Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 3 juillet 2018

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Titre : Émission « Libre à vous ! » diffusée mardi 3 juillet 2018 sur radio Cause Commune

Intervenants : Frédéric Couchet - Isabella Vanni - Étienne Gonnu - Harmonie Vo Viet Anh - Jérémie Wojtowicz - Pierre Beyssac - Matthieu Vernet

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 3 juillet 2018

Durée : 1 h 30

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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

NB : transcription réalisée par nos soins. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas forcément celles de l'April.

Statut : Transcrit MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site cause-commune.fm. Donc c’est parti pour la troisième édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Frédéric Couchet, délégué général de l’April et bien sûr nous allons avoir quelques invités pour nous parler de différents sujets aujourd’hui.

Le site web de l’April c’est april.org, a, p, r, i, l point org, et vous y retrouverez normalement en fin d’émission une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission.

N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration. Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Nous allons commencer par un petit tour de table : Isabella Vanni qui est avec moi.

Isabella Vanni : Oui, bonjour.

Frédéric Couchet : Donc tu es ?

Isabella Vanni : Coordinatrice vie associative responsable projets pour l’April.

Frédéric Couchet : Étienne Gonnu.

Étienne Gonnu : Bonjour. Moi je m’occupe des dossiers institutionnels pour l’April.

Frédéric Couchet : Ensuite nous allons avoir en studio Matthieu Vernet qui est médiateur au Carrefour numérique² à la Cité des Sciences et de l’Industrie mais qui est pour l’instant malheureusement bloqué dans les transports en commun. Nous aurons également Pierre Beyssac qui va nous rejoindre qui est ingénieur en informatique et fondateur d'Eriomem.net, un service de stockage de fichiers et nous avons par téléphone, nous avons le plaisir d’avoir par téléphone Harmonie Vo Viet Anh et Jérémie Wojtowicz, en espérant ne pas avoir écorché vos noms, de l’équipe d’organisation des Rencontres mondiales du logiciel libre qui vont se dérouler à Strasbourg du 7 au 12 juillet 2018. Harmonie, Jérémie est-ce que vous nous entendez.

Jérémie Wojtowicz : Bonjour.

Harmonie Vo Viet Anh : Oui, on vous entend très bien.

Frédéric Couchet : D’accord. Je vais juste parler du programme du jour. D’ici 30 à 45 minutes on va parler de la révision de la directive sur le droit d’auteur pour faire le point après le vote en commission des affaires juridiques et avant le vote en séance plénière au Parlement européen prévu jeudi 5 juillet. Avant d’aborder ce dossier nous parlerons donc avec Matthieu Vernet de la place du logiciel libre au Carrefour numérique² à la Cité des Sciences et de l’Industrie et tout de suite je vais laisser la parole à Isabelle Vanni pour parler des Rencontres mondiales du logiciel libre avec Harmonie et Jérémie.

Isabella Vanni : Voilà. Donc bonjour Harmonie et Jérémie. Merci d’être avec nous aujourd’hui, merci notamment parce qu’on sait que vous êtes très occupés : c’est le rush final pour l’organisation de ce bel évènement qui arrive bientôt, donc c’est le week-end prochain. Les Rencontres mondiales du logiciel libre, je vous invite à expliquer au public de la radio de quoi il s’agit.

Harmonie Vo Viet Anh : Les Rencontres mondiales du logiciel libre, contrairement à ce que tout le monde indique parce que c’est quand même un évènement qui a à peu 20 ans puisque ça a été créé dans les 2000, c’est un festival transdisciplinaire sur la culture libre en général, même si c’est beaucoup plus centré sur le logiciel libre.

Jérémie Wojtowicz : C’est un évènement qui regroupe un petit peu tous les types d’utilisation de l’informatique, donc par les outils qui sortent un petit de ce qu’on peut avoir l’habitude avec Google, Facebook, etc., pour développer une informatique on va dire contre-hégémonique.

Isabella Vanni : Très bien. Cette année, l’édition 2018 donc des Rencontres mondiales du logiciel libre se déroule à Strasbourg et comment dire, quel est le public, en fait, que vous visez avec cet évènement, parce qu’il y a bien sûr les actifs, il y a les utilisateurs, les utilisatrices, mais il y a probablement aussi l’idée de promouvoir le logiciel libre auprès d’un public aussi plus vaste. Est-ce que vous pouvez un petit peu parler du public qui fréquente les Rencontres mondiales du logiciel libre ?

Jérémie Wojtowicz : C’est vrai que cette année on a une petite différence par rapport aux années précédentes, c’est la thématique centrale qu’on a choisie « Éducation numérique : fabrique de la captivité ou nouvelle émancipation ? » et donc critiquer les modèles pédagogiques existants et voir lesquels proposer avec le logiciel libre. Donc nécessairement ça va être fait à un public qui va être celui des enseignants, celui des étudiants, des élèves, celui des institutionnels aussi.

Harmonie Vo Viet Anh : Sans oublier l’éducation populaire donc tous les types d’éducation qui sont hors des institutions habituelles éducatives on va dire. On a aussi un peu rompu avec le vocabulaire habituellement utilisé, par exemple habituellement les RMLL organisent ce qu’on appelle le week-end grand public. On avait envie plutôt de parler d’initiation cette année parce que le grand public ça ne nous semble pas assez parlant. Je pense qu’un de nos publics cibles c’est plutôt des technos curieux un minimum.

Isabella Vanni : C’est bien. D’ailleurs on va rappeler que les Rencontres mondiales du logiciel libre commenceront le 7 juillet prochain jusqu’au 12 juillet et les lieux, en fait, de cet évènement sont différents. C’est-à-dire le 7 juillet les Rencontres mondiales du logiciel libre se dérouleront sur la presqu’île Malraux et c’est en coïncidence avec l’EdgeFest. Donc c’est une volonté de votre part aussi peut-être d’élargir un petit peu le public qui peut fréquenter cet évènement ?

Harmonie Vo Viet Anh : Exactement. Parce que l’EdgeFest c’est vraiment pour du beaucoup plus grand public même pas forcément habitué aux nouvelles technologies et ce qui est drôle c’est que EdgeFest à la base est née de la volonté des organisateurs des RMLL 2011 Strasbourg d’organiser un évènement beaucoup plus orienté grand public. Donc cette année on renoue entre les deux évènements.

Isabella Vanni : Très bien. Par contre les autres jours, donc du 8 au 12 juillet, les Rencontres mondiales du logiciel libre se dérouleront plutôt dans le campus de l’université de Strasbourg. Est-ce que vous pouvez dire un petit peu au public de la radio, de notre émission, quels sont les évènements que vous proposez à l’occasion des Rencontres mondiales du logiciel libre ?

Jérémie Wojtowicz : Juste pour complémenter sur les lieux parce qu’on a parlé de la presqu’île Malraux pour le 7 juillet, donc ce samedi, et du campus central pour le reste, en réalité il y a aura aussi des activités sur le campus central le 7 et il y aura aussi des activités sur la presqu’île Malraux le reste de l’évènement. Il y aura au Shadok qui est un des bâtiments emblématiques du numérique à Strasbourg puisque c’est l’institution publique de la ville, de l’Eurométropole, sur toutes ces questions-là, qui accueillera du coup pendant toutes les RMLL un hackerspace, donc un espace ouvert dédié à la pratique collective de l’informatique et des technologies. Et il y aura aussi des ateliers qui auront lieu à la médiathèque Malraux.

Harmonie Vo Viet Anh : À la médiathèque Malraux on aura une programmation spéciale jeune public.

Isabella Vanni : Super.

Jérémie Wojtowicz : Et ensuite, sur tout le reste du campus du coup on aura trois bâtiments où on pourra retrouver des conférences, des ateliers, des tables rondes, des salons de discussion aussi qui sont un peu un nouveau format qui nous tient à cœur cette année et on est contents de voir que les participants qui ont répondu à notre appel s’en sont emparés. Des journées comme inter-GULL, donc des groupes d’utilisateurs de logiciels libres ou les Chatons qui sont les hébergeurs associatifs qui vont se retrouver pendant toute une journée du coup pour discuter des problématiques qui leur sont chères.

8’20

Frédéric Couchet : Jérémie, Harmonie, deux petites questions. Tout à l’heure Harmonie a parlé de présence de jeune public. Donc la première question c’est à partir de quel âge les enfants peuvent venir pour assister à ces évènements ? Et la deuxième question, Rencontres mondiales, est-ce qu’il y a une langue officielle ? Est-ce qu’il faut forcément parler anglais ou est-ce qu’il y a des ateliers, conférences en français ? Comment ça se passe en pratique au niveau des langues ?

Harmonie Vo Viet Anh : Au niveau des langues il n’y a que deux langues différentes pour les interventions : soit elles sont en français soit elles sont en anglais et c’est matérialisé tout simplement par le fait qu’on a demandé que les interventions en français aient un titre et une description en français et que les activités en anglais aient un titre et une description en anglais sur notre site internet.

Frédéric Couchet : D’accord. Et pour le jeune public c’est à partir de quel âge ?

Harmonie Vo Viet Anh : Je dirais que c’est à partir de 7 ans, à partir du moment où l’enfant a une capacité de discernement et une capacité de concentration je pense pour assister aux ateliers quand même.

Jérémie Wojtowicz : La programmation jeune public sera quand même assez limitée on va dire. Il ne faut pas non plus compter sur les RMLL pour être une espèce de camp de vacances pour les enfants.

Harmonie Vo Viet Anh : Mais c’est quand même un camp de vacances pour tous les libristes en général,

Frédéric Couchet : C’est le début des vacances pour les libristes en général. En plus, Strasbourg, il y a un camping sympa, la ville est sympa et le beau temps y est, donc…

Harmonie Vo Viet Anh : On a vérifié sur la météo normalement ils donnent une météo excellente pour toute la durée des RMLL

Frédéric Couchet : C’est super ! Isabella.

Isabella Vanni : D’accord. En fait je voulais savoir, en pratique, vous pouvez dire aux personnes qui souhaitent participer à l’évènement, qui souhaitent suivre une conférence ou participer à un atelier, comment ça se passe ? Est-ce qu’il faut une inscription ? Est-ce que c’est payant ?

Harmonie Vo Viet Anh : Non. L’entrée est libre et gratuite. On peut accepter des petits dons, mais il n’y a aucune obligation financière pour assister aux RMLL, tout le monde est le bienvenu.

Isabella Vanni : Très bien.

Jérémie Wojtowicz : On peut préciser qu’il y aura certains ateliers quand même sur inscription. Toutes les informations sont à retrouver sur notre site internet rmll.info et vous pourrez aussi retrouver dessus la programmation des soirées parce que chaque soir après 20 heures il y aura aussi des choses dans la ville pour fêter la culture libre. Avec le samedi soir, notamment, la grande nocturne et le dimanche soir le repas du Libre, l’habituel repas du Libre pour rencontrer les grandes figures et partager autour d’un bon repas du Libre.

Isabella Vanni : C’est super. Vous avez abordé le sujet du repas du Libre donc dimanche soir. Est-ce qu’il y a encore des places ? Est-ce qu’on peut encore s’inscrire ?

Harmonie Vo Viet Anh : Il y a encore des places. On a deux menus, un menu entre guillemets « carné » et un menu végan. Donc même si vous avez des particularités alimentaires ; je crois que le menu végan est même sans gluten maintenant !

Isabella Vanni : Parfait. Par contre pour participer à ce genre d’évènement, pour le repas du Libre, il faut s’inscrire sur le site.

Jérémie Wojtowicz : Tout à fait.

Harmonie Vo Viet Anh : Oui parce que les places sont limitées.

Jérémie Wojtowicz : Donc à 20 euros, menu carné ou végan ; c’est un tarif unique.

Isabella Vanni : Parfait. Très bien. En tout cas on est vraiment impressionnés par la richesse du programme ; j’ai compté jusqu’à dix évènements entre conférences et ateliers en parallèle, donc bravo vraiment pour cette organisation. Le programme est disponible sur le site, donc 2018.rmll.info. Est-ce qu’il y aura aussi un programme sur place, éventuellement sur papier ?

Harmonie Vo Viet Anh : Oui, on a prévu un programme papier. Cependant il est moins bien à jour que le programme qui est sur le site internet à cause de toutes les dernières annulations de dernière minute, etc.

Jérémie Wojtowicz : Voilà. Il y a peut-être une dizaine d’erreurs qu’il faudra relever. On va essayer de faire un erratum dans les prochains jours avec notre petite équipe, nos petits bras.

Harmonie Vo Viet Anh : On tient à préciser que c’est peut-être la première fois que le noyau technique a moins de 25 ans et est majoritairement composé de femmes.

Isabella Vanni : C’est super ! En tout cas bravo, parce on l’a déjà dit peut-être au début mais c’est bien de le répéter c’est un grand évènement donc on attend vraiment beaucoup de personnes ; c’est sur une durée quand même importante ; il y a énormément d’évènements et l’organisation est complètement bénévole. Donc bravo deux fois pour ce que vous faites. Vous souhaitez peut-être rappeler les partenaires de cette édition ?

Jérémie Wojtowicz : Ouais. On peut parler de la ville et de l’Eurométropole qui nous soutiennent ensemble à hauteur de 30 000 euros.

Isabella Vanni : Plutôt pas mal !

Harmonie Vo Viet Anh : Les éditions Diamond qui nous font de la publicité et nous fournissent des magazines à distribuer gratuitement dans les RMLL.

Jérémie Wojtowicz : Il y a l’April, ???, Framasoft qui nous fait aussi un prêt. Il y a Oisux ; oh là là, c’est dur de n’oublier personne alors qu’on n’a pas la liste devant les yeux.

Harmonie Vo Viet Anh : Alsace Digitale qui organisent le EdgeFest et qui vont mettre en place le village du libre pour le 7 juillet.

Isabella Vanni : Très bien.

Jérémie Wojtowicz : Il y a surtout la FSFE, la Free Software Foundation Europe, ??? qui est à ma gauche et qui ???

Isabella Vanni : Et que nous saluons. Vous avez parlé du village du Libre. De quoi il s’agit ?

Harmonie Vo Viet Anh : Le village du Libre ce sera un village dans lequel il y aura des stands tenus par des associations qui font du logiciel libre pour expliquer leurs actions et présenter au public qui ne connaît pas déjà les associations concernées.

Jérémie Wojtowicz : Juste pour revenir rapidement sur la Free Software Fondation Europe, on doit quand même dire qu’ils organisent une track à part entière. Une track c’est un ensemble de programmations plus ou moins linéaires, de faire en sorte, et donc cette organisation européenne va profiter du week-end, ce week-end du 7 au 8, pour faire leur rendez-vous annuel, leur grand-messe où il y a aura plein d’ateliers, de conférences, de débats anglophones pour le coup.

Isabella Vanni : Très bien. Écoutez, je vous remercie beaucoup pour votre intervention. Est-ce qu’il y a quelque chose… Oui ?

Frédéric Couchet : J’ai encore d’autres questions éventuellement. Est-ce qu’il y aura cette année des captations vidéos permettant aux personnes qui ne sont pas présentes de pouvoir ultérieurement voir les vidéos de certaines conférences ou des conférences en totalité ?

Harmonie Vo Viet Anh : On aura quand même un minimum de captation qui sera assuré directement par les services de l’université de Strasbourg, qui nous offrent la prestation de captation. Mais c’est vrai que cette année on est un petit peu en difficulté pour ce qui est les captations vidéos étant donné que l’équipe historique est partie sur un autre évènement qui s’appelle???, uniquement sur la sécurité dans le logiciel libre. Mais on va faire notre maximum. Il y a énormément de bénévoles qui sont en train de s’organiser pour qu’il y ait une captation. Et on est en train de s’organiser également pour avoir un endroit pour s’occuper de vidéo, en tout cas ???

Jérémie Wojtowicz : Voilà. Il y aura aussi la radio qui sera coordonnée par radio ??? qui est une petite web radio locale et qui va faire le son pour retransmettre en direct avec l’aide de l’équipe captation quelques conférences. Mais vraiment, étant donné que notre budget est très limité cette année parce qu’on a été globalement un peu en retard, on a préparé en six mois, donc on fait de notre mieux.

Frédéric Couchet : D’accord. D’ailleurs ça me fait penser qu’il y a toujours le moyen d’aider les Rencontres mondiales financièrement justement, il y a un appel à don sur le site des Rencontres c’est rmll.info, vous pouvez faire un don et tout dont sera utile comme vous l’entendez par rapport aux besoins, parce qu’en fait organiser les Rencontres mondiales, même si c’est organisé de façon bénévole, eh bien il y a des frais de déplacement éventuellement à prendre en charge, il y a des frais de location de matériel, donc ça coûte de l’argent. C’est important de pouvoir les aider. Est-ce que vous avez éventuellement des derniers messages à faire passer ? Des appels ?

Jérémie Wojtowicz : Je pense qu’on a fait un bon tour.

Harmonie Vo Viet Anh : Venez nombreux. On aura de la bière bio artisanale libre.

Isabella Vanni : C’est bien ! C’est bien placé !

Frédéric Couchet : C’est très bien placé effectivement ; ça peut encourager pas mal de gens à venir. J’encourage les gens à s’inscrire notamment pour le repas du Libre parce que c’est toujours un moment très intéressant et très convivial qui permet de se rencontrer, parce qu’après, une des difficultés des Rencontres mondiales c’est qu’il y a beaucoup de choses partout ; des fois on pense qu’on va voir telle ou telle personne et finalement on ne la voit pas du tout. En tout cas Jérémie, Harmonie merci pour votre intervention. Merci aussi pour ce que vous faites, pour l’équipe. Ça fait plaisir d’entendre que l’équipe a moins de 25 ans, surtout qu’autour de la table, ici, je pense qu’on est au-delà des 25 ans en moyenne.

Isabella Vanni : Largement !

Frédéric Couchet : Largement. Donc ça fait plaisir de voir ce renouvellement. On sait d’expérience que l’organisation des Rencontres c’est quelque chose qui est vraiment très compliqué, qui prend beaucoup de temps, beaucoup d’énergie. Encore une fois bravo et merci à vous. Les personnes qui nous écoutent venez si possible à Strasbourg, ne serait-ce qu’une journée ou plusieurs journées ; la ville est belle, les rencontres sont intéressantes, comme l’ont expliqué Jérémie et Harmonie pour tous les publics. Que vous soyez très spécialiste du sujet ou que vous vouliez découvrir, vous pouvez même emmener comme l’a expliqué tout à l’heure Harmonie vos enfants. Je me souviens que lors de la dernière édition à Strasbourg j’avais emmené mes deux grands enfants qui avaient 7 et 9 ans je crois à l’époque, ils en étaient vraiment ravis. Donc merci Harmonie, merci Jérémie. Isabella.

Isabella Vanni : Merci beaucoup pour votre temps.

Harmonie Vo Viet Anh : Dernière petite anecdote j’aimerais quand même dire que Strasbourg n’est qu’à une 1 heure 40 de Paris !

Isabella Vanni : Donc il n’y a pas d’excuse, même les Parisiens, les Parisiennes peuvent aller aux Rencontres mondiales du logiciel libre. Merci beaucoup pour avoir été avec nous aujourd’hui et bon courage pour ces derniers jours. On a hâte d’arriver, de vous rencontrer.

Jérémie Wojtowicz : Merci à vous. Merci pour le soutien.

Harmonie Vo Viet Anh : Merci beaucoup.

Frédéric Couchet : Merci, à bientôt.

Isabella Vanni : Merci. Je voudrais juste rappeler à notre public qu’un stand de l’April sera présente au village du Libre, village associatif, donc passez nous voir, ça nous fera plaisir.

Frédéric Couchet : Il y aura des mugs disponibles, des tee-shirts, des sacs.

Isabella Vanni : Des goodies, des nouveaux goodies conçus spécialement pour les Rencontres mondiales ; il ne faut pas louper cette occasion. Les mugs et les sacs.

Frédéric Couchet : Les tee-shirts c’est une adaptation du Liberté j’écris ton nom de Paul Eluard, donc vous la découvrirez là-bas. Il y aussi deux conférences April au moins : dimanche à 16 heures la conférence « Au cœur de L’April » pour expliquer comment fonctionne l’April et le 10 juillet Étienne donnera une conférence sur les aspects plutôt institutionnels.

Étienne Gonnu: Le 11.

Frédéric Couchet : Pardon, le 11 juillet. Excuse-moi.

Isabella Vanni : Et l’April participera aussi à la journée inter-GULL, donc la journée dédiée aux groupes d’utilisateurs-utilisatrices de logiciels libres qui sera donc mardi 10 juillet sur toute la journée.

Frédéric Couchet : On va faire une petite pause musicale. C’est une pause musicale qui nous tient à cœur particulièrement parce que c’est un membre de l’April qui fait de la musique, je ne sais d’ailleurs de façon professionnelle ou pas, en tout cas son nom d’artiste c’est Texas Bardubos et le nom du titre c’est The sun is back et nous on est de retour juste après cette pause musicale.


Voix off : Cause commune 93.1 – La voix des possibles

Pause musicale : The sun is back par Rico da Halvarez.

Voix off : Cause commune – cause-commune.fm – Partage ta radio

22’ 53

Frédéric Couchet : Nous voici de retour sur Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April.

Notre intervenant de la Cité des Sciences et de l’Industrie a un problème technique donc nous avons changé le planning de l’émission et donc nous a rejoints Pierre Beyssac qui est fondateur d’Eriomem.net, un service de stockage de fichiers, mais Pierre ce n’est pas simplement ça. Avant de te laisser la parole, Pierre c’est aussi une des personnalités qui a permis l’introduction des systèmes libres en France il y a bien longtemps, l’un des cofondateurs, l’un des quatre cofondateurs de Gandi donc le bureau d’enregistrement de noms de domaine. C’est aussi un développeur de FreeBSD qui est un autre système d’exploitation libre, peut-être moins connu du grand public mais quand même très utilisé. Merci Pierre d’être avec nous.

Pierre Beyssac : Bonjour d’abord. Merci beaucoup à vous de me recevoir. Je suis très content d’être ici en particulier pour parler de la directive copyright.

Frédéric Couchet : Exactement. Nous allons revenir sur la directive droit d’auteur que nous avions longuement abordée lors de la précédente émission si vous vous souvenez bien, si vous l’avez écoutée ; en fait il y avait un vote en commission des affaires juridiques du Parlement européen qui devait avoir le lieu le 20 juin 2018 ; le vote a eu lieu. Étienne Gonnu, mon collègue, va faire un retour sur ce vote et sur ce qui nous attend en séance plénière ce coup-ci le 5 juillet 2018, tout simplement jeudi, parce que les choses ont un petit peu évolué et il faut toujours se mobiliser ; donc Étienne je te laisse la parole.

Étienne Gonnu : Merci. Tout à fait. Pour rappeler peut-être – on ne va pas refaire effectivement tout le contenu de l’émission, enfin de nos échanges du 5 juin – pour rappeler il y a dans cette directive deux points de tension en particulier : l’article 11 qui devait donner un droit d’auteur donc aux éditeurs de presse pour leur permettre de faire payer, voire d’interdire, les liens vers leurs articles ; on parle souvent là de taxe sur les liens de tax link pour décrire cette idée. Pour ceux peut-être qui s’intéressent à ces sujets, on se rappellera qu’en Allemagne et en Espagne ils ont tenté des législations similaires et que le résultat a été catastrophique et notamment pour la presse à qui ça a coûté beaucoup d’argent.
L’autre point de tension qui nous a concerné plus directement, l’article 13. L’article 13 qui, en gros, veut rendre les plateformes responsables des contenus que leurs utilisateurs et utilisatrices vont mettre en ligne et pour ce faire, eh bien leur imposer la mise en place de filtres automatisés.

Donc pour résumer l’article 13 serait un filtrage généralisé des contenus mis en ligne et l’article 11 l’instauration d’un droit voisin pour les éditeurs de presse.

Comme je vous ai dit, nous on s’était consacrés à l’article 13 parce que, dans un premier temps, il faut quand même se rappeler que le code source relève du droit d’auteur, il est soumis au droit d’auteur et que les forges logicielles, en tant que plateformes, étaient donc concernées, dans un premier temps, par cette directive. Donc nous c’était un peu le centre de notre mobilisation, c’était de nous assurer que les forges seraient exclues du champ d’application.

Frédéric Couchet : Étienne est-ce que tu peux rappeler ce qu’est une forge logicielle ?

Étienne Gonnu : Bien sûr. Les forges logicielles ce sont donc des plateformes où les développeurs et les développeuses peuvent mettre en ligne leur code, le partager et construire ensemble des logiciels. C’est typiquement des plateformes de collaboration et de partage de contenus.

Alors ça a été la bonne nouvelle. Tu parlais du vote du 20 juin, effectivement c’est l’étape normale.

D’abord avant que ça arrive au Parlement européen ce sont les commissions, ce qu’on appelle la commission au fond qui va se saisir du dossier et dans le cadre de cette directive, de fait c’est la commission affaires juridiques, la commission JURI qui se saisit de ce dossier.

Il y a eu une forte mobilisation et, pour le coup, elle a eu du succès sur ce point-là, car effectivement les forges logicielles ont été sorties du champ d’application, donc ça c’est à l’article 2. On voit d’ailleurs et c’est assez significatif de l’usine à gaz qu’est ce texte, à chaque mobilisation qui a réussi à faire suffisamment de bruit, le résultat a été une exclusion spécifique du périmètre. Donc on voit que ça a été le cas pour les forges de logiciels libres ; Wikipédia a également été sortie, et encore heureux, du champ d’application du texte et il y a d’autres typologies de plateformes qui ont été sorties, mais il n’y a pas de corrélation entre ces différentes plateformes si ce n’est qu’à chaque fois il y a eu une mobilisation suffisante pour obtenir ce résultat.

Donc le 20 juin que s’est-il passé ?

Eh bien l’article 11, malheureusement, et l’article 13 ont reçu un vote favorable : 15 votes contre 10 pour l’article et 13 contre 12 en faveur de l’article 11. Donc effectivement c’était un résultat décevant. Mais ce n’est pas fini. Comme tu le disais il y a effectivement un vote à venir le 5 juillet.

On peut peut-être repréciser. Ça c’est l’étape normale : après la commission en fait il faut savoir donc le texte a été voté, les articles 13 et 11 notamment ont donc été votés. Ce n’est pas la seule chose qui a été votée à l’occasion de ce vote : la commission JURI pour le Parlement européen a donné ce qu’on appelle un mandat au rapporteur sur le texte afin qu’il porte ce texte dans ce qu’on appelle le trilogue ; on avait un peu expliqué ce que c’est. Donc dans le processus on va dire normatif, normal d’une directive, la commission européenne va proposer un texte, là elle l’avait fait en septembre 2016 ; puis de son côté le Parlement européen par sa commission au fond va retoucher le texte, il va faire sa propre proposition ; le Conseil de l’Union européenne composé des représentants des États membres, c’est une forme de Conseil des ministres, va faire de même de son côté. Puis, sur la base de ces textes, il va y avoir des négociations à trois voix, donc un trilogue, qui va aboutir à un texte final qui, en fin de parcours, sera acté par le vote au Parlement européen.

Donc là, théoriquement, le texte était acté et c’est sur ce texte que le rapporteur Axel Voss a un mandat pour porter et discuter ce texte.

Des voix, notamment par l’entremise de Julia Reda du groupe des Verts européens, qui est très active sur ces sujets-là et qui, depuis le début, s’oppose à ce texte liberticide, porte ce qu’on appelle une motion. C’est une procédure qui est prévue à l’article 69 semble-t-il du règlement intérieur, qu’importe !
La campagne Save your Internet a publié un court billet pour résumer un petit peu cette procédure. On a traduit ce texte en français, le lien sera disponible sur april.org.

Donc en somme si 76 parlementaires se mettent d’accord, ils vont déposer une motion, une motion qui va être votée, et si cette motion est votée à majorité eh bien le texte sera rediscuté en session plénière. En gros ça remet en cause le mandat, ça rejette le mandat qui a été donné, donc ça ré-ouvre le champ à des amendements, pour qu’un nouveau mandat soit déposé.

C’est tout l’enjeu du 5 juillet ; c’est le rejet de ce mandat qui a été donné.

Frédéric Couchet : Pour comprendre pour les personnes qui ont plus l’habitude de suivre les procédures parlementaires françaises où en commission on vote sur un texte et des amendements et qu’ensuite en séance plénière on revote sur le texte et sur des amendements, là en l’occurrence, suite au vote de la commission des affaires juridiques en gros il y a des amendements qui ont été votés, certains positifs, mais globalement quand même le texte reste à rejeter, et il y a eu donc un mandat de négociation qui a été voté pour le rapporteur de la commission JURI et ce qui se passe là en séance plénière c’est qu’on ne va pas rediscuter des amendements, de nouveaux amendements sur le texte. Normalement il ne se passe rien, c’est-à-dire que le mandat a été voté, sauf si 10 % des parlementaires européens donc 76 sur 751, déposent une motion pour soumettre au vote du Parlement européen le fait de donner mandat effectivement à la commission JURI pour aller négocier avec les autres partenaires, donc le Conseil et la Commission.
Donc là l’enjeu pour l’instant, le premier enjeu c’est d’abord que ces 76 parlementaires déposent ce recours et, si ce recours est déposé, à priori il sera soumis au vote jeudi 5 juillet et là il faudra évidemment une majorité de parlementaires pour dire « non, nous ne voulons pas donner ce mandat ; nous voulons revenir sur le texte pour discuter et si possible l’améliorer ou peut-être le repousser s’il n’est pas possible qu’il soit amélioré. »

Étienne Gonnu : Tout à fait. On peut déposer un amendement qui appelle à la suppression de l’article, ça se voit assez régulièrement, que ce soit au niveau européen ou français. Et d’ailleurs c’est intéressant parce que sur le 10 % on sait de source sûre, et ça ne nous surprend pas particulièrement mais c’est rassurant de le savoir que normalement ces 10 % donc ce nombre de 76 a été atteint, donc une motion devrait bien être votée ; et donc là, à nous aussi d’être en mesure de nous mobiliser pour convaincre au moins 50 % des parlementaires européens de soutenir cette motion, de voter le rejet de ce mandat. Au moins que le texte soit re-soumis au débat qui devrait du coup se dérouler en septembre, si la motion est acceptée.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc ça c’est la procédure, pour que les gens comprennent bien. Ça change aussi l’argumentaire qu’on peut apporter parce qu’en fait vous avez parlementaires qui peuvent se dire même si l’article 13 par exemple est dangereux, globalement on est en faveur de la directive donc on va refuser de rejeter ce mandat alors qu’avant c’était amendement par amendement, article par article ; donc ça différencie un petit peu la discussion avec les parlementaires et on peut même dire que certains groupes parlementaires sont divisés parce qu’ils considèrent que globalement la directive va dans le bon sens alors même que certains articles pourraient effectivement être revus et corrigés.

Donc là c’est la situation juridique, on va dire. Donc le 5 juillet, à priori, il va y avoir un vote sur ce JURI-là. Il faut toujours agir pour exprimer nos inquiétudes, notamment sur la question évidemment de l’article 13 et du filtrage. C’est pour ça aussi qu’on a invité Pierre Beyssac qui, comme je le dis, fréquente Internet depuis des années et des années et qui a publié récemment un billet explicatif sur le filtrage.

Étienne Gonnu : Tout à fait. Eh bien pour simplement rappeler, alors c’est vrai que le 5 juin on avait parlé de ça avec en pleine ligne de mire à cette époque le vote du 20 juin. Ce qui a été intéressant c’est que entre l’enregistrement de cette première émission et puis la tenue de ce vote on a vu une mobilisation s’intensifier et devenir quand même très forte, à un point d’ailleurs que les détracteurs de cette mobilisation accusent les GAFAM donc Google, Amazon, Facebook, surtout Google, on voit bien que c’est ça qui est en ligne de mire, de manipuler cette campagne derrière les rideaux ; c’est assez risible malheureusement mais ça peut avoir… Ça a fait peur ! Ces réactions ça a fait peur, donc grande mobilisation. Je pense qu’il est intéressant de citer deux éléments de cette mobilisation qui ont été marquants : une lettre ouverte qui a été signée le 12 juin et qui a été publiée sur le site la EFF, l’Electronic Frontier Foundation, le titre étant que « plus de 70 sommités sonnent l’alarme sur le filtrage automatisé ». Je n’ai pas voulu citer les 70 ; on peut quand même mentionner Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web ; Jimmy Wales et Katherine Maher, respectivement cofondateur et directrice exécutive de la Wikimedia Foundation ; il y a le directeur du MIT Media Lab ; Bruce Schneier, un des plus grands spécialistes de la cryptologie ; voilà, des gens de cet acabit-là qui ont sonné l’alarme. D’autre part, également, une lettre de David Kee ; David Kaye est tout simplement rapporteur spécial pour les Nations unies sur la liberté d’opinion et d’expression. Il a écrit à la Commission européenne pour s’inquiéter des conséquences du texte qu’il considère disproportionné dans ses atteintes à la liberté d’expression.

Comme tu le disais il y a eu aussi des mobilisations en France notamment celle de Pierre Beyssac qui a fait un excellent billet. À titre personnel ou du moins pour l’April, merci car dans ma mobilisation, donc chargé de missions affaires publiques, je contactais par courriel et par téléphone les députés et ce texte m’a beaucoup aidé, notamment parce qu’il était difficile (facile ???) de dire « regardez, là ce ne sont pas les grandes plateformes qui poussent, ce sont des professionnels du logiciel libre, ce sont des professionnels d’informatique, ce sont des militants de longue date, des gens qui savent de quoi ils parlent » et donc c’était aussi intéressant car c’est un des grands sujets qui était au centre des discussions c’était est-ce qu’il y a bien filtrage et en quoi les filtrages sont dangereux ? Voilà ! Peut-être tu peux nous parler de ce qui t’a poussé à écrire ce billet, ce que tu as voulu exprimer dedans.

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Pierre Beyssac : D’abord merci beaucoup à Étienne pour ton retour et tes explications et je suis très touché de savoir que mon texte a servi à quelque chose. En fait ce n’est pas la première fois que j’appelle des parlementaires pour différentes lois, les lois renseignement, les choses comme ça. Je sais qu’un peu toutes les formes de mobilisation sont utiles, donc la pétition, de signer une pétition ça a un petit effet, mais on atteint vite un effet de masse. Par exemple je crois qu’il y a une pétition sur change.org qui a dû dépasser les 700 000 ou 800 000 ces derniers jours contre donc les articles 11 et 13. Et j’ai déjà effectivement appelé des parlementaires ; je n’ai jamais eu la chance d’avoir directement un parlementaire lui-même, mais en général au mieux on tombe sur l’assistant, l’assistante, et donc c’est quand même toujours bien d’avoir un argumentaire personnel à développer plutôt que de répéter des choses en boîte qu’on ne maîtrise pas forcément ; donc de se faire sa propre idée à son propre niveau ; et les argumentaires que j’avais vus étaient très juridiques donc ils étaient très intéressants, en particulier ceux de Julia Reda, mais moi j’ai voulu faire un argumentaire à ma sauce de tekos de l’Internet. Voilà ! Donc j’ai un petit peu démonté le texte, j’ai regardé un petit peu sachant qu’effectivement, comme tu l’as dit, mon billet je l’ai écrit avant le vote en JURI, quelques jours avant en fait parce que je m’y suis pris assez tard. J’ai suivi d’assez loin les débats sur le sujet ; j’avais vu l’épisode GitLab lorsque GitLab a fait son appel.

Frédéric Couchet : Est-ce que tu peux expliquer ce qu’est GitLab ?

Pierre Beyssac : Pardon, excuse-moi.

Frédéric Couchet : C’est GitHub je crois qui a fait l’appel.

Pierre Beyssac : Pardon GitHub, excuse-moi, tout à fait. Donc GitHub c’est une forge logicielle, comme on l’a expliqué tout à l’heure, qui est semi-commerciale, on peut dire, mais qui est très prisée par les gens qui écrivent des logiciels libres, qui a formé toute une communauté et qui donc risquait d’être sévèrement impactée par la version initiale de la directive, de l’article 13 et donc qui a obtenu une exemption. Moi j’ai vu passer ça ; l’exemption donc a été votée, si j’ai bien compris, lors de la commission JURI le 20 juin. Mais ce que je n’avais pas compris, enfin ce que je n’ai vu qu’assez tard, c’est que je pensais que l’article 13 allait sauter beaucoup plus rapidement que ça en fait, parce que c’est quelque chose d’assez énorme quand même et que la mobilisation était suffisante pour écarter les risques qu’il comporte. Mais en fait, comme l’a très bien expliqué Étienne, ce qui s’est passé c’est qu’il y a eu des exclusions ponctuelles, donc celle demandée par GitHub, les exclusions pour Wikipédia ; il y a une exclusion également pour les sites de vente en ligne d’objets physiques, donc les sites de type eBay ont réussi à éviter d’avoir à mettre un filtre sur les copyrights des photos des objets vendus, ce qui paraît être la moindre des choses, mais ce qui veut dire aussi que si par exemple GitHub n’avait pas existé ou s’il n’y avait eu aucune forge logicielle militante pour exclure les forges de l’article 13, elles seraient touchées sans même qu’on le sache puisque les concepts n’ayant pas été inventés !

Enfin je ne suis peut-être pas très clair, mais ce que je veux dire on est en train, avec des exclusions ultra-ponctuelles, on est en train de se couper de tout un tas de potentiels usages futurs qui vont être tués dans l’œuf parce que, pour citer l’étude impact elle-même – donc là ce n’est pas un chiffre que je sors de mon chapeau – le coût d’un service de filtrage à priori de contenus c’est environ 900 euros par mois pour 5 000 transactions : ça correspond à un service réel qui tel que j’ai compris était étasunien, c’est facile à retrouver, il est cité dans l’étude d’impact de la directive, mais donc ça représente un coût d’environ 20 centimes d’euros par transaction. Donc inutile de dire qu’un petit réseau social qui veut se monter n’est pas en mesure de payer 20 centimes d’euro pour chaque commentaire ou chaque photo postée par ses utilisateurs et ça qu’il soit à but non lucratif ou à but commercial.

Ce qui s’est passé aussi le 20 juin c’est qu’apparemment il y a eu une exclusion des sites à but non lucratif, tel que j’ai compris les amendements ,mais alors vous me détromperez peut-être.

Étienne Gonnu : C’est un peu la difficulté. Ce texte est par ailleurs assez mal écrit ce qui fait qu’effectivement il est difficile de se rappeler de tout ce qui est spécifiquement : sur les forges, dans un premier temps c’étaient seulement les forges à but non lucratif et c’est parce que la mobilisation a été suffisamment forte pour expliquer et se faire entendre, de dire qu’exclure les forges qui seraient uniquement à but non lucratif ne servirait à rien, notamment parce que c’est tout un équilibre économique qui fait que c’est aussi en fournissant des services, par exemple dans le cas GitHub des services payants, que d’un autre côté il y a aussi des activités non lucratives qui sont disponibles. On voit que c’est tout ça, de cette manière-là que ça a été écrit. Dans le cas de Wikipédia je crois que c’est plus eux qui sont concernés dans cet aspect non lucratif.
Alors la liste exacte des exceptions je ne l’ai pas en tête.

Pierre Beyssac : La formulation est assez ambiguë. Là j’ai le papier, mais je ne vais peut-être pas vous le lire, surtout c’est la version anglaise, mais tel que c’est rédigé ça parle de sites non lucratifs, no profit, tels que, par exemple, les encyclopédies en ligne.

Étienne Gonnu : Oui c’est ça.

Pierre Beyssac : Wikipédia est donnée, enfin Wikipédia n’est pas citée mais l’encyclopédie en ligne est donnée comme exemple, mais juridiquement est-ce que ça ne cadre un peu, est-ce qu’un site non lucratif d’un autre type similaire mais pas identique ou complètement différent va être touché ou pas ?

Frédéric Couchet : C’est un peu le problème de définir, de lister des exceptions parce qu’en fait ils sont partis d’un principe de viser un certain nombre de services, très large, et ensuite, suite à la mobilisation et suite à des explications disant « eh bien oui, les forges de logiciels libres vont être touchées, Wikipédia va être touchée, etc. », on rajoute des exclusions et effectivement un, juridiquement on ne sait pas si ça va tenir. Et puis effectivement, de rajouter des exclusions ça ne fonctionne pas, en fait. Il faudrait plutôt définir exactement ce qui est visé, très clairement, voire ne rien faire du tout, plutôt que mettre en place ces exclusions. C’est pour ça d’ailleurs que même si les forges logicielles ont été exclues du dispositif de l’article 13, on continue à se mobiliser parce que ça ne veut pas dire que le logiciel libre n’est pas touché. Par exemple Peertube qui est un outil de partage de vidéos décentralisé, que poussent nos amis de Framasoft, pourrait très bien être touché par cet article 13 ; donc il est important de se mobiliser.

Ce qui était un point intéressant dans ton article aussi, c’était que tu revenais sur cette question du filtrage qui semble être le mot tabou chez la plupart des gens qui sont pro-article 13 en disant « mais non, le filtrage n’est pas marqué dans le texte », alors qu’en fait il est clairement question de filtrage. Est-ce que tu peux revenir un petit peu rapidement, enfin rapidement, pas trop longuement, mais en tout cas pour expliquer les différents types possibles de filtrage qui existent aujourd’hui et en fait leurs limites aussi ?

Pierre Beyssac : Tout à fait. Donc en fait, en gros on peut considérer qu’il y a trois types de filtrage à priori : on a le filtrage par fichiers identiques ; c’est ce qu’on appelle les « résumés crypto » ou les checksums. C’est assez fruste et ça peut servir dans certains cas, mais c’est très facile à contourner donc ce n’est pas extrêmement efficace pour protéger des œuvres copyrightées.

Frédéric Couchet : En fait il suffit de légèrement modifier le fichier pour que finalement l’empreinte change et donc ça fonctionne pas.

Pierre Beyssac : Tout à fait. On modifie même un bit du fichier, rien du tout ! Et à fortiori, évidemment quand on ré-encode le fichier dans un autre format c’est la même chose ; donc c’est extrêmement facile à contourner.
En général ce que font les YouTube et compagnie c’est qu’ils ont des systèmes beaucoup plus complexes qui connaissent et comprennent le format du fichier concerné et qui en extraient les informations pertinentes pour être capables de reconnaître tel contenu audio, telle image, quel que soit le format sous-jacent et même avec des modifications mineures.
Le problème c’est que ces systèmes sont très propriétaires, donc on ne sait pas du tout comment ils fonctionnent de l’extérieur. Il n’en existe aucune implémentation libre évidemment. Ils fonctionnent sur une base qui doit être remplie par les ayants droit qui fournissent des œuvres types et, au final, même éventuellement ça peut peut-être fonctionner en ce qu’on appelle l’apprentissage profond, c’est-à-dire les réseaux de neurones mais avec des résultats encore plus aléatoires sur la détection. Donc on ne sait pas exactement quels vont être les résultats en termes de faux positifs donc des contenus qui ne sont pas en infraction mais qu’ils vont détecter comme l’étant, incorrectement, ou faux négatifs : donc des contenus qui devraient être détectés comme étant en infraction mais qui vont passer à travers. Et par ailleurs, en particulier sur les faux positifs, ça pose la question des mèmes, qui a donné lieu à un certain nombre d’articles en France.

Frédéric Couchet : Est-ce que tu peux expliquer ce que sont les mèmes ?

Pierre Beyssac : Les mèmes ? Eh bien je prends une image de OSS 117 par exemple et puis je mets une déclaration de Macron dessus, au hasard ! Il peut très bien se produire que les ayants droit de OSS 117 n’aient pas envie que les extraits du film soient utilisés d’une façon détournée, sous forme de parodie.

Frédéric Couchet : C’est marrant que tu prennes cet exemple-là, parce que le réalisateur de OSS 117 c’est Michel Hazanavicius qui a été célèbre pour faire un de ses premiers films basé sur des reprises ; c’est le grand détournement de films de la Warner dans les années 90, je crois.

Pierre Beyssac : J’ignorais cet élément ; d’accord ! C’est d’autant plus intéressant effectivement. Donc ce qui risque de se produire c’est qu’il y ait des filtrages abusifs sur les mèmes qui empêchent un utilisateur de poster sa parodie, alors que la loi lui donne un droit d’exercice de parodie ; parodie, mèmes, etc.

Frédéric Couchet : Parce que là, en fait ce que tu expliques, et je vais relaisser la parole à Étienne c’est que finalement ils veulent mettre en place des robots de filtrage, toi tu citais tout à l’heure quand tu parlais du filtrage par, je sais plus quel terme tu as employé, tu parlais de Content-ID notamment de YouTube.

Pierre Beyssac : Oui. Par similarité.

Frédéric Couchet : Par similarité voilà, je ne me souvenais du terme. Ces robots, en fait, vont remplacer, finalement, la loi qui est strictement impossible et donc le résultat effectivement il y a des vidéos qui vont se faire déréférencer, supprimer, sans qu’on puisse intervenir sauf éventuellement aller tenter de faire valoir son droit devant un juge, donc quelque chose de très compliqué. Donc c’est pour ça qu’on dit clairement que c’est un filtrage ; c’est de la censure. Étienne ?

Étienne Gonnu : Là-dessus moi je voulais aussi rebondir parce qu’effectivement une des campagnes qui a fait pas de mal de bruit, notamment je pense parce qu’elle a côté assez fun, c’était Save the meme qui était « les mèmes sont en danger, sauvons les mèmes ! Pour ça il faut se mobiliser ». Ça a été aussi du coup en réaction et ça faisait partie de ce discours « non il n’y a pas de filtre ». Les défenseurs de l’article 13 nous disant « bien sûr qu’on ne veut pas s’attaquer aux mèmes ; l’article 13 n’interdit pas les mèmes » et au cœur de leur argumentaire c’est de dire « ça ne touche pas à l’exception, les exceptions au droit d’auteur continuent à exister et sont encore protégées ».
Pour moi ça évoque deux choses ; effectivement il y a des exceptions, alors ça reste des exceptions au droit d’auteur et il faut savoir que le droit des exceptions n’est pas un droit qui est harmonisé ; donc chaque pays va avoir sa propre manière d’appréhender ce que va être de la parodie, de la citation, et est-ce que ça relève bien d’une exception légitime. On sait très bien, on imagine sans mal comment au niveau d’un marché européen, d’un marché unique numérique, vu que c’est ça qu’ils essayent de défendre, le numérique, on imagine bien que les services vont s’aligner sur le plus restrictif pour limiter le risque, enfin pour assurer leur sécurité juridique. Donc si la parodie est interdite dans un pays on va s’aligner sur ce pays-là, en caricaturant un peu.

Moi ce qui m’inquiète le plus, au cœur de leur discours, ils disent « regardez dans l’article 13 on dit bien : il faut que les plateformes assurent un recours, un moyen de recours aux personnes dont le contenu sera bloqué alors qu’elles ont mis du contenu légitimement ; ça peut relever par exemple d’une exception ».
Déjà on imagine bien le temps que ça peu prendre, mais ça veut surtout dire que c’est la plateforme qui sera dans ce cas-là juge de la légitimité du moyen d’expression ; c’est elle qui va décider, dans le cas d’un mème, si effectivement ça relève bien de la parodie. Moi je ne trouve pas ça acceptable que la liberté d’expression, c’est une exception au droit d’auteur et c’est bien contestable que ce soit juste une exception alors que c’est une des garanties de la liberté d’expression, que cela dépende, finalement là, d’un recours auprès d’un opérateur privé.

On sait d’ailleurs très bien d’ailleurs qu’un amateur, quelqu’un qui va mettre ce mème-là, son contenu va être bloqué, est-ce qu’il va vraiment aller s’embêter à aller attaquer la plateforme ? Sauf s’il est militant un petit peu ou qu’il a un petit peu cette fibre-là ! Sinon la plupart vont s’autocensurer et accepter de laisser passer. Donc c’est assez emblématique ; ce truc sur les mèmes peut paraître accessoire, mais en fait il est assez emblématique.

Pierre Beyssac : D’ailleurs oui, en fait Julia Reda l’expliquait très bien dans son argumentaire c’est que le fait de pouvoir contester ne garantit rien. Parce que les plateformes vont se trouver dans une situation où elles auront tout intérêt à bloquer, enfin à sur-bloquer, à bloquer plus que nécessaire, pour ne pas risquer d’ennuis vis-à-vis des ayants droit du copyright, même dans les cas où elles seraient protégées. J’ai même vu des gens ce matin qui râlaient sur Twitter parce qu’un article de presse avait été cité, mais juste deux paragraphes, ce qui était à priori du droit de citation mais qui n’avait pas l’air de leur convenir.

On voit qu’il y a une interprétation assez subjective de la chose d’une part et que, d’autre part, les plateformes n’auront absolument aucun intérêt à prendre des risques en la matière, effectivement.

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Frédéric Couchet : Et c’était aussi un des risques pour les plateformes d’échange de code source