Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 9 mars 2021

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 9 mars 2021 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Marie-Odile Morandi - Régis Haubourg - Vincent Picavet - Jean-Christophe Becquet - Isabella Vanni - Frédéric Couchet - Patrick Creusot à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 9 mars 2021

Durée : 1 h 30 min

[ Podcast provisoire]

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Le système d’information géographique libre QGIS sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique de Marie-Odile Morandi qui portera sur l’utilisation des logiciels libres par la Gendarmerie nationale Également la chronique d’Isabella Vanni qui présentera un nouveau projet de sensibilisation, La Boussole du Libre. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April .

Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.

Nous sommes mardi 9 mars 2021, nous diffusons en direct mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui Patrick. Bonjour.

Patrick Creusot : Bonjour Fred. Bonjour à ceux qui écoutent et bonne émission.

Frédéric Couchet : Merci Patrick.
Pour participer à notre conversation rendez-vous sur le salon web de la radio, sur causecommune.fm, bouton « chat » salon #libreavous.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, animatrice du groupe Transcriptions et administratrice de l'April, portant sur le sujet « Les logiciels libres à la Gendarmerie nationale »

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi qui aujourd’hui portera sur l’utilisation des logiciels libres par la Gendarmerie nationale.
Bonjour Marie-Odile.

Marie-Odile Morandi : Bonjour Frédéric

Frédéric Couchet : Nous técoutons.

Marie-Odile Morandi : Récemment a été transcrite une vidéo intitulée « Le logiciel libre dans l’environnement de la Gendarmerie nationale » mettant en scène le chef d’escadron Arnaud Le Grignou, qui est en charge de l’environnement numérique de travail au sein de la direction générale de la Gendarmerie nationale française. Une manifestation annuelle canadienne concernant les logiciels et ressources numériques libres pour l'enseignement supérieur n’ayant pu se dérouler en 2020, les organisateurs ont publié des vidéos dont celle-ci. D’autre part, le lieutenant-colonel Stéphane Dumond chef de bureau du Service des technologies et des systèmes d’information de la Sécurité intérieure avait été reçu dans l’émission Libre à vous ! du 3 septembre 2019. Il avait aussi participé à une table ronde intitulée « Le libre, clé de voûte de votre système d’information » en septembre 2014. J’ai donc souhaité, dans la chronique d’aujourd’hui, revenir sur la migration de la Gendarmerie nationale vers le logiciel libre et sur son évolution. C’est en effet l'exemple le plus connu et le plus significatif d'une migration réussie vers le Libre. Vous retrouverez les liens vers ces transcriptions sur la page consacrée à l’émission d’aujourd’hui sur le site de l’April.

Cette démarche de migration vers le logiciel libre a pris une quinzaine d’années et a commencé au début des années 2000 par une centralisation sur le site parisien de la partie serveurs avec un système d’exploitation libre Debian GNU/Linux, et tous les logiciels installés sur ces serveurs en logiciel libre, les bases de données, les serveurs d’applications. Il a fallu ensuite s’intéresser aux 80 000 postes de travail à disposition des gendarmes. Quand on se penche sur les propos du lieutenant-colonel Dumond on se rend compte que cette migration vers le logiciel libre s’est faite de façon subtile et fine. Pour lui, une des clefs du succès de la migration vers le logiciel libre ce n’est pas l’OS, le système d’exploitation, mais ce sont les applications ; il faut d’abord raisonner applications.

La démarche a débuté avec le client de messagerie Mozilla Thunderbird. Cela a permis d’offrir un nouveau service utile à l’ensemble des gendarmes qui, auparavant, n’avaient pas de messagerie. Ce fut ensuite le tour du navigateur web, Mozilla Firefox, avec là encore une nouveauté fonctionnelle, tout simplement l’accès à Internet. Cela a permis d’installer des applications légères sur les postes de travail, le navigateur permettant de se connecter aux serveurs d’applications déjà en libre et d’avoir accès à ces applications. Le navigateur Firefox est ainsi devenu une brique stratégique du dispositif. Pour la bureautique c’était Open Office qui était installé et, comme lecteur multimédia, VLC.

Est venue ensuite l’étape supplémentaire, migrer vers un système d’exploitation libre et la méthode utilisée a vraiment été bien menée. Localement, sur chaque brigade, un PC sous une distribution Linux/Ubuntu a été installé, qui, comme dit le lieutenant-colonel Dumond, a servi d’approche et d’accroche auprès des personnels. La machine choisie est belle, puissante, avec un grand écran, bref !, une machine attractive. Le choix de l’OS s’est porté vers la distribution Linux Ubuntu qui a été adaptée, a subi un habillage pour ressembler le plus possible à l’OS Microsoft Windows utilisé auparavant, pour être le plus en phase avec ce dont les gendarmes avaient l’habitude d’utiliser : même fond d’écran, même rendu visuel, même emplacement de la barre des tâches. Cette distribution adaptée a pris le nom de Gentbuntu. Toutes les applications ont été révisées afin de susciter le moins possible de perturbations auprès des utilisateurs par rapport à la situation précédente. Bien entendu, puisque qu’on a à faire à du logiciel libre, on a accès au code source, on peut le modifier pour l’adapter à ses propres besoins et là, les besoins avaient pour objectif une cause bien précise, l’appropriation de Linux/Ubuntu par l’ensemble des personnels. Cette appropriation s’est ainsi faite en très peu de temps. Sauf rares exceptions, aucune formation ne s’est avérée nécessaire. Tout s’est fait naturellement, dans la continuité, tout au long des années de cette migration.

À noter aussi que pour réaliser toute cette migration, il n’a pas été fait appel à des prestataires, puisque les compétences avaient été internalisées. Cela a été réalisé uniquement avec des personnels, des services internes.

L’idée de migration vers un environnement informatique libre des postes de travail des gendarmes avait fait suite à plusieurs prises de conscience et a permis de répondre aux enjeux d’indépendance, de sécurité et d’industrialisation, vu le nombre considérable de postes concernés.

Un premier argument concerne la contrainte budgétaire : à l’époque, le passage à l’échelle avec des solutions propriétaires aurait conduit à une explosion des coûts. Avec ces solutions, pour continuer à évoluer, pour chaque mise à jour, il faut toujours payer. Le choix du logiciel libre permet la maîtrise et la réduction des coûts. Jusque-là, la moindre évolution d’un format ou d’un standard défini par les entreprises essentiellement américaines perturbait considérablement la communication entre les systèmes des différents acteurs étatiques. Le logiciel libre offre un certain nombre de standards et de normes qui permettent l’intéropérabilité, facteur essentiel de communication et de pérennité des fichiers : on pourra lire ces fichiers quel que soit le logiciel avec lequel ils ont été créés et cela même bien des années après. Donc volonté d’indépendance marquée vis-à-vis des éditeurs qui peuvent imposer leurs choix techniques et commerciaux, volonté de ne plus être tributaire de leurs décisions unilatérales. Dans cette stratégie de souveraineté, la maîtrise technique de l’ensemble des briques logicielles libres qui constituent le système d’information et l’internalisation des savoir-faire sont nécessaires pour rester maître de son informatique et de son avenir.

En 2020, le logiciel libre est devenu la norme nous indique le chef d’escadron Le Grignou. À peu près 97 % des 1200 serveurs fonctionnent en Debian 9 et 92 % des 85 000 postes de travail fonctionnent sur une base Ubuntu 18.04. Les gendarmes utilisent intégralement VLC pour la lecture des fichiers multimédias, LibreOffice pour les applications bureautiques et Thunderbird pour la messagerie et l’agenda. Certes, quelques logiciels propriétaires subsistent pour des besoins très spécifiques.

L’achat de matériel, plusieurs dizaines de milliers de PC chaque année, est centralisé via des marchés publics qui permettent d’imposer ce que l’on souhaite : ces PC doivent être compatibles avec l’OS Linux/Ubuntu dans sa dernière version, permettre le recours aux logiciels libres, le respect des normes et standards, l’interopérabilité avec l’ensemble des systèmes d’information. Cerise sur le gâteau, ils sont achetés sans système d’exploitation. Certains outils logiciels sont développés, maintenus et améliorés en interne et doivent répondre à des critères stricts de qualité ainsi qu’aux exigences de sécurité et d’industrialisation. Ces développements faits par des gendarmes, donc payés sur des deniers publics, sont reversés à la communauté. La Gendarmerie est un contributeur important du Libre. C’est une façon de pérenniser les logiciels Utilisés.

Le chef d’escadron Le Grignou nous fait part du projet de lancer le développement d’un poste nomade, plusieurs dizaines de milliers de postes, basé essentiellement sur des solutions libres. Les exigences de sécurité en font certes un projet très complexe mais qui apportera une réelle plus-value.

Si je puis me permettre, en conclusion, on peut affirmer que la stratégie de conduite de ce changement a été remarquable. Cette migration s’est déroulée de façon très progressive. Chaque installation d’un logiciel libre s’est accompagnée soit de l’amélioration d’une fonctionnalité existante, soit de la mise à disposition des gendarmes d’une nouvelle fonctionnalité, d’un nouveau service. Cela a permis d’emporter l’adhésion du maximum d’utilisateurs, a facilité l’acceptation du changement sans générer de mécontentement.

Dans une entité, le soutien de la hiérarchie est fondamental. Cela a été le cas et les plus hauts responsables ne peuvent que se féliciter face à la réussite de cette migration vers le logiciel libre de l’ensemble du parc informatique de la Gendarmerie nationale qui, ainsi, n’est plus dépendante de solutions propriétaires, a acquis une certaine souveraineté numérique. Un parfait exemple à suivre !

Frédéric Couchet : Merci Marie-Odile. Pour en savoir plus sur cet exemple, vous retrouverez les transcriptions sur le site librealire.org, il y a plus de 800 transcriptions disponibles autour des libertés numériques dont une grande partie ont été réalisées par la merveilleuse Marie-Odile.
C’était la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture de Marie-Odile Morandi.
Marie-Odile, je te souhaite de passer une belle fin de journée et puis au mois prochain.

Marie-Odile Morandi : Entendu. Merci à vous. Bonne continuation.

Frédéric Couchet : Merci à toi.
Nous allons faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Aujourd’hui, c’est ma collègue Isabella Vanni qui a choisi les pauses musicales, qui a en grande partie préparé cette émission. Pour cette première pause musicale nous allons écouter 2012 par Kellee Maize. On se retrouve dans trois minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : 2012 par Kellee Maize.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter 2012 par Kellee Maize, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur causecommune.fm et sur april.org.

Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France, partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Le système d’information géographique libre QGIS

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur le système d’information géographique libre QGIS avec nos invités, Régis Haubourg et Vincent Picavet. La discussion va être animée par Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April, auquel je passe la parole en espérant que tous les trois soient sur le pont téléphonique. C’est à vous.

Jean-Christophe Becquet : Bonjour à tous. Bonjour à toutes.