. C’est essayer de faire autrement, essayer de se faire violence. Si on utilise énormément les réseaux sociaux, c’est essayer d’en utiliser un peu moins. Si on est sur Windows, essayer d’utiliser le plus possible des logiciels libres. Et tout ça, ce sont des vrais sacrifices tout simplement parce que ce sont des habitudes qu’on a prises. Et parmi tous ces efforts qu’on va faire, il y a des efforts qui sont psychologiques, parce que, déjà, il faut être convaincu de protéger sa vie privée et ce n’est pas donné tout le monde, en fait. Tout le monde ne veut pas protéger sa vie privée.

J’ai vu des personnes qui me disent : « Moi, je n’en ai rien à foutre ! Moi, que mes données soient chez Google, que mes données soient sur Facebook, je l’ai choisi, je l’assume et je le fais. » Ces personnes-là, oui, vous pouvez leur parler pendant deux heures, trois heures, ça ne sert absolument à rien. Jusqu’à ce que peut-être un jour ellels vont trouver leurs photos sur Internet en libre accès, peut-être que ce jour-là elles vont se poser des questions. Mais déjà, pour protéger sa vie privée il faut absolument être convaincu. Il faut se dire « oui, moi j’ai envie de protéger ma vie privée ». Et cela va nous motiver à aller plus loin, va nous motiver d’une part, pour changer nos habitudes, parce que les habitudes c’est la chose la plus difficile à changer. Les habitudes qu’on a depuis tout le temps : on s’est habitué à utiliser son PC avec Windows, eh bien c’est compliqué, après, de passer à autre chose.

Et de ce fait-là, justement, le contrat qu’a passé l’Éducation nationale avec Microsoft est très dangereux parce que dès le jeune âge on habitue, on enferme les enfants sur l’utilisation d’un logiciel qui est privateur, qui est Windows. Et ce contrat-là est très dangereux justement parce que Microsoft y gagne. Et je pense que Microsoft est davantage heureux d’avoir eu le contrat avec l’Éducation nationale que son contrat avec la Défense, le ministère de la Défense, parce que, avec l’Éducation nationale, il a des futurs clients assurés.

10’ 31

Selon une étude de l’université de Duke, il y a 40 % des actions qu’on effectue tous les jours qui ne sont pas des décisions, en fait. Ce sont des habitudes. Je pense que quand vous sortez de chez vous le matin, vous fermez votre porte à clef, vous partez et vous vous posez la question « est-ce que j’ai fermé la porte ? » Parce que tellement on le fait machinalement qu’on oublie qu’on l’a fait. Les habitudes deviennent des automatismes et les automatismes ça sert à quoi en fait ? C’est que notre cerveau arrête de réfléchir. C’est qu’on fait ça automatiquement et ça permet d’économiser de l’énergie. Comme ça notre cerveau ne va pas énormément utiliser d’énergie, il va faire appel à un automatisme et, de ce fait-là, donc quand vous fermez la porte le matin vous dites : « Est-ce que j’ai vraiment fermé la porte, ou non ? ». Vous l’avez fermée, mais vous ne savez pas quelquefois.

Et après c’est vrai que changer ces automatismes-là c’est le plus compliqué. Si vous êtes habitué à Windows, vous avez des automatismes sur Windows. Si vous êtes habitué à avoir votre téléphone, vous l’utilisez uniquement pour les réseaux sociaux, c’est dur à supprimer ces automatismes-là.

En fait, le schéma des automatismes, le schéma des habitudes c’est un peu celui-là, que vous pouvez trouver sur un livre, si vous êtes intéressé, de Charles Duhigg, The Power of Habit, La force des habitudes, qui est un livre intéressant sur, justement, les habitudes et comment changer nos habitudes.

Donc une habitude, il y a un déclencheur. Il y a un déclencheur qui va lui-même engendrer une routine pour avoir une récompense. Et donc ça, c’est un peu le schéma des habitudes.

Je vais prendre, par exemple, quand quelqu’un à côté de vous a la même sonnerie. Déjà dès que votre téléphone sonne, il y a un SMS qui arrive, c’est le déclencheur, et la routine c’est d’aller voir qui vous a envoyé un SMS. La récompense c’est la lecture de ce SMS-là. Donc c’est dur, quand votre téléphone est de l’autre côté de la salle, de ne pas aller. Vous entendez la petite sonnerie du SMS, donc votre cerveau vous dit « il faut aller lire le SMS. » C’est dur de résister, déjà. Vous vous dites « je dois aller voir qui m’a écrit ». Donc c’est exactement ça. La sonnerie du SMS c’est le déclencheur. La routine c’est d’aller chercher son téléphone, ouvrir l’application des SMS, et la récompense c’est la lecture, que ce soit une bonne ou une mauvaise nouvelle. En tout cas c’est la récompense et c’est le but. Et je pense que ça vous est arrivé, à tout le monde : quand il y a un voisin qui a exactement la même sonnerie que vous, vous savez que le téléphone sonne chez le voisin et pourtant, vous ne pouvez pas vous empêcher de sortir votre téléphone et de regarder votre téléphone. Eh bien pourquoi ? Parce que simplement, le déclencheur ça a été la sonnerie et que votre cerveau s’en fout : ça a été un déclencheur, il lui faut sa récompense. C’est pour ça qu’en général, quand il y a quelqu’un à côté de vous qui a la même sonnerie du SMS, vous le voyez qui sort son téléphone, c’est vraiment lui, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de sortir votre téléphone et de regarder. Voilà, c’est Pavlov, c’est un réflexe pavlovien.

Et donc changer ses habitudes. Quand je dis qu’il faut faire un effort psychologique, c’est essayer de migrer vers les logiciels libres. C’est un effort qu’on fait qui est, pour moi, intellectuel, on va voir après, un tout petit peu, les efforts intellectuels, mais l’effort psychologique c’est déjà essayer de migrer, utiliser de plus en plus les logiciels libres. Et si possible, d’adhérer à la philosophie et aux valeurs. Parce que pour adhérer à la philosophie des logiciels libres, il ne suffit pas que, uniquement, d’installer un logiciel libre, mais il y a une philosophie de partage derrière, c’est une philosophie de tolérance, une philosophie d’égalité entre toute l’humanité. Donc voilà, il y a aussi une philosophie derrière les logiciels libres.

C’est aussi d’accepter le fait, ça aussi c’est un aspect psychologique, c’est accepter le fait qu’un logiciel libre ne soit pas la copie conforme d’un logiciel privateur. Pourquoi ? Parce qu’énormément de personnes disent : « Oui, mais est-ce que ça je vais le retrouver sur Ubuntu ? » Je pense que ça a été aussi l’erreur, à un moment donné, des logiciels libres, de faire exactement ce que font les logiciels privateurs. À un moment donné, je pense que ça a été une petite erreur. Et on voit, de plus en plus aujourd’hui, de logiciels novateurs dans le logiciel libre. J’en discutais tout à l’heure, je prends l’exemple du logiciel R, qui est un logiciel de traitement statistique et de modélisation. En fait aujourd’hui, hélas, c’est vrai que ça fait déjà un moment que je travaille dans le milieu scientifique et au début, les étudiants qui venaient, demandaient toujours Windows avec Excel, parce qu’ils faisaient leurs statistiques sur Excel. Aujourd’hui, quand ils viennent, ils demandent Windows et R. R, c’est un logiciel libre de traitement statistique et donc, de ce fait-là, il y a une évolution, et R ne ressemble pas du tout à Excel, ne ressemble à aucun logiciel qui existe. Et donc ça a été vraiment une innovation. Il ne faut pas vraiement aller chercher quand vous utilisez, quand vous voulez aller vers le logiciel libre, accepter le fait qu’un logiciel libre n’est pas forcément une copie du logiciel privateur. Et aussi il faut quelquefois, c’est un petit sacrifice, c’est de dire que peut-être le logiciel libre ne sera pas aussi bon que le logiciel privateur. La récompense que vous avez derrière, c’est que vous savez que vous utilisez un bon logiciel, même si, peut-être, il lui manque quelques fonctionnalités pour être super.

Moi, j’ai fait des interventions dans des collèges et c’est dingue comment les réseaux sociaux font partie de la vie des collégiens, même plus – donc des lycéens je suppose – mais c’est fou que les réseaux sociaux, aujourd’hui, ils ne peuvent pas s’en passer. Parce qu’ils sont, à un moment donné, le mot ne me plaît pas, mais c’est presque esclaves des réseaux sociaux. Parce que s’ils ne sont pas sur les réseaux sociaux, c’est qu’ils n’existent pas. C’est fou à dire, mais pour un collégien s’il n’est pas sur les réseaux sociaux, c’est qu’il n’existe pas, parce que tout le monde est sur les réseaux sociaux. Et c’est dur de dire à un collégien de qui a treize ans, quatorze ans : « Écoute, non, ne va pas sur Facebook », alors que tous ses copains y sont. Donc c’est un peu compliqué. Moi je ne dirai jamais, même à tout le monde, ne va pas sur Facebook. Je ne vais jamais leur dire de quitter les réseaux sociaux, seulement de ne plus être esclave des ces réseaux-là mais d’en être le maître. Ça veut de mettre les informations qu’on veut et ne pas mettre les informations que les autres veulent. Mettre uniquement ce qu’on veut mettre, des photos et dire « attention, je sais ce que je vais mettre sur Facebook, je vais mettre telle photo-là donc je sais quelle donnée je vais donner à Facebook ou aux réseaux sociaux. »

Il y a aussi le truc c’est d’avoir la dernière application à la mode ou le dernier téléphone à la mode. C’est aussi psychologique. Justement, je pense qu’il y a beaucoup de sociétés qui jouent dessus. Ils sortent tous les deux ans, chaque année, ils sortent quelque chose de nouveau pour dire : « Regardez ce super téléphone, quand vous appuyez sur le bouton, vous allez vous sentir libre, heureux. » Ils vous sortent toutes les conneries du monde en fait, et c’est vrai qu’on est tenté. C’est la tentation d’avoir quelque chose de nouveau, d’avoir le téléphone dernier cri. Je prends, par exemple, les smartphones, ça fait maintenant plus de deux ans que je n’utilise plus du tout Google Play, donc ça veut dire que je n’ai pas la dernière application à la mode, je n’ai pas Candy Crush, je n’ai pas Zombies Vs Plants, ou une autre application et pourtant je suis toujours vivant, j’arrive à vivre, je respire et ça ne me manque pas. Pourtant, quand j’utilisais mon téléphone, c’est un réflexe, je jouais énormément avec. Aujourd’hui je ne joue plus avec mon téléphone. C’est aussi ça un sacrifice c’est se dire « je veux protéger ma vie privée » donc le compromis c’est de ne plus utiliser Google Play. Après, je vous avoue que c’est un peu extrémiste, mais c’est ce que je fais. Je ne demande à personne de faire comme moi je fais. Mais à chacun de voir quelle est son utilité aujourd’hui des smartphones, comment il peut faire.

Là je parle du dernier truc à la mode, mais ça peut-être par exemple : si je choisis un téléphone, moi je dois choisir un téléphone, je ne vais pas choisir le téléphone parce qu’il vient de sortir ou c’est un super téléphone à la mode. Je vais choisir un téléphone à condition que je puisse enlever l’OS par défaut qui est dessus – l’OS ça veut dire le système d’exploitation – et que je puisse mettre Cyanogen. Voilà. Même si je vais acheter un Galaxy S4, un Samsung Galaxy S4, un vieux téléphone, pour moi le plus important c’est que je puisse change ce qu’il y a dans le téléphone par défaut.

Il y a aussi savoir demander de l’aide et de sortir un petit peu de sa bulle. C’est aussi un frein psychologique parce que, quelquefois, des personnes hésitent énormément à demander de l’aide ou à demander simplement un petit conseil. Donc ça, je le mets dans tout ce qui est aspect psychologique, parce que c’est une barrière psychologique. Personne ne va vous refouler parce que vous allez lui demander de l’aide. Peut-être qu’il y a une quinzaine d’années on lui disait RTFM, mais ça n’existe plus, maintenant. Read The Fucking Manual, aujourd’hui je ne pense plus que lorsque vous allez demander de l’aide, quelqu’un va vous envoyer balader. Que ce soit au niveau des logiciels libres, surtout au niveau des logiciels libres, je pense que personne va vous envoyer balader parce que vous êtes quelqu’un qui découvre et qui veut apprendre.

On reprend un tout petit, en fait, ce que disait l’auteur du livre. On a le schéma, c’est que, pour changer nos habitudes, eh bien il faut garder le déclencheur, si on a la possibilité de garder le déclencheur, et garder la récompense aussi. Et interagir, agir sur la routine. Par exemple, je prends juste pour les fumeurs, l’exemple des fumeurs, quand vous voyez un café, eh bien le fumeur veut allumer sa cigarette. La routine c’est d’allumer une cigarette, la récompense c’est la nicotine. En changeant la routine, c’est d’avoir le déclencheur, eh bien c’est le café il est là, et au lieu de fumer sa cigarette mettre un patch nicotine et la récompense elle est la même, en fait. C’est qu’on garde le déclencheur, on garde la récompense, mais on change la routine. C’est peut-être pareil, aussi, pour passer, par exemple, à un OS libre. Le déclencheur c’est de pouvoir aller sur Internet. La récompense c’est d’avoir des nouvelles des proches si on va sur les réseaux sociaux ou utiliser Office, eh bien la routine ça serait de lui proposer quelque chose : au lieu d’aller sur Windows, c’est d’aller sur Ubuntu.

En fait, qu’est-ce qu’on fait ? C’est presque moi, quand j’ai lu ça, je disais c’est presque qu’on va hacker l’habitude : on va intervenir sur l’habitude et essayer de changer la routine.

Voilà, au niveau des habitudes je pense que c’est quelque chose qui est très compliqué à changer et que ça induit de se faire violence et de se dire « voilà, moi ce que j’ai envie de changer c’est ça », et de s’en donner les moyens et d’en être convaincu.

Après, il y a l’effort intellectuel. Pourquoi je mets ça comme sacrifice pour la vie privée, eh bien parce que l’effort intellectuel demande du temps. Tout le monde n’a pas énormément de temps. Ça veut dire que c’est du temps, au lieu de le passer en famille, vous allez le passer en train de lire un bouquin. Au lieu de le passer avec vos enfants, vous allez le passer à écrire un tuto ou à lire un tuto. Donc voilà ! Donc c’est un sacrifice, quand même, de temps que vous allez faire. Passer du temps pour s’autoformer, pour chercher l’information, suivre des tutos et les comprendre. Ici j’ai oublié « et les comprendre », ce n’est pas suivre uniquement les tutos : c’est « suivre les tutos et essayer de les comprendre ».

Et vous avez aussi une veille qui est techno. Une veille technologique parce que ça va vite. Aujourd’hui l’informatique ça va vite, le numérique ça va vite et il faut rester, je ne vais dire à la pointe, mais il faut rester là. Je vais prendre, par exemple, le jour où il y avait TextSecure sur les téléphones et d’un coup Textsecure a décidé de changer la logique pour envoyer des SMS qui sont chiffrés. Il y a eu Silence après, eh bien à ce moment-là, il faut être là. Il faut se dire « moi je vais enlever TextSecure, je vais mettre Silence ». Aujourd’hui TextSecure, c’est Signal en fait.

24’ 41

Se déplacer aussi lors de ces événements-là, ça