Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 23 juin 2020

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 16 juin 2020 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : - Frédéric Couchet - William Agasvari à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 23 juin 2020

Durée : 1 h 30 min

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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcrit MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Le réemploi informatique ou, autrement dit, le reconditionnement pour la réutilisation, ce sera le sujet principal de l’émission du jour, avec également au programme une chronique de Véronique Bonnet sur le thème « Dire non à l'informatique injuste, même une seule fois, est une aide » et aussi la chronique d’Isabella Vanni sur son retour d’expérience sur la recherche d’un outil adapté pour les projets de notre groupe de travail Sensibilisation.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France. En FM c’est de midi à 17 heures puis de 21 à 4 heures en semaine, du vendredi 21 heures au samedi 16 heures et le dimanche de 14 heures à 22 heures. C’est 24 heures sur 24 en DAB+ et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’April c’est april.org et vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission.

Nous sommes mardi 23 juin 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

Je précise que l’émission est diffusée dans des conditions exceptionnelles suite à la situation sanitaire en France. Toutes les personnes participent depuis chez elles. D’un point de vue technique nous utilisons l’outil d’audioconférence Mumble, mais la qualité finale dépend fortement des conditions matérielles de chaque personne. Nous vous prions donc de nous excusez pour la qualité audio moins bonne par rapport à la qualité habituelle des émissions diffusées depuis le studio de la radio.

Si vous voulez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission #libreavous.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

Chronique « Partager est bon  » de Véronique Bonnet, professeur de philosophie et vice-présidente de l'April, sur le thème « Dire non à l'informatique injuste, même une seule fois, est une aide »

Frédéric Couchet : Une lecture d’informations et de mise en perspective de la philosophie GNU. C’est la chronique « Partager est bon  » de Véronique Bonnet, professeur de philosophie et vice-présidente de l’April.
Bonjour Véronique.

Véronique Bonnet : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : GNU c’est le projet fondateur du logiciel libre, le site c’est gnu.org, et le thème du jour de ta chronique est « Dire non à l'informatique injuste, même une seule fois, est une aide ».

Véronique Bonnet : En effet, c’est un texte qui a été très récemment traduit par Trad-Gnu de l’April à partir de Saying No to unjust computing even once is help. Si tu veux bien, Fred, je vais commencer par un bref détour au 6e siècle avant notre ère, en Grèce, chez un certain Pythagore. Pythagore c’est celui qui a inventé le mot, le néologisme « philosophie », parce qu’il voulait s’opposer aux sophistes qui étaient des affairistes et je dirais qu’il était libriste à sa manière puisqu’il défendait la cause de l’autonomie, de la réflexion. Il ne voulait pas du prêt à penser. Il voulait aussi bien que les mathématiciens que les philosophes se fassent des objections à eux-mêmes, s’interrogent. Voilà ce qu’il dit : « Les deux mots les plus brefs et les plus anciens, oui et non, sont ceux qui nécessitent, pour être prononcés, le plus de réflexion ». Il faut y réfléchir à deux fois avant de dire oui, avant de dire non.
C’est vrai que dans l’enfance il y a une période où on dit non à tout, pour s’affirmer, systématiquement on dit non.
En grandissant, c’est vrai que dans la vie sociale et professionnelle on a intérêt à dire plutôt oui, à devenir consentant, et c’est vrai que le bouton « Accepter » de nombreux sites fait, d’une certaine façon, des utilisateurs qui n’ont pas regardé ce à quoi ils s’engageaient, ceux qui disent toujours oui.
L’informatique propriétaire voudrait nous transformer en utilisateurs consentants ou même nous ôter tout choix, faire en sorte que nous n’ayons plus notre mot à dire et on sait bien que qui ne dit mot consent.
Richard Stallman, celui qui a dit non en 1983 aux atteintes aux libertés des utilisateurs, commence dans le texte sur lequel porte la chronique par évoquer l’objectif à atteindre pour examiner ensuite des moyens. On est toujours dans le cadre que j’ai déjà évoqué de l’idéalisme pragmatique. On commence toujours par être intransigeant sur le but, l’autonomie des utilisateurs, pour ensuite se demander, dans tel contexte en particulier, comment faire avec les outils. Je lis le début du texte : « Notre but final est la liberté numérique pour tous, un monde sans logiciel privateur. »
C’est vrai que parmi les libristes il y a ceux qui se fixent le but, comme Richard Stallman, et ceux qui sont dans un refus systématique, sans compromis, de l’informatique injuste, ce qu’explique Richard Stallman : « Certains d’entre nous, qui avons fait de la campagne pour la liberté numérique notre but, rejettent tous les logiciels privateurs. »
Pour autant, est-ce qu’il faut dédaigner les efforts de ceux qui disent non à un logiciel, à un usage, pas toujours, pour commencer, pour essayer, pour voir, pour suivre les conseils que peut par exemple donner l’April. Là, Richard Stallman fait l’hypothèse que tout rejet qui va dans un sens émancipateur est bon à prendre. Il y a un malentendu qui voudrait que ça soit tout ou rien ou encore que l’informatique libre soit à prendre ou à laisser globalement. Or, dire non de temps en temps peut être une aide. Voilà l’argumentaire : « Toutefois, en pratique, même un petit pas dans cette direction est bon à prendre. Une marche d’un millier de kilomètres est faite de nombreux pas. »
On est à la fois dans un optimisme, chaque pas a un effet, chaque fois qu’on dit non à Zoom, chaque fois qu’on dit non à un logiciel privateur alors quelque chose se passe, ne serait-ce que dans l’esprit de celui auquel on dit non parce qu’on va l’expliquer, on va dire pourquoi si on entre dans cet engrenage alors il va y avoir des effets désagréables pour nous. Et, en même temps, Richard Stallman évoque une marche d’un millier de kilomètres. Bien sûr la tâche est lourde. Si vous êtes pris dans une toile de logiciels privateurs vous cherchez sans doute un moyen d’en retirer quelques fils de votre corps. Retirer quelques fils de votre corps. Ceci impacte notre personnalité même, notre être, ce qui est le plus intime, ce qui est le plus subjectif et affecté par les logiciels privateurs. Donc il faut retirer les fils, il faut éviter que cette toile de l’araignée ne nous concerne tout entier.
C’est vrai que savoir dire qu’on ne se connectera pas avec Zoom ou Skype pour alerter les autres de cette toile de l’araignée qui noue ses fils pour s’emparer des données, c’est faire avancer l’autonomie. WhatsApp, Facebook, Slack, Google Docs peuvent faire l’objet de refus ponctuels mais qui sont déjà constructifs. Idem pour Eventbrite, Meetup et c’est vrai que parfois il y a des effets de groupe qui font que si on est le seul à dire « non désolé on ne pourra s’inscrire à cet évènement parce qu’il faut passer par Eventbrite » ou alors si on est le seul à dire « eh bien non, on ne pourra pas assister à cette réunion parce que, pour ça, il faudrait se connecter à Zoom et qu’on n’en a aucune envie », il est important et là c’est le texte qui continue « d’adopter une fermeté bienveillante » parce que « les refus s’additionnent », se renforcent. Faire remarquer que tel logiciel peut avoir des effets indésirables est certainement plus compliqué que dire oui directement. Peut-être que si on a réussi à dire non, on pourra dire non une seconde fois, ce sera plus simple que de le dire la première fois.
On voit que Richard Stallman désigne ici toute une série de logiciels et de plateformes dont les noms paraissent inoffensifs et positifs pour une grande partie de la population, ce qui veut dire que chaque non, même s’il est isolé, même si c’est pour voir ce que ça fait quand on refuse d’entrer dans ce jeu, a un effet qui est intense – déjà il peut surprendre, déjà il va y avoir quelque chose d’un peu surprenant de la part de celui qui renonce à des outils qui ont l’air si anodins, si conviviaux et si utiles – et il est certain qu’il faut mettre les formes. Par conséquent, dites à quelqu’un « merci de m’avoir invité mais ou Skype ou WhatsApp est un programme liberticide qui épie ses utilisateurs… Je veux vivre dans un monde différent, et en refusant d’utiliser ce programme aujourd’hui, je fais un pas dans ce sens. »
C’est vrai que c’est encore mieux si on peut faire une contre-proposition et c’est vrai que pendant ces mois où je faisais cours à distance à mes étudiants il m’est arrivé plusieurs fois de proposer des alternatives libres. C’est vrai que si on est capable de faire une contre-proposition, si on est capable de dire à l’autre qui nous interpelle « si je n’utilise pas Zoom, qu’est-ce que je peux faire ? » Il est certain que là l’autonomie, la cause de l’autonomie, avance encore davantage. Si on est capable de dire à l’autre que si nous avions cette conversation sur un autre logiciel, je pourrais me joindre à vous, c’est un premier pas et après il y en aura un autre et puis un autre.
Dire que c’est pour respecter soi-même c’est dire à ceux auxquels on dit non qu’on les respecte, que s’ils font comme nous alors ils se respecteront eux-mêmes encore davantage. D’où cette conclusion : « Non seulement vous aurez gagné en liberté, mais vous aurez également aidé votre communauté en lui faisant prendre conscience de cet enjeu. »
Donc allez sur le Chapril, utilisez le Mumble de l’April, le Jitsi de l’April.
Il se trouve que l’un des slogans de l’April a été Liberté je code ton nom. Fred, je ne sais pas ce que tu en penses et bien sûr tu peux me dire non, moi je dirais volontiers liberté, dans mes pratiques et dans mes usages, en ton nom, j’essaye dans la mesure du possible, le plus souvent, de dire non à ce qui me dépossède de moi-même. Et c’est pourquoi il est bien d’avoir toujours en tête un logiciel alternatif. Se tenir tout à fait au courant de ce qui, dans le monde du logiciel libre, avance, permet des supports pédagogiques qui ne sont pas offensifs, qui ne sont pas dangereux pour nos étudiants et non seulement Liberté je code ton nom, mais, en ton nom, je n’hésite pas à dire non.

Frédéric Couchet : Véronique je suis tout à fait d’accord. C’est une belle conclusion de chronique.
Tu cites le Chapril, le site c’est chapril.org. Vous y trouverez des services libres et loyaux que vous pouvez utiliser librement. Par exemple actuellement nous utilisons un serveur Mumble qui est un serveur d’audioconférence. Vous pouvez utiliser le même sur le Chapril si vous avez envie par exemple de faire des conférences ou simplement des discussions. Jitsi c’est de la visioconférence. On a reçu le créateur de Jitsi il y a quelques semaines dans Libre à vous !, vous retrouverez les podcasts sur causecommune.fm et sur april.org.
Tu as également cité Trad-Gnu. Trad-Gnu est un de nos groupes de travail qui traduit la philosophie GNU. Les textes qui sont en anglais sur gnu.org sont traduits en français. N’hésitez pas à rejoindre ce groupe, c’est un groupe qui est ouvert à toute personne, vous retrouverez les références sur april.org et causecommune.fm de la même façon. Nous en reparlerons la semaine prochaine dans l’émission consacrée à l’April, la deuxième édition de « Au cœur de l’April ».
Véronique, je te remercie pour cette belle chronique qui clôt la saison 3, en tout cas pour tes chroniques et on se retrouve à la rentrée pour la saison 4 des chroniques « Partager est bon ».

Véronique Bonnet : Avec grand plaisir Fred. Très bonne journée à toi.

Frédéric Couchet : Bonne journée. Passe un bel été.
Nous allons faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : On va écouter Grand Orrery par StellarDrone. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Grand Orrery par StellarDrone.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Grand Orrery par StellarDrone, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org et sur le site de la radio causecommune.fm.
Je précise que StellarDrone est un compositeur originaire de Vilnius en Lituanie. Le site auboutdufil.com sur lequel on a trouvé cette musique nous dit que « cet artiste n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a déjà composé une dizaine d’albums dans le genre depuis 2007. On pourrait qualifier son style musical de drone ambiant ou encore soundscape, sous-genre de la musique électronique », je cite auboutdufil.com. N’hésitez pas à consulter ce site pour trouver de la musique libre de qualité.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Nous allons passer maintenant au sujet principal.

[Virgule musicale]

Le réemploi informatique, le reconditionnement pour la réutilisation avec Isabelle Carrère d'Antanak et Joyce Markoll de l'Atelier Orditux Informatique

Frédéric Couchet : Notre sujet principal