Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 19 janvier 2021

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 19 janvier 2021 sur radio Cause Commune

Intervenants : Véronique Bonnet - Éric Bothorel - Vincent Calame - Frédéric Couchet- Étienne Gonnu - Patrick Creusot à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 19 janvier 2021

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou enregistrer le podcast provisoire

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.

Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Étienne Gonnu : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Nous recevons aujourd’hui Éric Bothorel, député des Côtes d’Armor et auteur du rapport « Pour une politique publique de la donnée » ; ce sera notre sujet principal du jour. Avec également au programme « Install parties : comment réagir au pacte avec le diable » et « Des goûts et des couleurs », un hommage au travail des graphistes. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.
Le site web de l’April c’est april.org, vous y trouverez une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.

Nous sommes mardi 19 janvier 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission Patrick. Salut Patrick.

Patrick Creusot : Bonjour à tous et bonne émission.

Étienne Gonnu : Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site web de la radio, causecommune.fm et cliquez sur « chat ». Retrouvez-nous ensuite sur le salon dédié à l’émission.
Vous pouvez aussi participer à nos échanges en appelant le 09 72 51 55 46, le numéro est bien sûr sur le site de la radio.

Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Nous allons commencer par notre premier sujet, la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet portant sur le texte de Richard Stallman « Install parties : comment réagir au pacte avec le diable », une chronique enregistrée le 13 janvier 2021 par mon collègue Frédéric Couchet.
Je vous propose d’écouter cette chronique. On se retrouve juste après en direct sur radio Cause Commune, la voix des possibles.

[Virgule musicale]

Chronique « Partager est bon » Véronique Bonnet, professeur de philosophie et vice-présidente de l’April, sur le thème « Install parties : comment réagir au pacte avec le diable »

Frédéric Couchet : Une lecture d’informations et de mise en perspective de la philosophie GNU, c’est la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet, professeure de philosophie et vice-présidente de l’April. Bonjour Véronique.

Véronique Bonnet : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Quel sujet vas-tu traiter aujourd’hui ?

Véronique Bonnet : Aujourd’hui je vais commenter un texte de Richard Stallman qui s’appelle « Install parties : comment réagir au pacte avec le diable ».

Frédéric Couchet : D’accord. Je vais juste préciser que les install parties sont des fêtes d’installation, ce sont des évènements pendant lesquels les gens viennent avec leur ordinateur ou leur téléphone portable pour se faire aider à se faire installer un système d’exploitation libre. Ça vient de l’anglais install party. Nous t’écoutons.

Véronique Bonnet : Très bien.
C’est un texte qui a été publié par Richard pour le LibrePlanet des 23 et 24 mars 2019. La traduction est de Axel Barquero et il y a eu une révision par trad-gnu de l’April qui est un de nos groupes de travail.

Si je regarde le titre, « Install parties : comment réagir au pacte avec le diable », c’est vrai que ce titre peut paraître surprenant. Richard Stallman utilise une image forte « vendre son âme au diable », c’est risquer de ne pas pouvoir en réchapper, de ne pas pouvoir récupérer son autonomie. Diabolo veut dire en grec calomnier, diabolos c’est celui qui raconte des histoires, qui fait passer des illusions pour la réalité, donc ici le pacte avec le diable désigne l’utilisation de l’informatique non libre qui donne l’illusion que l’utilisateur gouverne son ordinateur alors que, bien sûr, c’est l’ordinateur qui gouverne l’utilisateur.
Et là, Richard Stallman examine une difficulté qui peut être rencontrée dans les install parties lorsque des militants libristes veulent implémenter GNU/Linux sur des ordinateurs qui, jusque-là, tournaient avec des programmes non libres. On se demande bien où est le problème. Il se trouve que, en effet, il est parfois compliqué de réagir à ce pacte avec le diable, c’est-à-dire d’installer des outils de l’informatique libre à la place de ceux de l’informatique non libre. On ne s’attendrait pas du tout à ce que deux objectifs libristes, dans cette situation, puissent entrer en conflit et même deviennent inconciliables. Richard Stallman énonce clairement ces deux objectifs :

  • premier objectif : promouvoir les idées du logiciel libre ;
  • deuxième objectif : promouvoir l’utilisation de programmes libres.

Mais il se trouve que lorsque les utilisateurs se rendent à ces évènements ils viennent avec leur matériel, c’est-à-dire leurs ordinateurs. Or, rien ne dit qu’il sera possible de les faire tourner avec une distribution GNU/Linux complètement libre, parce qu’il se trouve que certains périphériques et processus peuvent ne fonctionner qu’avec des pilotes et des logiciels non libres, ce qui, bien sûr, est fait exprès. D’où une conséquence qui est très préjudiciable. Il se trouve que les deux objectifs, dans ce cas de figure, au lieu de se compléter harmonieusement, c’est-à-dire rendre possible la promotion des idées du logiciel libre et des usages du logiciel libre, entrent en conflit.
En effet, de deux choses l’une : si, pour défendre les idéaux du logiciel libre, on n’installe que des outils 100 % libre, il se peut qu’on ne puisse pas faire tourner l’ordinateur ou, en tout cas, ne pas le faire tourner complètement. En effet, puisqu’il y a des défenses dans l’ordinateur qui initialement a tourné sur du non libre, il se trouve qu’il peut n’y avoir aucun usage possible ou seulement un usage partiel et, dans ce cas-là, les utilisateurs repartiront déçus.
Deuxième cas de figure. Pour que les utilisateurs ne repartent pas déçus, pour éviter de faire qu’ils se détournent du logiciel libre, ceux qui installent peuvent vouloir à tout prix assurer 100 % des fonctionnalités et, pour y arriver, ils peuvent avoir la tentation – j’utilise exprès cette expression –, d’utiliser des outils non libres. Dans ce cas-là, évidemment, on ne réagit pas au pacte avec le diable, on ne sort pas de cette aliénation de nos libertés, on ne fait que s’y installer plus profondément.

Pire encore, comme cet arbitrage qui ne peut pas être satisfaisant, parce que, effectivement si des systèmes verrouillent l’ordinateur, il sera difficile d’avoir 100 % de fonctionnalités avec 100 % de logiciels libres, donc pire encore, cet arbitrage est fait par les libristes, ceux qui aident l’utilisateur et pas par l’utilisateur lui-même. Dans ce cas-là, cette compromission est assumée par les installateurs et non pas par les utilisateurs. Les utilisateurs restent en dehors de ce dilemme éthique, de cette hésitation entre deux objectifs qui se contredisent.

Quelles propositions de la part de Richard Stallman ?
Déjà il serait préférable de ne jamais dissimuler la difficulté et même de l’exposer pour que l’utilisateur prenne conscience de ces entraves à sa liberté. Si on n’expose pas ces difficultés, on ajoute de l’illusion à l’illusion au lieu de la dissiper. D’où deux préconisations :
la première : installer uniquement du logiciel libre, 100 % libre ;
deuxième préconisation : rendre visible le diable. C’est-à-dire, pourquoi pas, mettre une pancarte, demander à quelqu’un qui installe de mettre une panoplie du diable et celui-là proposerait d’installer des logiciels non libres pour faire fonctionner l’ordinateur. Ce qui, bien évidemment, serait présenté comme une contradiction.

Bien sûr on n’a pas à exagérer. Vendre son âme n’est pas à prendre à la lettre, mais simplement au sens de rogner sur ses libertés.
Au lieu de camoufler une contradiction, il est essentiel de la mettre à jour. Ceci relève de la transparence, de l’éthique du Libre. Parfois on dit que le diable est dans les détails et là il me semble, Fred, que le diable n’est pas du tout un détail !

Frédéric Couchet : Non c’est loin d’être un détail. En tout cas c’est une très belle explication de ce qu’il est important de faire lors des fêtes d’installation. On reconnaît bien là, comme toujours, Richard Stallman pour qui le libre choix de la personne utilisatrice est important et qu’elle doit avoir toutes les informations, en toute connaissance de cause. C’est un très beau texte et j’espère que bientôt il y aura à nouveau des fêtes d’installation parce que, malheureusement, la période actuelle empêche ces évènements. Les personnes qui seraient intéressées par ce genre d’évènements peuvent se renseigner sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, sur lequel elles peuvent retrouver les organisations libristes en France et ailleurs et les prochains évènements qui seront organisés. D’ailleurs certains sont peut-être organisés actuellement malgré les conditions sanitaires, peut-être en plus petit comité. En tout cas c’était effectivement un nouveau très beau texte de Richard Stallman.
Je vais rappeler le site du projet GNU, c’est gnu.org et, comme tu l’as dit, le groupe de travail trad-gnu de l’April traduit la plupart des textes du site gnu.org en français. Vous pouvez rejoindre ce groupe si vous avez des compétences pour la traduction de l’anglais vers le français ; vous allez sur april.org et vous aurez les informations utiles.
Tu as également cité l’évènement LibrePlanet. Peut-être préciser que LibrePlanet c’est l’évènement annuel de la Fondation pour le logiciel libre, que la prochaine édition aura lieu les 20 et 21 mars 2021 entièrement à distance. Ça permet, en fait, à toute personne de pouvoir suivre ces conférences. Le site c’est libreplanete.org, je répète les 20 et 21 mars.
Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose Véronique ?

Véronique Bonnet : Je trouve vraiment que ton accentuation de ce souci de transparence du Libre est totalement essentielle.

Frédéric Couchet : Ça a toujours été le cas. Beaucoup de personnes, au sujet de Richard Stallman, ont souvent employé le terme « intégriste » ou autre mais en fait, je pense que quand on le connaît bien et qu’on lit ses textes, on se rend compte que ce n’est pas du tout ça, qu’il présente les problématiques notamment en mettant en avant et au centre la liberté des personnes utilisatrices. Après, les personnes sont libres de faire leurs propres choix mais de façon éclairée. C’est ce qu’on a toujours fait, mais, des fois, il y a des compromis à faire. Je crois d’ailleurs que tu as déjà expliqué un texte de Richard Stallman sur cette notion de compromis si je me souviens bien.

Véronique Bonnet : Oui.

Frédéric Couchet : En tout cas, Véronique, je te remercie. C’était la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet.
Je te souhaite une belle fin de journée.

Véronique Bonnet : Belle fin de journée à toi Fred.

[Virgule musicale]