Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 9 juin 2020 »

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'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 9 juin 2020 sur radio Cause Commune
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Publié [https://www.april.org/libre-a-vous-radio-cause-commune-transcription-de-l-emission-du-9-juin-2020 ici] - Juin 2020
 
 
'''Intervenant·e·s :''' Marie-Odile Morandi - Christiane Féral-Schuhl - Marc Rees - Luk - Étienne Gonnu - William Agasvari à la régie
 
 
 
'''Lieu :''' Radio Cause Commune
 
 
 
'''Date :''' 9 juin 2020
 
 
 
'''Durée :''' 1 h 30 min
 
 
 
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/backups/output-2020-06-09-15h29.ogg Écouter ou enregistrer le podcast PROVISOIRE]'''
 
 
 
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-9-juin-2020-sur-radio-cause-commune Page des références utiles concernant cette émission]
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
'''Illustration :'''
 
 
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
 
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
 
Transcrit MO
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
 
 
 
<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/>
 
Internet est-il vraiment une zone de non-droit ? Nous en discuterons dans le sujet principal avec également au programme de l’émission du jour « Dans la tête de Mark Zuckerbeg » et la pituite de Luk sur Parcoursup.
 
 
 
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. Cause Commune, sur la bande FM, c’est de midi à 17 heures puis de 21 heures à 4 heures en semaine, du vendredi 21 heures au samedi 16 heures et le dimanche de 14 heures à 22 heures. Sur Internet c’est 24 heures sur 24. La radio dispose également d’une application Cause Commune pour téléphone mobile et la radio diffuse désormais en DAB+, la radio numérique terrestre, 24 heures sur 24. Capter le DAB+ est gratuit, sans abonnement, il faut juste avoir un récepteur compatible.
 
 
 
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Étienne Gonnu chargé d’affaires publiques pour l’April.<br/>
 
Le site web de l’April est april.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, des détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission, et également les moyens de contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.<br/>
 
Je précise, comme depuis plusieurs semaines maintenant, dans une logique de sécurité sanitaire l’émission, que l’émission est entièrement réalisée à distance, notamment grâce au logiciel libre d’audioconférence Mumble.
 
 
 
Nous sommes mardi 9 juin 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
 
 
 
Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.<br/>
 
Nous vous souhaitons une excellente écoute.
 
 
 
Voici maintenant le programme détaillé de cette émission.
 
<ul>
 
<li>Nous commencerons par la chronique de Marie-Odile Morandi, « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » sur le thème « Naïveté, cynisme, danger. Mark Zuckerberg et Facebook ».</li>
 
<li>D’ici une quinzaine de minutes nous aborderons notre sujet principal. Nous discuterons et déconstruirons un argument régulièrement invoqué par les adversaires des libertés en ligne selon qui Internet serait une zone de non-droit. J’aurai le plaisir de recevoir Christiane Féral-Schuhl, avocate spécialisée dans le droit des nouvelles technologies et présidente du Conseil national des barreaux, et Marc Rees, rédacteur en chef de Next INpact et habitué de <em>Libre à vous !</em></li>
 
<li>En fin d’émission nous aurons la pituite de Luk qui portera sur Parcoursup et l’Éducation en général.</li>
 
</ul>
 
À la réalisation de l’émission William Agasvari.
 
 
 
Tout de suite place au premier sujet.
 
 
 
==Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, sur le thème « Naïveté, cynisme, danger. Mark Zuckerberg et Facebook »==
 
 
 
<b>Étienne Gonnu : </b>Marie-Odile, tu dois être avec nous par téléphone je crois.
 
 
 
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Oui, je suis là. Bonjour.
 
 
 
<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour Marie-Odile. À toi la parole.
 
 
 
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Aujourd’hui je voulais vous présenter une chronique un peu particulière.<br/>
 
Depuis le mois de février 2020, une nouvelle émission intitulée <em>Le code a changé</em>, animée par Xavier de La Porte sur France Inter, a attiré mon attention. « En quoi toutes ces technos changent quelque chose à nos vies ? » est la question que se pose Xavier de La Porte avec l’intention de réaliser une vingtaine d’épisodes. Divers podcasts ont été transcrits et publiés par le groupe Transcriptions, vous pouvez les retrouver sur le site de l’April.<br/>
 
La forme de l’émission est intéressante : Xavier de La Porte émet des hypothèses qu’il soumet à son intervenant.
 
 
 
Aujourd’hui, très modestement, je souhaitais revenir particulièrement sur deux épisodes qui traitent de Facebook et de son créateur. Le premier épisode intitulé « Mark Zuckerberg est-il un génie ? » revient aux origines de Facebook. Le second épisode « Mark Zuckerberg est-il dangereux ? », souhaite permettre de comprendre ce qu’est Facebook. Chacun de ces épisodes, enregistrés en avril 2020, dure environ 28 minutes.
 
 
 
Certains libristes avec lesquels je communique ont dit : « À la vue de ces noms, je passe immédiatement mon chemin, je tourne la tête ». Cependant il me semble qu’il est bon de revenir sur la genèse et sur la façon dont de ce phénomène a évolué car qu’en sait-on réellement ? Qu’en savent jeunes et moins jeunes ?<br/>
 
Dans les deux épisodes l’intervenant est Julien Le Bot, expert sur le sujet puisqu’il a récemment publié un livre intitulé <em>Dans la tête de Mark Zuckerberg</em>.
 
 
 
On apprend que très jeune Mark avait créé un réseau informatique qui reliait les machines de sa famille à celles du cabinet dentaire de son père qui s’intéressait aux ordinateurs, importance du père dans la carrière du fils. Il est très doué, surdoué et dans la Silicon Valley l’idée a couru qu’il avait un syndrome d’Asperger, mais c’est un personnage bien plus complexe que cela. À l’université, il choisira d’étudier en priorité la psychologie des foules et non l’informatique comme on aurait pu le penser. Avec un ami il crée, à 20 ans, un premier logiciel de recommandation de fichiers musicaux et déjà à l’époque ce travail avait intéressé Microsoft.<br/>
 
Facemash, son premier réseau social, a pour but de comparer les photos de deux filles pour les noter et savoir laquelle est la plus sexy. Comme dit Julien Le Bot, site un peu cradingue !<br/>
 
À la sortie d’un dîner il entend que des étudiants souhaiteraient disposer d’un trombinoscope en ligne pour avoir de bonnes informations sur les filles, encore ! Quelques mois plus tard, il lance un projet qui remplace les albums papier distribués chaque année aux étudiants avec deux choses essentielles : le nom et la photo. Le succès est immédiat : 30 000 étudiants inscrits au bout de deux mois. Facebook était né.
 
 
 
Plateforme très simple, fonctionnalités qui correspondent à une demande. Quoi que plus bénin que de cliquer sur l’expression « Je partage » pour recommander à ses amis même un contenu qui ne provient pas de Facebook ? Cela permet de savoir ce que ressentent les internautes, quelles sont les thématiques qui les intéressent.<br/>
 
Quoi de plus simple que d’arriver sur un site et pouvoir se loguer avec son compte Facebook sans avoir à créer un nouveau compte ? Facebook devient un intermédiaire entre les internautes et des sites qui n’ont rien à voir avec Facebook.<br/>
 
Ces fonctionnalités deviennent à leur tour des outils de mesure au service de futurs algorithmes.
 
 
 
Pour Mark Zuckerberg une partie de la vie privée doit être abolie. Les usagers sont surveillés. Facebook sait ce qu’ils font même quand ils ne sont pas sur Facebook et c’est très pernicieux parce que toutes ces informations sont livrées librement ; on n’a pas l’impression de se dévoiler à une entreprise privée.<br/>
 
Ce modèle économique, le capitalisme de surveillance, avec développement de fonctionnalités qui captent l’attention des internautes pour qu’ils restent le plus longtemps possible sur la plateforme, permet ensuite à Facebook de monétiser cette attention. Facebook est une immense régie publicitaire. Les bases de données personnelles toujours plus complètes, grâce aussi à des applications comme Instagram, WhatApps rachetées par Facebook, sont vendues aux annonceurs, leur permettant de cibler encore mieux.<br/>
 
Certes, quand on reste sur des choses anodines, cela peut ne pas sembler très grave. Mais quand il s’agit de questions politiques, de questions religieuses, ça devient très inquiétant parce que cela donne beaucoup de pouvoirs à Zuckerberg, d’autant plus quand on apprend que plus de la moitié des Américains disent aujourd’hui s’informer prioritairement par Facebook.
 
 
 
Mark Zuckerberg admire Bill Gates, l’homme grâce auquel il y a un PC dans toutes les maisons, tout le monde a les mêmes logiciels et communique avec les mêmes outils. Avec Facebook, tout le monde est sur le même réseau social. Il est convaincu que relier les gens, les connecter, suffit à faire le bien et à améliorer le monde.<br/>
 
De telles convictions dues à une naïveté feinte ou réelle, font que Zuckerberg a mis longtemps à réaliser les dommages collatéraux provoqués par ce mépris manifeste de la vie privée. Il a été obligé de reconnaître les dérives de Facebook, certes du bout des lèvres quand on écoute les réponses lapidaires qu’il fournit lors de son interrogation par une commission parlementaire au sujet du scandale Cambridge Analytica, entreprise qui avait utilisé des données de Facebook pour adresser des messages politiques ciblés à des électeurs avant la présidentielle américaine. Cette vidéo dans laquelle Zuckerberg se fait laminer a été diffusée ; les « like » des internautes voulant dire « on est en colère » ont donné des indices sur leurs opinions politiques reversées, selon Julien Le Bot, dans la régie publicitaire pour encore cibler des catégories d’individus et encore en tirer profit.<br/>
 
Paradoxe des uns, cynisme de l’autre.
 
 
 
Aujourd’hui Facebook est valorisé aux alentours de 600 milliards de dollars ; la fortune de Zuckerberg, 36 ans, estimée à 60 milliards de dollars. Richesse qui va de pair avec la puissance. Il est à la tête d’une sorte de pays numérique, un lieu fréquenté par 2,4 milliards de personnes, un tiers quasiment de l’humanité et il sait sur chacun de ces habitants autant de choses, voire plus, que les États dont ils dépendent.<br/>
 
Une des seules passions intellectuelles avouée de Zuckerberg c’est l’Empire romain, il a d’ailleurs étudié le latin, le grec aussi. Il est reçu comme presque un égal par les chefs d’État parce qu’ils savent que LUI est l’empereur d’un monde sur lequel ILS ont peu de pouvoir, le monde numérique.<br/>
 
Dans ce monde il fabrique les lois, les « conditions générales d’utilisation » que personne ne lit jamais mais que personne n’est censé ignorer non plus à partir du moment où il est sur Facebook. Ce réseau social a réalisé le cauchemar de Lessig exprimé en 1999 dans son essai <em>Code is Law</em>, le code informatique fait la loi. Le code entier de la plateforme, dont on ignore tout, n’exerce-t-il pas une sorte de tyrannie informatique sur ses utilisateurs consentants ?<br/>
 
La programmation informatique est une activité politique. Facebook est une puissance géopolitique. La vision de Zuckerberg lui donne l’impression d’emmener les gens dans son projet de fusionner l’humanité. Il est persuadé que sa plateforme est une force positive et peut-être espère-t-il qu’on se rendra compte dans deux cents ans que Facebook était une étape fondamentale dans l’histoire de l’humanité.<br/>
 
Facebook inquiète. Des critiques de plus en plus féroces sont adressées à Zuckerberg. Il est devant une machine devenue aujourd’hui complètement folle et il devient très compliqué de redresser la barre. De plus en plus de gens plaident pour un démantèlement de Facebook, mais est-ce techniquement possible ? Peut-on continuer à laisser les citoyens offrir leur vie privée, leurs pensées les plus intimes à une entreprise cynique, irresponsable, entraînant de multiples dangers pour nos démocraties ?
 
 
 
Les transcriptions sont relues avant d’être finalisées et publiées sur le site de l’April. Un des relecteurs avait commenté : « Comment est-ce encore possible que des gens continuent à utiliser ce réseau. C’est inouï ! »<br/>
 
Bien entendu j’encourage les auditeurs à écouter ces deux podcasts, à lire ou relire leurs transcriptions. Cela donnera des éléments de réflexion et des arguments aux personnes qui souhaitent conseiller des réseaux interopérables, basés sur des logiciels libres, et qui ont à cœur de susciter autant que possible auprès de toutes et tous l’utilisation d’une informatique respectueuse de la vie privée, protégeant les libertés numériques, thème cher à l’April.
 
 
 
<b>Étienne Gonnu : </b>Super Marie-Odile. Merci beaucoup. C’est un très non texte et tu nous offres une introduction parfaite au sujet à venir. Encore une fois les transcriptions s’avèrent être un outil très riche justement dans ce que tu nous décrivais, une manière de former et de faire passer du savoir pour libérer notre informatique.<br/>
 
En tout cas un grand merci Marie-Odile, encore une fois.
 
 
 
<b>Marie-Odile Morandi : </b>C’est toi que je remercie. À la prochaine. Bonne continuation.
 
 
 
<b>Étienne Gonnu : </b> À la prochaine. Merci. Bonne journée Marie-Odile.
 
Avant de passer à notre sujet principal nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter <em>L'Étoile danse (pt.1)</em> par Meydän. On se retrouve juste après. Je vous souhaite une belle journée à l’écoute de Cause Commune, 93.1 FM, la voix des possibles.
 
 
 
<b>Pause musicale : </b>em>L'Étoile danse (pt.1)</em> par Meydän .
 
 
 
<b>Voix off : </b> Cause Commune.
 
 
 
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>L'Étoile danse (pt.1)</em> par Meydän, disponible sous licence libre Creative Commons, Attibution
 

Dernière version du 22 juin 2020 à 10:49


Publié ici - Juin 2020