Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 8 octobre 2019

De April MediaWiki
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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 8 octobre 2019 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Emmanuel Revah - Alain Casier - Claude ??? - ??? - Frédéric Couchet - Isabella Vanni à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 8 octobre 2019

Durée : 1 h 30 min

[ Écouter ou télécharger le podcast]

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcrit

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm. Merci d’être avec nous.
La radio dispose d’un webchat, utilisez votre navigateur web préféré, rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et ainsi retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.

Nous sommes mardi 8 octobre 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’association est april.org et vous y retrouvez d’ores et déjà une page consacrée à l’émission avec les références que nous allons citer et la page sera évidemment mise à jour après l’émission. N’hésitez pas également à nous faire des retours.
Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio ou à nous appeler au 09 50 39 67 59, je répète 09 50 39 67 59.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Maintenant le programme de l’émission.
Nous allons commencer dans quelques secondes par la première chronique d’Emmanuel Revah qui portera sur les DRM, les menottes numériques.
D’ici 10 à 15 minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur le logiciel libre et les seniors.
En fin d’émission nous aurons une interview d’un groupe de musique libre qui s’appelle Stone From The Sky.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui ma collègue Isabella Vanni. Bonjour Isa.
Je crois qu’on ne t’a pas entendue, en tout cas je ne t’ai pas entendue dans le casque.

Nous allons vous proposer comme à chaque émission avant de commencer un petit quiz. Je vous donnerai les réponses au fur et à mesure de l’émission.
Première question : à quel célèbre roman Amazon a-t-elle supprimé l’accès du jour au lendemain sur ses liseuses, non sans ironie vu le nom du roman, y compris aux personnes qui avaient payé pour le livre numérique ?
Deuxième question : lors de l’émission du 1er octobre 2019 nous avons parlé de la licence professionnelle Métiers de la Communication : Chef de projet : Logiciels Libres, quel est le nom de cette licence ?
Vous pouvez bien sûr proposer les réponses sur les réseaux sociaux, sur le salon web et au fur et à mesure de l’émission je vous donnerai les réponses.

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

2’ 35 Chronique « Itsik Numérik » d'Emmanuel Revah sur les DRM 11 min 34

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la première chronique d’Emmanuel Revah intitulée « Itsik Numérik ». Nous initions des chroniques courtes depuis cette




Frédéric Couchet : Merci Emmanuel pour cette chronique. Tu vas rester en ligne avec nous parce que la chronique s’inscrit dans une journée internationale contre les DRM organisée par la Fondation pour le logiciel libre, journée prévue samedi 12 octobre 2019, le site web c’est defectivebydesign.org, donc d’effectuer par dessin ou par conception, les références sont sur le site de l’April, april.org. Et le 4 septembre 2018 nous avions consacré une émission au thème des DRM avec Marie Duponchelle avocate et Jean-Baptiste Kempf de VLC, le fameux lecteur multimédia libre. On va vous diffuser un court extrait de cette émission qui dure à peu près 5 minutes 30/6 minutes. Emmanuel, on se retrouve juste après.

[Extrait de la partie consacrée aux DRM de l’émission du 4 septembre 2019]

Frédéric Couchet : Vous êtes sans doute encore nombreuses et nombreux à utiliser des supports traditionnels des œuvres de l’esprit, par exemple un livre papier. Une fois que vous avez acheté ce livre papier vous disposez de libertés fondamentales, comme celle de le lire comme bon vous semble : vous pouvez sauter des passages, commencer par la fin, le relire autant de fois que vous voulez, l’annoter, le prêter.
De même, pour les personnes qui portent des lunettes, et nous sommes deux autour de la table sur trois personnes, on ne vous impose pas, quand vous achetez un livre, une paire de lunettes avec un prix en plus ; on ne vous dit pas « les lunettes que vous avez là c’est une marque qu’on ne connaît pas, dans laquelle nous n’avons pas confiance, vous ne pouvez donc pas les utiliser pour lire ce livre ; vous devez utiliser nos marques de lunettes à nous dans lesquelles nous avons confiance. » Vous exercez donc votre droit à des usages considérés, comme pour la plupart des gens, légitimes.
Et puis, dans ce monde traditionnel, ce sont des pratiques qu’on ne peut pas vraiment contrôler. Parce que sinon, pour contrôler votre usage du livre, si on prend cet exemple-là, vous imaginez un agent assermenté de l’éditeur qui apparaîtrait tout d’un coup à vos côtés, vous tapoterait l’épaule et vous dirait « non, tu dois commencer ta lecture par le premier chapitre, avec toutes les annonces des prochains livres et les alertes sur les dangers ou pseudo-dangers de la contrefaçon, avant même de commencer la lecture de ton roman. Et puis de la même façon, si tu veux relire une deuxième fois le livre, eh bien il faut que tu repasses à la caisse. Et pareil, tu portes des lunettes, eh bien non ! Tu ne dois pas prendre tes lunettes habituelles, tu dois prendre les lunettes qu’on a vendues avec le livre.

Évidemment c’est un peu Big Brother. Ce contrôle absolu des usages privés est inimaginable, bien entendu, sauf qu’il est inimaginable dans le monde traditionnel. Mais en fait pas pour tout le monde car certaines personnes, enfin de très nombreuses personnes et organisations, notamment qui produisent des livres numériques, des DRM, ou tout objet numérique, considèrent qu’à partir du moment où techniquement on peut contrôler des usages, même privés, eh bien on va le faire, parce qu’après tout, si la technique le permet, on ne va pas se gêner si on peut contrôler des usages privés !

De nos jours un exemple : quand vous achetez un DVD ou de la musique en ligne, très généralement, on — le « on » étant le producteur, les industries culturelles — vous impose par exemple de visualiser certaines plages sur le DVD – publicité ; on vous impose aussi le choix d’un lecteur multimédia : vous téléchargez de la musique sur un site, vous devez utiliser le lecteur multimédia qui est fourni avec ce site et pas un autre. Et ce contrôle d’usage se met en place par ce qu’on appelle les DRM, qu’on va redéfinir après, bien entendu, qui est un outil technique qui contrôle un usage privé, mais aussi surtout par leur protection juridique. … Est-ce qu’on peut citer quelques exemples ? Parce qu’évidemment, aujourd’hui on va cibler beaucoup la vidéo avec Jean-Baptiste et Marie, mais est-ce que vous pouvez nous citer quelques autres exemples de DRM dans la vie quotidienne, pour permettre aux gens de comprendre que, finalement, on vit une vraie overdose de DRM ? Jean-Baptiste, Marie ?

Jean-Baptiste Kempf : Les capsules Nespresso. Ils ont essayé d’empêcher d’avoir des capsules compatibles. Aujourd’hui il ne faut pas acheter Nespresso pour d’autres raisons, notamment écologiques, mais c’était vachement pratique, ça c’est vrai. Et ils sont arrivés, ils ont essayé de vous empêcher, empêcher Monoprix et tout ça, de faire des capsules beaucoup moins chères. Et ça c’était juste pour des raisons d’incompatibilité et d’attaques juridiques. Ce n’est pas exactement des DRM mais c’est exactement la même idée. Vous n’avez pas le droit de mettre le café que vous voulez ; vous mettez le café que je vous vends, dont j’ai fait l’approvisionnement et dans lequel j’ai mes marges, etc.

Frédéric Couchet : Marie, vas-y.

Marie Duponchelle : On avait aussi l’exemple dans les imprimantes ; on a eu pendant très longtemps, en fait, des petits systèmes qui vous disaient « si vous ne mettez pas la cartouche imprimante de ma marque, votre imprimante ne marchera plus ! » Au niveau concret c’est à la limite des mesures techniques de protection mais c’est la même problématique et c’est exactement la même logique.

Frédéric Couchet : Étienne, tu as un exemple ?

Étienne Gonnu : Oui, je pensais à un exemple. Moi je suis amateur de jeux vidéos : quand je suis obligé d’être connecté à Internet pour jouer à un jeu qui, pourtant, le jeu lui-même, ne nécessite pas une connexion, mais pour vérifier que je l’utilise comme convenu ou que je n’ai pas une version qui ne serait pas autorisée. Je suis obligé de me connecter ! Je pense que ça relève de cette même logique.

Jean-Baptiste Kempf : Je pense à l’exemple que tu donnais tout à l’heure avec des lunettes qui se brouillent quand tu lis un bouquin ; ça fait rigoler aujourd’hui ; dans 20 ans c’est carrément possible ! Quand on voit l’évolution de la réalité augmentée ou même des Google Glass, aujourd’hui c’est ridicule ; franchement, dans 30 ans, ce n’est pas une blague quoi, c’est tout à fait possible !

Étienne Gonnu : D’avoir accès à une pleine expérience. Si vous avez nos lunettes, vous aurez une expérience supplémentaire.

Jean-Baptiste Kempf : Ce n’est pas déconnant de se dire que dans 15 ans, 20 ans, tout le monde aura des lunettes qui rajouteront des informations, plutôt que d’avoir à sortir son smartphone pour savoir où tu vas ; ça peut être vachement cool pour plein d’utilisations. Donc ce n’est pas débile de se dire que ça va être quelque chose qui va être généralisé. Oui, maintenant vous n’avez pas le droit de passer par là. Donc il y a des possibilités vraiment gênantes ! Moi je n’utilise pas de DRM.

Frédéric Couchet : Tu utilises quoi ?

Jean-Baptiste Kempf : Je ne parle pas de « management » à chaque fois, je ne dis pas « gestion », je dis « limitation » et c’est ce que je dis aussi en anglais, je parle de digital rigths limitations, parce que le management donne l'impression qu’il y a une gestion, que ça simplifie, alors qu’en fait, pour l’utilisateur, c’est une limitation de ses droits.

[Fin de l’extrait]

Frédéric Couchet : C’était un extrait de l’émission du 4 septembre 2018 consacrée aux DRM. Vous retrouverez évidemment le podcast sur le site causecommune.fm et sur le site april.org.
Emmanuel souhaites-tu faire une petite réaction courte suite à cette diffusion ?

Emmanuel Revah : Oui. Il y a deux trucs que je voulais dire, mais je crois que je ne vais n’en dire qu’un parce que sur les DVD et tout ça il y a déjà pas mal d’exemples. Mais je pense aussi aux argumentaires des gens qui veulent défendre le DRM et souvent ils le défendent avec des trucs aussi absurdes que « la copie à usage personnel tue l’industrie », qui était le gros truc dans les années 80 en anglais d’où la cassette qu’on voit dans pas mal de logos ??? par exemple. Et dans IT Crowd par exemple, IT Crowd envoie un poster avec marqué « La couture maison tue la mode ». C’est très intéressant, ça résume super bien qu’en fait ce que l’on fait en dehors du contrôle du capitalisme nuit au capitalisme, donc il faut absolument l’interdire. Avec l’informatique moderne on peut pousser plus loin que la loi et, en fait, c’est ça le DRM.

Frédéric Couchet : C’est une belle conclusion. Je vais juste préciser que IT Crowd est une série anglaise qui a eu deux ou trois saisons, je pense qu’on peut trouver les épisodes sur Internet.
Merci Emmanuel. C’était Emmanuel Revah dont le site est hoga.fr et on se retrouve le mois prochain.

Emmanuel Revah : Oui. Merci.

Frédéric Couchet : Belle journée. À bientôt.

Emmanuel Revah : À vous aussi. Au revoir.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Avant la pause musicale, je vais répondre à la première question du quiz vu qu’elle est en lien avec le sujet précédent. La première question c’était : à quel célèbre roman Amazon a-t-elle supprimé l’accès du jour au lendemain sur ses liseuses y compris pour les personnes qui avaient payé le livre numérique ? L’ironie a voulu que ce fut 1984 de George Orwell.

Nous allons faire une petite pause musicale. Nous allons écouter Bouquet d'Opinions par MoiJe. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune.

Pause musicale : Bouquet d'Opinions par MoiJe.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Bouquet d'Opinions par MoiJe disponible sous licence Art libre. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et sur le site de Cause Commune, causecommune.fm.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Avant de passer au sujet suivant je vais signaler à Emmanuel Revah qui faisait la chronique juste avant sur les DRM que nos invités ont trouvé la chronique très intéressante. Je lui fais passer le message s’il nous écoute toujours. Nous allons donc maintenant passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

18’ 10 Logiciel libre et les seniors avec Alain Casier et Claude Guedj 55 min 12 s

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur les logiciels libres et les seniors.