Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 22 janvier 2019 »

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(Page créée avec « Catégorie:Transcriptions '''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 22 janvier 2019 sur radio Cause Commune '''Intervenants :''' Charlotte Bou... »)
 
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<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
 
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
  
<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.10 en Île-de-France et partout ailleurs dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un <em>webchat</em>, donc utilisez votre navigateur web et rendez-vous sur le site de la radio causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ainsi sur le salon dédié à l’émission.<br/>
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<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.10 en Île-de-France et partout ailleurs dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un <em>webchat</em>, donc utilisez votre navigateur web et rendez-vous sur le site de la radio causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ainsi sur le salon dédié à l’émission.<br/>
 
Nous sommes mardi 22 janvier 2019, nous diffusons en direct, mais peut-être écoutez-vous un podcast.
 
Nous sommes mardi 22 janvier 2019, nous diffusons en direct, mais peut-être écoutez-vous un podcast.
  
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Je salue de nouveau Charlotte qui est également à la régie donc qui va deux tâches aujourd’hui en parallèle.
 
Je salue de nouveau Charlotte qui est également à la régie donc qui va deux tâches aujourd’hui en parallèle.
 
Tout de suite place au premier sujet. Nous allons commencer par une intervention de ma collègue Isabella Vanni qui, je le rappelle, est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Isabella commence une chronique intitulée « Le libre fait sa comm’ ». Isabella déjà première question : quel est l’objectif de cette chronique ?
 
Tout de suite place au premier sujet. Nous allons commencer par une intervention de ma collègue Isabella Vanni qui, je le rappelle, est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Isabella commence une chronique intitulée « Le libre fait sa comm’ ». Isabella déjà première question : quel est l’objectif de cette chronique ?
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==2’28==
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<b>Isabella Vanni : </b>L’objectif de la chronique c’est d’annoncer des actions des
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Pause musicale : <em>Sometimes</em> par Jahzzar
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==16’ 00==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Vous êtes de retour sur l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune 93.10 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm. Vous venez d’écouter <em>Sometimes</em> par Jahzzar, une musique qui est disponible sous licence CC BY-SA, donc partage à l’identique, et vous trouvez la référence sur le site de l’April.
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Nous venons de parler de sensibilisation. Nous allons continuer un petit peu, avec le sujet suivant, de parler de sensibilisation avec le sujet des distributions GNU/Linux. Nos invités aujourd’hui : en studio Nicolas Dandrimont du projet Debian. Rebonjour Nicolas.
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Rebonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Olivier Fraysse, Ubuntu. Bonjour Olivier.
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<b>Olivier Fraysse : </b>Re salut.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Charlotte Boulanger, Ubuntu également. Rebonjour Charlotte.
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<b>Charlotte Boulanger : </b>Rebonjour Fred.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et normalement nous a rejoints au téléphone Jean-Christophe Monnard du projet Mageia. Bonjour Jean-Christophe.
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<b>Jean-Christophe Monnard : </b>Bonjour Fred.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Super. Donc tout le monde est présent. Toutes les personnes sont là Nous allons essayer d’expliquer un petit peu ce que sont ces distributions GNU/Linux, comment s’y mettre, comment commencer à utiliser des systèmes libres, comment éventuellement contribuer. Nous allons passer une petite heure sur ce sujet. On va commencer par une première question, parce qu’en fait distributions GNU/Linux, il y a plusieurs termes que, je pense, les gens qui écoutent, ne connaissent pas forcément. Nicolas peut-être, est-ce que tu veux faire une introduction pour expliquer ce qu’est une distribution GNU/Linux, un système d’exploitation, on dira ?
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Une distribution GNU/Linux c’est effectivement un système d’exploitation complet qu’on va pouvoir mettre sur son ordinateur par exemple. L’idée c’est qu’au lieu d’être basé sur un système classique, on peut penser par exemple à Windows de Microsoft, ça va être basé autour du noyau Linux qui est un logiciel libre, qui est développé maintenant depuis 25 ans par une communauté de développeurs. Au-dessus de ce noyau Linux, on va ajouter des logiciels qui seront aussi, dans la majorité des cas, des logiciels libres, donc des logiciels qui vont permettre d’avoir un environnement de bureau, un navigateur web qui va être par exemple Firefox qu’on va pouvoir utiliser pour naviguer sur Internet, un client email, de la bureautique, etc. Donc tous les logiciels que l’on peut vouloir utiliser sur son ordinateur vont être disponibles à travers les distributions GNU/Linux.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu as expliqué, et après je passerai la parole évidemment aux autres personnes, tu as expliqué « Linux » et « distribution ». Le terme GNU ?
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Le terme GNU vient du projet GNU. En fait le projet GNU est un projet de système d’exploitation qui a été lancé par Richard Stallman dont on a probablement déjà parlé dans cette émission.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tout à fait.
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Il y a maintenant 35 ans, oui, 35 ans cette année. L’idée du projet GNU c’est d’avoir un système d’exploitation qui libère les utilisateurs. L’idée c’est d’avoir un ensemble de logiciels qui sont des logiciels libres en fait, donc que tout le monde va pouvoir utiliser pour n’importe quel usage, va pouvoir diffuser, va pouvoir modifier et redistribuer, s’il en a les compétences bien sûr. Donc le projet GNU c’est vraiment l’idée d’avoir un système d’exploitation qui soit utilisable par tous pour n’importe quel usage. Qui libère la personne.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Un système d’exploitation libre, entièrement libre, utilisable par toute personne. Olivier est-ce que tu veux compléter cette introduction ?
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<b>Olivier Fraysse : </b>Je crois que l’essentiel a été dit. Distribution ce n’est peut-être pas forcément très clair pour tout le monde.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Voilà ! Vas-y.
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<b>Olivier Fraysse : </b>On ne va pas distribuer des gnous en plastique comme on distribue des flyers. Une distribution c’est un ensemble de logiciels, on peut dire ça comme ça je pense, c’est une sélection de logiciels libres avec telle version du noyau, enfin le noyau Linux plus une interface graphique plutôt qu’une autre. Et surtout un système de packaging. Un système de packaging, je ne sais pas si je vais pouvoir l’expliquer facilement ; je ne sais si Nico est inspiré là-dessus.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ou peut-être Jean-Christophe. Jean-Christophe, est-ce que tu veux compléter l’introduction et après peut-être que je pourrais continuer cette discussion ?
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<b>Jean-Christophe Monnard : </b>Moi j’ai envie de parler avec un mot français « empaquetage », donc emballage, empaquetage, c’est-à-dire qu’on prépare les morceaux de logiciels. Ce qui est important dans le logiciel libre, avec les quatre libertés, c’est d’avoir un code source, comment le logiciel a été écrit par des êtres humains ou à peu près, ce qu’on appelle des informaticiens. Donc on fabrique du logiciel libre et on peut lire son code source tel qu’il a été écrit. Ensuite, si on veut l’utiliser, il faut transformer ce code source dans un langage que les machines peuvent comprendre. Les machines ne comprennent que le binaire, les 0 et les 1. Quand on achète un logiciel propriétaire on n’a jamais que les 0 et les 1, donc on ne sait pas très bien ce qui se passe dedans. Dans un logiciel libre, il y a quelque part le code source et il faut préparer ce code source de manière cohérente. Là je crois que pour chaque distribution le mot « cohérence » est important. Chaque distribution est un ensemble cohérent de logiciels qui ont été préparés, empaquetés, de manière à être cohérents entre eux pour fabriquer cette architecture, qui fonctionne bien, qui est bien huilée d’habitude, il y a parfois des petits problèmes, mais pas plus qu’ailleurs. Donc on a cet ensemble cohérent. Donc Debian, Slackware, Ubuntu, Mageia, ce sont des ensembles cohérents où à partir de ces codes sources qu’utilisent toutes ces distributions, ces codes sources ont reçu un empaquetage, une préparation, pour en faire des paquets de 0 et de 1 que l’ordinateur peut utiliser. Parce que l’ordinateur n’est pas capable d’utiliser ce qu’a écrit l’informaticien, il faut le préparer. J’espère que je n’ai pas dit de bêtises.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça me paraît très clair. En fait, avant l’existence de ces distributions GNU/Linux ou d’autres systèmes libres, finalement les personnes qui souhaitaient avoir un système libre devaient composer elles-mêmes leur système en réunissant tous les éléments nécessaires. Ce qu’ont apporté les distributions c’est évidemment une sélection de logiciels libres, mais finalement, on va en reparler tout à l’heure, on retrouve à peu près les mêmes logiciels libres dans l’ensemble des distributions. La grosse différence ça va être, peut-être, sur l’environnement de bureau et on en reparlera peut-être tout à l’heure, peut-être aussi sur la présence de logiciels privateurs en plus, mais ce qu’apportent les distributions c’est une méthode d’installation qui varie en fonction des distributions et une méthode de mise à jour des paquets ensuite pour, effectivement, soit rajouter des paquets soit mettre à jour les paquets dans leur cycle de vie, parce que ce sont des logiciels libres qui évoluent et donc il y a un cycle de vie. Est-ce que ça vous paraît à peu clair comme résumé ?
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Oui, c’est ça.
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<b>Jean-Christophe Monnard : </b>Tout à fait.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On va passer à la deuxième question. Tout à l’heure c’était Nicolas Dandrimont de Debian qui parlait de Microsoft Windows, on pourrait aussi citer Mac OS d’Apple, les gens qui ont l’habitude de ces systèmes se disent, enfin ont la compréhension que finalement l’ensemble des logiciels vient d’une seule structure, que ce soit Microsoft ou Apple.<br/>
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Aujourd’hui, il y a une ambiance un peu particulière au studio. Je préviens si vous entendez des rires, il y a une ambiance très détendue.
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>C’est de ma faute !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Là tout d’un coup on va parler de distributions au pluriel. Là nous avons une personne de Debian, deux personnes d’Ubuntu, quelqu’un de Mageia. J’ai une question assez « basique » entre guillemets, pourquoi il y a plusieurs distributions GNU/Linux et qu’est-ce qui les différencie ? Pour l’instant on va rester à un niveau un peu supérieur c’est-à-dire sans forcément rentrer dans le détail. Pourquoi il y a plusieurs distributions GNU/Linux ? Qui veut intervenir sur cette question ? Nicolas Dandrimont qui est de Debian.
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Tout à fait. J’ai une analogie. On pourrait se poser la même question : pourquoi il y a plusieurs marques de chaussures ? Eh bien parce qu’il y a plusieurs formes de pieds et parce qu’il y a des pieds plus poilus que d’autres. Je veux dire que tu ne vas pas être confortable dans toutes les paires de chaussures. De la même manière les usages de l’informatique sont très divers donc les gens vont vouloir assembler leur univers informatique de la manière qui les intéresse. C’est pour ça qu’on a une diversité assez large dans les distributions GNU/Linux. La possibilité qui est ouverte par la publication du code source, la disponibilité des logiciels et la possibilité aussi de les modifier, permet à chacun de trouver chaussure à son pied et de faire chaussure à son pied. Donc c’est comme ça qu’on se retrouve avec des centaines voire des milliers de distributions Linux qui sont différentes, qui vont toutes partir de la même base, de plus ou moins les mêmes logiciels, mais qui vont être intégrés de manières subtilement différentes pour convenir à leurs utilisateurs.
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<b>Olivier Fraysse : </b>Donc Debian, ce serait comme une grosse botte où il faut lacer pendant très longtemps et Ubuntu ce serait la chaussure à scratch. C’est ça ?
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>On peut le voir comme ça.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On ne va pas commencer le débat entre les distributions, je vous préviens. Je préviens Olivier qu’on rentrera dans le détail des débats tout à l’heure. Jean-Christophe Monnard est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur cette question, finalement, de l’existence de plusieurs distributions, notamment l’existence de Mageia en plus d’Ubuntu, Debian et évidemment des autres que certaines on citera tout à l’heure ? Jean-Christophe.
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<b>Jean-Christophe Monnard : </b>C’est à la fois la puissance et la faiblesse du Libre : la liberté ; la liberté c’est le choix. Je ne parlerais pas de tailles de pieds différentes, mais plutôt d’utilisations différentes : entre un escarpin et une chaussure de montagne, il est clair qu’il vaut mieux avoir des savoir-faire différents. Certaines distributions sont plus adaptées à faire du serveur, d’autres au grand public et ainsi de suite, plus les particularismes nationaux qui existent aussi. Je crois qu’à partir du moment où chacun peut modifier quelque chose : un jour j’avais pris une distribution, bien que n’étant pas un vrai informaticien, une distribution qui tenait sur trois disquettes, je l’ai francisée ; je peux dire, quelque part, que ce jour-là j’ai fait ma distribution, or je me suis bien amusé ; ça n’a pas servi à grand-chose d’autre.<br/>
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Donc le Libre permet plein de possibilités et je crois que c’est une de ses richesses. Malheureusement c’est aussi une de ses faiblesses parce qu’il n’y a peut-être pas toujours assez de monde pour telle ou telle distribution. Je me souviens par exemple de la distribution ???, que j’adorais, mais qui n’est plus vraiment mise à jour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Effectivement, comme tu le dis, après je repasserai la parole à Olivier Fraysse, c’est une des forces et une des « faiblesses » entre guillemets du logiciel libre, mais quand tu parles de la distribution que tu t’es faite de ton côté, ça me fait penser qu’il est important de préciser, là on parle de distributions génériques, qu’il y a des distributions spécialisées par exemple pour l’audio, pour la vidéo, pour l’éducation, pour la sécurité. Le but aujourd’hui ce n’est pas de les citer toutes parce qu’il y en a beaucoup et vous retrouverez des références sur le site de l’April ou sur Wikipédia. Et c’est aussi, quand même, une des grosses forces du Libre, effectivement, d’adapter par rapport à des besoins spécifiques et sans dépendre du choix d’un éditeur qui peut-être économiquement n’aura pas intérêt à créer une distribution ou un système d’exploitation pour une communauté dédiée, là où le Libre a cette réponse. Et aussi la force de la communauté, on y reviendra tout à l’heure, c’est un des critères de choix. Ça va être une de mes questions, évidemment, ça va être : comment on choisit entre ces différentes distributions, c’est un des critères de choix. Olivier, tu voulais réagir ?
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==27’ 26==
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<b>Olivier Fraysse : </b>Justement sur le choix, je trouve que c’est l’inconvénient du Libre c’est qu’il y a vraiment beaucoup de choix et, du coup, ça rend inaccessible au grand public. Plus il y a de choix, plus c’est complexe, il faut comparer tout un tas de trucs. Même dans une même distribution il y a plusieurs variantes, donc pour Ubuntu mais c’est vrai aussi ailleurs. Il y a plein d’interfaces différentes. Il y a une version pour les ingénieurs du son et de la vidéo qui s’appelle Ubuntu Studio ; il y a Kubuntu dont on ne sait pas vraiment la différence réelle avec Ubuntu sans le tester directement. Et c’est ça qui fait, d’après moi, que ce n’est pas facile pour le grand public de passer à un système GNU/Linux, c’est qu’il y a trop de choix. Déjà il faut expliquer pourquoi GNU/Linux, ce n’est pas juste Linux et ce n’est pas toujours la même chose. Pourquoi GNU ? Il faut préciser GNU. Il faut toujours tout expliquer surtout si on veut être juste. Et voilà ! Et surtout le fait d’avoir à choisir. Je me souviens quand j’ai installé ma première Debian, ça me demandait pourquoi il fallait que je mette un serveur, enfin ça me demandait s’il fallait que je mette un serveur IIRCD, je n’ai jamais compris ce que c’était, avec deux « I ». À chaque fois que j’installais ça chez quelqu’un, je disais « cette question-là tu dis oui ou tu dis non, on s’en fout ; moi-même je ne comprends pas ! » Il y avait plein de questions : il fallait choisir entre Gnome et KDE. Est-ce tu veux expliquer ça à tes potes qui veulent se passer de leur système vérolé ; tu leur mets une Debian mais ça te pose des questions : Gnome, KDE ; alors ce n’est pas la même forme des boutons ; la souris va marcher pareil, mais le curseur ne sera pas de la même couleur. Enfin !
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<b>Frédéric Couchet : </b>On va revenir sur ces questions-là parce que sinon, je crois, qu’on va perdre les gens déjà ; Gnome, KDE. La précision que j’ai demandée au départ sur distribution GNU/Linux, comme c’est le terme, le titre du sujet, il est important de le préciser, mais j’ai parfaitement que dans des évènements libristes ces questions-là ne sont pas forcément abordées et ce n’est pas forcément un mal au départ ; les personnes font ce qu’elles veulent.<br/>
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Je voudrais aussi avoir un petit peu la réaction de Charlotte qui a la délicate tâche aujourd’hui d’être aussi en régie, je la remercie, sur cette multiplicité de distributions et aussi avoir un petit peu son parcours. Comment elle est venue, finalement, aux distributions libres et sa rencontre avec Ubuntu. Est-ce que tu peux nous faire un petit point là-dessus ?
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<b>Charlotte Boulanger : </b>Effectivement mon parcours n’est pas celui d’une informaticienne parce que j’ai découvert Ubuntu par le <em>web design</em> de façon un peu détournée. En m’intéressant au design je me suis intéressée au développement, en m’intéressant au développement je me suis intéressée à l’informatique. Ce n’était pas lié à mon métier. En fait Linux, quand tu ne connais pas, même si tu ne connais pas, ça a une espèce d’aura de personne qui fait de l’informatique pour de vrai. Et en m’intéressant à ça, je suis partie vers Ubuntu parce que, pour les débutants, c’est celle qui est conseillée par beaucoup de sites grand public. Moi, par exemple, j’ai découvert avec le site OpenClassrooms, anciennement le Site du Zéro. Eux, leur but du jeu, c’est d’être le plus grand public possible ; moi j’ai commencé avec Ubuntu par exemple. J’ai essayé Debian il n’y a pas longtemps. Effectivement ça pose beaucoup questions au début mais après c’était plutôt cool. C’était plutôt une bonne surprise parce que des fois on a l’impression qu’il y a un gouffre entre Debian et Ubuntu, alors que pas du tout.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Charlotte. On aura l’occasion de passer tout à l’heure sur la deuxième partie, la partie contribution, parce que ta participation en tant que contributrice est également intéressante. Je vais continuer sur les questions justement. Je vais vous demander si possible d’être relativement brefs, en tout cas d’être relativement clairs, et je vais commencer par Jean-Christophe Monnard : expliquez en quelques mots votre distribution. Pourquoi elle existe, d’où elle vient, comment elle fonctionne. En tout cas essayer, entre guillemets, de la « vendre » aux personnes qui écoutent pour qu’on comprenne mieux un petit peu quel est le positionnement de chaque distribution et, éventuellement, les différences entre elles. Jean-Christophe sur Mageia.
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<b>Jean-Christophe Monnard : </b>Ce qui caractérise Mageia aussi bien que ses ancêtres, c’est la facilité : la facilité d’installation, la facilité d’utilisation, de mise à jour. Il y a toute une interface graphique, il y a tout un système graphique qui permet de gérer cette distribution sans faire de ligne de commande. Je me souviens une fois aux Rencontres mondiales du logiciel libre il y avait un « debianeux » qui, pour se moquer d’un ancêtre de Mageia, disait : « Ça c’est une distribution pour les secrétaires, ce n’est pas une distribution pour les hommes, les vrais ». Je lui ai répondu : oui, parce qu’avec ça une secrétaire installe facilement un serveur ou un poste client sans avoir besoin d’informaticiens.<br/>
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Donc Mageia, aussi parce que j’ai rencontré une communauté qui est en grande partie francophone donc c’est assez intéressant, c’est pour ça que je l’utilise, entre autres. Quand je vais chez les gens pour installer Linux ou au cours des install-parties c’est effectivement la distribution que je préconise pour les débutants à cause de sa grande facilité et sa variété d’interfaces graphiques : on peut choisir en fonction des personnes et puis d’une équipe qui est assez réactive. Voilà.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Mageia c’est une distribution qui existe je ne sais plus depuis combien de temps. Tu parlais des ancêtres, c’est une dérivée d’autres distributions qui existent depuis une vingtaine d’années. Ça me fait penser que, d’ailleurs, que les premières distributions GNU/Linux doivent dater, je crois, de 1992, vraiment les premières à l’époque des noyaux Linux 0.90 (???), quelque chose. Nicolas me fait un petit signe en doutant. Étant plus vieux que Nicolas j’ai à peu près confiance sur le fait que la première fois que j’en ai utilisé une c’était à peu près à cette époque-là. Je crois d’ailleurs que celle-là existe toujours, c’était Slackware ; à l’époque c’était sur des disquettes, il devait y avoir 50 ou 70 disquettes.<br/>
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En tout cas Mageia a un long historique de mises à jour. Il faut rappeler que l’association qui porte Mageia est une association dont le siège social est un Paris. Il y a un forum qui a l’air très actif, en français, comme les forums d’Ubuntu. D’ailleurs c’est là que j’ai sollicité pour avoir quelqu’un de Mageia du fait que suite au changement de date la personne qui devait parler de Mageia, Anne Nicolas, ne pouvait plus être disponible. Voilà, ça c’est Mageia. On va passer maintenant la parole à Nicolas Dandrimont pour Debian.
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Du coup la distribution Debian, notre slogan c’est d’être le système d’exploitation universel. La distribution a été créée en août 1993, donc elle fait partie des toutes premières distributions Linux qui ont été créées.<br/>
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Notre vision c’est d’avoir une distribution qui soit le plus proche possible de ce que vont fournir les projets amont (???). Donc les logiciels que l’on va empaqueter dans notre distribution vont être le moins possible modifiés par rapport à ce qui est publié par les auteurs originaux. Notre autre force c’est la diversité des architectures sur lesquelles on fonctionne, c’est-à-dire que Debian va pouvoir fonctionner du téléphone au supercalculateur en passant, bien sûr, par l’ordinateur classique de bureau ou ordinateur portable. On va pouvoir faire tourner les mêmes logiciels sur toute cette diversité de dispositifs, d’ordinateurs.
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<b>Jean-Christophe Monnard : </b>Je voudrais intervenir sur Debian pour en dire du bien. Un jour un expert en sécurité m’a dit à propos de Debian que ce sont les gardiens du temple, parce que non seulement la distribution utilise des logiciels libres, mais le fonctionnement associatif au niveau mondial de Debian cherche à appliquer les valeurs du Libre. Maintenant je suis chez Mageia parce que nous ne sommes plus dirigés par une entreprise mais par une association, mais je pense que c’est ça : les gardiens du temple ça correspond très bien à Debian.
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Merci. Oui, effectivement, ça fait partie des choses qui sont vraiment au cœur de Debian. La philosophie du projet est très proche de la philosophie qui est à la base du logiciel libre. Je ne sais pas si tu as prévu d’en reparler après, Fred.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça dépendra évidemment du temps disponible. Debian est souvent la mère d’autres distributions plus spécialisées.
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Oui, aussi.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est une distribution un petit peu effectivement à part. Olivier et Charlotte, sur Ubuntu- Fr qui en premier.
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<b>Olivier Fraysse : </b>Sur Ubuntu-Fr
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<b>Frédéric Couchet : </b>Sur Ubuntu, excuse-moi.
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<b>Olivier Fraysse : </b>On avait une version francophone d’Ubuntu, mais on a arrêté de la faire, elle avait de différent le fait que le français était la langue par défaut et, très momentanément, on a désactivé des fonctionnalités très contestées dans la communauté qui était la recherche dans Amazon.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je n’avais pas prévu d’en parler mais c’est bien que tu le cites. Alors Ubuntu.
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<b>Olivier Fraysse : </b>Il n’y a pas de problème. C’est aussi ça la différence avec Debian, c’est qu’Ubuntu est relativement impure. Mais Debian est aussi la mère du Ubuntu, pas la merde, j’ai dit la mère !
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[Rires]
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<b>Olivier Fraysse : </b>Excusez-moi. Pardon ! On est à la radio. Sans Debian, il n’y aurait pas d’Ubuntu. D’ailleurs quand on nous demande comment contribuer à Ubuntu généralement on renvoie vers Debian, on dit « contribuez à Debian, vous aiderez Ubuntu ». Je pense que Debian survivra à la fin du capitalisme beaucoup plus facilement qu’Ubuntu.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je ne suis pas sûr qu’on ait le temps de traiter la fin du capitalisme dans l’heure de l’émission. Est-ce que tu peux, en quelques mots, nous donner la spécificité d’Ubuntu.
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<b>Olivier Fraysse : </b>Je n’avais pas prévu de rentrer complètement dans les cases que tu avais imaginées.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. À ce moment-là je vais demander à Charlotte. Charlotte !
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<b>Charlotte Boulanger : </b>Je suis pas censée parler de la fin du capitalisme.
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[Rires]
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<b>Olivier Fraysse : </b>??? tombe à l’eau.
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<b>Charlotte Boulanger : </b>SOS. Ubuntu, moi je veux bien parler des mauvais côtés quelque part parce qu’il ne fait pas hésiter.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Vas-y.
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<b>Charlotte Boulanger : </b>Ubuntu, pour beaucoup de personnes qui sont dans l’univers du logiciel libre, qui sont des libristes, ce n’est pas mal Canonical, en fait, qui est l’entreprise qui a créé, qui a lancé Ubuntu, disons, et qui prend pas mal de décisions dont les petits boutons Amazon qui sont là par défaut et ce genre de chose. Il faut entendre les critiques sur Ubuntu et quand quelqu’un me dit avec un air, comme le disait Jean-Christophe sur Mageia, quand quelqu’un d’une autre distribution vient me voir en me disant « moi je ne suis pas sur Ubuntu parce que machin, machin ! » Je dis : « C’est super cool pour toi ! » Par contre Ubuntu a cette raison d’être d’être facile pour les débutants. En tout cas c’est une bonne porte d’entrée vers le monde des distributions libres.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Charlotte. Très clairement Ubuntu a joué un rôle considérable pour l’accès, la découverte du grand public du logiciel libre, à la fois par sa facilité d’installation, d’usage, à un moment où Debian n’était peut-être pas à ce même niveau et aussi par les Ubuntu Parties dont on reparlera tout à l’heure, les évènements, c’est-à-dire la communauté, l’accueil, etc. Olivier, tu voulais ajouter quelque chose en lien avec le capitalisme ou Ubuntu ?
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<b>Olivier Fraysse : </b>Non. C’était pour dire qu’effectivement moi si je suis sous Ubuntu et que je participe à l’association Ubuntu francophone c’est essentiellement parce que ça permet au grand public d’accéder au logiciel libre. C’est en ça que je trouve Ubuntu génial et que c’est plus facile de le faire avec Ubuntu qu’avec Debian ou Fedora ou Mageia, d’après moi.
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<b>Nicolas Dandrimont : </b>Je suis tout à fait d’accord avec ça.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Nous allons poursuivre notre échange après une pause musicale. Nous allons écouter <em>Lord's Mistake</em> de l’album Not Kings par Candy Says et on se retrouve juste après.
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Pause musicale : <em>Lord's Mistake</em> de l’album Not Kings par Candy Says
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==42’ 25==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Vous êtes de retour sur l’émission
  
 
==2’28==
 
==2’28==

Version du 24 janvier 2019 à 14:44


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 22 janvier 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : Charlotte Boulanger, Ubuntu-Fr - Olivier Fraysse, Ubuntu-Fr - Nicolas Dandrimont, Debian - Jean-Christophe Monnard, Mageia - Isabella Vanni, April - Frédéric Couchet, April

Lieu : Radio Cause commune

Date : 22 janvier 2019

Durée : 1 h 30 min

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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Statut : Transcrit MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.10 en Île-de-France et partout ailleurs dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur web et rendez-vous sur le site de la radio causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ainsi sur le salon dédié à l’émission.
Nous sommes mardi 22 janvier 2019, nous diffusons en direct, mais peut-être écoutez-vous un podcast.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet délégué général de l’April. Le site web de l’association est april.org et vous pouvez trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission. La page est déjà en ligne. Elle sera complétée après l’émission.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Je vous souhaite une bonne écoute.

Maintenant le programme de cette émission.
Nous allons commencer par une intervention de ma collègue Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April, qui va nous faire un point sur des actions de sensibilisation pour démarrer ainsi une chronique intitulée « Le libre fait sa comm’ ». Normalement Isabella est avec nous par téléphone. Bonjour Isabella.

Isabella Vanni : Bonjour.

Frédéric Couchet : On se retrouve d’ici quelques secondes. D’ici une quinzaine de minutes, notre sujet principal portera sur les distributions GNU/Linux, plusieurs mots qu’on explicitera et j’ai le plaisir d’avoir avec moi en studio Nicolas Dandrimont de Debian.

Nicolas Dandrimont : Bonjour.

Frédéric Couchet : Olivier Fraysse d’Ubuntu.

Olivier Fraysse : Salut.

Frédéric Couchet : Également Charlotte Boulanger, toujours pour Ubuntu. Bonjour Charlotte.

Charlotte Boulanger : Salut.

Frédéric Couchet : Et tout à l’heure Jean-Christophe Monnard nous rejoindra au téléphone pour Mageia. Bien sûr, des mots qu’on expliquera évidemment tout à l’heure.
Ensuite, aux alentours de 17 h 10 [16 h 40, NdT] nous aborderons notre dernier sujet qui concernera la boutique en ligne En Vente Libre avec les mêmes invités, par chance.
Je salue de nouveau Charlotte qui est également à la régie donc qui va deux tâches aujourd’hui en parallèle. Tout de suite place au premier sujet. Nous allons commencer par une intervention de ma collègue Isabella Vanni qui, je le rappelle, est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Isabella commence une chronique intitulée « Le libre fait sa comm’ ». Isabella déjà première question : quel est l’objectif de cette chronique ?

2’28

Isabella Vanni : L’objectif de la chronique c’est d’annoncer des actions des


Pause musicale : Sometimes par Jahzzar

16’ 00

Frédéric Couchet : Vous êtes de retour sur l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.10 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm. Vous venez d’écouter Sometimes par Jahzzar, une musique qui est disponible sous licence CC BY-SA, donc partage à l’identique, et vous trouvez la référence sur le site de l’April.

Nous venons de parler de sensibilisation. Nous allons continuer un petit peu, avec le sujet suivant, de parler de sensibilisation avec le sujet des distributions GNU/Linux. Nos invités aujourd’hui : en studio Nicolas Dandrimont du projet Debian. Rebonjour Nicolas.

Nicolas Dandrimont : Rebonjour.

Frédéric Couchet : Olivier Fraysse, Ubuntu. Bonjour Olivier.

Olivier Fraysse : Re salut.

Frédéric Couchet : Charlotte Boulanger, Ubuntu également. Rebonjour Charlotte.

Charlotte Boulanger : Rebonjour Fred.

Frédéric Couchet : Et normalement nous a rejoints au téléphone Jean-Christophe Monnard du projet Mageia. Bonjour Jean-Christophe.

Jean-Christophe Monnard : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Super. Donc tout le monde est présent. Toutes les personnes sont là Nous allons essayer d’expliquer un petit peu ce que sont ces distributions GNU/Linux, comment s’y mettre, comment commencer à utiliser des systèmes libres, comment éventuellement contribuer. Nous allons passer une petite heure sur ce sujet. On va commencer par une première question, parce qu’en fait distributions GNU/Linux, il y a plusieurs termes que, je pense, les gens qui écoutent, ne connaissent pas forcément. Nicolas peut-être, est-ce que tu veux faire une introduction pour expliquer ce qu’est une distribution GNU/Linux, un système d’exploitation, on dira ?

Nicolas Dandrimont : Une distribution GNU/Linux c’est effectivement un système d’exploitation complet qu’on va pouvoir mettre sur son ordinateur par exemple. L’idée c’est qu’au lieu d’être basé sur un système classique, on peut penser par exemple à Windows de Microsoft, ça va être basé autour du noyau Linux qui est un logiciel libre, qui est développé maintenant depuis 25 ans par une communauté de développeurs. Au-dessus de ce noyau Linux, on va ajouter des logiciels qui seront aussi, dans la majorité des cas, des logiciels libres, donc des logiciels qui vont permettre d’avoir un environnement de bureau, un navigateur web qui va être par exemple Firefox qu’on va pouvoir utiliser pour naviguer sur Internet, un client email, de la bureautique, etc. Donc tous les logiciels que l’on peut vouloir utiliser sur son ordinateur vont être disponibles à travers les distributions GNU/Linux.

Frédéric Couchet : Tu as expliqué, et après je passerai la parole évidemment aux autres personnes, tu as expliqué « Linux » et « distribution ». Le terme GNU ?

Nicolas Dandrimont : Le terme GNU vient du projet GNU. En fait le projet GNU est un projet de système d’exploitation qui a été lancé par Richard Stallman dont on a probablement déjà parlé dans cette émission.

Frédéric Couchet : Tout à fait.

Nicolas Dandrimont : Il y a maintenant 35 ans, oui, 35 ans cette année. L’idée du projet GNU c’est d’avoir un système d’exploitation qui libère les utilisateurs. L’idée c’est d’avoir un ensemble de logiciels qui sont des logiciels libres en fait, donc que tout le monde va pouvoir utiliser pour n’importe quel usage, va pouvoir diffuser, va pouvoir modifier et redistribuer, s’il en a les compétences bien sûr. Donc le projet GNU c’est vraiment l’idée d’avoir un système d’exploitation qui soit utilisable par tous pour n’importe quel usage. Qui libère la personne.

Frédéric Couchet : Un système d’exploitation libre, entièrement libre, utilisable par toute personne. Olivier est-ce que tu veux compléter cette introduction ?

Olivier Fraysse : Je crois que l’essentiel a été dit. Distribution ce n’est peut-être pas forcément très clair pour tout le monde.

Frédéric Couchet : Voilà ! Vas-y.

Olivier Fraysse : On ne va pas distribuer des gnous en plastique comme on distribue des flyers. Une distribution c’est un ensemble de logiciels, on peut dire ça comme ça je pense, c’est une sélection de logiciels libres avec telle version du noyau, enfin le noyau Linux plus une interface graphique plutôt qu’une autre. Et surtout un système de packaging. Un système de packaging, je ne sais pas si je vais pouvoir l’expliquer facilement ; je ne sais si Nico est inspiré là-dessus.

Frédéric Couchet : Ou peut-être Jean-Christophe. Jean-Christophe, est-ce que tu veux compléter l’introduction et après peut-être que je pourrais continuer cette discussion ?

Jean-Christophe Monnard : Moi j’ai envie de parler avec un mot français « empaquetage », donc emballage, empaquetage, c’est-à-dire qu’on prépare les morceaux de logiciels. Ce qui est important dans le logiciel libre, avec les quatre libertés, c’est d’avoir un code source, comment le logiciel a été écrit par des êtres humains ou à peu près, ce qu’on appelle des informaticiens. Donc on fabrique du logiciel libre et on peut lire son code source tel qu’il a été écrit. Ensuite, si on veut l’utiliser, il faut transformer ce code source dans un langage que les machines peuvent comprendre. Les machines ne comprennent que le binaire, les 0 et les 1. Quand on achète un logiciel propriétaire on n’a jamais que les 0 et les 1, donc on ne sait pas très bien ce qui se passe dedans. Dans un logiciel libre, il y a quelque part le code source et il faut préparer ce code source de manière cohérente. Là je crois que pour chaque distribution le mot « cohérence » est important. Chaque distribution est un ensemble cohérent de logiciels qui ont été préparés, empaquetés, de manière à être cohérents entre eux pour fabriquer cette architecture, qui fonctionne bien, qui est bien huilée d’habitude, il y a parfois des petits problèmes, mais pas plus qu’ailleurs. Donc on a cet ensemble cohérent. Donc Debian, Slackware, Ubuntu, Mageia, ce sont des ensembles cohérents où à partir de ces codes sources qu’utilisent toutes ces distributions, ces codes sources ont reçu un empaquetage, une préparation, pour en faire des paquets de 0 et de 1 que l’ordinateur peut utiliser. Parce que l’ordinateur n’est pas capable d’utiliser ce qu’a écrit l’informaticien, il faut le préparer. J’espère que je n’ai pas dit de bêtises.

Frédéric Couchet : Ça me paraît très clair. En fait, avant l’existence de ces distributions GNU/Linux ou d’autres systèmes libres, finalement les personnes qui souhaitaient avoir un système libre devaient composer elles-mêmes leur système en réunissant tous les éléments nécessaires. Ce qu’ont apporté les distributions c’est évidemment une sélection de logiciels libres, mais finalement, on va en reparler tout à l’heure, on retrouve à peu près les mêmes logiciels libres dans l’ensemble des distributions. La grosse différence ça va être, peut-être, sur l’environnement de bureau et on en reparlera peut-être tout à l’heure, peut-être aussi sur la présence de logiciels privateurs en plus, mais ce qu’apportent les distributions c’est une méthode d’installation qui varie en fonction des distributions et une méthode de mise à jour des paquets ensuite pour, effectivement, soit rajouter des paquets soit mettre à jour les paquets dans leur cycle de vie, parce que ce sont des logiciels libres qui évoluent et donc il y a un cycle de vie. Est-ce que ça vous paraît à peu clair comme résumé ?

Nicolas Dandrimont : Oui, c’est ça.

Jean-Christophe Monnard : Tout à fait.

Frédéric Couchet : D’accord. On va passer à la deuxième question. Tout à l’heure c’était Nicolas Dandrimont de Debian qui parlait de Microsoft Windows, on pourrait aussi citer Mac OS d’Apple, les gens qui ont l’habitude de ces systèmes se disent, enfin ont la compréhension que finalement l’ensemble des logiciels vient d’une seule structure, que ce soit Microsoft ou Apple.
Aujourd’hui, il y a une ambiance un peu particulière au studio. Je préviens si vous entendez des rires, il y a une ambiance très détendue.

Nicolas Dandrimont : C’est de ma faute !

Frédéric Couchet : Là tout d’un coup on va parler de distributions au pluriel. Là nous avons une personne de Debian, deux personnes d’Ubuntu, quelqu’un de Mageia. J’ai une question assez « basique » entre guillemets, pourquoi il y a plusieurs distributions GNU/Linux et qu’est-ce qui les différencie ? Pour l’instant on va rester à un niveau un peu supérieur c’est-à-dire sans forcément rentrer dans le détail. Pourquoi il y a plusieurs distributions GNU/Linux ? Qui veut intervenir sur cette question ? Nicolas Dandrimont qui est de Debian.

Nicolas Dandrimont : Tout à fait. J’ai une analogie. On pourrait se poser la même question : pourquoi il y a plusieurs marques de chaussures ? Eh bien parce qu’il y a plusieurs formes de pieds et parce qu’il y a des pieds plus poilus que d’autres. Je veux dire que tu ne vas pas être confortable dans toutes les paires de chaussures. De la même manière les usages de l’informatique sont très divers donc les gens vont vouloir assembler leur univers informatique de la manière qui les intéresse. C’est pour ça qu’on a une diversité assez large dans les distributions GNU/Linux. La possibilité qui est ouverte par la publication du code source, la disponibilité des logiciels et la possibilité aussi de les modifier, permet à chacun de trouver chaussure à son pied et de faire chaussure à son pied. Donc c’est comme ça qu’on se retrouve avec des centaines voire des milliers de distributions Linux qui sont différentes, qui vont toutes partir de la même base, de plus ou moins les mêmes logiciels, mais qui vont être intégrés de manières subtilement différentes pour convenir à leurs utilisateurs.

Olivier Fraysse : Donc Debian, ce serait comme une grosse botte où il faut lacer pendant très longtemps et Ubuntu ce serait la chaussure à scratch. C’est ça ?

Nicolas Dandrimont : On peut le voir comme ça.

Frédéric Couchet : On ne va pas commencer le débat entre les distributions, je vous préviens. Je préviens Olivier qu’on rentrera dans le détail des débats tout à l’heure. Jean-Christophe Monnard est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur cette question, finalement, de l’existence de plusieurs distributions, notamment l’existence de Mageia en plus d’Ubuntu, Debian et évidemment des autres que certaines on citera tout à l’heure ? Jean-Christophe.

Jean-Christophe Monnard : C’est à la fois la puissance et la faiblesse du Libre : la liberté ; la liberté c’est le choix. Je ne parlerais pas de tailles de pieds différentes, mais plutôt d’utilisations différentes : entre un escarpin et une chaussure de montagne, il est clair qu’il vaut mieux avoir des savoir-faire différents. Certaines distributions sont plus adaptées à faire du serveur, d’autres au grand public et ainsi de suite, plus les particularismes nationaux qui existent aussi. Je crois qu’à partir du moment où chacun peut modifier quelque chose : un jour j’avais pris une distribution, bien que n’étant pas un vrai informaticien, une distribution qui tenait sur trois disquettes, je l’ai francisée ; je peux dire, quelque part, que ce jour-là j’ai fait ma distribution, or je me suis bien amusé ; ça n’a pas servi à grand-chose d’autre.
Donc le Libre permet plein de possibilités et je crois que c’est une de ses richesses. Malheureusement c’est aussi une de ses faiblesses parce qu’il n’y a peut-être pas toujours assez de monde pour telle ou telle distribution. Je me souviens par exemple de la distribution ???, que j’adorais, mais qui n’est plus vraiment mise à jour.

Frédéric Couchet : Effectivement, comme tu le dis, après je repasserai la parole à Olivier Fraysse, c’est une des forces et une des « faiblesses » entre guillemets du logiciel libre, mais quand tu parles de la distribution que tu t’es faite de ton côté, ça me fait penser qu’il est important de préciser, là on parle de distributions génériques, qu’il y a des distributions spécialisées par exemple pour l’audio, pour la vidéo, pour l’éducation, pour la sécurité. Le but aujourd’hui ce n’est pas de les citer toutes parce qu’il y en a beaucoup et vous retrouverez des références sur le site de l’April ou sur Wikipédia. Et c’est aussi, quand même, une des grosses forces du Libre, effectivement, d’adapter par rapport à des besoins spécifiques et sans dépendre du choix d’un éditeur qui peut-être économiquement n’aura pas intérêt à créer une distribution ou un système d’exploitation pour une communauté dédiée, là où le Libre a cette réponse. Et aussi la force de la communauté, on y reviendra tout à l’heure, c’est un des critères de choix. Ça va être une de mes questions, évidemment, ça va être : comment on choisit entre ces différentes distributions, c’est un des critères de choix. Olivier, tu voulais réagir ?

27’ 26

Olivier Fraysse : Justement sur le choix, je trouve que c’est l’inconvénient du Libre c’est qu’il y a vraiment beaucoup de choix et, du coup, ça rend inaccessible au grand public. Plus il y a de choix, plus c’est complexe, il faut comparer tout un tas de trucs. Même dans une même distribution il y a plusieurs variantes, donc pour Ubuntu mais c’est vrai aussi ailleurs. Il y a plein d’interfaces différentes. Il y a une version pour les ingénieurs du son et de la vidéo qui s’appelle Ubuntu Studio ; il y a Kubuntu dont on ne sait pas vraiment la différence réelle avec Ubuntu sans le tester directement. Et c’est ça qui fait, d’après moi, que ce n’est pas facile pour le grand public de passer à un système GNU/Linux, c’est qu’il y a trop de choix. Déjà il faut expliquer pourquoi GNU/Linux, ce n’est pas juste Linux et ce n’est pas toujours la même chose. Pourquoi GNU ? Il faut préciser GNU. Il faut toujours tout expliquer surtout si on veut être juste. Et voilà ! Et surtout le fait d’avoir à choisir. Je me souviens quand j’ai installé ma première Debian, ça me demandait pourquoi il fallait que je mette un serveur, enfin ça me demandait s’il fallait que je mette un serveur IIRCD, je n’ai jamais compris ce que c’était, avec deux « I ». À chaque fois que j’installais ça chez quelqu’un, je disais « cette question-là tu dis oui ou tu dis non, on s’en fout ; moi-même je ne comprends pas ! » Il y avait plein de questions : il fallait choisir entre Gnome et KDE. Est-ce tu veux expliquer ça à tes potes qui veulent se passer de leur système vérolé ; tu leur mets une Debian mais ça te pose des questions : Gnome, KDE ; alors ce n’est pas la même forme des boutons ; la souris va marcher pareil, mais le curseur ne sera pas de la même couleur. Enfin !

Frédéric Couchet : On va revenir sur ces questions-là parce que sinon, je crois, qu’on va perdre les gens déjà ; Gnome, KDE. La précision que j’ai demandée au départ sur distribution GNU/Linux, comme c’est le terme, le titre du sujet, il est important de le préciser, mais j’ai parfaitement que dans des évènements libristes ces questions-là ne sont pas forcément abordées et ce n’est pas forcément un mal au départ ; les personnes font ce qu’elles veulent.
Je voudrais aussi avoir un petit peu la réaction de Charlotte qui a la délicate tâche aujourd’hui d’être aussi en régie, je la remercie, sur cette multiplicité de distributions et aussi avoir un petit peu son parcours. Comment elle est venue, finalement, aux distributions libres et sa rencontre avec Ubuntu. Est-ce que tu peux nous faire un petit point là-dessus ?

Charlotte Boulanger : Effectivement mon parcours n’est pas celui d’une informaticienne parce que j’ai découvert Ubuntu par le web design de façon un peu détournée. En m’intéressant au design je me suis intéressée au développement, en m’intéressant au développement je me suis intéressée à l’informatique. Ce n’était pas lié à mon métier. En fait Linux, quand tu ne connais pas, même si tu ne connais pas, ça a une espèce d’aura de personne qui fait de l’informatique pour de vrai. Et en m’intéressant à ça, je suis partie vers Ubuntu parce que, pour les débutants, c’est celle qui est conseillée par beaucoup de sites grand public. Moi, par exemple, j’ai découvert avec le site OpenClassrooms, anciennement le Site du Zéro. Eux, leur but du jeu, c’est d’être le plus grand public possible ; moi j’ai commencé avec Ubuntu par exemple. J’ai essayé Debian il n’y a pas longtemps. Effectivement ça pose beaucoup questions au début mais après c’était plutôt cool. C’était plutôt une bonne surprise parce que des fois on a l’impression qu’il y a un gouffre entre Debian et Ubuntu, alors que pas du tout.

Frédéric Couchet : Merci Charlotte. On aura l’occasion de passer tout à l’heure sur la deuxième partie, la partie contribution, parce que ta participation en tant que contributrice est également intéressante. Je vais continuer sur les questions justement. Je vais vous demander si possible d’être relativement brefs, en tout cas d’être relativement clairs, et je vais commencer par Jean-Christophe Monnard : expliquez en quelques mots votre distribution. Pourquoi elle existe, d’où elle vient, comment elle fonctionne. En tout cas essayer, entre guillemets, de la « vendre » aux personnes qui écoutent pour qu’on comprenne mieux un petit peu quel est le positionnement de chaque distribution et, éventuellement, les différences entre elles. Jean-Christophe sur Mageia.

Jean-Christophe Monnard : Ce qui caractérise Mageia aussi bien que ses ancêtres, c’est la facilité : la facilité d’installation, la facilité d’utilisation, de mise à jour. Il y a toute une interface graphique, il y a tout un système graphique qui permet de gérer cette distribution sans faire de ligne de commande. Je me souviens une fois aux Rencontres mondiales du logiciel libre il y avait un « debianeux » qui, pour se moquer d’un ancêtre de Mageia, disait : « Ça c’est une distribution pour les secrétaires, ce n’est pas une distribution pour les hommes, les vrais ». Je lui ai répondu : oui, parce qu’avec ça une secrétaire installe facilement un serveur ou un poste client sans avoir besoin d’informaticiens.
Donc Mageia, aussi parce que j’ai rencontré une communauté qui est en grande partie francophone donc c’est assez intéressant, c’est pour ça que je l’utilise, entre autres. Quand je vais chez les gens pour installer Linux ou au cours des install-parties c’est effectivement la distribution que je préconise pour les débutants à cause de sa grande facilité et sa variété d’interfaces graphiques : on peut choisir en fonction des personnes et puis d’une équipe qui est assez réactive. Voilà.

Frédéric Couchet : D’accord. Mageia c’est une distribution qui existe je ne sais plus depuis combien de temps. Tu parlais des ancêtres, c’est une dérivée d’autres distributions qui existent depuis une vingtaine d’années. Ça me fait penser que, d’ailleurs, que les premières distributions GNU/Linux doivent dater, je crois, de 1992, vraiment les premières à l’époque des noyaux Linux 0.90 (???), quelque chose. Nicolas me fait un petit signe en doutant. Étant plus vieux que Nicolas j’ai à peu près confiance sur le fait que la première fois que j’en ai utilisé une c’était à peu près à cette époque-là. Je crois d’ailleurs que celle-là existe toujours, c’était Slackware ; à l’époque c’était sur des disquettes, il devait y avoir 50 ou 70 disquettes.
En tout cas Mageia a un long historique de mises à jour. Il faut rappeler que l’association qui porte Mageia est une association dont le siège social est un Paris. Il y a un forum qui a l’air très actif, en français, comme les forums d’Ubuntu. D’ailleurs c’est là que j’ai sollicité pour avoir quelqu’un de Mageia du fait que suite au changement de date la personne qui devait parler de Mageia, Anne Nicolas, ne pouvait plus être disponible. Voilà, ça c’est Mageia. On va passer maintenant la parole à Nicolas Dandrimont pour Debian.

Nicolas Dandrimont : Du coup la distribution Debian, notre slogan c’est d’être le système d’exploitation universel. La distribution a été créée en août 1993, donc elle fait partie des toutes premières distributions Linux qui ont été créées.
Notre vision c’est d’avoir une distribution qui soit le plus proche possible de ce que vont fournir les projets amont (???). Donc les logiciels que l’on va empaqueter dans notre distribution vont être le moins possible modifiés par rapport à ce qui est publié par les auteurs originaux. Notre autre force c’est la diversité des architectures sur lesquelles on fonctionne, c’est-à-dire que Debian va pouvoir fonctionner du téléphone au supercalculateur en passant, bien sûr, par l’ordinateur classique de bureau ou ordinateur portable. On va pouvoir faire tourner les mêmes logiciels sur toute cette diversité de dispositifs, d’ordinateurs.

Jean-Christophe Monnard : Je voudrais intervenir sur Debian pour en dire du bien. Un jour un expert en sécurité m’a dit à propos de Debian que ce sont les gardiens du temple, parce que non seulement la distribution utilise des logiciels libres, mais le fonctionnement associatif au niveau mondial de Debian cherche à appliquer les valeurs du Libre. Maintenant je suis chez Mageia parce que nous ne sommes plus dirigés par une entreprise mais par une association, mais je pense que c’est ça : les gardiens du temple ça correspond très bien à Debian.

Nicolas Dandrimont : Merci. Oui, effectivement, ça fait partie des choses qui sont vraiment au cœur de Debian. La philosophie du projet est très proche de la philosophie qui est à la base du logiciel libre. Je ne sais pas si tu as prévu d’en reparler après, Fred.

Frédéric Couchet : Ça dépendra évidemment du temps disponible. Debian est souvent la mère d’autres distributions plus spécialisées.

Nicolas Dandrimont : Oui, aussi.

Frédéric Couchet : C’est une distribution un petit peu effectivement à part. Olivier et Charlotte, sur Ubuntu- Fr qui en premier.

Olivier Fraysse : Sur Ubuntu-Fr

Frédéric Couchet : Sur Ubuntu, excuse-moi.

Olivier Fraysse : On avait une version francophone d’Ubuntu, mais on a arrêté de la faire, elle avait de différent le fait que le français était la langue par défaut et, très momentanément, on a désactivé des fonctionnalités très contestées dans la communauté qui était la recherche dans Amazon.

Frédéric Couchet : Je n’avais pas prévu d’en parler mais c’est bien que tu le cites. Alors Ubuntu.

Olivier Fraysse : Il n’y a pas de problème. C’est aussi ça la différence avec Debian, c’est qu’Ubuntu est relativement impure. Mais Debian est aussi la mère du Ubuntu, pas la merde, j’ai dit la mère !

[Rires]

Olivier Fraysse : Excusez-moi. Pardon ! On est à la radio. Sans Debian, il n’y aurait pas d’Ubuntu. D’ailleurs quand on nous demande comment contribuer à Ubuntu généralement on renvoie vers Debian, on dit « contribuez à Debian, vous aiderez Ubuntu ». Je pense que Debian survivra à la fin du capitalisme beaucoup plus facilement qu’Ubuntu.

Frédéric Couchet : Je ne suis pas sûr qu’on ait le temps de traiter la fin du capitalisme dans l’heure de l’émission. Est-ce que tu peux, en quelques mots, nous donner la spécificité d’Ubuntu.

Olivier Fraysse : Je n’avais pas prévu de rentrer complètement dans les cases que tu avais imaginées.

Frédéric Couchet : D’accord. À ce moment-là je vais demander à Charlotte. Charlotte !

Charlotte Boulanger : Je suis pas censée parler de la fin du capitalisme.

[Rires]

Olivier Fraysse : ??? tombe à l’eau.

Charlotte Boulanger : SOS. Ubuntu, moi je veux bien parler des mauvais côtés quelque part parce qu’il ne fait pas hésiter.

Frédéric Couchet : Vas-y.

Charlotte Boulanger : Ubuntu, pour beaucoup de personnes qui sont dans l’univers du logiciel libre, qui sont des libristes, ce n’est pas mal Canonical, en fait, qui est l’entreprise qui a créé, qui a lancé Ubuntu, disons, et qui prend pas mal de décisions dont les petits boutons Amazon qui sont là par défaut et ce genre de chose. Il faut entendre les critiques sur Ubuntu et quand quelqu’un me dit avec un air, comme le disait Jean-Christophe sur Mageia, quand quelqu’un d’une autre distribution vient me voir en me disant « moi je ne suis pas sur Ubuntu parce que machin, machin ! » Je dis : « C’est super cool pour toi ! » Par contre Ubuntu a cette raison d’être d’être facile pour les débutants. En tout cas c’est une bonne porte d’entrée vers le monde des distributions libres.

Frédéric Couchet : Merci Charlotte. Très clairement Ubuntu a joué un rôle considérable pour l’accès, la découverte du grand public du logiciel libre, à la fois par sa facilité d’installation, d’usage, à un moment où Debian n’était peut-être pas à ce même niveau et aussi par les Ubuntu Parties dont on reparlera tout à l’heure, les évènements, c’est-à-dire la communauté, l’accueil, etc. Olivier, tu voulais ajouter quelque chose en lien avec le capitalisme ou Ubuntu ?

Olivier Fraysse : Non. C’était pour dire qu’effectivement moi si je suis sous Ubuntu et que je participe à l’association Ubuntu francophone c’est essentiellement parce que ça permet au grand public d’accéder au logiciel libre. C’est en ça que je trouve Ubuntu génial et que c’est plus facile de le faire avec Ubuntu qu’avec Debian ou Fedora ou Mageia, d’après moi.

Nicolas Dandrimont : Je suis tout à fait d’accord avec ça.

Frédéric Couchet : D’accord. Nous allons poursuivre notre échange après une pause musicale. Nous allons écouter Lord's Mistake de l’album Not Kings par Candy Says et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Lord's Mistake de l’album Not Kings par Candy Says

42’ 25

Frédéric Couchet : Vous êtes de retour sur l’émission

2’28

Isabella Vanni : L’objectif de la chronique c’est d’annoncer des actions des



16’ 00

Frédéric Couchet : Vous êtes de retour sur l’émission