Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 4 juin 2019 »

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche
(Contenu remplacé par « Catégorie:Transcriptions Publié [https://www.april.org/libre-a-vous-radio-cause-commune-transcription-de-l-emission-du-4-juin-2019 ici] - Juin 2019 »)
 
(32 versions intermédiaires par 3 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
[[Catégorie:Transcriptions]]
 
[[Catégorie:Transcriptions]]
  
'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 4 juin 2019 sur radio Cause Commune
+
Publié [https://www.april.org/libre-a-vous-radio-cause-commune-transcription-de-l-emission-du-4-juin-2019 ici] - Juin 2019
 
 
'''Intervenants :''' Pierre-Yves Gosset - Étienne André - Frédéric Couchet - Isabella Vanni à la régie
 
 
 
'''Lieu :'''  Radio Cause Commune
 
 
 
'''Date :''' 4 juin 2019
 
 
 
'''Durée :''' 1 h 30 min
 
 
 
'''[https://cause-commune.fm/podcast/framasoft-open-academie-hommage-patrick-sinz/ Écouter ou télécharger le podcast]'''
 
 
 
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-4-juin-2019-sur-radio-cause-commune-framasoft-open-academie-patrick-sinz Page des références utiles concernant cette émission]
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Illustration :'''
 
 
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br />
 
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, utilisez votre navigateur web préféré, rendez-vous sur le site de la radio causecommune.fm et cliquez sur « chat ». Vous  pouvez ainsi nous retrouver sur le salon dédié à l’émission.<br/>
 
Nous sommes mardi 4 juin 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.<br/>
 
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.<br/>
 
Le site web de l’association est april.org, vous pouvez y trouver d’ores et déjà une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission. N’hésitez pas également à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.<br/>
 
Je vous souhaite une excellente écoute.
 
 
 
Voici maintenant le programme de cette émission.<br/>
 
Nous commencerons exceptionnellement par notre sujet principal qui portera sur Framasoft avec Pierre-Yves Gosset, le directeur de l’association, ce qui lui permettra de prendre ensuite son train et d’être à l’heure pour sa conférence à Lyon ce soir.<br/>
 
D’ici trois quarts d’heure nous aurons une présentation d’Open Académie avec Étienne André qui est « fonctionneur », « intrapreneur » dans une startup d’État. Il nous expliquera un petit peu ce que c’est que ce terme.<br/>
 
En fin d’émission nous aurons un petit portrait de Patrick Sinz qui vient de nous quitter malheureusement. Pierre Ficheux, informaticien, nous parlera de Patrick.<br/>
 
À la réalisation de l’émission aujourd’hui ma collègue Isabella Vanni. Bonjour Isabella.
 
 
 
<b>Isabella Vanni : </b>Bonjour.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Avant de commencer je vais vous poser un petit quiz comme la semaine dernière et je donnerai les réponses en cours d’émission. Vous pouvez proposer des réponses soit sur le salon web de la radio, soit sur les réseaux sociaux avec les comptes aprilorg sur Twitter ou encore pouet.april.org sur Mastodon.
 
Les deux questions. Dans l’émission de la semaine dernière du 28 mai 2019 nous avons parlé d’une distribution éducative libre. Comment s’appelle-t-elle ?<br/>
 
Deuxième question : que se passe-t-il à Selles-sur-Cher ce week-end, en lien avec le logiciel libre.
 
 
 
Tout de suite place au premier sujet.
 
 
 
[Virgule musicale]
 
 
 
==2’ 20 Présentation de Framasoft par PYG Podcast [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190604/libre-a-vous-20190604-presentation-framasoft-pyg.ogg format OGG] [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190604/libre-a-vous-20190604-presentation-framasoft-pyg.mp3 format MP3] transcrit MO 54 minutes==
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons commencer par un échange sur Framasoft avec Pierre-Yves Gosset, le directeur de l’association.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Bonjour Frédéric.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Émission un petit peu exceptionnelle parce que, comme je l’ai dit, tu as un train à prendre pour donner une conférence ce soir à Lyon, donc on commence par le sujet long. L’idée c’est un petit peu de mieux de faire connaître l’association, à la fois ses projets, les gens les connaissent plutôt pas mal ou en tout cas en connaissent un certain nombre, mais aussi de revenir un petit peu sur ce qu’est Framasoft, l’historique, le mode de fonctionnement et les projets. D’abord première petite question : déjà, à titre personnel, est-ce que tu peux faire une petite présentation sur ton parcours ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Oui. Je m’appelle Pierre-Yves Gosset. J’ai 42 ans – oui, tout ça, 42 –, ça doit faire à peu près 15 ans que je suis dans Framasoft et ça fait 11 ans que je suis salarié de l’association. Je suis venu au logiciel libre pendant que j’étais objecteur de conscience, un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, vu que c’était du temps où on faisait le service militaire. Quand j’ai découvert le logiciel libre, je me suis assez vite intéressé à ce que c’était, aux valeurs que ça portait et, dans mon parcours, je me suis assez vite rapproché de la communauté Framasoft, j’ai été secrétaire de l’association pendant quelque temps, puis le premier salarié et maintenant directeur vu que nous sommes neuf salariés dans l’association.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Imaginons que tu sois à une soirée ou ailleurs, comment tu présenterais Framasoft en une ou deux phase, avant qu’on rentre dans le détail ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Je peux te la faire en une phrase.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet: </b>En une phrase !
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Framasoft est une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique. Tu noteras qu’il n’y a pas forcément le mot « libre » dedans.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>J’ai bien noté qu’il n’y a pas forcément le mot « libre » dedans, mais peut-être que la partie libre est un prérequis nécessaire et évident. On y reviendra.<br/>
 
On va parler un petit peu de la naissance de Framasoft parce qu’aujourd’hui quand même beaucoup de gens connaissent Framasoft, mais peut-être ne souviennent-ils pas d’où ça vient. Donc à quel moment a été créée Framasoft et que veut dire Framasoft ? Hier à table avec d’autres libristes, j’ai posé la question et, en fait, personne ne connaissait la réponse à part moi et peut-être une autre personne. Est-ce que tu peux nous dire quand a été créé Framasoft, par qui et que signifie Framasoft 
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Bien sûr. Framasoft est un projet qui est né en 2001. Ça vient au départ d’un projet qui s’appelait Framanet, qui signifiait français et mathématiques sur intranet. Ça avait été cré par deux enseignants : Caroline Atabekian qui a depuis créé le site WebLettres qui sert notamment aux enseignants de français et Alexis Kauffmann qui est le fondateur de Framasoft, et qui avaient créé au sein de ce site Framanet une page autour des logiciels pour l’enseignement. On est vraiment une association issue du milieu de l’enseignement. Ensuite, en 2004, s’est montée une association
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>La création c’est quelle année ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Le projet est né en 2001, l’association a été créée en 2004.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’abord un projet informatique et un site web et ensuite l’association en 2004.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Tout à fait. Au départ un projet purement pratico-pratique, complètement dans le faire, monté par deux enseignants et ensuite une association créée par trois enseignants, Alexis Kauffmann, Georges Silva et Paul Lunetta. Moi je suis arrivé en 2005.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Toi tu es arrivé en 2005. Donc 2001, ça fait maintenant 18 ans, une longue période.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>18 ans. Ça remonte à loin !
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Historiquement quels ont été les projets de Framasoft, les premiers projets de Framasoft ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Le premier projet de Framasoft et celui qu’on continue à maintenir même s’il est moins visible aujourd’hui, c’est l’annuaire de logiciels libres. C’est-à-dire que la page Framasoft qui listait des logiciels au sein de ce site qui s’appelait Framanet est devenue assez vite relativement importante en nombre de logiciels. Il faut savoir que jusqu’en 2004-2005, ça n’était pas que des logiciels libres, c’était vraiment des logiciels à la fois libres mais aussi des logiciels gratuits qui pouvaient aider les enseignants à mieux pratiquer leur démarche d’enseignement. Petit à petit, enfin pas petit à petit, il y a eu une rupture assez forte au bout d’un moment, une prise de conscience partagée par Alexis Kauffmann et par d’autres de dire que ce qui compte dans tous ces logiciels c’est finalement qu’on puisse les réutiliser, les partager, les copier, sans être limité par des problématiques de droit, de prix, ce qui était relativement important dans le milieu enseignant parce que ce n’est pas toujours facile de pouvoir acheter des logiciels.<br/>
 
Donc l’idée du partage à la fois du savoir et des logiciels, s’est rencontrée à ce moment-là et l’annuaire est devenu un annuaire exclusivement basé sur du logiciel libre et faisant la promotion exclusivement de logiciels libres.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Il y avait combien de logiciels qui étaient référencés à cette époque-là ? Est-ce que tu t’en souviens ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>C’est monté petit à petit. En 2004 il devait y en avoir un petit peu plus de 200, je crois. Le plus haut qu’on ait eu sur l’ancienne version du site, qui était un site sous SPIP, je crois que c’était 1200 logiciels libres. Et on a <em>rebooté</em> cet annuaire.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>On a <em>rebooté</em>! C’est quoi cette expression ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Tout simplement l’annuaire était très vieillissant, on n’avait plus de bénévoles pour s’en occuper et ça devenait compliqué de se dire qu’est-ce qu’on fait de toutes ces vieilles notices logicielles dont les logiciels n’existent plus, dont on ne trouve plus le code source, etc. Donc il a fallu remettre à zéro cet annuaire. On l’a donc refait et annoncé à nouveau, si je dis pas de bêtises, en 2016. Aujourd’hui je ne suis même pas allé sur Framalibre ces derniers jours, mais on doit tourner aux alentours de plusieurs centaines de fiches logicielles, on doit être à 600, 800, quelque chose comme ça.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Je précise qu’on va sans doute citer beaucoup de noms de sites web au cours de l’émission. Le plus simple c’est d’aller sur le site portail, on va dire, framasof.org, et là vous retrouverez tous les liens.<br/>
 
Ça c’était l’annuaire. Il y avait un autre projet qui était important, c’était la Framakey. Est-ce que tu peux expliquer ce qu’était ce projet-là ? Est-ce que le projet existe toujours ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Le projet Framakey est né en 2005. L’histoire est assez simple. J’avais un traduit un projet qui s’appelait The Open CD, dont tu te souviens peut-être, qui était un CD, une compilation de logiciels libres sur CD et DVD, et j’avais trouvé qu’il était assez facile de pouvoir mettre ces logiciels libres sur clé USB et de les faire tourner sur clé USB. Le projet Framakey est né avec un autre bénévole. On a porté ce projet pendant quelques années à ce moment-là, à partir de 2005-2006. L’idée c’était de créer une clé USB sur laquelle on pouvait emporter et embarquer ses logiciels, ce qui, d’ailleurs, permettait souvent des utilisations un petit peu sauvage et positives de logiciels libres dans des environnements qui étaient verrouillés par les administrateurs systèmes et qui empêchaient l’exécution par exemple de Firefox. Eh bien là on avait un Firefox portable sur la clé USB : on branche la clé USB, on lance Firefox portable et ça fonctionne directement depuis la clef USB.<br/>
 
Ce projet existe toujours, il est clairement moribond aujourd’hui puisqu’il restait maintenu par des bénévoles de Framasoft, notamment Arnaud, que je salue, et qui n’ont juste plus le temps de s’en occuper. Ce qui est intéressant c’est que, on en reparlera peut-être plus tard, mais il y a eu d’autres associations, notamment les CEMEA, une association, un gros réseau d’éducation populaire qui potentiellement est intéressé par le projet Framakey et qui pourrait en voir d’autres usages que nous nous n’avions pas détectés au départ, pour d’autres publics que le très grand public qu’on visait à l’époque. Donc des publics très ciblés peuvent avoir besoin de ce projet-là et on aimerait bien transmettre ce type de projets pour ne plus, tout simplement, avoir à les porter ; 2005 ça fait 14 ans, il est peut-être temps pour nous de passer à autre chose.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Tout à fait. Il faut préciser que ces Framakeys permettaient de faire tourner les logiciels libres à la fois sur un environnement Windows et des Framakeys aussi sur environnement libre comme une Debian. Nous-mêmes d’ailleurs, April et Framasoft, nous avions travaillé ensemble sur une <em>key</em>, une clé, une Framakey en l’occurrence, ou une Framaclef, en coopération avec le Crédit coopératif dans le cadre du Guide Libre Association avec des logiciels qui étaient diffusés auprès d’associations avec un guide papier et des clés à la fois Windows et Debian, ce qu’on appelle double amorçage ou double possibilité. Aujourd’hui les besoins ont peut-être changé. Effectivement, comme tu le dis, c’est intéressant que d’autres structures s’approprient ces sujets-là et les adaptent aux besoins de leur public.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Tout à fait.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>L’annuaire et les clés c’étaient les deux principaux projets de Framasoft à cette époque-là ou est-ce qu’il y en avait d’autres ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b> Oui. En 2005 c’étaient les deux principaux projets. En 2006 sont arrivés deux autres projets d’importance qui sont toujours bien présents et très actifs aujourd’hui à savoir le Framablog créé par Alexis Kauffmann à l’époque. Framablog qui visait et qui vise encore aujourd’hui à faire des ponts entre le milieu du logiciel libre et le milieu, les milieux des cultures libres ; expliquer un petit peu, finalement, les choses qui peuvent se passer de part le monde autour du monde du Libre et les expliquer en les traduisant parfois de façon littérale, c’est-à-dire qu’on a un groupe de traduction qui s’appelle Framalang, qui est composé de 80 à 100 personnes qui traduisent très régulièrement des articles essentiellement de l’anglais vers le français, mais c’est aussi de l’espagnol vers le français. Ça permet de diffuser plus facilement de l’information au grand public en disant « là on a trouvé cet article intéressant, on vous le propose à débat ». Ça nous sert aussi, à nous Framasoft, d’organe de promotion, de diffusion, d’information sur ce que l’on fait, donc à la fois un outil de communication interne. Aujourd’hui, je crois que sur le Framablog on a dépassé les 1600 articles publiés depuis 2006, donc il y a un rythme de publication relativement important.<br/>
 
L’autre projet qui est né dans ces années-là c’est le projet Framabook qui est une maison d’édition libre, micro-maison d’édition mais maison d’édition quand même puisque, aujourd’hui, je crois qu’on atteint les 48 ouvrages, on devrait atteindre les 50 d’ici la fin de l’année. La particularité de Framabook, c’est que tout le monde nous disait : « Votre truc, le logiciel libre, c’est bien gentil, ça marche parce que c’est du numérique et qu’on peut le copier-coller, mais si on le fait avec des objets physiques ça ne marche pas trop ! » On était à l’époque où on faisait un petit peu la promotion de la Framakey et on a dit : « Vous voyez bien qu’on peut faire de l’objet physique et libre à la fois. » L’aspect culture libre nous paraissait intéressant et Georges Silva, qui est un des fondateurs de Framasoft, avait, à cette époque, un ouvrage sur Thunderbird qui devait être publié dans une grande maison d’édition.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Rappelle-nous ce qu’est Thunderbird.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Thunderbird c’est un client mail, c’est-à-dire un logiciel qui permet de lire vos mails, d’y répondre, etc. Donc il avait écrit, je crois que c’était <em>Utilisez Thunderbird 1.5</em> et il s’est retrouvé avec ce manuscrit sur les bras. Du coup, avec Alexis Kauffmann, ils ont décidé de monter cette maison d’édition, Framabook, sur la base de ce premier ouvrage, qui a été repris ensuite par d’autres. Aujourd’hui on atteint une cinquantaine d’ouvrages qui vont du roman, puisqu’on a pas mal d’auteurs dans l’association, on a des membres qui vraiment écrivent.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>J’ai même lu récemment un roman policier.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b> Tout à fait, des romans policiers.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>C’est Frédéric…
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Urbain.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Frédéric Urbain, un roman policier qui est un peu à la mode ancienne, avec des personnages très truculents, de l’argot, etc. Très bien.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Tout à fait. Ça lui fera très plaisir que tu lui parles de son roman.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Je lui ai dit en direct.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Il y a aussi, toujours dans les romans, il y a <em>Traces</em> de Stéphane Crozat qu’on a publié il n’y a pas longtemps ; moi j’ai vraiment trouvé le bouquin excellent. Il y a toujours dans les romans, mais cette fois-ci troisième quart du douzième siècle, donc romans médiévaux, une republication des ouvrages de Yann Kervran qui avait publié ces livres-là, que vous pouviez trouver dans toutes les bonnes librairies et toutes les bonnes bibliothèques. Plusieurs années après il a souhaité reprendre ses ouvrages et les republier et il a choisi de les republier chez Framabook. Il y a aussi Pouhiou, qui est aujourd’hui salarié de Framasoft, mais qui avait publié ses ouvrages. Après on a des bouquins qui tournent aussi autour du logiciel libre, évidemment, à la fois qui peuvent être des essais, qui peuvent être des livres très pratico-pratiques sur, je ne sais pas, Drupal ou autres, et enfin, on a des ouvrages encore un petit peu entre deux mondes, par exemple un ouvrage qui s’appelle <em>Thermodynamique de l’ingénieur</em> qui sert aux étudiants ingénieurs qui étudient la thermodynamique, un bouquin qui marche plutôt bien. Voilà !<br/>
 
Donc on se trouve avec plein de choses très différentes, des bandes dessinées aussi.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Je veux juste préciser que Drupal c’est un…
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Un système de gestion de contenus.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Un système de gestion de contenus, notamment pour faire des sites web, qui propulse des sites très puissants et des sites un peu moins puissants comme celui de l’April, par exemple.<br/>
 
Tu parlais de livres, les personnes qui ont écouté l’émission il y a quelques semaines sur les licences libres, dans le Framabook, il y a <em>Option libre. Du bon usage des licences libres</em>, les licences libres expliquées, un livre de Benjamin Jean. C’est très intéressant. Et le <em>Guide Libre Association</em> dont je parlais à l’instant est également disponible en version Framabook.<br/>
 
Ça ce sont des projets qui existent depuis très longtemps. Tu as très souvent employé le mot « bénévole ». Si je me souviens bien de ce que tu as dit dans son explication au départ, toi tu es devenu le premier salarié en 2008.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>2008.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Qu’est-ce qui a fait qu’à un moment vous êtes passés à un mode avec des bénévoles et des salariés ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Il y a l’histoire officielle et il y a l’histoire officieuse.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Tu es en direct, tu racontes juste ce que tu veux !
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Le projet Framasoft marchait bien, tout simplement. Je n’ai pas précisé, mais Framasoft est une association de 35 adhérents et adhérentes. On est volontairement une toute petite association, il y a finalement assez peu de bénévoles dans l’association, entre 25 et 30. On est resté quasiment à effectif constant en nombre d’adhérents et d’adhérentes ; on n’a pas souhaité nécessairement aller beaucoup plus loin. L’idée c’était de dire on va essayer de faire le maximum avec une toute petite taille, ce qui nous permet d’être relativement agiles et de changer notre fusil d’épaule assez régulièrement, ce qui est plutôt efficace pour nous.<br/>
 
Donc en 2008, se sont passées deux choses : la première chose c’est qu’on avait un petit de sous sur le compte parce que, figure-toi, on avait de la publicité Google sur le compte.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Je m’en souviens !
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b> Publicité AdSense sur le site framasoft.net à l’époque. Publicité Google qui rapportait un peu de sous, qui étaient, du coup, sur le compte en banque de Framasoft, qui ne servaient pas nécessairement à grand-chose et on s’était dit autant dépenser cet argent en essayant d’aller plus loin dans notre démarche de promotion et de sensibilisation et au Libre.<br/>
 
La deuxième chose c’est que moi j’étais salarié au CNRS à l’époque. Je travaillais sur un projet autour du logiciel libre, le projet PLUME, et à la fin de mon contrat on m’avait tout simplement proposé de m’embaucher parce qu’ils avaient besoin de poursuivre ce projet, ils ne pouvaient pas me renouveler mon contrat.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Le CNRS.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Voilà, tout à fait. Le CNRS souhaitait reconduire mon contrat, mais il ne pouvait pas le faire sous forme de CDD. Moi je ne voulais pas rentrer dans la fonction publique, j’avais déjà passé près de dix ans à travailler pour des universités, ça ne me tentait plus que ça. Du coup, ce qui s’est passé c’est que, tout simplement, ils m’ont dit : « Tu peux te mettre en auto-entrepreneur, on pourrait payer une structure pour que tu continues à travailler pour nous », et c’est ce que j’ai fait, c’est-à-dire que j’ai proposé à l’association effectivement de travailler au sein de Framasoft sur le projet PLUME et ça a aussi permis de débloquer des fonds qui ont permis, finalement, la première création de poste à Framasoft. Voilà ! C’est à la fois grâce au CNRS et, je n’ai pas honte de le dire, mais je trouve ça très rigolo avec le recul, en partie grâce à l’argent de la publicité, gagné via les publicités Google.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Ça c’était au début. On va revenir après sur le mode de financement actuel de Framasoft. Depuis vous êtes donc « dégooglisés » en termes d’organisation. On reviendra tout à l’heure sur le projet Dégooglisons Internet. Ça c’est 2008. Aujourd’hui, juste pour un chiffre, vous êtes combien de salariés à Framasoft.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b> On est neuf salariés. On est 35 adhérents au total, ce qui fait de nous, en termes de salariés, une des grosses associations du Libre non seulement francophone, mais je pense européenne.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Tout à fait. Ça c’est la naissance, on l’a vue assez rapidement, la naissance de Framasoft avec la partie mathématique, les premiers projets dont certains existent toujours et certains, évidemment, très importants comme l’annuaire du Libre à l’époque qui était la référence sur laquelle on renvoyait les gens. On vient de voir juste le démarrage, la partie salariée, on y reviendra tout à l’heure parce que Framasoft a bien progressé depuis, a de plus en plus de projets, une équipe de neuf personnes et on verra un petit peu en détails à quoi servent ces neuf personnes. Mais il y a aussi un autre virage. Tu as donné un premier virage tout à l’heure c’est l’extension à la culture du Libre : ce qui a été un marqueur de Framasoft c’est, au-delà du logiciel libre, la culture du Libre. Un deuxième virage c’est celui de l’éducation populaire. Est-ce que tu peux nous expliquer à quel moment s’est fait ce virage et pour quelles raisons ?
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>On a toujours fait de l’éducation populaire. Définir l’éducation populaire ou l’éducation non formelle c’est toujours un exercice un petit peu difficile. Si je devais résumer ça, pareil en une phrase, je dirais que c’est l’éducation de tous par tous dans l’idée de s’émanciper et de pouvoir être autonomes. Alors être autonomes c’est très vaste, mais être autonomes c’est aussi, pour nous, là spécifiquement, sur des questions numériques, donc Framasoft a toujours été une association d’éducation populaire. En 2013, on a fait cette démarche de demander un agrément « jeunesse et éducation populaire ». On a surtout beaucoup rencontré d’autres structures autour de nous qui faisaient de l’éducation populaire sur le terrain. Il y avait à la fois une part de nécessité, une part d’envie et une part de mise en perspective. La nécessité c’était qu’on se rendait bien compte que le logiciel libre marchait bien dans nos petits lieux libristes ; dans notre petite tour d’ivoire, ça marche plutôt bien. Par contre, quand il fallait aller rencontrer les gens, c’était un petit peu plus compliqué. Là-dessus il faut saluer le travail qui a été fait notamment par Ubuntu pour démocratiser un petit peu GNU/Linux en tant que système d’exploitation qu’on va pouvoir utiliser sur son ordinateur. On voyait bien qu’on butait, de toute façon, en termes d’usage sur quelques pour cents. On s’est dit, en fait, on doit pouvoir, j’allais dire utiliser, ça peut être mal compris, mais c’était pour moi positif, s’appuyer sur des réseaux préexistants ; tout à l’heure je parlais des CEMEA qui est un réseau d’éducation populaire qui a 80 ans il me semble, ça peut être la Ligue de l’enseignement qui est encore plus ancienne, ça va être des associations de quartier type MJC, etc., c’est exactement ce que vous faites-là en faisant cette émission aujourd’hui.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Exactement !
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Donc c’était quelque chose qui était déjà pratiqué, mais on a souhaité l’affirmer, le développer et rendre ces liens plus tangibles, finalement, en travaillant avec ces associations d’éducation populaire, ces réseaux d’éducation populaire qui sont présents sur le territoire, qui eux ont les contacts sur le terrain, qui ont l’habitude, qui connaissent leur population, c’est-à-dire que ce sont souvent des gens qui sont assez éloignés du numérique. Du coup on s’est pris quelques claques dans la face et c’était très bien de se prendre quelques claques, on va dire, d’un point de vue où nous on était très au point sur les questions techniques et tu te retrouves dans une MJC à expliquer à quelqu’un comment fonctionne la souris, eh bien tu te retrouves…
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Tu te retrouves dans la réalité.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Voilà, dans la réalité. Du coup on s’est dit il faut qu’on réajuste non seulement nos pratiques mais aussi nos discours et c’est ce qu’on a commencé à faire depuis 2013-2014.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Donc avec un axe éducation populaire.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Qu’on a développé.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Qui a été développé et vous avez eu l’agrément.
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>Tout à fait. Depuis 2013 Framasoft est une association d’éducation populaire on peut le dire puisqu’on a l’agrément. Ce qui n’empêcherait pas, à mon sens, de pouvoir le dire, ce n’est pas l’agrément qui définit si vous êtes une asso d’éduc pop ou pas.
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On va faire une petite pause musicale et après on va parler des projets un peu plus récents que les gens connaissent sans doute mieux. On va écouter <em>Leaf</em> par KV et on se retrouve juste après.
 
Pause musicale : <em>Leaf</em> par KV
 
 
 
<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1
 
 
 
==27’ 00 en cours MO==
 
 
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Leaf</em> par KV, musique disponible sous licence libre Creteative Commons Attribution.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b> Bonne journée et bonne fin d’émission.
 
 
 
Nous allons faire une petite pause musicale. Nous allons écouter <em>Passe-moi le balai</em> par Demi-Sel et on se retrouve juste après.
 
 
 
Pause musicale : <em>Passe-moi le balai</em> par Demi-Sel.
 
 
 
<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1.
 
 
 
==1 h 01’ 12 Présentation d'Open Académie avec Étienne André Podcast [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190604/libre-a-vous-20190604-presentation-openacademie-etienne-andre.ogg format OGG] [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190604/libre-a-vous-20190604-presentation-openacademie-etienne-andre.mp3 format MP3] 13 minutes==
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
==1 h 14’ Hommage à Patrick Sinz avec Pierre Ficheux Podcast [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190604/libre-a-vous-20190604-hommage-patrick-sinz-pierre-ficheux.ogg format OGG] [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190604/libre-a-vous-20190604-hommage-patrick-sinz-pierre-ficheux.mp3 format MP3] 11 minutes==
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
==1 h 25’ Annonces Podcast [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190604/libre-a-vous-20190604-annonces.ogg format OGG] [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190604/libre-a-vous-20190604-annonces.mp3 format MP3] 4 minutes==
 

Dernière version du 11 juin 2019 à 10:09


Publié ici - Juin 2019