Malinux Télé - Julien Marin

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Titre : Permettre l'accès aux logiciels libres éducatifs aux enfants du Mali et d'ailleurs

Intervenant : Julien Marin

Lieu : Capitole du Libre - Toulouse

Date : Novembre 2014

Durée : 18 min 21

Lien vers la vidéo

Description

Cette conférence présente différentes expériences menées avec les logiciels éducatifs libres au Mali. Le Mali est confronté à un taux d’analphabétisme très élevé. Informaticien de métier et vivant depuis 3 ans au mali, j’essaye de travailler a apporter un appui a structure éducative avec les logiciels libres.

Il s'agit lors de cette conférence de présenter le pourquoi de la démarche, les problématiques spécifiques au système éducatif malien, l’intérêt que peuvent avoir les logiciels libres dans un tel contexte, puis d'expliquer les solutions matérielles envisagées pour diffuser ces logiciels: Il ne s'agit pas de cloner des solutions qui fonctionnent en Europe, mais de rechercher des solutions adaptées au contexte de l’Afrique de l'ouest et dont le coût reste raisonnable.


Transcription MO

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Les différentes solutions qu'on a imaginées, en fait, par rapport aux problématiques qu'on avait sur place. Pour vous présenter un petit peu, rapidement, le système éducatif malien. On a les écoles, qui sont, on va dire l'enseignement, la forme d'enseignement la plus classique. Oui ?

Réglages techniques

Pour vous présenter un petit peu le contexte dans lequel on travaille, donc au Mali, il y a d'un côté ce qu'on appelle l'enseignement formel qui va correspondre à l’école telle qu'on la connaît ici, c'est-à-dire salle de classe avec un programme et des professeurs, qui rencontre un certain nombre de problèmes, puisqu’il y a un énorme manque de moyens, donc des classes surchargées : la moyenne, l'effectif moyen d'une classe c'est 70 élèves, qui rencontre un certain nombre de soucis. Et le secteur sur lequel on a travaillé en premier qui est ce qu’on appelle l'enseignement non formel, donc ce qu'on appelle le non formel c'est tout ce qui est fait à côté de l'école par différentes associations. Puisqu'en fait, il faut savoir qu'il y a à peu près un tiers des enfants qui n'ont pas la chance d'aller à l'école, mais il y a un grand nombre associations qui vont essayer de faire de l'alphabétisation pour ceux qui n'ont pas eu la chance de pouvoir y aller.

Le premier secteur sur lequel on a travaillé c'est le secteur non formel et, plus particulièrement, c'était les associations qui s'occupaient de tout ce qui était enfants des rues. Il y a énormément de problèmes d'enfants, en fait, soit des enfants des rues, soit des enfants qui ne peuvent pas vivre dans leur famille pour une raison ou une autre au Mali, parce qu'il y a eu des violences, parce qu'il y a eu différents conflits, et qui se retrouvent dans Bamako et donc qui sont recueillis. En fait ce sont des associations qui accueillent entre 10 et 50 enfants en général, et souvent la plupart de ces enfants justement, font partie de ceux qui n'ont pas eu la chance d'aller à l'école et l’intérêt d’amener un petit peu des logiciels éducatifs, c'est qu'on a constaté que dans ces centres, les enfants ont de groupes de niveaux très hétérogènes. Donc justement, le fait d'avoir accès à de l'informatique éducative, c’était aussi une possibilité pour eux de pouvoir travailler un petit peu, il y a des cours qui sont menés d'alphabétisation dans ces centres, mais justement, ceux qui ont plus de difficultés, ça leur permet un peu de repasser sur l'ordinateur, de refaire les exercices, donc de pouvoir travailler un peu plus individuellement. Donc il y a différentes tentatives qui avaient été faites pour amener des logiciels éducatifs.

Ensuite pourquoi, quel est l’intérêt, qu'est-ce que peut apporter le logiciel libre dans cette démarche-là ?

La première problématique où le logiciel libre a été très utile, c'est la problématique de la langue, puisque la plupart des logiciels éducatifs existants, enfin même tous, sont dans les langues des enfants soit d’ici, soit des États-Unis, mais c'est dans les langues, voilà. On ne trouvait pas de logiciels dans les langues des enfants en Afrique.

Pour vous donner un petit peu la situation linguistique au Mali, le français est la langue officielle, c'est-à-dire ça va être la langue de l'administration, de la télé, et, dans la majorité des écoles c’est encore en français qu'on enseigne. Cela dit, si on regarde, en fait le français est parlé par à peu près 15 % de la population. Ça veut dire qu'on a, en fait, beaucoup d'enfants qui apprenaient à lire dans une langue qu'ils ne comprennent absolument pas. Et, on a le bambara qui est la langue, on va dire, qui est un petit peu majoritaire au Mali, et si on regarde, un petit peu, les résultats entre les écoles qui sont en pédagogie dite convergente, c’est-à-dire en pédagogie bilingue, et les résultats des écoles qui sont, la majorité des écoles qui sont encore en français pur, on voit tout de suite qu'il y a une différence en termes de réussite qui est assez nette.

Et l'autre problématique, aussi, que posait le français c'est qu'il est maîtrisé de façon très différenciée par les hommes et les femmes. C'est-à-dire que, pour plein de raisons culturelles, en fait, les hommes sont plus poussés vers le français et moins les femmes. C'est le cas dans plein de cultures patriarcales. Donc, si on s’appuyait sur le français, on savait qu'on allait encore plus désavantager les filles par rapport aux garçons. Donc l’intérêt, justement, de passer par du logiciel libre, c'est que ça a permis déjà, dans un premier temps, de reprendre des logiciels existants, ou d'en développer, et d’utiliser le bambara, qui est langue locale, et donc qui a permis de permettre aux enfants de pouvoir travailler sur ordinateur, mais dans leur langue. Ça c’était déjà le premier intérêt du logiciel libre.

Ensuite, voilà un peu la démarche dans laquelle on l'a fait. Déjà, donc essayer d'aider l'apprentissage de la lecture. Montrer aussi, un petit peu, que les langues locales peuvent, justement, fonctionner sur ordinateur. Souvent l'enseignement en langue maternelle des enfants est perçu comme quelque chose d'un petit peu archaïque, les gens se disent « mais non, mais regardez tout est en français, ça ne sert à rien de leur apprendre ces langues-là ». Donc c'est pour leur montrer que justement non, ça peut être aussi des langues modernes et qu'on peut très bien faire fonctionner des logiciels éducatifs avec ces langues-là.

Et après, les autres problématiques pour lesquelles le logiciel libre a été intéressant, c'est notamment de s’adapter à la réalité du terrain. Il y a beaucoup d'ONG qui ont essayé d'amener des ordinateurs en Afrique, souvent, malheureusement, ce sont des copiés-collés de solutions qui fonctionnent en Europe, mais qui, sur place, eh bien on se rend compte, pour diverses solutions, qu'il y a plein de problématiques, qu'on n'a pas ici, qui font que ça ne fonctionne pas.

Une des problématiques, par exemple, qu'on a eu, nous. Au début on récupérait des ordinateurs auprès d'entreprises, donc on les transportait jusqu'au Mali, et, en fait, on les amenait dans les centres qui s'occupaient de ces enfants-là, donc pré-chargés avec du logiciel éducatif. Et le problème dont s'est rendu compte c'est, qu'en fait, un ordinateur, sur place, ça représente énormément de valeur, ça veut dire, quand même, deux/trois mois de salaire local le prix d'un ordinateur, donc les adultes avaient énormément de réticences à laisser les enfants les toucher. Ils n'ont pas été détournés, ils sont restés dans les locaux de l'association, mais ils ont été utilisés par les adultes et non par les enfants. Donc sur l'objectif éducatif, là-dessus, ça a un petit peu raté. Et donc, justement, après le fait de passer par du Libre, on a pu passer par d'autres matériels que l'ordinateur.

Pérenne aussi, puisque, des fois on amène des ordinateurs sous Windows et puis on va se retrouver avec beaucoup de problèmes de pannes, de virus, de plein de solutions, donc, des fois, si on peut aussi avoir du matériel qui ne tombe pas en panne c'est encore la meilleure garantie que l'action qu'on fait ait un impact un peu plus durable dans le temps.

Et reproductible pour qu'après, quand on a fait le travail, toute personne puisse le réutiliser et que d'autres personnes puissent s'approprier le travail, et que ça puisse profiter au maximum de monde possible.

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La solution qu'on a choisie en fait,