Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 1er juin 2021 »

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<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
  
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/>
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La communication visuelle avec des logiciels libres, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique d’Emmanuel Revah intitulée « le Libre c’est du gauchisme » et aussi la chronique d’Isabella Vanni sur le thème de l’éducation populaire et logiciel libre.
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Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br/>
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Je suis le délégué général de l’April, je m’appelle Frédéric Couchet.
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Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.
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Nous sommes mardi 1er juin 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
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À la réalisation de l’émission ma collègue Isabella Vanni. Bonjour Isa.
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<b>Isabella Vanni : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous vous souhaitons une excellente écoute.
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==Chronique « Itsik Numérik » d'Emmanuel Revah intitulée « Le Libre c'est du gauchisme »==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons commencer par le premier sujet, mais Isabella me signale un problème en régie. Ce n’est pas très grave, Isabella. Le téléphone fonctionne ? C’est le problème des gauchistes. Je vous rappelle que nous attendons au téléphone Emmanuel Revah dont la chronique est intitulée « Le Libre c'est du gauchisme ». Visiblement le gauchisme ne fonctionne pas très bien. Je crois qu’il nous entend maintenant !
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<b>Emmanuel Revah : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu vas bien ?
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<b>Emmanuel Revah : </b>Oui. Et toi ?
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<b>Frédéric Couchet : </b>Très bien. C’est la chronique « Itsik Numérik » d'Emmanuel Revah intitulée aujourd’hui « Le Libre c'est du gauchisme ». Je te laisse la parole.
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<b>Emmanuel Revah : </b>Merci.<br/>
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Ce qui suit n’engage que moi et mon ignorance – il faut le dire, il y a beaucoup plus de choses que je ne sais pas que de choses ce que je sais. Je suis un peu comme Jean, vous savez, celui qui ne sait rien. Bien ! Alors je vais tenter de rappeler que les logiciels libres, c’est du gauchisme.
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Faut-il expliquer les logiciels libres à l’antenne de <em>Libre à vous !</em> ?, en deux mots alors : les logiciels libres c’est du gauchisme. Voilà !<br/>
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En un peu plus de mots, les logiciels libres c’est un peu dans la continuité de la contre-culture des années 60, je précise, 1960, au cas où vous écoutez ce podcast dans 100 ans, le temps qu’il vous faudra pour écouter tous vos podcasts en attente sera peut-être de 100 ans <br/>
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Le Libre porte les valeurs de liberté, d’égalité et d’adelphité ; note : adelphité c’est fraternité sans l’aspect androcentriste, ça vient du mot grec <em>adelphós</em>, donc comme dirait Serge Karamazov, aucun lien !
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Voici les quatre fameuses libertés des logiciels libres – je veux dire « Libertés ! » :
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<li>liberté numéro 0, la liberté d’utiliser un logiciel comme on veut ;</li>
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<li>liberté numéro 1, la liberté d’étudier le code source du logiciel et de pouvoir le modifier afin d’utiliser le logiciel comme on veut, voir liberté 0 ; il ne faut pas que le logiciel puisse exercer un pouvoir sur les utilisateurs et utilisatrices ;</li>
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<li>liberté numéro 2, la liberté de distribuer le logiciel pour aider les autres, parce que c’est bien d’aider les autres, en plus, grâce à la dématérialisation, on peut partager sans modération ! ;</li>
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<li>liberté numéro 3, la liberté de distribuer une version modifiée du logiciel aux autres, voir liberté 2. Pour cela, évidemment, il faut distribuer le code source pour garantir la liberté 0 aux autres, car le Libre pense aux autres.</li>
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</ul>
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Donc, je fais ce que je veux, avec mes cheveux, mais aussi avec mon logiciel libre. Il n’y a pas de CGU restrictives qui légifèrent tout ce qu’on peut faire avec et pas de restrictions artificielles, c’est du « naturel » !<br/>
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Eh oui, j’ai bien dit « mon logiciel libre », car tous les logiciels libres sont à moi, mais aussi à toi, à elle, à lui, à vous, à nous. C’est à tout le monde, y compris les dauphins et les chats, mais surtout les chats ! Il y a des gens qui écrivent des logiciels libres, des gens qui les utilisent, mais il n’y a pas de gens qui ont des titres de propriété sur des logiciels libres. La propriété intellectuelle c’est tellement 2000 vieux !<br/>
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Concrètement, les logiciels libres c’est du savoir et de la culture partagés. C’est l’inverse de la recette secrète. Vous savez, on a tous participé à une conversation où il y a des personnes qui parlent d’une recette dont elles ne veulent pas divulguer « leur » secret. Je mets bien le mot « leur » entre guillemets, car, ce n’est pas à elles. La recette est, au mieux, une adaptation d’une autre recette et au pire, le plus souvent, c’est exactement la recette de quelqu’un d’autre, mais appropriée. C’est de la colonisation du savoir. Non mais sérieux !, il y a des gens qui voudraient breveter le fait d’ajouter un zeste de citron ! Du coup, pour éviter les procès, je n’ajoute jamais de zeste de citron dans mes recettes.
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Mais qu’est-ce que ça enlève aux soi-disant « propriétaires » d’intellect que de savoir qu’une autre personne a accès au même logiciel ou à la même recette du gâteau de la grand-mère d’un Français sur quatre ? L’obsession consistant à vouloir garder secrètes des découvertes, du savoir, des méthodes ou de la culture, c’est du capitalisme effréné.
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À ce propos, un petit mot sur <em>open source</em>. Les logiciels libres ce n’est pas de l’<em>open source</em>. Le mouvement <em>open source</em> est un peu comme l’ultra-libéralisme. Ça part sur une base qui semble bien comme ça, mais qui pousse les idées sociales par les fenêtres, sans vouloir faire un jeu de mots anglo-français basé sur le système d’exploitation symbole du capitalisme dégoulinant, je veux dire Windows. J’avoue, c’était trop compliqué comme jeu de mots ! Bref !, l’<em>open source</em> c’est du lavage vert ou, en français, du <em>greenwashing</em> du Libre.<br/>
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L’objectif de l’<em>open source</em> c’est d’enlever la notion de partage inconditionnel et la promotion de l’égalité. En gros, de retirer les valeurs de gauche en redéfinissant le mot « Libre » au point ou il devient synonyme de « Google ».<br/>
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L’<em>open source</em> ce sont les logiciels libres pour les gens de droite qui se veulent « modernes » – en France on dit « centristes ». C’est aussi bidon que la conception de l’écologie par les entreprises pétrolières ou le sens du mot « liberté » dans la bouche de Jean-Marie, que ce soit Le Pen ou Bigard. Et je ne parle même pas des logiciels non-libres, sauf pour dire que c’est un peu l’équivalent de l’automobiliste qui se gare à moitié sur une piste cyclable et l’autre moitié sur le trottoir, devant une bouche à incendie lors d’un incendie, et qui active l’alarme tout en laissant une portée de chiots sur la banquette arrière en plein soleil, en plein été.<br/>
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Mais oui, c’est grave, c’est très grave, mais il est possible que l’automobiliste se prenne une petite amende, donc ça va !
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J’ai été séduit par le Libre, non pas pour la technique, mais pour ses valeurs. Ses valeurs séduisent d’autres gauchistes, comme dans le milieu de l’art – la musique, la vidéo, la littérature –, mais aussi la science, la cuisine, la médecine, et d’autres qui comprennent que « l’information veut être libre » et que c’est une bonne chose.<br/>
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D’ailleurs, on parle de copyleft en réponse au copyright : la copie, c’est la gauche, alors que la privatisation de l’espace, même numérique, est à droite.<br/>
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Alors, si vous êtes contre le contrôle d’autrui et pour le partage, l’égalité, l’entraide, le progrès technique et social, l’émancipation, l’inclusion de tous les individus, vous êtes peut-être un libriste de gauche, et c’est un compliment !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Manu.<br/>
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[Virgule musicale]
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==La communication visuelle avec des logiciels libres==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur la communication visuelle à l’aide de logiciels libres avec trois invités. On va vérifier qu’ils sont tous les trois au téléphone. Nos invités : Antoine Bardelli. Bonjour Antoine.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Elisa de Castro Guerra. Bonjour Elisa.
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et Dimitri Robert. Bonjour Dimitri.
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<b>Dimitri Robert : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>J’ai dit téléphone, c’est une grosse erreur de ma part, en fait nos invités sont sur Mumble, parce que vu les conditions sanitaires et, en plus, nos invités n’habitent pas en région parisienne, ils sont sur Mumble, un outil libre de communication audio que vous pouvez d’ailleurs tester sur le Chapril, chapril.org, vous avez un Mumble de test si vous voulez faire des communications audio avec vos amis.<br/>
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Le thème du jour : la communication visuelle à l’aide de logiciels libres. On va commencer simplement par une petite présentation personnelle rapide des trois personnes invitées. Je vais les laisser faire, on va commencer et on va reprendre le même ordre. Antoine Bardelli.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Je suis designer graphique indépendant. Je réalise de la communication pour des clients, des associations. Je suis aussi membre de l’April et bénévole dans le groupe Sensibilisation.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Groupe Sensibilisation animé par ma collègue Isabella Vanni. On en reparlera tout à l’heure.<br/>
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Elisa de Castro Guerra
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Moi aussi je suis graphiste chez Activstudio. Nous avons des clients aussi bien privés que des associations également et des projets libres, des clients qui nous appellent pour les aider. Je donne également des formations, on a une branche dédiée à la formation, aussi bien pour la formation professionnelle que la formation initiale et on enseigne logiciels libres.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Elisa. Dernier invité Dimitri Robert.
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<b>Dimitri Robert : </b>Je ne suis pas indépendant, je suis entrepreneur salarié dans une coopérative d’activité et d’emploi ce qui me permet aussi une forme de travail un peu libre – j’aime bien tout ce qui est libre, vous le remarquerez – dans laquelle je peux faire de la formation sur des logiciels libres de graphisme dont on va parler après. Je fais aussi un peu de développement, je peux faire aussi un peu de graphisme plutôt papier et vidéo, je ne suis pas très branché graphisme web. Voilà.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Dimitri.<br/>
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Je rappelle que les personnes qui écoutent l’émission peuvent participer à notre conversation. Vous allez sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. Vous pourrez poser des questions, réagir, intervenir auprès de nos invités.<br/>
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On va donc aborder plusieurs sujets aujourd’hui. Avant de parler des aspects logiciels libres, on va commencer un petit peu par parler de la communication visuelle, parce que je pense qu’on a tous plus ou moins une image ou, en tout cas, un petit peu une définition la communication visuelle mais ce n’est peut-être pas celle dont nos experts et experte vont nous parler. Pour lancer le sujet sur ce premier thème de la communication visuelle, je vais demander à Antoine de nous présenter un petit peu ça. Antoine, avant de te poser la question, ce que j’ai appris, en tout cas ce que j’ai retenu de la communication, tu me diras si c’est ça, communiquer c’est le fait de transmettre des messages à des cibles dans un but d’atteindre un ou plusieurs objectifs au moyen de différents outils. Je te laisse réagir là-dessus et nous dire à peu près ce qu’est la communication visuelle pour toi.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Tu as déjà bien répondu, c’est à peu près ça. Globalement, il s’agit de toucher un public en rendant visuels des idées ou des messages. Ça peut être effectivement toutes sortes de supports qui se voient, qui sont lisibles. Effectivement on a toute la partie imprimée et toute la partie web, internet et aussi la vidéo qui rentre aussi dans cette catégorie. C’est quand même globalement assez large, il y a beaucoup de possibilités de communication visuelle, ça englobe aussi beaucoup d’éléments qui sont véhiculés par la marque, notamment l’image de marque.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord, dans le cas d’une entreprise ou d’une organisation qui veut peut-être diffuser une marque.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Oui. Une entreprise ou une association, un événement. Pour un événement par exemple, la communication visuelle va appuyer la visibilité de l’évènement.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Je précise que les trois personnes étant à distance, l’animation de l’émission est un petit peu différente qu’à l’habitude, je ne vois pas les personnes, je ne vois pas forcément quand est-ce qu’elles veulent réagir, c’est pour ça que je distribue un petit peu la parole.<br/>
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Elisa, pour toi qu’est-ce que c’est que la communication visuelle ?
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>J’ai beaucoup aimé la définition d’Antoine. À cela je rajouterais également toutes les possibilités visuelles que nous avons aujourd’hui, interactives, offertes aussi bien sur Internet que sur d’autres médias comme les jeux vidéos qui incluent pas mal d’éléments qui font appel à cette narration visuelle par le moyen des images et aussi des sons.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Et de ton côté Dimitri ?
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<b>Dimitri Robert : </b>Je suis tout à fait d’accord avec ce que disent Antoine et Elisa. Je rajouterais que la communication est une activité artistique parce qu’il faut quand même faire preuve de créativité pour faire passer le message. Il faut que le message atteigne ses cibles, donc ça demande quand même certains talents ou certaines techniques pour bien faire passer le message, parce que c’est facile de faire une affiche qui ne ressemble à rien, tout le monde sait faire !
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On va parler tout à l’heure des outils, ce qui est le plus important finalement là-dedans, si je comprends bien, ce ne sont pas les outils, c’est, en fait, le message qu’on veut faire passer avec quels objectifs et quel public on cherche à atteindre. En fonction de ça, on va peut-être utiliser différents outils qui seront de la vidéo, de l’image ou autres et après il y aura simplement les outils qui vont intervenir pour la réalisation en logiciels libres. Il faut partir des messages qu’on veut faire passer et des objectifs plutôt que simplement dire je vais faire une affiche sans réfléchir à ce qu’on va mettre dedans. C’est ça ?
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<b>Dimitri Robert : </b>Tout à fait. Je réponds, c’est Dimitri. Quand je donne des formations je dis toujours prenez un papier, un crayon et décrivez ce que vous voulez faire passer comme message, faites des croquis, faites des raturés. Que ce soit pour de la mise en page, que ce soit pour du Web ou pour de la vidéo, il ne faut pas hésiter à travailler avec un papier et un crayon pour bien poser ses idées et pour être au clair avant d’ouvrir le logiciel.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Quand tu parles de croquis, Antoine, je crois que c’est ta façon de travailler – là on vient d’entendre le chat d’Antoine, comment s’appelle-t-il ?
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<b>Antoine Bardelli : </b>Il s’appelle Kouka.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On va peut-être entendre de temps en temps Kouka.<br/>
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Antoine, je disais que tu es membre de l’April et tu travailles bénévolement avec nous, notamment avec le groupe Sensibilisation pour faire beaucoup d’outils. C’est vrai qu’assez régulièrement ce que tu nous envoies en premier ce sont plutôt des croquis et tu nous poses aussi pas mal de questions sur ce qu’on veut faire, quel message on veut faire passer, ça s’adresse à qui. Quelle est ta façon de travailler justement par rapport à ça ?
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<b>Antoine Bardelli : </b>C’est évident que pour faire de la communication il faut déjà bien sonder les attentes et aussi les objectifs. C’est difficile de se mettre dans des logiciels sans avoir avant bien planifié ou bien conçu toute la partie intellectuelle de ce qui va être vu et compris. La communication englobe de la création, de la rédaction, il faut scénariser des contenus, il faut manipuler du sens et des symboles quand on fait des pictogrammes ou ne serait-ce que des images, il y a du symbole dans les images. Quand il faut imprimer il y a des tas d’informations, il faut réfléchir à ce qu’on va dire et à la façon dont on va l’exprimer ; toutes ces choses-là se font bien avant de rentrer dans le logiciel. Effectivement, le croquis en fait partie, ça permet de travailler beaucoup plus vite, plutôt que commencer à faire quelque chose de très abouti, qui va être présenté et après vous aurez des modifications, etc. Le croquis permet quand même d’aller très vite pour voir si tout le monde est d’accord sur la piste à prendre.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Ça permet en fait, avant d’avoir trop avancé sur quelque chose de fini, de pouvoir réagir sur quelque chose qui a été fait, entre guillemets, « rapidement », j’entends bien, et de pouvoir finalement visuellement se dire « tiens c’est la piste qui nous correspond ou pas. »<br/>
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En fait, quand vous faites des croquis, est-ce que vous avez souvent des refus vous disant « là tu te trompes complètement de piste. Il faut changer complètement. » ? Antoine.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Je vais répondre. Je dirais que c’est surtout une histoire d’expérience. C’est quelque chose qui se produit, je pense, assez fréquemment au tout début de carrière et de moins en moins en fin de carrière.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu parles de carrière de la personne qui fait la communication, du professionnel.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Voilà, la personne qui fait la communication puisqu’elle a l’habitude de voir ce qu’il y a rendre, ce qu’il y a à exprimer plus facilement après des années et des années d’expérience.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Et de votre côté Dimitri ou Elisa. Elisa peut-être.
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Je ne sais pas si c’est une histoire de carrière, mais quand on discute beaucoup avec le client, on va appeler ça un client, on comprend le sujet. Quand on arrive à échanger un vocabulaire et à être d’accord sur la définition, les premiers croquis sont tout de suite dans le bon sens.<br/>
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Moi j’aime bien donner des croquis vraiment très différents au début, comme ça ensuite on se dirige tout de suite vers quelque chose d’approprié.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Des croquis qui représentent différentes pistes, plutôt qu’un seul croquis, ce qui permet à la personne de te dire dans quelle direction elle souhaite aller.
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Exactement. Cette étape-là n’est quand même pas facile à faire comprendre à des clients qui n’ont aucune connaissance dans ce domaine de la communication visuelle, parce qu’ils s’attendent à un résultat tout de suite magnifique, joli, en couleur, alors que nous on est encore avec le crayon. C’est un processus sur lequel on est obligé d’éduquer notre client.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Justement, Dimitri, en parlant d’éducation du client – Antoine on entend beaucoup ton chat, si tu pouvais passer en touche « appuyer pour parler », sinon ce n’est pas grave, le chat va animer cette émission – par rapport à la relation avec la personne qui fait une commande, que ce soit une commande professionnelle ou dans un cadre bénévole, est-ce que c’est facile de faire comprendre que la communication, finalement, c’est un métier en tant que tel, c’est-à-dire que ça ne s’improvise pas et qu’il y a, comme vous venez de l’expliquer, des étapes ? Est-ce que c’est facile à faire comprendre ? Effectivement, comme le dit Elisa ou Dimitri, tu le disais, faire une affiche c’est assez simple avec des outils, mais faire une affiche qui corresponde véritablement à l’acte de communication ce n’est pas simple. Est-ce que c’est facile de faire comprendre ça aux personnes ? Dimitri Robert.
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<b>Dimitri Robert : </b>Je ne sais pas si je suis la bonne personne pour répondre. J’ai assez peu de clients et, en général, ce sont des clients que je connais bien par ailleurs, des associations pour faire des affiches pour des festivals, voire des vidéos pour des festivals, donc il y a une certaine bienveillance. Finalement les croquis ne servent qu’à moi et je montre un résultat qui, généralement, ne nécessite que quelques retouches.<br/>
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De manière générale je dirais que ce n’est pas simple de faire comprendre que la communication c’est un métier, même si je n’en ai pas ressenti l’expérience, je le sais. Je vais laisser parler les autres qui ont sûrement plus d’expérience.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Elisa ou Antoine. Qui veut réagir là-dessus ?
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<b>Antoine Bardelli : </b>Je peux régir effectivement. Il faut quand même toujours un peu de pédagogie avec les clients pour, des fois, défendre une idée et la défense de l’idée c’est vraiment une partie du travail. Dans mon travail, je préfère faire moins de propositions et défendre plus, mais c’est tout à fait personnel.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Alors que finalement, si j’ai bien compris, toi, Elisa, tu fais plus de propositions ?
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Oui complètement. Déjà j’ai toujours beaucoup d’idées et j’aime montrer toutes mes idées, comme ça, après, il y a plusieurs possibilités. Ensuite, plus on avance dans le projet, plus on se restreint, en effet.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord.<br/>
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Tous les trois je crois que vous travaillez à la fois dans un cadre professionnel, ça veut dire avec de la clientèle et, à la fois aussi, dans un cadre associatif, est-ce que c’est plus simple, plus facile, quelque part, de travailler dans un cadre que dans l’autre ? Ou est-ce que, finalement, ça ne change pas grand-chose au fond à ce que vous faites ? Dimitri ou Elisa. Elisa.
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Il y a de tout en fait. Dans un cadre plus libriste on va dire où on essaye d’apporter son aide à un projet, je pense qu’il y a beaucoup de discussions avec pas forcément des décideurs du projet mais aussi avec la communauté et là ça devient long et il faut gérer ça aussi. Je ne sais plus comment on dit en français, quand quelqu’un de la communauté propose quelque chose, il faut prendre en compte ces personnes, il faut prendre en compte tout le monde même ceux qui sont amateurs et pas que les pros, donc tout de suite ça devient assez lourd à gérer.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Justement. Je vais d’abord laisser réagir Dimitri là-dessus et après je reviendrai vers Antoine par rapport à ce point spécifique que tu évoques Elisa. Dimitri, dans ton expérience est-ce qu’il y a une différence entre les deux ou finalement c’est la même chose ?
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<b>Dimitri Robert : </b>Je n’ai pas l’impression qu’il y a des différences. J’ai eu des expériences pas terribles, même avec des associations, même une fois où c’était gratuit où ça s’est mal terminé, j’ai laissé tomber. C’est plus une affaire de personnes, je pense, que de structures. Des fois j’ai des associations comme clients. Je ne pense pas que le fait que le client paye change forcément quelque chose.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On a parlé un petit peu des clients, de la communauté libriste. Antoine, je ne sais plus depuis combien de temps tu contribues à l’April, ça doit bien faire une dizaine d’années.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Depuis 2009.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Depuis 2009, tu as préparé l’émission, c’est bien ! Elisa et Dimitri vous devez sans doute aussi contribuer depuis pas mal d’années dans des communautés. Est-ce que la vision de l’importance de la communication, notamment visuelle, a évolué dans les communautés entre il y a dix/quinze ans et aujourd’hui ? Est-ce que c’est plus pris en compte, mieux compris ou pas ? Qui veut réagir ? Elisa.
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>C’est masssivement davantage pris en compte. Oui.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc c’est une évolution positive.
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Oui. Pour moi oui.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. OK. Dimitri vas-y.
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<b>Dimitri Robert : </b>Dans le Libre on partait quand même de loin ! Effectivement, il y a peut-être eu l’effet Ubuntu qui, à partir de 2004, a apporté une image un peu plus léchée, qui a poussé les autres, finalement, à se mettre un peu au niveau. Je n’ai pas analysé réellement la question, c’est juste une impression, mais oui, il y a une communication qui un peu mieux construite, des fois peut-être avec plus de moyens, pas toujours, mais on sent qu’il y a des artistes qui s’investissent, je pense par exemple à David Revoy qui contribue notamment à Blender et aussi à Framasoft d’ailleurs.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et aussi à la Fondation pour le logiciel libre : pour ses 35 ans il a fait le t-shirt et l’affiche.
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<b>Dimitri Robert : </b>Donc oui, je pense qu’il y a une évolution de la qualité depuis une quinzaine d’années.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Antoine, tu as vu une évolution ? Tu as le droit d’être tout à fait honnête par rapport à ton expérience avec l’April.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Oui. Le fait que des logiciels libres soient arrivés dans la création graphique ou dans la vidéo, etc., je pense que ça a favorisé le fait qu’il y a ait des intervenants qui arrivent et qui apportent, on va dire, leurs mots dans les communautés du logiciel libre, alors qu’avant ça restait des outils peut-être un peu inaccessibles aux créatifs. On va dire que ça a changé quand même beaucoup de choses.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Justement, par rapport à la remarque que faisait tout à l’heure Elisa quand elle parlait des bénévoles, dans les associations, qui proposent des choses qui ne sont pas forcément de qualité, mais qu’il faut être gentil, etc., sur laquelle je voulais que tu rebondisses, les autres aussi, est-ce que, justement, le fait que les outils sont de plus en plus « simples » entre guillemets à utiliser, on en parlera tout à l’heure, ça ne « complexifie » pas entre guillemets le travail des pros ? Finalement, il y a des gens qui pensent faire de la communication parce qu’ils sont capables d’utiliser un outil graphique et il faut gérer cet aspect-là. Qu’est-ce que tu en penses ?
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<b>Antoine Bardelli : </b>Oui. Comme on a accès à l’outil on peut se dire que le fait de savoir se servir de l’outil, ça y est on est graphiste, on va donner son avis. Mais il y a tellement de compétences nécessaires pour faire ce métier qu’il y a forcément un gap entre un amateur qui débute ou qui veut proposer des idées et un vrai graphiste qui réfléchit pour faire de la communication ou qui a une vision marketing ; effectivement, il y a de grosses différences. Ce n’est pas toujours évident de faire comprendre ça dans les communautés, il faut prendre un peu de temps. Je me rappelle avoir pris des vestes, des commentaires. Voilà ! Je pense qu’il faut quand même avoir un peu d’humilité pour rentrer au début dans les communautés du logiciel libre pour participer.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Je vois sur salon web qu’il y a une remarque de Laurent Costy qui dit que dans les associations la communication a été longtemps associée à la vente, donc au commercial, donc que c’est potentiellement mal vu dans les associations. C’est complété par Olivier Grieco, le directeur d’antenne, qui dit que la communication pouvait être vue comme une pratique commerciale. Est-ce que vous avez vécu cette problématique-là côté communautés du Libre ? Elisa ou Dimitri.
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<b>Dimitri Robert : </b>Pas forcément. Ça fait un petit moment que je ne traîne plus assez dans les communautés du Libre. C’est vrai que j’aurais plus une expérience d’associations dans d’autres domaines où il y a aussi du boulot à faire sur les enjeux du Libre. C’est intéressant, des fois c’est un peu fatigant. Du coup, le coup de commercial, mal, tout ça, non, je ne me souviens pas l’avoir spécialement vécu. Mais, encore une fois, je manque peut-être de retours récents sur la question.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. De ton côté Elisa ?
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Pour ma part non plus. Je n’ai pas d’association où faire quelque chose dans la communication soit lié à un produit vendu par le projet auquel j’ai participé. À chaque fois j’ai participé à des projets qui tournaient autour de logiciels ou de distributions, donc tout était gratuit.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord.<br/>
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Je suis en train de lire les commentaires sur le salon web ; aujourd’hui il y a du monde donc c’est très bien. Je rappelle que vous pouvez nous rejoindre, site causecommune.fm, bouton « chat » salon #libeavous.<br/>
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Est-ce que l’un ou l’une de vous souhaite rajouter quelque chose sur cette partie introductive sur la communication visuelle avant qu’on passe à la partie outils. Vas-y Elisa.
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>Oui, je souhaitais ajouter que peut-être, en effet, l’amélioration des outils libres gratuits ont fait en sorte d’attirer plus de professionnels qui ont souhaité participer à la communauté en proposant leurs services. C’est comme ça qu’on a vu aussi apparaître des utilisateurs qui ont fait des retours qui ont permis d’améliorer, donc c’est un cercle vertueux.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est super. Dimitri ou Antoine est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose sur cette partie introductive ? Antoine.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Je pense que ce qu’a dit Elisa est très juste. Le fait que les logiciels se soient améliorés fait que des professionnels ont pu utiliser les logiciels et faire des retours. Par exemple, David Revoy avait effectivement participé à l’amélioration de Krita, je crois, ça a quand même beaucoup fait avancer le logiciel.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Dimitri, tu souhaitais ajouter quelque chose ?
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<b>Dimitri Robert : </b>En effet, David a une forte utilisation de Krita et je pense qu’il est très proactif pour apporter des améliorations.<br/>
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Sinon une petite remarque sur le domaine associatif, mais hors libre. Le rapport au logiciel, au numérique, est un petit peu différent et je pense que là on va souffrir de la concurrence d’outils comme Canva qui est un outil en ligne, qui se présente comme outil de mise en page, sauf que c’est très dirigé et il n’y a pas vraiment de démarche créative puisque les gens vont souvent utiliser des modèles. Je cite Canva, mais il y en a d’autres pour d’autres domaines. Il y a un peu cette concurrence-là qui peut, peut-être, faire du mal au Libre, peut empêcher qu’il ne se développe plus qu’il pourrait le faire parce que les associations, surtout celles qui n’ont pas beaucoup de moyens, je pense qu’elles auraient tout intérêt à utiliser des logiciels libres.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Justement on va parler des logiciels libres. Je vais préciser qu’on ne va pas parler évidemment de tous les logiciels libres qui existent. Je précise également que nos invités vont sans doute citer de nombreux noms. On ne va pas vous donner le site web de chaque projet. Sur april.org et sur causecommune.fm, vous retrouverez une page consacrée à l’émission et on mettra toutes les références qui seront citées au cours de l’émission.<br/>
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Là on va aborder le deuxième sujet, les logiciels libres pour la communication visuelle. On va essayer de vous parler des principaux. La plupart, je crois, ce sera précisé par les invités, tournent sur différentes plateformes, que vous soyez sur un environnement privateur ou sur un système complètement libre.<br/>
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Première thématique qu’on pourrait aborder, on a parlé tout à l’heure d’affiches, c’est quelque part la création d’images, le dessin, de quels logiciels souhaiteriez-vous parler ? On va dire Dimitri, vu que tu avais la parole.
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<b>Dimitri Robert : </b>Pour faire de la mise en page je vais utiliser un certain nombre de logiciels. En fait, ce qu’il y a de bien avec le Libre c’est qu’on peut utiliser plusieurs logiciels et on va les utiliser pour ce qu’ils savent bien faire. On n’est pas obligé de se restreindre à un logiciel parce qu’on n’a pas les moyens de payer toutes les licences. L’intérêt c’est vraiment d’utiliser tous les logiciels pour chaque tâche.<br/>
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Pour de la mise en page j’utilise Scribus. Scribus c’est le logiciel qui fait l’assemblage de toute la matière première qui aura été produite avec d’autres logiciels. Les autres logiciels ça va être GIMP pour la retouche photo, Inskape pour le dessin vectoriel et des fois même Krita. Je ne maîtrise pas très bien Krtia, mais il a quand même l’avantage qu’il gère le CMJN ; le CMGN, Cyan, Magenta, Jaune, Noir, c’est le modèle colorimétrique utilisé dans l’impression. Il m’arrive parfois d’avoir des besoins de couleur assez précis, dans ce cas-là j’utilise Krita.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Elisa, de ton côté ?
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<b>Elisa de Castro Guerra : </b>J’aime bien parler de suite créative et en effet, comme l’a dit Dimitri, on utilise un logiciel et ensuite un autre et, en complémentarité, on arrive comme ça à avoir tous les besoins qui sont assouvis, ce n’est pas le bon mot, mais là je n’ai pas le mot en tête. Donc pareil j’utilise GIMP, Scribus, Inskape, Blender. J’aime bien aussi Darktable pour gérer les photos et faire des modifications en masse sur une série de photos.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu utilises ces logiciels vraiment en fonction du besoin. Par exemple, pour que les gens comprennent quelle est la différence, par exemple, entre GIMP et Scribus ?
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<b>Antoine Bardelli : </b>Je vais intervenir. En fait, dans la création il y a toute une chaîne, par exemple on conçoit les premiers visuels, comme les photos, et après on va les emmener par exemple pour faire une affiche jusqu’à les assembler, mettre du texte, des logos, des choses comme ça. Il y a différents types de formats de fichiers et différents types de logiciels pour faire différentes tâches. Par exemple, pour travailler ses photos, on va commencer avec GIMP et Krita ou, effectivement, avec Darktable pour trier ses photos et les retoucher. Puis on va apporter ces photos dans Scribus. Par exemple on va retoucher ou créer un pictogramme ou une illustration dans Inskape qui est un logiciel de vecteur, qui va travailler avec les vecteurs. Après on va importer cette même chose de nouveau dans Scribus. C’est le même processus que sur des suites propriétaires.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Est-ce que tu peux juste préciser ce que c’est qu’un vecteur ?, peut-être que les gens ne savent pas.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Un vecteur c’est une courbe mathématique, c’est un dessin qui est réalisé avec une courbe mathématique. Par exemple, une police de caractères est réalisée avec des vecteurs. Une image matricielle, on va dire que c’est une image qui est faite avec des pixels, des petits carrés à l’écran. Ce sont deux grandes familles de rendu qu’on voit dans les logiciels de graphisme.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. OK. Dimitri.
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<b>Dimitri Robert : </b>Pour préciser, le vectoriel va servir à faire des plans, des pictogrammes, des schémas, tout ce qui peut être fait à partir de formes simples, plus ou moins simples, à partir de courbes. L’avantage du vectoriel c’est que c’est recalculé à chaque affichage, donc on peut l’étendre à volonté, c’est recalculé, c’est toujours parfaitement lisse. Par contre, on ne peut pas représenter des photos en vectoriel.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Si je comprends bien, on est obligé d’utiliser un autre outil pour les photos.
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<b>Antoine Bardelli : </b>Oui. On peut aussi faire des vecteurs très complexes, mais ça reste de la construction. Effectivement, représenter une photo avec des vecteurs ce n’est pas possible.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. OK.<br/>
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On va faire une petite pause musicale avant de continuer la discussion. Nous allons écouter <em>Hard Country</em> par Townhouse Woods. On se retrouve dans trois minutes 40. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
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<b>Pause musicale : </b><em>Hard Country</em> par Townhouse Woods.
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<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Hard Country</em> par Townhouse Woods, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.
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[Jingle]
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==Deuxième partie ==

Version du 3 juin 2021 à 07:14


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 1er juin 2021 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : - à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 1er juin 2021

Durée : 1 h 30 min

[ Podcast provisoire]

[ Page des références utiles concernant cette émission]

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
La communication visuelle avec des logiciels libres, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique d’Emmanuel Revah intitulée « le Libre c’est du gauchisme » et aussi la chronique d’Isabella Vanni sur le thème de l’éducation populaire et logiciel libre.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis le délégué général de l’April, je m’appelle Frédéric Couchet.

Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.

Nous sommes mardi 1er juin 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission ma collègue Isabella Vanni. Bonjour Isa.

Isabella Vanni : Bonjour.

Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[jingle]

Chronique « Itsik Numérik » d'Emmanuel Revah intitulée « Le Libre c'est du gauchisme »

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par le premier sujet, mais Isabella me signale un problème en régie. Ce n’est pas très grave, Isabella. Le téléphone fonctionne ? C’est le problème des gauchistes. Je vous rappelle que nous attendons au téléphone Emmanuel Revah dont la chronique est intitulée « Le Libre c'est du gauchisme ». Visiblement le gauchisme ne fonctionne pas très bien. Je crois qu’il nous entend maintenant !

Emmanuel Revah : Bonjour.

Frédéric Couchet : Tu vas bien ?

Emmanuel Revah : Oui. Et toi ?

Frédéric Couchet : Très bien. C’est la chronique « Itsik Numérik » d'Emmanuel Revah intitulée aujourd’hui « Le Libre c'est du gauchisme ». Je te laisse la parole.

Emmanuel Revah : Merci.
Ce qui suit n’engage que moi et mon ignorance – il faut le dire, il y a beaucoup plus de choses que je ne sais pas que de choses ce que je sais. Je suis un peu comme Jean, vous savez, celui qui ne sait rien. Bien ! Alors je vais tenter de rappeler que les logiciels libres, c’est du gauchisme.

Faut-il expliquer les logiciels libres à l’antenne de Libre à vous ! ?, en deux mots alors : les logiciels libres c’est du gauchisme. Voilà !
En un peu plus de mots, les logiciels libres c’est un peu dans la continuité de la contre-culture des années 60, je précise, 1960, au cas où vous écoutez ce podcast dans 100 ans, le temps qu’il vous faudra pour écouter tous vos podcasts en attente sera peut-être de 100 ans
Le Libre porte les valeurs de liberté, d’égalité et d’adelphité ; note : adelphité c’est fraternité sans l’aspect androcentriste, ça vient du mot grec adelphós, donc comme dirait Serge Karamazov, aucun lien !

Voici les quatre fameuses libertés des logiciels libres – je veux dire « Libertés ! » :

  • liberté numéro 0, la liberté d’utiliser un logiciel comme on veut ;
  • liberté numéro 1, la liberté d’étudier le code source du logiciel et de pouvoir le modifier afin d’utiliser le logiciel comme on veut, voir liberté 0 ; il ne faut pas que le logiciel puisse exercer un pouvoir sur les utilisateurs et utilisatrices ;
  • liberté numéro 2, la liberté de distribuer le logiciel pour aider les autres, parce que c’est bien d’aider les autres, en plus, grâce à la dématérialisation, on peut partager sans modération ! ;
  • liberté numéro 3, la liberté de distribuer une version modifiée du logiciel aux autres, voir liberté 2. Pour cela, évidemment, il faut distribuer le code source pour garantir la liberté 0 aux autres, car le Libre pense aux autres.

Donc, je fais ce que je veux, avec mes cheveux, mais aussi avec mon logiciel libre. Il n’y a pas de CGU restrictives qui légifèrent tout ce qu’on peut faire avec et pas de restrictions artificielles, c’est du « naturel » !
Eh oui, j’ai bien dit « mon logiciel libre », car tous les logiciels libres sont à moi, mais aussi à toi, à elle, à lui, à vous, à nous. C’est à tout le monde, y compris les dauphins et les chats, mais surtout les chats ! Il y a des gens qui écrivent des logiciels libres, des gens qui les utilisent, mais il n’y a pas de gens qui ont des titres de propriété sur des logiciels libres. La propriété intellectuelle c’est tellement 2000 vieux !
Concrètement, les logiciels libres c’est du savoir et de la culture partagés. C’est l’inverse de la recette secrète. Vous savez, on a tous participé à une conversation où il y a des personnes qui parlent d’une recette dont elles ne veulent pas divulguer « leur » secret. Je mets bien le mot « leur » entre guillemets, car, ce n’est pas à elles. La recette est, au mieux, une adaptation d’une autre recette et au pire, le plus souvent, c’est exactement la recette de quelqu’un d’autre, mais appropriée. C’est de la colonisation du savoir. Non mais sérieux !, il y a des gens qui voudraient breveter le fait d’ajouter un zeste de citron ! Du coup, pour éviter les procès, je n’ajoute jamais de zeste de citron dans mes recettes.

Mais qu’est-ce que ça enlève aux soi-disant « propriétaires » d’intellect que de savoir qu’une autre personne a accès au même logiciel ou à la même recette du gâteau de la grand-mère d’un Français sur quatre ? L’obsession consistant à vouloir garder secrètes des découvertes, du savoir, des méthodes ou de la culture, c’est du capitalisme effréné.

À ce propos, un petit mot sur open source. Les logiciels libres ce n’est pas de l’open source. Le mouvement open source est un peu comme l’ultra-libéralisme. Ça part sur une base qui semble bien comme ça, mais qui pousse les idées sociales par les fenêtres, sans vouloir faire un jeu de mots anglo-français basé sur le système d’exploitation symbole du capitalisme dégoulinant, je veux dire Windows. J’avoue, c’était trop compliqué comme jeu de mots ! Bref !, l’open source c’est du lavage vert ou, en français, du greenwashing du Libre.
L’objectif de l’open source c’est d’enlever la notion de partage inconditionnel et la promotion de l’égalité. En gros, de retirer les valeurs de gauche en redéfinissant le mot « Libre » au point ou il devient synonyme de « Google ».
L’open source ce sont les logiciels libres pour les gens de droite qui se veulent « modernes » – en France on dit « centristes ». C’est aussi bidon que la conception de l’écologie par les entreprises pétrolières ou le sens du mot « liberté » dans la bouche de Jean-Marie, que ce soit Le Pen ou Bigard. Et je ne parle même pas des logiciels non-libres, sauf pour dire que c’est un peu l’équivalent de l’automobiliste qui se gare à moitié sur une piste cyclable et l’autre moitié sur le trottoir, devant une bouche à incendie lors d’un incendie, et qui active l’alarme tout en laissant une portée de chiots sur la banquette arrière en plein soleil, en plein été.
Mais oui, c’est grave, c’est très grave, mais il est possible que l’automobiliste se prenne une petite amende, donc ça va !

J’ai été séduit par le Libre, non pas pour la technique, mais pour ses valeurs. Ses valeurs séduisent d’autres gauchistes, comme dans le milieu de l’art – la musique, la vidéo, la littérature –, mais aussi la science, la cuisine, la médecine, et d’autres qui comprennent que « l’information veut être libre » et que c’est une bonne chose.
D’ailleurs, on parle de copyleft en réponse au copyright : la copie, c’est la gauche, alors que la privatisation de l’espace, même numérique, est à droite.
Alors, si vous êtes contre le contrôle d’autrui et pour le partage, l’égalité, l’entraide, le progrès technique et social, l’émancipation, l’inclusion de tous les individus, vous êtes peut-être un libriste de gauche, et c’est un compliment !

Frédéric Couchet : Merci Manu.







[Virgule musicale]

La communication visuelle avec des logiciels libres

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur la communication visuelle à l’aide de logiciels libres avec trois invités. On va vérifier qu’ils sont tous les trois au téléphone. Nos invités : Antoine Bardelli. Bonjour Antoine.

Antoine Bardelli : Bonjour.

Frédéric Couchet : Elisa de Castro Guerra. Bonjour Elisa.

Elisa de Castro Guerra : Bonjour.

Frédéric Couchet : Et Dimitri Robert. Bonjour Dimitri.

Dimitri Robert : Bonjour.

Frédéric Couchet : J’ai dit téléphone, c’est une grosse erreur de ma part, en fait nos invités sont sur Mumble, parce que vu les conditions sanitaires et, en plus, nos invités n’habitent pas en région parisienne, ils sont sur Mumble, un outil libre de communication audio que vous pouvez d’ailleurs tester sur le Chapril, chapril.org, vous avez un Mumble de test si vous voulez faire des communications audio avec vos amis.
Le thème du jour : la communication visuelle à l’aide de logiciels libres. On va commencer simplement par une petite présentation personnelle rapide des trois personnes invitées. Je vais les laisser faire, on va commencer et on va reprendre le même ordre. Antoine Bardelli.

Antoine Bardelli : Je suis designer graphique indépendant. Je réalise de la communication pour des clients, des associations. Je suis aussi membre de l’April et bénévole dans le groupe Sensibilisation.

Frédéric Couchet : Groupe Sensibilisation animé par ma collègue Isabella Vanni. On en reparlera tout à l’heure.
Elisa de Castro Guerra

Elisa de Castro Guerra : Moi aussi je suis graphiste chez Activstudio. Nous avons des clients aussi bien privés que des associations également et des projets libres, des clients qui nous appellent pour les aider. Je donne également des formations, on a une branche dédiée à la formation, aussi bien pour la formation professionnelle que la formation initiale et on enseigne logiciels libres.

Frédéric Couchet : Merci Elisa. Dernier invité Dimitri Robert.

Dimitri Robert : Je ne suis pas indépendant, je suis entrepreneur salarié dans une coopérative d’activité et d’emploi ce qui me permet aussi une forme de travail un peu libre – j’aime bien tout ce qui est libre, vous le remarquerez – dans laquelle je peux faire de la formation sur des logiciels libres de graphisme dont on va parler après. Je fais aussi un peu de développement, je peux faire aussi un peu de graphisme plutôt papier et vidéo, je ne suis pas très branché graphisme web. Voilà.

Frédéric Couchet : Merci Dimitri.
Je rappelle que les personnes qui écoutent l’émission peuvent participer à notre conversation. Vous allez sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. Vous pourrez poser des questions, réagir, intervenir auprès de nos invités.
On va donc aborder plusieurs sujets aujourd’hui. Avant de parler des aspects logiciels libres, on va commencer un petit peu par parler de la communication visuelle, parce que je pense qu’on a tous plus ou moins une image ou, en tout cas, un petit peu une définition la communication visuelle mais ce n’est peut-être pas celle dont nos experts et experte vont nous parler. Pour lancer le sujet sur ce premier thème de la communication visuelle, je vais demander à Antoine de nous présenter un petit peu ça. Antoine, avant de te poser la question, ce que j’ai appris, en tout cas ce que j’ai retenu de la communication, tu me diras si c’est ça, communiquer c’est le fait de transmettre des messages à des cibles dans un but d’atteindre un ou plusieurs objectifs au moyen de différents outils. Je te laisse réagir là-dessus et nous dire à peu près ce qu’est la communication visuelle pour toi.

Antoine Bardelli : Tu as déjà bien répondu, c’est à peu près ça. Globalement, il s’agit de toucher un public en rendant visuels des idées ou des messages. Ça peut être effectivement toutes sortes de supports qui se voient, qui sont lisibles. Effectivement on a toute la partie imprimée et toute la partie web, internet et aussi la vidéo qui rentre aussi dans cette catégorie. C’est quand même globalement assez large, il y a beaucoup de possibilités de communication visuelle, ça englobe aussi beaucoup d’éléments qui sont véhiculés par la marque, notamment l’image de marque.

Frédéric Couchet : D’accord, dans le cas d’une entreprise ou d’une organisation qui veut peut-être diffuser une marque.

Antoine Bardelli : Oui. Une entreprise ou une association, un événement. Pour un événement par exemple, la communication visuelle va appuyer la visibilité de l’évènement.

Frédéric Couchet : D’accord. Je précise que les trois personnes étant à distance, l’animation de l’émission est un petit peu différente qu’à l’habitude, je ne vois pas les personnes, je ne vois pas forcément quand est-ce qu’elles veulent réagir, c’est pour ça que je distribue un petit peu la parole.
Elisa, pour toi qu’est-ce que c’est que la communication visuelle ?

Elisa de Castro Guerra : J’ai beaucoup aimé la définition d’Antoine. À cela je rajouterais également toutes les possibilités visuelles que nous avons aujourd’hui, interactives, offertes aussi bien sur Internet que sur d’autres médias comme les jeux vidéos qui incluent pas mal d’éléments qui font appel à cette narration visuelle par le moyen des images et aussi des sons.

Frédéric Couchet : D’accord. Et de ton côté Dimitri ?

Dimitri Robert : Je suis tout à fait d’accord avec ce que disent Antoine et Elisa. Je rajouterais que la communication est une activité artistique parce qu’il faut quand même faire preuve de créativité pour faire passer le message. Il faut que le message atteigne ses cibles, donc ça demande quand même certains talents ou certaines techniques pour bien faire passer le message, parce que c’est facile de faire une affiche qui ne ressemble à rien, tout le monde sait faire !

Frédéric Couchet : D’accord. On va parler tout à l’heure des outils, ce qui est le plus important finalement là-dedans, si je comprends bien, ce ne sont pas les outils, c’est, en fait, le message qu’on veut faire passer avec quels objectifs et quel public on cherche à atteindre. En fonction de ça, on va peut-être utiliser différents outils qui seront de la vidéo, de l’image ou autres et après il y aura simplement les outils qui vont intervenir pour la réalisation en logiciels libres. Il faut partir des messages qu’on veut faire passer et des objectifs plutôt que simplement dire je vais faire une affiche sans réfléchir à ce qu’on va mettre dedans. C’est ça ?

Dimitri Robert : Tout à fait. Je réponds, c’est Dimitri. Quand je donne des formations je dis toujours prenez un papier, un crayon et décrivez ce que vous voulez faire passer comme message, faites des croquis, faites des raturés. Que ce soit pour de la mise en page, que ce soit pour du Web ou pour de la vidéo, il ne faut pas hésiter à travailler avec un papier et un crayon pour bien poser ses idées et pour être au clair avant d’ouvrir le logiciel.

Frédéric Couchet : Quand tu parles de croquis, Antoine, je crois que c’est ta façon de travailler – là on vient d’entendre le chat d’Antoine, comment s’appelle-t-il ?

Antoine Bardelli : Il s’appelle Kouka.

Frédéric Couchet : On va peut-être entendre de temps en temps Kouka.
Antoine, je disais que tu es membre de l’April et tu travailles bénévolement avec nous, notamment avec le groupe Sensibilisation pour faire beaucoup d’outils. C’est vrai qu’assez régulièrement ce que tu nous envoies en premier ce sont plutôt des croquis et tu nous poses aussi pas mal de questions sur ce qu’on veut faire, quel message on veut faire passer, ça s’adresse à qui. Quelle est ta façon de travailler justement par rapport à ça ?

Antoine Bardelli : C’est évident que pour faire de la communication il faut déjà bien sonder les attentes et aussi les objectifs. C’est difficile de se mettre dans des logiciels sans avoir avant bien planifié ou bien conçu toute la partie intellectuelle de ce qui va être vu et compris. La communication englobe de la création, de la rédaction, il faut scénariser des contenus, il faut manipuler du sens et des symboles quand on fait des pictogrammes ou ne serait-ce que des images, il y a du symbole dans les images. Quand il faut imprimer il y a des tas d’informations, il faut réfléchir à ce qu’on va dire et à la façon dont on va l’exprimer ; toutes ces choses-là se font bien avant de rentrer dans le logiciel. Effectivement, le croquis en fait partie, ça permet de travailler beaucoup plus vite, plutôt que commencer à faire quelque chose de très abouti, qui va être présenté et après vous aurez des modifications, etc. Le croquis permet quand même d’aller très vite pour voir si tout le monde est d’accord sur la piste à prendre.

Frédéric Couchet : D’accord. Ça permet en fait, avant d’avoir trop avancé sur quelque chose de fini, de pouvoir réagir sur quelque chose qui a été fait, entre guillemets, « rapidement », j’entends bien, et de pouvoir finalement visuellement se dire « tiens c’est la piste qui nous correspond ou pas. »
En fait, quand vous faites des croquis, est-ce que vous avez souvent des refus vous disant « là tu te trompes complètement de piste. Il faut changer complètement. » ? Antoine.

Antoine Bardelli : Je vais répondre. Je dirais que c’est surtout une histoire d’expérience. C’est quelque chose qui se produit, je pense, assez fréquemment au tout début de carrière et de moins en moins en fin de carrière.

Frédéric Couchet : Tu parles de carrière de la personne qui fait la communication, du professionnel.

Antoine Bardelli : Voilà, la personne qui fait la communication puisqu’elle a l’habitude de voir ce qu’il y a rendre, ce qu’il y a à exprimer plus facilement après des années et des années d’expérience.

Frédéric Couchet : D’accord. Et de votre côté Dimitri ou Elisa. Elisa peut-être.

Elisa de Castro Guerra : Je ne sais pas si c’est une histoire de carrière, mais quand on discute beaucoup avec le client, on va appeler ça un client, on comprend le sujet. Quand on arrive à échanger un vocabulaire et à être d’accord sur la définition, les premiers croquis sont tout de suite dans le bon sens.
Moi j’aime bien donner des croquis vraiment très différents au début, comme ça ensuite on se dirige tout de suite vers quelque chose d’approprié.

Frédéric Couchet : Des croquis qui représentent différentes pistes, plutôt qu’un seul croquis, ce qui permet à la personne de te dire dans quelle direction elle souhaite aller.

Elisa de Castro Guerra : Exactement. Cette étape-là n’est quand même pas facile à faire comprendre à des clients qui n’ont aucune connaissance dans ce domaine de la communication visuelle, parce qu’ils s’attendent à un résultat tout de suite magnifique, joli, en couleur, alors que nous on est encore avec le crayon. C’est un processus sur lequel on est obligé d’éduquer notre client.

Frédéric Couchet : D’accord. Justement, Dimitri, en parlant d’éducation du client – Antoine on entend beaucoup ton chat, si tu pouvais passer en touche « appuyer pour parler », sinon ce n’est pas grave, le chat va animer cette émission – par rapport à la relation avec la personne qui fait une commande, que ce soit une commande professionnelle ou dans un cadre bénévole, est-ce que c’est facile de faire comprendre que la communication, finalement, c’est un métier en tant que tel, c’est-à-dire que ça ne s’improvise pas et qu’il y a, comme vous venez de l’expliquer, des étapes ? Est-ce que c’est facile à faire comprendre ? Effectivement, comme le dit Elisa ou Dimitri, tu le disais, faire une affiche c’est assez simple avec des outils, mais faire une affiche qui corresponde véritablement à l’acte de communication ce n’est pas simple. Est-ce que c’est facile de faire comprendre ça aux personnes ? Dimitri Robert.

Dimitri Robert : Je ne sais pas si je suis la bonne personne pour répondre. J’ai assez peu de clients et, en général, ce sont des clients que je connais bien par ailleurs, des associations pour faire des affiches pour des festivals, voire des vidéos pour des festivals, donc il y a une certaine bienveillance. Finalement les croquis ne servent qu’à moi et je montre un résultat qui, généralement, ne nécessite que quelques retouches.
De manière générale je dirais que ce n’est pas simple de faire comprendre que la communication c’est un métier, même si je n’en ai pas ressenti l’expérience, je le sais. Je vais laisser parler les autres qui ont sûrement plus d’expérience.

Frédéric Couchet : Elisa ou Antoine. Qui veut réagir là-dessus ?

Antoine Bardelli : Je peux régir effectivement. Il faut quand même toujours un peu de pédagogie avec les clients pour, des fois, défendre une idée et la défense de l’idée c’est vraiment une partie du travail. Dans mon travail, je préfère faire moins de propositions et défendre plus, mais c’est tout à fait personnel.

Frédéric Couchet : Alors que finalement, si j’ai bien compris, toi, Elisa, tu fais plus de propositions ?

Elisa de Castro Guerra : Oui complètement. Déjà j’ai toujours beaucoup d’idées et j’aime montrer toutes mes idées, comme ça, après, il y a plusieurs possibilités. Ensuite, plus on avance dans le projet, plus on se restreint, en effet.

Frédéric Couchet : D’accord.
Tous les trois je crois que vous travaillez à la fois dans un cadre professionnel, ça veut dire avec de la clientèle et, à la fois aussi, dans un cadre associatif, est-ce que c’est plus simple, plus facile, quelque part, de travailler dans un cadre que dans l’autre ? Ou est-ce que, finalement, ça ne change pas grand-chose au fond à ce que vous faites ? Dimitri ou Elisa. Elisa.

Elisa de Castro Guerra : Il y a de tout en fait. Dans un cadre plus libriste on va dire où on essaye d’apporter son aide à un projet, je pense qu’il y a beaucoup de discussions avec pas forcément des décideurs du projet mais aussi avec la communauté et là ça devient long et il faut gérer ça aussi. Je ne sais plus comment on dit en français, quand quelqu’un de la communauté propose quelque chose, il faut prendre en compte ces personnes, il faut prendre en compte tout le monde même ceux qui sont amateurs et pas que les pros, donc tout de suite ça devient assez lourd à gérer.

Frédéric Couchet : Justement. Je vais d’abord laisser réagir Dimitri là-dessus et après je reviendrai vers Antoine par rapport à ce point spécifique que tu évoques Elisa. Dimitri, dans ton expérience est-ce qu’il y a une différence entre les deux ou finalement c’est la même chose ?

Dimitri Robert : Je n’ai pas l’impression qu’il y a des différences. J’ai eu des expériences pas terribles, même avec des associations, même une fois où c’était gratuit où ça s’est mal terminé, j’ai laissé tomber. C’est plus une affaire de personnes, je pense, que de structures. Des fois j’ai des associations comme clients. Je ne pense pas que le fait que le client paye change forcément quelque chose.

Frédéric Couchet : On a parlé un petit peu des clients, de la communauté libriste. Antoine, je ne sais plus depuis combien de temps tu contribues à l’April, ça doit bien faire une dizaine d’années.

Antoine Bardelli : Depuis 2009.

Frédéric Couchet : Depuis 2009, tu as préparé l’émission, c’est bien ! Elisa et Dimitri vous devez sans doute aussi contribuer depuis pas mal d’années dans des communautés. Est-ce que la vision de l’importance de la communication, notamment visuelle, a évolué dans les communautés entre il y a dix/quinze ans et aujourd’hui ? Est-ce que c’est plus pris en compte, mieux compris ou pas ? Qui veut réagir ? Elisa.

Elisa de Castro Guerra : C’est masssivement davantage pris en compte. Oui.

Frédéric Couchet : Donc c’est une évolution positive.

Elisa de Castro Guerra : Oui. Pour moi oui.

Frédéric Couchet : D’accord. OK. Dimitri vas-y.

Dimitri Robert : Dans le Libre on partait quand même de loin ! Effectivement, il y a peut-être eu l’effet Ubuntu qui, à partir de 2004, a apporté une image un peu plus léchée, qui a poussé les autres, finalement, à se mettre un peu au niveau. Je n’ai pas analysé réellement la question, c’est juste une impression, mais oui, il y a une communication qui un peu mieux construite, des fois peut-être avec plus de moyens, pas toujours, mais on sent qu’il y a des artistes qui s’investissent, je pense par exemple à David Revoy qui contribue notamment à Blender et aussi à Framasoft d’ailleurs.

Frédéric Couchet : Et aussi à la Fondation pour le logiciel libre : pour ses 35 ans il a fait le t-shirt et l’affiche.

Dimitri Robert : Donc oui, je pense qu’il y a une évolution de la qualité depuis une quinzaine d’années.

Frédéric Couchet : D’accord. Antoine, tu as vu une évolution ? Tu as le droit d’être tout à fait honnête par rapport à ton expérience avec l’April.

Antoine Bardelli : Oui. Le fait que des logiciels libres soient arrivés dans la création graphique ou dans la vidéo, etc., je pense que ça a favorisé le fait qu’il y a ait des intervenants qui arrivent et qui apportent, on va dire, leurs mots dans les communautés du logiciel libre, alors qu’avant ça restait des outils peut-être un peu inaccessibles aux créatifs. On va dire que ça a changé quand même beaucoup de choses.

Frédéric Couchet : D’accord. Justement, par rapport à la remarque que faisait tout à l’heure Elisa quand elle parlait des bénévoles, dans les associations, qui proposent des choses qui ne sont pas forcément de qualité, mais qu’il faut être gentil, etc., sur laquelle je voulais que tu rebondisses, les autres aussi, est-ce que, justement, le fait que les outils sont de plus en plus « simples » entre guillemets à utiliser, on en parlera tout à l’heure, ça ne « complexifie » pas entre guillemets le travail des pros ? Finalement, il y a des gens qui pensent faire de la communication parce qu’ils sont capables d’utiliser un outil graphique et il faut gérer cet aspect-là. Qu’est-ce que tu en penses ?

Antoine Bardelli : Oui. Comme on a accès à l’outil on peut se dire que le fait de savoir se servir de l’outil, ça y est on est graphiste, on va donner son avis. Mais il y a tellement de compétences nécessaires pour faire ce métier qu’il y a forcément un gap entre un amateur qui débute ou qui veut proposer des idées et un vrai graphiste qui réfléchit pour faire de la communication ou qui a une vision marketing ; effectivement, il y a de grosses différences. Ce n’est pas toujours évident de faire comprendre ça dans les communautés, il faut prendre un peu de temps. Je me rappelle avoir pris des vestes, des commentaires. Voilà ! Je pense qu’il faut quand même avoir un peu d’humilité pour rentrer au début dans les communautés du logiciel libre pour participer.

Frédéric Couchet : D’accord. Je vois sur salon web qu’il y a une remarque de Laurent Costy qui dit que dans les associations la communication a été longtemps associée à la vente, donc au commercial, donc que c’est potentiellement mal vu dans les associations. C’est complété par Olivier Grieco, le directeur d’antenne, qui dit que la communication pouvait être vue comme une pratique commerciale. Est-ce que vous avez vécu cette problématique-là côté communautés du Libre ? Elisa ou Dimitri.

Dimitri Robert : Pas forcément. Ça fait un petit moment que je ne traîne plus assez dans les communautés du Libre. C’est vrai que j’aurais plus une expérience d’associations dans d’autres domaines où il y a aussi du boulot à faire sur les enjeux du Libre. C’est intéressant, des fois c’est un peu fatigant. Du coup, le coup de commercial, mal, tout ça, non, je ne me souviens pas l’avoir spécialement vécu. Mais, encore une fois, je manque peut-être de retours récents sur la question.

Frédéric Couchet : D’accord. De ton côté Elisa ?

Elisa de Castro Guerra : Pour ma part non plus. Je n’ai pas d’association où faire quelque chose dans la communication soit lié à un produit vendu par le projet auquel j’ai participé. À chaque fois j’ai participé à des projets qui tournaient autour de logiciels ou de distributions, donc tout était gratuit.

Frédéric Couchet : D’accord.
Je suis en train de lire les commentaires sur le salon web ; aujourd’hui il y a du monde donc c’est très bien. Je rappelle que vous pouvez nous rejoindre, site causecommune.fm, bouton « chat » salon #libeavous.
Est-ce que l’un ou l’une de vous souhaite rajouter quelque chose sur cette partie introductive sur la communication visuelle avant qu’on passe à la partie outils. Vas-y Elisa.

Elisa de Castro Guerra : Oui, je souhaitais ajouter que peut-être, en effet, l’amélioration des outils libres gratuits ont fait en sorte d’attirer plus de professionnels qui ont souhaité participer à la communauté en proposant leurs services. C’est comme ça qu’on a vu aussi apparaître des utilisateurs qui ont fait des retours qui ont permis d’améliorer, donc c’est un cercle vertueux.

Frédéric Couchet : C’est super. Dimitri ou Antoine est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose sur cette partie introductive ? Antoine.

Antoine Bardelli : Je pense que ce qu’a dit Elisa est très juste. Le fait que les logiciels se soient améliorés fait que des professionnels ont pu utiliser les logiciels et faire des retours. Par exemple, David Revoy avait effectivement participé à l’amélioration de Krita, je crois, ça a quand même beaucoup fait avancer le logiciel.

Frédéric Couchet : D’accord. Dimitri, tu souhaitais ajouter quelque chose ?

Dimitri Robert : En effet, David a une forte utilisation de Krita et je pense qu’il est très proactif pour apporter des améliorations.
Sinon une petite remarque sur le domaine associatif, mais hors libre. Le rapport au logiciel, au numérique, est un petit peu différent et je pense que là on va souffrir de la concurrence d’outils comme Canva qui est un outil en ligne, qui se présente comme outil de mise en page, sauf que c’est très dirigé et il n’y a pas vraiment de démarche créative puisque les gens vont souvent utiliser des modèles. Je cite Canva, mais il y en a d’autres pour d’autres domaines. Il y a un peu cette concurrence-là qui peut, peut-être, faire du mal au Libre, peut empêcher qu’il ne se développe plus qu’il pourrait le faire parce que les associations, surtout celles qui n’ont pas beaucoup de moyens, je pense qu’elles auraient tout intérêt à utiliser des logiciels libres.

Frédéric Couchet : D’accord. Justement on va parler des logiciels libres. Je vais préciser qu’on ne va pas parler évidemment de tous les logiciels libres qui existent. Je précise également que nos invités vont sans doute citer de nombreux noms. On ne va pas vous donner le site web de chaque projet. Sur april.org et sur causecommune.fm, vous retrouverez une page consacrée à l’émission et on mettra toutes les références qui seront citées au cours de l’émission.
Là on va aborder le deuxième sujet, les logiciels libres pour la communication visuelle. On va essayer de vous parler des principaux. La plupart, je crois, ce sera précisé par les invités, tournent sur différentes plateformes, que vous soyez sur un environnement privateur ou sur un système complètement libre.
Première thématique qu’on pourrait aborder, on a parlé tout à l’heure d’affiches, c’est quelque part la création d’images, le dessin, de quels logiciels souhaiteriez-vous parler ? On va dire Dimitri, vu que tu avais la parole.

Dimitri Robert : Pour faire de la mise en page je vais utiliser un certain nombre de logiciels. En fait, ce qu’il y a de bien avec le Libre c’est qu’on peut utiliser plusieurs logiciels et on va les utiliser pour ce qu’ils savent bien faire. On n’est pas obligé de se restreindre à un logiciel parce qu’on n’a pas les moyens de payer toutes les licences. L’intérêt c’est vraiment d’utiliser tous les logiciels pour chaque tâche.
Pour de la mise en page j’utilise Scribus. Scribus c’est le logiciel qui fait l’assemblage de toute la matière première qui aura été produite avec d’autres logiciels. Les autres logiciels ça va être GIMP pour la retouche photo, Inskape pour le dessin vectoriel et des fois même Krita. Je ne maîtrise pas très bien Krtia, mais il a quand même l’avantage qu’il gère le CMJN ; le CMGN, Cyan, Magenta, Jaune, Noir, c’est le modèle colorimétrique utilisé dans l’impression. Il m’arrive parfois d’avoir des besoins de couleur assez précis, dans ce cas-là j’utilise Krita.

Frédéric Couchet : D’accord. Elisa, de ton côté ?

Elisa de Castro Guerra : J’aime bien parler de suite créative et en effet, comme l’a dit Dimitri, on utilise un logiciel et ensuite un autre et, en complémentarité, on arrive comme ça à avoir tous les besoins qui sont assouvis, ce n’est pas le bon mot, mais là je n’ai pas le mot en tête. Donc pareil j’utilise GIMP, Scribus, Inskape, Blender. J’aime bien aussi Darktable pour gérer les photos et faire des modifications en masse sur une série de photos.

Frédéric Couchet : Tu utilises ces logiciels vraiment en fonction du besoin. Par exemple, pour que les gens comprennent quelle est la différence, par exemple, entre GIMP et Scribus ?

Antoine Bardelli : Je vais intervenir. En fait, dans la création il y a toute une chaîne, par exemple on conçoit les premiers visuels, comme les photos, et après on va les emmener par exemple pour faire une affiche jusqu’à les assembler, mettre du texte, des logos, des choses comme ça. Il y a différents types de formats de fichiers et différents types de logiciels pour faire différentes tâches. Par exemple, pour travailler ses photos, on va commencer avec GIMP et Krita ou, effectivement, avec Darktable pour trier ses photos et les retoucher. Puis on va apporter ces photos dans Scribus. Par exemple on va retoucher ou créer un pictogramme ou une illustration dans Inskape qui est un logiciel de vecteur, qui va travailler avec les vecteurs. Après on va importer cette même chose de nouveau dans Scribus. C’est le même processus que sur des suites propriétaires.

Frédéric Couchet : Est-ce que tu peux juste préciser ce que c’est qu’un vecteur ?, peut-être que les gens ne savent pas.

Antoine Bardelli : Un vecteur c’est une courbe mathématique, c’est un dessin qui est réalisé avec une courbe mathématique. Par exemple, une police de caractères est réalisée avec des vecteurs. Une image matricielle, on va dire que c’est une image qui est faite avec des pixels, des petits carrés à l’écran. Ce sont deux grandes familles de rendu qu’on voit dans les logiciels de graphisme.

Frédéric Couchet : D’accord. OK. Dimitri.

Dimitri Robert : Pour préciser, le vectoriel va servir à faire des plans, des pictogrammes, des schémas, tout ce qui peut être fait à partir de formes simples, plus ou moins simples, à partir de courbes. L’avantage du vectoriel c’est que c’est recalculé à chaque affichage, donc on peut l’étendre à volonté, c’est recalculé, c’est toujours parfaitement lisse. Par contre, on ne peut pas représenter des photos en vectoriel.

Frédéric Couchet : D’accord. Si je comprends bien, on est obligé d’utiliser un autre outil pour les photos.

Antoine Bardelli : Oui. On peut aussi faire des vecteurs très complexes, mais ça reste de la construction. Effectivement, représenter une photo avec des vecteurs ce n’est pas possible.

Frédéric Couchet : D’accord. OK.
On va faire une petite pause musicale avant de continuer la discussion. Nous allons écouter Hard Country par Townhouse Woods. On se retrouve dans trois minutes 40. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Hard Country par Townhouse Woods.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Hard Country par Townhouse Woods, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.

[Jingle]

Deuxième partie