Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 2 mars 2021 »

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==Interview de l’artiste KPTN, dont le nouvel album <em>Flammes</em> est disponible sous licence Creative Commons By Sa version 4.0==
 
==Interview de l’artiste KPTN, dont le nouvel album <em>Flammes</em> est disponible sous licence Creative Commons By Sa version 4.0==
  
<b>Étienne Gonnu : </b>J’ai le plaisir d’avoir au téléphone Clément Oudot
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<b>Étienne Gonnu : </b>J'ai le plaisir d'avoir au téléphone Clément Oudot, aussi connu sous le nom de scène KPTN, pour nous parler de son nouvel album <em>Flammes</em>, disponible sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes condition, CC BY-SA 4.0.<br/>
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Salut Clément.
  
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<b>Clément Oudot : </b>Salut.
  
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<b>Étienne Gonnu : </b>Ou devrais-je donc dire KPTN. <em>Flammes</em> était assez destiné comme nom d'album, j’imagine ?
  
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<b>Clément Oudot : </b>Il y a un petit jeu de mots sur le nom de l'album, et dans les textes des chansons pour ceux qui les écouteront, vous verrez que ça joue beaucoup avec la langue française. Je vous invite à lire les paroles et à essayer de trouver tous les petits jeux de mots qui peuvent s'y cacher.
  
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<b>Étienne Gonnu : </b>Oui. C’est vrai que tu joues beaucoup avec les mots. Je vais d’ores et déjà préciser que tu as un site avec une page dédiée à cet album. Pour chacune des chansons, si on clique sur l'image, on a accès à la page de la chanson avec les paroles entières. <em>Flammes</em>, à part la référence, pour ceux qui ne l’avaient pas saisie, à la série d'animation japonaise <em>Capitaine Flam</em>, est-ce que ça a un autre sens ou c’était vraiment pour le plaisir de ce jeu de mots ?
  
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<b>Clément Oudot : </b>C'est avant tout pour le plaisir du jeu de mots. <em>Capitaine Flam</em> renvoie un peu à ma génération, je suis des années 80, et c'est un premier album, pour moi c’est une illumination, c’est le début de quelque chose. On peut aussi voir la flamme comme cette étincelle pour démarrer quelque chose.
  
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<b>Étienne Gonnu : </b>Très bien. On s'y attendait un peu, mais c'est joliment dit !<br/>
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KPTN c'est juste toi ? C’est un groupe ?
  
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<b>Clément Oudot : </b>KPTN c'est juste moi, mais j'ai eu la chance de me faire aider par des amis, parce que tout seul je n'aurais jamais réussi à faire tout ça. J'ai été bien entouré. Corentin Saux et Stanislas Blaineau ont été les maîtres d'œuvre de cet album, ils m'ont aidé à tout enregistrer et à mettre tout ça en musique. Je les en remercie. Je n'ai pas été tout seul dans cette aventure.
  
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<b>Étienne Gonnu : </b>Si on écoute ta musique, tu chantes. Tu joues aussi d'un instrument ?
  
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<b>Clément Oudot : </b>Sur cet album je suis auteur-compositeur-interprète, comme on dit, je fais toutes les guitares, également de la mandoline sur une chanson, et bien entendu je chante. Stan est bassiste. Toute la basse est une vraie basse, avec un vrai musicien derrière ! Le reste – de l’orgue, de la batterie – a été fait en musique assistée par ordinateur par Corentin.
  
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<b>Étienne Gonnu : </b>La musique assistée par ordinateur est un sujet qui nous tient à cœur, c'est dans le back-office, on va dire, de l'émission.<br/>
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Ça fait combien de temps que tu fais de la musique ? Tu dis que c'est ton premier album, mais on a déjà eu le plaisir de diffuser un morceau que tu avais réalisé, on va dire que tu n'en es pas à ton coup d'essai.
  
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<b>Clément Oudot : </b>Non. Tout petit j'ai fait de la musique classique. À l'adolescence, j'ai pris la guitare et commencé à faire des chansons et 25 ans après j'ai abouti à cet album. Ça faisait un moment que j’écrivais des chansons qui étaient un peu dans ma tête, pas beaucoup diffusées. Il y a 2 ans je me suis dit « il faut que je fasse un disque », donc c'est la concrétisation de tout ça. Ça fait donc très longtemps que je fais de la musique et des chansons.
  
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<b>Étienne Gonnu : </b>Tu devances ma prochaine question : tu as donc mis 2 ans à réaliser cet album ?
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<b>Clément Oudot : </b>Oui. Vous n'êtes pas sans savoir que l'année dernière il y a eu des conditions qui ont un peu changé. Même sans ça, c'est vraiment pour moi un hobby, donc j'ai pris le temps, et les gens qui l'ont fait avec moi l'ont fait également de manière totalement bénévole, donc cela prend forcément plus de temps qu'un professionnel qui pourrait y consacrer plusieurs semaines d'affilée. Ça a été fait au fur et à mesure, toutes les chansons ont été enregistrées à des jours différents.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Tu dis que tu n’es pas musicien professionnel. Je pense que ça peut intéresser des gens et finalement qu’on connaisse ta musique puisque, ce n’est pas anodin, tu es informaticien par ailleurs, libriste même. Peux-tu te présenter en quelques mots?
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<b>Clément Oudot : </b>Tout à fait. Je suis plutôt quelqu'un de technique. Je travaille chez Worteks, une société de services en logiciel libre, je suis contributeur de projets libres comme LemonLDAP::NG, LDAP Tool Box, tout ce qui concerne les annuaires et le SSO[<em>single sign-on</em>]. La plupart du temps je m'exprime plutôt sur des sujets un peu plus sérieux et un peu plus techniques. J'ai quand même une passion et un vrai désir de faire du Libre dans la partie technique, donc quand j'ai fait de la musique j'ai trouvé assez naturel d’en faire aussi de façon libre, c’est aussi pour ça que j’ai choisi la licence Creative Commons.
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<b>Étienne Gonnu : </b>À nouveau tu devances ma prochaine question. J'allais te demander pourquoi tu diffuses ta musique sous licence libre, tu as déjà commencé à y répondre, et pourquoi le choix particulier d'une licence de type <em>copyleft</em>, la Creative Commons BY-SA qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion et le partage de ta musique pour toute utilisation, y compris commerciale, à condition de te créditer, d'indiquer la licence, d’indiquer si des modifications ont été effectuées. On peut faire un remix, du coup il faut le diffuser dans les mêmes conditions, c’est-à-dire avec la même licence.
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<b>Clément Oudot : </b>J'ai fait ce choix d'une manière un peu simple. Comme je l’ai dit, pour moi c'est un hobby, donc je n'avais pas d'enjeu par rapport à la monétisation de ce travail, je n'ai pas besoin de ça pour vivre, donc c'est plus facile pour moi, en tant qu'amateur, de faire ce choix-là, que peut-être pour des professionnels. Après, il y a vraiment une conviction de dire que ce que l'on produit doit pouvoir être librement diffusé, c’est une première chose, et librement réutilisé. Je crois beaucoup à l'écosystème du Libre, que ça soit dans le logiciel comme dans la culture, donc c'est vraiment par conviction personnelle que j’ai voulu faire ça. Je serais plutôt ravi que des gens trouvent ce que je fais assez bon pour être repris dans d'autres contextes, pour l'instant ce n'est pas le cas, mais peut-être qu’un jour ça le sera !
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<b>Étienne Gonnu : </b>Pour le clin d'œil, Fred nous dit sur le salon web de l’émission qu'il boit justement son café dans un mug Worteks.<br/
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Tu as parlé de tes engagements, tu es engagé pour les libertés informatiques. D’ailleurs, on sent dans ton album un engagement au sens politique plus large : l’égalité hommes-femmes, l’écologie aussi me paraît assez présente dans tes chansons. C'est important pour toi d'exprimer ces convictions dans ta musique ?
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<b>Clément Oudot : </b>Oui, ça fait un peu Miss France de dire qu'on est contre la guerre, pour l'écologie ; ça ne fait jamais de mal de le redire. D'autre part, j'ai essayé de traiter ces sujets-là, qui me tiennent bien sûr à cœur, de façon un peu décalée, avec ces calembours, C'est une façon de s’exprimer sur ces choses-là.<br/>
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La chanson sur l'écologie s'appelle <em>Le musée d'air contemporain </em>. J'ai imaginé que dans quelques années – j'espère le plus loin possible – les enfants iraient dans un musée pour voir ce que c'était de l'air pur, de l'eau, etc. Donc imaginer un peu cette dystopie ; cette chanson a été faite comme ça. Il y a plein d'autres façons de traiter ces sujets-là, des sujets parfois graves, j’ai d'ailleurs eu des remarques. Une chanson sur le suicide, une chanson sur l'alcoolisme, qui ne sont pas des sujets simples, mais que j'essaie de traiter de manière un peu décalée. J'espère que c'est réussi !
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<b>Étienne Gonnu : </b>Je trouve en tout cas. D'ailleurs <em>Le musée d'air contemporain </em> est une des chansons que l'on va diffuser – les trois pauses musicales seront des morceaux tirés de ton album. Avant qu’on ne se quitte, le premier morceau que nous allons écouter dans quelques instants, <em>À toi de jouer</em>, est un duo, tu me le disais avant l’émission, sur le thème de l'égalité hommes-femmes. Peux-tu nous décrire ce titre en quelques mots, et notamment nous dire comment s'est mis en place ce duo ?
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<b>Clément Oudot : </b>Il y a une histoire un peu particulière sur cette chanson. Je travaille dans le logiciel libre, dans un lieu de <em>coworking</em> qui s’appelle La Cordée. Beaucoup d'entre nous font du télétravail. Dans ce lieu de <em>coworking</em> j'ai rencontré pas mal de gens, dont des personnes qui faisaient de la musique, qui m'ont aidé à faire cet album, et un groupe 7Fridays [SevenFriday], qui chante en anglais. Ils m’ont demandé de leur écrire une chanson en français sur le thème du féminisme, quelque chose d'assez compliqué pour moi, n'étant pas une femme, je me demandais ce que j’allais bien pouvoir dire, ce que j’allais pouvoir apporter là-dessus. J'ai décidé de créer une chanson qui parle un peu de l'égalité hommes-femmes. Ils n’ont pas pu la mettre sur leur album, au final cette chanson que j'ai écrite pour eux, on l'a enregistrée en duo et elle est arrivée sur mon album. Comme ça on a pu publier cette chanson.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Super, belle histoire. Nous allons écouter ce morceau.<br/>
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KPTN, Clément, je te remercie d'avoir passé ce temps avec nous.
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<b>Clément Oudot : </b>Merci pour votre invitation.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Avec plaisir. Au plaisir d'échanger à nouveau. Bonne fin de journée.
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<b>KPTN : </b>Merci. Au revoir.
  
 
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons justement faire une pause musicale.
 
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons justement faire une pause musicale.

Version du 3 mars 2021 à 20:37


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 2 mars 2021 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Clément Oudot alias KPTN - Nadine Stéphant - Thomas - Véronique Bonnet - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu - Adrien Bourmault à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 2 mars 2021

Durée : 1 h 30 min

Podcast provisoire

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Étienne Gonnu : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Solidaires Informatique, un syndicat qui représente les travailleurs et les travailleuses des métiers de l’informatique, c’est le sujet principal du jour. Nous recevrons également KPTN pour nous parler de son nouvel album Flammes et nous réécouterons une chronique sur des « Mesures à la portée des gouvernements pour promouvoir le logiciel libre ». Voilà le programme de l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April .
Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.

Nous sommes le mardi 2 mars 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission Adrien Bourmault pour sa première réalisation en solo. Salut Adrien.

Adrien Bourmault : Salut.

Étienne Gonnu : Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission. Vous pouvez aussi participer à nos échanges en appelant le 09 72 51 55 46. Vous retrouverez ce numéro sur le site de la radio.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Tout de suite place à notre premier sujet.

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Interview de l’artiste KPTN, dont le nouvel album Flammes est disponible sous licence Creative Commons By Sa version 4.0

Étienne Gonnu : J'ai le plaisir d'avoir au téléphone Clément Oudot, aussi connu sous le nom de scène KPTN, pour nous parler de son nouvel album Flammes, disponible sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes condition, CC BY-SA 4.0.
Salut Clément.

Clément Oudot : Salut.

Étienne Gonnu : Ou devrais-je donc dire KPTN. Flammes était assez destiné comme nom d'album, j’imagine ?

Clément Oudot : Il y a un petit jeu de mots sur le nom de l'album, et dans les textes des chansons pour ceux qui les écouteront, vous verrez que ça joue beaucoup avec la langue française. Je vous invite à lire les paroles et à essayer de trouver tous les petits jeux de mots qui peuvent s'y cacher.

Étienne Gonnu : Oui. C’est vrai que tu joues beaucoup avec les mots. Je vais d’ores et déjà préciser que tu as un site avec une page dédiée à cet album. Pour chacune des chansons, si on clique sur l'image, on a accès à la page de la chanson avec les paroles entières. Flammes, à part la référence, pour ceux qui ne l’avaient pas saisie, à la série d'animation japonaise Capitaine Flam, est-ce que ça a un autre sens ou c’était vraiment pour le plaisir de ce jeu de mots ?

Clément Oudot : C'est avant tout pour le plaisir du jeu de mots. Capitaine Flam renvoie un peu à ma génération, je suis des années 80, et c'est un premier album, pour moi c’est une illumination, c’est le début de quelque chose. On peut aussi voir la flamme comme cette étincelle pour démarrer quelque chose.

Étienne Gonnu : Très bien. On s'y attendait un peu, mais c'est joliment dit !
KPTN c'est juste toi ? C’est un groupe ?

Clément Oudot : KPTN c'est juste moi, mais j'ai eu la chance de me faire aider par des amis, parce que tout seul je n'aurais jamais réussi à faire tout ça. J'ai été bien entouré. Corentin Saux et Stanislas Blaineau ont été les maîtres d'œuvre de cet album, ils m'ont aidé à tout enregistrer et à mettre tout ça en musique. Je les en remercie. Je n'ai pas été tout seul dans cette aventure.

Étienne Gonnu : Si on écoute ta musique, tu chantes. Tu joues aussi d'un instrument ?

Clément Oudot : Sur cet album je suis auteur-compositeur-interprète, comme on dit, je fais toutes les guitares, également de la mandoline sur une chanson, et bien entendu je chante. Stan est bassiste. Toute la basse est une vraie basse, avec un vrai musicien derrière ! Le reste – de l’orgue, de la batterie – a été fait en musique assistée par ordinateur par Corentin.

Étienne Gonnu : La musique assistée par ordinateur est un sujet qui nous tient à cœur, c'est dans le back-office, on va dire, de l'émission.
Ça fait combien de temps que tu fais de la musique ? Tu dis que c'est ton premier album, mais on a déjà eu le plaisir de diffuser un morceau que tu avais réalisé, on va dire que tu n'en es pas à ton coup d'essai.

Clément Oudot : Non. Tout petit j'ai fait de la musique classique. À l'adolescence, j'ai pris la guitare et commencé à faire des chansons et 25 ans après j'ai abouti à cet album. Ça faisait un moment que j’écrivais des chansons qui étaient un peu dans ma tête, pas beaucoup diffusées. Il y a 2 ans je me suis dit « il faut que je fasse un disque », donc c'est la concrétisation de tout ça. Ça fait donc très longtemps que je fais de la musique et des chansons.

Étienne Gonnu : Tu devances ma prochaine question : tu as donc mis 2 ans à réaliser cet album ?

Clément Oudot : Oui. Vous n'êtes pas sans savoir que l'année dernière il y a eu des conditions qui ont un peu changé. Même sans ça, c'est vraiment pour moi un hobby, donc j'ai pris le temps, et les gens qui l'ont fait avec moi l'ont fait également de manière totalement bénévole, donc cela prend forcément plus de temps qu'un professionnel qui pourrait y consacrer plusieurs semaines d'affilée. Ça a été fait au fur et à mesure, toutes les chansons ont été enregistrées à des jours différents.

Étienne Gonnu : Tu dis que tu n’es pas musicien professionnel. Je pense que ça peut intéresser des gens et finalement qu’on connaisse ta musique puisque, ce n’est pas anodin, tu es informaticien par ailleurs, libriste même. Peux-tu te présenter en quelques mots?

Clément Oudot : Tout à fait. Je suis plutôt quelqu'un de technique. Je travaille chez Worteks, une société de services en logiciel libre, je suis contributeur de projets libres comme LemonLDAP::NG, LDAP Tool Box, tout ce qui concerne les annuaires et le SSO[single sign-on]. La plupart du temps je m'exprime plutôt sur des sujets un peu plus sérieux et un peu plus techniques. J'ai quand même une passion et un vrai désir de faire du Libre dans la partie technique, donc quand j'ai fait de la musique j'ai trouvé assez naturel d’en faire aussi de façon libre, c’est aussi pour ça que j’ai choisi la licence Creative Commons.

Étienne Gonnu : À nouveau tu devances ma prochaine question. J'allais te demander pourquoi tu diffuses ta musique sous licence libre, tu as déjà commencé à y répondre, et pourquoi le choix particulier d'une licence de type copyleft, la Creative Commons BY-SA qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion et le partage de ta musique pour toute utilisation, y compris commerciale, à condition de te créditer, d'indiquer la licence, d’indiquer si des modifications ont été effectuées. On peut faire un remix, du coup il faut le diffuser dans les mêmes conditions, c’est-à-dire avec la même licence.

Clément Oudot : J'ai fait ce choix d'une manière un peu simple. Comme je l’ai dit, pour moi c'est un hobby, donc je n'avais pas d'enjeu par rapport à la monétisation de ce travail, je n'ai pas besoin de ça pour vivre, donc c'est plus facile pour moi, en tant qu'amateur, de faire ce choix-là, que peut-être pour des professionnels. Après, il y a vraiment une conviction de dire que ce que l'on produit doit pouvoir être librement diffusé, c’est une première chose, et librement réutilisé. Je crois beaucoup à l'écosystème du Libre, que ça soit dans le logiciel comme dans la culture, donc c'est vraiment par conviction personnelle que j’ai voulu faire ça. Je serais plutôt ravi que des gens trouvent ce que je fais assez bon pour être repris dans d'autres contextes, pour l'instant ce n'est pas le cas, mais peut-être qu’un jour ça le sera !

Étienne Gonnu : Pour le clin d'œil, Fred nous dit sur le salon web de l’émission qu'il boit justement son café dans un mug Worteks.<br/ Tu as parlé de tes engagements, tu es engagé pour les libertés informatiques. D’ailleurs, on sent dans ton album un engagement au sens politique plus large : l’égalité hommes-femmes, l’écologie aussi me paraît assez présente dans tes chansons. C'est important pour toi d'exprimer ces convictions dans ta musique ?

Clément Oudot : Oui, ça fait un peu Miss France de dire qu'on est contre la guerre, pour l'écologie ; ça ne fait jamais de mal de le redire. D'autre part, j'ai essayé de traiter ces sujets-là, qui me tiennent bien sûr à cœur, de façon un peu décalée, avec ces calembours, C'est une façon de s’exprimer sur ces choses-là.
La chanson sur l'écologie s'appelle Le musée d'air contemporain . J'ai imaginé que dans quelques années – j'espère le plus loin possible – les enfants iraient dans un musée pour voir ce que c'était de l'air pur, de l'eau, etc. Donc imaginer un peu cette dystopie ; cette chanson a été faite comme ça. Il y a plein d'autres façons de traiter ces sujets-là, des sujets parfois graves, j’ai d'ailleurs eu des remarques. Une chanson sur le suicide, une chanson sur l'alcoolisme, qui ne sont pas des sujets simples, mais que j'essaie de traiter de manière un peu décalée. J'espère que c'est réussi !

Étienne Gonnu : Je trouve en tout cas. D'ailleurs Le musée d'air contemporain est une des chansons que l'on va diffuser – les trois pauses musicales seront des morceaux tirés de ton album. Avant qu’on ne se quitte, le premier morceau que nous allons écouter dans quelques instants, À toi de jouer, est un duo, tu me le disais avant l’émission, sur le thème de l'égalité hommes-femmes. Peux-tu nous décrire ce titre en quelques mots, et notamment nous dire comment s'est mis en place ce duo ?

Clément Oudot : Il y a une histoire un peu particulière sur cette chanson. Je travaille dans le logiciel libre, dans un lieu de coworking qui s’appelle La Cordée. Beaucoup d'entre nous font du télétravail. Dans ce lieu de coworking j'ai rencontré pas mal de gens, dont des personnes qui faisaient de la musique, qui m'ont aidé à faire cet album, et un groupe 7Fridays [SevenFriday], qui chante en anglais. Ils m’ont demandé de leur écrire une chanson en français sur le thème du féminisme, quelque chose d'assez compliqué pour moi, n'étant pas une femme, je me demandais ce que j’allais bien pouvoir dire, ce que j’allais pouvoir apporter là-dessus. J'ai décidé de créer une chanson qui parle un peu de l'égalité hommes-femmes. Ils n’ont pas pu la mettre sur leur album, au final cette chanson que j'ai écrite pour eux, on l'a enregistrée en duo et elle est arrivée sur mon album. Comme ça on a pu publier cette chanson.

Étienne Gonnu : Super, belle histoire. Nous allons écouter ce morceau.
KPTN, Clément, je te remercie d'avoir passé ce temps avec nous.

Clément Oudot : Merci pour votre invitation.

Étienne Gonnu : Avec plaisir. Au plaisir d'échanger à nouveau. Bonne fin de journée.

KPTN : Merci. Au revoir.

Étienne Gonnu : Nous allons justement faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Étienne Gonnu : Nous allons écouter À toi de jouer par KPTN. On se retrouve juste après. Je vous souhaite une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : À toi de jouer par KPTN.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter À toi de jouer par KPTN, disponible sous licence libre Creative Commons, Partage dans les mêmes conditions, CC By SA. Vous retrouverez les références sur causecommune.fm et sur april.org.

Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France, partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Je suis Étienne Gonnu de l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Passons maintenant à notre sujet suivant.

[Virgule musicale]

Échange avec Solidaires Informatique, syndicat membre de l’Union Syndicale Solidaires et qui syndique les travailleuses et travailleurs des métiers de l’informatique, du conseil et du jeu vidéo

Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre par notre sujet principal










Étienne Gonnu : Nous allons faire à présent une pause musicale.

[Virgule suivant]

Étienne Gonnu : Nous allons écouter le dernier des trois morceaux sélectionnés pour nous par KPTN de son nouvelk album Flammes, il s’agit de Grève angélique. On se retrouve juste après. Je vous souhaite une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Grève angélique par KPTN.

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter Grève angélique par KPTN, disponible sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA. Vous retrouverez sur le site de l’April, april.org.
On remarque effectivement qu’à la fin les anges n’obtiennent pas gin de cause comme le faisait remarquer Thomas avant l’émission. Ils ne sont pas syndiqués

Thomas : Avec le syndicat Solidaires, ils auraient obtenu leurs revendications !

Étienne Gonnu : Tout est dit.

Thomas : Je rigole, évidemment !

Étienne Gonnu : Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France, partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Je suis Étienne Gonnu de l’April.
Nous allons passer à notre dernier sujet.

[Virgule musicale]

Chronique « Partager est bon  » de Véronique Bonnet, professeur de philosophie et vice-présidente de l’April, sur le thème « Mesures à la portée des gouvernements pour promouvoir le logiciel libre ».

Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre avec la rediffusion d’une chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet, professeur de philosophie et présidente de l’April. Une chronique sur les « Mesures à la portée des gouvernements pour promouvoir le logiciel libre », enregistrée en mars 2020 par mon collègue Frédéric Couchet. Je précise qu’à l’époque Véronique était alors vice-présidente de l’association.
On se retrouve dans une dizaine de minutes, toujours en direct sur Cause Commune, la voix des possibles.

[Virgule sonore]

Frédéric Couchet : Une lecture d’informations et de mise en perspective de la philosophie GNU, c’est la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet, professeur de philosophie et vice-présidente de l’April. Le sujet du jour : « Mesures à la portée des gouvernements pour promouvoir le logiciel libre et pourquoi c’est leur devoir de le faire ».
Véronique, on t’écoute.

Véronique Bonnet : Fred, effectivement il faut prendre son souffle pour lire ce titre qui est quasiment un titre à la Alexandre Dumas. Si j’avais à faire un commentaire de ce titre très long, je dirais qu’il y a de la part de Richard Stallman, l’auteur de ce texte, la volonté de démontrer que si les gouvernements ayant à leur portée des mesures ne les mettent pas en œuvre, alors il y a une faute morale. C’est-à-dire que les gouvernements ont le devoir d’adopter ces mesures si elles sont nécessaires dans le cadre du respect et des citoyens et des gouvernements eux-mêmes. Un gouvernement qui se respecte mettra en œuvre ces mesures.

Ce texte, par conséquent, est beaucoup plus qu’un texte éthique, parce que éthique veut dire simplement avantageux, intéressant, qui obtient le maximum de gains avec un minimum de pertes, ça n’est pas de cela dont il s’agit. Il s’agit d’un texte moral. Je dis bien moral et non pas moralisateur, c’est-à-dire que ce texte ne fait pas la leçon. Il est moral au sens où il rappelle que prendre des décisions pour d’autres humains impose des devoirs. Il s’agit de tout faire pour ne pas les nier comme humains, il faut les respecter.
Bien sûr il peut y avoir des bénéfices politiques – effectivement, peut-être qu’un gouvernement exemplaire reste au pouvoir plus longtemps –, mais il ne s’agit pas simplement d’un texte au sens d’une manière de faire pour persister. Il s’agit essentiellement d’une tâche que le gouvernement va donner à lui-même. Je cite, c’est dit dans l’introduction : « La mission de l’État est d’organiser la société avec pour objectif la liberté et le bien-être de la population. » Certes, l’État doit aussi veiller à sa souveraineté et à sa sécurité. Il doit aussi faire des économies, privilégier et dynamiser l’industrie locale des services logiciels. » Certes. On le voit, l’argumentaire est aussi stratégique, il est aussi économique, mais il est d’abord humaniste, comme le montre d’ailleurs la chronologie des points évoqués.

Richard Stallman part de la notion d’éducation. Autrement dit il pose que l’État, dans ses relations avec le public, doit avoir en vue une souveraineté, une souveraineté informatique, une souveraineté écologique c’est-à-dire qu’il faut éviter ce qu’on appelle le gaspillage, le caractère non-recyclable de certains choix logiciels, il y a bien des considérations d’optimisation ; il va évoquer la neutralité technologique des États pour d’ailleurs inviter à les dépasser.

Quelle teneur de ce qui est proposé pour l’éducation ? Pour la philosophie GNU, il s’agit de n’enseigner que le logiciel libre. Bien sûr il y a un bénéfice secondaire qui n’est pas mince, à savoir que ceci garantit l’avenir politique d’une nation, mais au-delà de ce bénéfice secondaire, il y a surtout le devenir autonome des individus. Voilà ce qui est indiqué : « Enseigner un programme non libre revient à enseigner la dépendance ce qui est contraire à la mission de l’école. »
Parti de ce foyer qu’est l’émancipation, il y a un deuxième point qui examine cette fois les relations de l’État avec le public. On évoque des politiques publiques qui sont souvent cruciales. En effet, lorsqu’on utilise le logiciel libre, il y a des conséquences pour les individus et pour les organisations. Donc il est très important de ne pas obliger les particuliers à utiliser un programme non libre, sinon ça veut dire qu’il y a une rupture d’égalité devant le service public.
Il se trouve que j’ai eu l’occasion d’en parler au Défenseur actuel des droits qui est très sensible à cette question de l’équité des citoyens devant l’État.

Frédéric Couchet : Précisons qu’il s’agit de Jacques Toubon.

Véronique Bonnet : Absolument, il s’agit de Jacques Toubon.
D’où la proposition de ne distribuer que du logiciel libre y compris lorsqu’il s’agit de logiciels utilisés à l’école.
Récemment, il a été question dans différentes tribunes de matériel distribué, déjà prédéterminé pour aller vers du logiciel non libre. Il a été question aussi de sites web de l’État. Il serait fondamental d’y accéder seulement avec des logiciels libres. Je donne un exemple : il se trouve que comme enseignante on m’a proposé d’utiliser un programme qui est Educ'ARTE. Educ'ARTE propose aux enseignants, pour leurs classes, de disposer d’émissions éducatives. Or, expérience amère, malheureuse, il se trouve qu’avec Educ'ARTE il faut utiliser Flash, ce à quoi je n’ai pas pu me résoudre. Donc j’ai écrit à Educ'ARTE et mon courrier est en attente de réponse.

Pourquoi, par conséquent, proposer des formats et des protocoles libres, non seulement les protocoles de communication mais aussi les liseuses qui interviennent dans les bibliothèques, dans les établissements scolaires. Elles sont encore à libérer, il y a beaucoup de travail à faire pour y parvenir puisqu’il s’agit de libérer les ordinateurs des licences. Mais là encore, lorsque ce point est évoqué dans le texte, c’est la plupart du temps la vente liée qui prévaut. Ce n’est pas simplement une question d’argent. Cette contrainte d’imposer d’utiliser des ordinateurs avec des licences est inique et, en plus, certains dispositifs empêchent le recyclage, le reconditionnement des ordinateurs de seconde main et, en ce sens, l’État doit se mobiliser pour parler d’indice de réparabilité, pour parler de recyclage et de cohérence écologique.

Le point qui est examiné ensuite est celui de la souveraineté informatique. Il est précisé que l’État doit garder la main sur ce qui le concerne, sinon il est subordonné à des entités privées. Migrer vers le logiciel libre est un ainsi un axe fort. À cette même antenne il a été question de la migration de la Gendarmerie nationale vers le logiciel libre, ce qui permet donc de développer des solutions informatiques tout à fait cohérentes lorsqu’un État est un État qui s’impose le devoir de respecter ses citoyens.
D’où, deuxième point, il se trouve que la souveraineté informatique est traitée doublement : il y a dans ce texte une préconisation du contrôle de l’État sur les tâches qui sont de son ressort, c’est-à-dire que l’État doit contrôler ses ordinateurs et maîtriser, si l’ordinateur n’est pas portable, le lien qui permet son utilisation. Il faut influencer, par conséquent, le développement du logiciel libre, ne surtout pas encourager le logiciel non libre. Il y a parfois des contrats étonnants qui sont passés entre les États et les GAFA !

J’ai déjà parlé tout à l’heure du gaspillage. Vous avez le rappel, en fin de texte, que les ordinateurs, pour ne pas être mis au rebut, doivent pouvoir être débloqués et surtout ne pas être verrouillés par des dispositifs qui rendraient impossible l’installation d’un logiciel libre.

Le dernier point est tout à fait inspirant pour le professeur de philosophie que je suis, puisque, dans ce texte, on parle bien de neutralité technologique, mais on dépasse aussi cette expression. Je cite, il est dit que « l’État ne doit pas imposer de préférence arbitraire sur des choix techniques », mais pour autant, il ne doit pas être neutre au sens d’indifférent. L’État ne peut pas être indifférent. Je cite : « Seuls ceux qui désirent mettre un pays sous leur joug pourraient suggérer que son gouvernement soit "neutre" en ce qui concerne sa souveraineté et la liberté de ses citoyens. » Il y a des formes de neutralité qui sont des formes de refus de se pencher moralement sur le respect des citoyens. Autrement dit, et là je me réfère à deux expressions d’Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique, il y a, pour les gouvernements, des résistances honnêtes et des rébellions légitimes et, par exemple, l’April peut en être le vecteur.

Frédéric Couchet : Merci Véronique. Je vais préciser que la Gendarmerie nationale, pour les gens qui veulent écouter le podcast, c’est l’émission du 3 septembre 2019, l’émission 34, et pour la partie gaspillage-recyclage, nous avons consacré une émission à la loi anti-gaspillage le 7 janvier 2020, c’est l’émission 48. Vous pouvez les retrouver sur april.org ou sur causecommune.fm.
C’était la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet, professeur de philosophie et vice-présidente de l’April.
Véronique, je te souhaite une belle fin de journée.

Véronique Bonnet : Très belle journée à toi Fred.

[Virgule sonore]

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet sur les « Mesures à la portée des gouvernements pour promouvoir le logiciel libre », enregistrée en mars 2020. Vous retrouverez les références sur la page consacrée à l’émission sur april.org.

Nous approchons de la fin de notre émission et nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

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Étienne Gonnu : Le prochain