Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 1er octobre 2019

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 1er octobre 2019 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Vincent Mabillot - Olivier Humbert - Yann Collette - Luk - Frédéric Couchet - Patrick Creusot à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 1er octobre 2019

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou télécharger le podcast

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcrit

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. Merci à vous d’être avec nous.
La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio causecommune.fm, cliquer sur « chat » et ainsi rejoignez-nous sur le salon dédié à l’émission. La radio dispose également d’une application, Cause Commune, pour téléphone mobile.
Nous sommes mardi 1er octobre 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être un podcast ou une rediffusion.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis le délégué général de l’April.

Le site web de l’April c’est april.org et vous y retrouvez d’ores et déjà une page consacrée à cette émission avec des références que nous compléterons évidemment après l’émission. N’hésitez pas également à nous faire des retours pour nous suggérer des améliorations ou simplement nous remercier ou nous féliciter, plutôt remercier nos invités. Les formulaires de contact sont sur le site de l’April. Si vous souhaitez réagir en direct pour poser une question n’hésitez pas à vous connecter soit sur le salon web de la radio, donc sur causecommune.fm, soit vous pouvez appeler le 09 50 39 67 59, je répète 09 50 39 67 59.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.

On va passer au programme de l’émission.
Nous allons commencer dans quelques secondes par une présentation de la licence CoLibre, « Métiers de la Communication, Chef de projet, Logiciels Libres » avec Vincent Mabillot.
D’ici une dizaine de minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur les logiciels libres pour l’audio et la musique assistée par ordinateur avec nos invités Oliver Humbert et Yann Collette.
En fin d’émission nous aurons la seconde chronique « La pituite de Luk ».
À la réalisation de l’émission aujourd’hui Patrick Creusot. Bonjour Patrick.

Patrick Creusot : Bonjour à tout le monde et bon après-midi.

Frédéric Couchet : Merci.
Comme à chaque émission on va vous proposer un petit quiz et je vous donnerai les réponses au fur et à mesure de l’émission. Si vous souhaitez apporter la réponse n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web ou à nous donner la réponse par les différents sociaux.
Lors de l’émission du 24 septembre 2019 nous avons parlé d’un logiciel libre pour faciliter la gestion et la valorisation du bénévolat dans les associations, quel est le nom de ce logiciel ? C’est la première question.
Deuxième question : nous avons déjà évoqué dans l’émission du 7 mai 2019 l’exposition itinérante de l’April expliquant les logiciels libres au grand public. Quel est le nom de cette exposition ? Deuxième question.
Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

2’ 50 Présentation de la licence Colibre avec Vincent Mabillot 15min 28 s]

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par une présentation de la licence CoLibre « Métiers de la Communication, Chef de projet, Logiciels Libres et Conduite de projet » avec Vincent Mabillot. Vincent est normalement avec nous au téléphone. Bonjour Vincent.

Vincent Mabillot : Salut Fred. Vous m’entendez ?

Frédéric Couchet : On t’entend très bien. Déjà première question, qui es-tu ? Que fais-tu dans la vie, cher Vincent ?

Vincent Mabillot : Je suis maître de conférences en science de l’information et de la communication. Je suis enseignant-chercheur à l’université Lyon 2. Je suis chercheur dans une équipe de recherche qui s’appelle MARGE qui est une équipe en littérature mais aussi en science de l’information et de la communication où je fais des travaux qui sont plutôt tournés autour de tout ce qui va être pratique communautaire et notamment autour des communautés du logiciel libre, du peer to peer, mais aussi ce que j’appellerai la LAO, la littérature assistée par ordinateur, c’est une équipe de littérature. À côté de ça je suis aussi responsable, à l’université de Lyon 2, d’un parcours de formation, une licence pro qu’on appelle la licence CoLibre, dont l’intitulé exact c’est une licence professionnelle en métiers de la communication, chef de projet et puis notre spécialité c’est donc logiciels libres et conduite de projet.

Frédéric Couchet : D’accord. Tu réponds déjà indirectement à la deuxième question. J’allais te demander ce qu’était la licence CoLibre en quelques mots. Depuis quand existe-t-elle et quels sont les objectifs principaux de cette licence ?

Vincent Mabillot : C’est une licence qui existe maintenant depuis 2008. Les premiers étudiants sont sortis en septembre 2008. C’est une licence qui a pour vocation à former des gens qui vont donc être des chefs de projet. La particularité de cette licence c’est effectivement de former des professionnels de la communication. La touche particulière que vont avoir ces professionnels de la communication c’est qu’on les fait travailler essentiellement, même exclusivement, avec des logiciels libres pendant leur année de formation, avec cette idée que cette touche particulière a plusieurs raisons d’être : c’est à la fois une démarche pédagogique, une démarche éthique, une démarche professionnalisante et, en même temps, une démarche qui est très pragmatique.
Quand je dis démarche pédagogique ça veut dire que c’est souvent l’occasion pour les gens qui vont suivre ce parcours de remettre les pendules à zéro sur leurs pratiques numériques. Comme le logiciel libre n’est pas forcément quelque chose qui est très usité, notamment dans le monde de la communication, eh bien pour les gens qui arrivent dans notre parcours de formation, ça va être véritablement l’occasion de revenir sur leurs pratiques numériques et pas simplement de se servir du numérique de bric et de broc comme ça vient, comme ça se fait et puis avec le petit truc et le petit machin que bidule t’a montré un jour ou l’autre, mais d’être plus sur quelque chose qui restructure : qu’est-ce que c’est qu’un ordinateur ? Comment ça fonctionne ? Qu’est-ce que c’est qu’un fichier ? Qu’est-ce que c’est qu’un format ? Donc avoir une connaissance du numérique qui va au-delà de simplement l’utilisation du numérique au coup par coup. Donc il y a cette idée-là.
Il y a une démarche éthique parce que c’est à la fois une démarche éthique du point de vue de la communication, c’est-à-dire qu’au travers du logiciel libre on utilise un outil qui a vocation à être un outil transparent, dont on sait comment il est fabriqué, dont on sait ce qu’il y a à l’intérieur et dont on sait comment il traite les données, non pas comment les manipule, je dis bien comment il traite les données et il peut bien les traiter. C’est une démarche éthique parce que ça permet aussi d’amener en même temps à une réflexion sur l’usage du numérique et l’éthique qu’on peut avoir par rapport à ce qu’on fait.
Si je reviens sur le côté professionnalisant c’est l’idée qu’aujourd’hui le numérique libre c’est quelque chose qui a une place beaucoup plus importante que la plupart des gens ne l’imaginent et que c’est d’autant plus dommage qu’il y a plein de gens qui ont plus ou moins acquis cette compétence-là, mais du coup elle n’est pas visibilisée, elle n’est pas valorisée. Donc au travers de cette licence on va avoir des gens qui ont déjà un parcours dans le logiciel libre et qui viennent avec des compétences en logiciel libre et elle va permettre de mettre sur ce parcours-là, sur ces compétences-là un niveau de formation.
Et enfin, quand je dis démarche pragmatique, c’est vrai qu’on a aussi cette opportunité pédagogique avec le logiciel libre, c’est qu’on fait travailler nos étudiants avec des outils qu’ils peuvent utiliser à la maison en toute légitimité, en toute innovation, c’est-à-dire que quand on va utiliser un logiciel de création en PAO…

Frédéric Couchet : Publication assistée par ordinateur, on va préciser.

Vincent Mabillot : Voilà, exactement. Quand ils vont travailler sur n’importe quel logiciel on va prendre la version qui marche bien, par forcément la dernière, mais la version qui marche bien et pas la version qu’on a pu acheter avec les crédits qu’on avait il y deux ou trois ans, quatre ans, cinq ans, dix ans ; on n’est pas dans cette situation-là. Et ceux qu’ils vont pouvoir utiliser en cours seront ceux qu’ils vont pouvoir utiliser à la maison, ceux qu’ils vont pouvoir utiliser aussi dans les structures dans lesquelles ils vont aller faire des stages. Ça, je pense qu’on en reparlera un petit peu plus tard, justement sur cette ouverture professionnelle et où est-ce qu’ils expriment leur talent.

Frédéric Couchet : Oui. Tout à fait. C’est une très bonne introduction, même assez complète. Quels sont les grands points, rapidement, du programme de formation ?

Vincent Mabillot : Les grands points du programme de formation : en gros notre formation s’appuie sur quatre axes majeurs.
Un premier axe qui est un axe autour de la communication. Et quand on dit axe de la communication on ne va pas simplement être dans une approche universitaire de la communication mais bien dans une approche pragmatique. Ça veut dire qu’on va être aussi bien du côté de tout ce qui va être les théories de la comm’ que du point de vue des pratiques rédactionnelles. Ça va être aussi bien rédiger un billet sur un site où on tient de l’actualité, que faire un communiqué de presse, que, etc.
Et puis, en même temps, on a une très grosse partie qui est une partie autour de la gestion projet. Quand on est du côté de la gestion de projet ça veut dire qu’à partir de ce moment-là on va être aussi bien du côté de la communication événementielle d’un côté, mais du côté de la gestion de projet on a aussi tout un accompagnement des pratiques de changement parce que le logiciel libre est souvent confronté à ces logiques de pratiques de changement : comment on passe d’une application à l’autre ? Comment on fait migrer un ensemble de personnes qui utilisent des solutions à un moment donné vers d’autres solutions ? Qu’est-ce qui va les rendre attractives et qu’est-ce qui va faciliter ce changement ?
Et enfin ça veut dire que dans ces facilitateurs de changement il y a des logiques qui sont des logiques pédologiques, d’où le fait qu’à l’intérieur de notre formation il y a aussi une forte part qui est dédiée à la didactique et à cet apprentissage-là.
Dans les deux autres grands axes qu’il va y avoir à l’intérieur de notre formation, il y a de la pratique logicielle. Quand on dit qu’il y a de la pratique logicielle, il y a de la pratique logicielle qui est intensive, c’est-à-dire qu’effectivement il va y avoir pour nos étudiants de la pratique logicielle qui va être aussi bien de comprendre ce qu’est un Operating System, de savoir s’en servir. Ici on utilise un Operating System qui est du GNU/Linux, pour être plus précis on utilise basiquement une distribution qui s’appelle Linux Mint Debian Edition, donc on essaye de faire un compromis entre du Debian et en même temps quelque chose qui est accessible parce que nos étudiants – on y reviendra aussi, viennent de différents horizons – puissent dès le lendemain où ils rentrent en cours se servir de la solution sans avoir l’impression d’avoir une grosse rupture de pratique.
Donc beaucoup de pratique logicielle en infographie, en montage vidéo, en développement. Cette année ils vont s’initier à Python, ils font aussi des sites web, ils font aussi du HTML. Donc on a un parcours, on a un panorama, je dirais, de pratique numérique et de pratique logicielle qui est conséquent et enfin, l’autre part qui est importante, c’est qu’on est une licence professionnelle, ça veut dire que derrière la licence professionnelle il y a un parcours qui est professionnalisant. Parcours professionnalisant ça veut dire qu’on va former les étudiants à être capables à la sortie de cette licence, qui va être un bac + 3, d’être en situation de rechercher un emploi, de rechercher une activité professionnelle dans des secteurs qui sont très variés. Mais le principe, notre objectif à nous c’est de faire en sorte que quand les étudiants ont fini leur année, eh bien dans le meilleur des cas, et c’est arrivé plein de fois, ils restent dans l’entreprise où ils ont fait leur stage et ils ne sont plus stagiaires, ils sont embauchés, sinon ils savent qu’ils sont compétents pour aller chercher du boulot à un endroit où ils ont envie, chercher une activité où ils en ont envie, que ce soit en France ou à l’étranger d’ailleurs.

Frédéric Couchet : Vincent, là tu avances ma dernière question, mais on va avancer et on reviendra après sur le stage et les projets tutorés, mais rapidement parce que le temps passe, quels sont justement les principaux débouchés pour les étudiants et les étudiantes qui sortent de la licence CoLibre ?

Vincent Mabillot : Les principaux débouchés, ce sont des débouchés qui sont autour de chargé de comm’. Ce qui marche pas mal c’est qu’en réalité on a pas mal d’étudiants qui vont trouver, notamment dans leur stage, des débouchés auprès des entreprises qui déploient du logiciel libre et ils vont les accompagner dans leur communication auprès de leur clientèle, auprès de l’information, etc. Ça c’est une partie du secteur.
Un autre secteur qui est un secteur fort des débouchés c’est le secteur de la médiation numérique, que ce soit en termes de formation, que ce soit dans tout ce qui est l’éducation populaire ou dans des dispositifs d’accompagnement et de formation.
Et enfin il y a des étudiants qui vont utiliser ces compétences qu’ils ont acquises pour les intégrer dans n’importe quelle pratique où il y a de la communication. C’est-à-dire que typiquement je pourrais prendre l’exemple d’une étudiante qui est devenue responsable de la comm’ d’une entreprise de tourisme qui fait naviguer des bateaux sur des canaux dans le Sud de la France.

Frédéric Couchet : Donc c’est très large !

Vincent Mabillot : C’est très large. Il faut bien voir qu’on a des étudiants, et ça c’est effectivement quelque chose qu’on n’a pas encore évoqué, mais on a des étudiants qui viennent avec des profils très différents. On a des gens qui vont arriver avec un BTS de tourisme, on a des gens qui vont arriver avec une maîtrise d’archéologie. Dans tous les cas de figure, ce qu’ils vont chercher chez nous ce n’est pas un métier en particulier qui sera le même pour tous, ce qu’ils vont chercher c’est d’enrichir des compétences qu’ils ont déjà avec une culture qui sera augmentée.

Frédéric Couchet : D’accord. Avant ma dernière question sur le stage et les projets tutorés, je relaie une question qui est sur le salon web de la radio : est-ce que vous avez prévu de vous mettre dans les normes compte personnel de formation avec des certifications éligibles ou est-ce que c’est difficile pour vous de le faire ?

Vincent Mabillot : La difficulté qu’on a c’est que préalablement on faisait partie des formations qui étaient éligibles, mais les changements font que pour que pour les universités ce n’est pas aussi simple que ça. C’est quelque chose qui se fait en central chez nous, donc je dirais que nous en tant tel, en tant qu’équipe pédagogique, on n’a pas la main sur ce truc-là.
L’autre difficulté est une difficulté qui est pratiquement une difficulté éthique : très souvent, pour rentrer dans ce type de dispositif, il faut ultra modulariser. Quand on dit « ultra modulariser », c’est créer des grains de formation et des grains de formation qui sont construits autour de compétences. Et franchement, d’un point de vue éthique, pour moi aujourd’hui ça pose un vrai problème cette question de dire qu’on forme à des grains de compétences parce qu’immanquablement, pour le secteur public que nous représentons en tant qu’université, on va nous laisser les secteurs de compétences qui sont les secteurs de compétences non rentables pour nous « piquer », entre guillemets, les secteurs de compétences qui sont rentables. C’est-à-dire qu’une sur-modularisation autour de la compétence c’est de faire en sorte qu’on arrache des choses et moi, d’un point de vue pédagogique, ça va nous ramener à ta prochaine question parce que ça fait deux/trois fois que tu dis qu’on va parler de projets, on va parler de projets, eh bien c’est bien cette logique-là de projet. C’est-à-dire que quand on est dans de la formation de compétences, on ne peut pas travailler sur de la formation de projets. C’est-à-dire que la formation de compétences c’est de la formation qui prend un grain et qui dit : « Vous allez faire 12 heures de Gimp et vous allez être un caïd dans Gimp. » À quoi ça sert Gimp ? Comment ça s’intègre dans un autre projet ?, jamais on n’en parlera ! Donc du point de vue mercatique, du point de vue marketing, c’est très pratique de dire « je vais vous former à un truc sur les réseaux sociaux », mais le sens que ça prend dans une logique de communication, ça on passera totalement à côté et on restera dans une logique de mode ou une logique économique qui dit « je ne peux te payer que huit heures de ceci ou huit heures de cela ». Peu importe si ça a du sens ou pas !

Frédéric Couchet : Je précise que Gimp est un logiciel libre de création et de retouche d’images. Ma dernière question, en une petite minute, donc le stage et le projet tutoré qui rentrent dans le cadre de la formation de ces étudiants ?

Vincent Mabillot : Le projet tutoré c’est du grain à moudre qu’on file à nos étudiants, plus exactement ce sont les entreprises et les associations qui nous font des propositions d’une action de communication pour laquelle ça leur permettrait de valoriser leur activité. On soumet ça à nos étudiants après avoir fait un petit tri et eux choisissent et pendant six mois ils travaillent sur cette action de comm’ pour voir si elle réalisable et essayer de l’accompagner dans sa réalisation. C’est un appel qu’on fait généralement sur notre site colibre.org tous les ans au mois de juillet et qui se clôt au mois de septembre ; ça veut dire que, pour aujourd’hui, c’est raté pour proposer des projets tutorés.
Le deuxième truc qui peut intéresser nos auditeurs à un moment donné, en particulier nos auditeurs qui sont en recherche de compétences, ce sont les stages. Quand on parle de stages ça veut dire qu’on a des étudiants qui font des stages de quatre à six mois qui peuvent être un petit plus longs dans le cadre de service civique, parce que ça peut être compatible avec le service civique. Quand on a un stage de quatre à six mois nos étudiants vont accompagner, là aussi, un projet de communication au sein d’une entreprise. Donc ça va être des chargés de comm, certains vont être recrutés pour accompagner un financement participatif sur certains projets, d’autres vont être recrutés pour aider à la restructuration de la communication d’un service ; là encore c’est très variable, il y a des expériences qui sont très variables. À ce niveau-là on est toujours demandeurs de gens qui veulent des stagiaires, qui sont des gens qui amèneront une compétence – alors qu’ils sont en acquisition de compétences, ce sont des stagiaires, il ne faut pas l’oublier – mais en même temps qui amèneront cette culture et cet intérêt pour amener des changements dans nos pratiques numériques avec une attention particulière sur ce qu’on fait et sur la façon dont on communique.

Frédéric Couchet : D’accord. Une toute dernière question au sujet du stage, c’est quelle période le stage ?

Vincent Mabillot : Le stage, en règle générale, c’est de mi-avril jusqu’à fin septembre, grosso modo c’est la période dominante. Il n’en reste pas moins que pour des entreprises qui sont plutôt localisées à côté de chez nous ou localisées à côté de l’endroit où résident certaines fois nos étudiants quand ils rentrent en week-end chez eux, on peut aussi faire ce qu’on appelle des stages perlés, c’est-à-dire des stages où l’étudiant ou l’étudiante va venir un jour par semaine dans la structure, pour s’imprégner de la structure, grosso modo à partir d’octobre/novembre jusqu’au début avril, et à partir du moment où commence la période de stage comme les autres, eh bien on prend tout le monde.
Pour ceux qui en ont la possibilité – pour cette année c’est râpé mais pour d’autres années – ce qui est aussi envisageable c’est de faire des contrats de professionnalisation où là on est encore sur un rythme un petit peu différent, où on a un emploi du temps adapté pour que des étudiants soient deux jours par semaine en entreprise ou dans une association qui peut prendre des contrats de professionnalisation et trois jours en cours et ce jusqu’au mois d’avril et après ils font l’intégralité de ce qui leur reste en entreprise.

Frédéric Couchet : Merci Vincent. Je rappelle le site web de CoLibre, colibre.org, sur lequel vous trouverez toutes les informations, que l’information vous intéresse pour faire la formation ou simplement que vous soyez entreprise, association, collectivité et que vous souhaitiez proposer des stages ou projets tutorés pour l’an prochain. Merci Vincent. Je te souhaite une belle journée et à bientôt.

Vincent Mabillot : C’est moi qui te remercie Fred. À bientôt. Au revoir.

Frédéric Couchet : Au revoir. On va faire une pause musicale. On va écouter Cat Machine par Dag-z et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Cat Machine par Dag-z.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Cat Machine de Dag-z. Ça bougeait bien, j’espère que vous avez bougé avec nous. Ce morceau est disponible sous une licence libre, la licence Art Libre. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.

Vous écoutez toujours Libre à vous ! sur Cause commune 93.1 FM en Île-de-France et sur le site causecommune.fm partout dans le monde.
Je rappelle que si vous souhaitez poser une question ou intervenir vous pouvez appeler le numéro 09 50 39 67 59, je répète 09 50 39 67 59 ou vous rendre aussi sur le salon web de la radio, sur le site causecommune.fm et tout en haut à droite vous avez le bouton « Chat ».

22’ 26 Les logiciels libres pour l'audio et la musique assistée par ordinateur avec Olivier Humbert et Yann Collette 52 min 4 s

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte sur les logiciels libres pour l’audio et la musique assistée par ordinateur avec Olivier Humbert. Bonjour Olivier.

Olivier Humbert : Bonjour tout le monde.

Frédéric Couchet : Et Yann Collette. Bonjour Yann.

Yann Collette : Bonjour.

Frédéric Couchet : Je remercie d’autant plus Yann Collette – bien sûr nous allons faite un petit tour de présentation – parce que c’est Yann qui nous a proposé ce sujet il y a quelques mois de cela. J’en profite pour signaler que vous pouvez nous envoyer des messages, courriel ou autres, pour nous proposer des sujets ; nous sommes évidemment ouverts à toute proposition.
Déjà petite présentation personnelle rapide. On va commencer par Olivier Humbert.

Olivier Humbert : Je m’appelle Oliver Humbert, j’ai une quarantaine d’années, musicien depuis que j’ai à peu près 15 ou 16 ans, batteur percussionniste la majorité du temps, un peu de guitare aussi et du piano quand il faut enregistrer un truc. Qu’est-ce que je peux vous dire d’autre ? Que j’ai été prof de musique pendant dix ans, que j’ai été chargé de développement jeunesse en mairie pendant trois ans et demi et que je participe à du développement de logiciels libres, spécialement du logiciel libre dédié à la création musicale et artistique en général.

Frédéric Couchet : D’accord. Yann Collette.

Yann Collette : Bonjour. Je m’appelle Yann. J’ai aussi commencé la musique très tôt, à 15 ans, guitare classique, longtemps, je suis passé à la guitare électrique relativement récemment et je me suis mis au logiciel libre il y a assez longtemps ; j’ai commencé avec une distribution Slackware avec un noyau 1.2.7.

Frédéric Couchet : Donc des années 2000, peut-être.

Yann Collette : C’est ça oui, donc ça commence à remonter à loin et j’ai franchi le pas, je commence aussi à participer à des développements libres et je maintiens un dépôt pour la distribution Fedora, dépôt de logiciels libres pour la musique et l’expression artistique.

Frédéric Couchet : On aura l’occasion d’y revenir. Je précise pour les personnes qui écoutent qu’on va peut-être citer beaucoup de noms nouveaux ; sur le site de l’April, april.org, et sur le site de Cause Commune, causecommune.fm, on mettra une page avec les références sur laquelle vous retrouverez tous les noms qu’on va citer. Ne vous inquiétez pas parce que probablement que ce sont des noms que vous ne connaissez pas immédiatement.
On va d’abord commencer par un premier tour d’horizon rapide des principaux logiciels libres pour l’audio, donc on va peut-être citer beaucoup de noms, mais en tout cas pour déjà expliquer que quand vous installez un système libre sur votre ordinateur ou si vous avez la chance de pouvoir avoir un ordinateur qui est pré-installé avec un système libre, quelle que soit la distribution de logiciel libre, vous avez plein de logiciels libres pour l’audio qui sont déjà présents ou qui sont facilement installables. On va passer en revue assez rapidement les choses les plus, on va dire pas basiques, mais les choses les plus utiles directement pour les gens, par exemple les lecteurs audio pour la musique et pour les CD. Est-ce qu’il y en a qui sont plus utilisables, enfin disons, quels sont les principaux libres par exemple pour écouter de la musique ou écouter un CD sur une distribution libre ? Olivier.

Olivier Humbert : En lecteur de fichiers audio et vidéo il y en a qui est pas mal connu au-delà des distributions Linux, parce qu’il fonctionne également sous Windows et probablement sous Mac, c’est VLC, VLC qui permet d’être utilisé comme un lecteur de médias, tout simplement. Donc vous pouvez écouter vos CD si vous avez encore des CD à la maison, vous pouvez écouter des MP3, vous pouvez écouter des radios en direct sur Internet comme Cause Commune 93.1 FM.

Frédéric Couchet : Exactement.

Olivier Humbert : Et vous pouvez lire des vidéos dans tous les formats. Donc c’est un logiciel qui est pas mal connu, qui est souvent connu même si les gens ne savent pas que c’est un logiciel libre développé par une communauté libre.

Frédéric Couchet : On va rappeler, pour les gens, que c’est le fameux logiciel dont le logo est un cône de chantier et, comme tu le dis, la plupart des gens ignorent souvent que c’est un logiciel libre. J’en profite pour préciser une chose importante c’est que la plupart des logiciels, en tout cas un certain nombre de logiciels qu’on va citer, sont multiplateformes, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas simplement disponibles sur environnement libre, mais ils sont aussi disponibles aussi sur environnement type Windows ou Mac. On peut aussi citer des logiciels un peu plus spécialisés comme Amarok ou Clementine [prononcé à l’anglaise, NdT] ou Clementine, je ne sais pas comment on prononce, Banshee. Est-ce que tu en as d’autres à citer sur cette partie-là, vraiment lecteurs audio ? Yann.

Yann Collette : J’avais Amarok et aussi VLC ; c’est vrai que c’est aussi un logiciel qui revient assez souvent.

Frédéric Couchet : J’en profite pour signaler qu’on aura courant novembre – je n’ai plus la date en tête peut-être qu’elle n’est pas encore totalement fixée – Jean-Baptiste Kempf qui est le président de l’association VideoLAN qui développe VLC, on pourra entrer en détail là-dessus.
Ça c’est la lecture de musique, de CD. Olivier dit qu’on n’a pas forcément encore aujourd’hui des CD, mais il y a encore des gens qui achètent des CD et une pratique assez traditionnelle, en tout cas j’ai l’impression, c’est ce qu’on appelle extraire le contenu du CD pour le mettre sur ordinateur, c’est par exemple ce que je fais pour ensuite le mettre sur un ordinateur de la maison qui sert de serveur audio. Par exemple pour extraire des CD et les convertir en fichiers audio, donc vous utiliseriez quoi ? Vous conseilleriez quoi ?

Yann Collette : De mon côté j’utilise Grip ; c’est un petit logiciel qui fait ça assez rapidement et plutôt simple à utiliser à utiliser.

Frédéric Couchet : Il y a aussi K3b, peut-être, qui fait l’extraction de DVD.

Olivier Humbert : J’étais en train de réfléchir, c’est vrai que ça fait quelques années que je n’ai pas rippé un CD.

Frédéric Couchet : Que tu ne fais plus ça !

Olivier Humbert : Donc oui, peut-être que si j’avais à le faire maintenant je pense que je me dirigerais vers K3b ou peut-être ??? il me semble de mémoire, un petit logiciel celui-là, pour le coup, qui ne fonctionnait que sous distribution Linux. Oui. K3b, je pense.

Frédéric Couchet : D’accord. En tout cas j’utilise assez souvent K3b. Il y a aussi HandBrake pour les DVD mais qui, je crois, extrait aussi la partie audio.
Autre usage potentiel c’est la conversion de fichiers, de formats de fichiers, parce que ça on le fait assez souvent par exemple à la radio. Là, sur la conversion de fichiers, est-ce que vous avez des logiciels que vous conseilleriez peut-être un en mode avec vraiment une interface graphique, on va dire, et peut-être un en mode ligne de commande ?

Yann Collette : Moi je ne conseillerais que un logiciel en ligne de commande, c’est plutôt FFmpeg.

Frédéric Couchet : FFmpeg qui est très utilisé.

Yann Collette : Une boîte à outils complète qui fait tout.

Frédéric Couchet : D’accord. Et pour quelqu’un qui ne veut pas utiliser la ligne commande, c’est-à-dire qui veut vraiment utiliser un outil graphique, Audacity peut-être qui permet de faire pas mal de conversions.

Olivier Humbert : Pour la musique, pour l’audio aussi. Il me semble que HandBrake fait ça aussi non ?

Frédéric Couchet : On me signale sur le salon web, quelqu’un qui s’appelle r1.

Olivier Humbert : Erwan. Salut Erwan.

Frédéric Couchet : Par contre, normalement on ne révèle pas ! Moi je dis r1, je rappelle qu’on est en direct, donc c’est r1, visiblement que Olivier connaît, qui nous signale effectivement que HandBrake fait ça aussi.
On continue un petit peu la liste. Je répète aux personnes qui nous écoutent, ne vous inquiétez pas, on mettra sur le site web les références des noms qu’on a cités et surtout, si vous avez une distribution libre qui est installée, vous pouvez aller regarder dans votre logithèque de logiciels, vous retrouverez tous ces logiciels et certains sont effectivement aussi disponibles sur les plateformes Windows et Mac.
Là on va se rapprocher un peu plus du sujet direct de l’émission, c’est l’enregistrement et le travail du son. Quelques logiciels à citer et on y reviendra peut-être plus en détail tout à l’heure ?

Yann Collette : De ce côté-là, pour l’enregistrement j’utilise souvent Audacity parce qu’en fait ça fait l’enregistrement, mais on a aussi après du post traitement des bruitages et du travail de découpage de l’échantillon. Pour l’enregistrement multipiste, j’utilise Qtractor.

Frédéric Couchet : Qtractor.

Yann Collette : Oui. Il y a un logiciel plus complet, plus pro, qui s’appelle Ardour pour l’enregistrement multipiste ; c’est un peu plus professionnel.

Frédéric Couchet : D’accord. Olivier, est-ce que tu veux compléter sur cette partie-là, cette liste ?

Olivier Humbert : En logiciel libre et gratuit, ce sera à peu près la même liste : Audacity qui est très connu parce que, pareil, multiplateformes, ça fonctionne sous Mac, ça fonctionne sous Windows, ça fonctionne sous Linux. Je pense qu’à peu près les deux tiers des podcasts faits sur la planète sont réalisés à un moment avec l’utilisation d’Audacity.
Ardour aussi. Ardour c’est surtout pour faire ce qu’on appelle de l’enregistrement multipiste, c’est-à-dire enregistrer plusieurs pistes en même temps, typiquement ça va être enregistrer une session avec cinq musiciens qui jouent leur morceau comme s’ils étaient en live avec chacun un micro et on enregistre tout ça en même temps. Ardour utilise aussi un petit peu le MIDI donc c’est plutôt pour ce qui va être synthèse sonore, commande de machines extérieures.
Qtractor aussi, j’aime bien Qtractor, Qtractor ou Traverso qui est un autre petit logiciel libre qui permet de faire du multipiste rapide, qui n’a pas la prétention d’être un gros logiciel à capacité professionnelle, mais qui permet d’aller un peu plus vite que si on avait besoin d’utiliser Audacity pour faire la même chose. Et puis il y en a cinq ou six autres.

Frédéric Couchet : D’accord. Sur le salon web Steph demande : est-ce que l’Ubuntu Studio existe encore ?

Olivier Humbert : Oui.

Frédéric Couchet : Donc la réponse est oui, Steph. Je vois une autre question, mais je la poserai tout à l’heure pour Olivier, quelqu’un qui demande, je la pose maintenant, mais tu répondras plus tard, c’est pour quand LibraZiK 3 ? Et, la seconde question : est-ce qu’il y aura une catapulte à piano ? Visiblement c’est quelqu’un qui doit te connaître parce que je ne comprends même pas la question, mais je suppose que toi tu la comprends donc tu y répondras plus tard.
Je précise que sur le salon web encore une fois, il y a mu_man qui nous dit qu’il y a aussi les outils de MusicBrainz, donc Picard, le Tagger. On mettra toutes ces références sur le site de l’April.
On continue la liste sur l’écriture de partitions musicales.

Yann Collette : J’utilise beaucoup MuseScore. MuseScore est vraiment un outil d’édition de partitions professionnel qui joue aussi les partitions. Il y a un rendu sonore derrière. Pour la partie guitare aussi, la compatibilité avec Guitar Pro, il y a TuxGuitar qui est vraiment un bon outil.

Frédéric Couchet : Mon fils va le tester parce qu’il connaît MuseScore et en cherchant, en préparant l’émission, je suis tombé sur TuxGuitar que je ne connaissais pas. On l’a installé hier, il me dira ce qu’il en pense. Il y a aussi GNU LilyPond. Vous connaissez ?

Yann Collette : Là, pour le coup, c’est sans interface graphique.

Frédéric Couchet : C’est sans interface graphique mais comme tout à l’heure tu parlais de FFmpeg, effectivement c’est un outil sans interface graphique.

Olivier Humbert : Sans interface graphique, mais il y a des interfaces graphiques qui existent pour LilyPond.

Yann Collette : C’est un langage de programmation.

Frédéric Couchet : Par défaut, effectivement, c’est un langage de programmation qui permet de faire des partitions et des gens ont développé des interfaces graphiques.
Steph me confirme que TuxGuitar c’est top. Il y a une grosse activité sur le salon web aujourd’hui, je pense que ce sujet intéresse beaucoup de personnes !
Dernière question, dernier thème, même s’il y en sans doute d’autres sur les logiciels, Voix sur IP. Moi je citerais déjà Mumble qui est un outil, je ne sais pas si vous l’utilisez, si vous connaissez.

Yann Collette : Sur ce sujet je suis sec.

Frédéric Couchet : D’accord ! Qui est notamment beaucoup utilisé pour les jeux en réseau, etc. Est-ce qu’il y en d’autres que tu connais peut-être Olivier ?

Olivier Humbert : Pas du tout.

Yann Collette : Je sais pas si Discord ? Non ?

Frédéric Couchet : Je crois que Discord c’est plutôt un forum.

Yann Collette : Il y a aussi forum… Il faudrait confirmer.

Frédéric Couchet : On va demander aux experts qui sont sur le salon web parce que j’ai l’impression que les experts sont réunis sur le salon aujourd’hui.
Ça c’est un tour d’horizon rapide des principaux logiciels libres pour l’audio et il y a bien d’autres. Après on va en aborder certains plus en détail dans le cours de l’émission. On me signale aussi Matrix (???), sans doute pour la voix sur IP. Je ne pourrais pas citer tous les logiciels qu’on me cite sur le salon web parce que sinon on va y passer l’émission, en tout cas merci de les citer, de les indiquer.
Je rappelle que si vous avez une distribution libre, la plupart vous allez les retrouver installés par défaut, sinon il suffit de les installer via votre outil d’installation de logiciels. Pour certains ils sont multiplateformes – on essaiera de mettre les références – c’est-à-dire que si vous êtes sous Windows ou sur Mac vous pouvez les retrouver. Lonugem me confirme que Discord fait aussi la voix.
Après ce petit tour d’horizon, on va faire un petit passage technique, là c’est un peu un défi pour mes invités, mais je pense que c’est important parce que dans l’imaginaire des gens sur logiciel libre et la musique, c’est un peu comme logiciel libre et imprimante, ça n’a jamais fait très bon ménage, je dis ça par expérience parce que hier j’ai réglé un problème d’imprimante.

Olivier Humbert : Ce n’est pas faux !

Frédéric Couchet : On va faire une petite explication technique rapide sur le fonctionnement du son sur les systèmes libres pour que les gens comprennent un petit peu comment ça fonctionne et aussi les progrès qui ont été faits. Qui veut se lancer sur cette partie-là pour expliquer les différentes couches, matériels et logiciels. Oliver Humbert.

Olivier Humbert : Moi je veux bien.

Yann Collette : Je veux bien qu’Olivier commence !

Olivier Humbert : Parfait ! On va dire que depuis une dizaine d’années ça a vraiment avancé. Si on fait attention à choisir le bon matériel normalement on branche, ça marche, et on n’y pense même pas. Pour rentrer un petit peu dans les détails, on va dire qu’il y a une couche de pilotes, donc les pilotes de matériel, par exemple une carte son externe, il y a une double couche de pilotes, en fait ; il y a soit ce qu’on appelle ALSA [Advanced Linux Sound Architecture] qui est l’infrastructure audio principale de Linux et il y a une autre couche de pilotes pour les périphériques FireWire qui s’appelle FFADO [Free Firewire Audio Drivers].
Depuis quelques années c’est possible aussi de faire fonctionner certains périphériques FireWire avec ALSA, mais grosso modo, pour les gens qui n’y connaissent pas encore grand-chose, il y a ces deux grandes catégories-là.

Frédéric Couchet : On va peut-être préciser sur cette première couche qu’un pilote, le driver en anglais, c’est ce qui permet au noyau du système d’exploitation, en l’occurrence le noyau Linux, de piloter la carte.

Olivier Humbert : C’est ça, c’est la façon dont on va piloter au niveau matériel la carte. Ça n’a rien à voir avec du logiciel qui va enregistrer, qui va faire des synthèses sonores.

Frédéric Couchet : C’est ça. L’utilisateur ou l’utilisatrice finale ne voit pas ça, c’est vraiment au niveau du noyau, mais c’est important de comprendre ce fonctionnement. Ça c’est la première couche, le pilote.

Olivier Humbert : C’est la première couche. Au-dessus de ça on va avoir des couches qu’on va appeler des serveurs son. Les principaux serveurs son typiquement ça va être ce qui va vous permettre d’avoir une vidéo qui est lancée, un petit jeu qui est lancé, et puis des notifications de votre système d’exploitation et que tout ce monde-là puisse faire de la musique et que la musique arrive à vos enceintes ou à votre casque en même temps ; c’est ce qui va faire le mixage général. On a un serveur son qui un peu dominant, on va dire pour l’utilisation bureautique classique ou multimédia classique, c’est-à-dire écouter de la musique ou lire des vidéos. Ce serveur son-là s’appelle PulseAudio.
À côté de ça, pour le sujet qui nous intéresse aujourd’hui, nous on a besoin de spécificités sur un serveur son, c’est-à-dire de pouvoir faire ce qu’on appelle le temps réel, c’est-à-dire que quand on va jouer, on veut entendre le son au moment où on le joue et pas qu’il y ait une latence de 20, 30, 40, 50 millisecondes et qu’on entende ce qu’on joue après qu’on l’a joué, parce que c’est vraiment perturbant pour un musicien. Pour ça, il y a un serveur son spécifique qui a été développé à la base sous Linux mais qui fonctionne sous Mac et sous Windows aussi, ce serveur son s’appelle JACK [JACK Audio Connection Kit]. Typiquement, si vous voulez faire de la production audionumérique, c’est ce serveur son que vous allez vouloir utiliser. Il y a des ponts qui existent entre les deux serveurs son pour que tout ce petit monde puisse cohabiter ensemble et ça c’est vraiment une grande avancée qu’on a depuis, je dirais, trois/quatre ans, c’est qu’on peut faire fonctionner les deux en même temps. Avant c’était soit l’un soit l’autre, donc c’était un petit embêtant, on va le dire, pour les gens qui voulaient, je ne sais pas, écouter une vidéo sur un grand serveur de partage de vidéos bien connu sur le Net.

Frédéric Couchet : PeerTube !

Olivier Humbert : PeerTube, exactement et qui voulaient l’utiliser pour écouter un morceau qu’ils connaissaient pour pouvoir travailler leur guitare en même temps, c’était un petit peu embêtant. Maintenant ça marche, c’est transparent, quand c’est bien réglé comme sur ce qu’on fait avec Yann, l’utilisateur a à peine besoin de s’en soucier, peut-être des fois appuyer sur un bouton, sur une interface graphique, mais ça s’arrête là.

Frédéric Couchet : D’accord. Avant la troisième couche et de faire aussi réagir Yann, je relaye une question de Steph sur le salon web : quelle solution pour être sûr et certain qu’on a tous les pilotes qui vont bien ? Est-ce qu’il existe une doc fiable là-dessus ?

Yann Collette : Juste pour le matériel, en fait il y a un truc relativement simple, c’est quand on achète une carte son USB, si elle est indiquée USB class compliant, on a 99 % de chance de ne pas se planter. Ce type de carte est très bien supporté.

Frédéric Couchet : Tu veux compléter Olivier. Vas-y.

Olivier Humbert : Je voulais répondre à la question de Steph. C’était surtout pour dire que la documentation qui existe, parce qu’il y a des spécificités pour certains matériels, mais quand on a envie d’acheter quelque chose on a envie que ça marche et ne pas être obligé de le rapporter au magasin deux jours après parce que ça ne marche pas sous Linux, la meilleure documentation qu’on ait en ce moment c’est celle de linuxmao.org, c’est tout ce qui concerne Linux et la MAO.

Frédéric Couchet : Musique assistée par ordinateur.

Olivier Humbert : Musique assistée par ordinateur, merci et on a tout un tableau. En fait on répertorie toutes les expériences qui sont rapportées par des utilisateurs. Typiquement vous avez une carte son, elle fonctionne, vous venez le dire et nous on le répertorie dans une espèce de tableau. Vous pouvez aussi venir dire « j’ai une carte son et elle ne fonctionne pas » ; ça pourra permettre à des gens de ne pas démarrer en achetant un matériel qui ne va pas fonctionner sous Linux.

Yann Collette : Petite précision qui a son importance, linuxmao.org est en français.

Frédéric Couchet : Oui, c’est important de le préciser. On va aussi préciser que vous êtes deux personnes actives de ce site et Olivier en est notamment l’un des administrateurs.

Olivier Humbert : C’est ça.

Frédéric Couchet : Donc linuxmao.org, je renvoie ça à Steph et à toutes les personnes qui écoutent. On mettra évidemment la référence sur le site de l’April.
On revient sur les explications techniques, la première couche, le pilote, le driver ; la deuxième couche les deux serveurs de son donc PulseAudio et JACK pour les personnes qui veulent plus aller sur une musique assistée par ordinateur et puis il y a la troisième couche qui est la couche applicative. C’est ça ? Yann.

Yann Collette : C’est ça. Moi typiquement quand je joue, je vais démarrer trois/quatre applications en même temps. Je vais utiliser un logiciel qui s’appelle Guitarix, qui simule un ampli de guitare électrique avec plein d’effets échos, distorsions et compagnie. En parallèle je vais lancer TuxGuitar pour jouer une partition Guitar Pro, je vais aussi avoir une petite table de mixage via le logiciel qui s’appelle ??? et ensuite j’ai aussi un logiciel qui est développé par un contributeur linuxMAO.org, qui s’appelle Ray Session, qui est un gestionnaire de session.

Frédéric Couchet : Qu’est-ce que tu appelles un gestionnaire de session ?

Yann Collette : Sous Mac et sous Windows la façon de travailler c’est qu’on a souvent une grosse application et on fait tout avec cette application. Sous Linux c’est un peu différent : on a plein de petites applications qui vont faire une tâche particulière. Le gros avantage sous Linux c’est qu’on peut tout connecter ensemble. Ça oblige à lancer plein d’applications en parallèle, à les connecter sous JACK par des JACK virtuels, et cette opération de tout relancer à la main, tout reconnecter, est un peu fastidieuse et on passe la plupart du temps par un gestionnaire de session où on enregistre toutes les applications qu’on a lancées et ça va enregistrer tous les câblages qui ont été faits entre les différentes applications.

Frédéric Couchet : OK. Je vais préciser parce que j’avais compris récession en un seul mot en fait c’est en deux mots c’est ray « ray » et session « session ». Je remercie R1 sur le salon web de le préciser, c’est important parce que si les gens cherchent « résession » sur Internet… Évidemment vous trouverez la référence sur le site linuxMAO.org.
Ça c’était important pour bien comprendre comment fonctionne le son sur les systèmes libres et aussi l’évolution très positive avec la reconnaissance de plus en plus de cartes. On n’abordera pas ce sujet-là aujourd’hui parce que c’est encore plus technique et on pourrait quasiment y consacrer une émission. Souvent la non-disponibilité des spécifications des cartes a rendu difficile l’écriture de pilotes. Peut-être qu’on en parlera d’ailleurs avec VideoLAN sur la partie cartes vidéos et autres, etc. Aujourd’hui en tout cas, la plupart des cartes sont reconnues et pour répondre aussi à la question de tout à l’heure de Steph sur comment on peut être certain qu’on a les pilotes qui vont bien, r1 précisait qu’on peut tester avec un CD autonome, un live CD : on fait démarrer l’ordinateur sur ce CD-là et à la fin on saura évidemment si tous les pilotes sont disponibles. Olivier vas-y.

Olivier Humbert : Je voudrais juste préciser un petit truc si tu veux bien Fred.

Frédéric Couchet : Je veux bien.

Olivier Humbert : Un des avantages qu’on a avec le logiciel libre c’est qu’il y a moins d’obsolescence. Je pensais à plusieurs expériences que j’ai eues moi-même sur certains matériels type claviers MIDI – c’est juste un petit clavier contrôleur – où certaines cartes son qui ne fonctionnent plus sous des systèmes d’exploitation propriétaires mais qui fonctionnent encore sous Linux puisque les pilotes sont toujours-là. Donc il y a certains matériels anciens, voire très anciens, qui fonctionnent encore et c’est quand même agréable d’avoir un système d’exploitation qui fait encore fonctionner ses matériels parce qu’ils ne sont pas cassés.

Frédéric Couchet : En plus ça fait référence à un sujet qu’on a traité il y a deux semaines, le 17 septembre 2019, l’obsolescence programmée, où notamment cette problématique a été largement abordée, donc je renvoie au podcast qui est disponible sur le site de l’April et sur le site de Cause Commune, april.org et causecommune.fm.
En dehors des personnes qui interviennent sur le salon web et je les en remercie, n’hésitez pas aussi à appeler au téléphone si vous le souhaitez, 09 50 39 67 59, je répète 09 50 39 67 59, Patrick qui est en régie attend vos appels téléphoniques.
On a fait la petite explication technique, maintenant on va aborder un peu plus en détail certains logiciels libres, notamment pour la MAO, parce que c’est quand même un petit peu le sujet principal de l’émission, donc musique assistée par ordinateur. Qui veut commencer à parler un petit peu de son expérience, de son usage, de ses logiciels ? Peut-être Yann Collette.

Yann Collette : C’est parti. J’utilise beaucoup et même tout le temps Linux pour la production audionumérique. Je fais beaucoup de choses en utilisant LMMS, Linux MultiMedia Studio. C’est un logiciel relativement simple d’utilisation qui embarque beaucoup de synthé, beaucoup de ressources sonores et qui est aussi multiplateformes, donc on peut l’utiliser sur Windows, Mac et surtout sous Linux. Il est très simple d’utilisation et on peut faire des choses assez intéressantes avec. Beaucoup de gens font plutôt de la techno et autre, mais on peut faire des musiques un peu plus rock avec.

Frédéric Couchet : Quand tu dis techno c’est le type de musique, ce n’est pas de la technologie.

Yann Collette : Plutôt techno. Donc on peut faire des choses un peu plus rock avec des samples. Moi j’enregistre des guitares dessus, je vais les coller dans LMMS et puis rajouter des synthés derrière. Il y a aussi un système pour concevoir de la percussion genre batterie qui est relativement simple d’utilisation. C’est un logiciel qui dérive d’un autre outil propriétaire qui s’appelle Fruity Loops et qui hérite de cette partie pour la composition des percussions, qui est vraiment simple d’utilisation. Je vous invite vraiment à l’utiliser, c’est assez sympa.

Frédéric Couchet : Donc c’est LMMS qui est disponible sur plusieurs plateformes, qui est disponible dans plusieurs langages, c’est-à-dire français et anglais je suppose.

Yann Collette : Oui, il est plutôt bien internationalisé.

Frédéric Couchet : Internationalisé. D’accord. Olivier , est-ce que tu veux compléter sur LMMS ou sur autre chose ?

Olivier Humbert : J’utilise un tout petit peu LMMS. Pour continuer sur l’internationalisation de LMMS, c’est moi qui ai fait la traduction en français, s’il y a un problème vous pouvez m’envoyer un petit mail en me faisant une proposition de changement. Je ne suis pas trop musique électronique à la base, j’ai commencé plutôt avec Ardour parce que je faisais de l’enregistrement, les premières vraies expériences que j’ai eues avec Ardour c’était plutôt de l’enregistrement de chansons d’enfants parce que je travaillais avec des écoles primaires où il y avait des projets de création de CD par des enfants, textes et musiques le plus possible évidemment, donc moi j’ai commencé beaucoup par Ardour.

Frédéric Couchet : Est-ce que tu peux expliquer les fonctionnalités d’Ardour ?

Olivier Humbert : La fonctionnalité principale d’Ardour c’est d’enregistrer des pistes audio. C’est-à-dire que vous faites du hautbois, du piano, de la batterie, de la guitare, on va mettre un micro devant vous ou des fois plusieurs micros et on va enregistrer le son réel de votre instrument. Il faut savoir que depuis quelques versions, Ardour est maintenant aussi capable de faire ce qu’on appelle du MIDI. En musique il y a l’audio, c’est tout ce qui va être enregistrement d’audio réel et le MIDI ça va être tout ce qui est plutôt synthèse, lecture d’échantillons, donc des sons qui sont générés par l’ordinateur lui-même. Au début, quand j’ai commencé à utiliser Ardour, c’était uniquement un enregistreur audio, mais maintenant il s’est doté de fonctionnalités MIDI, donc on peut mixer les deux à l’intérieur d’Ardour, c’est-à-dire enregistrer une voix, enregistrer une batterie, enregistrer une guitare, enregistrer un piano, enregistrer un klaxon et en même temps faire de la synthèse sonore, donc utiliser des sons qui sont directement produits par votre ordinateur.
Il faut savoir qu’Ardour a aussi une capacité que, dans le milieu de la musique sur ordinateur, on appelle un haut degré fond (???), c’est-à-dire qu’Ardour est un logiciel qu’on va appeler central et qui peut incorporer plein d’autres logiciels, donc des greffons. Pour les gens qui font un petit peu de musique assistée par ordinateur, qui sont déjà au courant, l’équivalent dans le monde propriétaire ça s’appelle les VST [Virtual Studio Technology]. Sous Linux on a plusieurs normes ; la norme dominante, on va dire, s’appelle LV2. Donc un greffon LV2 typiquement c’est on va enregistrer un morceau, on va dire de guitare, et on va utiliser un greffon LV2 qui va nous permettre de changer le son par exemple, puisqu’on va lui appliquer une égalisation, on va lui mettre une reverb, on va lui mettre un limiteur.

Frédéric Couchet : Une reverb ?

Olivier Humbert : Une réverbération pour que ça sonne un petit plus comme dans une condition naturelle, une vraie pièce où il y a des réverbérations, donc on va pouvoir ajouter tout ça. Dans les greffons LV2 il y a aussi, évidemment, des instruments virtuels, ce sont des instruments qui n’existent que dans votre ordinateur : on ne va pas enregistrer un vrai son, on va faire jouer à l’ordinateur une synthèse sonore.
Ardour me sert principalement à ça. Il y a des gens qui l’utilisent aussi pour faire du live. C’est intéressant parce que ce n’est pas un logiciel qui est fait pour ça à la base, mais il peut servir à faire ça aussi.

Frédéric Couchet : C’est-à-dire en concert ?

Olivier Humbert : En concert, oui. On peut soit pré-enregistrer des choses et faire démarrer une boucle par exemple. Donc on a pré-enregistré chez soi une boucle, on va garder la guitare parce que c’est un bel instrument, et en concert on va juste lancer la boucle. Donc voilà ! Ardour est un des gros logiciels, disons que c’est un peu le mastodonte en logiciel libre, c’est celui qui n’a pas froid aux yeux et qui rivalise avec des solutions propriétaires sans du tout avoir honte de ce qu’il fait parce que c’est un très bon logiciel relativement stable, qui a une grosse communauté d’utilisateurs, qui est aussi multiplateforme et, on en parlera peut-être tout à l’heure, qui a réussi à trouver un modèle de financement qui lui permet d’avoir deux développeurs payés à temps plein pour le développer et le maintenir dans la durée.

Frédéric Couchet : Les invités sont merveilleux, ils préparent même les séquences d’après sur les questions. Après la pause musicale, je poserai notamment la question qu’on a d’ailleurs posée tout à l’heure sur un des salons, sur l’équivalence avec les solutions privatrices : est-ce qu’aujourd’hui les logiciels libres sont au niveau ? et on parlera évidemment du financement.
On va faire une petite pause musicale avec, je crois, un artiste que quelqu’un ici connaît, mais on expliquera juste après. Le morceau s’appelle What ? Again ? par Joseph Curwen et on se retrouve juste après.

Pause musicale : What ? Again ? par Joseph Curwen.

55’ 32

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter What ? Again ? par Joseph Curwen qui est disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 FM et sur causecommune.fm. Je rappelle le numéro de téléphone si vous souhaitez intervenir à la radio en direct 09 50 39 67 59, 09 50 39 67 59. Nous parlons de logiciel libre pour l’audio et la musique assistée ordinateur avec Olivier Humbert et Yann Collette et je crois, Yann Collette, que tu connais un petit peu cet artiste. Est-ce que tu peux nous expliquer ce choix musical ?

Yann Collette : C’est une composition personnelle réalisée avec LMMS il y a quelques années.

Frédéric Couchet : Dont tu parlais juste avant la pause musicale.

Yann Collette : Dont je parlais à l’instant. L’ensemble des musiques sont disponibles sur Jamendo.

Frédéric Couchet : On mettra la référence sur le site et c’est sous licence libre donc vous pouvez les réutiliser librement, vous pouvez les modifier, les faire évoluer, etc.
Juste avant la pause musicale nous parlions notamment de LMMS, de Ardour et sur le salon web de l’émission, donc sur causecommune.fm où vous pouvez nous rejoindre, il y a une question, il faut que je la retrouve, concernant le logiciel Sonic Pi en deux mots et la question de Steph est : quelle pertinence pour la MAO, j’ai l’impression que c’est plus un jeu pour apprendre à coder ? Qui veut répondre ? Yann Collette. Vas-y.

Yann Collette : Je veux bien. J’ai commencé un petit peu à regarder. Sonic Pi est un langage de programmation pour l’audio. Sonic Pi est une version un peu simplifiée, on va dire, Sonic Pi est une surcouche d’un autre langage qui s’appelle SuperCollider, qui existe depuis quelques années, qui est très puissant, qui permet de faire essentiellement des choses autour de l’audio. Oui, effectivement, Sonic Pi a un côté un peu ludique mais c’est un langage sérieux. Il y a une émission qui était passée sur Tracks, sur le Live coding parce que ces langages servent à faire du Live coding et si on a la possibilité de glisser le lien, ça vaut vraiment le coup.

Frédéric Couchet : On mettra le lien si c’est toujours disponible en ligne. C’est le cas ?

Yann Collette : C’est toujours disponible et ça montre des gens en train de faire du live en programmant des sons en direct et en montrant le code au public. C’est une discipline un peu particulière.

Frédéric Couchet : D’accord. Comme dit Erwan sur le salon web, c’est une question de goût, il y a des personnes qui font des trucs barrés avec.
Je précise que Patrick, en régie, me signale que l’invité du sujet suivant est déjà en ligne, ce sera un peu plus tard parce qu’on a passé un peu plus de temps sur le premier sujet, je ferai signe. Ce n’est pas ça ! Il y a un appel téléphonique ? Je ne comprenais pas. Il faut savoir que Patrick me fait des signes et je n’avais pas compris. Excuse-moi Patrick, passe-nous l’appel téléphonique. Bonjour.

Alain Imbaud : Bonjour.

Frédéric Couchet : Bonjour. Quel est votre prénom ?

Alain Imbaud : Je m’appelle Alain Imbaud, je suis président de l’Association Musique Libre.

Frédéric Couchet : Bonjour Alain. On est visiblement entre connaisseurs. Alain, est-ce que tu as une question ou une réaction ? On t’écoute.

Alain Imbaud : Une réaction. Vous en parlez bien sur la question de la diffusion, vous avez cité un peu Jamendo notamment par rapport aux artistes qui sont disponibles. En fait il y a d’autres sites, il y a notamment domazic.net que je connais très bien, je suis un des animateurs du site et justement, une des questions de la création de la musique sous licence libre : par exemple on a souvent des problématiques où des personnes vont créer des œuvres avec des logiciels propriétaires ou avec des logiciels libres et après ils peuvent faire le choix de diffuser leur musique directement sous licence libre ou pas. Du coup il y a une vraie question et, à mon sens, il y a un vrai lien à faire entre la production avec des logiciels libres et la diffusion, derrière, avec des licences libres.

Frédéric Couchet : Tout à fait. D’ailleurs c’est l’un des points qu’on souhaitait aborder rapidement tout à l’heure. J’en profite pour signaler que nous aurons évidemment l’occasion d’avoir Dogmazic prochainement sans doute dans une émission pour parler effectivement de la partie licence, de la partie diffusion, en tout cas peut-être avec d’autres personnes. Est-ce que tu avais une question particulière ou c’était juste une réaction par rapport à ça ?

Alain Imbaud : C’était une réaction et aussi pour informer qu’un des plus gros sites de musique libre anglo-saxon, qui s’appelle Free Music Archive, est en train de se reconstruire en ce moment et, du coup, c’est plutôt une excellente nouvelle pour le microcosme de la musique libre au sens général parce que c’est un site qui se mourrait un petit peu depuis peu et, si vous voulez vraiment aller trouver pas mal de nouvelles œuvres et aller voir de nouveaux artistes, Free Music Archive est un site très intéressant.

Frédéric Couchet : Tout à fait. C’est un site sur lequel on a trouvé pas mal de choses et qui avait annoncé sa fermeture pour des problèmes ; donc c’est une bonne chose de savoir que ce site est rouvert. Effectivement dans l’émission Libre à vous ! nous ne diffusons que des musiques sous licence libre, en plus vraiment en mode totalement libre et nos sources de références sont Free Music Archive, c’est archive.org, c’est évidemment Dogmazic et d’autres sites qui existent comme Ziklibrenbib qu’on a déjà évoqué. Il y a plein de sites sur lesquels ont peut trouver de la musique libre. Je crois qu’Olivier Humbert voulait réagir.

Olivier Humbert : Oui. Pour les auditeurs je voudrais juste dire qu’Alain a été un petit timide. Il faut dire que Dogmazic c’est quand même 50 ou 60 000 morceaux de musique enregistrés. Combien ?

Alain Imbaud : 66 000.

Olivier Humbert : 66 000 morceaux de musique enregistrés donc vous pouvez vraiment y aller et écouter plein de morceaux différents, de styles différents. Il y a des trucs complètement bizarres, il y a des trucs complètement traditionnels, des trucs que vous pourriez écouter sur la radio, des trucs que vous pourriez écouter si vous le faisiez vous-même et que vous ne saviez pas ce que vous faisiez. C’est vraiment un site que je conseille d’aller voir à tous les auditeurs.

Frédéric Couchet : En tout cas merci Alain de ton appel. C’était Alain Imbaud de Musique Libre. Le site c’est dogmazic.net sur lequel, effectivement, vous trouverez beaucoup de belles musiques et je crois que les deux tiers des musiques qu’on diffuse on les trouve sur Dogmazic. Merci Alain et à bientôt.

Alain Imbaud : Merci. À bientôt.

Olivier Humbert : Salut.

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre après cette intervention tout à fait pertinente.
Tu avais répondu à la question de Sony Pi. Juste rapidement parce que j’aimerais qu’on puisse aborder tous les sujets qu’on avait prévus, là on a parlé de logiciels libres individuels, est-ce qu’il existe des projets de suites logicielles vraiment complètes déjà créées pour studios audio et notamment, peut-être, LibraZiK dont Olivier s’occupe ? Peut-être qu’il y en a d’autres. Oliver Humbert.

Olivier Humbert : Oui. Il y a plusieurs suites logicielles complètes qui sont même des systèmes d’exploitation. C’est-à-dire que vous installez sur votre ordinateur un système d’exploitation entier dédié à la musique. Un qui est relativement connu c’est Ubuntu Studio, doncc’est une version de Ubuntu, qui est un système complet, il y a des navigateurs internet, il y a des lecteurs de multimédias, il y a un LibreOffice pour pouvoir écrire des documents, tout ça, mais c’est un système d’exploitation qui va être dédié à fabriquer de la musique aussi donc avec des logiciels pré-installés, certains pré-configurés, etc.
Il y en a un autre qui s’appelle AV Linux, donc Audio Visuel Linux.
Il y en a un autre qui s’appelait KXStudio qui est plus ou moins en train de changer ; en fait, le projet commence à changer donc je crois qu’il n’y aura plus de distribution complète, il y aura juste une possibilité d’aller chercher certains logiciels dans les dépôts de KXStudio.
Pour parler de moi avant de laisser Yann parler du sien, moi je développe un système qui s’appelle LibraZiK. Pareil, c’est une distribution complète que vous pouvez utiliser qui vient pré-configurée avec à peu près un millier de logiciels pour faire de la musique. Ça va de l’éditeur de partition, à l’enregistreur, à des logiciels, des synthés, je ne sais pas, il doit y en avoir 50, 100, je ne les compte même plus ; des logiciels pour apprendre à jouer au piano, des logiciels pour entraîner son oreille à reconnaître les écarts entre les notes et compagnie, donc il y a vraiment une offre pléthorique, enfin pléthorique !

Frédéric Couchet : Il y a une offre !

Olivier Humbert : Il y a une grosse offre et le temps de faire le tour de l’offre qui existe déjà il y a de quoi s’amuser avant d’aller vraiment vers des spécialités où peut-être là les logiciels propriétaires ou commerciaux en tout cas, ont leur mot à dire.

Yann Collette : On peut facilement remplir un disque dur avec toutes ces applications-là.

Frédéric Couchet : Là on a parlé de distribution entière. Yann, toi tu t’occupes de la gestion de paquets spécifiques audio pour une distribution logicielle libre qui s’appelle Fedora. Est-ce que tu peux expliquer ?

Yann Collette : Fedora c’est une version en avance de phase de Red Hat. En gros tout est testé, toutes les dernières versions de logiciels, de noyaux sont testées dans Fedora avant que cette version-là devienne plus ou moins Red Hat, à plus ou moins moyen terme. Ça veut aussi dire que c’est une distribution Linux qui a une durée de vie assez courte, elle est renouvelée tous les six mois et chaque version a une durée de vie d’un an. On peut souvent rencontrer des problèmes : j’ai passé six mois sur un problème de noyau Linux, il y a eu un gros souci sur les dernières versions. Heureusement maintenant c’est corrigé.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc toi tu t’occupes de la gestion de paquets spécifiquement pour l’audio pour cette distribution.

Yann Collette : À la manière un peu de ???, j’ai un paquet qu’on rajoute dans Fedora et on peut bénéficier d’un certain nombre de logiciels qui ne sont pas dans la distribution officielle et notamment le noyau ???.

Frédéric Couchet : Dont on parlait en début d’émission. À l’instant Olivier Humbert parlait des logiciels privateurs. J’ai une question que j’ai eue en préparant l’émission : demandez s’il y a des solutions pour les musiciens professionnels ou si le logiciel reste au niveau du home studio. En gros, est-ce que les logiciels dont on a parlé aujourd’hui peuvent être utilisés par des musiciens professionnels ou est-ce qu’il y a encore des limites ? Olivier Humbert.

Olivier Humbert : La réponse est oui. Il y a des musiciens professionnels qui utilisent des logiciels libres, que ce soit sur des studios d’enregistrement, que ce soit sur de l’utilisation en live. Évidemment ce n’est pas encore la majorité des gens. Évidemment il n’y a pas qu’une question de qualité de logiciel, il y a aussi une question de structuration de la société, de formation des acteurs qui sont dans ces milieux-là. Je ne sais pas si on aura le temps d’aborder la question.

Frédéric Couchet : On n’aura pas forcément le temps, mais ça fait référence à ce que citait tout à l’heure Steph sur le salon web, sur les MOOC, les formations massivement d’utilisateurs et utilisatrices. Je ne sais plus exactement ce que veut dire MOOC.

Yann Collette : Massive online. [Massive open online course]

Frédéric Couchet : En tout cas des cours enligne massifs. Il disait qu’il avait noté qu’il y avait de plus en plus de logiciels libres qui étaient enseignés, c’est par rapport à ces problématiques d’enseignement.

Olivier Humbert : D’enseignement, de transmission et de mainmise aussi, puisqu’il faut appeler un chat un chat, de mainmise de certaines boîtes privées sur les formations. Sans citer le nom, je sais par exemple qu’il y a un grand logiciel d’enregistrement bien connu du monde professionnel où, quand on est en formation en France, on est formé sur ce logiciel-là et pas sur d’autres logiciels, parce qu’il y a des partenariats spécifiques avec cette boîte-là. C’est évident, c’est assez facile à comprendre que quelqu’un qui aura été formé à un logiciel, quand il va aller travailler dans le milieu professionnel, il va utiliser et conseiller les mêmes logiciels. On va rester au niveau de la qualité parce que ça c’est complètement un autre débat. Je pense que oui il y a vraiment des capacités pour un musicien professionnel. Après, il faut aussi définir ce que c’est qu’un musicien professionnel. Est-ce qu’un professeur de musique est un musicien professionnel ? Est-ce que quelqu’un qui fait du live est un musicien professionnel ? Est-ce que quelqu’un qui fait de l’enregistrement, alors ce n’est pas un musicien, mais il travaille dans le milieu, donc tous ces milieux-là, toutes ces différentes parties du milieu musical ont des équivalents, ont des possibilités en logiciel libre, qu’elles fonctionnent ou qu’elles ne fonctionnent pas, qu’elles soient adaptées à l’utilisation de chacun et de chacune, ça c’est une autre histoire. Souvent, quand quelqu’un connaît déjà des logiciels et passe dans le monde libre, la difficulté va être de faire un tour des 1000/1500 logiciels à utiliser avant de trouver celui qui correspond à son utilisation personnelle. Voilà !

Frédéric Couchet : Vas-y Yann.

Yann Collette : Petite parenthèse, je rebondis sur la partie live. Je fais du live de temps en temps. J’ai un groupe qui s’appelle ??? qui fait du rock gothique ; on fait des live et j’utilise sur scène Guitarix qui tourne via JACK. On a fait de l’enregistrement live multipiste, quatre pistes, en utilisant Qtractor et sur le même PC j’avais Guitarix qui fonctionnait. Guitarix Linux ne m’a jamais lâché en live et le son derrière est plutôt correct.

Frédéric Couchet : D’accord. Le temps passe vite, mais on refera une émission et je pense que quand on refera une émission on invitera Alain de Dogmazic ou quelqu’un d’autre de Dogmazic parce qu’il y a des sujets dont on souhaitait parler et on n’aura pas le temps, notamment sur les ressources audio. J’aimerais terminer par deux questions. Tout à l’heure Olivier tu parlais d’Ardour, peut-être un petit point justement sur le financement des projets libres et notamment d’Ardour. Ma deuxième question ce sera sur l’accompagnement des gens, donc sortir du Web, selon l’expression employée par Olivier en préparant l’émission, sur les formations, sur les ateliers que vous pouvez animer. Oliver Humbert déjà sur Ardour et la partie financement en quelques mots.

Olivier Humbert : Ardour est un cas d’école dans le milieu du financement spécifique aux logiciels audio puisque c’est le seul qui arrive vraiment à avoir un financement soutenu, en tout cas à ma connaissance. Dans ce milieu-là il y a souvent des liens avec des comptes de dons où les développeurs appellent les utilisateurs à mettre un don. C’est super bien et tout le monde n’a pas envie d’être rémunéré pour ça. Ardour a réussi, au fur et à mesure des années, à mettre en place un système de financement qui lui permet, à l’heure actuelle si je ne dis pas de bêtise, de payer deux développeurs à temps complet sur le développement et le maintien de Ardour. Ce système de financement fonctionne de plusieurs façons et je ne connais peut-être pas tout non plus, mais principalement il y a une boîte qui fabrique des grosses consoles de mixage professionnel numérique, des choses de 32, 64, 128 pistes, donc du gros matériel vraiment dédié aux professionnels, qui paye un développeur ou une partie d’un salaire du développeur parce que cette boîte-là, qui fabrique du matériel, utilise comme base Ardour pour intégrer en tant que partie logicielle dans son matériel.
Ardour c’est un logiciel libre, donc le code source qui fabrique le logiciel est disponible pour tout le monde : sous les distributions Linux, souvent, vous pouvez simplement l’installer gratuitement avec votre gestionnaire habituel de paquets. Ardour est aussi disponible sous Windows et sous Mac et là, sous Windows et sous Mac, il est demandé un minimum de un dollar au moment où on télécharge le logiciel. C’est un minimum, il y a des gens qui contribuent beaucoup plus que ça parce qu’il y a aussi des gens qui respectent vraiment le travail de développeurs et qui savent très bien que pour que quelque chose existe il faut bien qu’il y ait quelqu’un qui paye, sinon c’est un petit peu compliqué. Donc Ardour a choisi ce système de financement et, pour l’instant, ça ne fonctionne pas trop mal. Je me souviens il y a plusieurs années, au moment où ils ont lancé leur système de financement, ils n’avaient pas de quoi payer un développeur à temps complet. Là ils en sont à deux et ce sont vraiment des cadors, ce sont des développeurs qui savent exactement ce qu’ils font et qui pourraient bosser dans des équivalents professionnels.

Frédéric Couchet : D’accord. De toute façon on reviendra plus en détail sur le sujet dans une deuxième émission. Ma dernière question, on a parlé du site ressource de références donc linuxmao.org, ça c’est le web. Je crois que toi, Yann, tu animes des ateliers.

Yann Collette : Je tente des fois d’animer des ateliers. Ça marche plus ou moins bien. J’en ai animé quelques-uns via certaines associations. Il y a, du côté de chez moi, une structure qui s’appelle Les Cuisines (???) qui a hébergé quelques ateliers aussi. J’en ai aussi fait dans des ateliers partagés, j’ai oublié le nom, à Nanterre, plus gros. Donc il y a du monde, il y a des gens qui sont intéressés pour assister à ces ateliers, mais on a du mal à trouver des lieux et surtout je crois que, on en discutait tout à l’heure, le problème c’est qu’on ne se fait pas payer pour ça.

Frédéric Couchet : Bénévole !

Yann Collette : Il y a un point d’honneur à faire ça librement parce que les logiciels sont libres, on a envie de partager et les gens nous disent souvent : « Si vous vous faisiez payer vous seriez plus pris au sérieux ! »

Frédéric Couchet : C’est souvent le cas. En tout cas c’est à essayer. Donc il y a des ateliers, il y a aussi des évènements libristes sur lesquels il y a des initiations à ce type de logiciel et à tout type de logiciel, que ce soit les Ubuntu Party.

Yann Collette : Pendant les RMLL aussi.

Frédéric Couchet : Les Rencontres mondiales du logiciel libre.

Yann Collette : Les évènements culturels qui sont organisés.

Frédéric Couchet : Peut-être une phrase de conclusion chacun si vous souhaitez ajouter quelque chose. Olivier Humbert.

Olivier Humbert : Utilisez des logiciels libres, faites de la musique, on n’a qu’une vie, elle ne dure pas très longtemps, donc allez-y, amusez-vous !

Yann Collette : Je me rappelle de l’époque où je bossais sur Linux 1.2.7, ça a bien évolué, c’est beaucoup plus ergonomique, c’est plus facile à utiliser aujourd’hui et il n’y a aucune raison de ne pas essayer.

Frédéric Couchet : D’accord. Écoutez merci et on abordera à nouveau ce sujet parce qu’il y a plein de sujets dont on n’a pas parlé et c’est passionnant. Moi je découvre plein de choses avec vous, franchement vous étiez passionnants. Je suis sûr que les personnes qui nous ont écoutés pensent la même chose. Je remercie Olivier Humbert et Yann Collette de leur présence et je leur souhaite une belle journée.

Olivier Humbert : Merci à toi Fred.

Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Avant la pause musicale je vais déjà répondre à la première question du quiz sinon je risque d’oublier. La question : lors de l’émission du 24 septembre 2019 nous avons parlé d’un logiciel libre pour faciliter la gestion et la valorisation du bénévolat dans les associations, je demandais quel est le nom de ce logiciel. Le logiciel a’appelle Bénévalibre et le site web c’est tout simplement .

La pause musicale avant le dernier sujet, nous allons écouter Revolt of jasmine par Visio.

Pause musicale : Revolt of jasmine par Visio


1 h 18’ 18

Frédéric Couchet : Coupure brute.