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<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Juste pour dire qui on est, d’où on parle. La conférence qui n’est pas une conférence qui est plus une expression d’angoisse, va être plutôt complémentaire avec celle d’Alexandre Monin qui était beaucoup plus scientifique, on va essayer d’être plus politiques, on va dire ça comme ça.<br/>
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Je m’appelle Pierre-Yves Gosset, je suis directeur d’une association qui s’appelle Framasoft qui est une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et juste pour préciser, j’ai un profil plutôt économiste de formation. J’essaierai de faire le lien avec les problèmes économiques et sociaux.
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<b>Gee : </b>Bonjour. Vous me connaissez peut-être sous le pseudonyme de Gee. Je suis auteur et dessinateur de BD, vous avez peut-être vu un truc qui s’appelle Grise Bouille et quelques BD qui sont publiées sur le Framablog de temps en temps. Sinon, en dehors des heures de loisir, je suis développeur informatique du côté de Sophia-Antipolis. Je ne vous parlerai absolument pas de technique. Pour commencer… Oui.
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<b>Public : </b>Inaudible.
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<b>Gee : </b>Je peux parler peut-être parler plus loin, je ne sais pas. Comme ça c’est bon ?
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===Effondrement ?===
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<b>Gee : </b>On va commencer par une question : qui, ici, pense savoir de quoi on parle quand on parle d’effondrement ? Évidemment vous avez tous vu la conférence d’avant donc ça plante mon intro ! J’ai une façon de définir l’effondrement à laquelle tout le monde ne va pas forcément adhérer, c’est de dire qu’il y a deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La bonne nouvelle c’est que le capitalisme ne va pas tarder à crever. Vous pouvez ne pas être d’accord sur le fait que ce soit une bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle c’est qu’il y a quand même des chances qu’on crève avec lui. C’est un sujet qui me travaille un peu et, comme je suis d’un naturel généreux, je suis venu partager mon angoisse avec vous.<br/>
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Ce que vous allez voir ce sont des petits dessins que vous pouvez retrouver sur mon blog, ce sont les miens.<br/>
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On va faire un petit résumé, vous en avez déjà entendu un petit peu parler dans la conférence d’avant. On fait face, en gros, à plusieurs crises systémiques.
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<li>La première c’est le déréglemente climatique. Le déréglement climatique, quand on a quelques degrés de plus ça fout la merde dans les cultures. Par exemple je suis allé à La Réunion, ils disaient que la culture de la vanille a été décalée de trois mois parce qu’il y a eu un changement de 0,5 degrés, je crois, quelque chose comme ça, par rapport aux températures normales. Si on est à deux trois degrés, au bout d’un moment on ne peut plus trop décaler dans l’année. Qu’est-ce qu’on fait pousser quand il y a trois degrés de plus ? On ne sait pas et, d’un autre côté, probablement que dans d’autres pays ce sera plus grave que chez nous. C’est un peu toujours les mêmes qui prennent. En gros en Afrique où c’est déjà quand même relativement aride, ça risque de devenir invivable.<br/>
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On attend, je ne sais plus combien de millions de réfugiés climatiques dans les prochaines décennies. Comment on fait pour se nourrir, simplement, un besoin comme ça qui va devenir peut-être pas simple pour tout le monde.</li>
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<li>Ensuite on a l’épuisement des énergies fossiles, pétrole en premier mais pas seulement tout le reste, le charbon c’est déjà bien engagé. Charbon et également uranium.<br/>
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Vous avez le truc qui revient assez souvent c’est « ce n’est pas grave, on trouvera autre chose ». Et ça c’est un truc qui revient assez souvent, on y reviendra plus tard, c’est un mécanisme de déni, en fait. C’est de se dire que ce n’est pas grave parce qu’il y a les énergies renouvelables qui sont là et, en plus, comme on est très malins, l’humanité s’en est toujours sortie, on trouvera sans doute quelque chose qu’on ne connaît encore maintenant.<br/>
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Vous pouvez aussi mâtiner ça un peu de théorie du complot, on a déjà inventé un truc qui n’est pas polluant, un moteur à eau, je ne sais pas quoi. C’est juste que pour le moment c’est bloqué par les lobbies du pétrole mais quand le pétrole sera fini on sera tranquilles. Vous pouvez y croire. Moi j’appelle ça du scientisme, c’est une religion autour de la science qui va nous sauver et qui, en plus, n’a pas beaucoup de bases. Il y a des recherches autour des moteurs à eau, je ne dis pas qu’on est à zéro, mais pour le moment on est quand même loin de pouvoir remplacer quoi que ce soit avec. Donc c’est plutôt une religion. Pour le moment on n’a rien pour le pétrole et le pétrole ce ne sont pas juste les voitures, c’est aussi tout le transport de fret, sans parler aussi de ce qu’on utilise pour faire du plastique, ce genre de choses, mais on ne va pas y passer des plombes !</li>
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<li>On a l’épuisement des matières premières, parce que les énergies c’est une chose, je parlais du plastique, le pétrole n’est pas utilisé que quand comme une énergie. Vous avez des gens qui vont nous dire « on fait du renouvelable, d’accord, mais quand vous faites de l’énergie par exemple pour les voitures électriques, eh bien vous avez aussi besoin d’une certaine quantité de matières premières pour les batteries qui ne sont pas renouvelables et ne sont absolument pas recyclables en plus.<br/>
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Par exemple, c’est un truc dont je n’ai plus la source, mais en gros le carnet de commande de Tesla, eh bien ça épuise ce qu’on est capable d’extraire en lithium à l’année, le carnet actuel, c’est-à-dire qu’on s’attend quand même à ce que les commandes de voitures électriques évoluent dans le sens positif dans les prochaines années.<br/>
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Est-ce que ça va passer à l’échelle ?<br/>
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Comme on voulait parler un peu de numérique je fais le lien avec ça, mais c’est pareil avec tout ce qui est dans nos circuits, le silicium et compagnie. Et pour ce qui est du recyclage des circuits électroniques, on est quasi nuls. Réussir à extraire le silicium que vous avez dans une micropuce, c’est pareil ça va coûter une énergie folle. On reviendra après à la rétroaction.</li>
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<li>Des trucs sympas aussi comme l’extinction massive des espèces, vous en déjà entendu parler : 80 % d’insectes en moins en 10 ans, 60 % des vertébrés en moins en 40 ans. Ça c’est Einstein. Il n’a jamais dit que quand les abeilles disparaîtraient on en aurait pour quatre ans à vivre, c’est une citation apocryphe.<br/>
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Je fais de la pub pour mon blog, n’hésitez pas à aller dessus, il est vachement bien !<br/>
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Il ne faut pas être ingénu pour voir que c’est la merde intégrale, c’est une blague fabuleuse.<br/>
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<li>Et enfin, je crois que c’est la dernière, <em>Last but nos least</em>, la crise financière, on a un petit peu d’expérience, on a quand même déjà eu deux, trois. Le principe c’est qu’on base l’économie sur la dette, les intérêts seront remboursés par la dette suivante et tant qu’il y a de la croissance ça fonctionne. Quand il n’y a plus de croissance, eh bien voilà ! Vous pouvez essayer d’imaginer.<br/>
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Dans un monde aux ressources finies, quand il n’y aura plus de croissance – on peut imaginer qu’il y aura de la croissance pour toujours, c’est probablement une vision qui est défendue par pas mal d’économistes mais moi je ne trouve pas ça hyper-futé.<br/>
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On pourrait aussi parler de la crise de 2008, est-ce qu’on a corrigé le tir ? Non, plutôt pas, on a même plutôt aggravé les choses, parce que maintenant il y a des lois qui sont passées, ce qui fait que pour renflouer les banques on pourra même aller piocher dans vos comptes d’épargne, c’est plutôt sympa !<br/>
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??? et Baisé sont sur bateau, ??? tombe à l’eau et les baisés c’est nous !</li>
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Toutes ces crises séparément sont suffisantes pour faire effondrer une civilisation, on va dire que la civilisation c’est la civilisation industrielle occidentale, en gros l’Europe, les États-Unis et puis, en fait, on a un peu emmené tout le monde là-dedans. Pour les crises on a des exemples d’effondrements de civilisations comme la civilisation Maya. Il y a plusieurs théories sur pourquoi ça c’est effondré. On pense plutôt à un effondrement écologique pour le coup. Les effondrements type financier, vous avez l’URSS dans les années les plus récentes.
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On peut être toujours optimiste. On peut se dire David est vainqueur face à Goliath. OK, on est quand même l’humanité, on s’est sorti de trucs pires que ça. On va se remonter la chemise et ça va bien se passer !<br/>
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Le problème c’est que là on a cinq Goliath et qu’ils nous arrivent tous dans la tronche en même temps, donc on peut encore être optimistes si vous voulez, mais moi j’aurais plutôt tendance à me dire qu’il faut se préparer à ce qui se passera si on n’arrive pas à battre ces cinq Goliath.<br/>
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Je vais passer la parole à pyg maintenant.
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<b>Pierre-Yves Gosset : </b>On s’est vachement calés pour la conférence, on vient de finir, il était 12 heures 30 après un petit rhum arrangé qui était parfait. Non ce n’est pas fini c’est encore à toi.
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<b>Gee : </b>Improvisation totale. C’était juste pour renchérir, encore une fois, sur le déni total. On nous annonce depuis énormément d’années que ça va aller moins bien, le pic pétrolier c’est un truc dont on parle depuis, je ne sais pas 50 ans, 30 ans peut-être. Le fait qu’il ne passe rien, on se dit qu’il ne se passera rien après. C’est une façon de voir les choses. C’est un peu comme si vous êtes en train de tomber, pour le moment je n’ai pas mal donc ça va. C’est la citation du film <em>La Haine</em> : quelqu’un qui est en train de tomber et qui se dit « pour le moment tout va bien », sauf que l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage !<br/>
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Et là je pense que c’est vraiment à toi.
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===Crises, système et boucles de rétroaction===
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<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Je vais revenir sur différentes choses.

Version du 20 octobre 2020 à 14:11


Titre : Numérique et Effrondrement

Intervenants : Gee - pyg

Lieu : 22èmes Journées du Logiciel Libre, Lyon

Date : avril 2019

Durée : 1 h 45 min

Écouter l'enregistrement et visualiser le diaporama

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcrit : MO

Description

La bonne nouvelle, c'est que le capitalisme ne va pas tarder à crever ; la mauvaise, c'est qu'on risque fort de crever avec lui.
Est-il encore temps de faire du Libre sans vision politique et écologique ?

Transcription

Pierre-Yves Gosset : Juste pour dire qui on est, d’où on parle. La conférence qui n’est pas une conférence qui est plus une expression d’angoisse, va être plutôt complémentaire avec celle d’Alexandre Monin qui était beaucoup plus scientifique, on va essayer d’être plus politiques, on va dire ça comme ça.
Je m’appelle Pierre-Yves Gosset, je suis directeur d’une association qui s’appelle Framasoft qui est une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et juste pour préciser, j’ai un profil plutôt économiste de formation. J’essaierai de faire le lien avec les problèmes économiques et sociaux.

Gee : Bonjour. Vous me connaissez peut-être sous le pseudonyme de Gee. Je suis auteur et dessinateur de BD, vous avez peut-être vu un truc qui s’appelle Grise Bouille et quelques BD qui sont publiées sur le Framablog de temps en temps. Sinon, en dehors des heures de loisir, je suis développeur informatique du côté de Sophia-Antipolis. Je ne vous parlerai absolument pas de technique. Pour commencer… Oui.

Public : Inaudible.

Gee : Je peux parler peut-être parler plus loin, je ne sais pas. Comme ça c’est bon ?

Effondrement ?

Gee : On va commencer par une question : qui, ici, pense savoir de quoi on parle quand on parle d’effondrement ? Évidemment vous avez tous vu la conférence d’avant donc ça plante mon intro ! J’ai une façon de définir l’effondrement à laquelle tout le monde ne va pas forcément adhérer, c’est de dire qu’il y a deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La bonne nouvelle c’est que le capitalisme ne va pas tarder à crever. Vous pouvez ne pas être d’accord sur le fait que ce soit une bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle c’est qu’il y a quand même des chances qu’on crève avec lui. C’est un sujet qui me travaille un peu et, comme je suis d’un naturel généreux, je suis venu partager mon angoisse avec vous.
Ce que vous allez voir ce sont des petits dessins que vous pouvez retrouver sur mon blog, ce sont les miens.
On va faire un petit résumé, vous en avez déjà entendu un petit peu parler dans la conférence d’avant. On fait face, en gros, à plusieurs crises systémiques.

  • La première c’est le déréglemente climatique. Le déréglement climatique, quand on a quelques degrés de plus ça fout la merde dans les cultures. Par exemple je suis allé à La Réunion, ils disaient que la culture de la vanille a été décalée de trois mois parce qu’il y a eu un changement de 0,5 degrés, je crois, quelque chose comme ça, par rapport aux températures normales. Si on est à deux trois degrés, au bout d’un moment on ne peut plus trop décaler dans l’année. Qu’est-ce qu’on fait pousser quand il y a trois degrés de plus ? On ne sait pas et, d’un autre côté, probablement que dans d’autres pays ce sera plus grave que chez nous. C’est un peu toujours les mêmes qui prennent. En gros en Afrique où c’est déjà quand même relativement aride, ça risque de devenir invivable.
    On attend, je ne sais plus combien de millions de réfugiés climatiques dans les prochaines décennies. Comment on fait pour se nourrir, simplement, un besoin comme ça qui va devenir peut-être pas simple pour tout le monde.
  • Ensuite on a l’épuisement des énergies fossiles, pétrole en premier mais pas seulement tout le reste, le charbon c’est déjà bien engagé. Charbon et également uranium.
    Vous avez le truc qui revient assez souvent c’est « ce n’est pas grave, on trouvera autre chose ». Et ça c’est un truc qui revient assez souvent, on y reviendra plus tard, c’est un mécanisme de déni, en fait. C’est de se dire que ce n’est pas grave parce qu’il y a les énergies renouvelables qui sont là et, en plus, comme on est très malins, l’humanité s’en est toujours sortie, on trouvera sans doute quelque chose qu’on ne connaît encore maintenant.
    Vous pouvez aussi mâtiner ça un peu de théorie du complot, on a déjà inventé un truc qui n’est pas polluant, un moteur à eau, je ne sais pas quoi. C’est juste que pour le moment c’est bloqué par les lobbies du pétrole mais quand le pétrole sera fini on sera tranquilles. Vous pouvez y croire. Moi j’appelle ça du scientisme, c’est une religion autour de la science qui va nous sauver et qui, en plus, n’a pas beaucoup de bases. Il y a des recherches autour des moteurs à eau, je ne dis pas qu’on est à zéro, mais pour le moment on est quand même loin de pouvoir remplacer quoi que ce soit avec. Donc c’est plutôt une religion. Pour le moment on n’a rien pour le pétrole et le pétrole ce ne sont pas juste les voitures, c’est aussi tout le transport de fret, sans parler aussi de ce qu’on utilise pour faire du plastique, ce genre de choses, mais on ne va pas y passer des plombes !
  • On a l’épuisement des matières premières, parce que les énergies c’est une chose, je parlais du plastique, le pétrole n’est pas utilisé que quand comme une énergie. Vous avez des gens qui vont nous dire « on fait du renouvelable, d’accord, mais quand vous faites de l’énergie par exemple pour les voitures électriques, eh bien vous avez aussi besoin d’une certaine quantité de matières premières pour les batteries qui ne sont pas renouvelables et ne sont absolument pas recyclables en plus.
    Par exemple, c’est un truc dont je n’ai plus la source, mais en gros le carnet de commande de Tesla, eh bien ça épuise ce qu’on est capable d’extraire en lithium à l’année, le carnet actuel, c’est-à-dire qu’on s’attend quand même à ce que les commandes de voitures électriques évoluent dans le sens positif dans les prochaines années.
    Est-ce que ça va passer à l’échelle ?
    Comme on voulait parler un peu de numérique je fais le lien avec ça, mais c’est pareil avec tout ce qui est dans nos circuits, le silicium et compagnie. Et pour ce qui est du recyclage des circuits électroniques, on est quasi nuls. Réussir à extraire le silicium que vous avez dans une micropuce, c’est pareil ça va coûter une énergie folle. On reviendra après à la rétroaction.
  • Des trucs sympas aussi comme l’extinction massive des espèces, vous en déjà entendu parler : 80 % d’insectes en moins en 10 ans, 60 % des vertébrés en moins en 40 ans. Ça c’est Einstein. Il n’a jamais dit que quand les abeilles disparaîtraient on en aurait pour quatre ans à vivre, c’est une citation apocryphe.
    Je fais de la pub pour mon blog, n’hésitez pas à aller dessus, il est vachement bien !
    Il ne faut pas être ingénu pour voir que c’est la merde intégrale, c’est une blague fabuleuse.
  • Et enfin, je crois que c’est la dernière, Last but nos least, la crise financière, on a un petit peu d’expérience, on a quand même déjà eu deux, trois. Le principe c’est qu’on base l’économie sur la dette, les intérêts seront remboursés par la dette suivante et tant qu’il y a de la croissance ça fonctionne. Quand il n’y a plus de croissance, eh bien voilà ! Vous pouvez essayer d’imaginer.
    Dans un monde aux ressources finies, quand il n’y aura plus de croissance – on peut imaginer qu’il y aura de la croissance pour toujours, c’est probablement une vision qui est défendue par pas mal d’économistes mais moi je ne trouve pas ça hyper-futé.
    On pourrait aussi parler de la crise de 2008, est-ce qu’on a corrigé le tir ? Non, plutôt pas, on a même plutôt aggravé les choses, parce que maintenant il y a des lois qui sont passées, ce qui fait que pour renflouer les banques on pourra même aller piocher dans vos comptes d’épargne, c’est plutôt sympa !
    ??? et Baisé sont sur bateau, ??? tombe à l’eau et les baisés c’est nous !

Toutes ces crises séparément sont suffisantes pour faire effondrer une civilisation, on va dire que la civilisation c’est la civilisation industrielle occidentale, en gros l’Europe, les États-Unis et puis, en fait, on a un peu emmené tout le monde là-dedans. Pour les crises on a des exemples d’effondrements de civilisations comme la civilisation Maya. Il y a plusieurs théories sur pourquoi ça c’est effondré. On pense plutôt à un effondrement écologique pour le coup. Les effondrements type financier, vous avez l’URSS dans les années les plus récentes.

On peut être toujours optimiste. On peut se dire David est vainqueur face à Goliath. OK, on est quand même l’humanité, on s’est sorti de trucs pires que ça. On va se remonter la chemise et ça va bien se passer !
Le problème c’est que là on a cinq Goliath et qu’ils nous arrivent tous dans la tronche en même temps, donc on peut encore être optimistes si vous voulez, mais moi j’aurais plutôt tendance à me dire qu’il faut se préparer à ce qui se passera si on n’arrive pas à battre ces cinq Goliath.
Je vais passer la parole à pyg maintenant.

Pierre-Yves Gosset : On s’est vachement calés pour la conférence, on vient de finir, il était 12 heures 30 après un petit rhum arrangé qui était parfait. Non ce n’est pas fini c’est encore à toi.

Gee : Improvisation totale. C’était juste pour renchérir, encore une fois, sur le déni total. On nous annonce depuis énormément d’années que ça va aller moins bien, le pic pétrolier c’est un truc dont on parle depuis, je ne sais pas 50 ans, 30 ans peut-être. Le fait qu’il ne passe rien, on se dit qu’il ne se passera rien après. C’est une façon de voir les choses. C’est un peu comme si vous êtes en train de tomber, pour le moment je n’ai pas mal donc ça va. C’est la citation du film La Haine : quelqu’un qui est en train de tomber et qui se dit « pour le moment tout va bien », sauf que l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage !
Et là je pense que c’est vraiment à toi.

10’30

Crises, système et boucles de rétroaction

Pierre-Yves Gosset : Je vais revenir sur différentes choses.