Note sur le cloud

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Cloud computing et logiciels libres :amis ou ennemis ?

Présentation

définition

Tout utilisateur est confronté un jour ou l'autre au cloud computing, sans même en avoir conscience. Mails, photos, agenda, contacts, archives, publications, outils collaboratifs… L'ensemble de ses données peut être stocké par cloud computing et cela dans un intérêt pratique, ou pas. Le jour où les données se perdent dans le cloud, l'utilisateur prend vite conscience de sa dépendance à la nébuleuse car il se retrouve rapidement comme vidé de son identité1. Tout le monde ne jure désormais que par le « cloud computing ». Pour les entreprises des NTIC, c'est l' effervescence au sujet de cette technologie. Mais concrètement, qu'est-ce que le cloud computing ?

L'un des systèmes grand public les plus connus que l'on pourrait qualifier de cloud computing est la messagerie gmail de Google. Le Cloud computing peut aussi consister, par exemple, en un système de stockage de photos. Les entreprises, voire les particuliers, peuvent également disposer de leur cloud computing privé pour un stockage centralisé de leurs données.

Juridiquement, le cloud computing, ou informatique en nuage, est un «  mode de traitement des données d'un client, dont l'exploitation s'effectue par l'internet, sous la forme de services fournis par un prestataire. L'informatique en nuage est une forme particulière de gérance de l'informatique, dans laquelle l'emplacement et le fonctionnement du nuage ne sont pas portés à la connaissance des clients. »2. Les applications et les données ne sont donc plus sur un serveur local mais bien dans un « nuage » de serveurs reliées entre eux par une bande passante et l'utilisateur y a accès, le plus souvent via une application web. L'utilisateur peut ainsi accéder à partir de n'importe quel terminal à ses données et serait assuré de leur pérennité.

Le développement du cloud computing ne fait pas l'unanimité. Larry Ellison, par exemple, remet en cause l'existence même du cloud computing : « L’industrie de l’informatique est l’industrie la plus sujette aux modes, encore plus que la mode féminine. Je suis peut-être idiot, mais je ne comprends pas un mot de ce dont il retourne. De quoi parle-t-on ? C’est du grand n’importe quoi. Jusqu’à quand va-t-il falloir subir ces idioties ? »3 Eben Moglen a aussi beaucoup réfléchi à cette question du cloud4. Pour lui, le problème ne provient du cloud en lui-même mais de notre compréhension de ce qu'est internet: « e n'ai pas mentionné le mot «nuage» parce que le mot «nuage» ne signifie pas vraiment grand-chose. En d'autres termes, la catastrophe n'est pas la catastrophe du nuage. La catastrophe provient de la façon dont nous avons mal compris le Net sous l'assistance du logiciel non-libre qui nous a aidé à le comprendre  (…) ».

Pourquoi cette note ?

La Commission européenne a mis en place une consultation publique sur l'informatique en nuage qui se clôturera à la fin du mois d'août 20115. La consultation porte sur les modalités d'utilsation du cloud et fais suite à un rapport sur le futur du cloud computing6, Chaque acteur du secteur des nouvelles technologies doit donc, dès à présent, donner sa position sur la question de « l'informatique en nuage ».

Les entreprises dominantes telles que Google, Amazon ou Microsoft penchent nettement en faveur d'un développement exponentiel du cloud computing. Les estimations de croissance annoncées par la Commission européenne ne peuvent en effet qu'encourager les entreprises à se lancer, tête baissée, dans le cloud computing (taux de croissance annuel de 19,5% dans l'informatique en nuage et recettes mondiales des services d'informatique dans le cloud de 148, 8 milliards USD d'ici à 2014).

En revanche, comment doit se positionner le monde du libre sur ce sujet ? L'APRIL estime qu'il convient de participer à cette consultation européenne car il s'agit d'un sujet touchant directement les logiciels libres. Des domaines comme le droit à l'interopérabilité ou les brevets logiciels sont concernés par le développement du cloud computing. Le monde du libre ne peut rester à l'écart de cette consultation publique.

Intérêts non négligeables pour les utilisateurs

L'intérêt principal du cloud computing est d'externaliser la capacité de stockage et les infrastructures s'y afférant. Cela permet à l'utilisateur de bénéficier d'une infrastructure, pour la gestion de ses mails par exemple, sans avoir à stocker les données reçues ou émises en local. L'avantage est de libérer l'utilisateur des contraintes du stockage de ses données, contraintes qui peuvent évoluer dans le temps. Le cloud computing permet en effet également une grande évolutivité. Ainsi l'utilisateur n'a pas besoin, à l'avance, de prévoir la capacité de stockage dont il va avoir besoin puisque cette capacité s'adapte en temps réel à ses besoins. Et Il ne se compose pas uniquement de services standardisés. Les cloud computing privés contiennent souvent des applications personnalisées. Personnalisation et évolution, deux points bien connu des logiciels libres . Le cloud computing permettrait également une réduction du coût financier du stockage des données. Nul besoin en effet pour l'entreprise ou le particulier de planifier l'achat ou la location d'un matériel de stockage imposant puisque celui-ci se fera à distance sur les serveurs du tiers. S'agissant du coût financier du cloud, ses partisans mettent en avant les gains générés par la virtualisation. Cependant, le coût des forfaits, de la virtualisation des infrastructures, du développement de plates formes personnalisées, de l'intervention d'une multitude de prestataires peut être supérieur aux gains annoncés. Enfin, le cloud computing serait bénéfique pour l'environnement dans sa participation à la dématérialisation de l'informatique7.

S'il on s'en tient à cette simple présentation, l'on ne peut qu'encourager le cloud computing dans sa visées de développement des applications et des capacités de stockage des données. Cet intérêt du cloud computing est loin d'être négligeable et préfigure sans doute l'informatique de demain. Cependant, le monde du numérique n'est pas le pays des bisounours et le cloud computing n'est pas formé que des nuages de bonnes intentions.

Risques pour les utilisateurs

pertes de contrôle des données

Pour Richard Stallman, c'est un rejet clair du cloud computing, qu'il qualifie de campagne marketing8 et de « piège à la solde des systèmes propriétaires » 9. En résumé, le cloud computing, serait un concept créé par des gérants de logiciels propriétaires pour leur développement personnel. Les logiciels libres n'auraient donc pas, d'après lui, leur place dans la stratosphère du computing. Il explique que l'usage du cloud computing conduit irrémédiablement à une « perte de contrôle » de l'usage de ses données contraignant l'utilisateur à l'usage de logiciels propriétaires de sécurité. En effet, l'utilisateur d'applications en cloud computing confie, sans en avoir conscience, la gestion de ses données à un tiers tout en ignorant leur localisation précise, d'où la « perte de contrôle ». R. Stallman ne voit aucun intérêt à une telle démarche quant à la gestion de ses données personnelles et préconise la conservation en local.

Verrouillage

Les utilisateurs sont dépendants du prestataire tiers quant à la modification, la suppression ou la conservation des données. Pour Eben Moglen, le cloud se résume pour lui en la liberté des serveurs, sans aucune possibilité de contrôle : « Alors «nuage» signifie que les serveurs ont gagné la liberté, la liberté de se déplacer, la liberté de la danse, la liberté de combiner et de séparer et re-agrégées et faire toutes sortes de trucs. Les serveurs ont gagné la liberté. Les clients n'ont rien gagné. Bienvenue sur le nuage. ». Le cloud serait donc attentatoire à la liberté ? Difficile dans ces conditions d'imaginer une combinaison logiciels libres / cloud.

sécurité

Le cloud, mélange de technologies arrivées à maturité et en cours de développement, n' a pas encore apporté la preuve de son infaillibilité et il est difficile à ce jour d'évaluer les risques pour les données de l'usage d'une telle technologie. Il ne faut donc pas céder sans réfléchir à ses appels. Le temps dira si l'on peut avoir pleinement confiance après dissipation du brouillard en cette technologie ou si elle conservera à jamais un caractère nébuleux.

Lien avec les logiciels libres

Brevets logiciels

La lutte contre les brevets logiciels est impacté par le développement du cloud computing. En effet, si le cloud computing vient à être contrôlé par des brevets logiciels, la place des logiciels libres risque d'être grandement menacée. Il ne sera pas possible de l'étudier, d'en faire usage sans autorisation du détenteur du brevet, de le diffuser librement et d'y apporter des améliorations. Les possibilités d'enrichissement du cloud par les innovations issues du libre seraient nulles.

Interopérabilité

Le gouvernement a lancé un appel à projets « Informatique en nuage- Cloud computing » dont l'un des points d'attention est l'interopérabilité et l'ouverture10. Cependant, l'intervention de l'Etat, par une adhésion franche, et à visée structurante, au cloud, peut aboutir à un cloud standardisé, sous contrôle des géants du secteur. Cet appel à projets risque d'évincer le libre de la réflexion sur le cloud. Le danger d'un format unique sous contrôle de Google, Microsoft ou Amazon est bien réel. Pour preuve, le Distributed Management Task Force (DMTF), consortium de grandes sociétés des NTIC, a créé un groupe de travail aux fins d'établir les standards du cloud computing. Le monde du libre ne doit pas être exclu de ces réflexions sur la standardisation du cloud, sous peine de ne pouvoir s'y s'épanouir. Le droit à l'interopérabilité ne doit pas être sacrifié sur l'autel de l'informatique en nuage. Mais alors, un mariage entre logiciels libres et cloud est-il possible ?

Peut_il exister un informatique en libre nuage ?

Des logiciels libres dans le nuage

Certains se sont lancés dans l'aventure du cloud computing version logiciels libres. C'est le cas par exemple de Dotcloud, un plate-forme d'hébergement multiple-technologies pour application web à destination des développeurs. L'offre cloud d'Ubuntu utilise quant à elle la technologie Open Stack désormais en lieu et place d' Eucalyptus.

Développer son propre nuage

Il n'y a pas d'obligation à naviguer dans les nuages standardisés sous contrôle des logiciels propriétaires. Les logiciels libres doivent permettre le développement de nuages « alternatifs » pour un cloud computing libre et responsable.

Sauvegarde et cloud ?

La possibilité de perte de contrôle des données est un réel obstacle à l'adhésion complète au cloud computing. Si de nombreuses applications de cloud computing sont utiles à l'utilisateur, il n'en demeure pas moins que le risque de perte de contrôle de la diffusion des données n'est pas négligeable. Afin d'éviter les dangers liés au cloud, le mariage avec les logiciels libres doit être une union responsable. Des mesures doivent être mise en place pour garantir le contrôle par l'utilisateur de ses données.

C'est pourquoi, avant et pendant l'utilisation d'une application en cloud computing, l'utilisateur doit être, de manière claire et en caractère lisible, parfaitement informé de la destination de ses données et de l'usage qui peut en être fait. Ce n'est ici que faire application du droit à l'information. Son consentement clair et non équivoque doit également être recueilli. Il conviendrait également de proposer à l'utilisateur, pendant l'utilisation de l'application en cloud computing, un système simple et accessible à tous de sauvegarde en local de ses données. La mobilisation du Data Liberation Front pour le développement de Google takeout est l'illustration de la prise de conscience du besoin de conservation en local de certaines données. On peut également conseiller à l'utilisateur l'usage d'un système type drop box.

Tout développement d'application en libre en liaison avec le cloud computing doit donc : respecter le principe du recueil préalable du consentement de l'utilisateur à la gestion de ses données informer l'utilisateur de l'usage et de la destination de ses données prévoir une anonymisation des données prévoir dans l’idéal un système simple de sauvegarde en local des données ou, à défaut, informer l'utilisateur des moyens de sauvegarde en local à sa disposition

Ce n'est que sous ces conditions que l'union logiciels libres / cloud computing pourra être envisageable. Et ce n'est que sous ces conditions, qui devront être d'application générale pour tout logiciel, propriétaire ou non, qu'il pourra y avoir un développement responsable du cloud computing.