Différences entre les versions de « Logiciel libre et Opendata au service des collectivités avec OpenStreetMap - JC Becquet »

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Un dernier point que je passe très rapidement parce qu’on pense, à Digne, que ces projets aboutiront, ces projets plutôt progresseront si on réunit toutes les composantes de l’écosystème. On a aussi un travail à destination d’un public plus technique. Donc on a organisé, par deux fois déjà, en 2015 et en 2017, une ''Université d’été de développement de logiciels libres''. Dans cette université de développement de logiciels libres, il y avait systématiquement une session de développement autour d’OpenStreetMap. Donc là l’objectif et le public sont complètement différents : on s’adresse à des développeurs et on leur apprend à utiliser les API d’OpenStreetMap, à extraire des données, à interagir avec OpenStreetMap mais au niveau logiciel. On n’est plus du tout dans de la médiation numérique avec des citoyens : on s’adresse à des techniciens, des étudiants en informatique, des développeurs, des chercheurs. Toujours avec un objectif qui est la mise en réseau et la montée en compétences des acteurs.
 
Un dernier point que je passe très rapidement parce qu’on pense, à Digne, que ces projets aboutiront, ces projets plutôt progresseront si on réunit toutes les composantes de l’écosystème. On a aussi un travail à destination d’un public plus technique. Donc on a organisé, par deux fois déjà, en 2015 et en 2017, une ''Université d’été de développement de logiciels libres''. Dans cette université de développement de logiciels libres, il y avait systématiquement une session de développement autour d’OpenStreetMap. Donc là l’objectif et le public sont complètement différents : on s’adresse à des développeurs et on leur apprend à utiliser les API d’OpenStreetMap, à extraire des données, à interagir avec OpenStreetMap mais au niveau logiciel. On n’est plus du tout dans de la médiation numérique avec des citoyens : on s’adresse à des techniciens, des étudiants en informatique, des développeurs, des chercheurs. Toujours avec un objectif qui est la mise en réseau et la montée en compétences des acteurs.
  
Une dernière initiative. Avec une entreprise amie on a soumissionné en 2015 au concours ''openPACA'' qui était un appel du Conseil régional pour des applications innovantes en matière d’<em>open data</em>. Et l’application qu’on a développée, qui s’appelle ''Geopcropping'', c’est une application de validation des données OpenStreetMap sur le terrain. Donc le principe de ''Geopcropping'' c’est : vous êtes en train d’attendre votre bus, vous lancez Geopcropping sur votre téléphone. Ça va interroger la base OpenStreetMap, ça va aller regarder quels sont les objets référencés dans la base OpenStreetMap autour de vous et ça va vous poser la question de répondre simplement par oui ou par non si ces informations sont toujours d’actualité. Vous êtes en train d’attendre le bus, en face de vous il y a une pizzeria, à côté il y a un coiffeur, à côté il y a une école et, à chaque fois, vous validez la donnée. Ce que ça va permettre de faire c’est d’avoir un outil pour facilement avoir des alertes sur les données qui sont devenues obsolètes dans OpenStreetMap, parce qu’un des intérêts d’OpenStreetMap, c’est vraiment la réactivité de sa communauté. J’ai plusieurs exemples sur Digne et sur d’autres lieux où, suite à des travaux, un rond-point, une rue, un bâtiment qui a été créé était mis à jour sur OpenStreetMap le lendemain des travaux et avec un délai beaucoup plus important sur les cartographies propriétaires.
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Une dernière initiative. Avec une entreprise amie on a soumissionné en 2015 au concours ''openPACA'' qui était un appel du Conseil régional pour des applications innovantes en matière d’<em>open data</em>. Et l’application qu’on a développée, qui s’appelle ''Geopcropping'', c’est une application de validation des données OpenStreetMap sur le terrain. Donc le principe de ''Geopcropping'' c’est : vous êtes en train d’attendre votre bus, vous lancez ''Geopcropping'' sur votre téléphone. Ça va interroger la base OpenStreetMap, ça va aller regarder quels sont les objets référencés dans la base OpenStreetMap autour de vous et ça va vous poser la question de répondre simplement par oui ou par non si ces informations sont toujours d’actualité. Vous êtes en train d’attendre le bus, en face de vous il y a une pizzeria, à côté il y a un coiffeur, à côté il y a une école et, à chaque fois, vous validez la donnée. Ce que ça va permettre de faire c’est d’avoir un outil pour facilement avoir des alertes sur les données qui sont devenues obsolètes dans OpenStreetMap, parce qu’un des intérêts d’OpenStreetMap, c’est vraiment la réactivité de sa communauté. J’ai plusieurs exemples sur Digne et sur d’autres lieux où, suite à des travaux, un rond-point, une rue, un bâtiment qui a été créé était mis à jour sur OpenStreetMap le lendemain des travaux et avec un délai beaucoup plus important sur les cartographies propriétaires.
  
 
Donc une démarche un petit peu globale autour d’OpenStreetMap, qui vise à toucher un public vraiment très large depuis le citoyen en passant par l’agent ou l’élu de collectivité jusqu’au développeur, avec, comme objectif à la fin, d’avoir des réponses concrètes aux besoins de la collectivité en matière de données géographiques, de plans, etc.
 
Donc une démarche un petit peu globale autour d’OpenStreetMap, qui vise à toucher un public vraiment très large depuis le citoyen en passant par l’agent ou l’élu de collectivité jusqu’au développeur, avec, comme objectif à la fin, d’avoir des réponses concrètes aux besoins de la collectivité en matière de données géographiques, de plans, etc.

Version du 1 décembre 2017 à 13:12


Titre : Logiciel libre et Opendata au service des collectivités avec OpenStreetMap

Intervenant : Jean-Christophe becquet, APITUX

Lieu : Libday - Marseille

Date : novembre 2017

Durée : 25 min

Visionner la vidéo

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

Description

Tourisme, transports, santé… OpenData et Systèmes d’InformationGéographique (SIG libres) offrent des ressources indispensables, en appui aux métiers de la collectivité.

Après une introduction sur l’importance d’animer la communauté locale afin d’encourager la contribution et de partager ses données souslicence libre (opendata), je présenterai les outils à la disposition des collectivités autour d’OpenStreetMap.

Je montrerai plusieurs réalisations concrètes en région PACA dans lesquelles APITUX est intervenu en expertise, conseil ou formation :

– Dessine ta ville : Transports Urbains Dignois, les bons plans des bus ; carte prospective pour l’amélioration des déplacements à vélo ; le bonplan touristique de Digne-les-Bains ; cartopartie des services de santé.

– Cartosaixy, une méthode innovante de production de cartes pour les petites communes.

– Geopcropping, un logiciel libre pour cultiver nos données locales.

Transcription

Merci Sébastien. Bonjour à tous. Je m’appelle Jean-Christophe Becquet. Je fais du conseil et de la formation généraliste en logiciel libre depuis quinze ans, sur un territoire rural autour de Digne-les-Bains, donc en gros les deux départements Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes.

Je travaille avec des collectivités de taille beaucoup plus petite que la ville de Marseille et j’ai prévu une conférence pas du tout technique, mais par contre, si vous avez des questions techniques, n’hésitez pas et j’essaierai de vous répondre.

Donc l’histoire que je veux vous raconter part d’un constat qui est que les collectivités, quelle que soit leur taille, quelle que soit leur nature, elles ont des besoins de données géographiques pour l’ensemble de leurs métiers. Par exemple, elles ont besoin de données géographiques pour l’urbanisme, pour le tourisme, pour les transports, mais la liste n’est pas du tout limitative. En fait aujourd’hui, il y a peu de métiers de la collectivité qui échappent aux besoins de données géographiques.

Comme je fais du Libre depuis toujours, j’avais l’intention de convaincre les collectivités avec lesquelles je travaille d’utiliser plutôt OpenStreetMap — je vais vous dire dans les deux transparents suivants précisément en quoi consiste OpenStreetMap. Et quand je suis allé voir les collectivités pour leur proposer d’utiliser OpenStreetMap, comme dans toutes les histoires, j’ai dû me confronter à un certain nombre d’obstacles. Et donc les mairies, les départements auxquels je m’adressais me disaient : « Nous on aimerait bien utiliser OpenStreetMap mais ça ne va pas être possible parce que la carte n’est pas complète, elle comporte des erreurs et puis, en plus, on ne comprend pas trop comment ça fonctionne et on n’a pas de contrôle sur les données et nous, les collectivités, on a besoin d’avoir des données fiables sur lesquelles on a un contrôle. Donc on ne va pas pouvoir utiliser OpenStreetMap. »

Donc je me suis mis en demeure d’essayer de changer cette idée, cet état de fait.

En préambule, qu’est-ce qu’OpenStreetMap ? OpenStreetMap, on le définit souvent comme le Wikipédia de la cartographie. OpenStreetMap c’est une base de données géographiques, qui est construite de manière collaborative, par des volontaires, à travers des outils partagés sur Internet. Et l’intégralité de cette base de données est partagée sous une licence libre, donc une licence libre inspirée des licences qu’on utilise pour les codes sources de nos logiciels dans le monde du logiciel libre, mais adaptée à des contenus autres que du code source. Là, en l’occurrence, c’est une licence qui est spécifique aux bases de données.

Et donc l’intégralité de ces données géographiques peut être réutilisée par tout un chacun, sans restriction aucune, pour quelque usage que ce soit, avec deux exigences : une exigence qui est de citer l’origine de ces données, en l’occurrence la communauté des contributeurs OpenStreetMap, et une autre exigence parce que la licence qui a été choisie pour OpenStreetMap est une licence copyleft, c’est-à-dire avec une hérédité de la liberté, c’est, si vous faites une version modifiée de la base de données OpenStreetMap et que vous publiez la version modifiée vous devez, à votre tour, la publier sous licence libre.

OpenStreetMap c’est un projet qui a vu le jour en 2004, donc qui commence à avoir une certaine maturité. C’est une base de données mondiale. La carte OpenStreetMap couvre l’intégralité du globe terrestre et, pour donner quelques chiffres, aujourd’hui, on trouve dans la base de données OpenStreetMap quatre milliards de nœuds, c’est-à-dire de points qui correspondent à des objets géographiques. La base de données OpenStreetMap est abondée par un peu plus de quatre millions de contributeurs sur toute la planète, dans toutes les langues, et elle fait l’objet aujourd’hui de trois millions d’éditions par jour, ce qui est quand même assez significatif.

Partant de ça, moi j’avais envie de convaincre les collectivités d’utiliser OpenStreetMap et la première difficulté à laquelle je me heurtais c’était, en fait, une méconnaissance complète de ce qu’était réellement OpenStreetMap, du potentiel que ça offrait. Et donc, en fait, tout a commencé par une conférence ouverte au public, conférence que j’ai appelée « Dessinons ensemble le territoire », parce que c’est un peu pour moi ça le sens d’OpenStreetMap. En fait, OpenStreetMap c’est chacun dessine sa rue, chacun dessine son quartier ; les quartiers s’assemblent pour faire des villes, les villes pour faire des régions qui font des pays et à la fin, quand on a tous les pays, on a une carte du monde.

Et donc un des points forts d’OpenStreetMap, c’est que comme c’est une carte qui est dessinée par les gens qui vivent sur le territoire, personne mieux que les gens qui vivent sur le territoire connaît le territoire dans sa finesse, dans sa précision, dans sa spécificité. Et donc on peut avoir des cartes extrêmement précises, extrêmement détaillées, extrêmement complètes. Et c’est donc ce que j’ai expliqué dans cette conférence, sur laquelle j’ai mis vraiment l’enjeu sur ce qui est, pour moi, la motivation d’utiliser, d’encourager mes clients collectivités à utiliser du Libre : le fait que ces données, eh bien sont librement réutilisables par tout un chacun, sans restriction aucune. Que l’effort de chacun est partagé au service de tous. Et puis il y a ce mécanisme, aussi, que j’aime beaucoup de pollinisation. Alors c’est quoi le mécanisme de pollinisation ? Le mécanisme de pollinisation c’est que quand je contribue à OpenStreetMap sur un sujet qui m’intéresse — je vous donnerai des exemples tout à l’heure — mais si, par exemple, je contribue à OpenStreetMap en cartographiant les réseaux de transports en commun et que je place les arrêts de bus, eh bien le jour où quelqu’un va vouloir contribuer à OpenStreetMap ensuite en cartographiant, par exemple, les équipements sportifs, le fait d’avoir l’emplacement de l’arrêt de bus ça l’aidera à localiser l’emplacement du terrain de tennis ou l’emplacement du stade, etc.

Donc les contributions de chacun, en fonction de ses centres d’intérêt, en fonction de ses objectifs, vont venir nourrir et abonder les contributions des autres. Et à la fin, on a un projet dont la somme est supérieure à la somme des contributions individuelles, si on n’avait pas travaillé sur ce mode-là.

Donc cette conférence a eu lieu en décembre 2011. Ça a rencontré un certain succès, on a réuni 80 personnes dans une salle à Digne, qui est une petite ville préfecture, c’était significatif. Et ça a été le démarrage d’une grande histoire, en fait. Une grande histoire qui a commencé avec les ateliers « Dessine ta ville ».

Donc je me suis rapproché de la ville de Digne qui a accepté de jouer le jeu comme territoire pilote. Et on a organisé des ateliers de sensibilisation à OpenStreetMap. D’un point de vue pratique c’était très simple : on réservait une salle avec un vidéo projecteur, une connexion internet, des ordinateurs. On invitait les gens ; quand je dis les gens, c’est vraiment les gens au sens très large, c’est-à-dire les citoyens, les professionnels travaillant dans les collectivités, les élus, les enseignants, les associations, et on leur montrait comment on peut contribuer à OpenStreetMap ; on leur réexpliquait à chacun ce qu’est OpenStreetMap, comment ça fonctionne. Et on les encourageait chacun, sur leurs centres d’intérêt et sur leurs besoins, à améliorer la carte. Avec en arrière-plan l’idée de créer une communauté. Une communauté c’est un réseau de contributeurs qui travaillent ensemble autour d’un objectif commun et qui se coordonnent avec des outils qui sont aussi simples que, par exemple, les ateliers « Dessine ta ville » où on se retrouve autour d’un café, on peut discuter : « Tiens moi j’ai contribué à un itinéraire de randonnées ou un circuit de VTT ; moi je cartographie les arrêts de bus ; moi je suis enseignant et avec ma classe on va cartographier le quartier autour de l’école ». L’objectif étant que chacun puisse monter en compétences, que les gens puissent s’entraider, que les contributions à nouveau des uns puissent venir enrichir et faciliter les contributions des autres.

Voilà donc, début de la naissance d’une communauté sur Digne.

On a organisé aussi des évènements thématiques, dans le cadre d’un évènement dont le thème était le développement durable et les économies d’énergie. Dans le monde OpenStreetMap on appelle cartopartie un évènement dans lequel on invite les gens à se regrouper tous, à un moment, pour contribuer à la carte avec un objectif donné, une thématique donnée, un territoire donné. Donc on a organisé sur la ville de Digne une cartopartie à vélo. Le principe de la cartopartie à vélo c’était de dire aux gens : « Venez, on va cartographier sur Digne les pistes cyclables, les éléments utiles pour le vélo, les magasins de réparations de vélos, les garages à vélos, les points d’eau potable pour remplir sa gourde lorsqu’on fait une ballade en vélo, etc. »

À nouveau on a eu des surprises, parce que bon, voilà, Digne, on est une petite ville, c’est très beau, mais par contre on est loin de tout et il y a des gens qui sont venus d’Aix-en-Provence en vélo pour participer à la cartopartie à Digne. Donc là on s’est dit on tient quelque chose parce que ce qu’on fait ça intéresse les gens et il y a des gens qui sont prêts à faire cet effort-là pour venir se former à la contribution sur OpenStreetMap, pour rencontrer d’autres contributeurs OpenStreetMap, et pour travailler ensemble à l’amélioration de cette carte sur la thématique du vélo.

On a aussi expérimenté une petite fonction nouvelle : c’est qu’en plus de contribuer à la carte pour décrire l’existant, le territoire tel qu’il est, on a créé une carte, donc avec un outil qui fait partie de l’écosystème OpenStreetMap, mais qui n’est pas exactement la base de données mère, un projet qui s’appelle uMap. On a construit une carte prospective dont l’objectif était de dire aux cyclistes, aux gens qui sont usagers du vélo sur la ville de Digne : « Dites à la collectivité, dites aux élus ce qui manque dans la ville pour que la ville soit idéale en vélo. » « Il y une erreur de signalétique, il y a une erreur de balisage ; il y a une barrière qui est dangereuse quand on arrive en vélo avec des enfants : il y a un tronçon de piste cyclable qui est dégradé ou qu’il faudrait aménager. » Et donc, les gens qui sont les usagers du vélo dans la ville, qui sont des experts de cette thématique, ont eu entre les mains un outil qui leur permettait d’exprimer de manière graphique leurs besoins en termes d’aménagement. Et on a pu montrer, dans cette expérience, que les outils de la constellation OpenStreetMap sont des bons outils pour faire une consultation citoyenne sur une thématique : demander l’avis des gens, demander aux gens de placer des punaises là où il y a des problèmes et de mettre des petites bulles avec des propositions d’amélioration.

La ville de Digne a également accueilli une Opération libre. L’opération libre c’est un évènement un petit peu festif, ça se déroule sur un week-end. C’est en général une collectivité qui est à l’initiative d’une Opération libre, plutôt une collectivité de petite taille : ici c’était le petit village d’Aiglun qui touche Digne.

Ça consiste à dire aux gens : « Voilà, sur un week-end on vous invite, on vous loge, on vous nourrit et vous allez contribuer sur le territoire, sur OpenStreetMap mais pas seulement : ça concerne aussi Wikipédia et les outils périphériques à Wikipédia, donc améliorer l’article qui décrit l’histoire et la géographie de la commune sur Wikipédia ; publier des photos sous licence libre sur la description de la commune ; et puis améliorer la cartographie de la commune sur OpenStreetMap.

Comme vous pouvez le voir sur la photo des gens se sont déplacés, des gens sont venus de toute la France pour, pendant un week-end, contribuer à OpenStreetMap et ça a permis d’améliorer encore la cartographie de Digne et des environs sur OpenStreetMap et de faire connaître également, de donner à voir la dynamique et les actions qu’on avait impulsées sur Digne autour d’OpenStreetMap. Là, sur la photo, il y a des contributeurs connus de la communauté OpenStreetMap marseillaise et, plus largement, en région PACA et puis des gens qui sont venus de Paris, de Nantes, de Bretagne pour participer à cet évènement festif.

13’ 06

Encore un exemple. La région PACA a initié des ateliers à destination des étudiants qui sont en formation dans les universités de la région, dans des domaines comme la géographie, la géomatique et l’informatique, pour les initier à OpenStreetMap. Donc la ville de Digne a saisi l’opportunité et a accueilli des ateliers de pratique sur le terrain, en 2016 sur le thème de la cartographie des gares ; en 2017 sur le thème de la cartographie des lieux touristiques. Et donc ça ce sont encore des contributions qui vont venir s’additionner, qui vont venir abonder la richesse de la carte.

Je ne vous fais pas un rendu exhaustif, mais il y a eu vraiment comme ça tout un tas d’opportunités, d’encouragements aux gens à contribuer.

Alors une fois qu’on a fait ça, on a fait un petit peu d’animation sur le terrain, on a fait un peu de médiation numérique, c’est sympa, on a passé des bons moments, mais à quoi ça sert ?

À quoi ça sert ? Ça peut, par exemple, servir à faire une carte interactive sur le site de la ville. Ça c’est un parcours Sentier de l’eau, un parcours touristique dans le cœur de ville de Digne. Eh bien sur le site web de la ville, on trouve une carte qui décrit le parcours et cette carte a été dessinée sur un fond OpenStreetMap, en l’occurrence avec l’outil uMap dont je vous parlais tout à l’heure pour la cartopartie à vélo, sur la partie carto prospective.

Mais ça va plus loin. Le réseau de transports en commun de la ville de Digne est d’une taille assez modeste, il y a six lignes, mais le réseau de la ville de Digne est entièrement cartographié sur OpenStreetMap. Aujourd’hui, quand vous prenez le bus à Digne, quand vous attendez le bus, derrière vous, vous avez un plan qui a été dessiné à partir d’OpenStreetMap. Si vous vous connectez sur OpenStreetMap vous avez le tracé des lignes de bus. Un des avantages pour la ville de Digne parce que ce plan, après tout, il aurait pu être réalisé sans OpenStreetMap, un des avantages pour la ville de Digne, c’est que l’agent au service communication qui s’occupe de ça, aujourd’hui quand il y a un arrêt de bus qui est déplacé parce qu’il y a des travaux, il prend le point sur OpenStreetMap, il déplace le point et il a son plan qui est mis à jour instantanément pour la partie Web et il a toutes les données en main pour mettre à jour son plan pour l’export papier. Et donc là on voit qu’il y a une montée en compétences de la ville et une montée en maîtrise de la ville sur ses données géographiques, qui est assez intéressante.

Et puis le dernier en date. Eh bien aujourd’hui, si vous allez en vacances à Digne, vous allez à l’Office de tourisme, vous demandez un plan de la ville. Le plan qui vous est donné c’est un plan qui a été construit à partir d’une extraction OpenStreetMap.

Donc voilà ! La ville de Digne aujourd’hui, dès qu’elle a besoin d’une carte, quelle que soit la thématique, quel que soit le besoin, eh bien elle a le réflexe OpenStreetMap, que ce soit pour le web, que ce soit pour le papier. Ce n’est pas facile, ce n’est pas trivial, ce n’est pas immédiat, mais ça marche et ça produit des supports relativement qualitatifs. Et il y a une belle dynamique qui est enclenchée et cette dynamique continue. La semaine prochaine, jeudi, on organise une cartopartie thématique sur le thème de la santé.

Donc toujours la même chose : on s’installe pendant une journée ; il se trouve que jeudi prochain, à Digne, il y a un salon organisé par un lycée professionnel sur le thème de la domotique santé. On s’installe sur le salon ; on squatte un stand, on installe les ordinateurs connectés à Internet. On est des animateurs-formateurs compétents sur OpenStreetMap. On fait le pari que sur ce salon il y aura des professionnels de santé, des citoyens habitant la ville et on va les inviter à venir contribuer sur OpenStreetMap, leur médecin de famille, leur kyné, leur dentiste, l’administration dont ils ont besoin pour leurs besoins de santé, le défibrillateur, etc. Donc avoir une carte la plus exhaustive possible et la plus détaillée possible sur les services de santé. Ça c’est l’état de la carte hier et le pari c’est que la semaine prochaine, à la fin de la cartopartie, il y aura des petits points roses partout sur la carte, parce qu’on aura cartographié de manière sinon exhaustive, en tout cas de manière beaucoup plus complète les services de santé sur Digne. Là c’est statique donc ça n’apparaît pas, mais si vous cliquez sur chaque picto ça vous donne les informations qui sont derrière, c’est-à-dire le nom du médecin. L’objectif c’est que la semaine prochaine ça vous donne le nom du médecin, mais aussi son numéro de téléphone, ses spécialités, les horaires d’ouverture du secrétariat, etc.

Donc vous voyez que ça c’est déclinable à l’infini. Mais, encore une fois, ce que j’entendais par pollinisation tout à l’heure, la semaine prochaine quand on voudra positionner un cabinet médical ou une administration, si on peut le faire ce sera parce qu’il y a eu tout ce travail en amont de cartographie précise des rues, de dessin des bâtiments, de nommage des lieux et donc aujourd’hui, sur la ville de Digne, et ça c’est parce qu’on travaille dessus depuis plusieurs années et qu’il y a eu de nombreuses cartoparties et de nombreuses contributions, sur la ville de Digne quand vous tapez une adresse dans OpenStreetMap, dans le moteur de recherche, vous la trouvez. On estime qu’on est à 97 % des rues et des places correctement cartographiées sur la commune, ce qui est vraiment remarquable pour une ville de cette taille-là.

Je vais vous parler maintenant d’un autre projet qui se déroule sur un territoire pas très loin de Digne, dans les Hautes-Alpes, dans une zone encore plus rurale et un village, une commune de taille encore plus petite que Digne. C’est la commune du Saix. Alors c’est sympa parce que ça nous permet d’appeler le projet « Cartosaixy ».

Donc le village du Saix c’est une petite commune rurale de cent habitants, qui est surtout connue pour son attrait touristique, c’est un départ de randonnées et, quand on a commencé à travailler avec eux, la mairie n’avait pas de plan du village. Donc je me suis appuyé sur une association et on a lancé un projet qui avait trois facettes. Une facette qui était, parce que c’est le métier de l’association Centre de ressources de faire de la médiation numérique, c’est-à-dire former les citoyens à l’utilisation des outils numériques. II y avait une facette qui était de répondre à un besoin : offrir à une petite commune qui n’a pas de plan, un plan de la commune ; et il y avait une partie qu’on pourrait qualifier de plus ludique qui était d’utiliser le fablab local pour faire des bidouilles techniques un petit peu amusantes.

Donc notre démarche c’était d’utiliser exclusivement des logiciels libres dans toute la démarche, dans tout le projet. Le principal outil qui a été utilisé c’est QGIS, qui est le logiciel libre de SIG, Système d’information géographique, logiciel de cartographie informatisée. On a utilisé aussi des logiciels libres classiques de graphisme en vectoriel et en bitmap. Et l’objectif c’était de partager sous licence libre le fruit de nos travaux. Donc le fruit de nos travaux c’est quoi ?

Le fruit de nos travaux c’est une carte du village qui a été donc réalisée à partir des contributions des utilisateurs sur OpenStreetMap. Ce projet a démarré comme « Dessine ta ville » par l’organisation d’une cartorpartie pour cartographier le village, le parking, le point d’eau, la mairie, l’école, etc. On a extrait les données d’OpenStreetMap. On leur a donné un rendu visuel qui est perfectible, mais on a commencé à travailler sur ce rendu visuel et puis on est allé au fablab et avec la découpeuse laser on a gravé ce plan sur une planche de bois. Donc là c’est la remise officielle du plan du village au maire. Et le village du Saix, qui n’avait pas de plan de village, aujourd’hui a un plan de village, à la fois un plan de village numérique sur le Web — si vous allez sur OpenStreetMap vous pouvez visiter la commune du Saix — et à la fois un plan qui pourrait être affiché sur la place du village à destination des touristes et des randonneurs qui viennent visiter le village. Voilà !

Ce qu’on a fait là c’est un prototype et on est en train de travailler avec le Centre de ressources pour faire une version finalisée, d’une part, et pour documenter toute la procédure qui permet d’arriver à ce résultat d’autre part, pour pouvoir le répliquer dans tous les petits villages des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence et après conquérir le monde :-)

Un dernier point que je passe très rapidement parce qu’on pense, à Digne, que ces projets aboutiront, ces projets plutôt progresseront si on réunit toutes les composantes de l’écosystème. On a aussi un travail à destination d’un public plus technique. Donc on a organisé, par deux fois déjà, en 2015 et en 2017, une Université d’été de développement de logiciels libres. Dans cette université de développement de logiciels libres, il y avait systématiquement une session de développement autour d’OpenStreetMap. Donc là l’objectif et le public sont complètement différents : on s’adresse à des développeurs et on leur apprend à utiliser les API d’OpenStreetMap, à extraire des données, à interagir avec OpenStreetMap mais au niveau logiciel. On n’est plus du tout dans de la médiation numérique avec des citoyens : on s’adresse à des techniciens, des étudiants en informatique, des développeurs, des chercheurs. Toujours avec un objectif qui est la mise en réseau et la montée en compétences des acteurs.

Une dernière initiative. Avec une entreprise amie on a soumissionné en 2015 au concours openPACA qui était un appel du Conseil régional pour des applications innovantes en matière d’open data. Et l’application qu’on a développée, qui s’appelle Geopcropping, c’est une application de validation des données OpenStreetMap sur le terrain. Donc le principe de Geopcropping c’est : vous êtes en train d’attendre votre bus, vous lancez Geopcropping sur votre téléphone. Ça va interroger la base OpenStreetMap, ça va aller regarder quels sont les objets référencés dans la base OpenStreetMap autour de vous et ça va vous poser la question de répondre simplement par oui ou par non si ces informations sont toujours d’actualité. Vous êtes en train d’attendre le bus, en face de vous il y a une pizzeria, à côté il y a un coiffeur, à côté il y a une école et, à chaque fois, vous validez la donnée. Ce que ça va permettre de faire c’est d’avoir un outil pour facilement avoir des alertes sur les données qui sont devenues obsolètes dans OpenStreetMap, parce qu’un des intérêts d’OpenStreetMap, c’est vraiment la réactivité de sa communauté. J’ai plusieurs exemples sur Digne et sur d’autres lieux où, suite à des travaux, un rond-point, une rue, un bâtiment qui a été créé était mis à jour sur OpenStreetMap le lendemain des travaux et avec un délai beaucoup plus important sur les cartographies propriétaires.

Donc une démarche un petit peu globale autour d’OpenStreetMap, qui vise à toucher un public vraiment très large depuis le citoyen en passant par l’agent ou l’élu de collectivité jusqu’au développeur, avec, comme objectif à la fin, d’avoir des réponses concrètes aux besoins de la collectivité en matière de données géographiques, de plans, etc.

Voilà. La présentation sera disponible sous licence libre et sur chaque slide vous avez les adresses des différents projets que j’ai cités si vous voulez en savoir plus. Je vous remercie et si vous avez des questions ou des demandes de précision, je suis encore là un petit moment.

[Applaudissements]