Différences entre les versions de « Numérique Libre à l'ère du Cloud : se résigner à vivre dans écosystème Google - Tristan Nitot »

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche
Ligne 114 : Ligne 114 :
  
 
La surveillance de masse est toxique pour la démocratie
 
La surveillance de masse est toxique pour la démocratie
 +
 +
Donc je vous disais la surveillance de masse est toxique pour la démocratie. Mais encore ? Tout simplement parce que quand on se sait surveillé, on a tendance à s’autocensurer. Ça peut paraître abstrait comme ça. Je peux aller du trivial au plus compliqué.
 +
 +
On va commencer par le trivial. Moi j’ai une confession à vous faire, je chante sous la douche. Très mal ! Mais très, très mal ! Quand je chante sous la douche et que j’entends la porte de l’appartement qui claque et que ma femme dit : « J’ai rapporté les courses ! », ça me coupe le sifflet, mais net quoi ! Pourtant ce n’est pas illégal de chanter. Mais je sais que je chante mal et donc, je ne peux pas chanter si quelqu’un m’écoute. C’est comme ça. Ça c’est de l’autocensure, tout bêtement !
 +
 +
Moi je ne vous parle pas de mon individu qui n’a pas beaucoup d’intérêt, mais c’est juste qu’il se passe la même chose à l’échelle du globe. Et là, on va voir d’une autre manière. C’est une étude menée sur l’audience de Wikipédia américaine sur des termes qui sont liés au terrorisme. Donc ça va être la page « terrorisme », ça va être la page « djihad », ça va être la page « explosif improvisé », « salafisme », vous voyez, « conflit en Syrie », etc. Ça, ces pages-là sont visitées et voilà leur audience ici et ça c’est au fil du temps. Et on voit que les gens visitent de plus en plus ces pages au fil du temps. Il faut dire qu’avec les chaînes d’infos qui nous bombardent, si j’ose dire, d’informations sur le sujet c’est normal, je dirais même que c’est sain que les citoyens se documentent non pas par les chaînes d’infos mais via un document de référence, une encyclopédie, savoir ce que c’est que tous ces mots qu’on nous balance à la télévision. C’est sain, c’est important d’essayer de comprendre comment le monde fonctionne, parce qu’après il va falloir prendre des décisions, ne serait-ce que pour savoir pour qui on va voter, etc.
 +
 +
Et donc on voit qu’au fil du temps ces pages sont de plus en plus souvent visitées. Et là on arrive à la mi-juin 2013 qui coïncide avec les révélations de Snowden, révélations qui disent « regardez la NSA surveille les Américains. »
 +
 +
Et là on voit, subitement les gens visitent beaucoup, beaucoup moins Wikipédia, ces pages-là. C’est toujours légal de visiter Wikipédia ! Ça n’a pas changé ; c’est plus que jamais important de se renseigner sur le terrorisme. Eh bien ils le visitent moins et ils le visitent de moins en moins. Et des citoyens qui savent de moins en moins de choses sur les choses importantes, ce n’est pas bon ! Juste après ils ont quand même élu Trump ; ça ne peut pas être un hasard, moi je dis !
 +
 +
Donc voilà le problème c’est que dès lors qu’on se sent surveillé, dès lors qu’il y a de la surveillance de masse, il y a des choses qu’on n’ose pas faire ; choses qui étaient légales avant, toujours légales après, mais on n’ose plus les faire parce qu’on se sent surveillé. Même si c’était intelligent de les faire !
 +
 +
Et là vraiment <em>big up</em> à nos amis Chinois qui nous font un exemple extraordinaire, un exemple qui s’appelle le <em>Social Credit System</em>. C’est un système qui est mis en place, qui vise à donner une note, un genre de score à chaque individu. C’est en place depuis 2016, c’est encore optionnel sur la base du volontariat, donc c’est vous qui décidez si vous voulez participer ou pas. Ça sera obligatoire à partir de 2020. Et le <em>Social Credit System</em> chinois vous donne une note sur cinq critères : est-ce que vous payez vos factures, gnagnagna, etc. Quels sont vos comportements, quels ont vos achats en ligne ? Vous achetez des jeux vidéos ? C’est mal ça, futur terroriste. Relations avec vos amis et amies. Vos amis achètent des jeux vidéos ? C’est mal ça, mauvaises fréquentations, mauvaise note.
 +
 +
Le problème c’est que cette note est ensuite utilisée, c’est vrai aujourd’hui, pour vous donner le droit d’accéder ou non à un crédit ; le droit d’accéder ou non à un visa qui permet de voyager dans le pays ou mieux à l’étranger ; à trouver un travail. Si votre score est bon vous êtes mieux placé dans les sites de rencontre, etc.
 +
La surveillance de masse est toxique pour la démocratie
 +
Donc ce sont vraiment les parties les plus intimes de votre vie, quand même, qui sont touchées par ça.
 +
 +
La surveillance de masse est une méthode de contrôle social qui pousse à la conformité
 +
 +
Donc vous voyez que, en fait, surveiller les gens, eh bien c’est une méthode pour contrôler la société. Donc le « ah je m’en fous je n’ai rien à cacher, je peux bien leur donner toutes mes données à Google et à Facebook », ce n’est plus du tout le même problème à ce niveau-là.
 +
 +
Le problème du contrôle social c’est que si on commence à s’autocensurer, si on n’ose plus faire les choses, eh bien, en fait, on va être poussés à la conformité : « Ah non je ne vais pas faire ça parce que sinon ça va être mauvais pour ma note et je ne vais pas fréquenter les gens qui font ça parce que c’est mauvais pour ma note. » C’est un système de contrôle social qui pousse à la conformité.
 +
 +
Aujourd’hui je ne sais pas, je ne connais pas votre opinion politique, je ne sais pas si vous trouvez que le monde va super bien. Est-ce que le monde est arrivé au top de ce qu’il peut être potentiellement ? Si vous pensez que c’est le cas, il faut qu’on parle du réchauffement climatique et des inégalités sociales. Bref !
 +
 +
Et si vous êtes dans la conformité, eh bien vous assurez que le progrès ne viendra jamais.
 +
 +
Doit-on abandonner le numérique pour autant ?
 +
 +
C’est un peu le caca, mais ça nous amène : est-ce qu’il faudrait qu’on fasse un gros tas de smartphones ici pour y foutre le feu. J’ai consulté la direction, ils ne sont pas d’accord. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il doit y avoir moyen de faire autrement et je pense que si on est aujourd’hui dans le Capitole du Libre, c’est bien pour inventer quelque chose qui est mieux que ça ; quelque chose qui est mieux que ce qu’on veut bien nous laisser aujourd’hui.
 +
 +
Je vous parlais du livre que j’ai écrit, tout à l’heure, qui s’appelle <em>Surveillance://</em> et dans la partie trois de ce livre dont voilà l’entête de chapitre j’ai expliqué « un autre réseau est possible ». Si on doit avoir un internet qui est bien, qui est respectueux de l’individu, à quoi il doit ressembler. Eh bien c’est un internet qui marche avec 7 principes que voici. J’ai donné un acronyme un peu à la con, le SIRCUS, Système d’Information Redonnant le Contrôle aux UtilisateurS, il y a un « S » à la fin. On voit que ce n’est pas là que je suis très bon, quand même. Le reste est mieux ; le nom est pourri, mais !
 +
 +
Principe n°1 : on ne peut pas se reposer sur un business modèle qui est la publicité. Pourquoi ? Parce que la publicité c’est ce qui fait qu’on analyse tout sur vous pour tout savoir sur vous. Et après, le ver est dans le fruit, quoi !, puis on a la dopamine derrière. C’est vraiment le plan de merde. Donc il va falloir, j’ai une mauvaise nouvelle, à un moment ou à un autre, il faut payer. Il vaut mieux payer avec du vrai argent qu’avec un plan pourri où on ne sait pas ce qu’on a en échange de quoi.
 +
 +
Deuxièmement : utiliser du matériel qu’on contrôle. Si on veut stocker ses données dans un endroit sur un serveur, il faut qu’on ait le contrôle sur ce serveur. Il y a plusieurs solutions. Idéalement, si vous en avez les capacités techniques et le temps, vous pourriez vous auto-héberger. Vous pourriez avoir votre propre serveur à la maison. Là on a à l’écran un Cubietruck, ça vaut une centaine d’euros, mais aujourd’hui les Raspberry Pi 3 ça vaut 35-40 euros et on arrive à faire tourner des serveurs dessus ; ça ne bouffe quasiment pas d’électricité, c’est un projet intéressant et, au moins, vous avez pleinement le contrôle de la chose. Ou bien vous vous faites héberger par une association ; ou bien vous louez un serveur chez OVH ; là ils ont eu la panne de l’année donc maintenant c’est bon, peut-être même du siècle, donc on est tranquilles ; ou vous allez chez d’autres, Skyway. Il y a des tas de gens qui seront ravis de vous louer des serveurs.
 +
 +
Troisième chose : il faut utiliser, alors ça va sans dire mais ça va mieux en le disant, utiliser du logiciel libre. Eh bien oui, parce que si vous utilisez du logiciel propriétaire, vous ne savez pas ce qui est fait par ce logiciel. Vous lui confiez vos données, vous voulez remplacer les services d’un Google, d’un Facebook ou autre, il faut que le logiciel soit libre pour qu’on sache ce qui est fait avec vos données. Et ça, il n’y a que le libre qui peut faire une chose pareille. Pourquoi ? Parce que le code source étant disponible, il est donc auditable. Et aussi il est adaptable ; si ça ne vous convient pas, vous avez la maîtrise, vous savez, vous pouvez demander à quelqu’un de modifier le logiciel pour vous. Alors que si c’est du logiciel propriétaire, évidemment, vous ne savez pas faire.
 +
 +
Utiliser du chiffrement. Eh bien oui, parce que pour que ce <em>cloud</em> où je stocke mes données soit sécurisé, il faut que les données qui rentrent et qui sortent soient chiffrées pour que quand ça transite entre mon smartphone et mon <em>cloud</em>, eh bien c’est sécurisé ; entre mon <em>cloud</em> et mon PC c’est aussi sécurisé grâce à du chiffrement.
 +
 +
==32’34==
 +
 +
Mais si on veut inventer des serveurs et des services qui sont capables de concurrencer

Version du 29 janvier 2018 à 09:26


Titre : Le numérique Libre à l'ère du Cloud : faut-il se résigner à vivre dans l'écosystème Google ?

Intervenant : Tristan Nitot

Lieu : Capitole du Libre - Toulouse

Date : novembre 2017

Durée : 54 min 35

Visualiser la conférence

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

Description

Avec l'avènement du SaaS (Software as a Service), du cloud et du smartphone, quelle place reste-t-il au logiciel libre et à la bidouille ? Peut-on espérer répandre le libre auprès de tous alors que Google et Facebook semble rafler la mise ? À quoi pourrait ressembler un cloud libre pour tous ? Faut-il vraiment s'inquiéter d'une hégémonie des GAFAM alors que nous n'avons rien à cacher ? Voici les réponses auxquelles Tristan Nitot va répondre lors d'une conférence qui a des vrais morceaux de cochons dedans.

Transcription

Bonjour. Oh la vache ! [Prononcé avec une voix caverneuse] On dirait la voix de Dieu, mais c’est juste moi. Voilà !

En fait, je suis bien prévu pour parler aujourd’hui à 14 heures, sauf qu’on est en retard parce qu’on a eu des petits soucis techniques, comme quoi il ne faut pas du tout avoir confiance en la technologie ! Par contre j’ai décidé de changer. Je devais parler du Meilleur des mondes et de Google et finalement je vais vous parler de Matrix et de Facebook. Sinon c’est le même sujet, comme vous allez le voir.

Quel rapport entre les réseaux sociaux et Matrix ?

Nous sommes donc à Toulouse, Capitole du Libre 2017 et je vais vous parler du rapport entre les réseaux sociaux et Matrix, Matrix le film.

Moi brièvement. Je m’appelle Tristan Nitot. J’ai passé 17 ans sur le projet Mozilla qui donne Firefox, le logiciel libre que vous voyez là sur la gauche ; normalement le logo est rond, mais là il est râblé. Quand j’ai quitté Mozilla j’ai écrit un livre qui s’appelle Surveillance:// qui est sorti il y a treize mois maintenant. Et maintenant je travaille pour une start-up française qui fait du logiciel libre qui s’appelle Cozy dont le site web est cozy.oi et c’est une solution de cloud personnel. Vous allez voir c’est en rapport avec le sujet dont on va discuter aujourd’hui.

Déjà, puisque forcément on va parler du film Matrix, il convient de faire un léger rappel de ce que c’est que Matrix sinon vous allez être perdus. Qu’est-ce qu’on voit là ? C’est extrait du film et ce que vous voyez, ces choses oranges, il y en a ici, on ne voit pas bien, mais il y en a en haut à droite aussi, ce sont des capsules qui enferment des corps humains vivants et c’est dans quoi vit l’humanité.

En fait l’humanité vit dans une réalité virtuelle qui lui est injectée, mais physiquement les corps humains sont tous enfermés dans ces capsules. Pourquoi ? Parce que les machines ont gagné la bataille, la guerre contre les humains et donc utilisent les humains. Ils ont enfermé et utilisent les humains pour produire de l’énergie vitale qui est indispensable au bon fonctionnement des machines. C’est une dystopie, c’est-à-dire le contraire d’une utopie, c’est un futur qui a mal tourné ; les machines ont gagné et les humains, aujourd’hui, sont réduits à produire juste de l’énergie vitale et ne sont pas libres.

Je ne crois pas qu’on soit objectivement dans la matrice aujourd’hui, mais c’est difficile à dire, on n’est jamais totalement certain, par contre il y a un certain nombre de points communs entre le film Matrix et ce que nous vivons nous, aujourd’hui, au XXIe siècle.

Avant de vous expliquer pourquoi, on va faire un rapide crochet par de la chimie. Je vous présente la dopamine, une substance qui est assez extraordinaire. La dopamine c’est un neurotransmetteur. Donc c’est une substance qui est dans le cerveau et qui est libérée dans un certain nombre de cas dans le cerveau et qui a un effet sur les sensations de l’humain. En particulier la dopamine donne du plaisir donne, en fait, une récompense à la perspective de quelque chose qui est nécessaire pour l’humain. Je m’explique. Je vais vous donner des exemples pour être très concret.

En fait la dopamine c’est lié, en quelque sorte, ça sert à récompenser l’humain quand il fait ce qu’il faut faire pour perpétrer le genre humain. Donc vous voyez un bon burger ou un bon plat de nouilles comme il y a dehors au food truck, vous voyez ça, et là vous avez un pic de dopamine qui est généré. Il y a de la dopamine qui est relâchée dans le cerveau, ça monte puis ça redescend et ce pic de dopamine signale en fait au corps : ça c’est bien il faut manger. Eh oui, il faut manger pour survivre et permettre la survie de l’espèce. En fait, la dopamine permet de récompenser quand on fait la bonne chose pour permettre la survie de l’espèce.

Il ne suffit pas de bouffer pour la survie de l’espèce, c’est une condition nécessaire mais pas suffisante, il faut aussi se reproduire. Et c’est pour ça que quand vous flashez sur quelqu’un vous avez un pic de dopamine. La perspective d’avoir une relation intime avec quelqu’un génère des pics de dopamine. C’est indispensable puisque ça va permettre de vous reproduire, de vous inciter à vous reproduire. C’est quand même compliqué la reproduction. Enfin, le premier quart d’heure ça va ; c’est quand vous avez des enfants à élever que c’est compliqué. Moi j’en ai deux donc je peux vous en parler. Donc voilà ! Il y a des pics de dopamine pour vous encourager à le faire, alors qu’objectivement, si on devait vraiment faire le calcul, bref ! On a la dopamine pour nous encourager à le faire.

Qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Ah oui, il y a être proche des autres. C’est important. C’est important aujourd’hui, je pense que c’est structurellement humain de vouloir être proche des autres, mais historiquement, du temps de la Préhistoire, au temps où on était physiquement en danger bien plus souvent qu’on ne l’est aujourd’hui, être dans le groupe, faire partie de la tribu, était quelque chose qui était essentiel à la survie de l’espèce. Donc se rapprocher des autres, sentir la communauté autour de soi, provoque aussi des pics de dopamine.

Et des pics de dopamine on en retrouve dans d’autres cas : un, par des réactions chimiques, quand on prend de la coke on a des pics de dopamine. Je ne sais pas moi, c’est juste qu’on me l’a dit, je l’ai lu dans des communications scientifiques. Et puis autre chose qui est là aussi lu dans une communication scientifique, c’est quand on reçoit des like, quand on reçoit de retwette, quand on reçoit des commentaires sur quelque chose qu’on a fait, une vidéo de chatons ou une photo de bébé ou d’un bon petit plat, hop !, on reçoit des pics de dopamine parce qu’on fait partie du groupe.

Du coup il y a eu des études qui ont été faites eh oui, quand vous êtes accro à Facebook, quand vous cherchez du like en permanence eh bien vous avez des pics de dopamine en rafales et inévitablement c’est comme la coke quand on arrête brusquement, on a un syndrome de manque, on est en sevrage et c’est douloureux..

Donc ce n’est pas hyper cool, mais c’est un fait, quand compulsivement vous consultez Facebook c’est que vous êtes à la recherche de dopamine. Et d’ailleurs, Sean Parker, premier président de Facebook, l’expliquait le 10 novembre dernier donc très récemment. Il expliquait on vous donne, on, c’est Facebook et les autres réseaux sociaux, on vous donne un pic de dopamine à intervalles réguliers. En fait il dit qu’il est un hacker de la nature humaine et qu’il a trouvé un moyen, une faille, une vulnérabilité dans l’humain, pour générer des pics de dopamine en fait en exigeant de lui qu’il utilise Facebook. Donc c’est une faiblesse de la psychologie humaine. Il l’explique : « On l’a compris consciemment et on l’a quand même fait… Dieu sait ce que ça fait au cerveau des enfants. On est désolés, mais comme on a fait un max de blé ce n’est pas grave », en substance. Ça c’était il y a juste une semaine.

Déjà on le savait pour la dopamine et il y a quelques années l’American Marketing Association titrait « l’utilisation des réseaux sociaux déclenche une hausse de dopamine ». Et ils se demandent en bas là « voilà comment ça fonctionne et voilà ce que les marketeux peuvent faire à ce propos ». On se demande qu’est-ce qu’ils vont faire, ils vont arrêter ça forcément ! Et vous regardez l’adresse, l’URL là-haut, voilà, ils veulent nourrir l’addiction. Voilà ! Ces gens-là ne sont jamais décevants. C’est formidable. Ils sont là où on les attend, exactement. Donc littéralement, l’American Marketing Association veut nourrir l’addiction à la dopamine. Bravo les mecs !

Les consultants ne sont pas en reste puisque voici le livre de Nir Eyal [Hooked] qui est la bible du domaine. En français son titre c’est  Accroc , direct ! Il tape là où ça fait mal. Le sous-titre c’est : « Comment construire des produits qui créent des habitudes » et ensuite, les trois étoiles sont tirées toujours de la page d’accueil du bouquin, ce sont les trois promesses : comment créer des habitudes dont on ne peut plus se débarrasser ; comment construire des produits que les gens aiment et qu’ils ne peuvent plus arrêter d’utiliser ; et troisièmement, technique comportementale utilisée par Twitter, Instagram, Pinterest et les autres. Le mec, c’est clair, il tape là où ça fait mal pour faire du blé, lui aussi.

Et ça me rappelle cette citation de Steve Jobs qui, avant de faire des systèmes fermés faisait des choses assez extraordinaires comme l’Apple 2 qui était complètement ouvert avec des assembleurs pour comprendre comment était structurée la machine, avec le schéma électrique et électronique de la machine pour qu’on puisse la hacker comme on voulait. Il disait : « L’ordinateur est une bicyclette pour l’esprit. » Vingt ans plus tard il invente l’iPhone et là ce n’est plus tellement une bicyclette pour l’esprit c’est plutôt une zone érogène qu’on n’arrête pas de tripoter pour créer du plaisir. Je ne vous fais pas la traduction parce qu’il y a des gros mots dedans, ma mère m’a interdit !

Là normalement c’est l’idée. Vous êtes Neo, le héros de Matrix, et vous vous réveillez, weuuh !, et vous voyez la réalité de ce qu’on vit aujourd’hui. C’est-à-dire qu’on est immergés dans ces réseaux sociaux, on ne réalise pas et, en fait, on est shootés à la dopamine et on ne le réalise pas tant qu’on ne nous l’a pas expliqué.

Vous allez me dire, bon d’accord ils nous tiennent par la dopamine, mais heureusement ils n’en sont pas à prendre notre énergie vitale. Non, c’est vrai. Mais alors qu’est-ce qu’ils nous prennent ? Ils nous prennent notre travail, ce qu’on appelle le digital labor et nos données personnelles. On va commencer par les données personnelles.

11’ 08

Comment Google prend nos données personnelles.

Ils ont deux grands outils. Sur le Web ils les prennent avec Chrome. Sur mobile ils les prennent avec Android. Qui utilise Chrome dans la salle, levez la main ? OK, merci. Qui utilise Firefox ? Merci. Merci ! Bravo !

[Applaudissements]

Tous ceux qui utilisent Chrome vous devriez essayer Firefox 57, il dépote. Bref ! Là n’était pas la question. Qui utilise Android dans la salle, levez la main ? Aie, aie, aie ! Qui utilise un iPhone ? C’est bien. Pour des libristes c’est normal, je ne vous jette pas la pierre. Bref ! Revenons à Google. En fait avec Maps, ils savent où je me déplace parce que accès au GPS, évidemment. Pareil avec Whereis qui est une variante de Maps un peu spécialisée. Gmail, eh bien oui, on le sait. Ils savent avec qui je corresponds et ce que je dis. Contacts. Eh bien oui, ils savent à qui je parle, qui j’appelle, qui m’envoie des mails, des textos, etc. Google Search, dès que j’ai un questionnement, une interrogation ou une inquiétude, je pose la question à Google. C’est même une des premières choses que je fais, je me rencarde, donc ils savent ce qui me préoccupe. Mon agenda, ce que je fais ce que je prévois de faire. Drive, Google Drive, ils lisent mes documents bureautiques. Google Analytics est aussi avec Chrome, ils me suivent partout à la trace sur le Web. Donc voilà comment Google nous pompe nos données personnelles.

Comment Facebook prend nos données personnelles.

Ça c’est une ancienne copie d’écran d’il y a trois ans, oui c’est ça, l’installation de l’application Facebook sur Android. En fait maintenant c’est plus sournois parce qu’ils sont moins front, ils sont moins directs, mais Facebook vous demande l’accès à votre agenda. Pourquoi Zuckerberg voudrait savoir avec qui j’ai rendez-vous, ça me dépasse, mais bon ! Il veut savoir. Il veut connaître mes contacts, ça c’est normal c’est parce qu’il va siphonner les contacts. La position GPS. Il veut lire mes textos. Il veut savoir qui j’appelle et il veut aussi pouvoir importer mes photos, contenus multimédia et différents fichiers.

Alors là c’est très clair, pourquoi est-ce qu’il veut mes photos et mes vidéos ? Parce qu’en fait, Facebook en tant que tel, c’est une coquille vide. Il n’y a rien dans Facebook. Il y a des gens, mais il n’y a pas de contenu. Et le contenu, en fait, c’est vous qui l’apportez. Donc quand vous uploadez une vidéo de chaton ou une photo de bébé eh bien en fait vous donnez votre travail à Facebook. C’est vous qui peuplez le contenu de Facebook.

La gratuité du numérique pour les nuls.

Ça c’est censé représenter Facebook, donc une photo de chaton, une publicité, une photo de gamin, une publicité, une photo de chaton ; c’est comme un hamburger multi-étages. À gauche un utilisateur ou une utilisatrice, une utilisatrice pour changer, et voilà comment ça se passe. Donc déjà elle a commencé par donner ses données personnelles, tout ce qu’elle fait sur le réseau est capturé, analysé. Elle donne son travail, donc ses photos, ses vidéos, ses commentaires, ses like, ses analyses, ça peut être ses captchas aussi, etc. ; bref elle donne toutes ses données à Facebook et, en échange de quoi, eh bien elle a le contenu qui est posté par les autres et des pics de dopamine. Ça c’est le deal. Donc ce qui est une apparente gratuité n’en est pas ; c’est un échange ; un échange de travail et de données qu’on donne à Facebook en échange de pics de dopamine. Paradoxalement la dopamine on l’a, c’est juste que Facebook permet le relâchement de ce pic de dopamine. Elle est déjà dans notre cerveau la dopamine.

Qu’est-ce qui fait que Facebook en compagnie de Google, Amazon, Apple et Microsoft soient, eux cinq, le top 5 des capitalisations boursières mondiales ? Eh bien c’est l’annonceur publicitaire le seul véritable client de ces sociétés. L’annonceur publicitaire, lui, cherche une audience ciblée. Là on est un petit peu plus dans le modèle de TF1 qui vend du temps de cerveau disponible. Facebook, là aussi, vend du temps de cerveau disponible à l’annonceur qui, en échange, évidemment, lui donne de l’argent et ça rapporte gros ; ça rapporte très gros !

Edward Snowden

Changement de décor. Maintenant voilà Edward Snowden. Moi je dis c’est l’occasion de boire un coup.

Edward Snowden est un lanceur d’alerte. Son nom est devenu mondialement connu en juin 2013. C’est un ancien contractuel de la NSA et avant il travaillait à la CIA. C’est un patriote américain, quelqu’un de bien droit dans ses bottes qui, en fait, a constaté et trouvé extrêmement désagréable le fait que la NSA, son employeur, enfin l’agence pour laquelle il travaillait, la National Security Agency, en fait une agence d’espionnage américaine, viole quotidiennement la Constitution américaine. Et pour lui, en tant que patriote américain, c’était totalement inacceptable.

Donc il a décidé de lancer l’alerte. C’est surtout, en fait, à un moment il a vu le patron du patron de la NSA déclarer sous serment au Sénat américain que non jamais au grand jamais la NSA n’espionnait d’Américains puisque c’était contraire à la Constitution, qu’ils ne le faisaient pas sauf par erreur. Et là, Snowden qui était vraiment au cœur du réacteur a dit : « On se fout vraiment trop de notre gueule, ce n’est plus possible ! » Donc il a pris les documents et il y avait des milliers de présentations powerpoint qu’il a mises sur des clefs USB, qu’il a fait sortir on ne sait pas comment parce que c’était extrêmement surveillé, bien sûr, et qu’il a données à plusieurs journalistes. Il s’est envolé pour Hong-Kong et il a donné ça à des journalistes qui continuent encore aujourd’hui d’analyser le contenu de ces documents pour révéler les activités de la NSA. D’ailleurs voici quelques-uns de ces documents qu’on retrouve sur Wikipédia qui est vraiment un très bon site, je vous le recommande !

Ça c’est comment est-ce que la NSA espionne le contenu de Google. C’est-à-dire que nous on met beaucoup de données dans les pattes de Google et la NSA a trouvé un moyen de pénétrer, de cracker pour savoir ce que Google sait sur nous. C’est vachement pratique. Parce que nous suivre nous ça serait très compliqué individuellement. On les aide vachement, c’est vrai, on a presque tous des smartphones donc ça simplifie énormément les choses. Mais en plus, comme des cons, nos données de smartphone sont envoyées à Google si on a Android et donc, à ce moment-là, il suffit d’espionner Google pour nous espionner tous autant qu’on est.

Ça c’est un autre document révélé par Snowden. Il y a beaucoup de noir parce que c’est tout ce qui est caviardé pour protéger les coupables et, en particulier, ça ce sont les câbles sous-marins et là où ils sont espionnés. Vous voyez là il y a un gros rond bleu là, c’est Marseille. Ça c’est le câble Orange qui fait Marseille-Singapour et qui passe par le Moyen-Orient. Mine d’or pour qui est la NSA, en gros, parce que ça permet d’avoir énormément, c’est le câble internet du Moyen-Orient en substance. Donc ça c’est vachement intéressant et évidemment c’est espionné par la NSA parce que le job de la NSA on vous dit « c’est pour vous protéger des terroristes », ce n’est pas vrai ! S’ils peuvent le faire tant mieux, mais dans les faits ça ne marche pas du tout. Concrètement, l’intérêt de la NSA c’est d’asseoir l’hégémonie américaine d’un point de vue diplomatique, financier, commercial et militaire. Voilà, c’est ça. Il faut tout savoir sur tout le monde.

Et là, un document qui explique comment un mouchard qui s’appelle le DROPOUTJEEP peut être mis dans les iPhones, et il y a l’équivalent pour Android, pour transformer votre iPhone ou votre Android pour allumer le micro, pour récupérer les documents qui sont dessus, etc., le tout à distance.

Il y en a des centaines de milliers des comme ça dans les révélations Snowden.

Alors évidemment ce n’est pas facile de synthétiser toutes ces révélations Snowden en une phrase mais vraiment, s’il y a une chose à retenir, c’est que le fait qu’on centralise nos données dans les mains de cinq grandes entreprises et quelques autres eh bien c’est ce qui rend économiquement possible la surveillance de masse par la NSA et les organisations qui lui ressemblent.

Je vous vois dire, tout de suite, « je n’ai rien à cacher, ce n’est pas grave, gnagnagna… » Bon !

D’abord il fait combien de degrés ? Il fait au moins 22 -23 ou c’est moins qui m’agite comme un dingue ? Il fait bon là ! Il fait bon ! Si on n’a rien à cacher, on pourrait tous se mettre à poil. Qu’est-ce que vous en pensez ? On ne risque rien ! Aller hop on commence là, j’attends ! Je n’ai pas que ça à faire ! Il est la demie ! Je vous trouve un peu mous, quand même, pour des gens qui n’ont rien à cacher !

Effectivement. Donc voilà. Déjà. On a tous quelque chose à cacher.

Les entreprises aussi ont des choses à cacher : une liste de clients, la recette de Coca-Cola, la recette de la sauce du big-mac, tout ce qui fait nos recettes, nos astuces de production, un état des stocks, le niveau des remises qu’on fait aux clients, etc. On a des choses à cacher. Ce n’est absolument pas illégal d’avoir des choses à cacher ; c’est juste nécessaire pour le business et puis c’est juste nécessaire pour nous en tant qu’individus.

21’ 59

La surveillance de masse est toxique pour la démocratie

Donc je vous disais la surveillance de masse est toxique pour la démocratie. Mais encore ? Tout simplement parce que quand on se sait surveillé, on a tendance à s’autocensurer. Ça peut paraître abstrait comme ça. Je peux aller du trivial au plus compliqué.

On va commencer par le trivial. Moi j’ai une confession à vous faire, je chante sous la douche. Très mal ! Mais très, très mal ! Quand je chante sous la douche et que j’entends la porte de l’appartement qui claque et que ma femme dit : « J’ai rapporté les courses ! », ça me coupe le sifflet, mais net quoi ! Pourtant ce n’est pas illégal de chanter. Mais je sais que je chante mal et donc, je ne peux pas chanter si quelqu’un m’écoute. C’est comme ça. Ça c’est de l’autocensure, tout bêtement !

Moi je ne vous parle pas de mon individu qui n’a pas beaucoup d’intérêt, mais c’est juste qu’il se passe la même chose à l’échelle du globe. Et là, on va voir d’une autre manière. C’est une étude menée sur l’audience de Wikipédia américaine sur des termes qui sont liés au terrorisme. Donc ça va être la page « terrorisme », ça va être la page « djihad », ça va être la page « explosif improvisé », « salafisme », vous voyez, « conflit en Syrie », etc. Ça, ces pages-là sont visitées et voilà leur audience ici et ça c’est au fil du temps. Et on voit que les gens visitent de plus en plus ces pages au fil du temps. Il faut dire qu’avec les chaînes d’infos qui nous bombardent, si j’ose dire, d’informations sur le sujet c’est normal, je dirais même que c’est sain que les citoyens se documentent non pas par les chaînes d’infos mais via un document de référence, une encyclopédie, savoir ce que c’est que tous ces mots qu’on nous balance à la télévision. C’est sain, c’est important d’essayer de comprendre comment le monde fonctionne, parce qu’après il va falloir prendre des décisions, ne serait-ce que pour savoir pour qui on va voter, etc.

Et donc on voit qu’au fil du temps ces pages sont de plus en plus souvent visitées. Et là on arrive à la mi-juin 2013 qui coïncide avec les révélations de Snowden, révélations qui disent « regardez la NSA surveille les Américains. »

Et là on voit, subitement les gens visitent beaucoup, beaucoup moins Wikipédia, ces pages-là. C’est toujours légal de visiter Wikipédia ! Ça n’a pas changé ; c’est plus que jamais important de se renseigner sur le terrorisme. Eh bien ils le visitent moins et ils le visitent de moins en moins. Et des citoyens qui savent de moins en moins de choses sur les choses importantes, ce n’est pas bon ! Juste après ils ont quand même élu Trump ; ça ne peut pas être un hasard, moi je dis !

Donc voilà le problème c’est que dès lors qu’on se sent surveillé, dès lors qu’il y a de la surveillance de masse, il y a des choses qu’on n’ose pas faire ; choses qui étaient légales avant, toujours légales après, mais on n’ose plus les faire parce qu’on se sent surveillé. Même si c’était intelligent de les faire !

Et là vraiment big up à nos amis Chinois qui nous font un exemple extraordinaire, un exemple qui s’appelle le Social Credit System. C’est un système qui est mis en place, qui vise à donner une note, un genre de score à chaque individu. C’est en place depuis 2016, c’est encore optionnel sur la base du volontariat, donc c’est vous qui décidez si vous voulez participer ou pas. Ça sera obligatoire à partir de 2020. Et le Social Credit System chinois vous donne une note sur cinq critères : est-ce que vous payez vos factures, gnagnagna, etc. Quels sont vos comportements, quels ont vos achats en ligne ? Vous achetez des jeux vidéos ? C’est mal ça, futur terroriste. Relations avec vos amis et amies. Vos amis achètent des jeux vidéos ? C’est mal ça, mauvaises fréquentations, mauvaise note.

Le problème c’est que cette note est ensuite utilisée, c’est vrai aujourd’hui, pour vous donner le droit d’accéder ou non à un crédit ; le droit d’accéder ou non à un visa qui permet de voyager dans le pays ou mieux à l’étranger ; à trouver un travail. Si votre score est bon vous êtes mieux placé dans les sites de rencontre, etc. La surveillance de masse est toxique pour la démocratie Donc ce sont vraiment les parties les plus intimes de votre vie, quand même, qui sont touchées par ça.

La surveillance de masse est une méthode de contrôle social qui pousse à la conformité

Donc vous voyez que, en fait, surveiller les gens, eh bien c’est une méthode pour contrôler la société. Donc le « ah je m’en fous je n’ai rien à cacher, je peux bien leur donner toutes mes données à Google et à Facebook », ce n’est plus du tout le même problème à ce niveau-là.

Le problème du contrôle social c’est que si on commence à s’autocensurer, si on n’ose plus faire les choses, eh bien, en fait, on va être poussés à la conformité : « Ah non je ne vais pas faire ça parce que sinon ça va être mauvais pour ma note et je ne vais pas fréquenter les gens qui font ça parce que c’est mauvais pour ma note. » C’est un système de contrôle social qui pousse à la conformité.

Aujourd’hui je ne sais pas, je ne connais pas votre opinion politique, je ne sais pas si vous trouvez que le monde va super bien. Est-ce que le monde est arrivé au top de ce qu’il peut être potentiellement ? Si vous pensez que c’est le cas, il faut qu’on parle du réchauffement climatique et des inégalités sociales. Bref !

Et si vous êtes dans la conformité, eh bien vous assurez que le progrès ne viendra jamais.

Doit-on abandonner le numérique pour autant ?

C’est un peu le caca, mais ça nous amène : est-ce qu’il faudrait qu’on fasse un gros tas de smartphones ici pour y foutre le feu. J’ai consulté la direction, ils ne sont pas d’accord. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il doit y avoir moyen de faire autrement et je pense que si on est aujourd’hui dans le Capitole du Libre, c’est bien pour inventer quelque chose qui est mieux que ça ; quelque chose qui est mieux que ce qu’on veut bien nous laisser aujourd’hui.

Je vous parlais du livre que j’ai écrit, tout à l’heure, qui s’appelle Surveillance:// et dans la partie trois de ce livre dont voilà l’entête de chapitre j’ai expliqué « un autre réseau est possible ». Si on doit avoir un internet qui est bien, qui est respectueux de l’individu, à quoi il doit ressembler. Eh bien c’est un internet qui marche avec 7 principes que voici. J’ai donné un acronyme un peu à la con, le SIRCUS, Système d’Information Redonnant le Contrôle aux UtilisateurS, il y a un « S » à la fin. On voit que ce n’est pas là que je suis très bon, quand même. Le reste est mieux ; le nom est pourri, mais !

Principe n°1 : on ne peut pas se reposer sur un business modèle qui est la publicité. Pourquoi ? Parce que la publicité c’est ce qui fait qu’on analyse tout sur vous pour tout savoir sur vous. Et après, le ver est dans le fruit, quoi !, puis on a la dopamine derrière. C’est vraiment le plan de merde. Donc il va falloir, j’ai une mauvaise nouvelle, à un moment ou à un autre, il faut payer. Il vaut mieux payer avec du vrai argent qu’avec un plan pourri où on ne sait pas ce qu’on a en échange de quoi.

Deuxièmement : utiliser du matériel qu’on contrôle. Si on veut stocker ses données dans un endroit sur un serveur, il faut qu’on ait le contrôle sur ce serveur. Il y a plusieurs solutions. Idéalement, si vous en avez les capacités techniques et le temps, vous pourriez vous auto-héberger. Vous pourriez avoir votre propre serveur à la maison. Là on a à l’écran un Cubietruck, ça vaut une centaine d’euros, mais aujourd’hui les Raspberry Pi 3 ça vaut 35-40 euros et on arrive à faire tourner des serveurs dessus ; ça ne bouffe quasiment pas d’électricité, c’est un projet intéressant et, au moins, vous avez pleinement le contrôle de la chose. Ou bien vous vous faites héberger par une association ; ou bien vous louez un serveur chez OVH ; là ils ont eu la panne de l’année donc maintenant c’est bon, peut-être même du siècle, donc on est tranquilles ; ou vous allez chez d’autres, Skyway. Il y a des tas de gens qui seront ravis de vous louer des serveurs.

Troisième chose : il faut utiliser, alors ça va sans dire mais ça va mieux en le disant, utiliser du logiciel libre. Eh bien oui, parce que si vous utilisez du logiciel propriétaire, vous ne savez pas ce qui est fait par ce logiciel. Vous lui confiez vos données, vous voulez remplacer les services d’un Google, d’un Facebook ou autre, il faut que le logiciel soit libre pour qu’on sache ce qui est fait avec vos données. Et ça, il n’y a que le libre qui peut faire une chose pareille. Pourquoi ? Parce que le code source étant disponible, il est donc auditable. Et aussi il est adaptable ; si ça ne vous convient pas, vous avez la maîtrise, vous savez, vous pouvez demander à quelqu’un de modifier le logiciel pour vous. Alors que si c’est du logiciel propriétaire, évidemment, vous ne savez pas faire.

Utiliser du chiffrement. Eh bien oui, parce que pour que ce cloud où je stocke mes données soit sécurisé, il faut que les données qui rentrent et qui sortent soient chiffrées pour que quand ça transite entre mon smartphone et mon cloud, eh bien c’est sécurisé ; entre mon cloud et mon PC c’est aussi sécurisé grâce à du chiffrement.

32’34

Mais si on veut inventer des serveurs et des services qui sont capables de concurrencer