Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 25 juin 2019 »

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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Une hésitation</em>
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Une hésitation</em> par Les journées de création musicale Ziklibrenbib, cela veut dire en fait les musiques libres en bibliothèque et nous recevrons une personne de Ziklibrenbib le 9 juillet 2019. C’est en licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.<br/>
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Vous écoutez l’émission <em>Libre à vous!</em>, sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm.<br/>
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Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur la bureautique libre et plus particulièrement sur LibreOffice, The document Foundation, La Mouette, les formats ouverts. Les invités du jour Christophe Cazin, membre de la Mouette et du groupe MIMO. Il nous expliquera tout à l’heure ce qu’est le groupe MIMO. Bonjour Christophe.
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<b>Christophe Cazin : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Stéphanie Robert, membre également de La Mouette et cheffe de projet à Grenoble pour la migration vers LibreOffice. Bonjour Stéphanie.
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<b>Stéphanie Robert : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et Philippe Hemmel qui est également membre de La Mouette mais surtout, aujourd’hui, représentant de The Document Foundation. Bonjour Philippe.
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<b>Philippe Hemmel : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est une première émission sur bureautique libre qui est un sujet, en fait, beaucoup plus vaste que simplement LibreOffice, donc on va essayer d’aborder les principaux points et nous ferons sans doute d’autres émissions pour entrer plus en détail sur certains aspects ou certaines migrations, peut-être. Déjà un petit tour de table pour vous présenter rapidement, savoir qui vous êtes. On va commencer par Christophe Cazin.
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<b>Christophe Cazin : </b>Je suis le trésorier de La Mouette, association qui a été créée en 2009, et je suis aussi membre de travail MIMO, qui est une mission interministérielle pour une bureautique ouverte qui est normalement dédiée à la suite bureautique libre de l’État
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Stéphanie Robert
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<b>Stéphanie Robert : </b>Eh bien pour ma part je suis donc membre de La Mouette et de l’ALDIL.
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<b>Frédéric Couchet : </b>L’ALDIL c’est quoi ?
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<b>Stéphanie Robert : </b>L’ALDIL, groupe d’utilisateurs et de logiciels libres à Lyon. Dans le monde du Libre, suite à des études spécialisées dans les logiciels libres, donc depuis lors utilisatrice, puis en indépendante ou en salariée missionnée, j’accompagne des structures, entreprises, collectivités, dans la migration vers la bureautique libre ou PAO libre.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Philippe.
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<b>Philippe Hemmel : </b>J’ai fait partie de la communauté historique OpenOffice depuis 2002, puis LibreOffice. Aujourd’hui je suis effectivement membre de The Document Foundation et aussi fondateur de la société Arawa qui est une société de services spécialisée dans les outils de collaboration documentaire <em>open source</em> bien évidemment.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Voire libres.
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<b>Philippe Hemmel : </b>Voire libres. Oui.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je vais juste vous demander de bien parler proches du micro pour que les gens entendent bien. Premièrement on va d’abord essayer de présenter ce qu’est LibreOffice et peut-être un petit historique aussi parce que, en fait, l’historique est très ancien. Donc qui veut déjà présenter en quelques mots LibreOffice avant qu’on rentre plus dans les détails et rappeler l’historique ? Qui veut commencer ? Christophe Cazin.
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<b>Christophe Cazin : </b>Je vais commencer et si j’oublie des petites choses… À l’origine il y avait une autre suite bureautique, qui s’appelait StarOffice, qui était un produit allemand, qui était un produit commercial, édité par une société allemande.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je précise, quand tu dis commercial, c’est une suite privatrice, propriétaire ?
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<b>Christophe Cazin : </b>Oui. Propriétaire. Qu’il fallait acheter.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Dans les années ? Quelles années ?
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<b>Philippe Hemmel : </b>1996.
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<b>Christophe Cazin : </b>1996.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Fin des années 90, début des années 2000.
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<b>Christophe Cazin : </b>Oui. Et cette suite bureautique a été achetée par un géant américain qui n’existe plus, qui s’appelait Sun Microsystems. Sun Microsystems a racheté StarOffice et a libéré le code pour en faire un logiciel libre qui s’est appelé OpenOffice. De cette opération est née une communauté internationale puisque, effectivement, le code était libre et chacun pouvait se l’approprier et en plus le télécharger, l’installer librement sur tous les postes, donc ça a eu un gros succès, puisque c’était une suite. Il existait d’autres logiciels libres de bureautique mais pas aussi complets que ce produit. En fait beaucoup d’associations sont nées sur OpenOffice dont La Mouette pour faire la promotion de ce produit.<br/>
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Malheureusement, Sun Microsystems, géant américain, a été racheté par un autre encore plus gros, Oracle, qui, en fait, n’a pas souhaité prolonger OpenOffice. On savait un petit peu que ses intentions étaient un peu hostiles par rapport au logiciel libre. En fait, la communauté OpenOffice a travaillé pendant un an à récupérer tout le code sur tous les serveurs de Sun Microsystems et, entre guillemets, au moment où un an après Oracle lâchait OpenOffice, a lancé la communauté, a lancé LibreOffice et là, sous une forme différente puisqu’en fait ce n’était pas porté par une entité commerciale mais par une fondation de droit allemand qui, en fait, reste encore maintenant sous le terme LibreOffice. On n’a pas pu récupérer le nom, le copyright d’OpenOffice.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Oui. Oracle a refusé de « donner », entre guillemets, de libérer le droit au nom OpenOffice.
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<b>Christophe Cazin : </b>Tout à fait. Voilà. Curieusement OpenOffice existe toujours, est toujours disponible, mais plus pour des raisons techniques pour un certain nombre d’opérateurs, que pour des raisons d’intérêt global et général. Il s’est trouvé qu’au moment où Oracle voulait tout abandonner sur OpenOffice, IBM avait, en fait, beaucoup investi sur OpenOffice et donc le consensus a été de donner le <em>trade-mark</em> OpenOffice à une fondation américaine qui s’appelle Apache. Donc Apache a, entre guillemets, « pris en charge », hébergé OpenOffice, mais sans lui donner vraiment beaucoup de personnel, parce qu’en fait cette fondation c’est une auberge espagnole. Elle vous héberge.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Il y a de nombreux projets dans cette fondation.
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<b>Christophe Cazin : </b>Voilà. Donc elle est restée très longtemps dans un incubateur et, juste pour des raisons techniques effectivement, IBM a continué de piocher dans le code OpenOffice et de le maintenir, mais c’est de plus en plus à l’abandon et actuellement OpenOffice est entre guillemets « malade » puisqu’un certain nombre de correctifs techniques importants de sécurité ne sont pas appliqués et la communauté, enfin les gens qui restent un peu sur OpenOffice, n’ont plus les moyens de les appliquer et, de l’autre côté, LibreOffice récupère la totalité des utilisateurs. Mais effectivement, le nom OpenOffice reste et, dans le grand public, il y a encore des gens qui connaissent OpenOffice parce que c’est un produit qui a eu un essor important, une grosse communauté et c’est parfois difficile de leur expliquer qu’il vaut mieux passer sur LibreOffice. Que nous, association, on n’a pas d’intérêts particuliers à choisir l’une ou l’autre, mais on conseille à nos utilisateurs de passer sur LibreOffice puisque, effectivement, tout le code est maintenu, tous les gros opérateurs, éditeurs, qui participent à ce développement sont passés sur LibreOffice.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On va justement aborder cette notion d’inciter les gens qui contribuent. Philippe et Stéphanie, est-ce que vous voulez compléter ce petit historique sur, justement, LibreOffice et The document Foundation, parce que tu as parlé d’une fondation, c’est The Document Foundation qui a été créée en quelle année Philippe ?
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<b>Philippe Hemmel : </b>The Document Foundation en 2010, ça c’était un point que je voulais effectivement rajouter. Donc la création de LibreOffice en 2010 ; ça veut dire que c’est déjà un produit qui a neuf ans, qui a une belle solidité ; c’est un des points à soulever. The Document Foundation.
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<b>Frédéric Couchet : </b>En quelques mots déjà ?
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<b>Philippe Hemmel : </b>En quelques mots, The document Foundation est un organisme à but non lucratif dont l’objectif est la gouvernance du projet LibreOffice en particulier.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Stéphanie Robert, est-ce que tu veux compléter la partie historique ou c’est bon ?
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<b>Stéphanie Robert : </b>Elle me semble complète. Juste pour raccrocher les wagons avec La Mouette, l’idée de l’association La Mouette, à la base, c’était de prendre le relais de justement de ??? qui était l’entité morale, donc la communauté d’OpenOffice. Suite au fork OpenOffice/LibreOffice, c’est donc La Mouette qui est l’entité morale pour, excusez-moi, j’ai un problème de micro et du coup, j’ai perdu le fil, je vous prie de m’excuser.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu parlais de La Mouette, l’entité morale, donc en France.
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<b>Stéphanie Robert : </b>Oui. Totalement. Là où je voulais en venir c’est que du coup, suite au fork OpenOffice et LibreOffice, c’est La Mouette qui a repris le relais depuis lors ; l’association a été créée justement pour tenir ce rôle -là.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc petit historique qui montre déjà que c’est très ancien. Les plus anciens se souviennent sans doute effectivement de Star Division StarOffice, et ensuite ce qu’est devenu OpenOffice, le rachat de Sun Microsystems par Oracle. On peut dire qu’aujourd’hui qu’OpenOffice, effectivement, n’est plus, en gros, maintenu uo en tout cas n’évolue plus, même s’il est encore utilisé, comme le dit Christophe, par de nombreuses personnes et qu’une des actions à mener, à faire, c’est évidemment convaincre des gens-là de migrer vers LibreOffice.<br/>
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Je dirais que la deuxième question que j’ai envie de poser c’est pourquoi utiliser une suite bureautique libre ? On va supposer que les personnes qui nous écoutent, majoritairement, utilisent une autre suite bureautique, sans soute la suite Office de Microsoft ou une autre ; peut-être que certaines utilisent d’ailleurs OpenOffice ou LibreOffice et ne savent même pas que c’est une suite bureautique libre. Quelles sont déjà les raisons qui font qu’on doit utiliser une suite bureautique libre ? Philippe Hemmel.
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<b>Philippe Hemmel : </b>Déjà les avantages liés au logiciel libre d’une façon générale. Je ne vais pas développer l’aspect gratuit ; ce n’est pas gratuit. Il n’y a effectivement pas de coût d’acquisition, pas de coût de mise à jour, ça c’est quand même un point important. Il y a évidemment des coûts de migration, des coûts de support, des coûts de maintenance, c’est clair, comme tout autre logiciel libre. Ça c’est un point qui me paraît important.<br/>
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Un autre point important c’est l’aspect transparent. Donc la transparence et la confiance qui en découle. Point commun aussi aux logiciels libres.<br/>
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De cette transparence naît aussi le fait qu’on puisse suivre très efficacement les évolutions. On sait ce qui va se passer, on sait ce qui arrive, on sait quelles sont les nouvelles versions, ce qui va être incorporé dans ces versions.<br/>
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Et puis, un point fondamental, c’est également l’ouverture de ce logiciel, donc l’interopérabilité. Je pense qu’on reviendra sur le format de document ODF, mais LibreOffice c’est une garantie d’ouverture et d’interopérabilité.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On reviendra sur les formats et aussi sur le terme interopérabilité que les gens ne connaissent pas forcément, même si on l’a déjà employé, évidemment, dans cette émission. Stéphanie est-ce que tu veux compléter cette partie sur pourquoi utiliser… ? Toi d’ailleurs, en tant que professionnelle, quels arguments tu utilises quand tu dois convaincre des gens de migrer vers une suite bureautique libre et, en l’occurrence, LibreOffice.
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<b>Stéphanie Robert : </b>Pour rebondir sur ce que dit Philippe, en premier lieu, au-delà du coût, bien sûr, à savoir que ça réduit le coût des licences, un logiciel libre n’est pas pour autant gratuit. Ce qu’on dit souvent c’est qu’il est gratuit parce que quelqu’un l’a payé avant nous avant. Donc il est plus accessible, c’est un argument recevable. Il permet aussi une transparence, comme le dit Philippe, et puis une simplicité dans les montées de versions. C’est-à-dire que jusqu’à lors on a des contraintes commerciales qui nous poussent tous les dix ans ou un petit moins à changer de version, à faire une mise à jour. Donc ça a un impact financier, je l’ai dit. Ça peut avoir un impact aussi sur le parc : ça nécessite des fois de mettre à jour d’autres choses, des composants, du matériel.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Le parc, le parc informatique.
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<b>Stéphanie Robert : </b>Totalement. L’intérêt c’est que non seulement on est libre de choisir quand on monte de version. On peut vérifier si le logiciel fait toujours bien son travail, c’est l’intérêt du Libre, il est transparent, s’il continuera à le faire bien, donc c’est une certaine sécurité. Et puis c’est un modèle qui se veut plus durable, tout simplement et plus pérenne. L’autre avantage aussi c’est qu’à partir du moment où, on en reparlera après, mon logiciel génère des fichiers qui sont interprétables par d’autres logiciels, si un jour j’ai un problème avec mon éditeur, si un jour j’ai un problème avec mon logiciel, je change d’éditeur, je change de logiciel, mais je garde mes fichiers. Et ça, en termes de durabilité, de pérennité, ce n’est pas possible avec un modèle propriétaire à qui appartiennent et le logiciel et nos données.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça c’est un point important, d’ailleurs on va l’aborder un petit peu tout de suite. Christophe Cazin va peut-être pouvoir répondre. J’ai sous les yeux une intervention récente d’un sénateur, dans le cadre de la commission d’enquête du Sénat sur la souveraineté numérique, qui évoque le fait qu’il utilise LibreOffice, donc un logiciel libre, pour des raisons vraiment volontaires, mais qui se pose la question notamment sur la pérennité des données. Il dit notamment : « Est-ce qu’il y a une garantie de la pérennité de mes données, car l’association qui l’anime peut disparaître du jour au lendemain – ça va être l’occasion de préciser que ce n’est pas forcément qu’une association qui est derrière LibreOffice. Le deuxième questionnement c’est : « Et il ne m’apporte aucune garantie en matière de sécurité. »<br/>
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Justement sur la première question, la pérennité des données, Stéphanie Robert a commencé à parler du format de document, donc format ouvert, etc. Quelle est la réponse qu’on peut apporter à ce sénateur ? Christophe Cazin.
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<b>ChristopheCazin : </b>Effectivement, quand il se pose la question déjà de la pérennité du produit, il faut savoir que justement le fait d’être passé d’OpenOffice à LibreOffice a démontré qu’avec l’abandon du support de la grosse société américaine, on a pu récupérer le logiciel et le refaire tourner dans un autre contexte et lui redonner une nouvelle énergie. Ce qui n’est pas le cas quand des grosses sociétés abandonnent leurs propres logiciels et laissent tous leurs utilisateurs en plan. C’est arrivé avec de nombreux produits. On sait qu’Internet Explorer est abandonné ; on sait que, dans l’histoire des logiciels, il y a beaucoup de logiciels qui ont été abandonnés avec leurs droits et qu’ils sont irrécupérables.<br/>
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Là, justement, on a démontré qu’un logiciel d’une complexité intense, puisqu’il y a une dizaine de millions de lignes de code, peut-être plus, donc vraiment un gros logiciel, peut être récupéré même si, effectivement, il est abandonné par son éditeur principal, par le fait même qu’il soit <em>open source</em> et ça lui donne une pérennité infinie.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ce n’est pas une garantie à 100 %, mais c’est la seule possibilité, effectivement, de conserver et de faire évoluer ce logiciel parce qu’il est libre.
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<b>Christophe Cazin : </b>Disons qu’à partir du moment où le logiciel a un intérêt, il va vivre. Si un jour LibreOffice est abandonné, c’est parce qu’il y aura quelque chose de mieux qui va le remplacer. On ne laissera jamais des utilisateurs en plan parce qu’il y aura forcément une communauté qui va s’intéresser à eux et qui va pouvoir poursuivre ce travail, ce qui n’est pas possible avec un logiciel propriétaire.
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<b>Philippe Hemmel : </b>C’est le cercle vertueux du logiciel libre : plus il y a d’utilisateurs, plus il y de contributeurs qui sont intéressés pour satisfaire les utilisateurs, plus il y a de sociétés qui s’intéressent aussi à ça, qui proposent une offre de services, donc plus il y a d’utilisateurs et on boucle.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc plus il y a d’intérêts convergents qui permettent de faire évoluer le logiciel et de le maintenir.<br/>
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Ça c’est sur la partie logiciel libre et sur la partie des données, parce que ce sont deux choses différentes. Il faut aussi essayer de faire comprendre aux gens que ce sont deux choses différentes. C’est quoi un format de données d’ailleurs ? Est-ce que quelqu’un peut essayer de faire comprendre aux personnes qui nous écoutent ce qu’est un format de données et ce qu’est un format ouvert ?
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<b>Christophe Cazin : </b>Un format de données, en informatique, c’est une suite de 1 et 0, mais qui est soit documentée soit qui n’est pas documentée. Si vous avez un format de données et que vous n’avez pas l’expression de à quoi servent ces 1 et ces 0, eh bien vous ne pouvez pas les utiliser. Si vous avez un format de données ouvert, documenté et libre d’accès, c’est-à-dire que vous pouvez entre guillemets « utiliser » ce format-là pour l’implémenter dans n’importe quel autre logiciel, vous pouvez construire un logiciel autour puisque vous avez la documentation. Vous avez le droit de le faire et ça vous permet de ne pas perdre vos donnés dans l’avenir. À partir du moment où vous aurez gardé une trace de cette documentation, eh bien vous pourrez toujours réimplémenter ces formats de données.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça c’est ce qu’on appelle un format ouvert. Le format ouvert de LibreOffice, enfin de LibreOffice, en tout cas l’un des formats ouverts que LibreOffice ouvre et sauvegarde, c’est ce que disait tout à l’heure Philippe Hemmel, c’est ODF, OpenDocument Format, donc format de document ouvert.
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<b>Philippe Hemmel : </b>Oui. Tout à fait.
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<b>Christophe Cazin : </b>Il y a une quinzaine d’années j’ai vu, par exemple, on avait un logiciel de GED propriétaire.
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<b>Frédéric Couchet : </b>GED, c’est quoi ?
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<b>Christophe Cazin : </b>De gestion électronique de documents, excusez-moi, propriétaire. L’éditeur a disparu et, en fait, a disparu avec la possibilité de traiter les documents qui étaient dedans. Donc les gens qui avaient choisi ce produit-là ont perdu les documents qui étaient dedans parce qu’ils ne pouvaient plus les sortir du logiciel. Donc ça on peut l’éviter, il faut l’éviter à tout prix et avec un format de document ouvert c’est ce qui garantit la plus grande pérennité dans l’avenir des documents qu’on met dedans, que ce soit des textes, des images, des photos et tout autre type de documents.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc pour répondre à ce sénateur, la réponse ce sont les formats ouverts et aussi la partie logiciel libre sur la partie sécurité. On lui transmettra évidement le podcast de cette émission. Tu veux compléter Christophe.
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<b>Christophe Cazin : </b>On ira plus loin même j’ai pris contact en fait avec la DSI du Parti communiste qui pourra peut-être nous proposer un entretien. C’est le rôle de La Mouette.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je précise qu’en fait la question de ce sénateur est peut-être une question à laquelle il connaissait déjà la répondre car c’était dans le cadre d’une audition. En fait il interrogeait Henri Verdier, ancien DSI de l’État, directeur informatique de l’État. On peut supposer, connaissant en plus un peu ce sénateur, qu’il connaissait un petit peu la réponse, mais c’était une façon d’amener ces sujets sur la table.<br/>
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Stéphanie est-ce que tu veux compléter cette partie sur la partie formats ouverts, OpenDocument Format ?
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<b>Stéphanie Robert : </b>Pour le mettre en lien, ce qui peut être apprécié avec l’outil de bureautique c’est que bien souvent il est lié à d’autres applicatifs. L’intérêt d’un format standard c’est cela, c’est-à-dire que si les applicatifs sont ouverts à l’ODF on a vraiment la possibilité de coupler notre outil de bureautique et tous les autres applicatifs avec des restitutions des formats de fichiers impeccables et puis des gestions de style, par exemple, et de mises en forme qui sont déjà intégrées, interprétées par les applicatifs, donc ce qui boucle la boucle. Un format standard est accessible et ergonomique.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je vais préciser tout de suite, même si on abordera sans doute le sujet dans le cours de l’émission, concernant les institutions, les administrations, il y a un Référentiel Général d’Interopérabilité qui existe depuis de très nombreuses années et qui a vécu de nombreuses versions. Il faut préciser que la dernière version, qui est de 2016, met le format ODF, on va l’appeler l’ODF pour parler plus simplement, comme version recommandée à utiliser dans les administrations et que le format de Microsoft donc OOXML pour Office Open XML est mis en observation.
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<b>Christophe Cazin : </b>En observation.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et le document explicite clairement des manques dans ce format de Microsoft, donc recommande l’utilisation du format ODF pour les administrations. C’est le RGI, la dernière version de 2016.<br/>
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On va poursuivre maintenant pour expliquer un peu les fonctionnalités. Tu voulais compéter Philippe.
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<b>Philippe Hemmel : </b>Oui, je voulais compléter deux choses sur le format. Effectivement, ce qu’il y a à noter aussi c’est que c’est géré par un consortium indépendant l’OASIS [<em>Organization for the Advancement of Structured Information Standards</em>], que c’est un format normalisé. Donc premier point positif c’est l’indépendance vis-à-vis de tout éditeur ; c’est vrai que c’est un point à noter. Et puis un petit aspect important aussi c’est la simplicité de ce format-là justement comparé à Open XLM de Microsoft Office. Il n’y a qu’à compter le nombre de pages des spécifications, ça n’a rien à voir !
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<b>Christophe Cazin : </b>C’est rapport 10.
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<b>Philippe Hemmel : </b>Oui, rapport 10, tout à fait. Ça c’est un point important quand on veut le mettre en œuvre, c’est beaucoup plus simple à mettre en œuvre que le format concurrent, on va dire.
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<b>Frédéric Couchet : </b>À ce sujet-là je vais juste lire un extrait du Référentiel Général d’Interopérabilité concernant le format de Microsoft et pourquoi il est au statut d’observation. Les raisons c’est « sa complexité, son manque d’ouverture, notamment dans la gouvernance de la norme, et le strict respect tardif de la norme par Microsoft-même n’ont pas permis de réviser son statut », donc il est laissé en observation. Donc on explique très clairement que contrairement au format ODF, comme tu viens de l’expliquer, ce format de Microsoft est problématique à la fois par son contenu très compliqué et aussi, tout simplement, par sa gouvernance et même Microsoft, évidemment – je dirais que c’est un peu traditionnel avec Microsoft – ne respectait même pas son propre format, de façon assez volontaire, pour éviter, évidemment, d’avoir des concurrents.<br/>
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On a parlé pas mal de format, un petit peu avant ce qu’on avait prévu de le faire mais ce n’est pas très grave. On va revenir un petit peu sur LibreOffice et ça va nous permettre un peu de répondre indirectement au quiz de tout à l’heure sur les fonctionnalités de LibreOffice et des modules. Parce que des suites bureautiques libres, enfin des outils bureautiques libres on en a connu certains, une des caractéristiques de LibreOffice, d’un point de vue technique, ce sont ses fonctionnalités. Ça fait beaucoup de choses LibreOffice. Est-ce que « succinctement », entre guillemets, on peut passer en revue les principales fonctionnalités de LibreOffice ? Stéphanie.
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<b>Stéphanie Robert : </b>Eh bien oui, c’est un produit complet puisqu’on va retrouver du traitement de texte, du tableur, du diaporama, du dessin vectoriel, un logiciel de bases, mathématiques et je me demande s’il n’en manque pas un. Vous en voyez un autre ?
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<b>Christophe Cazin : </b>Non.
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<b>Philippe Hemmel : </b>Non.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc tu en as cité combien ?
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<b>Stéphanie Robert : </b>Six. Il y en a six
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<b>Frédéric Couchet : </b>Six. En fait oui il y en a six. Donc la réponse au quiz de tout à l’heure c’est qu’il y en a six modules ou en tout cas six grosses fonctionnalités dans LibreOffice.
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<b>Stéphanie Robert : </b>Et puis le tout avec des fonctionnalités répondant aux usages classiques, courants et avancés, puisque si on reste d’un point de vue pragmatique, un tableur reste un tableur, un traitement de texte reste un traitement de texte et ainsi de suite. Donc de Microsoft Office à LibreOffice on va retrouver les mêmes choses, voire mieux, des fois, parce que mieux interprétées, mieux gérées. Que dire d’autre ? Le point fort, je dirais, ce serait la gestion des styles de mise en forme, je ne sais pas si tout le monde connaît.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Explique ça parce que c’est un point essentiel dans la bureautique que, je pense, pas grand monde n’utilise ou ne maîtrise.
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<b>Stéphanie Robert : </b>C’est vrai que ça fait partie des choses qui sont méconnues mais qui sont fondamentales dans le traitement de texte. Le nerf de la guerre de la bureautique c’est la gestion des styles. Typiquement, si je dois faire une analogie, qu’est-ce qui fait qu’un site internet est restitué identiquement quel que soit notre ordinateur, notre smartphone, notre tablette, quel que soit, c’est qu’il y a des standards et tout est régi par des titre 1, titre 2, du corps de texte. Eh bien c’est pareil en bureautique. LibreOffice est très carré, on a des outils pour automatiser la mise en page avec des paragraphes, des titre 1, des « titres principaux, des styles de page, qui nous permettent d’appliquer aux paragraphes différents styles mise en forme de façon automatique. Je ne fais qu’une fois ma mise en forme et je la répète dans mon document. Ça c’est intéressant pour les particuliers, c’est intéressant pour les collectivités qui ont bien souvent une image avec des logos, une charte graphique, donc ça fait partie des points forts de LibreOffice. Il y a aussi des versions applicatives de LibreOffice pour la lecture d’ODF sur les tablettes et smartphones en lecture pour l’instant et en bêta pour l’édition. Et il y a une version en ligne de LibreOffice, dont on parlera sûrement tout à l’heure, qui est un des points des forts aussi de cette suite-là. Donc c’est un produit en évolution constante, performant, et qui répond, je pense, à des usages personnels et professionnels, totalement.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je vais essayer de compléter Christophe et Philippe. Mais juste pour préciser que sur le salon web on nous a signalé notamment le module, je ne sais pas si c’est un module, mais extérieur, qui est Grammalecte pour la correction grammaticale. C’est aussi une des forces du logiciel libre d’avoir des modules complémentaires qui viennent du monde du logiciel libre et qui permettent de former un tout encore meilleur.<br/>
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Donc sur cette partie fonctionnalités à la fois pour le grand public mais aussi pour les professionnels, Christophe.
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<b>Christophe Cazin : </b>Je voulais que La Mouette est un sponsor de Grammalecte puisque, si vous installez Grammalecte, vous faites « À propos » sur Grammalecte, vous verrez La Mouette qui sort en sponsor principal du produit.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je ne savais pas. J’ai cité Grammalecte sans savoir ça.
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<b>Christophe Cazin : </b>Voilà. C’est vrai que c’est un produit de correction grammaticale et orthographique qui est vraiment top et qui est intégré, on en parlera tout à l’heure, dans la version MIMO.<br/>
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Autre chose qu’on n’a pas citée tout à l’heure dans les grands avantages du logiciel libre et en particulier sur LibreOffice, c’est qu’il existe une version pour tous les systèmes d’exploitation. Moi qui travaille sous Linux je suis heureux d’avoir une suite bureautique sous Linux alors que je ne peux pas installer la suite de Microsoft sur un poste Linux.
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<b>Frédéric Couchet : </b>En fait il en existe sur GNU/Linux, il en existe sur Mac OS, Windows, etc.
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<b>Christophe Cazin : </b>Tout à fait. Sur BSD, enfin il y en a plein, sur des processeurs ARM on peut faire tourner LibreOffice. Le fait que le code soit libre on peut l’intégrer sur tout type de processeur et tout type de système d’exploitation.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et ça me permet de préciser que ce n’est pas le seul outil grand public comme ça, il y a aussi d’autres outils comme VLC pour lire de la vidéo. Et ça permet à des gens qui veulent commencer d’utiliser LibreOffice sur leur plateforme, que ce soit Microsoft ou autre, et ensuite, quand elles vont migrer sur un système entièrement libre, que ce soit un GNU/Linux ou un BSD, elles vont retrouver le même outil, avec la même version, avec les mêmes fonctionnalités, globalement, qu’elles avaient sur l’autre plate-forme.<br/>
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Philippe tu veux compléter cette partie-là ?
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<b>Philippe Hemmel : </b>Oui, tout à fait. On a cité l’extension Grammalecte, mais ce n’est pas la seule. L’intérêt de cet environnement LibreOffice, c’est aussi qu’il y a un écosystème derrière avec des développeurs qui proposent d’autres extension. Je pense, Christophe tu en parleras peut-être tout à l’heure, mais dans le LibreOffice MIMO, typiquement, il y a pas mal d’extensions qui sont également intégrées. C’est un peu comme le système Firefox, c’est un des intérêts. On peut trouver un certain nombre d’extensions pour différents besoins. Donc c’est un point qui me paraît important.<br/>
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Un autre petit avantage qu’on cite souvent également, c’est l’export PDF de LibreOffice qui est excellent, quelle que soit sa version d’ailleurs, qui est intéressant, très utilisé. Moi je détecte tout de suite qu’un PDF est fait par LibreOffice parce qu’il est quand même mieux foutu, on va dire, que par un autre logiciel.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Très bien. J’allais essayer tendre un piège à la régie en disant qu’on allait faire une pause musicale, mais on va faire une musicale. Nous allons écouter <em>My Little Kingdom</em> par Golden Duck Orchestra.
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Pause musicale : <em>My Little Kingdom</em> par Golden Duck Orchestra.
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<b>Voix off : </b> Cause Commune 93.1
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==44’ 23==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>My Little Kingdom</em> par Golden Duck Orchestra. C’est sous licence Creative Commons Attribution. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.<br/>

Version du 2 juillet 2019 à 08:15


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 25 juin 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : Marie-Odile Morandi - Stéphanie Robert - Christophe Cazin - Philippe Hemmel - Vincent Calame - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 25 juin 2019

Durée : 37 min 50

[Écouter ou télécharger le podcast]

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Statut : Transcrit MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, et retrouvez-nous ainsi sur le salon dédié à l’émission.
Nous sommes mardi 25 juin 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être un podcast ou une rediffusion.
Soyez les bienvenus pour l’émission Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’association est april.org, vous y retrouverez une page consacrée à cette émission avec toutes les références utiles, les liens sur les pauses musicales et les moyens de nous contacter de manière à nous faire des retours à la fois sur l’émission et aussi sur les points, éventuellement, d’amélioration.
Je vous souhaite une excellente écoute.

Nous allons passer au programme du jour.
Nous commencerons dans quelques secondes par la chronique « Les transcriptions qui vous redonnent le goût de la lecture », de Marie-Odile Morandi.
D’ici dix-quinze minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur la bureautique libre et plus particulièrement LibreOffice .
En fin d’émission nous aurons la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame.
À la réalisation Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred.

Frédéric Couchet : On va vous proposer comme à chaque émission un petit quiz. Je vous donnerai les réponses en cours d’émission ou peut-être que ce seront les personnes invitées qui vous donneront les réponses.
Première question : lors de l’émission du 18 juin, donc la semaine dernière, a été évoqué un nouveau projet de Framasoft, un nouveau service libre dont l’objectif est de permettre aux internautes de se rassembler, de s’organiser, de se mobiliser en dehors des évènements de Facebook ou Meet-up. La question est : quel est le nom de ce projet et comment s’écrit-il ?
Deuxième question, combien de logiciels différents, de modules, existent-ils dans la suite LibreOffice ? Et je complète la question par : est-il possible de faire de l’écriture collaborative avec LibreOffice ? Je vois les personnes invitées qui comptent sur leurs doigts pour être sûres de donner la bonne réponse tout à l’heure.

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

2’ 19

Frédéric Couchet : Les choix, voire les coups de cœur de Marie-Odile Morandi, animatrice du groupe Transcriptions à l’April. Ces coups de cœur mettent en valeur deux ou trois transcriptions dont Marie-Odile conseille la lecture. C’est la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » donc de Marie-Odile Morandi. Bonjour Marie-Odile.

Marie-Odile Morandi : Bonjour à tous les auditeurs. Bonjour à tous.

Frédéric Couchet : Quel est le sujet dont tu souhaites nous parler dans cette chronique aujourd’hui ?

Marie-Odile Morandi : Un peu plus de un an après son entrée en vigueur, j’ai souhaité revenir sur le RGPD, le Règlement sur la protection des données.
Au printemps de l’année dernière, 2018, le sujet était d’actualité, car ce règlement, dont le texte était connu depuis avril 2016, était applicable avec risques de sanctions d’un montant colossal pour les entreprises à partir du 25 mai 2018. Notre groupe avait alors transcrit l’enregistrement de quatre émissions de radio sur ce sujet. Et cette année, dans sa chronique In code we trust de mai 2019, Noémie Bergez a, en quelque sorte, fêté le premier anniversaire de l’entrée en vigueur de ce règlement. Toutes les références sont sur le site de l’April et les auditeurs peuvent s’y reporter.
De nombreuses personnes s’expriment sur le sujet dans les émissions que nous avons transcrites, bien entendu des avocats experts, mais aussi l’ex-secrétaire d’État en charge du numérique Mounir Mahjoubi, une journaliste de la rédaction de UFC-Que Choisir, un membre de La Quadrature du Net ainsi que les participants à un Décryptualité.

Frédéric Couchet : Quel est l’objectif de ce règlement ?

Marie-Odile Morandi : Ce règlement a pour objectif de protéger les données personnelles, et plus précisément selon l’un des avocats qui intervient, les données à caractère personnel. Il rappelle que dans la loi française de janvier 1978 – loi informatique, fichiers et libertés – on parlait de données nominatives puisque liées au nom. Avec les évolutions des textes on est passé aux données à caractère personnel. Ce sont toutes les données qui sont liées à une personne et qui permettent, directement ou indirectement, son identification : nom, prénom, pseudonyme, adresse mail, adresse IP (les quatre nombres qui permettent l’identification de la carte réseau d’un ordinateur sur Internet), tablette, photographie, plaques minéralogiques de sa voiture. C’est donc extrêmement large.

Frédéric Couchet : Tu as dit que c’était un règlement européen, qu’est-ce que ça signifie concrètement ?

Marie-Odile Morandi : Concrètement ce texte fournit un cadre harmonisé au niveau européen et s’applique, suite à une transposition dans le droit de chacun des pays, aux 27 ou 28 pays membres de l’Union européenne.
Ce texte s’applique à tous les acteurs mondiaux à partir du moment où les données qui sont traitées sont les données des Européens sur le sol européen, quel que soit le lieu où les entreprises responsables du traitement se situent, mais aussi les sous-traitants de ces entreprises, ce qui provoque un efficace effet boule de neige.
Dans chacune des transcriptions on retrouve toutes les obligations que ce règlement impose aux entreprises qui traitent les données. Je ne vais pas les énumérer ici ; les auditeurs et auditrices les retrouveront à la lecture de chacune des transcriptions.
Divers intervenants sont d’accord sur le fait que ce règlement va mettre du temps à se mettre en place, mais, en tout cas, qu’il va changer le paysage et que c’est même hyper-positif.

Frédéric Couchet : Qu’est-ce que cela implique côté entreprises ?

Marie-Odile Morandi : Coté entreprises, on peut retenir que ce règlement européen donne l’occasion à chaque entreprise, qu’elle que soit sa taille, de faire un peu le ménage dans ses bases de données. Il oblige les entreprises à une véritable introspection, elles sont obligées de s‘auto-responsabiliser pour essayer de beaucoup mieux documenter ce qu’elles font sur les données. Chaque entreprise doit se poser les questions suivantes indiquées dans l’une des transcriptions : qu’est-ce que je fais avec les données ? Pourquoi je les garde ? Combien de temps je les garde ? Quel est le fondement légal de tout cela ? On peut retenir la nomination obligatoire d’un délégué à la protection des données qui ne reçoit pas d’ordres de sa direction et qui doit tenir un registre à présenter en cas de contrôle, de ce que fait la personne morale, la société, avec toutes les données. Ce délégué à la protection des données est censé être un lanceur d’alerte.
On note aussi la nécessité de mettre en place de nouveaux process dans l’entreprise avec quand même l’impression qu’il faudra du personnel supplémentaire.
Un des avocats indique que cette mise en conformité ira de pair avec la mise en place d’une meilleure sécurité pour protéger l’entreprise contre les attaques et les risques de piratage. C’est une opportunité de développement et de renforcement de la sécurité avec, comme aspect positif, le fait que les clients s’adresseront davantage à ces entreprises.

Frédéric Couchet : On va quand même préciser que le RGPD ne s’adresse pas uniquement aux entreprises mais en fait à tout le monde, toute organisation, y compris les associations et même les personnes individuelles qui gèrent des données personnelles. Côté Internautes, ça se passe comment ?

Marie-Odile Morandi : En corollaire avec les devoirs des entreprises, ce règlement implique des droits côté utilisateurs, côté internautes.
Les experts indiquent que les internautes vont y trouver du bon, tout en reconnaissant qu’on est quand même dans des machineries extrêmement complexes, très compliquées à décortiquer pour le commun des mortels. Cependant cette meilleure hygiène du traitement de la donnée va entraîner un changement de paradigme qui ne peut être que rassurant au quotidien pour les consommateurs.
Pour les utilisateurs, les mesures sont assez protectrices. Cette loi demande plus de transparence et essaie d’informer l’internaute tout en le prenant par la main. Pour Mounir Mahjoubi c’est un réveil de l’esprit pour tous. Il faut se rappeler que nos données personnelles sont importantes, qu’il faut les protéger.
Les gens vont se rendre compte des risques qu’ils ont pris avant avec leurs données. On peut espérer qu’il y ait une sorte d’éducation de chaque utilisateur en vue de se responsabiliser.
Ce qu’on peut retenir en particulier c’est la possibilité de faire des actions de groupe, ce qui est une avancée importante. Le représentant de La Quadrature du Net rappelle l’action qui a été lancée par son association auprès de la CNIL à l’encontre des GAFAM.

Frédéric Couchet : Est-ce que des conseils sont donnés aux utilisateurs et utilisatrices ?

Marie-Odile Morandi : Tout à fait. Une des intervenantes rappelle que l’année dernière nous avons reçu des messages provenant des sociétés qui nous fournissent des applications, nous demandant de valider à nouveau les conditions d’utilisation. Elle nous incite à cesser de valider, comme toujours, sans faire attention, à prendre le temps de lire, ce qui va permettre de reconfigurer, de reprendre le contrôle de ces applications dont on a complètement oublié ce qu’elles faisaient avec nos données nous concernant, et pour cause, souvent elles ne nous l’ont pas dit !

[Connexion téléphonique coupée]

Frédéric Couchet : Ah ça a coupé ! j’ai l’impression que nous avons perdu Marie-Odile, vous entendez le bruit du téléphone. Elle va essayer de rappeler. Marie-Odile nous parlait, en fait, du représentant de La Quadrature du Net qui, dans une dans transcription, nous indiquait qu’il fallait en fait accepter de fournir le moins possible d’informations personnelles, de données lorsqu’on s’inscrit sur des services. Cette personne dont je ne me souviens pas du nom je l’avoue, conseille à chacun et chacune d’être discret ce qui est applicable tout le temps, au quotidien dans tout ce qu’on fait. Les citoyens ne doivent pas hésiter à poser les questions : pourquoi demandez-vous toutes ces données ? À quoi vont-elles servir ?

Les transcriptions sont référencées sur le site de l’April, april.org, vous trouverez, je crois qu’il y a trois ou quatre transcriptions qui sont référencées sur le site, qui concernent donc le Règlement général sur la protection des données, règlement européen qui s’applique directement dans chacun des droits. Il n’y a pas forcément besoin de transposition, même si dans certains pays il y a eu des transcriptions ou des transpositions, notamment en France avec la modification de la loi informatique et libertés.

Nous allons faire une petite pause musicale. Nous allons écouter, je cherche mes notes, Une hésitation par Les journées de création musicale Ziklibrenbib.

Pause musicale : Une hésitation par Les journées de création musicale Ziklibrenbib.

Voix off : Cause Commune 93.1.

13’45

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Une hésitation par Les journées de création musicale Ziklibrenbib, cela veut dire en fait les musiques libres en bibliothèque et nous recevrons une personne de Ziklibrenbib le 9 juillet 2019. C’est en licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez l’émission Libre à vous!, sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm.
Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur la bureautique libre et plus particulièrement sur LibreOffice, The document Foundation, La Mouette, les formats ouverts. Les invités du jour Christophe Cazin, membre de la Mouette et du groupe MIMO. Il nous expliquera tout à l’heure ce qu’est le groupe MIMO. Bonjour Christophe.

Christophe Cazin : Bonjour.

Frédéric Couchet : Stéphanie Robert, membre également de La Mouette et cheffe de projet à Grenoble pour la migration vers LibreOffice. Bonjour Stéphanie.

Stéphanie Robert : Bonjour.

Frédéric Couchet : Et Philippe Hemmel qui est également membre de La Mouette mais surtout, aujourd’hui, représentant de The Document Foundation. Bonjour Philippe.

Philippe Hemmel : Bonjour.

Frédéric Couchet : C’est une première émission sur bureautique libre qui est un sujet, en fait, beaucoup plus vaste que simplement LibreOffice, donc on va essayer d’aborder les principaux points et nous ferons sans doute d’autres émissions pour entrer plus en détail sur certains aspects ou certaines migrations, peut-être. Déjà un petit tour de table pour vous présenter rapidement, savoir qui vous êtes. On va commencer par Christophe Cazin.

Christophe Cazin : Je suis le trésorier de La Mouette, association qui a été créée en 2009, et je suis aussi membre de travail MIMO, qui est une mission interministérielle pour une bureautique ouverte qui est normalement dédiée à la suite bureautique libre de l’État

Frédéric Couchet : D’accord. Stéphanie Robert

Stéphanie Robert : Eh bien pour ma part je suis donc membre de La Mouette et de l’ALDIL.

Frédéric Couchet : L’ALDIL c’est quoi ?

Stéphanie Robert : L’ALDIL, groupe d’utilisateurs et de logiciels libres à Lyon. Dans le monde du Libre, suite à des études spécialisées dans les logiciels libres, donc depuis lors utilisatrice, puis en indépendante ou en salariée missionnée, j’accompagne des structures, entreprises, collectivités, dans la migration vers la bureautique libre ou PAO libre.

Frédéric Couchet : Philippe.

Philippe Hemmel : J’ai fait partie de la communauté historique OpenOffice depuis 2002, puis LibreOffice. Aujourd’hui je suis effectivement membre de The Document Foundation et aussi fondateur de la société Arawa qui est une société de services spécialisée dans les outils de collaboration documentaire open source bien évidemment.

Frédéric Couchet : D’accord. Voire libres.

Philippe Hemmel : Voire libres. Oui.

Frédéric Couchet : Je vais juste vous demander de bien parler proches du micro pour que les gens entendent bien. Premièrement on va d’abord essayer de présenter ce qu’est LibreOffice et peut-être un petit historique aussi parce que, en fait, l’historique est très ancien. Donc qui veut déjà présenter en quelques mots LibreOffice avant qu’on rentre plus dans les détails et rappeler l’historique ? Qui veut commencer ? Christophe Cazin.

Christophe Cazin : Je vais commencer et si j’oublie des petites choses… À l’origine il y avait une autre suite bureautique, qui s’appelait StarOffice, qui était un produit allemand, qui était un produit commercial, édité par une société allemande.

Frédéric Couchet : Je précise, quand tu dis commercial, c’est une suite privatrice, propriétaire ?

Christophe Cazin : Oui. Propriétaire. Qu’il fallait acheter.

Frédéric Couchet : Dans les années ? Quelles années ?

Philippe Hemmel : 1996.

Christophe Cazin : 1996.

Frédéric Couchet : Fin des années 90, début des années 2000.

Christophe Cazin : Oui. Et cette suite bureautique a été achetée par un géant américain qui n’existe plus, qui s’appelait Sun Microsystems. Sun Microsystems a racheté StarOffice et a libéré le code pour en faire un logiciel libre qui s’est appelé OpenOffice. De cette opération est née une communauté internationale puisque, effectivement, le code était libre et chacun pouvait se l’approprier et en plus le télécharger, l’installer librement sur tous les postes, donc ça a eu un gros succès, puisque c’était une suite. Il existait d’autres logiciels libres de bureautique mais pas aussi complets que ce produit. En fait beaucoup d’associations sont nées sur OpenOffice dont La Mouette pour faire la promotion de ce produit.
Malheureusement, Sun Microsystems, géant américain, a été racheté par un autre encore plus gros, Oracle, qui, en fait, n’a pas souhaité prolonger OpenOffice. On savait un petit peu que ses intentions étaient un peu hostiles par rapport au logiciel libre. En fait, la communauté OpenOffice a travaillé pendant un an à récupérer tout le code sur tous les serveurs de Sun Microsystems et, entre guillemets, au moment où un an après Oracle lâchait OpenOffice, a lancé la communauté, a lancé LibreOffice et là, sous une forme différente puisqu’en fait ce n’était pas porté par une entité commerciale mais par une fondation de droit allemand qui, en fait, reste encore maintenant sous le terme LibreOffice. On n’a pas pu récupérer le nom, le copyright d’OpenOffice.

Frédéric Couchet : Oui. Oracle a refusé de « donner », entre guillemets, de libérer le droit au nom OpenOffice.

Christophe Cazin : Tout à fait. Voilà. Curieusement OpenOffice existe toujours, est toujours disponible, mais plus pour des raisons techniques pour un certain nombre d’opérateurs, que pour des raisons d’intérêt global et général. Il s’est trouvé qu’au moment où Oracle voulait tout abandonner sur OpenOffice, IBM avait, en fait, beaucoup investi sur OpenOffice et donc le consensus a été de donner le trade-mark OpenOffice à une fondation américaine qui s’appelle Apache. Donc Apache a, entre guillemets, « pris en charge », hébergé OpenOffice, mais sans lui donner vraiment beaucoup de personnel, parce qu’en fait cette fondation c’est une auberge espagnole. Elle vous héberge.

Frédéric Couchet : Il y a de nombreux projets dans cette fondation.

Christophe Cazin : Voilà. Donc elle est restée très longtemps dans un incubateur et, juste pour des raisons techniques effectivement, IBM a continué de piocher dans le code OpenOffice et de le maintenir, mais c’est de plus en plus à l’abandon et actuellement OpenOffice est entre guillemets « malade » puisqu’un certain nombre de correctifs techniques importants de sécurité ne sont pas appliqués et la communauté, enfin les gens qui restent un peu sur OpenOffice, n’ont plus les moyens de les appliquer et, de l’autre côté, LibreOffice récupère la totalité des utilisateurs. Mais effectivement, le nom OpenOffice reste et, dans le grand public, il y a encore des gens qui connaissent OpenOffice parce que c’est un produit qui a eu un essor important, une grosse communauté et c’est parfois difficile de leur expliquer qu’il vaut mieux passer sur LibreOffice. Que nous, association, on n’a pas d’intérêts particuliers à choisir l’une ou l’autre, mais on conseille à nos utilisateurs de passer sur LibreOffice puisque, effectivement, tout le code est maintenu, tous les gros opérateurs, éditeurs, qui participent à ce développement sont passés sur LibreOffice.

Frédéric Couchet : D’accord. On va justement aborder cette notion d’inciter les gens qui contribuent. Philippe et Stéphanie, est-ce que vous voulez compléter ce petit historique sur, justement, LibreOffice et The document Foundation, parce que tu as parlé d’une fondation, c’est The Document Foundation qui a été créée en quelle année Philippe ?

Philippe Hemmel : The Document Foundation en 2010, ça c’était un point que je voulais effectivement rajouter. Donc la création de LibreOffice en 2010 ; ça veut dire que c’est déjà un produit qui a neuf ans, qui a une belle solidité ; c’est un des points à soulever. The Document Foundation.

Frédéric Couchet : En quelques mots déjà ?

Philippe Hemmel : En quelques mots, The document Foundation est un organisme à but non lucratif dont l’objectif est la gouvernance du projet LibreOffice en particulier.

Frédéric Couchet : D’accord. Stéphanie Robert, est-ce que tu veux compléter la partie historique ou c’est bon ?

Stéphanie Robert : Elle me semble complète. Juste pour raccrocher les wagons avec La Mouette, l’idée de l’association La Mouette, à la base, c’était de prendre le relais de justement de ??? qui était l’entité morale, donc la communauté d’OpenOffice. Suite au fork OpenOffice/LibreOffice, c’est donc La Mouette qui est l’entité morale pour, excusez-moi, j’ai un problème de micro et du coup, j’ai perdu le fil, je vous prie de m’excuser.

Frédéric Couchet : Tu parlais de La Mouette, l’entité morale, donc en France.

Stéphanie Robert : Oui. Totalement. Là où je voulais en venir c’est que du coup, suite au fork OpenOffice et LibreOffice, c’est La Mouette qui a repris le relais depuis lors ; l’association a été créée justement pour tenir ce rôle -là.

Frédéric Couchet : Donc petit historique qui montre déjà que c’est très ancien. Les plus anciens se souviennent sans doute effectivement de Star Division StarOffice, et ensuite ce qu’est devenu OpenOffice, le rachat de Sun Microsystems par Oracle. On peut dire qu’aujourd’hui qu’OpenOffice, effectivement, n’est plus, en gros, maintenu uo en tout cas n’évolue plus, même s’il est encore utilisé, comme le dit Christophe, par de nombreuses personnes et qu’une des actions à mener, à faire, c’est évidemment convaincre des gens-là de migrer vers LibreOffice.
Je dirais que la deuxième question que j’ai envie de poser c’est pourquoi utiliser une suite bureautique libre ? On va supposer que les personnes qui nous écoutent, majoritairement, utilisent une autre suite bureautique, sans soute la suite Office de Microsoft ou une autre ; peut-être que certaines utilisent d’ailleurs OpenOffice ou LibreOffice et ne savent même pas que c’est une suite bureautique libre. Quelles sont déjà les raisons qui font qu’on doit utiliser une suite bureautique libre ? Philippe Hemmel.

Philippe Hemmel : Déjà les avantages liés au logiciel libre d’une façon générale. Je ne vais pas développer l’aspect gratuit ; ce n’est pas gratuit. Il n’y a effectivement pas de coût d’acquisition, pas de coût de mise à jour, ça c’est quand même un point important. Il y a évidemment des coûts de migration, des coûts de support, des coûts de maintenance, c’est clair, comme tout autre logiciel libre. Ça c’est un point qui me paraît important.
Un autre point important c’est l’aspect transparent. Donc la transparence et la confiance qui en découle. Point commun aussi aux logiciels libres.
De cette transparence naît aussi le fait qu’on puisse suivre très efficacement les évolutions. On sait ce qui va se passer, on sait ce qui arrive, on sait quelles sont les nouvelles versions, ce qui va être incorporé dans ces versions.
Et puis, un point fondamental, c’est également l’ouverture de ce logiciel, donc l’interopérabilité. Je pense qu’on reviendra sur le format de document ODF, mais LibreOffice c’est une garantie d’ouverture et d’interopérabilité.

Frédéric Couchet : On reviendra sur les formats et aussi sur le terme interopérabilité que les gens ne connaissent pas forcément, même si on l’a déjà employé, évidemment, dans cette émission. Stéphanie est-ce que tu veux compléter cette partie sur pourquoi utiliser… ? Toi d’ailleurs, en tant que professionnelle, quels arguments tu utilises quand tu dois convaincre des gens de migrer vers une suite bureautique libre et, en l’occurrence, LibreOffice.

Stéphanie Robert : Pour rebondir sur ce que dit Philippe, en premier lieu, au-delà du coût, bien sûr, à savoir que ça réduit le coût des licences, un logiciel libre n’est pas pour autant gratuit. Ce qu’on dit souvent c’est qu’il est gratuit parce que quelqu’un l’a payé avant nous avant. Donc il est plus accessible, c’est un argument recevable. Il permet aussi une transparence, comme le dit Philippe, et puis une simplicité dans les montées de versions. C’est-à-dire que jusqu’à lors on a des contraintes commerciales qui nous poussent tous les dix ans ou un petit moins à changer de version, à faire une mise à jour. Donc ça a un impact financier, je l’ai dit. Ça peut avoir un impact aussi sur le parc : ça nécessite des fois de mettre à jour d’autres choses, des composants, du matériel.

Frédéric Couchet : Le parc, le parc informatique.

Stéphanie Robert : Totalement. L’intérêt c’est que non seulement on est libre de choisir quand on monte de version. On peut vérifier si le logiciel fait toujours bien son travail, c’est l’intérêt du Libre, il est transparent, s’il continuera à le faire bien, donc c’est une certaine sécurité. Et puis c’est un modèle qui se veut plus durable, tout simplement et plus pérenne. L’autre avantage aussi c’est qu’à partir du moment où, on en reparlera après, mon logiciel génère des fichiers qui sont interprétables par d’autres logiciels, si un jour j’ai un problème avec mon éditeur, si un jour j’ai un problème avec mon logiciel, je change d’éditeur, je change de logiciel, mais je garde mes fichiers. Et ça, en termes de durabilité, de pérennité, ce n’est pas possible avec un modèle propriétaire à qui appartiennent et le logiciel et nos données.

Frédéric Couchet : Ça c’est un point important, d’ailleurs on va l’aborder un petit peu tout de suite. Christophe Cazin va peut-être pouvoir répondre. J’ai sous les yeux une intervention récente d’un sénateur, dans le cadre de la commission d’enquête du Sénat sur la souveraineté numérique, qui évoque le fait qu’il utilise LibreOffice, donc un logiciel libre, pour des raisons vraiment volontaires, mais qui se pose la question notamment sur la pérennité des données. Il dit notamment : « Est-ce qu’il y a une garantie de la pérennité de mes données, car l’association qui l’anime peut disparaître du jour au lendemain – ça va être l’occasion de préciser que ce n’est pas forcément qu’une association qui est derrière LibreOffice. Le deuxième questionnement c’est : « Et il ne m’apporte aucune garantie en matière de sécurité. »
Justement sur la première question, la pérennité des données, Stéphanie Robert a commencé à parler du format de document, donc format ouvert, etc. Quelle est la réponse qu’on peut apporter à ce sénateur ? Christophe Cazin.

ChristopheCazin : Effectivement, quand il se pose la question déjà de la pérennité du produit, il faut savoir que justement le fait d’être passé d’OpenOffice à LibreOffice a démontré qu’avec l’abandon du support de la grosse société américaine, on a pu récupérer le logiciel et le refaire tourner dans un autre contexte et lui redonner une nouvelle énergie. Ce qui n’est pas le cas quand des grosses sociétés abandonnent leurs propres logiciels et laissent tous leurs utilisateurs en plan. C’est arrivé avec de nombreux produits. On sait qu’Internet Explorer est abandonné ; on sait que, dans l’histoire des logiciels, il y a beaucoup de logiciels qui ont été abandonnés avec leurs droits et qu’ils sont irrécupérables.
Là, justement, on a démontré qu’un logiciel d’une complexité intense, puisqu’il y a une dizaine de millions de lignes de code, peut-être plus, donc vraiment un gros logiciel, peut être récupéré même si, effectivement, il est abandonné par son éditeur principal, par le fait même qu’il soit open source et ça lui donne une pérennité infinie.

Frédéric Couchet : Ce n’est pas une garantie à 100 %, mais c’est la seule possibilité, effectivement, de conserver et de faire évoluer ce logiciel parce qu’il est libre.

Christophe Cazin : Disons qu’à partir du moment où le logiciel a un intérêt, il va vivre. Si un jour LibreOffice est abandonné, c’est parce qu’il y aura quelque chose de mieux qui va le remplacer. On ne laissera jamais des utilisateurs en plan parce qu’il y aura forcément une communauté qui va s’intéresser à eux et qui va pouvoir poursuivre ce travail, ce qui n’est pas possible avec un logiciel propriétaire.

Philippe Hemmel : C’est le cercle vertueux du logiciel libre : plus il y a d’utilisateurs, plus il y de contributeurs qui sont intéressés pour satisfaire les utilisateurs, plus il y a de sociétés qui s’intéressent aussi à ça, qui proposent une offre de services, donc plus il y a d’utilisateurs et on boucle.

Frédéric Couchet : Donc plus il y a d’intérêts convergents qui permettent de faire évoluer le logiciel et de le maintenir.
Ça c’est sur la partie logiciel libre et sur la partie des données, parce que ce sont deux choses différentes. Il faut aussi essayer de faire comprendre aux gens que ce sont deux choses différentes. C’est quoi un format de données d’ailleurs ? Est-ce que quelqu’un peut essayer de faire comprendre aux personnes qui nous écoutent ce qu’est un format de données et ce qu’est un format ouvert ?

Christophe Cazin : Un format de données, en informatique, c’est une suite de 1 et 0, mais qui est soit documentée soit qui n’est pas documentée. Si vous avez un format de données et que vous n’avez pas l’expression de à quoi servent ces 1 et ces 0, eh bien vous ne pouvez pas les utiliser. Si vous avez un format de données ouvert, documenté et libre d’accès, c’est-à-dire que vous pouvez entre guillemets « utiliser » ce format-là pour l’implémenter dans n’importe quel autre logiciel, vous pouvez construire un logiciel autour puisque vous avez la documentation. Vous avez le droit de le faire et ça vous permet de ne pas perdre vos donnés dans l’avenir. À partir du moment où vous aurez gardé une trace de cette documentation, eh bien vous pourrez toujours réimplémenter ces formats de données.

Frédéric Couchet : Ça c’est ce qu’on appelle un format ouvert. Le format ouvert de LibreOffice, enfin de LibreOffice, en tout cas l’un des formats ouverts que LibreOffice ouvre et sauvegarde, c’est ce que disait tout à l’heure Philippe Hemmel, c’est ODF, OpenDocument Format, donc format de document ouvert.

Philippe Hemmel : Oui. Tout à fait.

Christophe Cazin : Il y a une quinzaine d’années j’ai vu, par exemple, on avait un logiciel de GED propriétaire.

Frédéric Couchet : GED, c’est quoi ?

Christophe Cazin : De gestion électronique de documents, excusez-moi, propriétaire. L’éditeur a disparu et, en fait, a disparu avec la possibilité de traiter les documents qui étaient dedans. Donc les gens qui avaient choisi ce produit-là ont perdu les documents qui étaient dedans parce qu’ils ne pouvaient plus les sortir du logiciel. Donc ça on peut l’éviter, il faut l’éviter à tout prix et avec un format de document ouvert c’est ce qui garantit la plus grande pérennité dans l’avenir des documents qu’on met dedans, que ce soit des textes, des images, des photos et tout autre type de documents.

Frédéric Couchet : Donc pour répondre à ce sénateur, la réponse ce sont les formats ouverts et aussi la partie logiciel libre sur la partie sécurité. On lui transmettra évidement le podcast de cette émission. Tu veux compléter Christophe.

Christophe Cazin : On ira plus loin même j’ai pris contact en fait avec la DSI du Parti communiste qui pourra peut-être nous proposer un entretien. C’est le rôle de La Mouette.

Frédéric Couchet : Je précise qu’en fait la question de ce sénateur est peut-être une question à laquelle il connaissait déjà la répondre car c’était dans le cadre d’une audition. En fait il interrogeait Henri Verdier, ancien DSI de l’État, directeur informatique de l’État. On peut supposer, connaissant en plus un peu ce sénateur, qu’il connaissait un petit peu la réponse, mais c’était une façon d’amener ces sujets sur la table.
Stéphanie est-ce que tu veux compléter cette partie sur la partie formats ouverts, OpenDocument Format ?

Stéphanie Robert : Pour le mettre en lien, ce qui peut être apprécié avec l’outil de bureautique c’est que bien souvent il est lié à d’autres applicatifs. L’intérêt d’un format standard c’est cela, c’est-à-dire que si les applicatifs sont ouverts à l’ODF on a vraiment la possibilité de coupler notre outil de bureautique et tous les autres applicatifs avec des restitutions des formats de fichiers impeccables et puis des gestions de style, par exemple, et de mises en forme qui sont déjà intégrées, interprétées par les applicatifs, donc ce qui boucle la boucle. Un format standard est accessible et ergonomique.

Frédéric Couchet : Je vais préciser tout de suite, même si on abordera sans doute le sujet dans le cours de l’émission, concernant les institutions, les administrations, il y a un Référentiel Général d’Interopérabilité qui existe depuis de très nombreuses années et qui a vécu de nombreuses versions. Il faut préciser que la dernière version, qui est de 2016, met le format ODF, on va l’appeler l’ODF pour parler plus simplement, comme version recommandée à utiliser dans les administrations et que le format de Microsoft donc OOXML pour Office Open XML est mis en observation.

Christophe Cazin : En observation.

Frédéric Couchet : Et le document explicite clairement des manques dans ce format de Microsoft, donc recommande l’utilisation du format ODF pour les administrations. C’est le RGI, la dernière version de 2016.
On va poursuivre maintenant pour expliquer un peu les fonctionnalités. Tu voulais compéter Philippe.

Philippe Hemmel : Oui, je voulais compléter deux choses sur le format. Effectivement, ce qu’il y a à noter aussi c’est que c’est géré par un consortium indépendant l’OASIS [Organization for the Advancement of Structured Information Standards], que c’est un format normalisé. Donc premier point positif c’est l’indépendance vis-à-vis de tout éditeur ; c’est vrai que c’est un point à noter. Et puis un petit aspect important aussi c’est la simplicité de ce format-là justement comparé à Open XLM de Microsoft Office. Il n’y a qu’à compter le nombre de pages des spécifications, ça n’a rien à voir !

Christophe Cazin : C’est rapport 10.

Philippe Hemmel : Oui, rapport 10, tout à fait. Ça c’est un point important quand on veut le mettre en œuvre, c’est beaucoup plus simple à mettre en œuvre que le format concurrent, on va dire.

Frédéric Couchet : À ce sujet-là je vais juste lire un extrait du Référentiel Général d’Interopérabilité concernant le format de Microsoft et pourquoi il est au statut d’observation. Les raisons c’est « sa complexité, son manque d’ouverture, notamment dans la gouvernance de la norme, et le strict respect tardif de la norme par Microsoft-même n’ont pas permis de réviser son statut », donc il est laissé en observation. Donc on explique très clairement que contrairement au format ODF, comme tu viens de l’expliquer, ce format de Microsoft est problématique à la fois par son contenu très compliqué et aussi, tout simplement, par sa gouvernance et même Microsoft, évidemment – je dirais que c’est un peu traditionnel avec Microsoft – ne respectait même pas son propre format, de façon assez volontaire, pour éviter, évidemment, d’avoir des concurrents.
On a parlé pas mal de format, un petit peu avant ce qu’on avait prévu de le faire mais ce n’est pas très grave. On va revenir un petit peu sur LibreOffice et ça va nous permettre un peu de répondre indirectement au quiz de tout à l’heure sur les fonctionnalités de LibreOffice et des modules. Parce que des suites bureautiques libres, enfin des outils bureautiques libres on en a connu certains, une des caractéristiques de LibreOffice, d’un point de vue technique, ce sont ses fonctionnalités. Ça fait beaucoup de choses LibreOffice. Est-ce que « succinctement », entre guillemets, on peut passer en revue les principales fonctionnalités de LibreOffice ? Stéphanie.

Stéphanie Robert : Eh bien oui, c’est un produit complet puisqu’on va retrouver du traitement de texte, du tableur, du diaporama, du dessin vectoriel, un logiciel de bases, mathématiques et je me demande s’il n’en manque pas un. Vous en voyez un autre ?

Christophe Cazin : Non.

Philippe Hemmel : Non.

Frédéric Couchet : Donc tu en as cité combien ?

Stéphanie Robert : Six. Il y en a six

Frédéric Couchet : Six. En fait oui il y en a six. Donc la réponse au quiz de tout à l’heure c’est qu’il y en a six modules ou en tout cas six grosses fonctionnalités dans LibreOffice.

Stéphanie Robert : Et puis le tout avec des fonctionnalités répondant aux usages classiques, courants et avancés, puisque si on reste d’un point de vue pragmatique, un tableur reste un tableur, un traitement de texte reste un traitement de texte et ainsi de suite. Donc de Microsoft Office à LibreOffice on va retrouver les mêmes choses, voire mieux, des fois, parce que mieux interprétées, mieux gérées. Que dire d’autre ? Le point fort, je dirais, ce serait la gestion des styles de mise en forme, je ne sais pas si tout le monde connaît.

Frédéric Couchet : Explique ça parce que c’est un point essentiel dans la bureautique que, je pense, pas grand monde n’utilise ou ne maîtrise.

Stéphanie Robert : C’est vrai que ça fait partie des choses qui sont méconnues mais qui sont fondamentales dans le traitement de texte. Le nerf de la guerre de la bureautique c’est la gestion des styles. Typiquement, si je dois faire une analogie, qu’est-ce qui fait qu’un site internet est restitué identiquement quel que soit notre ordinateur, notre smartphone, notre tablette, quel que soit, c’est qu’il y a des standards et tout est régi par des titre 1, titre 2, du corps de texte. Eh bien c’est pareil en bureautique. LibreOffice est très carré, on a des outils pour automatiser la mise en page avec des paragraphes, des titre 1, des « titres principaux, des styles de page, qui nous permettent d’appliquer aux paragraphes différents styles mise en forme de façon automatique. Je ne fais qu’une fois ma mise en forme et je la répète dans mon document. Ça c’est intéressant pour les particuliers, c’est intéressant pour les collectivités qui ont bien souvent une image avec des logos, une charte graphique, donc ça fait partie des points forts de LibreOffice. Il y a aussi des versions applicatives de LibreOffice pour la lecture d’ODF sur les tablettes et smartphones en lecture pour l’instant et en bêta pour l’édition. Et il y a une version en ligne de LibreOffice, dont on parlera sûrement tout à l’heure, qui est un des points des forts aussi de cette suite-là. Donc c’est un produit en évolution constante, performant, et qui répond, je pense, à des usages personnels et professionnels, totalement.

Frédéric Couchet : Je vais essayer de compléter Christophe et Philippe. Mais juste pour préciser que sur le salon web on nous a signalé notamment le module, je ne sais pas si c’est un module, mais extérieur, qui est Grammalecte pour la correction grammaticale. C’est aussi une des forces du logiciel libre d’avoir des modules complémentaires qui viennent du monde du logiciel libre et qui permettent de former un tout encore meilleur.
Donc sur cette partie fonctionnalités à la fois pour le grand public mais aussi pour les professionnels, Christophe.

Christophe Cazin : Je voulais que La Mouette est un sponsor de Grammalecte puisque, si vous installez Grammalecte, vous faites « À propos » sur Grammalecte, vous verrez La Mouette qui sort en sponsor principal du produit.

Frédéric Couchet : Je ne savais pas. J’ai cité Grammalecte sans savoir ça.

Christophe Cazin : Voilà. C’est vrai que c’est un produit de correction grammaticale et orthographique qui est vraiment top et qui est intégré, on en parlera tout à l’heure, dans la version MIMO.
Autre chose qu’on n’a pas citée tout à l’heure dans les grands avantages du logiciel libre et en particulier sur LibreOffice, c’est qu’il existe une version pour tous les systèmes d’exploitation. Moi qui travaille sous Linux je suis heureux d’avoir une suite bureautique sous Linux alors que je ne peux pas installer la suite de Microsoft sur un poste Linux.

Frédéric Couchet : En fait il en existe sur GNU/Linux, il en existe sur Mac OS, Windows, etc.

Christophe Cazin : Tout à fait. Sur BSD, enfin il y en a plein, sur des processeurs ARM on peut faire tourner LibreOffice. Le fait que le code soit libre on peut l’intégrer sur tout type de processeur et tout type de système d’exploitation.

Frédéric Couchet : Et ça me permet de préciser que ce n’est pas le seul outil grand public comme ça, il y a aussi d’autres outils comme VLC pour lire de la vidéo. Et ça permet à des gens qui veulent commencer d’utiliser LibreOffice sur leur plateforme, que ce soit Microsoft ou autre, et ensuite, quand elles vont migrer sur un système entièrement libre, que ce soit un GNU/Linux ou un BSD, elles vont retrouver le même outil, avec la même version, avec les mêmes fonctionnalités, globalement, qu’elles avaient sur l’autre plate-forme.
Philippe tu veux compléter cette partie-là ?

Philippe Hemmel : Oui, tout à fait. On a cité l’extension Grammalecte, mais ce n’est pas la seule. L’intérêt de cet environnement LibreOffice, c’est aussi qu’il y a un écosystème derrière avec des développeurs qui proposent d’autres extension. Je pense, Christophe tu en parleras peut-être tout à l’heure, mais dans le LibreOffice MIMO, typiquement, il y a pas mal d’extensions qui sont également intégrées. C’est un peu comme le système Firefox, c’est un des intérêts. On peut trouver un certain nombre d’extensions pour différents besoins. Donc c’est un point qui me paraît important.
Un autre petit avantage qu’on cite souvent également, c’est l’export PDF de LibreOffice qui est excellent, quelle que soit sa version d’ailleurs, qui est intéressant, très utilisé. Moi je détecte tout de suite qu’un PDF est fait par LibreOffice parce qu’il est quand même mieux foutu, on va dire, que par un autre logiciel.

Frédéric Couchet : Très bien. J’allais essayer tendre un piège à la régie en disant qu’on allait faire une pause musicale, mais on va faire une musicale. Nous allons écouter My Little Kingdom par Golden Duck Orchestra.

Pause musicale : My Little Kingdom par Golden Duck Orchestra.

Voix off : Cause Commune 93.1

44’ 23

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter My Little Kingdom par Golden Duck Orchestra. C’est sous licence Creative Commons Attribution. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.