Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 4 décembre 2018 »

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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Le Mouvement associatif
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Le Mouvement associatif est une association, ça commence bien ! Nous regroupons en notre sein des coordinations associatives qui elles-mêmes regroupent des fédérations, des réseaux associatifs. L’objet du Mouvement associatif c’est de porter toutes les questions de développement de la vie associative en France, de traiter tous les sujets transversaux de développement de la vie associative. Voilà ! On essaye de porter la voix des associations notamment dans les rapports avec les pouvoirs publics, mais pas seulement, et d’animer aussi des réflexions inter-associatives sur des sujets partagés, les sujets sur l’engagement du bénévolat, mais aussi des sujets du modèle économique, de la relation avec les partenaires publics, etc.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Le site internet c’est lemouvementasociatif.org
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Absolument.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Laurent Costy, tu ne vas pas présenter l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre ; le groupe de travail Libre Association on y reviendra plus tard dans le cadre de l’émission, par contre tu peux peut-être nous présenter ton activité professionnelle en tant que directeur adjoint de la Fédération Française des MJC.
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<b>Laurent Costy : </b>Je travaille au niveau de la Fédération Française des MJC en ayant travaillé préalablement au niveau des régions. Ce que je trouve intéressant de pointer là, finalement, c’est qu’à la fois j’ai un pied dans le monde libriste en étant administrateur de l’April et puis, par ailleurs, je suis confronté au quotidien à la difficulté des associations quand il s’agit de vouloir aller vers le Libre ; donc j’ai ces deux regards. Parfois je suis confronté à des situations assez complexes puisque moi j’aimerais aller vers le Libre au sein de la Fédération Française et puis le quotidien fait qu’à un moment donné on doit avancer, on doit sortir des fiches de paye avec un logiciel, etc. Ça on y reviendra tout à l’heure, mais voilà ! Je suis confronté au quotidien et tiraillé entre cette volonté d’aller vers le Libre et la difficulté au quotidien d’avancer sur le sujet.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On reviendra évidemment sur les difficultés au quotidien. On va commencer peut-être par faire un petit point sur le contexte associatif en France, sur l’équipement informatique des associations et les personnes pour gérer cet équipement associatif. Frédérique Pfrunder, est-ce que tu peux faire un petit point, justement, sur cet environnement associatif pour qu’on comprenne mieux parce que je crois qu’on sous-estime la place du mouvement associatif en France ; les télés parlent beaucoup de l’importance des entreprises, mais le mouvement associatif est très important.
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>C’est vrai, absolument. Un petit panorama rapide. Les associations, en France, c’est 1,5 million de structures, donc beaucoup ! À peu près 20 millions de bénévoles : on estime qu’un Français sur deux est adhérent d’une association. Ce qu’il est important de préciser c’est que les associations sont extrêmement diverses dans leurs modèles et 85 % d’entre elles fonctionnent uniquement avec des bénévoles. Après, à côté de ça, il y a 15 % d’association employeuses ; la très grande majorité de ces associations employeuses ont un ou deux salariés, donc des toutes petites structures.<br/>
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Le tissu associatif c’est ça : c’est 85 % d’associations qui ne fonctionnent qu’avec des bénévoles, des gens qui donnent de leur temps, un peu de temps, beaucoup de temps, ça dépend, mais qui donnent de leur temps gratuitement et puis un certain nombre de petites structures employeuses, mais avec, encore une fois, un ou deux salariés qui sont là pour aider les bénévoles à remplir l’objet social de la structure et qui vont gérer les aspects administratifs, ce type de choses.<br/>
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À côté de ça il y a des très grosses associations, enfin il y a des moyennes associations, de très très grosses associations ; on ignore parfois à quel point elles sont grosses : l’APF France handicap, par exemple, c’est 11 000 salariés ; c’est aussi énormément de bénévoles mais c’est 11 000 salariés. On peut en citer quelques autres que tout le monde connaît : la Croix-Rouge, Les Restos du Cœur, Médecins du monde sont des associations, Emmaüs, la Fédération Française des MJC qui est d’une plus petite taille évidemment, on n’est pas sur 11 000 salariés.
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<b>Laurent Costy : </b>170 salariés.
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Voilà. Mais c’est une grosse structure associative : pour les associations, 170 salariés c’est beaucoup. Voilà pour un panorama très rapide et pour placer le contexte des associations, de ce que sont les associations. Elles sont présentes partout sur le territoire et sur des secteurs d’activité extrêmement divers : les associations c’est le sport, c’est la culture, l’éducation populaire, les loisirs, les colonies de vacances, l’animation, l’accueil d’enfants, l’accueil périscolaire. C’est aussi beaucoup dans le sanitaire médico-social ; il y a beaucoup de crèches qui sont des crèches associatives, des hôpitaux qui sont aussi associatifs, ce qu’on sait assez rarement. Voilà ! Donc c’est une très grande diversité d’actions, une très grande diversité de modèles, du coup une très grande diversité de besoins aussi, évidemment dans l’équipement informatique comme dans les compétences générales.<br/>
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Si on parle de l’équipement, c’est vrai que là aussi c’est compliqué de faire des généralités compte-tenu de la diversité. Les associations, comme à peu près toutes les structures et les citoyens, ont progressé dans leur équipement informatique, évidemment, au fil des années. Être outillé en informatique, en numérique et faire appel aux outils numériques, c’est une nécessité pour le tissu associatif comme ça l’est dans la vie quotidienne d’à peu près tout le monde.<br/>
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Il y a une étude de Recherches et solidarités qui a été faite en 2013 puis 2016, qui montre qu’il y a une évolution continue dans ce domaine-là : 72 % des associations sont équipées d’un site internet, donc 72 % sur les 1,5 million de structures, ça fait quand même…
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça fait beaucoup de sites !
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Ça fait beaucoup de sites !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je précise que la référence de l’étude dont tu parles est sur le site de l’April pour les personnes qui veulent aller plus dans le détail.
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Évidemment ça va être des sites d’une qualité inégale et qui ont une utilité différente en fonction des associations : ça peut être juste un site vitrine ou des sites ressources beaucoup plus importants, mais les associations se tournent évidemment vers ces outils. Beaucoup d’associations utilisent de plus en plus des réseaux sociaux, évidemment. Et puis on voit aussi une très nette progression des outils collaboratifs sans doute parce que là ça répond aussi à un point essentiel de l’activité associative.
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<b>Frédéric Couchet : </b>À leur pratique.
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Eh oui, à une pratique qui est de faire parler les gens ensemble, de collaborer, de concerter, élaborer une parole collective parce que c’est bien ça qui est au plus profond des associations, c’est la construction collective, l’intelligence collective ; pour ça, les outils collaboratifs c’est quand même vraiment bien.<br/>
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Ça fait partie des progressions de ces dernières années en termes d’équipement pour les associations ce qui veut bien dire qu’il y a un besoin important. Mais il y a aussi un besoin de compétences et là c’est plus compliqué. Ce qui est relevé par les associations dans leurs difficultés pour ça, c’est bien une question de temps, une question de moyens, une question de compétences en interne ; on y reviendra sans doute dans les discussions, que ça soit pour le Libre ou plus globalement pour l’équipement numérique de façon générale, en fait ; ce n’est même pas que pour le Libre.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Oui. Ce tour dìhorizon concerne effectivement l’informatique en général.
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Tout à fait.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On prend conscience, effectivement, à partir du moment où tu nous dis que dans 85 % des associations il n’y a que des bénévoles, forcément l’informatique va être gérée par des bénévoles qui connaissent plus ou moins un système et qui vont peut-être orienter des décisions.
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Absolument. Ceci dit, ce qui est intéressant c’est qu’il y a une assez bonne connaissance – enfin, une assez bonne connaissance – du principe du logiciel libre en tout cas dans les associations. Les associations interrogées, pour beaucoup d’entre elles ont dit connaître l’idée du logiciel libre et soit être déjà équipées soit avoir envie d’y aller. Donc il y a une marge de progression intéressante en la matière.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Laurent Costy, tu veux réagir là-dessus ?
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<b>Laurent Costy : </b>Oui. On l’a vu dans le cadre du groupe de travail de l’April Libre Association. On a fait plusieurs enquêtes aussi, alors très modestes par rapport à Recherches et solidarités, mais ne serait-ce qu’avec ces enquêtes en 2008-2009 et puis 2014-2015, on a vu un peu le changement d’état d’esprit des associations. C’est-à-dire qu’en 2008-2009 la question c’était plutôt « mais c’est quoi les logiciels libres ? », alors que dix ans plus tard on avait la question « mais comment on fait pour y passer ? » Donc on sent bien quand même un changement de mentalité par rapport au logiciel libre et une connaissance au moins du nom et de ce que ça peut représenter.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et de leurs usages, je suppose, en interne, mais on y reviendra par rapport aux types de logiciels. Est-ce que tu voulais ajouter quelque chose sur cette partie-là Frédérique ?
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Non. Je pense que ça fait un panorama déjà assez vaste et, encore une fois, qui montre toutes les potentialités. Il y a certainement un gros travail d’information, d’éducation à faire, mais en tout cas voilà ! L’intérêt existe, le besoin existe ; les associations ont plein d’usages à faire du numérique et là-dessus les outils du Libre peuvent sans doute correspondre à beaucoup d’entre eux.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Justement, on va arriver à ce sujet du lien entre monde associatif et logiciel libre. Je pense juste que j’ai oublié de citer le site web de la Fédération Française des MJC donc c’est ffmjc.org et le groupe de travail Libre Association c’est libreassociation. info même si on y reviendra tout à l’heure.<br/>
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Justement Laurent, pourquoi les valeurs du logiciel libre rejoignent-elles celles du mouvement associatif ? Et finalement pourquoi c’est plus qu’un outil pour le mouvement associatif le recours au logiciel libre ?
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<b>Laurent Costy : </b>J’avais travaillé un peu la question plutôt dans le lien logiciel libre éducation populaire ; donc c’est finalement une forme un peu restreinte du mouvement associatif dans son ensemble puisque tout à l’heure on a cité la santé, on a cité le sport, etc., l’éducation populaire, même si évidemment il y a des croisements. Il y a une partie du monde associatif qui se reconnaît dans l’éducation populaire donc c’est plutôt ce lien-là que j’avais travaillé, entre les valeurs de l’éducation populaire et les valeurs du logiciel libre. J’avais fait un master sur la question, je vais vous épargner la longueur du texte, mais peut-être que je peux résumer, justement, par le lien entre les quatre libertés du logiciel libre et ce qui fait lien avec les valeurs de l’éducation populaire.<br/>
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Si vous vous souvenez des quatre valeurs du logiciel libre :<br/>
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vous avez la liberté d’utilisation. Là, très clairement, contrairement à un logiciel privateur les utilisatrices et les utilisateurs sont égaux devant l’utilisation. On n’a pas de discrimination en fonction des aspects financiers, en fonction des aspects techniques, etc. Donc ça c’est une première chose qui met les utilisatrices et les utilisateurs sur le même pied d’égalité et ça c’est quelque chose qui rejoint un peu tout ce qu’on défend au sein de l’éducation populaire et plus généralement, quand même, au niveau des valeurs associatives.<br/>
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La deuxième liberté pour le logiciel libre c’est bien la question d’étudier le programme. Là, très clairement, c’est l’ouverture à l’esprit critique. Tant que les choses sont accessibles, ça veut qu’on autorise les gens à se pencher sur la question, à regarder, à observer, à critiquer, à poser des questions. On est, encore une fois, dans la progression du citoyen pour qu’il puisse soit s’outiller lui-même soit demander à d’autres pour être aidé et comprendre les choses. Si le logiciel est fermé, en aucun cas on ne peut aller voir ce qui se passe dedans et essayer de comprendre même si, bien sûr, il y a des questions de compétences au départ mais en tout cas on comprend bien l’esprit et l’esprit, au départ, est important à mon avis.<br/>
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La troisième liberté c’est la question de modifier le programme. Je viens initialement d’un monde associatif sur la question de la culture scientifique et technique, donc évidemment la question du droit à la bidouille est vitale dans l’éducation populaire.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Qu’est-ce que tu appelles la bidouille ?
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<b>Laurent Costy : </b>Le droit à la bidouille ça veut dire le droit à mettre les mains dans le cambouis, à essayer de comprendre comment c’est fait ; c’est vital pour le citoyen à un moment donné, que ce soit un programme ou que ce soit une loi ; à un moment donné il faut s’intéresser aux choses et si on nous ferme la boîte et qu’on n’a pas le droit de s’intéresser aux choses ça veut dire qu’on nous demande d’être des moutons, des ???, tout ce qu’on veut et on doit faire ce qu’on nous dit et on n’a pas d’autre choix dans la vie. Là on va vers une société totalitaire ou je ne sais pas quoi, mais en tout cas ça ne va pas dans le sens d’un monde citoyen et où chacun prend ses responsabilités, à mon avis. Ça c’était la troisième liberté.<br/>
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Et puis la quatrième liberté de redistribuer les programme, là on rejoint tout la question de l’intérêt général et du bien commun, c’est-à-dire que là on nourrit : tout ce qu’on fait ça sert aux autres et on ne garde pas ce qu’on a fait pour soi en espérant tirer parti de ça et puis surtout d’abuser des autres, sinon ça ouvre des perspectives vraiment négatives de mon point de vue. La quatrième liberté : redistribuer. L’intérêt général, le bien commun, on sait très bien que le logiciel libre rejoint vraiment cet esprit des biens communs, enfin des communs en général.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Finalement c’est une approche de l’informatique qui n’est pas du tout technique mais qui est totalement politique et sociétale en fait.
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<b>Laurent Costy : </b>Complètement, et ça fait le lien aussi à un point qu’on avait soulevé dans notre enquête avec les associations c’est qu’un des problèmes vis-à-vis de l’informatique c’est que c’est considéré par les conseils d’administration comme quelque chose de technique. Comme c’est technique, ce n’est pas quelque chose qui doit être posé, discuté en conseil d’administration et ça je trouve que c’est une vraie erreur parce que l’outil est technique et l’outil est aussi source de pouvoir. Donc à un moment donné, il faut absolument pouvoir maîtriser ces enjeux-là pour ne pas que l’association soit manipulée par ailleurs.<br/>
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J’ai eu le cas, j’intervenais dans un centre social sur la question des logiciels libres samedi dernier, ils ont vraiment pris conscience que c’était important et, du coup, ils ont posé cette discussion-là en conseil d’administration et, à partir de ce moment-là, des actions sont nées. C’est-à-dire que c’est dans la discussion au sein du conseil d’administration qu’un plan d’action a été mis en œuvre, même modeste, mais en tout cas prenant en compte la question du logiciel libre, de la migration et puis de perspectives pour aller vers une informatique plus respectueuse des utilisatrices et utilisateurs.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et ça c’est relativement récent. Je pense que ça confirme ce que disait tout à l’heure Frédérique Pfrunder justement sur cette prise de conscience et le fait que c’est avant tout quelque chose de politique et qui ne dépend pas que des militants de terrain et que les structures dirigeantes doivent aussi accompagner.
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<b>Frédérique Pfrunder : </b>Je partage totalement
  
 
==Libre en Fête - [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20181204/interview-isabella_noise_reduce.wav Interview de Isabella par Frédéric]==
 
==Libre en Fête - [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20181204/interview-isabella_noise_reduce.wav Interview de Isabella par Frédéric]==

Version du 6 décembre 2018 à 15:42


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 4 décembre 2018 sur radio Cause Commune

Intervenants : Isabella Vanni - Frédéric Couchet

Lieu : Radio Cause commune

Date : 4 décembre 2018

Durée :

[ Écouter ou enregistrer le podcast]

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des orateurs·trices mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Statut : Transcrit MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site cause-commune.fm. La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur web et rendez-vous sur chat.libre-a-toi.org ou directement sur le site de la radio et vous cliquez sur « chat » ; ainsi vous nous retrouvez également sur le salon dédié à l’émission.
Nous sommes mardi 4 décembre 2018, nous diffusons en direct l’émission mais vous écoutez peut-être un podcast dans le futur.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, délégué général de l’April.
Le site web de l’April est april.org et vous pouvez y trouver dès maintenant une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles que nous allons citer, ceux que nous n’avons pas encore mis sur la page je les rajouterai à la fin de l’émission, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration. Je vous souhaite une excellente écoute.

On va passer maintenant au programme du jour.
Nous allons commencer par une interview de présentation du Paris Open Source Summit qui est un évènement qui va se dérouler demain et après-demain.
Ensuite, d’ici une quinzaine de minutes, notre sujet principal porte sur les logiciels libres et le monde associatif et j’ai le grand plaisir d’avoir en studio avec moi Frédérique Pfrunder, déléguée générale chez Le Mouvement associatif. Bonjour Frédérique.

Frédérique Pfrunder : Bonjour.

Frédéric Couchet : Également présent Laurent Costy, administrateur de l’April, co-animateur du groupe de travail Libre Association de l’April et directeur adjoint de la Fédération Française des MJC, donc Maison des jeunes et de la culture. Bonjour Laurent.

Laurent Costy : Bonjour à toutes et à tous.

Frédéric Couchet : On vous retrouve d’ici une petite quinzaine de minutes. Ensuite aux alentours de 16 h 45 nous aurons une présentation de notre initiative Libre en Fête par ma collègue Isabella Vanni.
À la réalisation de notre émission nous avons notre ami Olivier Grieco. Bonjour Olivier.

On va passer tout de suite au premier sujet. Comme je vous l’ai dit, on va commencer par une interviewe avec Pierre Baudracco et Caroline Corbal qui sont membres du comité de programme de Paris Open Source Summit, qui vont nous parler de cet évènement qui a lieu les 5 et 6 décembre 2018 au Dock Pullman à Aubervilliers. C’est une interview qui a été enregistrée il y a quelques jours et on se retrouve juste après.

2'30 POSS 2018

Frédéric Couchet : Eh bien bonjour. Je suis en compagnie de Pierre Baudracco et de Caroline Corbal ; nous allons parler d’un évènement qui se passe les 5 et 6 décembre à Aubervilliers, près de Paris, c’est le Paris Open Source Summit. Je vais demander à Pierre et Caroline de se présenter rapidement. Pierre.

Pierre Baudracco : Bonjour. Donc Pierre Baudracco, je suis président du programme de l’édition 201 du Paris Open Source Summit ; je suis également président d’un éditeur de logiciels libres qui s’appelle Blue Mind.

Frédéric Couchet : Blue Mind est un concurrent libre à Microsoft Exchange, si je me souviens bien.

Pierre Baudracco : Exactement, la messagerie collaborative.

Frédéric Couchet : Caroline, peux-tu te présenter rapidement ?

Caroline Corbal : Bonjour, Caroline Corbal. J’ai le plaisir cette année de coordonner la thématique « Écosystème » du Paris Open Source Summit. Par ailleurs je travaille dans une entreprise qui s’appelle Inno3, spécialisée dans les logiciels libres et l’open data et je suis présidente d’une association qui promeut un outil libre de démocratie participative.

Frédéric Couchet : Qui s’appelle comment ?

Caroline Corbal : DemocracyOS.

Frédéric Couchet : OK. Merci. Maintenant on va commencer par la présentation de cet évènement, Paris Open Source Summit. Pierre, peux-tu nous présenter en quelques mots ce qu’est cet évènement, quels sont les objectifs, le public attendu, les intervenants qui sont annoncés ?

Pierre Baudracco : Très rapidement, le Paris Open Source Summit c’est le plus grand évènement européen lié à l’open source. C’est un évènement généraliste qui va contenir un espace exposition, donc des sociétés viennent exposer leurs produits, leurs savoir-faire ; un grand programme de conférences dont je suis président et dont Caroline est vice-présidente d’une des thématiques majeures ; qui va contenir également un village d’associations, associatif, puisqu’une des particularités de l’open source c’est d’avoir tout un pan lié à la communauté. On en reparlera, et puis un événement qui intéresse aussi des VIP puisque nous avons l’honneur d’accueillir la ministre Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, des gens de l’ANSI de l’État et diverses personnalités, le Cigref par exemple.

Frédéric Couchet : L’ANSI c’est l’Agence de sécurité de l’État et le Cigref, rappelle-moi ce que c’est ?

Pierre Baudracco : Le Cigref, en gros, c’est le club des DSI des 150 plus grandes entreprises françaises.

Frédéric Couchet : C’est ce qui regroupe les directions informatiques des grandes entreprises françaises. Caroline, comme l’a dit Pierre, toi tu t’occupes d’un thème qui s’appelle le thème écosystème, est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Caroline Corbal : La thématique « Écosystème » cette année on l’a vraiment vue comme une tribune pour rassembler et valoriser celles et ceux qui ont fait le choix de l’ouverture et de la collaboration pour innover plus efficacement, plus durablement. Donc il y a des thématiques phares qui sont portées dans ce cadre-là, notamment « l’éthique du numérique » puisque la confiance dans le numérique en dépend. Donc on va parler de données personnelles, on va parler d’intelligence artificielle, aussi des modèles économiques liés au logiciel libre. On va aussi beaucoup parler de comment l’open source et ce qu’on appelle aujourd’hui l’inner source, donc des pratiques liées à l’ouverture peuvent accélérer la transformation numérique des organisations. On a fait aussi le choix d’apporter beaucoup d’importance à l’inclusion et à la diversité dans cette édition, notamment la place des femmes dans l’open source, dans le numérique en général, mais dans l’open source aussi, déjà en féminisant plus le programme, mais aussi en ayant des sessions dédiées à ce sujet-là qui seront très accès solutions pratiques : comment est-ce qu’on peut apporter collectivement des réponses à ces enjeux ? Il y a des femmes de plein de projets à la fois recherche, d’entreprises, du secteur public, qui vont venir témoigner et apporter des solutions concrètes.

Frédéric Couchet : Ça c’est super. Déjà ça démontre qu’en fait, par rapport aux personnes qui écoutent l’émission, eh bien toute personne qui écoute l’émission peut venir, ne serait-ce que sur le thème « Écosystème ». Le grand public peut venir, peut découvrir ces conférences et puis les personnes un peu plus techniques ou un peu plus connaisseurs de ces sujets peuvent aussi être intéressés par le thème « Écosystème » bien entendu mais aussi par les deux autres thématiques qui sont les thématiques « Tech » pour technique et « Solutions ». Pierre est-ce que tu peux nous les présenter ?

Pierre Baudracco : Effectivement l’open source est d’origine assez technique, ce sont des outils informatiques, donc toute la galaxie est invitée et vient en général à cet évènement.
La thématique « Solutions », on a voulu justement ouvrir pour proposer et montrer quelles solutions existaient en open source, en logiciel libre, à destination du grand public et des entreprises et il n’y a pas besoin de connaître le logiciel libre pour ça : c’est « voilà ce qui existe en termes de logiciels, d’applications de gestion ou autres ».
La thématique « Écosystème », Caroline en a parlé, ce sont tous les impacts que l’open source peut avoir sur la société et on aura des débats cette année, notamment une conférence plénière, keynotes, sur la souveraineté, en quoi l’open source peut aider à préserver ou garder une souveraineté numérique en France ou en Europe par rapport aux géants américains qui sont très ou trop puissants. Et une problématique liée aux compétences, à l’emploi, à l’embauche, c’est pour ça aussi que la ministre madame Vidal vient, puisque c’est un des enjeux phares : le numérique explose, l’open source est un moteur de cette révolution numérique et aujourd’hui on manque de talents et de compétences donc il faut favoriser l’émergence de personnes dans ces domaines.

Frédéric Couchet : Très bien. Ça me fait penser d’ailleurs que les gens qui peuvent chercher de l’emploi aujourd’hui dans le logiciel libre, eh bien Paris Open Source Summit c’est le bon moment de rencontrer des entreprises qui recrutent parce qu’effectivement vous recrutez des talents. Je suppose que c’est dans toutes les catégories techniques que vous recrutez.

Pierre Baudracco : Oui. Toutes les catégories : technique, mais ça peut être même commerce, ça peu être marketing, mais effectivement il y a un gros focus sur la technique et d’ailleurs cette année au Paris Open Source Summit on a organisé un forum RH avec les coorganisateurs notamment Systematic, le pôle Systmatic qui a organisé un grand forum RH pour justement faire un forum, un endroit pour se retrouver par rapport à l’emploi, donc avec des conférences, avec des jobs dating, avec un concours coding party, etc.

Frédéric Couchet : D’accord ça me fait penser à une question : qui organise en fait le Paris Open Source Summit ?

Pierre Baudracco : Le Paris Open Source Summit est coorganisé par le pôle de compétitivité Systematic, par les régions, par la société Weyou qui est en charge de la logistique et de la commercialisation de la partie exposition et par le CNLL qui est, en fait, la fédération qui regroupe l’écosystème professionnel du logiciel libre et qui fournit beaucoup de contenus justement.

Frédéric Couchet : Donc le CNLL qui veut dire Conseil national du logiciel libre, même si je crois que le nom va évoluer. En tout cas on peut dire que c’est la structure qui représente un petit peu les acteurs économiques du logiciel libre en France et je suppose qu’il y aura effectivement une présentation du CNLL avec les deux coprésidents Stéfane Fermigier et Philippe Montargès.
Tu parlais de Weyou ; pour les gens qui suivent le logiciel libre depuis longtemps c’est aussi la structure qui organisait les salons GNU/Linux expo il y a quelques années, donc il y a une persistance dans l’organisation, et une des caractéristiques, justement ce que tu disais tout à l’heure Pierre, et Caroline va peut-être pouvoir nous donner des détails sur la partie exposants, le village des exposants qui mélange à la fois des entreprises et également des associations du logiciel libre.

Caroline Corbal : Tout à fait. Il y aura plusieurs stands dédiés aux entreprises de l’open source et par ailleurs il y a un village des associations, qui réunit de nombreux acteurs associatifs, qui représente la diversité et la richesse, en fait, des associations du Libre. Il y aura également une session pour ces acteurs-là via l’outillage des associations ; donc même si vous n’êtes pas une association du Libre, vous pouvez aller vous renseigner sur les outils libres que vous pouvez utiliser au sein de votre association, qui sera coorganisée par Webassos et par l’April. On a vraiment souhaité donner une place particulière aux associations qui feront aussi la clôture du Paris Open Source Summit cette année.

Frédéric Couchet : Merci Caroline de parler de ça parce qu’en fait ça fait l’enchaînement vu que dans l’émission du 4 décembre le sujet principal ce sera justement logiciel libre et monde associatif avec notamment Laurent Costy qui intervient à Paris Open Source Summit.
Parmi les évènements associés, en tout cas les temps forts, j’ai noté et je crois que tu voulais évoquer ça Caroline la présence de la DSI de l’État qui va faire une journée ouverte à toutes les personnes de l’administration qui veulent contribuer au logiciel libre.

Caroline Corbal : Tout à fait. L’idée c’est d’organiser une journée. Donc les blue hats, les chapeaux bleus – vous pourrez les reconnaître car ils vont vraiment porter des chapeaux bleus sur l’évènement – et ’idée c’est de rassembler une communauté autour des logiciels libres qu’utilisent ou produisent les administrations et lever petit à petit les freins qui peuvent exister à la contribution à ces logiciels libres. Ça fait notamment suite au fait que l’État a publié récemment, cette année, sa politique de contribution en matière de logiciel libre.

Frédéric Couchet : Tout à fait. Nous aurons l’occasion, début 2019, justement d’inviter des représentants de cette structure et qui ont nommé en plus un référent logiciels libres qui est un libriste de longue date, qui s’appelle Bastien Guerry, qui sera présent lui aussi, évidemment, à Paris Open Source Summit.
Pierre est-ce qu’il y a d’autres évènements associés dont tu veux parler ? Peut-être le Prix « Acteurs du Libre » ou d’autres évènements.

Pierre Baudracco : Effectivement j’ai présenté le salon, l’évènement rapidement, j’ai oublié de mentionner que le Paris Open Source Summit c’est également une dizaine d’évènements associés comme la remise du Prix « Acteurs du Libre », comme le Forum RH, comme EOLE qui est un évènement sur la partie juridique de l’open source, comme l’Open Source Community Summit, comme l’Open CIO Summit donc un petit sommet des grands DSI. Voilà ! C’est plein d’évènements qui se déroulent dans le cadre du salon et je voudrais aussi rajouter, puisque Caroline a parlé du village associatif, que la cérémonie de clôture cette année, donc le deuxième jour, le 6 décembre en fin de journée, est organisée par les associations et sera assez festive. Nous aurons la présence de l’Open Source Initiative, l’OSI, avec son président qui va venir parler et fêter des anniversaires comme l’anniversaire de linux.fr, etc. Donc ça va être festif, venez nombreux déguster et manger ces gâteaux.
Et dernier point, le Paris Open Source Summit en chiffres : le Paris Open Source Summit c’est 5000 visiteurs, donc vous avez compris que tous les publics sont les bienvenus ; c’est un évènement qui est gratuit donc n’hésitez pas à vous pré-inscrire ou venir directement le jour même ; c’est plus de 200 conférences et plus de 150 exposants. Donc c’est une vraie grande messe sur l’open source européenne.

Frédéric Couchet : Effectivement c’est un évènement à ne pas manquer sur le logiciel libre et l’open source. Tu parles des fêtes. Le site linux.fr, qui est un site d’information sur le logiciel libre, fête ses 20 ans et ça sera à la fois festif et aussi un peu bruyant parce qu’ils nous ont demandé notre mégaphone ; on essaiera de ne pas faire trop de bruit ! Mais effectivement, beaucoup de structures fêtent, entre guillemets « leurs 20 ans » parce qu’une date marquante pour le logiciel libre c’est 1998, comme tu l’as dit, avec notamment la création de l’Open Source Initiative et le lancement d’un certain nombre de projets.
Avant de vous laisser la parole peut-être pour des derniers points, on va rappeler les dates, le lieu et comment ça se passe en pratique : c’est-à-dire est-ce que les gens qui veulent venir doivent s’inscrire ? Est-ce que c’est payant ? Caroline est-ce que tu peux nous donner les informations pratiques ?

Caroline Corbal : L’évènement est gratuit. Vous pouvez réserver votre badge sur le site internet donc c’est opensourcesummit.paris, l’URL pour y accéder et ensuite le jour J il suffit de se présenter et de récupérer son badge à l’entrée.

Frédéric Couchet : Quelles sont les dates ?

Caroline Corbal : Les 5 et 6 décembre. L’évènement ouvre ses portes à 9 heures les deux jours.

Pierre Baudracco : Et le lieu.

Frédéric Couchet : Le lieu, je l’ai noté, parce que c’est au Dock Pullman, donc c’est 87 avenue des Magasins Généraux à Aubervilliers. Rassurez-vous, c’est à 100 mètres de la Porte de la Chapelle et il y a des bus qui arrivent. Pierre, tu veux rajouter…

Pierre Baudracco : C’est juste aussi au bout de la ligne 12 du métro. On peut y aller en métro.

Frédéric Couchet : On peut y aller en métro effectivement. Oui Porte de la Chapelle je crois que c’est la ligne 12 de mémoire. Donc le Dock Pullman, les 5 et 6 décembre 2018, ça ouvre ses portes à 9 heures. Vous avez compris aussi qu’il faut être présent le jeudi 6 décembre aux alentours de la fermeture pour profiter du final avec les associations, les différentes fêtes. On va rappeler le site web c’est opensourcesummit.paris, donc pré-réservez votre badge ; l’accès est gratuit mais il faut s’inscrire. Caroline, Pierre est-ce que vous voulez rajouter quelque chose avant qu’on conclue ?

Pierre Baudracco : Non. C’est juste un grand évènement très ouvert, on a vu, différents publics, différentes manifestations, des conférences, donc venez nombreux, l’intérêt c’est d’être le plus nombreux possible pour accompagner cette ouverture de la révolution numérique qui passe par l’open source.

Caroline Corbal : Peut-être pour conclure un dernier mot pour dire aussi merci à toutes les personnes qui ont contribué à faire de cette édition ce qu’elle va être et la diversité notamment du programme parce que là on est juste Pierre et moi et au comité de programme on est cinq personnes. Par ailleurs ce sont énormément de personnes qui travaillent sur le sujet, qui sont très représentatives de la diversité de l’écosystème, qui viennent du secteur public, du secteur privé, des associations et qui ont travaillé pendant un an. Donc un grand merci à toutes ces personnes.

Frédéric Couchet : Effectivement on les remercie. On a hâte d’être à la semaine prochaine les 5 et 6 décembre 2018, à Aubervilliers, près de la Porte de la Chapelle, pour deux jours autour du logiciel libre. Écoutez, merci Pierre et merci Caroline. À bientôt.

Pierre Baudracco : Merci Frédéric.

Caroline Corbal : Merci et rendez-vous les 5 et 6 décembre

Frédéric Couchet : Merci.

15’ 10

Frédéric Couchet : Merci.
Vous venez d’entendre une interview avec Pierre Baudracco et Caroline Corbal membres du comité de programme de Paris Open Source Summit qui se déroule demain et après-demain au Dock Pullman à Aubervilliers.
Vous avez beaucoup entendu parler du terme open source. Pour les gens qui suivent bien l’April vous savez que ce n’est pas un terme que l’on privilégie. Les termes logiciel libre qui vient de l’anglais free sofware et open source dans le sens donné par l’Open Source Initiative, en pratique, désignent à peu près les mêmes logiciels, mais l’usage de ces deux termes met en valeur des points de vue qui sont très différents. Le mouvement du logiciel libre est avant tout éthique, basé sur le partage de la connaissance et sur l’entraide là où le mouvement open source met plutôt en avant les aspects pratiques, économiques, des logiciels libres. En plus, le terme open source est souvent utilisé pour tromper les personnes et qualifier des logiciels qui ne répondent pas aux critères donnés par l’Open Source Initiative, qui fête donc ses 20 ans dans deux jours.
Le terme logiciel libre étant plus précis et renforçant l’importance des libertés il est privilégié à l’April, mais l’évènement s’appelle Paris Open Source Summit.

Vous êtes de retour sur cause commune 93.1, toujours l’émission de l’April Libre à vous !. Comme l’ont dit Pierre Baudracco ou Caroline Corbal, Laurent Costy interviendra lors de l’évènement pour parler de l’outillage informatique libre pour les associations. Mon collègue Étienne Gonnu interviendra également dans deux thématiques : une thématique sur la directive droit d’auteur et une sur les logiciels libres de caisse suite à une action très importante menée par l’April et d’autres structures. Le détail du programme est sur le site opensourcesummit.paris et les interventions de l’April vous les retrouvez sur le site april.org.

Nous allons changer de sujet mais pas totalement vu que Laurent est avec moi. Laurent Costy, tu es administrateur de l’April, tu es co-animateur de notre groupe de travail Libre Association et tu es directeur adjoint de la Fédération française des MJC. Rebonjour Laurent.

Laurent Costy : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Frédérique Pfrunder qui est déléguée générale au Mouvement associatif. Rebonjour Frédérique.

Frédérique Pfrunder : Rebonjour.

Frédéric Couchet : Déjà, avant d’introduire le sujet, avant d’aborder le détail du sujet logiciel libre et monde associatif, peut-être présenter en quelques mots vos deux structures donc Frédérique Pfrunder sur Le Mouvement associatif.

17’ 20

Frédérique Pfrunder : Le Mouvement associatif est une association, ça commence bien ! Nous regroupons en notre sein des coordinations associatives qui elles-mêmes regroupent des fédérations, des réseaux associatifs. L’objet du Mouvement associatif c’est de porter toutes les questions de développement de la vie associative en France, de traiter tous les sujets transversaux de développement de la vie associative. Voilà ! On essaye de porter la voix des associations notamment dans les rapports avec les pouvoirs publics, mais pas seulement, et d’animer aussi des réflexions inter-associatives sur des sujets partagés, les sujets sur l’engagement du bénévolat, mais aussi des sujets du modèle économique, de la relation avec les partenaires publics, etc.

Frédéric Couchet : D’accord. Le site internet c’est lemouvementasociatif.org

Frédérique Pfrunder : Absolument.

Frédéric Couchet : Laurent Costy, tu ne vas pas présenter l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre ; le groupe de travail Libre Association on y reviendra plus tard dans le cadre de l’émission, par contre tu peux peut-être nous présenter ton activité professionnelle en tant que directeur adjoint de la Fédération Française des MJC.

Laurent Costy : Je travaille au niveau de la Fédération Française des MJC en ayant travaillé préalablement au niveau des régions. Ce que je trouve intéressant de pointer là, finalement, c’est qu’à la fois j’ai un pied dans le monde libriste en étant administrateur de l’April et puis, par ailleurs, je suis confronté au quotidien à la difficulté des associations quand il s’agit de vouloir aller vers le Libre ; donc j’ai ces deux regards. Parfois je suis confronté à des situations assez complexes puisque moi j’aimerais aller vers le Libre au sein de la Fédération Française et puis le quotidien fait qu’à un moment donné on doit avancer, on doit sortir des fiches de paye avec un logiciel, etc. Ça on y reviendra tout à l’heure, mais voilà ! Je suis confronté au quotidien et tiraillé entre cette volonté d’aller vers le Libre et la difficulté au quotidien d’avancer sur le sujet.

Frédéric Couchet : On reviendra évidemment sur les difficultés au quotidien. On va commencer peut-être par faire un petit point sur le contexte associatif en France, sur l’équipement informatique des associations et les personnes pour gérer cet équipement associatif. Frédérique Pfrunder, est-ce que tu peux faire un petit point, justement, sur cet environnement associatif pour qu’on comprenne mieux parce que je crois qu’on sous-estime la place du mouvement associatif en France ; les télés parlent beaucoup de l’importance des entreprises, mais le mouvement associatif est très important.

Frédérique Pfrunder : C’est vrai, absolument. Un petit panorama rapide. Les associations, en France, c’est 1,5 million de structures, donc beaucoup ! À peu près 20 millions de bénévoles : on estime qu’un Français sur deux est adhérent d’une association. Ce qu’il est important de préciser c’est que les associations sont extrêmement diverses dans leurs modèles et 85 % d’entre elles fonctionnent uniquement avec des bénévoles. Après, à côté de ça, il y a 15 % d’association employeuses ; la très grande majorité de ces associations employeuses ont un ou deux salariés, donc des toutes petites structures.
Le tissu associatif c’est ça : c’est 85 % d’associations qui ne fonctionnent qu’avec des bénévoles, des gens qui donnent de leur temps, un peu de temps, beaucoup de temps, ça dépend, mais qui donnent de leur temps gratuitement et puis un certain nombre de petites structures employeuses, mais avec, encore une fois, un ou deux salariés qui sont là pour aider les bénévoles à remplir l’objet social de la structure et qui vont gérer les aspects administratifs, ce type de choses.
À côté de ça il y a des très grosses associations, enfin il y a des moyennes associations, de très très grosses associations ; on ignore parfois à quel point elles sont grosses : l’APF France handicap, par exemple, c’est 11 000 salariés ; c’est aussi énormément de bénévoles mais c’est 11 000 salariés. On peut en citer quelques autres que tout le monde connaît : la Croix-Rouge, Les Restos du Cœur, Médecins du monde sont des associations, Emmaüs, la Fédération Française des MJC qui est d’une plus petite taille évidemment, on n’est pas sur 11 000 salariés.

Laurent Costy : 170 salariés.

Frédérique Pfrunder : Voilà. Mais c’est une grosse structure associative : pour les associations, 170 salariés c’est beaucoup. Voilà pour un panorama très rapide et pour placer le contexte des associations, de ce que sont les associations. Elles sont présentes partout sur le territoire et sur des secteurs d’activité extrêmement divers : les associations c’est le sport, c’est la culture, l’éducation populaire, les loisirs, les colonies de vacances, l’animation, l’accueil d’enfants, l’accueil périscolaire. C’est aussi beaucoup dans le sanitaire médico-social ; il y a beaucoup de crèches qui sont des crèches associatives, des hôpitaux qui sont aussi associatifs, ce qu’on sait assez rarement. Voilà ! Donc c’est une très grande diversité d’actions, une très grande diversité de modèles, du coup une très grande diversité de besoins aussi, évidemment dans l’équipement informatique comme dans les compétences générales.
Si on parle de l’équipement, c’est vrai que là aussi c’est compliqué de faire des généralités compte-tenu de la diversité. Les associations, comme à peu près toutes les structures et les citoyens, ont progressé dans leur équipement informatique, évidemment, au fil des années. Être outillé en informatique, en numérique et faire appel aux outils numériques, c’est une nécessité pour le tissu associatif comme ça l’est dans la vie quotidienne d’à peu près tout le monde.
Il y a une étude de Recherches et solidarités qui a été faite en 2013 puis 2016, qui montre qu’il y a une évolution continue dans ce domaine-là : 72 % des associations sont équipées d’un site internet, donc 72 % sur les 1,5 million de structures, ça fait quand même…

Frédéric Couchet : Ça fait beaucoup de sites !

Frédérique Pfrunder : Ça fait beaucoup de sites !

Frédéric Couchet : Je précise que la référence de l’étude dont tu parles est sur le site de l’April pour les personnes qui veulent aller plus dans le détail.

Frédérique Pfrunder : Évidemment ça va être des sites d’une qualité inégale et qui ont une utilité différente en fonction des associations : ça peut être juste un site vitrine ou des sites ressources beaucoup plus importants, mais les associations se tournent évidemment vers ces outils. Beaucoup d’associations utilisent de plus en plus des réseaux sociaux, évidemment. Et puis on voit aussi une très nette progression des outils collaboratifs sans doute parce que là ça répond aussi à un point essentiel de l’activité associative.

Frédéric Couchet : À leur pratique.

Frédérique Pfrunder : Eh oui, à une pratique qui est de faire parler les gens ensemble, de collaborer, de concerter, élaborer une parole collective parce que c’est bien ça qui est au plus profond des associations, c’est la construction collective, l’intelligence collective ; pour ça, les outils collaboratifs c’est quand même vraiment bien.
Ça fait partie des progressions de ces dernières années en termes d’équipement pour les associations ce qui veut bien dire qu’il y a un besoin important. Mais il y a aussi un besoin de compétences et là c’est plus compliqué. Ce qui est relevé par les associations dans leurs difficultés pour ça, c’est bien une question de temps, une question de moyens, une question de compétences en interne ; on y reviendra sans doute dans les discussions, que ça soit pour le Libre ou plus globalement pour l’équipement numérique de façon générale, en fait ; ce n’est même pas que pour le Libre.

Frédéric Couchet : Oui. Ce tour dìhorizon concerne effectivement l’informatique en général.

Frédérique Pfrunder : Tout à fait.

Frédéric Couchet : On prend conscience, effectivement, à partir du moment où tu nous dis que dans 85 % des associations il n’y a que des bénévoles, forcément l’informatique va être gérée par des bénévoles qui connaissent plus ou moins un système et qui vont peut-être orienter des décisions.

Frédérique Pfrunder : Absolument. Ceci dit, ce qui est intéressant c’est qu’il y a une assez bonne connaissance – enfin, une assez bonne connaissance – du principe du logiciel libre en tout cas dans les associations. Les associations interrogées, pour beaucoup d’entre elles ont dit connaître l’idée du logiciel libre et soit être déjà équipées soit avoir envie d’y aller. Donc il y a une marge de progression intéressante en la matière.

Frédéric Couchet : Laurent Costy, tu veux réagir là-dessus ?

Laurent Costy : Oui. On l’a vu dans le cadre du groupe de travail de l’April Libre Association. On a fait plusieurs enquêtes aussi, alors très modestes par rapport à Recherches et solidarités, mais ne serait-ce qu’avec ces enquêtes en 2008-2009 et puis 2014-2015, on a vu un peu le changement d’état d’esprit des associations. C’est-à-dire qu’en 2008-2009 la question c’était plutôt « mais c’est quoi les logiciels libres ? », alors que dix ans plus tard on avait la question « mais comment on fait pour y passer ? » Donc on sent bien quand même un changement de mentalité par rapport au logiciel libre et une connaissance au moins du nom et de ce que ça peut représenter.

Frédéric Couchet : Et de leurs usages, je suppose, en interne, mais on y reviendra par rapport aux types de logiciels. Est-ce que tu voulais ajouter quelque chose sur cette partie-là Frédérique ?

Frédérique Pfrunder : Non. Je pense que ça fait un panorama déjà assez vaste et, encore une fois, qui montre toutes les potentialités. Il y a certainement un gros travail d’information, d’éducation à faire, mais en tout cas voilà ! L’intérêt existe, le besoin existe ; les associations ont plein d’usages à faire du numérique et là-dessus les outils du Libre peuvent sans doute correspondre à beaucoup d’entre eux.

Frédéric Couchet : Justement, on va arriver à ce sujet du lien entre monde associatif et logiciel libre. Je pense juste que j’ai oublié de citer le site web de la Fédération Française des MJC donc c’est ffmjc.org et le groupe de travail Libre Association c’est libreassociation. info même si on y reviendra tout à l’heure.
Justement Laurent, pourquoi les valeurs du logiciel libre rejoignent-elles celles du mouvement associatif ? Et finalement pourquoi c’est plus qu’un outil pour le mouvement associatif le recours au logiciel libre ?

Laurent Costy : J’avais travaillé un peu la question plutôt dans le lien logiciel libre éducation populaire ; donc c’est finalement une forme un peu restreinte du mouvement associatif dans son ensemble puisque tout à l’heure on a cité la santé, on a cité le sport, etc., l’éducation populaire, même si évidemment il y a des croisements. Il y a une partie du monde associatif qui se reconnaît dans l’éducation populaire donc c’est plutôt ce lien-là que j’avais travaillé, entre les valeurs de l’éducation populaire et les valeurs du logiciel libre. J’avais fait un master sur la question, je vais vous épargner la longueur du texte, mais peut-être que je peux résumer, justement, par le lien entre les quatre libertés du logiciel libre et ce qui fait lien avec les valeurs de l’éducation populaire.
Si vous vous souvenez des quatre valeurs du logiciel libre :
vous avez la liberté d’utilisation. Là, très clairement, contrairement à un logiciel privateur les utilisatrices et les utilisateurs sont égaux devant l’utilisation. On n’a pas de discrimination en fonction des aspects financiers, en fonction des aspects techniques, etc. Donc ça c’est une première chose qui met les utilisatrices et les utilisateurs sur le même pied d’égalité et ça c’est quelque chose qui rejoint un peu tout ce qu’on défend au sein de l’éducation populaire et plus généralement, quand même, au niveau des valeurs associatives.
La deuxième liberté pour le logiciel libre c’est bien la question d’étudier le programme. Là, très clairement, c’est l’ouverture à l’esprit critique. Tant que les choses sont accessibles, ça veut qu’on autorise les gens à se pencher sur la question, à regarder, à observer, à critiquer, à poser des questions. On est, encore une fois, dans la progression du citoyen pour qu’il puisse soit s’outiller lui-même soit demander à d’autres pour être aidé et comprendre les choses. Si le logiciel est fermé, en aucun cas on ne peut aller voir ce qui se passe dedans et essayer de comprendre même si, bien sûr, il y a des questions de compétences au départ mais en tout cas on comprend bien l’esprit et l’esprit, au départ, est important à mon avis.
La troisième liberté c’est la question de modifier le programme. Je viens initialement d’un monde associatif sur la question de la culture scientifique et technique, donc évidemment la question du droit à la bidouille est vitale dans l’éducation populaire.

Frédéric Couchet : Qu’est-ce que tu appelles la bidouille ?

Laurent Costy : Le droit à la bidouille ça veut dire le droit à mettre les mains dans le cambouis, à essayer de comprendre comment c’est fait ; c’est vital pour le citoyen à un moment donné, que ce soit un programme ou que ce soit une loi ; à un moment donné il faut s’intéresser aux choses et si on nous ferme la boîte et qu’on n’a pas le droit de s’intéresser aux choses ça veut dire qu’on nous demande d’être des moutons, des ???, tout ce qu’on veut et on doit faire ce qu’on nous dit et on n’a pas d’autre choix dans la vie. Là on va vers une société totalitaire ou je ne sais pas quoi, mais en tout cas ça ne va pas dans le sens d’un monde citoyen et où chacun prend ses responsabilités, à mon avis. Ça c’était la troisième liberté.
Et puis la quatrième liberté de redistribuer les programme, là on rejoint tout la question de l’intérêt général et du bien commun, c’est-à-dire que là on nourrit : tout ce qu’on fait ça sert aux autres et on ne garde pas ce qu’on a fait pour soi en espérant tirer parti de ça et puis surtout d’abuser des autres, sinon ça ouvre des perspectives vraiment négatives de mon point de vue. La quatrième liberté : redistribuer. L’intérêt général, le bien commun, on sait très bien que le logiciel libre rejoint vraiment cet esprit des biens communs, enfin des communs en général.

Frédéric Couchet : Finalement c’est une approche de l’informatique qui n’est pas du tout technique mais qui est totalement politique et sociétale en fait.

Laurent Costy : Complètement, et ça fait le lien aussi à un point qu’on avait soulevé dans notre enquête avec les associations c’est qu’un des problèmes vis-à-vis de l’informatique c’est que c’est considéré par les conseils d’administration comme quelque chose de technique. Comme c’est technique, ce n’est pas quelque chose qui doit être posé, discuté en conseil d’administration et ça je trouve que c’est une vraie erreur parce que l’outil est technique et l’outil est aussi source de pouvoir. Donc à un moment donné, il faut absolument pouvoir maîtriser ces enjeux-là pour ne pas que l’association soit manipulée par ailleurs.
J’ai eu le cas, j’intervenais dans un centre social sur la question des logiciels libres samedi dernier, ils ont vraiment pris conscience que c’était important et, du coup, ils ont posé cette discussion-là en conseil d’administration et, à partir de ce moment-là, des actions sont nées. C’est-à-dire que c’est dans la discussion au sein du conseil d’administration qu’un plan d’action a été mis en œuvre, même modeste, mais en tout cas prenant en compte la question du logiciel libre, de la migration et puis de perspectives pour aller vers une informatique plus respectueuse des utilisatrices et utilisateurs.

Frédéric Couchet : Et ça c’est relativement récent. Je pense que ça confirme ce que disait tout à l’heure Frédérique Pfrunder justement sur cette prise de conscience et le fait que c’est avant tout quelque chose de politique et qui ne dépend pas que des militants de terrain et que les structures dirigeantes doivent aussi accompagner.

30’ 37

Frédérique Pfrunder : Je partage totalement

Libre en Fête - Interview de Isabella par Frédéric

Frédéric Couchet : Aujourd’hui je suis en compagnie de ma collègue Isabella Vanni ; tu es animatrice vie associative et responsable projets à l’April et tu vas nous parler de l’initiative Libre en Fête. Déjà peux-tu nous expliquer ce qu’est l’initiative Libre en Fête ?

Isabella Vanni : Libre en Fête est une initiative ou, encore mieux, un évènement national coordonné par l’April, qui a lieu tous les ans depuis 2002, donc on est déjà arrivé à la 18e édition en 2019 ; il a lieu à l’arrivée du printemps et l’objectif c’est de faire découvrir le logiciel libre au grand public dans une dynamique si possible conviviale et même festive. On va dire qu’au printemps la vie reprend son cours après l’hiver et on a pensé que le printemps est aussi une très bonne occasion pour les personnes, justement, de découvrir comment reprendre le contrôle de leur informatique grâce au logiciel libre.

Frédéric Couchet : Tu parles d’un évènement qui a lieu au printemps. Est-ce qu’il y a des dates précises pour ces évènements dans le cadre du Libre en Fête ?

Isabella Vanni : Oui Fred. On est déjà en mesure de communiquer les dates pour l’édition 2019. En 2019, Libre en Fête aura lieu du samedi 2 mars au dimanche 7 avril. Bien sûr, rien n’empêche d’organiser des évènements aussi à des dates légèrement avant ou légèrement après cette période ; on n’est pas aussi stricts non plus.

Frédéric Couchet : Ce sont des évènements, mais ce n’est pas l’April qui organise ces évènements. Qui organise ces évènements et pour quel public ? Tu as dit que c’est principalement pour le grand public.

Isabella Vanni : Tout à fait. L’April a un rôle de coordination, mais les évènements sont organisés par toute structure ayant à cœur le logiciel libre, sa diffusion auprès d’un public plus large. Ça peut être un GULL, je rappelle ce qu’est un GULL parce que c’est un acronyme pour groupe d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres, donc des associations locales qui se proposent justement d’organiser des évènements ou des permanences pour favoriser la diffusion du logiciel libre, mais ça peut être aussi d’autres structures qui peuvent être potentiellement intéressées à cette action par exemple une médiathèque ou encore un hackerspace ou encore un café associatif ; pourquoi pas une maison de la jeunesse et de la culture. Il suffit qu’il y ait une personne motivée à l’intérieur de la structure et bien sûr que cette personne obtienne l’accord de la structure pour qu’un évènement puisse se faire, puisse s’organiser.

Frédéric Couchet : Dans les autres structures il y a aussi les espaces publics numériques qui sont des lieux d’accueil et de sensibilisation en informatique ; souvent d’ailleurs il y a de la sensibilisation basée sur du logiciel libre. Je suppose que c’est aussi l’occasion, pour des groupes d’utilisateurs et d’utilisatrices, de nouer des partenariats avec des espaces publics numériques.

Isabella Vanni : C’est l’une des conséquences du Libre en Fête. L’objectif c’est justement de favoriser la diffusion, la promotion du logiciel libre auprès du grand public, mais l’une des conséquences positives c’est aussi la mise en place de partenariats effectivement entre les espaces publics numériques et les GULL, les associations d’utilisateurs de logiciels libres.

Frédéric Couchet : Les associations de promotion du logiciel libre. Ça a lieu au printemps, donc c’est la 18e édition. On a déjà une idée du nombre d’évènements qui sont organisés à peu près chaque année. Combien d’évènements sont organisés à l’occasion de chaque édition, à peu près ?

Isabella Vanni : On va dire que les trois dernières années, on a eu environ entre 150 et 190 évènements. On a eu un pic en 2009, on a dépassé les 200 évènements et j’espère qu’on pourra atteindre, accomplir à nouveau cet exploit en 2019.

Frédéric Couchet : L’objectif pour 2019 c’est d’atteindre ce pic de 200 évènements. Est-ce que sont des évènements qui sont organisés uniquement en France, principalement en France ? Ou il y a des évènements dans d’autres pays, notamment francophones.

Isabella Vanni : Les évènements, jusqu’à présent, étaient organisés notamment en France. Bien sûr le logiciel libre n’a pas de frontières donc on peut organiser un évènement n’importe où. D’ailleurs en 2018, par exemple, il y a eu des évènements organisés aussi en Belgique et en Suisse.

Frédéric Couchet : Si on comprend bien c’est un ensemble d’évènements qui sont organisés autour du printemps. L’April étant là, on va dire, pour lancer cette initiative, proposer des outils de sensibilisation. Il y a un site internet qu’on va déjà indiquer, qu’on rappellera à la fin de l’interview, c’est libre-en-fete.net. Mais concrètement comment une structure qui organise un évènement peut référencer son évènement dans le cadre du Libre en Fête.

Isabella Vanni : L’initiative Libre en Fête s’appuie sur l’Agenda du Libre, on en a déjà parlé dans cette émission ; c’est un site, en fait, de référence pour trouver tout évènement ou toute structure autour du Libre près de chez soi. Ça permet aux organisations, aux structures qui organisent des évènements de référencer, de publier, de soumettre l’évènement Libre en Fête sur l’Agenda du Libre pour lui donner un maximum de visibilité. Et pour que l’évènement soit référencé dans le cadre de cette initiative, il suffit d’ajouter le mot clef libre-en-fete-2019 un tiret entre chaque mot donc libre tiret en tiret fete tiret 2019.

Frédéric Couchet : Il faut aller sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre tout attaché point org et quand vous saisissez votre évènement vous pouvez mettre un certain nombre d’étiquettes, de tags, par exemple atelier d'initiation et vous rajoutez donc l’étiquette libre-en-fete-2019 ce qui permet ensuite aux évènements d’être référencés directement sur le site de l’initiative Libre en Fête.
On encourage évidemment toutes les structures à organiser des évènements, à les référencer ; je suppose d’ailleurs qu’il y a des évènements qui sont organisés dans le cadre du Libre en Fête mais que les structures organisatrices ne référencent pas sur l’Agenda du Libre parce qu’elles oublient.

Isabella Vanni : Ça peut arriver, donc c’est le rôle du coordinateur ou de la coordinatrice en l’occurrence ; c’est-à-dire que l’April, en tant que coordinateur, fixe les dates, choisit le thème – d’ailleurs j’en profite pour dire que cette année le thème est « la priorité au logiciel libre au quotidien »  ; l’April met aussi à disposition un site web, tu en parlais tout à l’heure, fait des appels à participation, notamment en direction des organisations qui sont déjà actives sur l’Agenda du Libre, et veille à ce que les évènements soient correctement référencés. Si ce n’est pas le cas c’est à moi de veiller à ce que ce soit fait et à relancer les structures.

Frédéric Couchet : Donc nous invitons toutes les structures évidemment qui le souhaitent à organiser des évènements dans le cadre du Libre en Fête. Si vous avez besoin d’outils de sensibilisation, des dépliants, des affiches, des autocollants, eh bien l’April en a à disposition donc vous pouvez nous contacter. Vous pouvez aussi en trouver sur le site enventelibre.org donc enventelibre tout attaché point org. Isabella tu vas peut-être simplement nous rappeler les dates, le site et si tu as quelque chose à ajouter par rapport à cet évènement.

Isabella Vanni : Oui. Je voudrais en profiter pour donner quelques pistes parce qu’il y a plein d’évènements différents qui peuvent être organisés. Donc il peut s’agir de conférences, d’ateliers d’initiation à un logiciel libre ou à un service libre en ligne ; il peut s’agir de séances de contribution à un projet collaboratif, je pense par exemple à Wikipédia ou OpenStreetMap. Ça peut être aussi des install-parties ; je rappelle que les install-parties, on l’a déjà dit dans d’autres émissions, ce sont des réunions où les gens peuvent aller pour se faire aider à installer un système de distribution libre sur leur ordinateur. Il peut s’agir aussi de vidéos sur le logiciel libre ou d’expositions expliquant le logiciel libre et ses enjeux. D’ailleurs l’Expolibre de l’April peut être un outil très pertinent pour ce genre d’évènement. Bien sûr il est aussi possible de proposer plusieurs activités dans le cadre d’une même journée de découverte.
Je voudrais parler particulièrement d’un évènement très sympa qui a eu lieu en 2018, Libre en Fête en Trégor. En fait, plusieurs associations de cette région s’associent tous les deux ans pour se donner le temps d’organiser un bel évènement, pour proposer une série d’animations autour du logiciel libre et en 2018, en plus de nombreuses mini conférences sur différents thèmes comme le logiciel libre, l’open data, la cybersécurité, elles ont proposé aussi des jeux libres, elles ont proposé une séance de cartographie participative, je parlais tout à l’heure d’OpenStreetMap, elles ont proposé aussi des démos de l’imprimante 3 D parce que l’esprit Do It Yourself est très cher aux libristes et il y a des points de contact très fort avec les hackerspaces. Donc voilà ! C’est pour donner des exemples d’évènements qui peuvent être organisés.

Frédéric Couchet : Libre en fête en Trégor, c’est en Bretagne. Install-partie, on parle aussi souvent de fête d’installation, même si ce n’est pas totalement festif mais en tout cas c’est collaboratif et il y a souvent des choses à partager au-delà des logiciels.
Est-ce qu’on a fait le tour de la présentation de Libre en Fête. Tu veux peut-être rappeler les dates, le site et les éléments. Le site de l’Expolibre dont Isabella vient de parler c’est expolibre.org, vous pouvez retrouver l’Expolibre en version PDF que vous pouvez imprimer et il y a également une version qui est disponible à la location. Isabella je te laisse conclure.

Isabella Vanni : Tout à fait. Pour l’édition 2019, les dates retenues sont du samedi 2 mars au dimanche 7 avril 2019. Le site c’est libre-en-fete.net, donc libre tiret en tiret fete point net. Une liste de discussion est également disponible lef, l, e, f arobase libre tiret en tiret fete point net [lef@libre-en-fete.net].
Participez nombreux ; le succès de l’évènement sera possible grâce à vous. Donc organisez plein d’évènements !

Frédéric Couchet : Écoute merci Isabella. Je trouve que c’était très clair. Nous vous encourageons à organiser plein d’évènements de découverte du logiciel libre et nous encourageons évidemment les personnes à aller ensuite à ces évènements qui seront annoncés au fur et à mesure depuis début 2019 jusqu’à autour du printemps 2019. Merci Isabella je te souhaite une bonne fin de journée.

Isabella Vanni : Merci. À vous aussi.