Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 21 janvier 2020 »

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==Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi qui fait une rétrospective des chroniques « Pépites libres » de l’année 2019==
 
==Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi qui fait une rétrospective des chroniques « Pépites libres » de l’année 2019==
  
<b>Frédéric Couchet : </b>Les choix, voire les coups de cœur
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<b>Frédéric Couchet : </b>Les choix, voire les coups de cœur de Marie-0dile Morandi qui met en valeur deux ou trois transcriptions dont elle conseille la lecture, c’est la chronique les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture de Marie-0dile Morandi animatrice du groupe de travail Transcriptions.<br/>
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Bonjour Marie-Odile.
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<b>Marie-0dile Morandi : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je te laisse la parole.
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<b>Marie-0dile Morandi : </b>En début de nouvelle année, outre les vœux habituels, il est de coutume de revisiter l’année précédente et c’est ce que j’ai souhaité faire aujourd’hui en revenant sur les chroniques de Jean-Christophe Becquet intitulées « Pépites libres ».<br/>
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Au cours de l’année 2019, Jean-Christophe, actuel président de l’April, a commis dix chroniques dont l’objectif est de présenter une ressource – œuvre d’art, ressource pédagogique, base de données – sous licence libre, sélectionnée pour son intérêt artistique, pédagogique, insolite, utile. Il y en a donc pour les goûts de toutes et tous, chacun selon ses centres d’intérêt.<br/>
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Je ne vais pas revenir en détail sur chacune de ces chroniques, vous retrouverez sur la page des références concernant l’émission d’aujourd’hui le lien vers les podcasts et les relatives transcriptions, mais je vais insister sur celles qui m’ont particulièrement intéressée.
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Jean-Christophe traite à chaque fois d’une ressource qui possède un auteur, un propriétaire et c’est justement parce que ce propriétaire a des droits sur son œuvre, droit moral et droit patrimonial, qu’il peut choisir de la partager sous licence libre. Comme il est dit dans une des chroniques, on se trouve devant un paradoxe : avec tous les services à disposition sur Internet, chaque individu est maintenant à la fois récepteur et émetteur de contenus. Les gens partagent volontiers en ligne leurs photos, leurs vidéos, les mettent en accès public et oublient que si rien n’est précisé c’est le droit d’auteur classique qui s’applique et à priori tout est interdit.<br/>
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Le Libre est né avec le logiciel libre, Richard Stallman en 1984 et, avec le temps, des personnes ont eu envie de libérer des ressources autres que des logiciels – textes, images, livres, films et dessins animés. Ces personnes se sont mises à réfléchir à des licences adaptées à ces ressources non-logicielles, à ces œuvres immatérielles. Les licences Creative Commons particulièrement permettent de donner explicitement aux utilisateurs un droit d’usage décidé par l’auteur, droit d’utilisation, de copie, de réutilisation selon la licence choisie sans jamais oublier, bien entendu, de créditer l’auteur ! Cependant il existe encore un manque d’éducation sur cette nécessité d’indiquer clairement, de la part des créateurs, quels sont les droits qu’ils accordent sur leurs œuvres publiées sur Internet, c’est-à-dire cette nécessité d’indiquer une licence.
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Dans sa première chronique de janvier 2019, Jean-Christophe nous permet grâce à la vidéo « Un Faible Degré d’Originalité » de Antoine Defoort, qu’il appelle une promenade culturelle, de découvrir l’histoire du droit d’auteur. Il nous explique que cette vidéo, initialement publiée avec la licence Creative Commons NC, qui limite les utilisations commerciales, donc une licence pas libre au sens strict du terme, est depuis, suite à ses échanges avec l’auteur, publiée sous licence Creative Commons BY-Share Alike, Partage à l’identique, clause qui permet sa copie et son utilisation, à condition de partager sous la même licence libre les éventuelles versions dérivées ou modifiées de la vidéo.
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Dans la chronique intitulée « Copier n’est pas voler », du titre du dessin animé de l’artiste Nina Paley, il nous est rappelé qu’une œuvre de l’esprit est une ressource non rivale et que, puisque le coût de la copie est marginal, la copier à plusieurs endroits permet de renforcer sa diffusion et constitue une formidable opportunité donnée par les auteurs qui choisissent de partager leur travail sous licence libre.
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Avec la chronique « 50 millions de photos libres sur Flickr », Jean-Christophe nous propose d’enrichir les communs, c’est-à-dire de déposer nos photos sur ce site web de partage de photographies et de vidéos.<br/>
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Il nous conseille de les déposer aussi sur la médiathèque libre Wikimedia Commons, toujours afin d’augmenter leur visibilité et pourquoi pas, avec des photos de notre patrimoine architectural, participer au concours mondial de photos libres Wiki Loves Monuments, qui se déroule en septembre ou au concours Wiki Loves Earth, consacré au patrimoine naturel, qui se déroule au printemps. La licence Creative Commons Attribution – Partage à l'identique est requise pour ces œuvres.
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Dans le registre de l’éducation qui me tient à cœur, nous entendons régulièrement que la formation des individus devra se poursuivre tout au long de leur vie professionnelle. Quoi de mieux donc que les MOOC, Massive Open Online Courses, ces cours en ligne ouverts et massifs. L’objectif de la plate-forme FUN-MOOC, lancée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en 2013, est donc de « diffuser la connaissance au plus grand nombre ». Sauf que, dénonce Jean-Christophe, la licence Creative Commons BY-NC-ND, utilisée pour la plupart de ces ressources, ne les libère pas : la clause NC interdit l’utilisation commerciale, ce qui est contraire à la liberté de copier et de réutiliser sans aucune restriction et pour quelque usage que ce soit ; la clause ND interdit la modification de ces ressources pour des usages destinés, par exemple, à des publics particuliers.<br/>
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Frédéric, avec bon sens, tu nous as alors rappelé que quand un contenu est financé par nos impôts, c’est-à-dire de l’argent public, le choix d’une plateforme logicielle libre et de ressources libérées devrait s’imposer. Sauf que là, avec la restriction de l’utilisation commerciale et la restriction des modifications, on se prive d’un impact supplémentaire. En effet, la clause Partage à l’identique, SA, permet la réutilisation et la modification du travail, et assure en retour à l’auteur la possibilité de profiter des versions modifiées qui seraient alors publiées sous la même licence donc avec les mêmes libertés, ce qui enclenche un cercle vertueux qui bénéficie à la communauté.<br/>
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La volonté de la plupart des formateurs et des structures d’enseignement qui ont ouvert un cours sur cette plateforme n’est-elle pas de toucher le plus grand nombre possible de personnes ? Rappelons que c’est là toute la philosophie du Libre, avec le titre de la chronique qui traite de ce sujet : « Ressources libres pour la formation en ligne – libérons les MOOC ».
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Et pourquoi ne pas libérer ces MOOC en allant jusqu’à la licence Creative Commons Zéro comme le fait Wikidata qui a dépassé les 70 millions d'enregistrements couvrant tous les champs de la connaissance de façon très structurée, ce qui permet d’obtenir des informations très précises grâce aux liens entre les éléments avec multiplication des opportunités d’utilisation. Retrouver la liste des œuvres réalisées par un artiste né dans une ville donnée est l’exemple proposé par Jean-Christophe dans la chronique « Wikidata, relier tous les savoirs du monde ».<br/>
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Notons cependant un bémol au sujet de cette licence Creative Commons Zéro qui permet de réutiliser la base de données sans obligation de publier et de partager les versions dérivées sous licence libre : des acteurs du monde propriétaire peuvent alors récupérer ces données et en faire usage sans reverser au Libre les éventuelles améliorations apportées.
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J’invite les auditeurs et auditrices à relire ces transcriptions et j’en arrive à la chronique que j’ai particulièrement appréciée puisqu’il s’agit de musique classique.<br/>
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Je vais faire un aveu, quand je transcris une émission <em>Libre à vous !</em>, bien souvent, au moment des pauses musicales, je baisse le son… Nos goûts ne sont pas les mêmes, j’avais mis ça sur le compte de la différence de générations, mais il m’a été rappelé que la musique classique est intemporelle !
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Donc le projet Musopen, lancé en 2005, puisque c’est de cela dont il s’agit, est une organisation américaine à but non lucratif dont l’objectif est de libérer les enregistrements de musique classique, en proposant à des musiciens professionnels d'enregistrer des œuvres pour les offrir au public.<br/>
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Dans sa chronique « Musopen, la musique classique libérée », Jean-Christophe nous rappelle qu’en droit français le droit patrimonial interdit toute reproduction ou représentation de l'œuvre sans autorisation expresse jusqu’à 70 ans après la mort de l'auteur. Ensuite, les œuvres basculent ou s’élèvent, comme certains préfèrent le dire, dans le domaine public. Sauf que d'autres droits, les droits voisins du droit d'auteur, se superposent pour venir encore restreindre les usages. Dans le cas de la musique, les droits voisins recouvrent les droits des interprètes pour une durée de 70 ans après la première publication ou la première communication au public. <br/>
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Grâce à des campagnes de financement participatif, les artistes qui se joignent au projet Musopen sont rémunérés au moment de l’exécution de l’œuvre puis donnent leur accord pour une diffusion libre en renonçant contractuellement à leurs droits voisins d'interprète.<br/>
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Le site Musopen propose aujourd'hui un catalogue de plus de 5000 enregistrements partagés selon le régime du domaine public ou selon la licence Creative Commons Partage à l’identique. D'autres enregistrements sont soumis à des licences qui restreignent les utilisations commerciales ou la production de versions modifiées.<br/>
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Une mention spéciale est dédiée à Florence Robineau, pianiste et professeure au conservatoire de Rungis, qui enregistre des morceaux de musique classique et les partage sous licence Creative Commons BY-Partage à l’identique.<br/>
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Je remercie vraiment très sincèrement Jean-Christophe qui m’a permis, ainsi qu’à d’autres j’espère, de découvrir cette pépite libre.
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Et pour terminer, permettez-moi un clin d’œil. Il y a bien longtemps, si on oublie les machines à écrire, les premiers logiciels de traitement de texte ont permis d’éliminer les documents papier en écriture manuscrite avec un énorme progrès sur leur lisibilité. Ce qui m’amuse et donne l’impression de clore une boucle, c’est d’avoir à disposition des polices d’écriture cursive à installer sur nos traitements de texte, qui imitent l’écriture manuscrite. Jean-Christophe nous indique l’existence pour l’école d’une police AA Cursive sous licence OFL, <em>Open Font License</em>, dans sa chronique du mois de décembre dernier intitulée « Les polices libres n'ont pas mauvais caractères ».
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J’encourage vivement les personnes qui écoutent à lire ou relire ces transcriptions. Merci à Jean-Christophe Becquet de nous faire partager ses découvertes d’une grande valeur éducative. En 2020, le groupe Transcriptions de l’April continuera de transcrire la chronique « Pépites libres ».
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<b>Frédéric Couchet : </b>Marie-Odile, merci et félicitations aussi, je pense au nom de tout le monde, pour ton travail. Le groupe Transcriptions a publié plus de 100 transcriptions dans l’année. Il y aura d’ailleurs bientôt, il y a eu l’annonce la semaine dernière, un site dédié aux transcriptions d’ici quelques semaines. Donc un grand merci pour ce travail. Tout à l’heure tu disais que lors des pauses musicales dans <em>Libre à vous !</em> tu avais l’habitude de baisser le son, là je crois que tu vas monter le son car la pause musicale que tu as choisie c’est justement Florence Robineau que nous allons passer juste après ta chronique.
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<b>Marie-0dile Morandi : </b>Au revoir.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Bonne journée et au mois prochain. On va faire une pause musicale.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons écouter <em>Chanson de gondolier vénitienne</em> de Mendelssohn, joué par Florence Robineau. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause commune.
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<b>Pause musicale : </b><em>Chanson de gondolier vénitienne</em> de Mendelssohn, joué par Florence Robineau.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Chanson de gondolier vénitienne</em> de Mendelssohn, joué par Florence Robineau, disponible sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et sur le site de la radio, causecommune.fm.<br/>
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Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune La voix des possibles, 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
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Nous allons passer au sujet suivant.
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==Collectivités locales et le logiciel libre avec l'interview de Nicolas Vivant, directeur Nancy Ville Numérique ==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre

Version du 23 janvier 2020 à 15:10


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 21 janvier 2019 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Marie-Odile Morandi - à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 21 janvier 2020

Durée : 1 h 30 min

[ Écouter ou enregistrer le podcast ]

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.


Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
La politique logicielle libre et données publiques de la ville de Fontaine, c’est l’un des sujets de l’émission du jour. Avec également au programme la musique classique libérée et aussi « Quand le logiciel libre n’est pas supérieur en pratique ».
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose également d’une application Cause Commune pour téléphone mobile.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, délégué général de l’April.
Le site web de l’April c’est april.org. Vous y trouvez déjà une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi les points d’amélioration

Nous sommes mardi 21 janvier 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant le direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon #libreavous dédié à l’émission.

Nous allons maintenant passer au programme de l’émission du jour.
Nous commencerons par la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi qui va nous parler notamment de droit d’auteur, de licences et de musique classique libérée.
D’ici dix à quinze minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur la politique logicielle libre et données publiques de la ville de Fontaine.
En fin d’émission nous aurons la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet sur le thème « Quand le logiciel libre n’est pas supérieur en pratique ».
À la réalisation de l’émission aujourd’hui Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred.

Frédéric Couchet : Aujourd’hui c’est la cinquantième émission. Depuis le lancement de la première émission le 29 mai 2018, avec des sujets très variés : on a parlé de directive droit d’auteur, du célèbre « Open Bar » Microsoft/Défense, de téléphonie mobile et libertés, de données publiques, de DRM, de distributions GNU/Linux, de Wikipédia, d’OpenStreetMap, de bureautique libre, d‘Open Food facts, des Espaces Publics Numériques, mais également des entreprises du Libre ; on a reçu aussi la Gendarmerie nationale, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, donc plein de personnes et évidemment les chroniques de notre équipe. Donc aujourd’hui, en 50 émissions, c’est environ 130 personnes invitées, une soixantaine de chroniques et également de la musique libre, environ 140 musiques libres diffusées dans l’émission. Voilà ! C’est la cinquantième, on est très contents d’assurer cette émission. On est très contents aussi de votre fidélité et d’être présents sur la radio Cause Commune, La Voix des possibles.

Tout de suite place au premier sujet.

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Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi qui fait une rétrospective des chroniques « Pépites libres » de l’année 2019

Frédéric Couchet : Les choix, voire les coups de cœur de Marie-0dile Morandi qui met en valeur deux ou trois transcriptions dont elle conseille la lecture, c’est la chronique les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture de Marie-0dile Morandi animatrice du groupe de travail Transcriptions.
Bonjour Marie-Odile.

Marie-0dile Morandi : Bonjour.

Frédéric Couchet : Je te laisse la parole.

Marie-0dile Morandi : En début de nouvelle année, outre les vœux habituels, il est de coutume de revisiter l’année précédente et c’est ce que j’ai souhaité faire aujourd’hui en revenant sur les chroniques de Jean-Christophe Becquet intitulées « Pépites libres ».
Au cours de l’année 2019, Jean-Christophe, actuel président de l’April, a commis dix chroniques dont l’objectif est de présenter une ressource – œuvre d’art, ressource pédagogique, base de données – sous licence libre, sélectionnée pour son intérêt artistique, pédagogique, insolite, utile. Il y en a donc pour les goûts de toutes et tous, chacun selon ses centres d’intérêt.
Je ne vais pas revenir en détail sur chacune de ces chroniques, vous retrouverez sur la page des références concernant l’émission d’aujourd’hui le lien vers les podcasts et les relatives transcriptions, mais je vais insister sur celles qui m’ont particulièrement intéressée.

Jean-Christophe traite à chaque fois d’une ressource qui possède un auteur, un propriétaire et c’est justement parce que ce propriétaire a des droits sur son œuvre, droit moral et droit patrimonial, qu’il peut choisir de la partager sous licence libre. Comme il est dit dans une des chroniques, on se trouve devant un paradoxe : avec tous les services à disposition sur Internet, chaque individu est maintenant à la fois récepteur et émetteur de contenus. Les gens partagent volontiers en ligne leurs photos, leurs vidéos, les mettent en accès public et oublient que si rien n’est précisé c’est le droit d’auteur classique qui s’applique et à priori tout est interdit.
Le Libre est né avec le logiciel libre, Richard Stallman en 1984 et, avec le temps, des personnes ont eu envie de libérer des ressources autres que des logiciels – textes, images, livres, films et dessins animés. Ces personnes se sont mises à réfléchir à des licences adaptées à ces ressources non-logicielles, à ces œuvres immatérielles. Les licences Creative Commons particulièrement permettent de donner explicitement aux utilisateurs un droit d’usage décidé par l’auteur, droit d’utilisation, de copie, de réutilisation selon la licence choisie sans jamais oublier, bien entendu, de créditer l’auteur ! Cependant il existe encore un manque d’éducation sur cette nécessité d’indiquer clairement, de la part des créateurs, quels sont les droits qu’ils accordent sur leurs œuvres publiées sur Internet, c’est-à-dire cette nécessité d’indiquer une licence.

Dans sa première chronique de janvier 2019, Jean-Christophe nous permet grâce à la vidéo « Un Faible Degré d’Originalité » de Antoine Defoort, qu’il appelle une promenade culturelle, de découvrir l’histoire du droit d’auteur. Il nous explique que cette vidéo, initialement publiée avec la licence Creative Commons NC, qui limite les utilisations commerciales, donc une licence pas libre au sens strict du terme, est depuis, suite à ses échanges avec l’auteur, publiée sous licence Creative Commons BY-Share Alike, Partage à l’identique, clause qui permet sa copie et son utilisation, à condition de partager sous la même licence libre les éventuelles versions dérivées ou modifiées de la vidéo.

Dans la chronique intitulée « Copier n’est pas voler », du titre du dessin animé de l’artiste Nina Paley, il nous est rappelé qu’une œuvre de l’esprit est une ressource non rivale et que, puisque le coût de la copie est marginal, la copier à plusieurs endroits permet de renforcer sa diffusion et constitue une formidable opportunité donnée par les auteurs qui choisissent de partager leur travail sous licence libre.

Avec la chronique « 50 millions de photos libres sur Flickr », Jean-Christophe nous propose d’enrichir les communs, c’est-à-dire de déposer nos photos sur ce site web de partage de photographies et de vidéos.
Il nous conseille de les déposer aussi sur la médiathèque libre Wikimedia Commons, toujours afin d’augmenter leur visibilité et pourquoi pas, avec des photos de notre patrimoine architectural, participer au concours mondial de photos libres Wiki Loves Monuments, qui se déroule en septembre ou au concours Wiki Loves Earth, consacré au patrimoine naturel, qui se déroule au printemps. La licence Creative Commons Attribution – Partage à l'identique est requise pour ces œuvres.

Dans le registre de l’éducation qui me tient à cœur, nous entendons régulièrement que la formation des individus devra se poursuivre tout au long de leur vie professionnelle. Quoi de mieux donc que les MOOC, Massive Open Online Courses, ces cours en ligne ouverts et massifs. L’objectif de la plate-forme FUN-MOOC, lancée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en 2013, est donc de « diffuser la connaissance au plus grand nombre ». Sauf que, dénonce Jean-Christophe, la licence Creative Commons BY-NC-ND, utilisée pour la plupart de ces ressources, ne les libère pas : la clause NC interdit l’utilisation commerciale, ce qui est contraire à la liberté de copier et de réutiliser sans aucune restriction et pour quelque usage que ce soit ; la clause ND interdit la modification de ces ressources pour des usages destinés, par exemple, à des publics particuliers.
Frédéric, avec bon sens, tu nous as alors rappelé que quand un contenu est financé par nos impôts, c’est-à-dire de l’argent public, le choix d’une plateforme logicielle libre et de ressources libérées devrait s’imposer. Sauf que là, avec la restriction de l’utilisation commerciale et la restriction des modifications, on se prive d’un impact supplémentaire. En effet, la clause Partage à l’identique, SA, permet la réutilisation et la modification du travail, et assure en retour à l’auteur la possibilité de profiter des versions modifiées qui seraient alors publiées sous la même licence donc avec les mêmes libertés, ce qui enclenche un cercle vertueux qui bénéficie à la communauté.
La volonté de la plupart des formateurs et des structures d’enseignement qui ont ouvert un cours sur cette plateforme n’est-elle pas de toucher le plus grand nombre possible de personnes ? Rappelons que c’est là toute la philosophie du Libre, avec le titre de la chronique qui traite de ce sujet : « Ressources libres pour la formation en ligne – libérons les MOOC ».

Et pourquoi ne pas libérer ces MOOC en allant jusqu’à la licence Creative Commons Zéro comme le fait Wikidata qui a dépassé les 70 millions d'enregistrements couvrant tous les champs de la connaissance de façon très structurée, ce qui permet d’obtenir des informations très précises grâce aux liens entre les éléments avec multiplication des opportunités d’utilisation. Retrouver la liste des œuvres réalisées par un artiste né dans une ville donnée est l’exemple proposé par Jean-Christophe dans la chronique « Wikidata, relier tous les savoirs du monde ».
Notons cependant un bémol au sujet de cette licence Creative Commons Zéro qui permet de réutiliser la base de données sans obligation de publier et de partager les versions dérivées sous licence libre : des acteurs du monde propriétaire peuvent alors récupérer ces données et en faire usage sans reverser au Libre les éventuelles améliorations apportées.

J’invite les auditeurs et auditrices à relire ces transcriptions et j’en arrive à la chronique que j’ai particulièrement appréciée puisqu’il s’agit de musique classique.
Je vais faire un aveu, quand je transcris une émission Libre à vous !, bien souvent, au moment des pauses musicales, je baisse le son… Nos goûts ne sont pas les mêmes, j’avais mis ça sur le compte de la différence de générations, mais il m’a été rappelé que la musique classique est intemporelle !

Donc le projet Musopen, lancé en 2005, puisque c’est de cela dont il s’agit, est une organisation américaine à but non lucratif dont l’objectif est de libérer les enregistrements de musique classique, en proposant à des musiciens professionnels d'enregistrer des œuvres pour les offrir au public.
Dans sa chronique « Musopen, la musique classique libérée », Jean-Christophe nous rappelle qu’en droit français le droit patrimonial interdit toute reproduction ou représentation de l'œuvre sans autorisation expresse jusqu’à 70 ans après la mort de l'auteur. Ensuite, les œuvres basculent ou s’élèvent, comme certains préfèrent le dire, dans le domaine public. Sauf que d'autres droits, les droits voisins du droit d'auteur, se superposent pour venir encore restreindre les usages. Dans le cas de la musique, les droits voisins recouvrent les droits des interprètes pour une durée de 70 ans après la première publication ou la première communication au public.
Grâce à des campagnes de financement participatif, les artistes qui se joignent au projet Musopen sont rémunérés au moment de l’exécution de l’œuvre puis donnent leur accord pour une diffusion libre en renonçant contractuellement à leurs droits voisins d'interprète.
Le site Musopen propose aujourd'hui un catalogue de plus de 5000 enregistrements partagés selon le régime du domaine public ou selon la licence Creative Commons Partage à l’identique. D'autres enregistrements sont soumis à des licences qui restreignent les utilisations commerciales ou la production de versions modifiées.
Une mention spéciale est dédiée à Florence Robineau, pianiste et professeure au conservatoire de Rungis, qui enregistre des morceaux de musique classique et les partage sous licence Creative Commons BY-Partage à l’identique.
Je remercie vraiment très sincèrement Jean-Christophe qui m’a permis, ainsi qu’à d’autres j’espère, de découvrir cette pépite libre.

Et pour terminer, permettez-moi un clin d’œil. Il y a bien longtemps, si on oublie les machines à écrire, les premiers logiciels de traitement de texte ont permis d’éliminer les documents papier en écriture manuscrite avec un énorme progrès sur leur lisibilité. Ce qui m’amuse et donne l’impression de clore une boucle, c’est d’avoir à disposition des polices d’écriture cursive à installer sur nos traitements de texte, qui imitent l’écriture manuscrite. Jean-Christophe nous indique l’existence pour l’école d’une police AA Cursive sous licence OFL, Open Font License, dans sa chronique du mois de décembre dernier intitulée « Les polices libres n'ont pas mauvais caractères ».

J’encourage vivement les personnes qui écoutent à lire ou relire ces transcriptions. Merci à Jean-Christophe Becquet de nous faire partager ses découvertes d’une grande valeur éducative. En 2020, le groupe Transcriptions de l’April continuera de transcrire la chronique « Pépites libres ».

Frédéric Couchet : Marie-Odile, merci et félicitations aussi, je pense au nom de tout le monde, pour ton travail. Le groupe Transcriptions a publié plus de 100 transcriptions dans l’année. Il y aura d’ailleurs bientôt, il y a eu l’annonce la semaine dernière, un site dédié aux transcriptions d’ici quelques semaines. Donc un grand merci pour ce travail. Tout à l’heure tu disais que lors des pauses musicales dans Libre à vous ! tu avais l’habitude de baisser le son, là je crois que tu vas monter le son car la pause musicale que tu as choisie c’est justement Florence Robineau que nous allons passer juste après ta chronique.

Marie-0dile Morandi : Au revoir.

Frédéric Couchet : Bonne journée et au mois prochain. On va faire une pause musicale.

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Frédéric Couchet : Nous allons écouter Chanson de gondolier vénitienne de Mendelssohn, joué par Florence Robineau. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause commune.

Pause musicale : Chanson de gondolier vénitienne de Mendelssohn, joué par Florence Robineau.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Chanson de gondolier vénitienne de Mendelssohn, joué par Florence Robineau, disponible sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et sur le site de la radio, causecommune.fm.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune La voix des possibles, 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Nous allons passer au sujet suivant.

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Collectivités locales et le logiciel libre avec l'interview de Nicolas Vivant, directeur Nancy Ville Numérique

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre