Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 9 avril 2019 »

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==2’ 12 Chronique « Partager est bon » [http://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190409/libre-a-vous-20190409-chronique-veronique-bonnet-partager-est-bon-les-ecoles-devraient-utiliser-exclusivement-du-logiciel-libre.ogg Podcast] 13 min==
 
==2’ 12 Chronique « Partager est bon » [http://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190409/libre-a-vous-20190409-chronique-veronique-bonnet-partager-est-bon-les-ecoles-devraient-utiliser-exclusivement-du-logiciel-libre.ogg Podcast] 13 min==
  
<b>Frédéric Couchet : </b>Aujourd’hui je suis avec Véronique Bonnet
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<b>Frédéric Couchet : </b>Aujourd’hui je suis avec Véronique Bonnet. Véronique bonjour.
  
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<b>Véronique Bonnet : </b>Bonjour Fred.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Véronique tu es professeur de philosophie, tu es également membre du conseil d’administration de l’April. Aujourd’hui tu es là pour ta chronique « Partager est bon ». Le thème d’aujourd’hui c’est « Pourquoi les écoles devraient utiliser exclusivement du logiciel libre », un texte signé Richard Stallman.
  
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<b>Véronique Bonnet : </b>En effet. J’avais parlé la dernière fois d’idéalisme pragmatique, c’est-à-dire qu’il y a un idéal du logiciel libre qui est de faire en sorte que tous les utilisateurs, tous les humains, puisque maintenant tous les humains utilisent l’informatique, aient leur autonomie préservée. L’idée de la philosophie GNU c’est d’appliquer ce principe-là, d’une émancipation, d’un respect, à différentes occurrences de la société. Là par exemple on va aller, dans ce texte de Richard, de ce principe universel qui est rappelé, le logiciel libre est bien ce qui concerne tous les humains leur donnant la possibilité de contrôler leur ordinateur, le logiciel libre donne également aux utilisateurs la liberté de coopérer, de vivre dans la droiture morale.<br/>
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Ça c’est pour le principe universel et il se trouve qu’il y a des apprentis utilisateurs qui s’appellent les élèves et ce texte leur est donc consacré ; ses raisons s’appliquent aux écoles comme à tout le monde.
  
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Ce que je trouve extrêmement intéressant dans ce texte c’est qu’il y a une graduation des argumentaires. Il s’agit de montrer que s’il n’y a pas de logiciels libres à l’école, il peut y avoir des formes d’abstraction qui sont tout à fait non compréhensibles s’il n’y a pas d’accès au cœur du système qui s’appelle le code source.
  
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Je vais montrer que dans cet argumentaire Richard commence toujours par le moins important. Il va toujours de ce qui est le moins essentiel vers le plus essentiel.
  
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Ce qui lui paraît le moins essentiel c’est l’argument monétaire, c’est l’argument financier et effectivement on sait à quel point il précise assez régulièrement que <em>free software</em> ne veut pas du tout dire « logiciel gratuit » mais « logiciel libre ». Il se trouve qu’il y a un argument qui est d’ailleurs parfois employé, on tremble que seulement celui-là soit employé, qui est que adopter le logiciel libre dans les écoles permet un gain financier important. Là je cite Richard Stallman : « Le logiciel lire fait économiser de l’argent aux écoles, mais c’est un bénéfice secondaire. Il permet des économies, car il donne aux écoles comme aux autres utilisateurs la liberté de copier et de redistribuer les logiciels. L’Éducation nationale ou tout système éducatif peut en donner des copies à toutes les écoles et chacune peut installer les programmes sur ses ordinateurs sans avoir besoin de payer pour le faire ». Donc je dirais que ce bénéfice est factuel, il est réel. C’est vrai que parfois il compte beaucoup aux yeux de ceux qui administrent les dossiers publics. C’est d’ailleurs peut-être pour cette raison qu’à un moment la gendarmerie a basculé dans le logiciel libre, peut-être que ça permettait d’acheter des véhicules, d’autres ordinateurs sans avoir à chaque fois à payer pour la remise à jour ou pour l’acquisition de logiciels privateurs.
  
Pause musicale :  
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Une fois ce premier argument évoqué, parce qu’il est réel même s’il est secondaire, il va y avoir des arguments qui vont être beaucoup plus forts et beaucoup plus en phase avec l’Éducation nationale puisque éduquer, encore une fois, c’est amener quelqu’un à sortir de ses intérêts particuliers, de ses impulsions immédiates, de ses préjugés, pour aller vers les autres.<br/>
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Cet argumentaire est présenté sous une forme qui est très ramassée, qui est très efficace, on va vers déjà du plus essentiel, je cite : « Il s’agit ici de faire de la bonne éducation plutôt que de la mauvaise éducation, approfondissons donc la question ». Et là Richard dit que cet argument commence à occuper la première place dans les préoccupations de quelqu’un qui veut vraiment adhérer à l’idéal du logiciel libre.<br/>
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Si on parle de bonne éducation, c’est parce qu’une éducation qui interdirait certains savoirs, par exemple la compréhension d’un code source, serait ennemie de l’éducation. Là je cite très exactement ce qui est dit dans le texte : « L’école a une mission sociale celle de former les élèves à être citoyens d’une société forte, capable, indépendante, solidaire et libre ». Donc si on veut que cette possibilité de participer à des échanges et à des choix collectifs soit préparée à l’école il va de soi qu’une forme d’éducation qui tournerait le dos à la transparence du code source serait, en effet, une opposition au savoir que l’on cherche. Je cite toujours : « Le savoir que tu recherches est un secret — c’est ce qu’on dit lorsqu’on utilise une informatique non-libre — apprendre est interdit », et dans ce cas-là le logiciel privateur est par essence celui qui entrave le savoir. On est dans ce que Richard Stallman appelle le culte du technologique et je dirais que sur ce point, le travail qui est effectué par la philosophie GNU est dans la lignée d’un certain théoricien qui s’appelle Michel Foucault. Michel Foucault qui dit qu’il y a deux possibilités : soit on fait du savoir un contre-pouvoir, c’est ce que veut tenter le logiciel libre puisqu’on apprend à des citoyens, de futurs citoyens, à ne pas être manipulés ; soit le savoir est la chasse gardée du pouvoir. Et on voit bien que si on va vers des formules qui disent que la technologie est sacrée, qu’elle est réservée à quelques-uns, que seuls quelques-uns peuvent comprendre, là en effet on est dans une démarche qui n’est pas éducative, qui ne relève pas de la bonne éducation, mais de la mauvaise éducation.
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Ceci nous amène au troisième argument qui n’est pas des moindres, encore une fois on va vers des propositions qui sont de plus en plus essentielles. Puisque le logiciel libre permet l’accès au code source, ceci est essentiel certes pour ceux qui ne seront pas informaticiens, pour quiconque sera un citoyen, et je dirais que c’est essentiel aussi pour ceux qui deviendront informaticiens, qui à leur tour écriront du code puisque, en effet, le logiciel libre est propice à la maîtrise du code, à l’innovation, étant donné que lorsque le code source est ouvert, il est certain que les futurs informaticiens pourront être dans des conditions optimales pour construire/déconstruire. Par exemple ils pourront déconstruire par la rétro-ingénierie ce qu’il en est des logiciels privateurs. Là je cite à nouveau Richard : « Les écoles qui utilisent du logiciel libre permettent aux apprentis programmeurs doués de progresser. On apprend à écrire du code bon et clair en lisant beaucoup de code et en écrivant beaucoup de code. Seul le logiciel libre le permet. »
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Là c’était le troisième argument. J’en arrive à l’argument essentiel, on devine lequel, puisque le logiciel libre n’est pas simplement une affaire technologique mais une affaire éthique et la raison la plus profonde c’est l’éducation morale, éducation morale, l’habitude d’aider les autres. Je cite le texte de Richard Stallman : « Apprendre aux élèves à partager des logiciels et ceci dès la maternelle. » C’est-à-dire que là on est bien dans l’idée d’une éducation qui va être tournée vers les autres, qui ne sera pas repliée sur soi, et qui va ouvrir à ce que le pragmatisme qui est de courte vue parfois ne comprend pas, qui ouvre à l’autonomie.<br/>
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Je pense bien sûr aux problématiques contemporaines. Fred je pense que tu partages aussi cette idée que sans relâche chaque fois que nous avons à faire – là par exemple le projet de loi sur l’école de la confiance devant le Parlement donc devant l’Assemblée nationale, n’a pas pu être doté de cet amendement essentiel qui aurait étendu la priorité au logiciel libre de l’enseignement supérieur au lycée et au collège ; maintenant ceci va aller devant le Sénat –, il me semble que sans relâche nous avons à faire usage de ces arguments, du plus léger au plus lourd, à celui de la moralité. Économiser de l’argent certes, peut-être qu’il y a des comptables qui sont sensibles à cet argumentaire, pourquoi pas puisqu’il est factuel. Éduquer effectivement, le but c’est d’éduquer, de faire de la bonne éducation. Former des informaticiens qui puissent pratiquer le code en ayant accès au code source et surtout la moralité puisque, et c’est le titre de cette rubrique, « Partager est bon ».
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<b>Frédéric Couchet : </b>Eh bien merci Véronique. Évidemment je pense que toutes les personnes qui écoutent partagent ce que tu viens de dire. Je précise que nous enregistrons cette chronique en avril 2019 et que le projet de loi pour une école de la confiance, comme tu l’as expliqué, lors de son examen à l’Assemblée nationale il y avait des amendements visant à introduire la priorité au logiciel libre dans le monde de l’Éducation nationale ; que ces amendements ont été rejetés notamment par le ministre Jean-Michel Blanquer. En termes de calendrier, en avril le projet de loi va être étudié au Sénat et nul doute que les sénateurs et sénatrices vont redéposer un amendement priorité au logiciel libre. Je vais rappeler qu’en 2013 le premier amendement priorité au logiciel libre dans un petit bout de l’Enseignement supérieur et de la Recherche était initialement déposé au Sénat. Donc on va encourager les personnes qui nous écoutent évidemment à contacter les sénateurs et sénatrices et à s’appuyer sur ce texte notamment de Richard Stallman et sur les arguments que tu as cités. Le texte de Richard Stallman c’est « Pourquoi les écoles devraient utiliser exclusivement du logiciel libre ». On va préciser qu’évidemment il faut une phase de transition, c’est pour ça que c’est la notion de priorité au logiciel libre.<br/>
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Les références sont évidemment sur le site de l’April, sinon vous retrouverez ce texte sur le site gnu.org, donc g, n, u point org.<br/>
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Je te remercie Véronique pour cette chronique.
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<b>Véronique Bonnet : </b>Avec plaisir.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Dont je rappelle le titre « Partager est bon ». Merci Véronique.
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<b>Véronique Bonnet : </b>Très bonne journée.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Bonne journée.
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Vous venez donc d’écouter la chronique de Véronique Bonnet, professeur de philosophie, membre du conseil d’administration de l’April sur la thématique « Pourquoi les écoles devraient utiliser exclusivement du logiciel libre ». Cette chronique a été enregistrée il y a quelques jours et je disais que bientôt le projet de loi pour une école de la confiance sera examiné au Sénat. Il se trouve que j’ai sous les yeux, ce 9 avril 2019, une petite fenêtre avec Jean-Michel Blanquer, le ministre, qui est auditionné actuellement au Sénat. Donc suivez le site de l’April nous mettrons des références évidemment pour les amendements logiciel libre ou autres en tout cas des comptes-rendus. Ça va bientôt commencer.
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Nous allons faire pause musicale. Nous allons écouter un morceau qui s’appelle <em>Cat Machine</em> de Dag-z et on se retrouve juste après.
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Pause musicale : <em>Cat Machine</em> par Dag-z.
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<b>Voix off : </b> Cause Commune 93.1
  
 
==19’ 05 Wikipédia et la Wikimedia Foundation [http://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190409/libre-a-vous-20190409-sujet-long-wikipedia-et-la-wikimedia-foundation.ogg Podcast] 55 min ==
 
==19’ 05 Wikipédia et la Wikimedia Foundation [http://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190409/libre-a-vous-20190409-sujet-long-wikipedia-et-la-wikimedia-foundation.ogg Podcast] 55 min ==

Version du 11 avril 2019 à 18:47


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 9 avril 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : Véronique Bonnet - Pierre-Yves Beaudouin - Nadine Le Lirzin - Étienne Gonnu - Isabella Vanni - Frédéric Couchet

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 9 avril 2019

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou télécharger le podcast

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur web préféré, si possible libre, rendez vous sur le site de la radio, cliquez sur « chat » et vous nous retrouverez ainsi sur le salon dédié à l’émission.
Nous sommes mardi avril 2019, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’association c’est april.org, a, p, r, i, l, point org et vous y retrouvez déjà une page consacrée à l’émission avec un certain nombre de liens, de références utiles, les détails sur les pauses musicales et évidemment cette page sera mise à jour après l’émission. Je vous souhaite une excellente écoute.

Nous allons passer maintenant au programme de l’émissiondu jour. Nous allons commencer dans quelques secondes par la chronique de Véronique Bonnet intitulée « Partager est bon ».
D’ici une quinzaine de minutes notre sujet principal portera sur Wikipédia avec nos invités Pierre-Yves Beaudouin président de Wikimédia France et Nadine Le Lirzin secrétaire Wikimédia France mais avant tout wikipédien et wikipédienne de longue date.
Et en fin d’émission nous ferons un point sur la directive droit d’auteur, enfin sur la proposition de directive droit d’auteur avec Pierre-Yves Beaudouin toujours de Wikimédia France et Étienne Gonnu de l’April.

Aujourd’hui à la réalisation, pour sa première, ma collègue Isabella Vanni que je salue avec l’aide d’Étienne qui est à côté d’elle actuellement.

Nous allons commencer par la seconde chronique de Véronique Bonnet. Véronique Bonnet est professeur de philosophie, elle est membre du conseil d’administration de l’April. Sa chronique s’intitule « Partager est bon » et pour cette deuxième chronique Véronique va nous commenter un texte de Richard Stallman intitulé « Pourquoi les écoles devraient utiliser exclusivement du logiciel libre ».

2’ 12 Chronique « Partager est bon » Podcast 13 min

Frédéric Couchet : Aujourd’hui je suis avec Véronique Bonnet. Véronique bonjour.

Véronique Bonnet : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Véronique tu es professeur de philosophie, tu es également membre du conseil d’administration de l’April. Aujourd’hui tu es là pour ta chronique « Partager est bon ». Le thème d’aujourd’hui c’est « Pourquoi les écoles devraient utiliser exclusivement du logiciel libre », un texte signé Richard Stallman.

Véronique Bonnet : En effet. J’avais parlé la dernière fois d’idéalisme pragmatique, c’est-à-dire qu’il y a un idéal du logiciel libre qui est de faire en sorte que tous les utilisateurs, tous les humains, puisque maintenant tous les humains utilisent l’informatique, aient leur autonomie préservée. L’idée de la philosophie GNU c’est d’appliquer ce principe-là, d’une émancipation, d’un respect, à différentes occurrences de la société. Là par exemple on va aller, dans ce texte de Richard, de ce principe universel qui est rappelé, le logiciel libre est bien ce qui concerne tous les humains leur donnant la possibilité de contrôler leur ordinateur, le logiciel libre donne également aux utilisateurs la liberté de coopérer, de vivre dans la droiture morale.
Ça c’est pour le principe universel et il se trouve qu’il y a des apprentis utilisateurs qui s’appellent les élèves et ce texte leur est donc consacré ; ses raisons s’appliquent aux écoles comme à tout le monde.

Ce que je trouve extrêmement intéressant dans ce texte c’est qu’il y a une graduation des argumentaires. Il s’agit de montrer que s’il n’y a pas de logiciels libres à l’école, il peut y avoir des formes d’abstraction qui sont tout à fait non compréhensibles s’il n’y a pas d’accès au cœur du système qui s’appelle le code source.

Je vais montrer que dans cet argumentaire Richard commence toujours par le moins important. Il va toujours de ce qui est le moins essentiel vers le plus essentiel.

Ce qui lui paraît le moins essentiel c’est l’argument monétaire, c’est l’argument financier et effectivement on sait à quel point il précise assez régulièrement que free software ne veut pas du tout dire « logiciel gratuit » mais « logiciel libre ». Il se trouve qu’il y a un argument qui est d’ailleurs parfois employé, on tremble que seulement celui-là soit employé, qui est que adopter le logiciel libre dans les écoles permet un gain financier important. Là je cite Richard Stallman : « Le logiciel lire fait économiser de l’argent aux écoles, mais c’est un bénéfice secondaire. Il permet des économies, car il donne aux écoles comme aux autres utilisateurs la liberté de copier et de redistribuer les logiciels. L’Éducation nationale ou tout système éducatif peut en donner des copies à toutes les écoles et chacune peut installer les programmes sur ses ordinateurs sans avoir besoin de payer pour le faire ». Donc je dirais que ce bénéfice est factuel, il est réel. C’est vrai que parfois il compte beaucoup aux yeux de ceux qui administrent les dossiers publics. C’est d’ailleurs peut-être pour cette raison qu’à un moment la gendarmerie a basculé dans le logiciel libre, peut-être que ça permettait d’acheter des véhicules, d’autres ordinateurs sans avoir à chaque fois à payer pour la remise à jour ou pour l’acquisition de logiciels privateurs.

Une fois ce premier argument évoqué, parce qu’il est réel même s’il est secondaire, il va y avoir des arguments qui vont être beaucoup plus forts et beaucoup plus en phase avec l’Éducation nationale puisque éduquer, encore une fois, c’est amener quelqu’un à sortir de ses intérêts particuliers, de ses impulsions immédiates, de ses préjugés, pour aller vers les autres.
Cet argumentaire est présenté sous une forme qui est très ramassée, qui est très efficace, on va vers déjà du plus essentiel, je cite : « Il s’agit ici de faire de la bonne éducation plutôt que de la mauvaise éducation, approfondissons donc la question ». Et là Richard dit que cet argument commence à occuper la première place dans les préoccupations de quelqu’un qui veut vraiment adhérer à l’idéal du logiciel libre.
Si on parle de bonne éducation, c’est parce qu’une éducation qui interdirait certains savoirs, par exemple la compréhension d’un code source, serait ennemie de l’éducation. Là je cite très exactement ce qui est dit dans le texte : « L’école a une mission sociale celle de former les élèves à être citoyens d’une société forte, capable, indépendante, solidaire et libre ». Donc si on veut que cette possibilité de participer à des échanges et à des choix collectifs soit préparée à l’école il va de soi qu’une forme d’éducation qui tournerait le dos à la transparence du code source serait, en effet, une opposition au savoir que l’on cherche. Je cite toujours : « Le savoir que tu recherches est un secret — c’est ce qu’on dit lorsqu’on utilise une informatique non-libre — apprendre est interdit », et dans ce cas-là le logiciel privateur est par essence celui qui entrave le savoir. On est dans ce que Richard Stallman appelle le culte du technologique et je dirais que sur ce point, le travail qui est effectué par la philosophie GNU est dans la lignée d’un certain théoricien qui s’appelle Michel Foucault. Michel Foucault qui dit qu’il y a deux possibilités : soit on fait du savoir un contre-pouvoir, c’est ce que veut tenter le logiciel libre puisqu’on apprend à des citoyens, de futurs citoyens, à ne pas être manipulés ; soit le savoir est la chasse gardée du pouvoir. Et on voit bien que si on va vers des formules qui disent que la technologie est sacrée, qu’elle est réservée à quelques-uns, que seuls quelques-uns peuvent comprendre, là en effet on est dans une démarche qui n’est pas éducative, qui ne relève pas de la bonne éducation, mais de la mauvaise éducation.

Ceci nous amène au troisième argument qui n’est pas des moindres, encore une fois on va vers des propositions qui sont de plus en plus essentielles. Puisque le logiciel libre permet l’accès au code source, ceci est essentiel certes pour ceux qui ne seront pas informaticiens, pour quiconque sera un citoyen, et je dirais que c’est essentiel aussi pour ceux qui deviendront informaticiens, qui à leur tour écriront du code puisque, en effet, le logiciel libre est propice à la maîtrise du code, à l’innovation, étant donné que lorsque le code source est ouvert, il est certain que les futurs informaticiens pourront être dans des conditions optimales pour construire/déconstruire. Par exemple ils pourront déconstruire par la rétro-ingénierie ce qu’il en est des logiciels privateurs. Là je cite à nouveau Richard : « Les écoles qui utilisent du logiciel libre permettent aux apprentis programmeurs doués de progresser. On apprend à écrire du code bon et clair en lisant beaucoup de code et en écrivant beaucoup de code. Seul le logiciel libre le permet. »

Là c’était le troisième argument. J’en arrive à l’argument essentiel, on devine lequel, puisque le logiciel libre n’est pas simplement une affaire technologique mais une affaire éthique et la raison la plus profonde c’est l’éducation morale, éducation morale, l’habitude d’aider les autres. Je cite le texte de Richard Stallman : « Apprendre aux élèves à partager des logiciels et ceci dès la maternelle. » C’est-à-dire que là on est bien dans l’idée d’une éducation qui va être tournée vers les autres, qui ne sera pas repliée sur soi, et qui va ouvrir à ce que le pragmatisme qui est de courte vue parfois ne comprend pas, qui ouvre à l’autonomie.
Je pense bien sûr aux problématiques contemporaines. Fred je pense que tu partages aussi cette idée que sans relâche chaque fois que nous avons à faire – là par exemple le projet de loi sur l’école de la confiance devant le Parlement donc devant l’Assemblée nationale, n’a pas pu être doté de cet amendement essentiel qui aurait étendu la priorité au logiciel libre de l’enseignement supérieur au lycée et au collège ; maintenant ceci va aller devant le Sénat –, il me semble que sans relâche nous avons à faire usage de ces arguments, du plus léger au plus lourd, à celui de la moralité. Économiser de l’argent certes, peut-être qu’il y a des comptables qui sont sensibles à cet argumentaire, pourquoi pas puisqu’il est factuel. Éduquer effectivement, le but c’est d’éduquer, de faire de la bonne éducation. Former des informaticiens qui puissent pratiquer le code en ayant accès au code source et surtout la moralité puisque, et c’est le titre de cette rubrique, « Partager est bon ».

Frédéric Couchet : Eh bien merci Véronique. Évidemment je pense que toutes les personnes qui écoutent partagent ce que tu viens de dire. Je précise que nous enregistrons cette chronique en avril 2019 et que le projet de loi pour une école de la confiance, comme tu l’as expliqué, lors de son examen à l’Assemblée nationale il y avait des amendements visant à introduire la priorité au logiciel libre dans le monde de l’Éducation nationale ; que ces amendements ont été rejetés notamment par le ministre Jean-Michel Blanquer. En termes de calendrier, en avril le projet de loi va être étudié au Sénat et nul doute que les sénateurs et sénatrices vont redéposer un amendement priorité au logiciel libre. Je vais rappeler qu’en 2013 le premier amendement priorité au logiciel libre dans un petit bout de l’Enseignement supérieur et de la Recherche était initialement déposé au Sénat. Donc on va encourager les personnes qui nous écoutent évidemment à contacter les sénateurs et sénatrices et à s’appuyer sur ce texte notamment de Richard Stallman et sur les arguments que tu as cités. Le texte de Richard Stallman c’est « Pourquoi les écoles devraient utiliser exclusivement du logiciel libre ». On va préciser qu’évidemment il faut une phase de transition, c’est pour ça que c’est la notion de priorité au logiciel libre.
Les références sont évidemment sur le site de l’April, sinon vous retrouverez ce texte sur le site gnu.org, donc g, n, u point org.
Je te remercie Véronique pour cette chronique.

Véronique Bonnet : Avec plaisir.

Frédéric Couchet : Dont je rappelle le titre « Partager est bon ». Merci Véronique.

Véronique Bonnet : Très bonne journée.

Frédéric Couchet : Bonne journée.

Vous venez donc d’écouter la chronique de Véronique Bonnet, professeur de philosophie, membre du conseil d’administration de l’April sur la thématique « Pourquoi les écoles devraient utiliser exclusivement du logiciel libre ». Cette chronique a été enregistrée il y a quelques jours et je disais que bientôt le projet de loi pour une école de la confiance sera examiné au Sénat. Il se trouve que j’ai sous les yeux, ce 9 avril 2019, une petite fenêtre avec Jean-Michel Blanquer, le ministre, qui est auditionné actuellement au Sénat. Donc suivez le site de l’April nous mettrons des références évidemment pour les amendements logiciel libre ou autres en tout cas des comptes-rendus. Ça va bientôt commencer.

Nous allons faire pause musicale. Nous allons écouter un morceau qui s’appelle Cat Machine de Dag-z et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Cat Machine par Dag-z.

Voix off : Cause Commune 93.1

19’ 05 Wikipédia et la Wikimedia Foundation Podcast 55 min

Frédéric Couchet : Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. J’espère que vous avez dansé comme nous dans le studio sur ce morceau dont je rappelle qu’il s’appelle Cat Machine, l’artiste c’est Dag-z ; c’est sous licence Art libre et vous retrouvez évidemment la référence sur le site de l’April.

Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur Wikipédia avec nos invités que vous connaissez déjà si vous avez écouté l’émission du 5 mars 2019, car ces personnes étaient déjà présentes donc Pierre-Yves Beaudouin, président de Wikimédia France. Bonjour Pierre-Yves.

Pierre-Yves Beaudouin : Bonjour Frédéric.

Frédéric Couchet : Et je laisse quelques secondes à Nadine Le Lirzin, secrétaire de Wimédia France, qui vient de s’installer. Bonjour Nadine.

Nadine Le Lirzin : Bonjour à tous.

Frédéric Couchet : Cette émission, comme je dis, fait suite à la première émission que nous avons diffusée le 5 mars 2019. La référence est sur le site de l’April si vous voulez écouter le podcast ou lire la transcription. L’idée de cette deuxième émission, eh bien certaines personnes qui nous ont écouté nous ont dit : « Wikipédia est quand même un acteur de plus en plus important dans le monde et il faudrait consacrer une deuxième émission pour entrer peut-être un peu plus en détail sur certaines problématiques ou en tout cas questions liées à ce fameux bouton « modifier » et également aussi sur le fonctionnement interne de l’encyclopédie, les liens entre la fondation Wikimédia, les chapitres locaux et Wikipédia ». C’est pour ça qu’on a de nouveau convié Pierre-Yves Beaudouin et Nadine Le Lirzin qui, en plus d’être Wikimédia France, sont avant tout comme je l’ai dit en début d’émission, des wikipédien et wikipédienne de très longue date.
On va d’abord faire un tour de table de présentation rapide. Nadine, est-ce que tu peux simplement à nouveau te présenter ? Ce que tu fais dans la vie, ton activité sur Wikipédia ?

Nadine Le Lirzin : Sur Wikipédia je contribue comme n’importe quel contributeur à corriger, à écrire, créer des articles, vérifier, passer derrière les modifications des autres. Je fais ça depuis 2008 et, à un certain moment, je me suis dit j’ai envie de continuer plus encore à défendre les projets. Je trouvais que dans le milieu j’étais ils étaient mal perçus, dans le milieu un peu universitaire, ce genre de chose ; c’était il y a plusieurs années, les choses changent heureusement. Donc j’avais envie d’avoir un peu des billes pour défendre de manière théorique un projet que j’aimais déjà de tout mon cœur mais parfois il me manquait des mots pour le défendre, tout simplement. Je suis donc devenue membre de l’association Wikimédia France.

Frédéric Couchet : D’accord.

Nadine Le Lirzin : Voilà. On passe de l’encyclopédie à l’association, mais les deux sont bien deux choses très différentes.

Frédéric Couchet : Nous aurons l’occasion justement de détailler ça et de voir les liens entre les deux choses, les deux structures ou les deux projets. Pierre-Yves Beaudouin.

Pierre-Yves Beaudouin : Quant à moi j’ai commencé en 2004. Donc mes contributions ont changé au cours du temps. Ces dernières années, quand le temps me le permet, je fais de la photo, de la photo de sport principalement et de cimetières, plus original.

Frédéric Couchet : Justement, rappelle-moi comment s’appellent les gens qui sont fans de cimetières.

Pierre-Yves Beaudouin : Les taphophiles.

Frédéric Couchet : Taphophiles.

Pierre-Yves Beaudouin : Sinon je suis l’actuel président de Wikimédia France. Assez vite je me suis tourné vers les structures du mouvement pour faire connaître ce projet qu’est Wikipédia et ses projets associés. Donc je fais beaucoup de relations publiques, relations de presse. Voilà.

Frédéric Couchet : D’accord. On me signale en régie qu’il faudrait que vous parliez un peu plus proches du micro tous les deux pour que le son soit parfait. Voilà, c’est signalé.
On va d’abord, même si on a déjà fait une première émission sur le sujet, on va quand même revenir sur certains fondamentaux avant d’aborder de nouveaux sujets et on va d’abord commencer par rappeler les bases. Pour faire plus simple je suis parti des cinq principes fondamentaux. Je vais les lister un par un et vous allez réagir là-dessus pour expliquer un petit peu ce que sont ces cinq principes fondamentaux de manière à ce que les personnes qui nous écoutent comprennent quels sont déjà les principes de base de Wikipédia.
Premier principal fondamental : Wikipédia c’est une encyclopédie. Qu’est-ce que ça veut dire une encyclopédie. Qui commence ? Nadine ? Pierre-Yves ?

Pierre-Yves Beaudouin : Je peux commencer.

Frédéric Couchet : Pierre-Yves.

Pierre-Yves Beaudouin : L’idée c’était de rappeler que l’objectif du projet, le but principal est de rédiger une encyclopédie et donc non pas, par exemple, un dictionnaire, non pas un réseau social. Ça permet aussi d’exclure tout un tas de contenus et tout un tas de personnes qui n’ont pas forcément leur place sur ce projet et que tout le monde ait un même but. Donc voilà un peu ce premier principe fondateur. À noter qu’ils ne sont pas apparus dès la création de Wikipédia ; ils sont apparus en 2005 ; ils ont été imaginés par nos amis anglophones, surtout les Américains je pense et peut-être que le fondateur Jimmy Wales de Wikipédia y a participé. Donc il y en a cinq dans la plupart des langues, sauf les Allemands qui ont zappé le cinquième et eux n’en ont que quatre.

Frédéric Couchet : On parlera du cinquième. Je précise que Wikipédia a été créée en 2001, donc quatre ans après il y a eu ces principes fondateurs. Est-ce que tu veux préciser quelque chose sur le premier point Nadine ?

Nadine Le Lirzin : Sur le fait que c’est une encyclopédie ? Oui. Parce qu’en creux ce n’est pas une tribune, ce n’est pas un journal intime. Je pense que ce principe a été posé parce que « encyclopédie libre » donnait cette impression que c’était libre d’y faire n’importe quoi. Tout le monde peut écrire dedans donc on peut aussi écrire n’importe quoi. Il fallait restreindre un peu le sujet.

Frédéric Couchet : D’accord. C’est en lien d’ailleurs avec le deuxième principe fondamental qui est que Wikipédia recherche la neutralité de point de vue. Qu’est-ce que la neutralité de point de vue ?

Pierre-Yves Beaudouin : C’est un objectif vers lequel les articles doivent tendre ; tous les articles ne respectent pas forcément ce principe, mais l’idée c’est que le rédacteur de l’article ou les rédacteurs et rédactrices des articles ne doivent pas donner leur avis, ne doivent pas laisser transparaître leurs avis, leur militantisme par exemple, dans les articles. En fait le travail d’un encyclopédiste est de vulgariser, de synthétiser le savoir, ne pas le créer lui-même. On ne substitue aux journalistes et aux chercheurs, notamment, donc il faut synthétiser ce savoir s’il existe et s’il n’existe pas, du coup, Wikipédia ne peut pas traiter le sujet.

Frédéric Couchet : D’accord. Nadine ?

Nadine Le Lirzin : Je trouve que dans l’ensemble les contributeurs au long cours sont tous de bonne foi, essaient tous de respecter cette neutralité au mieux. Ce sont souvent les discussions qui font ressortir la neutralité parce qu’on se confronte aux idées de l’autre et que les problèmes, quand il y en a, viennent de l’extérieur, c’est-à-dire de personnes qui ne viennent contribuer que sur un seul sujet, qui ne sont pas souples, qui sont persuadées de détenir une vérité ou d’avoir autorité sur un sujet.

Frédéric Couchet : Justement on prendra un exemple tout à l’heure, dans la suite de l’émission, pour mieux faire comprendre aux personnes qui nous écoutent comment ça se vit au quotidien.
Troisième point fondamental : Wikipédia est publiée sous licence libre. Ça veut dire quoi Nadine ?

Nadine Le Lirzin : Ça veut dire deux choses : ça veut dire que quand vous publiez quelque chose il faut que ce soit quelque chose qui sorte de vous. Je pensais plus particulièrement aux photos, ça c’est sur Wikimedia Commons : si vous prenez une photo elle est à vous, vous l’avez faite, vous la donnez en licence libre, vous permettez aux gens de s’en resservir, de l’utiliser commercialement ou non, enfin de l’utiliser. Mais licence libre c’est aussi dans les deux sens : c’est-à-dire qu’on ne peut pas faire n’importe quoi, on ne peut pas mettre n’importe quoi sur l’encyclopédie, et en même temps les autres peuvent s’en servir… Je suis en train de m’embrouiller.

Frédéric Couchet : Non tu ne t’embrouilles pas. Tu as bien commencé l’explication, Pierre-Yves va la finir. Déjà rappeler quelle licence libre aujourd’hui, on ne va pas rentrer dans l’historique, est utilisée dans Wikipédia ?

Pierre-Yves Beaudouin : C’est la Creative Commons CC BY SA.

Frédéric Couchet : Donc Partage à l’identique.

Pierre-Yves Beaudouin : Voilà. Ça permet notamment la réutilisation commerciale ou non-commerciale, ça permet la modification, la libre modification et bien sûr la libre diffusion du contenu qu’il y a sur Wikipédia que ce soit texte ou tout ce qui est illustration. C’est un aspect assez important qui permet d’atteindre notre mission, parce que la mission du mouvement Wikimedia est d’apporter la connaissance au maximum de personnes donc ça passe notamment par les licences libres. Nous estimons en tout cas que ça passe par ça.

Nadine Le Lirzin : Oui. Par exemple un éditeur qui voudrait reprendre des textes, des parties de textes, d’articles pour les éditer et faire payer ces manuels auprès des écoles, enfin peu importe où, pourrait le faire. Il suffit qu’il cite la source, qu’il dise d’où vient ce texte.

Frédéric Couchet : Exactement. Dans la première émission on avait un peu parlé de l’historique et notamment des premiers projets qui n’avaient pas ce mode de fonctionnement et on va rappeler que c’est dans la suite logique des licences libres du logiciel libre qui dès le départ, effectivement, ont fait par principe une réutilisation-modification sans restriction commerciale, parce qu’on va préciser que dans les licences Creative Commons il y a des licences qui interdisent les réutilisations commerciales. Nous aurons l’occasion bientôt de faire une émission sur ce sujet, je le dis de mémoire, je pense que c’est le 7 juin ou plutôt le 7 mai. Le 7 mai je pense qu’on va faire une émission justement sur les licences libres, logiciels et contenus.
On avance. Quatrième principe fondamental : c’est un projet collaboratif qui suit des règles de savoir-vivre. On va peut-être en parler un peu plus en détail tout à l’heure mais déjà, en introduction, qu’est-ce que signifie ce principe-là ?

Pierre-Yves Beaudouin : Effectivement, notamment la Wikipédia francophone c’est par exemple 18 000 contributeurs et contributrices. Donc pour que ce projet collaboratif fonctionne il faut que des règles de savoir-vivre soient respectées comme dans n’importe quelle cité. De temps en temps ou régulièrement la communauté le dit à un rédacteur, même s’il a de bonnes compétences et qu’il est capable de synthétiser le savoir : certains sont incapables de vivre en communauté, de respecter le travail des autres. Donc le principe de Wikipédia ne peut pas fonctionner comme ça parce que ce n’est pas le dernier qui passe sur l’article qui l’emporte. Il faut accepter le travail qui a été fait depuis des années voire quelques générations maintenant. C’est rappeler un principe de base, c’est bon de le rappeler de nos projets.

Frédéric Couchet : C’est toujours bon de rappeler des principes de savoir-vivre dans les communautés. Nadine tu souhaites ajouter quelque chose sur ce point de vue-là ?

Nadine Le Lirzin : Non, ça parle de soi.

Frédéric Couchet : Ça parle de soi.

Nadine Le Lirzin : Le savoir-vivre ! Ça semble tellement évident !

Frédéric Couchet : Ça semble tellement évident, mais on verra peut-être tout à l’heure dans les exemples que ce n’est pas forcément évident et pour toutes les personnes qui agissent dans des communautés humaines on sait que des fois le savoir-vivre n’est pas forcément partagé et des fois il y a des comportements dont il faut tenir compte ; les gens n’ont pas forcément les mêmes.
Dernier point. Tu disais que la Wikimédia allemande ne suivait pas ce dernier point. Je vais rappeler ce dernier point fondamental : « Wikipédia n’a pas d’autre règle fixe que les cinq principes fondateurs énoncés ici. N’hésitez pas à être audacieux et audacieuse dans vos contributions puisque l’un des avantages de pouvoir modifier Wikipédia est que tout n’a pas a être parfait du premier coup ». Nadine l’avait bien expliqué dans la première émission, donc je te laisse éventuellement commenter ce cinquième point.

Nadine Le Lirzin : C’est surtout la deuxième partie qui est intéressante, c’est « allez-y n’hésitez pas il y a un bouton modifier mais en même temps il y a aussi le bouton qui dit révoquer la modification ».

Frédéric Couchet : Revenir en arrière.

Nadine Le Lirzin : Revenir dans l’historique à la version juste précédente. Quant à dire qu’il n’y a pas de règles, c’est peut-être un peu abusif parce qu’en fait il y a tellement de recommandations qu’à force elles forment un tissu .

Frédéric Couchet : Un corpus de règles.

Nadine Le Lirzin : Oui. Mais quand même ce ne sont pas des principes ; on va dire qu’elles restent modifiables, améliorables.

Frédéric Couchet : D’accord. Peut-être qu’on a l’occasion d’en discuter dans les exemples concrets. Pierre-Yves, est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur ce point-là ?

Pierre-Yves Beaudouin : Celui-là est assez important. Ça permet que les gens n’aient pas peur de la somme des règles, ne pensent pas qu’il faille tout lire d’un seul coup avant de contribuer : il faut sauter dans le bain et puis, petit à petit, découvrir les us et coutumes et lire les autres règles.

Frédéric Couchet : OK. Ça ce sont donc les cinq principes fondamentaux. On va maintenant arriver sur un deuxième sujet, le fameux bouton « modifier » dont on a évoqué la dernière fois la puissance, les premières étapes : ne pas créer forcément une nouvelle page mais plutôt de contribuer à des pages déjà existantes. Suite à l’émission on a eu des retours avec des questions : comment ça se passe en pratique et notamment comment se traitent, par exemple, des différences, les différents points de vue ou en tout cas des modifications qui peuvent être concurrentes ? Une autre question qui est venue aussi : à partir de quand devient-on un wikipédien ou une wikipédienne ? Est-ce qu’il y a différents statuts ? C’est-à-dire est-ce qu’à partir du moment où on modifie une page on est de facto membre de cette communauté-là ou est-ce qu’il y a des « grades » entre guillemets en fonction du nombre de pages modifiées ? Et puis on parlera aussi de deux sujets que j’annonce tout de suite comme ça vous le savez : le principe de la guerre d’édition, quand on arrive justement à une problématique assez importante et le deuxième on prendra un exemple sur un sujet très important que sont les biais de genre, qui n’est pas lié du tout à Wikipédia, mais qui existe. Ça me permettra de donner un exemple justement sur le projet récent, je ne sais pas si c’est un projet mais en tout cas le matrimoine par rapport patrimoine et comment on gère des gens qui viennent de l’extérieur avec des ambitions qui sont peut-être différentes de celles d’une encyclopédie et comment on gère ça au niveau de la communauté.
Déjà on va dire premier thème général, ce fameux bouton « modifier ». Donc on met de côté les modifications évidentes qui seraient une correction grammaticale ou mineure de vocabulaire, mais comment ça se passe quand, sur une même page, il y a deux modifications qui pourraient être concurrentes avec deux points de vue qui s’expriment, en tout cas deux idées qui sont mises en avant. Comment ça se passe concrètement ?

Pierre-Yves Beaudouin : Concrètement une discussion s’engage, enfin dans le cas qui se passe le mieux, on va partir de celui-là, donc une discussion dans la page de discussion, il y a un onglet.

Frédéric Couchet : Ça c’est la page de discussion, c’est le troisième onglet sur la page.

Pierre-Yves Beaudouin : Dans chaque article de l’encyclopédie. Chaque partie doit justifier son avis en apportant des sources de qualité, des sources fiables. Plus le sujet va être polémique et plus le sujet va être abondamment traité notamment par le milieu académique plus on va exiger des sources universitaires. Si c’est un sujet un peu plus léger, là ça peut être des sources journalistiques. Voilà. Une discussion se fait et ils doivent se mettre d’accord, il doit y avoir ce qu’on appelle un consensus. Sur Wikipédia il n’y a pas de vote à la majorité, une fois que 51 % est pour hop, on met cette modification. Ils doivent absolument se mettre d’accord parce qu’il n’y a pas de comité éditorial sur Wikipédia donc personne ne tranche sur le fond, c’est vraiment la communauté, donc les rédacteurs qui s’intéressent à cette thématique qui décident de quelle orientation doit prendre l’article, tout cela basé sur des sources déjà existantes.
Après ça peut aussi dériver dans des conflits d’édition, des guerres d’édition. Là ce sont des gens, en fait, qui ne discutent pas mais qui essayent d’imposer leur version de l’article un peu par la force. Donc le moyen de le régler c’est que souvent ces gens-là sont interdits de rédiger, de modifier l’article.

Frédéric Couchet : Sont interdits par qui en fait ?

Pierre-Yves Beaudouin : Il y a quelques personnes dans les communautés qui ont le statut d’administrateur, sisop, en anglais system operator, qui peuvent protéger en lecture les articles.

Frédéric Couchet : En écriture.

Pierre-Yves Beaudouin : En écriture, pardon ! Souvent, quand il y a des guerres d’édition, ça conduit en fait à figer l’article sur une version. Souvent l’autre, la deuxième partie, une des parties dit que c’est la mauvaise version, bien évidemment. Donc pour les obliger un peu à discuter. Sinon les administrateurs peuvent aussi bloquer en écriture des comptes pendant quelque temps si ces personnes font vraiment le bazar sur Wikipédia.

Frédéric Couchet : D’accord. Avant que Nadine intervienne sur ce sujet qui est évidemment essentiel, je précise que les administrateurs ou administratrices sont des membres de la communauté Wikipédia et ne sont pas forcément membres des chapters, des chapitres locaux. Tout à l’heure on parlera des chapitres, là on parle vraiment de la communauté Wikipédia. C’est important de le préciser.

Nadine Le Lirzin : Très important.

Frédéric Couchet : Parce que des gens peuvent se dire que finalement en France ce serait en France Wikimédia France qui pourrait prendre ce rôle d’administrateur ; ce n’est pas du tout le cas. Nadine.

Nadine Le Lirzin : Surtout pas ! Wikimédia France est une association loi 1901 qui défend la diffusion de la culture libre et qui la défend notamment à travers les projets Wikimedia donc Wikipédia en premier. Mais c’est tout. On poursuit peut-être les mêmes buts au final mais par d’autres moyens. Rien à voir avec l’éditorial. On n’a vraiment rien, rien à dire sur ce qui se passe sur l’encyclopédie. Simplement, autant Pierre-Yves que moi nous sommes tous les deux contributeurs depuis pas mal d’année, donc là, en ce moment, on est en train de vous parler en tant contributeurs en tant que membres de cette communauté wikipédienne.

Frédéric Couchet : D’ailleurs quand je vous ai réinvités, tu as bien insisté sur le fait que tu voulais intervenir en tant que wikipédienne, contributrice, et non pas en tant que Wikimédia France.

Nadine Le Lirzin : Surtout pas ! Tout ce qu’on vient de vous dire en fait. Pour être tout à fait – ce n’est pas optimiste d’ailleurs, c’est réaliste – on est membre de la communauté à la première virgule. Si on est de bonne volonté, on arrive sur un sujet, même si on n’est pas d’accord et qu’on vient défendre un point de vue qui n’est pas encore défendu dans l’article, même sur un sujet polémique, on est déjà membre de la communauté. Si on va déjà sur la page de discussion pour amener des sources et pour dire « mais si, quand même ».

Frédéric Couchet : Je te fais juste un petit signe pour les bagues.

Nadine Le Lirzin : Les bagues qui font du bruit dans le micro.

Frédéric Couchet : Qui risquent… Donc c’est aussi important à préciser c’est que même sans avoir utilisé le bouton « modifier » mais en utilisant l’onglet « Discussion » c’est-à-dire en apportant, ce qui le point essentiel, des sources, selon toi on fait déjà partie de cette communauté de wikipédiens et de wikipédiennes ?

Nadine Le Lirzin : Oui, si on est de bonne volonté pour l’améliorer, pour ajouter quelque chose. On commence à discuter par exemple sans encore avoir fait de modification dans l’article lui-même, mais c’est déjà modifié parce que pour discuter il faut déjà cliquer sur un bouton « modifier » ; c’est un wiki.

Frédéric Couchet : Il faut se créer un compte pour le bouton « Discussion ». C’est ça ?

Nadine Le Lirzin : On pourrait le faire sous IP, on n’est pas obligé d’avoir un compte.

Frédéric Couchet : Sous IP, adresse IP, c’est-à-dire l’adresse IP de la personne de la personne qui se connecte.

Nadine Le Lirzin : Voilà. C’est le numéro qui correspond à l’ordinateur depuis lequel vous travaillez et qui se met automatiquement. C’est une série un peu longuette. Dans les discussions dans les discussions c’est assez difficile de parler avec des IP parce qu’on oublie les numéros et on ne sait plus à qui on parle.

Frédéric Couchet : Il vaut mieux parler avec des pseudos, c’est quand même beaucoup plus simple, c’est plus sûr.

Nadine Le Lirzin : Oui, c’est plus simple, on est plus habitué, disons ; moi je suis un peu fâchée avec les chiffres, en plus. Autre chose, c’est que quand Pierre-Yves dit que les administrateurs peuvent bloquer la page, l’interdire en écriture, ce n’est pas de leur propre chef.

Frédéric Couchet : Comment ça se passe ?

Nadine Le Lirzin : C’est-à-dire que souvent ce sont les gens qui discutent, qui voient…

Frédéric Couchet : Qui sollicitent les administrateurs, administratrices.

Nadine Le Lirzin : Ça devient infernal, c’est-à-dire que l’article passe d’un moment à un autre, enfin ils commencent à tirailler de tous les côtés : c’est quand les gens ne respectent plus la règle de la discussion et du savoir-vivre que les administrateurs interviennent. Finalement les administrateurs ne sont pas plus malins que les autres, souvent ils ne connaissent pas du tout le sujet d’ailleurs, ils ne se mêlent pas de l’éditorial. C’est pour ça aussi qu’ils peuvent bloquer un article sur une mauvaise version ; ça peut arriver, après ça se résout assez raidement.

Frédéric Couchet : En fait leur action c’est d’essayer que ces personnes discutent à nouveau et arrivent à un consensus. C’est important.

Nadine Le Lirzin : Exactement. Leur rôle c’est d’intervenir quand le savoir-vivre est débordé. Parce qu’on peut s’énerver aussi, le savoir-vivre, des fois…

Frédéric Couchet : Oui, on peut être fatigué des fois.

Nadine Le Lirzin : On le perd un petit peu et on le retrouve. On va faire un tour et on revient, ça va mieux et si tout le monde est de bonne volonté on y arrive à nouveau. Mais parfois il faut que les administrateurs interviennent parce qu’on ne veut pas aller prendre l’air !

Frédéric Couchet : Avant de redonner la parole à Pierre-Yves peut-être sur ce sujet, je vais préciser que sur Wikipédia vous avez une page qui s’appelle « Guerre d’édition » qui est relativement courte, qui vous permet de comprendre en détail comment ça se passe. Il y a un schéma qui explique avec des petites flèches comment se passe effectivement une guerre d’édition, comment on passe d’un ancien consensus à une guerre d’édition et comment on retrouve un nouveau consensus à la fin, grâce à l’intervention des personnes qui ont un rôle, un statut d’administrateur, administratrice, mais dont le but, comme le dit Nadine, c’est de rétablir justement la discussion pour retrouver un nouveau consensus. Est-ce que tu voulais ajouter quelque chose sur ce point-là avant qu’on aborde le sujet matrimoine-patrimoine, Pierre-Yves ?

Pierre-Yves Beaudouin : Je rapperais qu’on peut considérer Wikipédia comme un bien commun, donc même si dans les faits il y a des wikipédiens et des non-wikipédiens pour moi en fait tous les internautes sont potentiellement des wikipédiens ; il n’y a pas de frontières. Je rajouterais, en plus des rédacteurs de l’encyclopédie et de ceux qui laissent des messages en discussion, plus les donateurs et après même potentiellement, c’est une partie de l’internet, donc tour à tour des internautes peuvent venir contribuer à Wikipédia et d’autres pas encore. Il n’y a pas de frontières ; c’est ce qu’on essaie d’estomper au sein de Wikimédia France : tout le monde peut participer et devrait participer, nous l’estimons, même si dans les faits on est bien obligé de dire…

Nadine Le Lirzin : Tout le monde ne contribue pas ! Dans les faits, oui. Mais quand quelqu’un vous dit : « J’ai trouvé une erreur sur tel article, vous voyez, cette encyclopédie n’est pas fiable ! », vous pouvez aussi lui répondre « pourquoi n’avoir pas corrigé ? »

Frédéric Couchet : Effectivement. Je crois qu’on avait parlé dans la première émission sur la difficulté de cliquer sur ce bouton « modifier » ; c’est toujours compliqué.

On ne va passer tout de suite au sujet matrimoine parce qu’on va faire une petite pause musicale vu que le temps avance. On discute, le temps avance et on va rentrer sur un deuxième sujet, enfin toujours le même sujet mais sur un point d’exemple particulier relativement récent. D’abord on va faire une pause musicale. L’album s’appelle Strung Back Around [dragonchaser, NdT] de Fog Lake et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Strung Back Around par Fog Lake.

Voix off : Cause Commune 93.1

45’ 25

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Strung Back Around de l’albumdragonchaser de l’artiste Fog Lake. C’est sous licence Creative Commons BY, c’est-à-dire uniquement Attribution et évidement les références sont sur le site de l’April.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio cause commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur causecommune.fm ; c’est l’émission Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Aujourd’hui on ne parle pas de logiciels libres, mais on parle d’un autre sujet tout à fait important qui est la connaissance libre avec Wikipédia, toujours avec Pierre-Yves Beaudouin et Nadine Le Lirzin qui sont wikipédien et wikipédienne de longue date, donc qui contribuent à l’encyclopédie.

Avant la pause musicale nous parlions de guerre d’édition qui est un terme consacré sur Wikipédia. On va continuer sur un exemple : comment gérer les contributions sur Wikipédia avec aussi la question des biais de genre dans les projets de l’encyclopédie notamment. Je n’ai pas ça les statistiques en tête, peut-être que Pierre-Yves les a par exemple sur le nombre de pages de personnalités féminines versus personnalités masculines. Récemment, c’était en septembre 2018, il y a eu le projet, je ne sais pas si c’est un projet, mais vous nous expliquerez ça plus en détail Pierre-Yves et Nadine, donc à l’occasion des Journées du patrimoine il y a eu des ateliers « pour faire vivre — je lis le texte — des textes d’autrices sur Wikipédia, mais aussi pour abonder les pages consacrées aux femmes dans la grande encyclopédie en ligne » et l’article que je lis, je ne sais plus quelle est la référence, je n’ai pas noté la référence, « ce sont des initiatives féministes dans un contexte difficile au sein de la communauté des wikipédiens. »
Pierre-Yves est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ce qu’était ce projet et concrètement quels ont été les points qui ont posé peut-être problème ou au contraire les points qui ont été très positifs dans ce projet ?

Pierre-Yves Beaudouin : Le conflit qu’il y a eu en septembre dernier portait sur une catégorie. Les articles de Wikipédia, en fait, sont classés sous forme de catégories et n’ont pas de tags comme on a l’habitude de le voir sur le reste de l’Internet. C’est surtout utilisé par les rédacteurs de l’encyclopédie puisqu’ils puissent s’y retrouver, tout ça. À ma connaissance aucun lecteur ne m’a jamais dit qu’il voyait les catégories, qu’il les utilisait, c’est tout en bas des articles. Malheureusement il y a eu un conflit. En fait des personnes avaient créé la catégorie matrimoine qui est un concept assez récent, pour se démarquer des Journées du patrimoine comme tu l’as rappelé.

Frédéric Couchet : Parce que le terme patrimoine, au final souligne en fait le « talent » entre guillemets de grands hommes et oublie les femmes. C’est pour ça que ce mot de matrimoine a été créé.

Pierre-Yves Beaudouin : Voilà ! C’était tout un tas d’œuvres, d’œuvres architecturales, de statues qu’il y a dans la ville, qui ont été réalisées en fait par des femmes et qu’on aurait pu regrouper dans cette catégorie matrimoine.
Donc il y a eu un désaccord. Une discussion s’est enclenchée et elle a conclu à la suppression de la catégorie parce que, comme c’est un concept récent, il n’y a pas encore assez de références, assez de sources qui attestent de l’utilisation de ce terme.

Frédéric Couchet : Donc la suppression, pour revenir à la discussion de tout à l’heure, c’est le consensus établi par les personnes qui contribuent à l’encyclopédie. C’est ça ?

Pierre-Yves Beaudouin : Voilà. Il faut bien distinguer : à ma connaissance il y a un article consacré au matrimoine, à ce terme, celui-là n’a pas été supprimé, c’est vraiment juste une catégorie. Je peux comprendre que ça ait heurté des gens. Après je leur donnerais comme conseil quand même, comme c’est juste une catégorie, de mon point de vue ce n’est pas très utile pour l’encyclopédie et surtout pour le grand public, il faut un peu hiérarchiser, choisir ses combats et je pense que là ce n’est pas très important de rester focalisés sur cette catégorie. Par contre, régulièrement il y a des articles consacrés aux femmes qui sont aussi supprimés ou en tout cas il y a des discussions. Là c’est plus important parce que c’est beaucoup plus visible sur Internet.

Frédéric Couchet : Oui. Plutôt que de se battre sur la catégorie, il faut se battre sur les autres articles ; peut-être que Nadine va réagir aussi là-dessus. Justement quand on parle de ce savoir-vivre qui est l’un des principes fondamentaux, comment ça se gère quand on a d’un côté, quelque part une communauté de personnes qui contribuent depuis de longue date à l’encyclopédie en se basant sur des sources et puis de l’autre des personnes qui défendent quelque chose qui est important, mais qui, quelque part effectivement, arrivent sur un projet sans peut-être aborder la discussion avec les règles, justement, que ce projet connaît depuis des années.

Nadine Le Lirzin : Si ce sont des personnes qui arrivent uniquement sur ce sujet, qui ne contribuent à rien d’autre, qui n’ont jamais contribué à rien d’autre, c’est vrai que c’est un peu suspect, ça fait un petit peu forcing. Il faut un petit minimum de contribution, tout de même, pour donner son avis dans les pages de discussion. Cette catégorie avait été proposée à la suppression, donc la discussion s’est faite sur une page particulière, qui a été ouverte pour l’occasion, qui était « Proposition de suppression de cette catégorie » et ensuite les gens discutaient et essayaient de donner leurs arguments là-dessus.
Je l’ai lue un petit peu, cette page, il y avait des arguments des deux côtés, je ne vais pas entrer dans les détails, mais je dirais que les arguments pour supprimer l’ont un peu emporté. Je pense que dans quelques années, c’est peut-être quelque chose qu’on pourra recréer, par exemple. C’est possible, mais pour l’instant c’est encore un néologisme, c’est encore trop récent, c’est encore… Même si c’est la reprise d’un mot, le mot matrimoine existait déjà bien évidemment, il n’a pas été inventé pour l’occasion, mais disons qu’on le trouve dans cette acception particulière, de concurrent à patrimoine. depuis peut-être le début des années 2000.

Frédéric Couchet : D’accord.

Nadine Le Lirzin : Personnellement j’aimerais bien un mot qui ferait pour les deux par exemple.

Frédéric Couchet : Qui ferait pour les deux. D’accord.
On a abordé ce sujet parce que ça permet de montrer un peu dans la pratique comment les contributions se passent, pas simplement sur les articles mais aussi sur les catégories, parce qu’en l’occurrence c’était sur les catégories, mais ça permet aussi de donner l’occasion de parler des sans pagEs. Je ne sais pas si c’est une association ou simplement un projet qui vise à nourrir l’histoire de l’apport des femmes. Dans ce cadre-là, donc c’est une fois par mois je crois, tu vas me confirmer après Pierre-Yves, il y a un atelier Les sans pagEs qui se passe à Paris et sans doute dans d’autres villes, qui vise à aider à contribuer sur des pages effectivement consacrées à l’apport des femmes dans l’histoire. Est-ce que c’est ça ?

Pierre-Yves Beaudouin : Oui, tout à fait. C’est une association que Wikimédia France soutient, qui existe depuis quelques années et dont l’objectif est de lutter contre le biais de genre. On a réalisé qu’il y avait un biais de genre assez important sur Wikipédia, qui prenait deux formes, que ce soit au sein des communautés, les communautés sont essentiellement masculines. On n’a pas les chiffres exacts parce qu’on demande très peu d’informations personnelles au moment de l’inscription, mais des chercheurs ont fait des sondages et estiment au maximum à 20 % de femmes qui contribuent à Wikipédia. Pareil pour les articles, c’est un peu plus naturel parce qu’on sait que l’histoire de France, par exemple, est surtout orientée sur les hommes. À l’heure actuelle la Wikipédia francophone a un peu moins de 18 % de biographies consacrées aux femmes.

Frédéric Couchet : D’accord. Je précise que le prochain atelier à Paris c’est le 25 mai à la Gaîté lyrique ; évidemment il y a sans doute des ateliers dans d’autres villes ; c’est une fois par mois n’hésitez pas à venir, il suffit de venir avec votre volonté pour vouloir contribuer. Est-ce qu’il faut amener un ordinateur ou est-ce qu’il y a des ordinateurs sur place à la Gaîté lyrique ?

Pierre-Yves Beaudouin : À la Gaîté lyrique je crois qu’il y a quelques ordinateurs.

Frédéric Couchet : Si vous avez un ordinateur portable venez avec et sinon il y aura sans doute des ordinateurs disponibles là-bas. C’est important de montrer aussi les projets qui sont faits dans ce cadre-là pour corriger ce que tu appelles les biais de genre.
Tout à l’heure dans l’introduction et même dans la première émission on a cité d’autres projets de la galaxie Wikipédia. Peut-être en citer deux autres qui vous paraissent vraiment importants parce que aujourd’hui, pour la plupart des gens, Wikipédia c’est wikipedia.org ou point fr, mais il y a une dizaine d’autres projets. On a cité Commons tout à l’heure. Est-ce qu’il y aurait deux projets que vous voudriez mettre en valeur ? Un chacun ; on va commencer par Nadine.

Nadine Le Lirzin : Par exemple le Wiktionnaire.

Frédéric Couchet : Qu’est-ce que le Wiktionnaire ?

Nadine Le Lirzin : C’est un dictionnaire sur wiki, c’est un wiki dictionnaire en fait. Lui pourrait prendre matrimoine, par exemple, parce que lui pourrait accepter, il y est peut-être d’ailleurs, je n’ai pas vérifié.

Frédéric Couchet : On va demander à la régie de vérifier.

Nadine Le Lirzin : Le terme matrimoine pourrait très bien y être même en tant que néologisme, même avec cette nouvelle acception. Le Wiktionnaire enregistre, ne porte pas de jugement, lui n’est pas une encyclopédie, lui c’est un dictionnaire, son principe c’est ça, c’est un dictionnaire. C’est une petite communauté, très active et qui fait des choses assez formidables. Pierre-Yves pourrait peut-être préciser quelque chose : actuellement il y a un projet qui est lié au Wiktionnaire, je pense à Lingua Libre.

Frédéric Couchet : Lingua Libre, c’est ça ?

Nadine Le Lirzin : Il connaît mieux que moi.

Pierre-Yves Beaudouin : Oui. C’est ça. C’est un projet initié par Google, dont l’objectif est d’enregistrer des mots de vocabulaire sous fichier audio, en français et aussi dans tout un tas de langues. Je crois qu’à l’heure actuelle ils en sont à 90 000 mots enregistrés dans une quarantaine de langues si je ne me trompe pas. C’est un projet assez récent, en tout cas la version bêta est sortie il y a quelques mois ou une petite année. L’outil permet d’enregistrer à l’heure un petit millier de mots donc c’est très rapide. L’idée c’est on lit sur ordinateur une liste de mots et après l’outil va détecter les pauses qu’on fait naturellement, donc découper les fichiers et les importer directement sur la médiathèque. Ces enregistrements permettent aussi d’illustrer de manière sonore le dictionnaire.

Frédéric Couchet : D’accord. Superbe. La régie très réactive me précise que matrimoine est effectivement dans le Wiktionnaire. Le site wiktionnaire, c’est wiktionary.org, donc c’est w, i, k, t, i, o, n, a, r, y point org.
Deuxième projet peut-être à citer rapidement c’est Commons, on en a déjà parlé dans la première émission, mais est-ce que tu peux nous présenter à nouveau Commons rapidement Pierre-Yves ?

Pierre-Yves Beaudouin : Commons c’est la médiathèque, notamment toutes les illustrations que vous voyez dans Wikipédia, en tout cas quasiment toutes, sont sous licence libre et donc peuvent aller sur Wikimedia Commons, parce que sur Wikipédia il y a quelques exemptions au droit d’auteur, donc il n’y a pas forcément que des fichiers libres. On a voulu du coup faire un projet frère, Wikimedia Commons, qui là est totalement libre ; soit ce sont des fichiers dans le domaine public, soit ce sont des fichiers sous licence libre. Il y a principalement des photos, mais on trouve aussi un peu de cartes, de vidéos. Le millionième enregistrement sonore vient d’être téléchargé il y a une semaine, par exemple. C’est notamment très utilisé pour les exposés, pour illustrer les exposés en école primaire.

Frédéric Couchet : On en parlait avant l’émission. On encourage évidemment les personnes qui font des exposés ou simplement qui font des articles et qui cherchent des illustrations, plutôt que d’utiliser un moteur de recherche pour aller piocher des images on ne sait trop où et dont on ne connaît pas forcément les droits de réutilisation, plutôt d’aller sur Commons. Le site web c’est commons.wikimedia.org ?

Pierre-Yves Beaudouin : Oui.

Frédéric Couchet : Et là vous trouvez des ressources que vous pouvez légalement réutiliser pour vos exposés, pour vos articles, pour vos conférences. Aujourd’hui quand des gens font des conférences on est sorti de cette maladie de ne mettre que des listes à points, il y a des gens qui font des conférences uniquement avec des images, donc vous pouvez trouver des images sur Commons.
Évidemment il y a beaucoup d’autres projets que vous retrouvez sur wikimedia.org ; il y a une liste de l’ensemble des projets.
Justement, là on a parlé un peu des projets Wikipédia, maintenant on va parler un peu de la Fondation Wikimédia et également des chapitres locaux et du chapitre français pour expliquer quel est le rôle de ces chapitres. Là vous allez reprendre vos casquettes, chapeaux, ce que vous voulez, de Wikimédia France, un moment. On va d’abord rappeler qu’à l’origine il y a une fondation américaine Wikimedia et il y a, en anglais c’est chapters, je suppose que la traduction officielle c’est « chapitres » locaux dans chaque pays, donc évidemment en France c’est Wikimédia France dont Pierre-Yves est président et Nadine est secrétaire. Déjà première question sur la fondation américaine mais aussi sur les chapters locaux : comment est financée cette fondation et à quoi sert l’argent ? Si les contributions sont faites par les personnes, finalement à quoi sert de l’argent ?

Pierre-Yves Beaudouin : Le gros de l’argent qui est collecté par les bandeaux qu’on voit s’afficher en fin d’année sur Wikipédia, en fait cet argent est mis dans un pot commun et chaque organisation du mouvement fait un appel à projets, une demande de subvention, même la fondation Wikimedia fait sa demande de subvention, Wikimédia France la fait aussi. Ça permet de redistribuer cet argent qui est collecté par le biais des bandeaux de Wikipédia. À l’heure actuelle le mouvement a un budget de 100 millions de dollars.

Frédéric Couchet : Donc sur le monde entier.

Pierre-Yves Beaudouin : Oui.

Frédéric Couchet : D’accord.

Pierre-Yves Beaudouin : Une grande partie va à la fondation américaine parce que c’est la principale organisation en termes de salariés : elle a un plus de 300 salariés à l’heure actuelle. Dans le monde il doit y avoir moins de 500 salariés qui bossent pour Wikipédia et les projets frères. Donc grosso modo c’est 300 à la fondation américaine. Après il y a Wikimedia Deutschland, le chapitre allemand qui est très gros parce qu’il a 100 salariés et un budget de 10 millions.

Frédéric Couchet : Ah Oui ! Comment ça se fait ? Les gens de là-bas sont des donateurs importants ?

Pierre-Yves Beaudouin : Historiquement Wikimédia France et Wikimedia Deutschland se sont créées à quelques mois d’intervalle, en 2004, et très vite ils ont pris un sentier de croissance beaucoup plus rapide que Wikimédia France. Ensuite ils se sont spécialisés sur le développement informatique : une grande partie, je crois 80 % de leur effectif doit être consacré aux logiciels et c’est vrai qu’ils ont aussi beaucoup de membres, ils ont 70 000 membres. Voilà ! Tout est gigantesque en Allemagne.

Frédéric Couchet : On reviendra tout à l’heure sur l’Allemagne quand on parlera de la directive droit d’auteur. Est-ce que sur cette partie financement tu veux rajouter quelque chose Nadine ?

Nadine Le Lirzin : Non.

Frédéric Couchet : Non pas du tout. La fondation américaine gère aussi, je suppose, beaucoup l’infrastructure c’est-à-dire les serveurs et sans doute aussi les développements sur les différents outils, parce qu’on rappelle que derrière il y a quand même des outils comme le logiciel derrière qui est un wiki qui s’appelle…

Pierre-Yves Beaudouin : MediaWiki.

Frédéric Couchet : MediaWiki. Entre Wikipédia, Wikimédia, MediaWiki des fois… Donc je suppose que la fondation gère beaucoup.

Pierre-Yves Beaudouin : Oui, c’est le principal rôle de la fondation même si, en tant que bénévole, on peut participer au développement du logiciel, mais elle assure l’hébergement et le développement de MediaWiki.

Frédéric Couchet : D’accord. Il y a les chapitres locaux, donc en France il y a un chapitre local qui est Wikimédia France qui existe depuis quand ?

Pierre-Yves Beaudouin : 2004.

Frédéric Couchet : 2004. Combien vous êtes à Wikimédia France ? Il y a évidemment l’équipe conseil d’administration, bénévoles, il y a une équipe salariée. Quels sont les projets de Wikimédia France ? Nadine.

Nadine Le Lirzin : Actuellement on a huit salariés, un conseil d’administration d’une douzaine d’administrateurs, administratrices. Les projets, je ne sais par où commencer, par exemple on est en train de préparer une résidence pour un wikipédien aux archives départementales de l’Hérault.

Frédéric Couchet : Et il y en a aussi un aux Archives nationales à Pierrefitte.

Nadine Le Lirzin : Tout à fait.

Frédéric Couchet : Dans la première émission on en avait parlé, j’avais situé ça à Saint-Denis mais en fait c’est à Pierrefitte.

Nadine Le Lirzin : Tout à fait. Il y a quelques années on a aussi eu un wikipédien en résidence au château de Versailles. C’était très intéressant.

Frédéric Couchet : Justement c’est un bon exemple. Quel est le rôle de cette personne dans une structure publique ?

Nadine Le Lirzin : Ce wikipédien va aider la structure à se servir de cet outil merveilleux de diffusion qu’est une encyclopédie comme Wikipédia. Les services publics, dont la mission principale est de rendre service au public, finalement n’ont pas toujours les moyens et ils ont cet outil formidable qu’est l’encyclopédie, ils ont cet outil formidable qu’est Wikimedia Commons, le dépôt de photos, de vidéos, etc., mais ils ne savent pas s’en servir. Ils ont des merveilles et ils ne savent pas, finalement, comment les faire connaître, les mettre à disposition du public. Donc nous on les aide de cette manière-là : le wikipédien ou la wikipédienne qui est en résidence va les former à l’intérieur, à déposer des textes sur Wikisource, des sources sur les articles, éventuellement créer des articles sur des œuvres d’art, suivant l’endroit où on est et éventuellement des photos. Par exemple il y a eu des photos quand ça s’est fait à Versailles. Leur apprendre à contribuer principalement c’est ça, finalement. Et quand le wikipédien est parti avoir une équipe qui elle-même peut transmettre, peut poursuivre.

Frédéric Couchet : Peut poursuivre le travail parce qu’elle a été formée.

Nadine Le Lirzin : Exactement. C’est le but. C’est ce qu’on essaie de faire.

Frédéric Couchet : D’accord. Et dans les autres projets de Wikimedia, est-ce que tu veux en mettre en valeur Pierre-Yves ?

Pierre-Yves Beaudouin : Un autre volet important ce sont tous les projets à destination de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et la Recherche, notamment grâce à deux partenaires que sont le CLEMI [Centre de liaison de l’enseignement et des médias d'information] et la fondation ??? qui nous accompagnent là-dessus. Nos actions se déclinent sous différents projets. On a notamment un MOOC, c’est en cours en ligne qui permet de se former à Wikipédia. À l’heure actuelle il existe en français et il y a les versions en langue arabe et en berbère qui sont en cours de construction.
Il y a aussi nos projets qui se déclinent sous forme de Wikiconcours lycéens. L’idée c’est d’utiliser Wikipédia qui est un peu l’outil sexy, qui permet d’intéresser les jeunes, lycéens, à les sensibiliser à l’éducation aux médias et à l’information, les fameuses fake news comme on dit depuis quelques années, mais en fait nous on travaille là-dessus depuis pas mal d’années avec les lycées.

Frédéric Couchet : Et vous travaillez beaucoup plus sérieusement que certains politiques qui annoncent combattre les fake news tout en en produisant eux-mêmes ! Je ne ferai aucune référence précise, mais je pense que les gens comprendront. Vas-y.

Pierre-Yves Beaudouin : Ça va jusqu’au doctorat. Par exemple à Lille on forme régulièrement les doctorants de l’université de Lille à l’utilisation de Wikipédia, notamment afin qu’ils rédigent des articles sur leurs spécialités.
Donc voilà un axe assez important. Je donnerai aussi un autre axe qu’on est en train de développer dans notre nouveau plan d’action, c’est la diversité ; on veut, en fait, diversifier les communautés qui contribuent à Wikipédia parce que même si tout le monde, sur le papier, peut contribuer à Wikipédia on observe des biais comme on l’a expliqué tout à l’heure. Outre le biais de genre, en fait on essaie de recruter des rédacteurs et des bénévoles en Outremer, en France ultramarine et aussi dans le reste de la francophonie. Wikimédia France est l’organisation la plus importante de francophonie, mais on souhaite aussi aider nos collègues du reste de la francophonie : ça va de la Belgique, du Canada et puis surtout l’Afrique qui est en train de débarquer massivement sur les projets Wikimédia. On essaye de les accompagner notamment grâce à des petites bourses. On a ce qu’on appelle la commission micros financements qui a un budget de 50 000 euros. Donc les rédacteurs de l’encyclopédie peuvent proposer des projets et on leur alloue jusqu’à 2000 ou 5000 euros s’ils sont particuliers ou regroupés sous une forme associative. Ça permet de financer des petits projets sur leur territoire.

Frédéric Couchet : En tout cas plein de projets d’accompagnement pour que cette encyclopédie progresse et que la diversité gagne évidemment l’encyclopédie.
Je vais finir sur une dernière question, on ne peut pas passer à côté de cette question justement sur les liens entre les chapters, les chapitres, et l’encyclopédie. On va prendre un exemple très concret qui est évidemment en lien avec la proposition de directive droit d’auteur parce que ce n’est pas encore tout à fait fini. Récemment il y a eu l’annonce d’une campagne de fermeture d’un certain nombre de sites, donc un appel à fermer des sites le 21 mars 2019 – l’April a fermé son site, d’autres ont fermé leurs sites – et il y a eu évidemment au niveau des chapitres, Wikipédia, des structures locales, en tout cas il y a eu des débats en tout cas pour savoir est-ce que tel ou tel site allait fermer. Tout à l’heure on parlait de l’Allemagne, le site allemand a fermé et il y a eu un débat au niveau du site français, le site français n’a pas fermé. En très peu de temps est-ce que vous pouvez nous expliquer ? Comment ça se passe quand il y a ce sujet-là ? Qui propose le sujet et comment ça se passe en interne pour qu’une décision soit prise ? Nadine.

Nadine Le Lirzin : Là justement c’est un exemple intéressant de la différence entre ce qu’est un chapitre et ce qu’est une communauté linguistique d’une Wikipédia. En tant que chapitre nous pensions, nous Wikimédia France, que c’était très important de se mobiliser, pas contre la directive, attention, la directive avait beaucoup de points très intéressants.

Frédéric Couchet : Contre les articles 11 et 13.

Nadine Le Lirzin : Voilà. Deux articles seulement nous posaient des problèmes. On nous a fait valoir qu’on était exempté de l’article en question mais ça ne change rien parce qu’une loi qui exempte ceux qui sont en situation de monopole je me demande si c’est vraiment une bonne loi. C’est mon point de vue que je viens de donner là, je n’aurais pas dû peut-être ! On a essayé d’organiser sur l’encyclopédie, donc auprès des communautés, une décision, une prise de décision pour savoir si les contributeurs, les contributrices habituelles, étaient d’accord, si ça les concernait suffisamment pour mettre soit un bandeau d’avertissement, soit faire un black-out comme certaines autres Wikipédia l’ont fait : par exemple les Italiens, les Catalans, ont complètement noirci leurs sites. Il y a eu des bandeaux chez les Danois, chez les Tchèques, les Slovènes, j’en oublie, mais il y a eu beaucoup de mobilisations.
La page de décision de la Wikimédia francophone a été assez mouvementée. On l’a ouverte un petit peu tard, peut-être, et c’était vraiment serré. Les arguments pour et contre se sont développés et finalement il a été décidé de ne pas le faire parce qu’on a obtenu quelque chose comme 66 % de oui.

Frédéric Couchet : Alors qu’il fallait 75 % de oui.

Nadine Le Lirzin : Voilà, au départ. Enfin bon ! Ça aussi ça a été décidé au dernier moment.

Frédéric Couchet : OK ! En tout cas c’est intéressant de préciser que la décision a été prise par la communauté.

Nadine Le Lirzin : Oui, bien sûr.

Frédéric Couchet : Et que ce n’est pas l’association Wikimédia France qui a pris cette décision.

Nadine Le Lirzin : Non. Pas du tout. D’ailleurs pour l’anecdote, on a un de nos administrateurs qui naïvement est allé voter et qui n’est pas un wikipédien, il n’a pas assez de contributions, on lui a retoqué son avis.

Frédéric Couchet : D’accord. D’un point de vue pratique on a parlé de date peut-être un peu tardive, de seuil, de date de clôture. En fait, qui fixe ce seuil et cette date de clôture ? Pierre-Yves.

Pierre-Yves Beaudouin : Tout est fixé par la communauté ; avant de lancer le vote ils décident de la façon dont ils vont voter. Chaque Wikipédia linguistique a son mode opératoire différent, parce que le seuil qui est pratiqué dans Wikipédia germanophone, par exemple, aurait permis à la Wikipédia francophone de protester. Ce qui est bien c’est qu’il y a quand même une majorité, une large majorité, 66 % ou 67 %, qui était pour protester mais c’est vrai qu’on n’a pas atteint le seuil de 75 %. Comme je le disais tout à l’heure on cherche à obtenir le consensus et non pas juste 50,1 % ; je pense que c’est une bonne chose notamment pour ces grosses mobilisations. Il ne faut pas non plus prendre à la légère la fermeture du site et que ça soit juste un petit groupe de dix personnes dans son coin qui décide de ça au nom d’un projet qui fait référence aujourd’hui sur Internet.

Frédéric Couchet : Tout à fait. En tout cas c’était important d’avoir cette précision-là. Une dernière question : il y a un projet qui n’est pas lié à la fondation mais que les gens connaissent peut-être, c’est Vividia, qui est un projet d’encyclopédie francophone en ligne en wiki destiné aux huit-treize ans.

Nadine Le Lirzin : Vikidia.

Frédéric Couchet : J’ai dit quoi ? J’ai dit « vividia ». Excuse-moi. Donc Vikidia, v, i, k, i, d, i, a point org. Tu me disais Pierre-Yves, avant qu’on prenne l’antenne, que vous alliiez travailler avec les gens de cette structure, c’est ça ?

Pierre-Yves Beaudouin : On est en cours de discussion. On souhaite les accompagner pour qu’ils se structurent. En fait le site a énormément de succès. Vikidia existe dans plusieurs langues comme Wikipédia, je crois une demi-douzaine au moins, et ils sont un peu dépassés par le succès et ils ont des besoins financiers comme n’importe quel site. Donc on va essayer de voir pour les accompagner parce qu’on a beaucoup de partenaires qui souhaitent travailler sur Vikidia, notamment beaucoup d’enseignants d’école primaire et aussi du collège. On va essayer d’accompagner et permettre que ce projet perdure dans le temps.

Nadine Le Lirzin : Ce serait d’ailleurs assez naturel ; enfin ça me semble assez naturel de les accompagner parce que c’est un wiki également qui fonctionne sur les mêmes principes et c’est un vivier de contributeurs pour Wikipédia. Beaucoup de nos jeunes wikipédiens viennent tout droit de Vikidia.

Frédéric Couchet : Tout à fait. On va s’arrêter là même si on va rester, on va encore parler de Wikipédia dans la partie directive droit d’auteur, mais il faut justement laisser un petit peu de temps sur cette directive. Je remercie Pierre-Yves Beaudouin et Nadine Le Lirzin, wikipédien et wikipédienne de longue date.
Les dates qu’on a citées à la Gaîté lyrique, donc le 25 mai l’atelier Les sans pagEs dont on a parlé tout à l’heure.
Également ce jeudi à la FPH, toujours à Paris de 19 heures 30 à 22 heures c’est la soirée de contribution au Libre et le deuxième jeudi c’est Wikimédia France qui propose de contribuer à ses multiples projets donc deuxième jeudi de chaque mois. Évidemment il y a sans doute des ateliers dans d’autres lieux en France ; vous allez sur le site de Wikimédia France, wikimedia.fr, je crois qu’on ne l’a même pas cité.
On va faire une pause musicale avant notre dernier sujet. Le titre s’appelle Faust et l’artiste c’est John Vallis.

Pause musicale : Faust par John Vallis.

Voix off : Cause Commune 93.1

1 h 17’ 23 Point d’actualité directive droit d’auteur Podcast 8 min

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Faust de John Vallis, musique disponible en licence libre Creative Commons Partage à l’identique et les références sont le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
Nous allons faire un petit point sur la proposition de directive droit d’auteur. On en a déjà parlé la semaine dernière suite au vote Parlement européen mais ça va être aussi l’occasion d’annoncer les prochaines étapes parce que tout n’est pas fini. Avec moi pour parler de ça, il va y avoir toujours Pierre-Yves Beaudouin de Wikimédia France et également mon collègue Étienne Gonnu. Étienne, pour rappel, la directive a été évidemment adoptée en première lecture par le Parlement européen. Quelles sont les prochaines étapes ?

Étienne Gonnu : Salut Fred. Bonjour Pierre-Yves. Prochaine étape au niveau de l’Union européenne c’est la validation par les États membres au sein du Conseil de l’Union européenne. Ce vote aura lieu le 15 avril donc semaine prochaine. Ça paraît très compliqué d’obtenir un rejet de ce texte. On a notamment des échos positifs qui nous viennent, là aujourd’hui de Suède parce que le Parlement suédois, enfin la commission au sein de ce Parlement suédois qui s’occupe des affaires européennes a signifié son opposition au texte. Le gouvernement a dit « si le Parlement suédois s’oppose on suivra bien sûr le Parlement », on trouvera un autre système ???. Et puisqu’on sait que le gouvernement français aime, enfin le politicien français, aime à citer les Scandinaves en exemple, on les invite à suivre cet exemple-là et à s’opposer à cette directive.
La prochaine étape décisive sera le 15 avril. On doute que la France change de position mais peut-être que d’autres États suivront l’exemple de la Suède !

Frédéric Couchet : D’accord. Et si le 15 avril les États membres adoptent le même texte qu’est-ce qui va se passer en France ?

Étienne Gonnu : Du coup cette directive ne sera plus une proposition mais une directive à proprement parler et pour toute directive, l’étape suivante pour les États membres, à l’intérieur du cadre proposé par la directive c’est d’écrire une loi en fait pour transposer, c’est le terme, transposer la directive dans le droit national par une loi. En France ce sera certainement dans le cadre de la loi audiovisuelle, il y a déjà eu une mission d’information qui annonçait effectivement qu’il y aura des mesures de reconnaissance, enfin dans le texte le terme était déjà choisi.

Frédéric Couchet : La mission d’information c’est qui ? Qui sont les membres de cette mission ?

Étienne Gonnu : La rapporteure était Aurore Bergé au sein de l’Assemblée nationale.

Frédéric Couchet : Je croyais que tu faisais référence au CSPLA, CSA et à l’HADOPI.

Étienne Gonnu : Effectivement. Il y a cette mission d’information qui était antérieure, pendant les projets de directive on en parlait déjà et on soupçonnait déjà, donc dès l’année dernière, en cours de discussion de la directive et qui défendait corps et âme l’article 13. Et le lendemain ou deux jours après le vote par le Parlement européen, le vote du 26 mars, le ministre de la Culture français Franck Riester, annonçait effectivement dans un discours, je ne sais plus dans quel cadre exactement, mais il annonçait qu’il confiait à trois organismes français, donc l’HADOPI tristement célèbre HADOPI, le CNC qui est le Conseil national du cinéma et le CLSPA qui s’occupe, on va dire, de la gestion de la taxe copie privée, ces trois organismes doivent mener une étude sur comment appliquer des systèmes de reconnaissance de contenus, donc des filtres qu’on nous présentait pourtant comme n’étant pas le sujet de la directive. Ils sont chargés d’étudier cette piste-là.

Frédéric Couchet : On notera qu’à priori les conclusions sont connues déjà à l’avance vu la typologie de ces structures et aussi l’absence par exemple du Conseil national du numérique qui est quand même normalement une instance qui devrait être sollicitée pour participer à ce sujet.
Pierre-Yves Beaudouin, président de Wikimédia France, juste avant la pause musicale on parlait de l’action du 21 mars, notamment avec en Allemagne la page de Wikipédia allemande qui était fermée. C’est aussi l’occasion de rappeler que Wikimédia France, notamment grâce à ton action, a été très active contre la directive. Est-ce que tu veux faire un petit bilan de cette première phase de mobilisation parce que, évidemment, ce n’est pas terminé, à titre personnel ou au titre de Wikimédia ?

Pierre-Yves Beaudouin : Malgré le fait qu’on ait évidemment perdu, pour notre part chez Wikimédia France on a beaucoup appris, notamment en travaillant avec Étienne de l’April et d’autres acteurs. On a beaucoup appris sur le contexte français, notamment ceux qui sont absents ou ceux qui nous ont éventuellement trahis ou déçus dans ce combat ; sur les forces et les faiblesses de la France.

Frédéric Couchet : Quand tu dis trahi tu penses à ? Si tu ne veux pas citer tu ne cites pas.

Pierre-Yves Beaudouin : Si je peux le dire, je pense notamment à Qwant qui fait sa déclaration deux jours avant le vote, c’est vraiment à mon avis de la provocation et ce n’est pas juste une erreur de compréhension de notre part comme ils essayent de le dire depuis le vote. Voilà ! On sait qu’en France ça va être compliqué, on a vu dans le résultat des votes des eurodéputés français ; notre objectif est un objectif à moyen terme de structurer un peu les organisations, sensibiliser les élus, le reste aussi des autorités. Je consacre pas mal de temps à faire le tour de Paris. J’ai vu la semaine dernière le CSA, par exemple. On va essayer de voir l’ARCEP, même si l’ARCEP c’est probablement les plus compétents et les plus sérieux sur ces questions-là.

Frédéric Couchet : C’est-à-dire qu’ils sont tellement compétents et sérieux qu’ils n’ont pas été invités à la table pour participer à l’étude !

Pierre-Yves Beaudouin : Nous on vise un peu le moyen terme, mais c’est vrai qu’il faut quand même combattre dès maintenant parce qu’il y a un ensemble de lois, enfin de textes législatifs, il n’y a pas que la directive, il y a aussi un règlement européen – là c’est pire d’ailleurs, le règlement s’applique automatiquement, il n’y a même pas besoin de le transposer – qui vise à limiter les contenus terroristes en ligne. Sur le papier, bien évidemment tout le monde est contre le terrorisme. Après, dès qu’on rentre dans les détails, les principes sont les mêmes : ça va être recourir au filtrage même si, pareil, ils estiment que non il n’y a pas d’obligation de filtrage, mais dans les faits, pour pouvoir retirer du contenu sous l’heure, une fois que vous êtes prévenu il va falloir que n’importe quel site – pas que les GAFA, ce texte ne concerne pas que les GAFA – même si vous avez un petit blog, un petit site internet, dès que vous êtes contacté, il faudra le retirer dans l’heure. Et pareil au niveau français, il y a aussi des textes dans les tuyaux, par exemple qui luttent contre le discours de haine, qui sera voté avant l’été.
Donc tout cela, en fait, fait partie d’un même principe ; les mêmes erreurs sont reprises et sont appliquées à différentes thématiques. Donc il y a la haine, il y a le contenu terroriste et il y a le droit d’auteur ; après je pense qu’il y aura le sport, dans un ou deux ans par exemple. Voilà ! Ils sont en train de reprendre en main assez drastiquement Internet et de limiter la liberté d’expression, globalement.

Frédéric Couchet : Étienne tu veux ajouter quelque chose avant le jingle musical ?

Étienne Gonnu : Juste peut-être pour repréciser par rapport au timing, à priori la loi que j’évoquais dans laquelle sera transposé cet article 13, on imagine que le Conseil des ministres se réunira au début de l’été pour avoir un projet de loi sans doute à la rentrée. De toute façon on vous tiendra au courant bien sûr.

Frédéric Couchet : On précise aussi que l’article 13 est devenu l’article 17 dans la version définitive. La communication maintenant va être sans doute avec l’article 17 et la transposition, le projet de loi peut aussi arriver pendant l’été, pendant que les gens, certains, ont la chance de prendre des vacances, peut-être en juillet ; souvent la session parlementaire se termine fin juillet, voire début août. En tout cas merci pour ce point et évidemment nous allons vous tenir au courant. Donc n’hésitez pas à suivre les sites de l’April et de Wikimédia France donc april.org et wikimedia.fr.

Jingle musical basé sur Sometimes par Jahzzar.

1 h 25 min 30 Annonces Podcast 4 min 30

Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission. Quelques petites annonces.

Je profite que ma collègue Isabella Vanni soit en régie aujourd’hui pour signaler que le Libre en Fête 2019 c’est terminé. Le Libre en Fête ce sont des évènements partout en France et même ailleurs pour sensibiliser aux logiciels libres et cette année il y a un record du nombre d’évènements organisés : on me signale 250 évènements. Il y a même encore plus d’évènements après. C’est magnifique ! Évidemment je félicite Isabella qui un rôle important de coordinatrice, mais aussi évidemment et avant tout les structures et personnes qui ont organisé ces évènements partout. Donc rendez-vous l’an prochain autour du 20 mars 2020.

Peirre-Yves Beaudouin vient d’en parler. Il y a la campagne contre la proposition de règlement terroriste/censure sécuritaire. Le vote en commission des libertés civiles a eu lieu au Parlement européen hier. À priori, comme on l’a dit tout à l’heure, le vote en plénière aura la semaine prochaine avec, comme tu l’as dit Pierre-Yves, l’obligation pour les acteurs de l’Internet à retirer en une heure un contenu considéré comme terroriste ; évidemment ça ne concerne pas que Google, Facebook, etc., ça peut concerner de très nombreux acteurs, Wikipédia, l’April, les chatons dont je parlerai tout à l’heure en fin d’émission.

Dans l’actualité, tout à l’heure en introduction, je parlais du projet de loi pour une école de la confiance. Surveillez le site de l’April parce que l’examen au Sénat va commencer. Il y avait l’audition du ministre Jean-Michel Blanquer tout à l’heure.

Je l’ai cité déjà tout à l’heure, mais je le cite à nouveau : la soirée de contribution au Libre ce jeudi à la FPH à Paris avec l’atelier Wikipédia qui a donc lieu chaque deuxième jeudi du mois.
Pour les autres événements qui se passent partout ailleurs, vous allez sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org. Notre émission se termine. Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Nadine Le Lirzin, Pierre-Yves Beaudouin, Véronique Bonnet, même si la chronique était enregistrée. En régie et aussi au micro Étienne Gonnu et en régie Isabella Vanni que je félicite pour sa première régie maîtrisée de bout en bout. Vous retrouvez sur notre site web april.org toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio causecommune.fm.

La prochaine émission aura lieu mardi prochain à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur le Collectif CHATONS, des acteurs qui pourraient être impactés par ces dispositifs, donc le Collectif des Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires. Nous aurons trois personnes qui feront des « miaou miaou » de chatons différents : Framasoft, l’April et Infini.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve mardi prochain et d’ici là portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.