Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 28 mai 2019 »

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<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1
 
<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1
  
==16’ 00 Collectivités et le logiciel libre - [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190528/libre-a-vous-20190528-collectivites-et-logiciel-libre.ogg Podcast] 53 min 17 s en cours MO==
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==17’20 Collectivités et le logiciel libre - [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190528/libre-a-vous-20190528-collectivites-et-logiciel-libre.ogg Podcast] 53 min 17 s en cours MO==
 
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Acrylic</em> par Foglake. Musique disponible sous licence Creative Commons Attribution, donc que vous pouvez utiliser librement.<br/>
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Acrylic</em> par Foglake. Musique disponible sous licence Creative Commons Partage à l’identique donc que vous pouvez utiliser librement.
 
 
Vous écoutez l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
 
Vous écoutez l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
  
 
Passons maintenant au sujet suivant. Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur les collectivités et le logiciel libre avec nos invités aujourd’hui. Tout d’abord Laurence Comparat, qui est adjointe données publiques, logiciels libres et Administration générale de la ville de Grenoble. Normalement Laurence est avec nous par téléphone. Bonjour Laurence.
 
Passons maintenant au sujet suivant. Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur les collectivités et le logiciel libre avec nos invités aujourd’hui. Tout d’abord Laurence Comparat, qui est adjointe données publiques, logiciels libres et Administration générale de la ville de Grenoble. Normalement Laurence est avec nous par téléphone. Bonjour Laurence.
  
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<b>Laurence Comparat : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Parfait. Notre deuxième invité est Pierre Levy de la Direction des Systèmes d’Information et du Numérique de la mairie de Paris, notamment en charge de la maintenance et de l'évolution de la plate-forme Lutece dont on va parler dans le cours de l’émission. Bonjour Pierre.<br/>
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Déjà première petite question rapide : une petite présentation individuelle de votre parcours. On va commencer par Laurence.
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<b>Laurence Comparat : </b>Je suis effectivement adjointe au maire de Grenoble, comme tu l’as dit Fred, en charge de beaucoup de choses et en particulier de l’utilisation et de la diffusion des logiciels libres au sein de notre collectivité. Je suis élue depuis 2014. Par ailleurs à titre professionnel je travaille à l’université, je travaille sur les systèmes d’information et les référentiels d’identité.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Laurence et toi Pierre ?
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<b>Pierre Levy : </b>Moi, j’ai une formation d’ingénieur génie civil. Je travaille à la mairie de Paris depuis un certain temps et je m’occupe depuis à peu près une vingtaine d’années du développement des applications spécifiques de la mairie de Paris, tout ce qui est développement spécifique.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. C’est une première émission sur le thème des collectivités et du logiciel libre ; nous aurons évidemment l’occasion d’en refaire pour rentrer dans le détail de certains points et avec d’autres collectivités. Là l’idée c’était de réunir deux collectivités déjà pour aborder un petit peu les raisons pour lesquelles ces deux collectivités, la ville de Paris et la ville de Grenoble, ont choisi d’investir et d’utiliser des logiciels libres, avec un retour d’expérience sur des sujets en interne avec des axes un petit peu variés. Mais vraiment c’est une première émission. Ne vous inquiétez pas, on en refera d’autres. J’aurais envie de dire que la première question, quelque part, pourquoi une collectivité en 2019 ou même avant, choisi soit d’utiliser partiellement des logiciels libres, soit de donner la priorité aux logiciels libres, voire d’investir dans le développement de logiciels libres. Laurence Comparat pour la ville de Grenoble.
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<b>Laurence Comparat : </b>Il y a des raisons éminemment politiques forcément.<br/>
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Le logiciel libre c’est un logiciel sur lequel on a la main. On peut modifier le code, on peut aller voir comment il fonctionne. Il n’est pas fourni clefs en main dans une boîte noire par une grande entreprise qui, en général, est à l’autre bout de la planète. Donc c’est quelque chose qui est vertueux en termes d’ouverture, de partage de la connaissance. Vous pouvez l’améliorer, vous pouvez participer à élaborer collectivement cet outil-là. Il y a une philosophie derrière qui nous parle à nous, politiquement, au sein de notre équipe municipale. Il y a aussi le fait que quand on investit de l’argent public dans notre informatique on trouve ça plus intéressant de faire appel à des boîtes de formation, à des développeurs locaux, à des gens qui vont nous accompagner, qui sont sur notre territoire, qui vont embaucher des gens localement, qui vont faire vivre l’économie locale, plutôt que d’envoyer l’argent de l’impôt de nos concitoyennes et concitoyens à l’autre bout du monde, chez des entreprises qui plus est, en général, ont élevé l’évasion fiscale au rang des beaux-arts. Il y a cette dimension-là et il y a aussi une dimension d’exemplarité dans une collectivité publique. On équipe des écoles par exemple, en tant que municipalité. Quel monde numérique on prépare pour les futurs citoyens et citoyennes de demain ? Avec quel monde numérique on les met en contact à l’école ? Voilà ! C’est aussi important pour nous, en tant qu’acteur politique, de nous poser ces questions-là et d’avoir une réponse politique. Une réponse qui va rester opérationnelle. Évidemment il faut que les gens puissent continuer à travailler ! Mais il y a à la base une volonté politique.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Merci Laurence. Côté mairie de Paris ou côté DSI, direction des systèmes d’information de la mairie de Paris, quelles sont les raisons de cet investissement dont on va parler juste après ? Pierre Levy de la mairie de Paris.
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<b>Pierre Levy : </b>Ce qu’il faut dire, peut-être, c’est que la ville de Paris a été assez pionnière dans le domaine puisque dès 2001, en fait avec l’arrivée de Bertrand Delanoë, il y a eu une volonté des politiques de mettre en place du logiciel libre à la mairie et ça été un peu la naissance du projet Lutece où l’équipe municipale, tous les adjoints de cabinet avec leurs conseillers techniques sont venus voir la DSI pour demander une plateforme pour les mairies d’arrondissement, une plateforme qui devait être entièrement basée sur des logiciels libres. Donc la volonté politique était très forte. En fait en 2000, si on se replace un petit peu à l’époque, 2001 c’est la publication du rapport Carcenac sur l’administration électronique et qui indiquait que le logiciel libre offrait vraiment des potentialités très vertueuses pour l’administration. C’est aussi, par exemple à l’époque, la création de l’ADULLACT qui est l’Association des développeurs et utilisateurs de logiciel libre dans les collectivités territoriales.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et dans l’administration.
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<b>Pierre Levy : </b>Et dans l’administration, le « A » de ADULLACT. Donc il y a eu un gros engouement pour le logiciel libre à l’époque et, en fait, cette volonté était très politique. Ça rejoint un autre phénomène que Richard Stallman appelle l’<em>open source</em> qu’il distingue du logiciel libre, qui est un petit peu le côté technique du logiciel libre, c’est-à-dire le partage du code comme moyen technique de développer.<br/>
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Du point de vue technique, je dirais que moi j’étais plus passé du côté de l’<em>open source</em> et les élus plus du côté logiciel libre et c’est un peu cette alchimie entre la partie technique et la volonté politique qui permet de créer des projets tels que Lutece.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On va évidemment expliquer après ce qu’est Lutece. On va revenir aussi sur le projet des écoles à Grenoble.<br/>
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Je préciserais juste que ce n’est pas Richard Stallman qui appelle ça <em>open source</em>, c’est l’Open Source Initiative, en 1998, qui a créé ce terme-là. Ce qui est intéressant dans ce que tu dis et ce que dit aussi Laurence, c’est une rencontre à la fois entre une volonté politique, une décision politique qui est plutôt, on va dire, le logiciel libre en tant qu’enjeu de société et une rencontre avec des techniciens et techniciennes qui sont plus, effectivement, dans l’aspect pratique qu’on pourrait mettre dans le terme <em>open source</em>. C’est peut-être ce qu’on peut dire.<br/>
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Dans cette introduction j’ai retenu quand même quelques termes : quelque part c’est le développement d’un tissu économique et social local, on entend aussi les questions de mutualisation, de souveraineté ; de créer aussi, de participer à la formation de citoyens et citoyennes dans un monde numérique qui ne sera pas uniquement piloté par les GAFAM, c’est un petit peu ce qui disait tout à l’heure Laurence Comparat. Quand tu parlais des GAFAM, donc Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft et les autres géants du Net, c’est vraiment ce côté social et politique pour l’avenir ?
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<b>Laurence Comparat : </b>Complètement. En tant que collectivité locale on a aussi un enjeu à être maîtres de ce qui se passe chez nous. Avec nos outils informatiques on va gérer des données personnelles, pour faire le lien avec la chronique qui a précédé, on va accompagner le service public, fournir du service public. On doit voir la main là-dessus. On a une responsabilité. Il y a un enjeu à avoir cette souveraineté numérique et le logiciel libre, l’<em>open source</em>, suivant la porte d’entrée qu’on va choisir, est clairement un moyen au service de cette souveraineté.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. J’ai une deuxième question. J’ai l’impression que dans vos deux cas le projet est soutenu politiquement et, à la fois aussi, techniquement. C’est-à-dire que c’est une rencontre entre un projet politique et une DSI, direction des systèmes d’information, ce qui n’est pas forcément toujours le cas : des fois ça peut être une volonté politique qui n’est pas suivie par la partie technique et des fois ce sont plutôt des gens de la technique qui voudraient faire du logiciel libre et que le politique ne suit pas. Si je comprends bien dans vos propos, en tout cas Laurence notamment – alors Grenoble c’est plus récent, c’est 2014 si je me souviens bien, c’est la nouvelle mandature municipale – il y avait un projet politique, qui est piloté au niveau politique avec l’aide de la direction informatique ou en tout cas des services informatiques ; c’est un mix des deux en fait ?
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<b>Laurence Comparat : </b>On a même renforcé l’équipe informatique avec des compétences en logiciel libre, parce qu’effectivement c’était aussi une nouveauté dans la commande politique, donc il a fallu renforcer la compétence des équipes. On a recruté un technicien spécialisé pour nous aider en particulier sur l’informatique dans les écoles, nos agents se sont formés. On a recruté une cheffe de projet pour la bascule vers la suite bureautique LibreOffice, qui permet d’avoir un traitement de texte, un tableur, un gestionnaire de diaporama, enfin des outils assez classiques qu’on utilise un peu tous et toutes au quotidien quand on fait de l’informatique. Il y a des outils libres, notamment LibreOffice qui est le plus connu d’entre eux, et on est en train d’accompagner nos agentes et nos agents sur ce nouvel outil, donc on a recruté spécifiquement une personne pour ça.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On va en parler juste après.<br/>
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Pierre, le projet Lutece dont on va parler aussi, qu’on va présenter évidemment, mais je reviens sur l’historique. Tu parlais des années 2000, à l’époque le maire de Paris c’était Bertrand Delanoë, aujourd’hui la maire de Paris c’est Anne Hidalgo, j’ai l’impression que ce soutien politique ou plutôt c’est une question il existe toujours voire il s’est même renforcé ? Est-ce qu’il y a encore ce soutien important finalement près de 18 ou 19 ans, presque 20 ans plus tard en fait ?
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<b>Pierre Levy : </b>Oui, tout à fait. Il a pris différentes formes par exemple lors de la deuxième mandature de Delanoë on a eu Jean-Louis Missika qui a créé l’Open World qui est Forum devenu aujourd’hui le Paris Open Source Summit ; la ville de Paris est toujours très active dans le sponsoring de cet évènement. Avec la mandature de Anne Hidalgo on a eu la chance d’avoir comme élu Emmanuel Grégoire qui est vraiment très au fait de ces sujets et qui porte beaucoup le sujet. D’ailleurs il avait fait un discours aux 20 ans de l’April, donc c’est quelqu’un qui nous a donné la chance, qui a fait adhérer la ville de Paris à l’April d’ailleurs, ainsi qu’à OW2 qui est une fondation européenne de logiciels <em>open source</em> et dans laquelle Lutece a pris toute sa part.<br/>
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Donc on a effectivement la chance d’avoir un très bon support politique sur ce sujet-là. J’irais même plus loin, c’est-à-dire que le support doit être à tous les niveaux de la chaîne. C’est-à-dire qu’il doit être à la fois au niveau politique, au niveau du secrétariat général, au niveau de la direction et au niveau des équipes techniques. Je dirais qu’il y a presque quatre maillons et je dois dire qu’aujourd’hui on a la chance, depuis deux-trois ans, d’avoir un petit peu tous ces maillons qui sont alignés et qui nous permettent de bien développer les services numériques de la ville.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Comme on dit les planètes sont alignées ! J’en profite pour préciser que Grenoble est aussi membre de l’April, d’ailleurs depuis la même période à peu près, depuis 2015 de mémoire, ce qui me fait penser que tout à l’heure j’aurai peut-être une petite question justement sur l’implication et l’investissement des collectivités dans des structures telles que l’April ou, comme tu l’as dit, des groupes de développement comme OW2 ou même l’ADULLACT ; au-delà simplement des actions en local c’est important cette participation dans l’environnent du logiciel libre.<br/>
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Laurence, est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur cette partie introduction avant qu’on passe un petit peu aux exemples concrets ? Qu’on parle notamment, je vais indiquer les sujets éventuellement pour les personnes qui nous écoutent : on va évoquer la migration de LibreOffice à Grenoble, la partie école aussi à Grenoble et évidemment on va aussi rentrer dans le détail de Lutece à Paris. Mais sur cette première partie, est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose ? Laurence ?
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<b>Laurence Comparat : </b>Simplement dire que la ville de Grenoble a rejoint récemment la coalition des villes pour les droits numériques, Cities Coalition for Digital Rights, c’est une grande ???, qui est un regroupement de villes à l’international – on y retrouve Amsterdam, Barcelone, New-York – et qui souhaitent réfléchir, justement, aux responsabilités qu’ont les villes dans ce monde numérique avec l’enjeu que les droits humains soient respectés dans le monde numérique comme ils devraient l’être également dans le monde réel avec tous les guillemets de rigueur ; le numérique est tout ce qu’il y a de plus réel. C’est aussi cette même idée de philosophie où le numérique est dans nos vies et les valeurs qu’on porte d’une manière générale on doit les porter aussi dans le numérique.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci pour cette précision. Pierre est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur cette partie introductive ?
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<b>Pierre Levy : </b>Non.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Non ! OK ! Très bien, on va passer à la suite. Laurence Comparat a cité, a parlé de LibreOffice, donc la migration vers LibreOffice au niveau de la ville de Grenoble. Elle a parlé aussi des écoles. Pierre a parlé de Lutece. On va commencer un petit peu à détailler ces projets en termes de retours d’expérience aussi pour encourager d’autres collectivités. Je rappelle que l’an prochain, en 2020, il y a les élections municipales, je parle aux gens du logiciel libre et autres, c’est aussi l’occasion d’encourager des listes candidates à mettre dans leur programme le logiciel libre comme c’était le cas dans la ville de Grenoble dans la liste de laquelle faisait Laurence Comparat ; c’est aussi leur donner des idées d’action, parce qu’il y a des actions qui sont ou moins plus simples et d’autres qui peuvent prendre plus de temps.<br/>
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On va peut-être commencer par LibreOffice parce que c’est un logiciel que sans doute beaucoup de gens utilisent sans savoir forcément que c’est un logiciel libre. Laurence Comparat, la ville de Grenoble a décidé, si j’ai bien suivi, la migration des postes de travail des personnes qui travaillent dans la collectivité à LibreOffice, donc la suite bureautique libre.
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<b>Laurence Comparat : </b>Tout à fait. C’est un projet qui a démarré il y a à peu près un an maintenant. On s’est donné trois ans pour le mener au bout. Ce sont des projets de longue haleine, évidemment c’est proportionnel à la taille de la collectivité. Ça concerne la ville de Grenoble et son centre communal d’action sociale. Il y a à peu près 3500 agents et agentes dans ces deux collectivités. Tout le monde ne travaille pas au quotidien sur un ordinateur. Les agents de la propreté urbaine, des espaces verts, de la cantine, etc., ne sont pas derrière un bureau comme d’autres agents des marchés publics ou de l’accueil de l’état-civil, ça ne concerne pas forcément toutes ces personnes au quotidien mais ça fait quand même beaucoup de monde. Donc c’est un projet politique. Une fois qu’on a posé une volonté politique, l’intendance suivra comme on dit, eh bien non ! Il faut donner à l’intendance les moyens de suivre. Il faut effectivement que la direction générale, comme c’est le cas à Paris, appuie la démarche et puis, je l’ai dit, nous avons recruté une cheffe de projet qui accompagne les services dans ce changement.<br/>
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L’objectif c’est, d’une part, de s’assurer que cette bascule est possible, c’est-à-dire que les gens vont pouvoir continuer à travailler en changeant d’outil. Est-ce que leur logiciel de comptabilité va marcher avec ? Est-ce que le logiciel RH va marcher avec ? Est-ce que les modèles de documents qu’ils s’étaient faits vont marcher avec ? On a cette responsabilité que l’institution continue à fonctionner ; on rend du service public derrière, donc il faut que ça suive. Et puis c’est aussi l’opportunité, je dirais aussi et surtout, l’opportunité de transformer l’institution. L’idée ce n’est pas je prends ce que je faisais avec ma suite bureautique dont je tairais le nom et paf ! je transforme ça sous du LibreOffice et je continue tout pareil qu’avant. Non ! J’en profite pour réinterroger mon organisation : les modèles de documents que j’utilise est-ce qu’ils sont toujours à jour ? Je vais en profiter pour les transformer en écriture inclusive. Je vais peut-être me rendre compte qu’il y a des gens qui galèrent un petit peu au quotidien, ils ont des bouts de tableur dans un coin, des bouts de fichier dans un autre, ils ont du mal à partager tout ça entre les personnes qui doivent travailler dessus. Quand je dis qu’ils bricolent ce n’est pas du tout une critique, ils arrivent à travailler, mais on va se rendre compte que leurs conditions ne sont peut-être pas optimales et que ce n’est peut-être pas mettre à jour la suite bureautique qu’il faut faire, mais se poser la question de leur fournir un logiciel métier pour leur faciliter la vie.<br/>
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Donc c’est vraiment un projet de transformation, donc ça nécessite beaucoup d’accompagnement et beaucoup de temps de travail à comprendre le métier des services, ce qu’ils font au quotidien, où est-ce que ça coince, où est-ce que ça marche super bien et il ne faut surtout pas y toucher, etc.<br/>
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Ce n’est pas du tout un projet technique. Il y a une dimension technique évidemment, mais c’est un projet organisationnel.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est très intéressant parce que c’est un point essentiel. Souvent, quand on parle de migration, on pense que c’est une migration technique alors qu’en fait l’essentiel, comme tu le dis, c’est l’organisationnel. Je précise, quand tu parles de la cheffe de projet LibreOffice, que le 18 juin 2019 on fait une émission justement sur LibreOffice et on va la convier à intervenir pour faire un petit point.
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<b>Laurence Comparat : </b>Excellente idée !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Avec d’autres personnes de l’association qui s’appelle La Mouette qui fait la promotion et le développement de LibreOffice en France, donc le 18 juin.<br/>
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Ce qui est intéressant là-dedans c’est que c’est un projet un global. Quand tu dis effectivement qu’en plus il y a une réflexion sur les documents qui existent, sur les procédures, etc., c’est un projet global avec, en plus, un investissement parce qu’il y une cheffe de projet qui a été embauchée. Déjà c’est un premier conseil, en tout cas quelque chose qui est essentiel pour les collectivités ou même les structures type entreprise qui voudraient vers un outil tel que LibreOffice, c’est qu’il ne faut pas oublier l’humain et d’ailleurs que c’est peut-être l’humain qui est le plus important là-dedans, sans aucun doute, au-delà du logiciel.
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<b>Laurence Comparat : </b>Tout à fait. La formation des agentes et des agents est fondamentale.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Est-de qu’il y a eu des résistances, justement, de la part du personnel ? Parce que souvent il y a quelques outils dans l’informatique que les gens n’aiment pas forcément trop changer qui est l’outil bureautique parce que c’est un outil de production très important. Est-ce qu’il y a eu une résistance ou est-ce que ça été, finalement, vu comme quelque chose de très positif ?
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<b>Laurence Comparat : </b>On en est vraiment dans cette phase où notre cheffe de projet fait la tournée des popotes, prend beaucoup de temps à être à l’écoute des services, à tester les documents, les modèles de documents qu’elle va mettre à leur disposition, comprendre où ça coince, pourquoi, quel est leur objectif métier, etc. Donc il y a vraiment beaucoup d’énergie qui est mise autour de ça et avec, ce que je disais, on repère des pistes d’amélioration. Donc ça lève énormément d’inquiétude, ça rassure beaucoup. Ça améliore et surtout ça ne dégrade pas, je dirais que c’est sur la cerise sur le gâteau, mais on a besoin de gâteau. Sur les conseils d’ailleurs de Stéphanie, notre cheffe de projet, on a mis le temps nécessaire sur cette phase d’analyse, d’audit, de tests, d’accompagnement, de présence et ça paye vraiment. C’est-à-dire que, pour l’instant, c’est quelque chose qui se passe bien. Ce n’est pas simple, ce n’est jamais simple quand on arrive, on va voir les gens et on leur dit « on va bousculer votre travail au quotidien » ; on a tous et toutes nos habitudes, on n’aime pas forcément être bousculé, mais ça offre une perspective d’amélioration, de fluidité. Expliquer aussi pourquoi, évoquer l’élu qui a dit « c’est vers là qu’il faut aller. » On peut dire elle est gentille mais ce n’est pas elle qui fait le boulot, ce qui est tout à fait vrai. Donc prendre le temps de bien regarder le quotidien, le boulot quotidien, et se donner les moyens que ça va suivre, ça c’est vraiment fondamental. Là on est vraiment dans cette phase et pour l’instant, le fait de prendre ce temps-là fait que ça se passe bien.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est un point essentiel parce que, finalement, vous partez des besoins des personnes et l’outil, même s’il a été choisi pour les raisons qu’on a pu évoquer, l’essentiel c’est de partir des besoins des personnes, d’adapter de prendre son temps. On note qu’une migration ça ne passe pas du jour au lendemain, on n’installe pas LibreOffice à la place de Microsoft Office, il y a un temps d’évaluation dont tu parles et qui est assez important.
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<b>Laurence Comparat : </b>Et qui va être payant parce qu’on investit aussi sur la durée quand on améliore les processus, quand on fluidifie les choses, etc., on n’est pas juste en train de changer d’outil. On interroge l’institution et on améliore l’institution donc le service public au final.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Est-ce que pour l’instant il y a eu, on va dire, des personnes test qui ont déjà utilisé LibreOffice ou est-ce que vous êtes encore dans la phase d’accompagnement, d’évaluation des besoins ?
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<b>Laurence Comparat : </b>On est encore dans la phase d’audit. On va passer à la phase de formation. Il y a un moment où on va dire « tel service ça y est, on vous a vu, tous vos documents sont prêts, on a bien calé. On va vous supprimer votre ancien outil et on va basculer sur le nouveau, donc on vous forme. On ne va pas non plus vous lâcher sans parachute ! » Il faut retrouver ses marques : comment je fais pour imprimer, comment je fais pour faire ceci, cela. Ce temps de formation est aussi prévu.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On va passer à un sujet assez différent, on va revenir un peu sur Paris, on reviendra sur LibreOffice notamment dans la partie sur les difficultés potentielles et notamment, tu en as déjà un petit peu parlé, l’adhérence aux outils métier propriétaires, c’est un problème historique dans les outils de bureautique et dans les cas de migration.<br/>
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On va parler un petit côté Paris, c’est un sujet totalement différent parce qu’on va parler de Lutece. Le défi pour Pierre Lévy va être d’expliquer simplement ce qu’est Lutece. Est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots ce qu’est Lutece, cette plateforme Lutece ?
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<b>Pierre Levy : </b>D’accord. Au début je vous ai raconté un petit peu le début de Lutèce. C’était une plateforme, un CMS, un outil de gestion de contenu, on peut le rapprocher un petit peu des outils tels que Drupal ou WordPress et puis, au fil des années, c’est devenu un <em>framework</em>, un cadre de développement pour nos applications métier et pour nos services numériques.<br/>
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Aujourd’hui il y a des outils qui permettent de générer du code, il y a tout un outillage autour qui permet de réaliser assez rapidement des applications. À titre d’exemple, quand Anne Hidalgo est arrivée à la tête de la mairie elle a voulu mettre en place très rapidement un budget participatif et l’outil a dû être développé en deux mois pour ouvrir en septembre. La plate-forme nous a permis de développer très rapidement ce service.<br/>
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Aujourd’hui c’est un outil, une plateforme qui nous permet de développer un petit peu n’importe quel type d’application web de manière, je dirais, sécurisée et rapide.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Pour prendre un exemple, paris.fr, le site paris.fr c’est Lutece ou pas ?
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<b>Pierre Levy : </b>Le site paris.fr, non ce n’est pas Lutece.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ce n’est pas Lutèce.
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<b>Laurence Comparat : </b>Raté !
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<b>Pierre Levy : </b>Raté ! Non !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je n’habite pas Paris, j’habite Saint-Denis.
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<b>Pierre Levy : </b>Le site éditorial, en fait, est réalisé par la direction de la com’, ce n’est pas Lutece. Par contre l’ensemble des services numériques qui sont sur paris.fr, que ça soit les demandes d’actes d’état-civil, cartes citoyennes, enfin tous les services numériques sont en Lutece.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Donc je n’étais pas trop loin. Ce n’est pas la partie éditoriale, on va dire, c’est la partie services numériques donc le plus essentiel pour les habitants et les habitantes de Paris. Comme tu l’as dit tout à l’heure Lutece a commencé en 2000 ou 2001, la ville de Paris a été la première collectivité à libérer un outil interne sous licence libre.
  
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<b>Pierre Levy : </b>Tout à fait c’est le Conseil de Paris, en septembre 2002, qui a voté le reversement en libre du code de Lutece.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc on peut noter que depuis Lutece poursuit son développement, grandit, quelque part, avec chaque nouveau service numérique de la ville qui est basé, finalement si je compris bien, sur Lutece et c’est un développement de nouveaux services à chaque fois.
  
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<b>Pierre Levy : </b>Tout à fait. On a des services je dirais assez génériques. On a notamment un service de prise de rendez-vous que je conseille vraiment à toutes les collectivités parce qu’il apporte un service très intéressant. Il est utilisé, par exemple, pour les demandes d’urbanisme, pour les vaccinations, les demandes de rendez-vous avec les directrices de crèche ; il est utilisé à plein d’usages différents, il est vraiment très facile à réutiliser pour d’autres collectivités et on a aussi plein de services beaucoup plus spécifiques à Paris.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tout à l’heure en introduction on parlait de mutualisation à un moment, je crois bien, et aussi de réutilisation, c’est un mot très fort dans le domaine du logiciel libre, ça veut dire que d’autres collectivités utilisent Lutece pour leurs propres services numériques ?
  
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<b>Pierre Levy : </b>L’idée, quand le Conseil de Paris a voté cette libération, c’est que ce logiciel puisse servir à un maximum d’autres collectivités. D’ailleurs Grenoble a été utilisateur de Lutece de 2002 à 2005. L’idée c’est de partager pour pouvoir bénéficier de contributions externes, pour que les coûts de développement soient aussi partagés entre toutes les entités. Aujourd’hui on commence à travailler de manière très productive avec la ville de Lyon notamment, on travaille sur des projets communs. Ils utilisent des modules que nous avons développés et nous on est en passe d’utiliser des modèles qu’eux ont développé. L’idée du partage est de vraiment pouvoir récupérer des contributions, que ça soit de l’utilisation, des retours d’utilisation, des tests ou carrément des modules, du code. Ça c’est vraiment l’idée qu’il y a derrière. Aujourd’hui force est de constater que c’est relativement difficile de construire cette dynamique de partage et de mutualisation pour un certain nombre de raisons que je pourrais développer.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>On abordera ce problème de mutualisation après la pause musicale parce que c’est effectivement important. Je voulais demander à Laurence Comparat, est-ce que, au niveau de la ville de Grenoble – c’est beaucoup plus récent parce que, je le répète, l’équipe municipale n’est là que depuis 2014 à Grenoble – est-ce qu’il y a déjà des projets de libération d’outils internes utilisés par la ville de Grenoble ? Est-ce qu’il y a des projets de libération de tels outils ?
  
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<b>Laurence Comparat : </b>On n’en est pas vraiment à développer nos outils. Par contre on a déjà rendu à la communauté PrimTux. PrimTux est un outil conçu spécialement pour les écoles qui est basé sur Linux, donc un système d’exploitation – c’est l’équivalent de Windows, c’est l’équivalent de Mac OS mais c’est en Libre – avec une configuration dédiée à l’utilisation des élèves, du CP au CM2, qui a été conçu par des informaticiens et des enseignants et enseignantes du primaire. On l’a installé dans nos écoles avec un environnement intégralement libre. Dans nos écoles on a aussi des serveurs qui gèrent les accès des élèves et des enseignants au poste, qui filtrent le contenu internet puisqu’on a la responsabilité de ne pas exposer un public mineur à tout et n’importe quoi. De base, PrimTux ne permettait pas de travailler avec nos serveurs, donc on a travaillé avec une entreprise locale, ce qui je disais tout à l’heure, on fait appel aux compétences du territoire, pour faire le développement qui permet à PrimTux de dialoguer avec les serveurs EOLE qui sont aussi une solution libre. Ce développement-là on l’a reversé à la communauté et il est maintenant disponible, de base, avec PrimTux. On sait qu’il y a déjà au moins une commune qui l’a déployé pour ses écoles, dont j’ai mangé le nom à ma grande honte.
  
<b>Frédéric Couchet : </b>On va essayer de le retrouver. On va revenir sur le sujet, on va poursuivre le sujet école et aussi mutualisation après une petite pause musicale qui va nous servi de respiration. Nous allons écouter <em>Nakturnal</em> par Kellee Maize et on se retrouve juste après.  
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<b>Frédéric Couchet : </b>On va essayer de le retrouver. On va revenir sur le sujet, on va poursuivre le sujet école et aussi mutualisation après une petite pause musicale qui va nous servir de respiration. Nous allons écouter <em>Nakturnal</em> par Kellee Maize et on se retrouve juste après.  
  
 
Pause musicale : <em>Nakturnal</em> par Kellee Maize.
 
Pause musicale : <em>Nakturnal</em> par Kellee Maize.

Version du 30 mai 2019 à 13:15


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 28 mai 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : Noémie Bergez - Laurence Comparat - Pierre Levy - Vincent Calame - Frédéric Couchet

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 28 mai 2019

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou télécharger le podcast

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ainsi sur le salon dédié à l’émission.
Nous sommes mardi 28 mai 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’association est april.org, vous pouvez y trouver d’ores et déjà une page consacrée à cette émission avec liens et références utiles, détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission. N’hésitez pas à nous faire également des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
Je vous souhaite une excellente écoute.

Voici maintenant le programme de cette émission.
Nous allons commencer dans quelques minutes, même dans quelques secondes, par la chronique « In code we trust » de Noémie Bergez, avocate au cabinet Dune. D’ici une quinzaine de minutes, notre sujet principal portera sur les collectivités et le logiciel libre avec les villes de Grenoble et de Paris. En fin d’émission nous aurons la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l’April. À la réalisation de l’émission aujourd’hui Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred.

Frédéric Couchet : Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

1’40 Chronique « In code we trust », RGPD - Podcast13 min 30

Frédéric Couchet : Évoquer






[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale, nous allons écouter Acrylic par Foglake et on se retrouve juste après. Pause musicale : Acrylic par Foglake.

Voix off : Cause Commune 93.1

17’20 Collectivités et le logiciel libre - Podcast 53 min 17 s en cours MO

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Acrylic par Foglake. Musique disponible sous licence Creative Commons Attribution, donc que vous pouvez utiliser librement.
Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.

Passons maintenant au sujet suivant. Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur les collectivités et le logiciel libre avec nos invités aujourd’hui. Tout d’abord Laurence Comparat, qui est adjointe données publiques, logiciels libres et Administration générale de la ville de Grenoble. Normalement Laurence est avec nous par téléphone. Bonjour Laurence.

Laurence Comparat : Bonjour.

Frédéric Couchet : Parfait. Notre deuxième invité est Pierre Levy de la Direction des Systèmes d’Information et du Numérique de la mairie de Paris, notamment en charge de la maintenance et de l'évolution de la plate-forme Lutece dont on va parler dans le cours de l’émission. Bonjour Pierre.
Déjà première petite question rapide : une petite présentation individuelle de votre parcours. On va commencer par Laurence.

Laurence Comparat : Je suis effectivement adjointe au maire de Grenoble, comme tu l’as dit Fred, en charge de beaucoup de choses et en particulier de l’utilisation et de la diffusion des logiciels libres au sein de notre collectivité. Je suis élue depuis 2014. Par ailleurs à titre professionnel je travaille à l’université, je travaille sur les systèmes d’information et les référentiels d’identité.

Frédéric Couchet : Merci Laurence et toi Pierre ?

Pierre Levy : Moi, j’ai une formation d’ingénieur génie civil. Je travaille à la mairie de Paris depuis un certain temps et je m’occupe depuis à peu près une vingtaine d’années du développement des applications spécifiques de la mairie de Paris, tout ce qui est développement spécifique.

Frédéric Couchet : D’accord. C’est une première émission sur le thème des collectivités et du logiciel libre ; nous aurons évidemment l’occasion d’en refaire pour rentrer dans le détail de certains points et avec d’autres collectivités. Là l’idée c’était de réunir deux collectivités déjà pour aborder un petit peu les raisons pour lesquelles ces deux collectivités, la ville de Paris et la ville de Grenoble, ont choisi d’investir et d’utiliser des logiciels libres, avec un retour d’expérience sur des sujets en interne avec des axes un petit peu variés. Mais vraiment c’est une première émission. Ne vous inquiétez pas, on en refera d’autres. J’aurais envie de dire que la première question, quelque part, pourquoi une collectivité en 2019 ou même avant, choisi soit d’utiliser partiellement des logiciels libres, soit de donner la priorité aux logiciels libres, voire d’investir dans le développement de logiciels libres. Laurence Comparat pour la ville de Grenoble.

Laurence Comparat : Il y a des raisons éminemment politiques forcément.
Le logiciel libre c’est un logiciel sur lequel on a la main. On peut modifier le code, on peut aller voir comment il fonctionne. Il n’est pas fourni clefs en main dans une boîte noire par une grande entreprise qui, en général, est à l’autre bout de la planète. Donc c’est quelque chose qui est vertueux en termes d’ouverture, de partage de la connaissance. Vous pouvez l’améliorer, vous pouvez participer à élaborer collectivement cet outil-là. Il y a une philosophie derrière qui nous parle à nous, politiquement, au sein de notre équipe municipale. Il y a aussi le fait que quand on investit de l’argent public dans notre informatique on trouve ça plus intéressant de faire appel à des boîtes de formation, à des développeurs locaux, à des gens qui vont nous accompagner, qui sont sur notre territoire, qui vont embaucher des gens localement, qui vont faire vivre l’économie locale, plutôt que d’envoyer l’argent de l’impôt de nos concitoyennes et concitoyens à l’autre bout du monde, chez des entreprises qui plus est, en général, ont élevé l’évasion fiscale au rang des beaux-arts. Il y a cette dimension-là et il y a aussi une dimension d’exemplarité dans une collectivité publique. On équipe des écoles par exemple, en tant que municipalité. Quel monde numérique on prépare pour les futurs citoyens et citoyennes de demain ? Avec quel monde numérique on les met en contact à l’école ? Voilà ! C’est aussi important pour nous, en tant qu’acteur politique, de nous poser ces questions-là et d’avoir une réponse politique. Une réponse qui va rester opérationnelle. Évidemment il faut que les gens puissent continuer à travailler ! Mais il y a à la base une volonté politique.

Frédéric Couchet : D’accord. Merci Laurence. Côté mairie de Paris ou côté DSI, direction des systèmes d’information de la mairie de Paris, quelles sont les raisons de cet investissement dont on va parler juste après ? Pierre Levy de la mairie de Paris.

Pierre Levy : Ce qu’il faut dire, peut-être, c’est que la ville de Paris a été assez pionnière dans le domaine puisque dès 2001, en fait avec l’arrivée de Bertrand Delanoë, il y a eu une volonté des politiques de mettre en place du logiciel libre à la mairie et ça été un peu la naissance du projet Lutece où l’équipe municipale, tous les adjoints de cabinet avec leurs conseillers techniques sont venus voir la DSI pour demander une plateforme pour les mairies d’arrondissement, une plateforme qui devait être entièrement basée sur des logiciels libres. Donc la volonté politique était très forte. En fait en 2000, si on se replace un petit peu à l’époque, 2001 c’est la publication du rapport Carcenac sur l’administration électronique et qui indiquait que le logiciel libre offrait vraiment des potentialités très vertueuses pour l’administration. C’est aussi, par exemple à l’époque, la création de l’ADULLACT qui est l’Association des développeurs et utilisateurs de logiciel libre dans les collectivités territoriales.

Frédéric Couchet : Et dans l’administration.

Pierre Levy : Et dans l’administration, le « A » de ADULLACT. Donc il y a eu un gros engouement pour le logiciel libre à l’époque et, en fait, cette volonté était très politique. Ça rejoint un autre phénomène que Richard Stallman appelle l’open source qu’il distingue du logiciel libre, qui est un petit peu le côté technique du logiciel libre, c’est-à-dire le partage du code comme moyen technique de développer.
Du point de vue technique, je dirais que moi j’étais plus passé du côté de l’open source et les élus plus du côté logiciel libre et c’est un peu cette alchimie entre la partie technique et la volonté politique qui permet de créer des projets tels que Lutece.

Frédéric Couchet : D’accord. On va évidemment expliquer après ce qu’est Lutece. On va revenir aussi sur le projet des écoles à Grenoble.
Je préciserais juste que ce n’est pas Richard Stallman qui appelle ça open source, c’est l’Open Source Initiative, en 1998, qui a créé ce terme-là. Ce qui est intéressant dans ce que tu dis et ce que dit aussi Laurence, c’est une rencontre à la fois entre une volonté politique, une décision politique qui est plutôt, on va dire, le logiciel libre en tant qu’enjeu de société et une rencontre avec des techniciens et techniciennes qui sont plus, effectivement, dans l’aspect pratique qu’on pourrait mettre dans le terme open source. C’est peut-être ce qu’on peut dire.
Dans cette introduction j’ai retenu quand même quelques termes : quelque part c’est le développement d’un tissu économique et social local, on entend aussi les questions de mutualisation, de souveraineté ; de créer aussi, de participer à la formation de citoyens et citoyennes dans un monde numérique qui ne sera pas uniquement piloté par les GAFAM, c’est un petit peu ce qui disait tout à l’heure Laurence Comparat. Quand tu parlais des GAFAM, donc Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft et les autres géants du Net, c’est vraiment ce côté social et politique pour l’avenir ?

Laurence Comparat : Complètement. En tant que collectivité locale on a aussi un enjeu à être maîtres de ce qui se passe chez nous. Avec nos outils informatiques on va gérer des données personnelles, pour faire le lien avec la chronique qui a précédé, on va accompagner le service public, fournir du service public. On doit voir la main là-dessus. On a une responsabilité. Il y a un enjeu à avoir cette souveraineté numérique et le logiciel libre, l’open source, suivant la porte d’entrée qu’on va choisir, est clairement un moyen au service de cette souveraineté.

Frédéric Couchet : D’accord. J’ai une deuxième question. J’ai l’impression que dans vos deux cas le projet est soutenu politiquement et, à la fois aussi, techniquement. C’est-à-dire que c’est une rencontre entre un projet politique et une DSI, direction des systèmes d’information, ce qui n’est pas forcément toujours le cas : des fois ça peut être une volonté politique qui n’est pas suivie par la partie technique et des fois ce sont plutôt des gens de la technique qui voudraient faire du logiciel libre et que le politique ne suit pas. Si je comprends bien dans vos propos, en tout cas Laurence notamment – alors Grenoble c’est plus récent, c’est 2014 si je me souviens bien, c’est la nouvelle mandature municipale – il y avait un projet politique, qui est piloté au niveau politique avec l’aide de la direction informatique ou en tout cas des services informatiques ; c’est un mix des deux en fait ?

Laurence Comparat : On a même renforcé l’équipe informatique avec des compétences en logiciel libre, parce qu’effectivement c’était aussi une nouveauté dans la commande politique, donc il a fallu renforcer la compétence des équipes. On a recruté un technicien spécialisé pour nous aider en particulier sur l’informatique dans les écoles, nos agents se sont formés. On a recruté une cheffe de projet pour la bascule vers la suite bureautique LibreOffice, qui permet d’avoir un traitement de texte, un tableur, un gestionnaire de diaporama, enfin des outils assez classiques qu’on utilise un peu tous et toutes au quotidien quand on fait de l’informatique. Il y a des outils libres, notamment LibreOffice qui est le plus connu d’entre eux, et on est en train d’accompagner nos agentes et nos agents sur ce nouvel outil, donc on a recruté spécifiquement une personne pour ça.

Frédéric Couchet : D’accord. On va en parler juste après.
Pierre, le projet Lutece dont on va parler aussi, qu’on va présenter évidemment, mais je reviens sur l’historique. Tu parlais des années 2000, à l’époque le maire de Paris c’était Bertrand Delanoë, aujourd’hui la maire de Paris c’est Anne Hidalgo, j’ai l’impression que ce soutien politique ou plutôt c’est une question il existe toujours voire il s’est même renforcé ? Est-ce qu’il y a encore ce soutien important finalement près de 18 ou 19 ans, presque 20 ans plus tard en fait ?

Pierre Levy : Oui, tout à fait. Il a pris différentes formes par exemple lors de la deuxième mandature de Delanoë on a eu Jean-Louis Missika qui a créé l’Open World qui est Forum devenu aujourd’hui le Paris Open Source Summit ; la ville de Paris est toujours très active dans le sponsoring de cet évènement. Avec la mandature de Anne Hidalgo on a eu la chance d’avoir comme élu Emmanuel Grégoire qui est vraiment très au fait de ces sujets et qui porte beaucoup le sujet. D’ailleurs il avait fait un discours aux 20 ans de l’April, donc c’est quelqu’un qui nous a donné la chance, qui a fait adhérer la ville de Paris à l’April d’ailleurs, ainsi qu’à OW2 qui est une fondation européenne de logiciels open source et dans laquelle Lutece a pris toute sa part.
Donc on a effectivement la chance d’avoir un très bon support politique sur ce sujet-là. J’irais même plus loin, c’est-à-dire que le support doit être à tous les niveaux de la chaîne. C’est-à-dire qu’il doit être à la fois au niveau politique, au niveau du secrétariat général, au niveau de la direction et au niveau des équipes techniques. Je dirais qu’il y a presque quatre maillons et je dois dire qu’aujourd’hui on a la chance, depuis deux-trois ans, d’avoir un petit peu tous ces maillons qui sont alignés et qui nous permettent de bien développer les services numériques de la ville.

Frédéric Couchet : Comme on dit les planètes sont alignées ! J’en profite pour préciser que Grenoble est aussi membre de l’April, d’ailleurs depuis la même période à peu près, depuis 2015 de mémoire, ce qui me fait penser que tout à l’heure j’aurai peut-être une petite question justement sur l’implication et l’investissement des collectivités dans des structures telles que l’April ou, comme tu l’as dit, des groupes de développement comme OW2 ou même l’ADULLACT ; au-delà simplement des actions en local c’est important cette participation dans l’environnent du logiciel libre.
Laurence, est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur cette partie introduction avant qu’on passe un petit peu aux exemples concrets ? Qu’on parle notamment, je vais indiquer les sujets éventuellement pour les personnes qui nous écoutent : on va évoquer la migration de LibreOffice à Grenoble, la partie école aussi à Grenoble et évidemment on va aussi rentrer dans le détail de Lutece à Paris. Mais sur cette première partie, est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose ? Laurence ?

Laurence Comparat : Simplement dire que la ville de Grenoble a rejoint récemment la coalition des villes pour les droits numériques, Cities Coalition for Digital Rights, c’est une grande ???, qui est un regroupement de villes à l’international – on y retrouve Amsterdam, Barcelone, New-York – et qui souhaitent réfléchir, justement, aux responsabilités qu’ont les villes dans ce monde numérique avec l’enjeu que les droits humains soient respectés dans le monde numérique comme ils devraient l’être également dans le monde réel avec tous les guillemets de rigueur ; le numérique est tout ce qu’il y a de plus réel. C’est aussi cette même idée de philosophie où le numérique est dans nos vies et les valeurs qu’on porte d’une manière générale on doit les porter aussi dans le numérique.

Frédéric Couchet : Merci pour cette précision. Pierre est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur cette partie introductive ?

Pierre Levy : Non.

Frédéric Couchet : Non ! OK ! Très bien, on va passer à la suite. Laurence Comparat a cité, a parlé de LibreOffice, donc la migration vers LibreOffice au niveau de la ville de Grenoble. Elle a parlé aussi des écoles. Pierre a parlé de Lutece. On va commencer un petit peu à détailler ces projets en termes de retours d’expérience aussi pour encourager d’autres collectivités. Je rappelle que l’an prochain, en 2020, il y a les élections municipales, je parle aux gens du logiciel libre et autres, c’est aussi l’occasion d’encourager des listes candidates à mettre dans leur programme le logiciel libre comme c’était le cas dans la ville de Grenoble dans la liste de laquelle faisait Laurence Comparat ; c’est aussi leur donner des idées d’action, parce qu’il y a des actions qui sont ou moins plus simples et d’autres qui peuvent prendre plus de temps.
On va peut-être commencer par LibreOffice parce que c’est un logiciel que sans doute beaucoup de gens utilisent sans savoir forcément que c’est un logiciel libre. Laurence Comparat, la ville de Grenoble a décidé, si j’ai bien suivi, la migration des postes de travail des personnes qui travaillent dans la collectivité à LibreOffice, donc la suite bureautique libre.

Laurence Comparat : Tout à fait. C’est un projet qui a démarré il y a à peu près un an maintenant. On s’est donné trois ans pour le mener au bout. Ce sont des projets de longue haleine, évidemment c’est proportionnel à la taille de la collectivité. Ça concerne la ville de Grenoble et son centre communal d’action sociale. Il y a à peu près 3500 agents et agentes dans ces deux collectivités. Tout le monde ne travaille pas au quotidien sur un ordinateur. Les agents de la propreté urbaine, des espaces verts, de la cantine, etc., ne sont pas derrière un bureau comme d’autres agents des marchés publics ou de l’accueil de l’état-civil, ça ne concerne pas forcément toutes ces personnes au quotidien mais ça fait quand même beaucoup de monde. Donc c’est un projet politique. Une fois qu’on a posé une volonté politique, l’intendance suivra comme on dit, eh bien non ! Il faut donner à l’intendance les moyens de suivre. Il faut effectivement que la direction générale, comme c’est le cas à Paris, appuie la démarche et puis, je l’ai dit, nous avons recruté une cheffe de projet qui accompagne les services dans ce changement.
L’objectif c’est, d’une part, de s’assurer que cette bascule est possible, c’est-à-dire que les gens vont pouvoir continuer à travailler en changeant d’outil. Est-ce que leur logiciel de comptabilité va marcher avec ? Est-ce que le logiciel RH va marcher avec ? Est-ce que les modèles de documents qu’ils s’étaient faits vont marcher avec ? On a cette responsabilité que l’institution continue à fonctionner ; on rend du service public derrière, donc il faut que ça suive. Et puis c’est aussi l’opportunité, je dirais aussi et surtout, l’opportunité de transformer l’institution. L’idée ce n’est pas je prends ce que je faisais avec ma suite bureautique dont je tairais le nom et paf ! je transforme ça sous du LibreOffice et je continue tout pareil qu’avant. Non ! J’en profite pour réinterroger mon organisation : les modèles de documents que j’utilise est-ce qu’ils sont toujours à jour ? Je vais en profiter pour les transformer en écriture inclusive. Je vais peut-être me rendre compte qu’il y a des gens qui galèrent un petit peu au quotidien, ils ont des bouts de tableur dans un coin, des bouts de fichier dans un autre, ils ont du mal à partager tout ça entre les personnes qui doivent travailler dessus. Quand je dis qu’ils bricolent ce n’est pas du tout une critique, ils arrivent à travailler, mais on va se rendre compte que leurs conditions ne sont peut-être pas optimales et que ce n’est peut-être pas mettre à jour la suite bureautique qu’il faut faire, mais se poser la question de leur fournir un logiciel métier pour leur faciliter la vie.
Donc c’est vraiment un projet de transformation, donc ça nécessite beaucoup d’accompagnement et beaucoup de temps de travail à comprendre le métier des services, ce qu’ils font au quotidien, où est-ce que ça coince, où est-ce que ça marche super bien et il ne faut surtout pas y toucher, etc.
Ce n’est pas du tout un projet technique. Il y a une dimension technique évidemment, mais c’est un projet organisationnel.

Frédéric Couchet : C’est très intéressant parce que c’est un point essentiel. Souvent, quand on parle de migration, on pense que c’est une migration technique alors qu’en fait l’essentiel, comme tu le dis, c’est l’organisationnel. Je précise, quand tu parles de la cheffe de projet LibreOffice, que le 18 juin 2019 on fait une émission justement sur LibreOffice et on va la convier à intervenir pour faire un petit point.

Laurence Comparat : Excellente idée !

Frédéric Couchet : Avec d’autres personnes de l’association qui s’appelle La Mouette qui fait la promotion et le développement de LibreOffice en France, donc le 18 juin.
Ce qui est intéressant là-dedans c’est que c’est un projet un global. Quand tu dis effectivement qu’en plus il y a une réflexion sur les documents qui existent, sur les procédures, etc., c’est un projet global avec, en plus, un investissement parce qu’il y une cheffe de projet qui a été embauchée. Déjà c’est un premier conseil, en tout cas quelque chose qui est essentiel pour les collectivités ou même les structures type entreprise qui voudraient vers un outil tel que LibreOffice, c’est qu’il ne faut pas oublier l’humain et d’ailleurs que c’est peut-être l’humain qui est le plus important là-dedans, sans aucun doute, au-delà du logiciel.

Laurence Comparat : Tout à fait. La formation des agentes et des agents est fondamentale.

Frédéric Couchet : Est-de qu’il y a eu des résistances, justement, de la part du personnel ? Parce que souvent il y a quelques outils dans l’informatique que les gens n’aiment pas forcément trop changer qui est l’outil bureautique parce que c’est un outil de production très important. Est-ce qu’il y a eu une résistance ou est-ce que ça été, finalement, vu comme quelque chose de très positif ?

Laurence Comparat : On en est vraiment dans cette phase où notre cheffe de projet fait la tournée des popotes, prend beaucoup de temps à être à l’écoute des services, à tester les documents, les modèles de documents qu’elle va mettre à leur disposition, comprendre où ça coince, pourquoi, quel est leur objectif métier, etc. Donc il y a vraiment beaucoup d’énergie qui est mise autour de ça et avec, ce que je disais, on repère des pistes d’amélioration. Donc ça lève énormément d’inquiétude, ça rassure beaucoup. Ça améliore et surtout ça ne dégrade pas, je dirais que c’est sur la cerise sur le gâteau, mais on a besoin de gâteau. Sur les conseils d’ailleurs de Stéphanie, notre cheffe de projet, on a mis le temps nécessaire sur cette phase d’analyse, d’audit, de tests, d’accompagnement, de présence et ça paye vraiment. C’est-à-dire que, pour l’instant, c’est quelque chose qui se passe bien. Ce n’est pas simple, ce n’est jamais simple quand on arrive, on va voir les gens et on leur dit « on va bousculer votre travail au quotidien » ; on a tous et toutes nos habitudes, on n’aime pas forcément être bousculé, mais ça offre une perspective d’amélioration, de fluidité. Expliquer aussi pourquoi, évoquer l’élu qui a dit « c’est vers là qu’il faut aller. » On peut dire elle est gentille mais ce n’est pas elle qui fait le boulot, ce qui est tout à fait vrai. Donc prendre le temps de bien regarder le quotidien, le boulot quotidien, et se donner les moyens que ça va suivre, ça c’est vraiment fondamental. Là on est vraiment dans cette phase et pour l’instant, le fait de prendre ce temps-là fait que ça se passe bien.

Frédéric Couchet : C’est un point essentiel parce que, finalement, vous partez des besoins des personnes et l’outil, même s’il a été choisi pour les raisons qu’on a pu évoquer, l’essentiel c’est de partir des besoins des personnes, d’adapter de prendre son temps. On note qu’une migration ça ne passe pas du jour au lendemain, on n’installe pas LibreOffice à la place de Microsoft Office, il y a un temps d’évaluation dont tu parles et qui est assez important.

Laurence Comparat : Et qui va être payant parce qu’on investit aussi sur la durée quand on améliore les processus, quand on fluidifie les choses, etc., on n’est pas juste en train de changer d’outil. On interroge l’institution et on améliore l’institution donc le service public au final.

Frédéric Couchet : Est-ce que pour l’instant il y a eu, on va dire, des personnes test qui ont déjà utilisé LibreOffice ou est-ce que vous êtes encore dans la phase d’accompagnement, d’évaluation des besoins ?

Laurence Comparat : On est encore dans la phase d’audit. On va passer à la phase de formation. Il y a un moment où on va dire « tel service ça y est, on vous a vu, tous vos documents sont prêts, on a bien calé. On va vous supprimer votre ancien outil et on va basculer sur le nouveau, donc on vous forme. On ne va pas non plus vous lâcher sans parachute ! » Il faut retrouver ses marques : comment je fais pour imprimer, comment je fais pour faire ceci, cela. Ce temps de formation est aussi prévu.

Frédéric Couchet : D’accord. On va passer à un sujet assez différent, on va revenir un peu sur Paris, on reviendra sur LibreOffice notamment dans la partie sur les difficultés potentielles et notamment, tu en as déjà un petit peu parlé, l’adhérence aux outils métier propriétaires, c’est un problème historique dans les outils de bureautique et dans les cas de migration.
On va parler un petit côté Paris, c’est un sujet totalement différent parce qu’on va parler de Lutece. Le défi pour Pierre Lévy va être d’expliquer simplement ce qu’est Lutece. Est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots ce qu’est Lutece, cette plateforme Lutece ?

Pierre Levy : D’accord. Au début je vous ai raconté un petit peu le début de Lutèce. C’était une plateforme, un CMS, un outil de gestion de contenu, on peut le rapprocher un petit peu des outils tels que Drupal ou WordPress et puis, au fil des années, c’est devenu un framework, un cadre de développement pour nos applications métier et pour nos services numériques.
Aujourd’hui il y a des outils qui permettent de générer du code, il y a tout un outillage autour qui permet de réaliser assez rapidement des applications. À titre d’exemple, quand Anne Hidalgo est arrivée à la tête de la mairie elle a voulu mettre en place très rapidement un budget participatif et l’outil a dû être développé en deux mois pour ouvrir en septembre. La plate-forme nous a permis de développer très rapidement ce service.
Aujourd’hui c’est un outil, une plateforme qui nous permet de développer un petit peu n’importe quel type d’application web de manière, je dirais, sécurisée et rapide.

Frédéric Couchet : Pour prendre un exemple, paris.fr, le site paris.fr c’est Lutece ou pas ?

Pierre Levy : Le site paris.fr, non ce n’est pas Lutece.

Frédéric Couchet : Ce n’est pas Lutèce.

Laurence Comparat : Raté !

Pierre Levy : Raté ! Non !

Frédéric Couchet : Je n’habite pas Paris, j’habite Saint-Denis.

Pierre Levy : Le site éditorial, en fait, est réalisé par la direction de la com’, ce n’est pas Lutece. Par contre l’ensemble des services numériques qui sont sur paris.fr, que ça soit les demandes d’actes d’état-civil, cartes citoyennes, enfin tous les services numériques sont en Lutece.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc je n’étais pas trop loin. Ce n’est pas la partie éditoriale, on va dire, c’est la partie services numériques donc le plus essentiel pour les habitants et les habitantes de Paris. Comme tu l’as dit tout à l’heure Lutece a commencé en 2000 ou 2001, la ville de Paris a été la première collectivité à libérer un outil interne sous licence libre.

Pierre Levy : Tout à fait c’est le Conseil de Paris, en septembre 2002, qui a voté le reversement en libre du code de Lutece.

Frédéric Couchet : Donc on peut noter que depuis Lutece poursuit son développement, grandit, quelque part, avec chaque nouveau service numérique de la ville qui est basé, finalement si je compris bien, sur Lutece et c’est un développement de nouveaux services à chaque fois.

Pierre Levy : Tout à fait. On a des services je dirais assez génériques. On a notamment un service de prise de rendez-vous que je conseille vraiment à toutes les collectivités parce qu’il apporte un service très intéressant. Il est utilisé, par exemple, pour les demandes d’urbanisme, pour les vaccinations, les demandes de rendez-vous avec les directrices de crèche ; il est utilisé à plein d’usages différents, il est vraiment très facile à réutiliser pour d’autres collectivités et on a aussi plein de services beaucoup plus spécifiques à Paris.

Frédéric Couchet : Tout à l’heure en introduction on parlait de mutualisation à un moment, je crois bien, et aussi de réutilisation, c’est un mot très fort dans le domaine du logiciel libre, ça veut dire que d’autres collectivités utilisent Lutece pour leurs propres services numériques ?

Pierre Levy : L’idée, quand le Conseil de Paris a voté cette libération, c’est que ce logiciel puisse servir à un maximum d’autres collectivités. D’ailleurs Grenoble a été utilisateur de Lutece de 2002 à 2005. L’idée c’est de partager pour pouvoir bénéficier de contributions externes, pour que les coûts de développement soient aussi partagés entre toutes les entités. Aujourd’hui on commence à travailler de manière très productive avec la ville de Lyon notamment, on travaille sur des projets communs. Ils utilisent des modules que nous avons développés et nous on est en passe d’utiliser des modèles qu’eux ont développé. L’idée du partage est de vraiment pouvoir récupérer des contributions, que ça soit de l’utilisation, des retours d’utilisation, des tests ou carrément des modules, du code. Ça c’est vraiment l’idée qu’il y a derrière. Aujourd’hui force est de constater que c’est relativement difficile de construire cette dynamique de partage et de mutualisation pour un certain nombre de raisons que je pourrais développer.

Frédéric Couchet : On abordera ce problème de mutualisation après la pause musicale parce que c’est effectivement important. Je voulais demander à Laurence Comparat, est-ce que, au niveau de la ville de Grenoble – c’est beaucoup plus récent parce que, je le répète, l’équipe municipale n’est là que depuis 2014 à Grenoble – est-ce qu’il y a déjà des projets de libération d’outils internes utilisés par la ville de Grenoble ? Est-ce qu’il y a des projets de libération de tels outils ?

Laurence Comparat : On n’en est pas vraiment à développer nos outils. Par contre on a déjà rendu à la communauté PrimTux. PrimTux est un outil conçu spécialement pour les écoles qui est basé sur Linux, donc un système d’exploitation – c’est l’équivalent de Windows, c’est l’équivalent de Mac OS mais c’est en Libre – avec une configuration dédiée à l’utilisation des élèves, du CP au CM2, qui a été conçu par des informaticiens et des enseignants et enseignantes du primaire. On l’a installé dans nos écoles avec un environnement intégralement libre. Dans nos écoles on a aussi des serveurs qui gèrent les accès des élèves et des enseignants au poste, qui filtrent le contenu internet puisqu’on a la responsabilité de ne pas exposer un public mineur à tout et n’importe quoi. De base, PrimTux ne permettait pas de travailler avec nos serveurs, donc on a travaillé avec une entreprise locale, ce qui je disais tout à l’heure, on fait appel aux compétences du territoire, pour faire le développement qui permet à PrimTux de dialoguer avec les serveurs EOLE qui sont aussi une solution libre. Ce développement-là on l’a reversé à la communauté et il est maintenant disponible, de base, avec PrimTux. On sait qu’il y a déjà au moins une commune qui l’a déployé pour ses écoles, dont j’ai mangé le nom à ma grande honte.

Frédéric Couchet : On va essayer de le retrouver. On va revenir sur le sujet, on va poursuivre le sujet école et aussi mutualisation après une petite pause musicale qui va nous servir de respiration. Nous allons écouter Nakturnal par Kellee Maize et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Nakturnal par Kellee Maize.

Voix off : Cause Commune 93.1

48’ 48 en cours MO

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Nakturnal par Kellee Maize. C’est en licence libre les références sont sur le site de l’April, april.org
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous !, sur radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm et même en Île-de-France vous pouvez écouter sur causecommune en fait.

Nous allons poursuivre la discussion




Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter Sur la terre par Sucrepop et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Sur la terre par Sucrepop.

Voix off : Cause Commune 93.1.

1 h 15’ 00 Chronique «Jouons collectif » - Podcast - 9 min

Frédéric Couchet : Sur la terre par Sucrepop, en licence libre, les références sont sur le site de l’April. Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Avant la pause musicale j’avais posé deux questions

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant avec la chronique de Vincent Calame, bénévole à l’April, et qui m’a dit une phrase que l’on entend très souvent « dis, tu ne connaîtrais pas un logiciel libre », phrase que nous entendons effectivement tous très souvent et que tu as entendu encore récemment et donc ça t'a donné l'idée de cette chronique du jour Vincent.

Vincent Calame : Oui tout à fait. Bonjour, alors c'est sûr que c'est une question qui est très agréable à entendre. Alors je dois expliquer dans quel contexte je l'ai entendu, donc je travaille principalement pour la FPH, la Fondation Charles Léopod Mayer pour le Progrès de l'Homme qui possède un bâtiment au 38, rue Saint Sabin alors c'est une adresse qui est connue des libristes puisque nous y accueillons tous les jeudis soir les soirées de contribution au libre de Parinux et puis également des événements de l'APRIL. Ce bâtiment héberge une dizaine de structures et chacune de ses structures est un peut libre de sa politique informatique. Évidemment pour la structure pour laquelle je travaille, la FPH, là on a basculé depuis belle lurette vers le logiciel libre mais sinon nous n'imposons rien aux personnes hébergées.

Frédéric Couchet : Donc pas de prosélytisme en particulier en faveur du logiciel libre.

Vincent Calame : Alors très peut par ce que je me suis par le passé un peu cassé les dents quand j'avais une démarche trop volontariste, je préfère en fait précher par l'exemple. Ca ne m'empêche pas de rappeler toujours que Apple et Microsoft sont les deux premières capitalisations mondiale, sachant que souvent ces structures travaillent dans ces questions d'alternatives aux multinationales donc c'est toujours bien de rappeler ces faits là quand on utilise ce type d'ordinateurs. Également quand quelqu'un vient avec un mac qu'il n'arrive pas à le brancher au vidéoprojecteur j'en fais des gorges chaudes. Mais sinon, moi ce que je constate c'est que l'action de sensibilisation a été faite et les structures n'ignorent pas et personne n'ignore que le logiciel libre existe. Maintenant moi je considère que c'est un peut aux gens de faire la démarche et moi mon bureau est ouvert si on a des questions à me poser.

Frédéric Couchet :Alors ton bureau est ouvert d'où la question "dis Vincent tu ne connaîtrais pas un logiciel libre ?" alors de quel logiciel libre s'agit-il ?

Vincent Calame :Oui alors c'est le premier point intéressant c'est qu'on m'a posé récemment trois fois cette question et à chaque fois c'était sur le même sujet. C'était sur la question du partage de fichiers et notamment les alternatives aux solutions propriétaires que je vais citéer : Google Drive, Dropbox et ainsi de suite, avec à chaque fois des motivations d'ordre technique puisque les problèmes de capacité, par ce que c'est évidemment des solutions gratuites au départ mais quand on commence à beaucoup les utiliser on attein une saturation mais aussi et ce qui est encourrageant des questions éthiques sur la question du contrôle des données. Moi je vois vraiment à mon petit niveau qu'il y a eu tout le travail de sensibilisation que font de nombreux acteurs du libre porte leurs fruits sur ces questions là.

Frédéric Couchet :D'accord. On en parlera peut-être à la fin de la chronique. Et donc quelle a été ta réponse ?

Vincent Calame :Alors pour moi c'est de le deuxième point intéressant, je trouve que la réponse n'est pas simple. Il y a 10 ans quand on poser cette question la, la réponse était assez simple par ce que on allait notamment sur Framasoft qui été à l'époque principalement un catalogue de logiciels libres, on regardait quel était le besoin que la personne voulait répondre et on lui disait de télécharger et voilà ça s'installait plus ou moins facilement et je tour était joué. Le problème maintenant c'est que ce n'est pas seulement une alternative à un logiciel, c'est carément une alternative à un service. Alors j'explique la différence, dans notre cas de Google Drive et Dropbox, le logiciel libre qui permet d'avoir une alternative existe, c'est Nextcloud, simplement ça suffit pas seulement de l'installer sur son ordinateur, de le télécharger en un click et c'est terminé. Pour utiliser Nextcloud, il faut avoir son propre serveur, l'installer sur son propre serveur, ça c'est évidemment beaucoup plus compliqué pour des gens qui n'ont pas cette compétence technique que juste de l'installer sur son bureau.

Frédéric Couchet : Et l'installer sur son ordinateur est-ce que c'est la seule solution ou est-ce qu'il existe d'autres solutions ?

Vincent Calame : Alors donc là oui, il existe heureusement d'autres solutions et là moi c'est toute l'importance du ouvement des CHATONS qui a été beaucoup évoque à cette antenne et qui va sans aucun doute continuer à être évoqué souvent puisque beaucoup de structure n'ont pas ces moyens de mettre en place de tels services et là il est important qu'il y est des prestataires, des lieux, où ils peuvent disposer de ce type de services et d'ailleurs dans les trois cas où on m'a posé cette question, ce que j'ai fais, c'est que surtout j'ai présenté Nextcloud et ensuite j'ai accompagné les personnes sur le site des CHATONS pour essayer d'identifier des prestataires qui pouvaient répondre à leur besoin,de voir en terme de capacité ce qu'ils proposaient et ainsi de suite. Moi je trouve ça intéressant c'est que il y a 10 ans en fait on avait tout un message qu'on passait auprès des gens c'est "libre ne veut pas dire gratuit", par ce qu'au fond le principal argument il y au ne dizaine d'années c'était justement ce côté pas de licence à payer, on télécharge. Ca c'était vrai donc c'est toujours vrai dans le cas des logiciels qu'on installe sur son ordinateur. Quand on est dans la question des services, il y a des services en ligne qui sont partagé par plusieurs utilisateurs. Le problème maintenant c'est que la gratuité elle est du côté des services privateurs. C'est gratuité de Dropbox, gratuité de Google Drive, gratuité de Facebook et ainsi de suite donc on est face à ce problème là en fait on a plus cet argument de gratuité et au contraire maintenant je suis obligé de dire passer aux logiciels libre ça va vous demander un budget. C'est à dire que c'était gratuit avant, ça va vous demander un budget. Mais je pense que c'est aussi positif par ce que la confusion liberté gratuité effectivement posait problème, là c'est plutôt de dire ben voilà tout comme la démocratie a un coût ben la liberté aussi a un coût et je crois que c'est important de le rappeler et d'avoir cette démarche de dire que ça vaut la peine de faire l'investissement mais qu'il y aura des conséquences budgétaires indéniables ça je ne cache pas à chaque fois à mes interlocuteurs cette dimension des choses.

Frédéric Couchet :De toute façon il ne faut évidemment pas cacher la réalité des choses. En tout cas je te remercie. Tu as parlé des CHATONS donc on va rappeler que c'est le Collectif des Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires donc le site c'est chatons.org, chatons avec un s sur lequel vous allez trouver un certain nombre de structures qui proposent des services dont certains proposent des services de partage de fichiers. Je vais en profiter aussi pour faire un peut d'auto-pub pour le CHATONS de l'APRIL qui s'appelle Chapril donc chapril.org par ce que j'ai vu hier que sur les listes internes que le prochain service qui serai mis en ligne serait un service de partage de fichiers mais pas basé sans doute avec Nextcloud qui fait beaucoup d'autres choses que ça, sans doute avec un outil qui fait que ça, qui le fait bien donc voilà c'est la première chose et la deuxième chose c'est que sur le webchat de la radio donc sur le salon web on me signale qu'il existe d'autres solutions alors individuelles ou en tout cas pour les gens qui veulent l'installer alors c'est la brique Internet et Yunohost donc vu le peut de temps qu'il nous reste j'encourage les gens à regarder sur Internet des informations sur la brique Internet Yonohost mais on mettra des références aussi sur le site de l'April. Et bien écoute est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose Vincent ?

Vincent Calame :Là non. Effectivement je n'ai cité qu'un seul logiciel par ce que parfois le fait qu'il y ai une très grande diversité de choix est aussi une source de confusion pour les gens. Quand on te dit "tu ne connaitrais pas un logiciel libre ?" on répond "en fait j'en connais 10" on a un peut un effet aussi de trop d'abondance ce qui perturbe également. Les gens n'en connaissent qu'un seul donc c'est vrai que j'avais cité Nextcloud par ce que c'était il me semblait, en fait c'est celle que j'utilise par ailleur donc c'est pour ça que je l'ai cité mais c'est sur que l'avantage du logiciel libre c'est aussi cette diversité de choix.

Frédéric Couchet :Exactement. J'utilise aussi Nextcloud et très recemment une partie de ma famille est partie loin et pour échanger les photos on a utilisé les outils de partage de Nextcloud qui fonctionne très bien à la fois sur ordinateur on va dire de bureau mais aussi sur téléphone mobile ce qui est aujourd'hui essentiel pour les gens. Merci Vincent puis on se retrouve le mois prochain.

Vincent Calame :Bien-sûr Jingle basé sur Sometimes par Jahzzar.

1 h 25’ 15 Annonces - Podcast - 2 min

Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission, même très rapidement, je vais terminer par quelques annonces.