Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 18 juin 2019 »

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==16’17Chatons 2e partie sur la création, la maintenance et le collectif - Podcasts [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190618/libre-a-vous-20190618-chatons-2e-partie-creation-maintenance-collectif.ogg format OGG] et [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190618/libre-a-vous-20190618-chatons-2e-partie-creation-maintenance-collectif.mp3format MP3] (48 minutes 31 secondes)En cours MO==
 
==16’17Chatons 2e partie sur la création, la maintenance et le collectif - Podcasts [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190618/libre-a-vous-20190618-chatons-2e-partie-creation-maintenance-collectif.ogg format OGG] et [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190618/libre-a-vous-20190618-chatons-2e-partie-creation-maintenance-collectif.mp3format MP3] (48 minutes 31 secondes)En cours MO==
  
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Reset</em> par Jaunter, c’est disponible sous licence libre Creative Commons Attribution. Les références sont sur le site de l’April, april.org.<br/>
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Reset</em> par Jaunter, c’est disponible sous licence Creative Commons Attribution. Les références sont sur le site de l’April, april.org.<br/>
Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous!</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et sur causecommune.fm partout dans le monde.
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Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous!</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April , sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et sur causecommune.fm partout dans le monde.<br/>
 
 
 
Nous allons maintenant passer au sujet suivant.
 
Nous allons maintenant passer au sujet suivant.
  
 
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Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, autrement dit les CHATONS. Les personnes qui écoutent l’émission  
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Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, autrement dit les CHATONS. Les personnes qui écoutent régulièrement l’émission se diront que c’est que la deuxième fois qu’on en parle vu qu’effectivement, le 16 avril, on a déjà parlé des CHATONS, mais là on va approfondir ce sujet passionnant. Les invités du jour :au téléphone Angie Gaudion de l’association Framasoft.
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<b>Angie Gaudion : </b>Bonjour Fred.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Avec moi en studio Christian Pierre Momon du Chapril, donc chapril.org. Bonjour Christian.
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<b>Christian Momon : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Également Denis Dordoigne d’INFINI, donc infini.fr. Bonjour Denis.
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<b>Denis Dordoigne : </b>Bonjour Fred.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Comme je l’ai dit c’est une deuxième émission sur les CHATONS. Lors de la première émission – les personnes qui n’auraient pas écouté l’émission je vous rappelle que le podcast est celui du 16 avril 2019 ; vous le retrouvez à la fois sur causecommune.fm et sur april.org – dans cette première émission on avait plutôt axé la présentation des Chatons sur les personnes ou structures qui pourraient avoir intérêt à utiliser les services que l’on va décrire. Dans cette deuxième on va rentrer un peu plus sur la partie, on va dire, participation au Collectif CHATONS, comment créer un chaton, le maintenir, en essayant de ne pas être trop techniques. C’est une deuxième partie sur le sujet. Tout d’abord on va commencer par un tour de table de présentation pour rappeler qui vous êtes. On va commencer par Angie de Framasoft.
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<b>Angie Gaudion : </b>Je suis chargée de communication et de partenariat au sein de l’association Framasoft qui propose une trentaine de services libres pour se « dégoogliser ». Donc des alternatives aux services traditionnels proposés par les GAFAM. En parallèle je coordonne le collectif CHATONS pour une période de six mois.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Donc Framasoft, framaoft.org, comme tout le monde le sait, donc une centaine [trentaine, NdT] de services. Denis Dordoigne.
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<b>Denis Dordoigne : </b>Je suis de l’association INFINI qui est un chaton brestois, les informations sont sur infini.fr. Sinon je suis un militant du logiciel libre donc c’est pour ça que je suis rentré là-dedans.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Christian Momon de l’April.
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<b>Christian Momon : </b>Je suis développeur du Libre personnellement et au sein de l’April je suis membre du conseil d’administration et j’interviens notamment dans le groupe Chapril qui est le chaton de l’April.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc chapril.org.<br/>
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On va commencer par un rappel synthétique, on va essayer de résumer en quelques minutes la première émission sur ce qu’est le projet CHATONS. On va peut-être proposer à Angie d’essayer de nous faire un rappel sur ce qu’est le projet CHATONS, à qui il s’adresse, quels sont les services proposés, etc.
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<b>Angie Gaudion : </b>CHATONS c’est un collectif qui regroupe une soixantaine d’Hébergeurs Alternatifs Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, qui sont les initiales de l’acronyme CHATONS. Parmi ces hébergeurs, ils sont nombreux à proposer des services alternatifs à ceux proposés par les géants du Web. Chaque membre du collectif propose différents services, selon différentes modalités ; c’est très large dans la façon de fonctionner.<br/>
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L’objectif c’est de fournir une structure globale, via ce collectif, qui fera de l’hébergement de proximité en fait. L’objectif principal c’est que chaque internaute, chaque citoyen puisse, à proximité de chez lui, trouver une structure qui va lui permettre de découvrir des alternatives justement à ces services des géants du Web.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc, je crois que c’était peut-être toi qui avais employé cette expression la dernière fois, un petit peu comme les AMAP finalement : des services loyaux de proximité.
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<b>Angie Gaudion : </b>Exactement. On est d’ailleurs partis de ce modèle-là. Il faut savoir que le Collectif CHATONS a été initié par l’association Framasoft qui partait du constat qu’en proposant tous ces services libres et gratuits en ligne, reproduisait finalement ce que faisaient les GAFAM, alors à une échelle toute autre, mais quand même avec une centralisation. Il était important qu’on fasse savoir qu’il y a d’autres acteurs que Framasoft sur le territoire qui proposent des solutions, soit différentes, soit identiques, mais, en tout cas, que tout le monde ne passe pas par une seule porte d’entrée. Donc l’idée d’avoir une décentralisation des services et de montrer, justement, que c’est un ensemble d’acteurs qui les proposent sur tous les territoires.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Christian est-ce que tu veux compléter cette introduction sur les CHATONS ?
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<b>Christian Momon : </b>C’était très bien. Effectivement on retrouve le fait que Framasoft proposait des services, a prouvé qu’on pouvait proposer des services libres à tout le monde, mais, du coup, il fallait effectivement passer à une autre échelle, c’est-à-dire que ça ne soit pas que Framasoft qui le fasse, d’autres structures. Et plutôt que de faire un appel en disant « débrouillez-vous, allez, tout le monde, bougez-vous ! », ils ont proposé quelque chose de formidable, c’est-à-dire de partager une expérience, une vision, avec une charte, une structure et aussi un accompagnement qui fait que tous ceux qui veulent mettre ces services en ligne ont le moyen d’avoir un repère, une base solide, et aussi une sorte de label, une sorte d’identifiant qui fait que tous les utilisateurs peuvent s’y retrouver et plus facilement accéder à des services libres. Donc super initiative !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Denis, est-ce que tu peux citer quelques exemples de services majeurs proposés par les chatons ?
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<b>Denis Dordoigne : </b>Il y a beaucoup des services de Framasoft, donc les pads, les formulaires, des choses comme ça. Selon les chatons, leur âge, etc., il y a des gestions de listes de diffusion, il y a des hébergements de sites internet. Je sais que chez INFINI on fait de la diffusion de radio en live. Il y a d’autres hébergeurs qui sont plus anciens comme La Mère Zaclys ou Marsnet qui ont aussi des services particuliers. En fait il n’y a pas beaucoup de limites dans les services qu’on peut proposer. On en propose plus que n’importe quel GAFAM tout seul.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Exactement ! On va citer le nom du site de référence, évidemment c’est chatons avec un « s » point org, sur lequel vous trouvez tous les membres de ce collectif qui offrent donc des services très variés avec des formats de contribution ou d’utilisation qui peuvent être très différents ; ça peut être une utilisation totalement libre, ça peut être réservé à des adhérents. Vous allez sur chatons.org et vous retrouvez une cinquantaine, peut-être, de services différents, je dirais en fonction de l’ensemble des chatons.
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<b>Christian Momon : </b>Et les services ne sont pas les mêmes chez tous les chatons. C’est intéressant de pouvoir comparer et d’ailleurs d’avoir une offre différente. Pour le même type de service, on va avoir différents logiciels utilisés, du coup ça donne du choix. On n’est pas enfermé, limité aux choix définis par une structure. C’est plutôt intéressant en tant qu’utilisateur de ne pas être enfermé.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tout à fait. Angie est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur cette introduction avant qu’on passe, on va dire, à la présentation du collectif et de la contribution ?
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<b>Angie Gaudion : </b>Du coup parler du site chatons.org sur lequel il y a une rubrique qui permet à n’importe quel internaute de trouver un chaton en fonction de différents critères. Ça peut être le type de service qu’il recherche ; je ne sais pas, vous cherchez par exemple à avoir une adresse mail alternative, libre. Du coup vous pouvez chercher en fonction de ce service. On peut chercher avec ce critère-là (???). Ça peut être en fonction du type de structure : vous ne voulez travailler qu’avec le monde associatif ou ne passer que par des entreprises ou des coopératives. On a un module de recherche qui permet de chercher parmi les structures existantes du collectif celles qui correspondent le mieux à la recherche de l’internaute. Et ensuite, les réponses sont géolocalisées. Donc l’objectif est, par exemple, si vous cherchez à avoir une boîte mail sécurisée, eh bien on va vous dire quels sont les chatons qui le propose et surtout on va les placer sur une carte, ce qui vous permettra de trouver le chaton le plus proche de chez vous.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Christian.
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<b>Christian Momon : </b>Si je peux dire, me permettre, le site est vraiment bien fait. Il y a plein d’informations, ne pas hésiter à y aller, c’est vraiment accessible.
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<b>Frédéric Couchet : </b>En tout cas, pour les personnes qui cherchent des services, n’hésitez donc pas à aller sur chatons.org, avec un « s », et vous trouverez des chatons qui proposent différents proches de chez vous, donc avec une proximité intéressante parce que l’un des engagements, et on en parlera sans doute tout à l’heure aussi, c’est de pouvoir recevoir les personnes qui utilisent lors d’apéros ou de réunions ; la partie proximité est vraiment essentielle. Ça c’est un rappel synthétique. Si vous voulez plus de détails je vous encourage à écouter le podcast de l’émission du 16 avril 2019, qui est sur le site de l’April et sur le site de Cause Commune ou/et de vous connecter sur le site chatons.org.<br/>
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Maintenant on va essayer de parler un peu plus, de se mettre du côté de la création de chatons, de la maintenance de chatons, et du Collectif CHATONS.<br/>
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On va commencer par la partie création d’un chaton. Pourquoi créer un chaton ? Comment ça se passe ? Quels services mettre en place ? Peut-être que Denis voudrait commencer sur cette partie-là avec l’expérience d’INFINI ?
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<b>Denis Dordoigne : </b>INFINI c’est particulier, on faisait déjà des activités de chaton avant que les chatons existent. Ça a été facile pour nous de rejoindre le collectif. Après, ce qu’on aime bien dans le collectif CHATONS, c’est qu’il y ait des nouveaux chatons qui se montent ; on a des particuliers, on a des associations, des petits groupements. On a vraiment beaucoup de types de structures dans le spectre CHATONS. Pourquoi se lancer dans un chaton ? Déjà on peut avoir des services qui ne sont pas disponibles ailleurs. Ou on a des amis qui cherchent un service à proximité. Ça peut être juste pour soi qu’on peut le lancer à l’origine, puis pour sa famille et puis l’ouvrir éventuellement plus tard. Ou on peut faire quelque chose de très particulier, je ne sais pas, on a un club de philatélie, eh bien on peut très bien monter un chaton de philatélistes. Vraiment tout le monde peut devenir chaton selon ses besoins.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Christian Momon.
  
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<b>Christian Momon : </b>À l’April c’est un peu différent parce que l’April n’est pas une association qui donne du service à ses membres, c’est une association d’activisme. Par contre, quand l’initiative CHATONS a été lancée, là on s’est posé la question « est-ce qu’on le fait ou pas ». Ce n’est pas pour rendre des services aux utilisateurs, c’est pour développer la liberté numérique pour tout le monde, donc ça, ça fait partie de l’activisme de l’April. Donc nous nous sommes effectivement lancés suite à l’appel du CHATONS.<br/>
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Pour la création d’un chaton, une recommandation c’est d’aller voir le site chatons.org parce que, effectivement, c’est plutôt bien fait et notamment il y a une page qui explique comment monter son chaton et l’introduire dans l’initiative CHATONS. Les conseils que je pourrais donner c’est justement d’aller voir comment sont faits les autres chatons, avec quels produits, chez quel hébergeur, pour comparer, pour prendre exemple ou, justement, pour essayer de faire autrement que ce qui est déjà fait. Ça c’est important qu’on n’ait pas tous les mêmes produits, qu’on ne soit pas tous chez le même hébergeur et que, justement, on travaille les alternatives, puisque quand même, le but du jeu de tout ça, c’est de développer les alternatives.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Angie, l’un des critères, parce qu’on a parlé de services, mais le fait de proposer des services libres ne fait pas forcément un chaton, il faut autre chose de plus. Il y a des orientations, il y a une charte. Est-ce que tu peux un petit peu nous rappeler ces principes fondamentaux qui font que, finalement, on peut devenir un chaton ?
  
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<b>Angie Gaudion : </b>Il faut effectivement un certain nombre d’engagements pour faire partie du collectif, qui sont donc transcrits dans la charte des chatons. Il y a 70 critères différents, je crois, qui sont demandés, donc je vais essayer de les synthétiser.<br/>
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Bien sûr on a repris la notion de collectif au sein de CHATONS. L’ensemble des membres du collectif s’engage, du coup, à être respectueux, bienveillant de l’ensemble des membres du collectif et aussi des utilisateurs auxquels il s’adresse. C’est un critère, on va dire de base et nécessaire.<br/>
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Ensuite, les membres du collectif doivent proposer des services alternatifs à ceux des entreprises traditionnelles qui sont donc fermés et centralisés, avec cet objectif de proposer des services qui sont orientés autour de solutions libres et qui sont mis à disposition de leurs utilisateurs, que ce soit pour des fins personnelles ou collectives.<br/>
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Les chatons ont aussi des engagements en termes de transparence : on va leur demander tout simplement d’assurer, de confirmer, de s’engager en tout cas, de s’engager à ce que les données de leurs utilisateurs, l’identité des utilisateurs utilisant leurs services soit le plus transparent possible. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas le droit de les utiliser, mais on doit faire connaître aux utilisateurs comment elles peuvent, du coup, être traitées par la structure qui les héberge.<br/>
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On demande donc un certain nombre de critères à ce niveau-là, par exemple d’avoir des conditions générales d’utilisation très bien décrites et compréhensibles par l’utilisateur ou l’utilisatrice lambda.<br/>
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On leur donne aussi une clause sur les données personnelles et le respect de la vie privée, donc on leur demande de décrire quelle est la politique de la structure au regard de ces notions de données personnelles.<br/>
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Chaque membre du collectif s’engage aussi à rendre publics ses comptes, ses rapports d’activité. C’est un élément de transparence supplémentaire et puis, bien sûr, à donner des informations techniques sur toute l’infrastructure ce qui permet du coup à l’utilisateur de pouvoir s’engager au regard de ces éléments techniques.<br/>
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Autre types de critères, tout ce qui relève de l’ouverture des services. En fait, on demande aux chatons d’être des contributeurs à l’univers du mouvement du logiciel libre. Que ce soit techniquement ou financièrement, on va avoir le fait que, vu qu’on est dans un modèle du Libre, il faut que les membres du collectif du coup soient des acteurs du mouvement du Libre, tout simplement. Ça semble assez évident mais c’est quand même important, donc on leur demande de lister publiquement les contributions au Libre qui sont faites au sein de chaque structure.<br/>
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On essaye de faciliter l’interopérabilité, à savoir permettre à un utilisateur d’un chaton de pouvoir récupérer l’ensemble de ses données pour pouvoir migrer chez un autre hébergeur s’il le souhaite.<br/>
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Et, bien sûr, on s’engage à supprimer toutes les informations sur les utilisateurs à la demande de ceux-ci, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs.<br/>
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Autre élément important : la neutralité. On va demander aux chatons d’avoir un comportement indépendant, donc à ne pas pratiquer de censure par exemple par rapport aux contenus, à ne pas surveiller ce que font les utilisateurs et utilisatrices ; à s’engager, en fait, à héberger ces contenus dans les cadres juridiques qui sont prévus par la loi.<br/>
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Et enfin la solidarité, c’est le dernier point, du coup, des engagements des membres du collectif. C’est le fait qu’on est dans un collectif et que c’est important que chaque membre du collectif s’engage à participer à l’organisation et à la gouvernance du collectif. Ça peut prendre plein de formes différentes, mais il y a une volonté que l’ensemble des membres soient présents pour l’organisation du collectif, donc une participation moins neutre (???).<br/>
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Le modèle économique des chatons doit être basé sur la solidarité, c’est-à-dire qu’on ne refuse pas des membres du collectif qui proposeraient des services payants, bien évidemment, mais on considère qu’ils doivent être raisonnables et en adéquation avec les coûts de mise en œuvre ; qu’ils ne soient pas surévalués.<br/>
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Bien sûr on demande aux chatons de s’entraider les uns avec les autres, c’est-à-dire qu’il y a « participer au collectif », mais il y a aussi « aider les autres membres du collectif », que ce soit sur des questions techniques, sur des questions marketing, sur des questions, je ne sais pas, de support utilisateur, ce qui permet du coup un échange de connaissances et de compétences au sein des différents membres de chaque structure.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est une très bonne présentation. Je vais passer la parole à Christian qui veut réagir, mais je veux juste faire une référence par rapport à l’actualité. Tu as employé un mot que les gens ne connaissent pas forcément qui est le mot « interopérabilité » et qui est important, qui est donc le fait de pouvoir librement quitter une plateforme sans perdre ses données, ses liens sociaux et de pouvoir continuer à communiquer avec ses contacts, ce qui paraît essentiel aujourd’hui dans un monde connecté. On voudrait juste rappeler que le nouveau secrétaire d’État au numérique, Cédric O, a jugé récemment que cette interopérabilité pourrait être considérée comme étant excessivement agressive pour le modèle économique des grandes plateformes. Je dis ça pour insister justement sur l’importance des chatons quand on voit qu’un représentant du gouvernement considère que l’interopérabilité c’est un point agressif pour le modèle économique des grandes plateformes, effectivement les géants du Web. Christian Momon, tu voulais réagir sur ça.
  
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<b>Christian Momon : </b>Effectivement la présentation par Angie est très bien. Ça peut effrayer quand on dit qu’il y a 70 points à respecter, que ce sont des contraintes ; ça peut paraître lourd. En fait, si on regarde bien, ça fait un plan qui contient tous les éléments, en principe élémentaires, quand on fait un site web ou une plateforme. Tout le monde peut faire une plateforme mais s’il n’y a pas les mentions légales, s’il n’y a pas les conditions générales d’utilisation, s’il n’y a pas ce qui est fait des données des utilisateurs, en fait c’est une plateforme qui, déjà, n’est pas forcément très légale mais aussi pas complète, pas finie.<br/>
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Or là, grâce à chatons.org, la page qui liste toutes ces « contraintes » entre guillemets, eh bien vous avez un plan. Si vous voulez monter un chaton vous avez un plan qui vous permet de ne rien oublier et de suivre les points très facilement.<br/>
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Ensuite, en tant que chaton et en tant qu’utilisateur, en tant qu’utilisateur de ces chatons, eh bien vous allez trouver des éléments de confiance qui vont vous dire « bon, eh bien voilà, là il y ce qu’il faut pour que ça soit bien ». Donc il ne faut pas avoir du nombre ou de la longueur de la page ou de ce qui est dedans, c’est vraiment fait pour faciliter les choses et avancer.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Il ne faut pas avoir peur, comme tu le dis, de tous ces points, d’autant plus que le site chatons.org propose évidemment de l’aide et il y a la liste de discussion des membres du collectif dont on reparlera tout à l’heure, mais là j’aurais une question sur la création d’un chaton. Angie a évoqué les CGU, donc conditions générales d’utilisation ; tout à l’heure, Christian, tu as évoqué la partie hébergement, ne pas être hébergé partout. J’aimerais que vous soyez peut-être un peu plus précis par exemple sur l’aspect technique, notamment sur la partie hébergement. Imaginons qu’on soit une structure quelconque, des amis qui veulent monter un chaton, concrètement au niveau hébergement, au niveau services comment ça se passe ? Il faut prendre ses machines, les mettre dans son garage comme il y a longtemps ? Il faut louer des machines, acheter des machines ? Comment ça se passe ? Et les services, comment on les met en place ? Denis, tu veux réagir ? Denis Dordoigne.
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<b>Denis Dordoigne : </b>C’était un moyen de faire de mettre dans son garage, etc. En fait, la première à faire, c’est de savoir où on va mettre ses machines, donc on peut très bien les mettre dans son garage si on a une bonne connexion à Internet et qu’elle est fiable. On peut aller chercher de l’hébergement ailleurs. Ce que fait Framasoft, par exemple, leurs services sont hébergés en Allemagne.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Chez Hetzner.
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<b>Denis Dordoigne : </b>J’ai oublié le nom ! Et on peut déjà s’appuyer sur les structures locales pour héberger les services, donc les membres de la FFDN, des fournisseurs d’accès à Internet.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est quoi FFDN ? Fédération FDN <em>French Data Network</em>. Donc une fédération de fournisseurs d’accès à Internet locaux.
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<b>Denis Dordoigne : </b>Le mieux c’est de passer par des réseaux comme ça. Sinon il y en a qui hébergent leurs machines dans des endroits pas forcément recommandables parce que ce ne sont pas des acteurs du Libre. Il faut débuter. Pour s’entraîner on peut faire n’importe quoi, mais au moment où on veut vraiment devenir chaton, proposer les choses, il faut se poser la question et ne pas hésiter à contacter CHATONS en disant « j’ai besoin de tel espace, quel type de matériel ? », des choses comme ça et nous on les aidera à trouver où héberger.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Au niveau connaissances techniques il faut quoi comme connaissances techniques ? Christian.
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<b>Christian Momon : </b>Il y a quand même des critères techniques à choisir. Suivant les services que vous allez mettre en ligne vous allez avoir besoin de beaucoup d’espace disque, de beaucoup de mémoire, de beaucoup de CPU ou de beaucoup de bande passante. Ces critères-là, si on s’installe dans son garage, même si on a une fibre optique comme connexion à Internet, les services vont en dépendre. Du coup, on peut effectivement installer les serveurs chez soi ; on peut acheter des machines et puis les faire héberger ; on peut louer des serveurs dans des grandes structures qui existent déjà. Il se trouve qu’on a un acteur français qui est vraiment reconnu mondialement.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Sauf en France !
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<b>Christian Momon : </b>Sauf en France !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu parles d’OVH je suppose.
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<b>Christian Momon : </b>Voilà ! On peut parler d’autres hébergeurs en France. Il y a online.net, il y a 1&1, il y a des grosses structures qui ont des gros <em>data centers</em> où on peut louer pour quelques dizaines d’euros par mois un serveur et on peut démarrer comme ça.<br/>
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Là où il faut se poser les questions c’est il est là le serveur ? Si le serveur est, par exemple, aux États-Unis, eh bien là il y a potentiellement une infraction à la charte du CHATONS dans le sens où ce serveur va être soumis à une loi américaine qui fait que les données des utilisateurs ne seront pas protégées, entre guillemets, « correctement ».
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<b>Frédéric Couchet : </b>Le temps que tu réfléchisses je vais poser une question à Angie : est-ce qu’il ne faut que des compétences techniques pour monter un chaton ? Ou quelqu’un qui n’a pas de compétences techniques peut contribuer à un chaton ? Parce que j’ai bien compris qu’à la base c’est proposer des services, mais j’imagine bien que proposer des services ne suffit, qu’il y a forcément d’autres compétences qui sont nécessaires, je ne sais pas lesquelles. Quelles sont les autres compétences qui pourraient être nécessaires dans un chaton ?
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<b>Angie Gaudion : </b>En plus des compétences techniques, parce que, j’insiste, je pense si on n’a pas de compétences techniques dans le groupe de personnes qui souhaitent monter un chaton je pense qu’on n’y arrivera pas. Ça demande quand même d’avoir des compétences en administration système qui ne sont, du coup, pas données à n’importe qui. En revanche ça ne suffit pas. Effectivement, on peut être un très bon technicien et pour autant ne pas être en mesure de savoir, je ne sais pas, <em>designer</em> les interfaces des services, typiquement ; donc on a besoin de gens qui vont avoir des compétences en création de site web, en mise en valeur, en accès.<br/>
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On va aussi avoir besoin de communiquer sur ces services. C’est bien beau de créer sa plateforme et d’intégrer le collectif mais si, ensuite, on ne se fait pas connaître auprès des internautes, ça va être une limite, donc derrière on va avoir des missions de communication, de valorisation de l’offre. Et puis très souvent les chatons proposent aussi des actions parallèles à la fourniture de services hébergés qui sont de l’accompagnement numérique au sens beaucoup plus large du terme, car souvent il va nous falloir des médiateurs numériques qui seront en mesure d’accompagner, du coup, des citoyens dans la découverte des services numériques alternatifs.<br/>
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Et puis peut-être encore un élément : le support. Quand on utilise un service, eh bien il ne marche pas tout le temps à 100 % correctement ou il marche d’une certaine façon et on est habitué à une autre et, très souvent, on a des questions tout simplement sur le fonctionnement du service ou son utilisation, donc il faut avoir quelqu’un effectivement en face qui va pouvoir répondre à tous les questionnements des utilisateurs et des utilisatrices.
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<b>Christian Momon : </b>Nous à l’April, enfin dans le Chapril, on a identifié trois types de ressources :
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<li>il y a les ressources techniques qu’on a vues ;</li>
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<li>il y a les ressources organisationnelles : il faut pouvoir s’organiser pour que tout fonctionne ;</li>
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<li>mais il y a aussi les ressources humaines parce qu’il y a de la modération, il y a du rédactionnel, il y a du support.</li>
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<b>Frédéric Couchet : </b>Qu’est-ce que tu appelles la modération ?
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<b>Christian Momon : </b>Typiquement, la modération c’est quelqu’un qui va poster un message qui n’a pas sa place et il y a quelqu’un qui va demander à ce que ce message soit étudié pour voir s’il est conforme à la charte ou s’il a bien sa place là. Par exemple si c’est un appel à la haine, il faut intervenir pour le gérer.
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<b>Frédéric Couchet : </b> Ce point important me fait penser : tout à l’heure Angie a parlé des CGU, des conditions générales d’utilisation. Un point essentiel c’est d’avoir des CGU très claires qui précisent le contexte du chaton et notamment le statut d’hébergeur par rapport à la loi française. Tout à l’heure Noémie Bergez, dans la première chronique, parlait de la LCEN, la loi pour la confiance dans l’économie numérique. C’est très important pour la responsabilisation des différents acteurs de préciser ça dans les CGU et là, ça peut peut-être faire peur, mais là il y a des ??? CGU exemples. Par exemple à l’April, au Chapril, on est partis des CGU de Framasoft qu’on a légèrement adaptées, mais ça c’est un point important cet aspect vraiment responsabilisation et donc aussi modération côté humain. Je te repasse la parole après, Christian, je suppose que côté Framasoft, comme vous êtes historiquement les premiers à avoir lancé des gros services et vous avez eu beaucoup d’utilisateurs et d’utilisatrices, je ne sais pas si c’est un travail à temps plein ou à temps partiel simplement de modérer les contenus.
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<b>Angie Gaudion : </b>C’est plus que ça. Oui. Du coup on a un salarié à temps plein dans l’association qui est en charge des supports globaux, donc sur l’ensemble de nos services, donc c’est vrai que c’est très large. Ensuite on a une équipe de modérateurs sur nos services médias sociaux, parce que c’est très différent, du coup, de faire du support sur des services qu’on utilise à priori tout seul et qui ne sont pas mis en relation avec d’autres utilisateurs. En revanche, sur ce qui se passe sur Mastodon et Diaspora en l’occurrence, là il y a besoin d’un travail de modération qui est très différent des autres services.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Christian et après on va faire une petite pause musicale.
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<b>Christian Momon : </b>Donc là on voit qu’il n’y a pas forcément besoin que de techos ou de gens qui font de l’informatique pour participer à un chaton. Il faut savoir rédiger des notices de présentation des services. Il faut savoir répondre en support aux courriels des gens qui nous posent des questions et puis, effectivement, si on a un service de médias sociaux, il faut pouvoir regarder, pouvoir vérifier que tout est conforme au règlement et à la loi. Il ne faut pas avoir peut de cette histoire de loi qui oblige l’hébergeur, etc. On n’a pas à vérifier chaque message dans la minute. On a un devoir de faire quelque chose dans un temps raisonnable et on voit que ça ce n’est pas forcément fait par des informaticiens. C’est aussi une façon de faire les choses avec des non informaticiens, un non informaticien dans les chatons.
  
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons faire une pause musicale avant de poursuivre notre discussion. Nous allons écouter <em>Agger</em> par Stone From The Sky et on se retrouve juste après.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons faire une pause musicale avant de poursuivre notre discussion. Nous allons écouter <em>Agger</em> par Stone From The Sky et on se retrouve juste après.
  
 
Pause musicale : <em>Agger</em> par Stone From The Sky.
 
Pause musicale : <em>Agger</em> par Stone From The Sky.
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<b>Voix off : </b> Cause Commune 93.1
  
 
==46’ 28 en cours MO==
 
==46’ 28 en cours MO==

Version du 20 juin 2019 à 12:56


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 18 juin 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : Noémie Bergez - Angie Gaudion - Christian Momon Denis Dordoigne - Isabella Vanni - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 18 juin 2019

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou télécharger le podcast

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et ainsi retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.
Nous sommes mardi 18 juin 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’association est april.org, vous y retrouverez d’ores et déjà une page consacrée à l’émission avec les références utiles sur les pauses musicales, sur les sujets que nous allons aborder et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais également des points d’amélioration.
Je vous souhaite une excellente écoute.

Maintenant le programme de cette émission.
Nous commencerons par la chronique juridique de Noémie Bergez intitulée In code we Trust qui sera consacrée à l’usurpation d’identité numérique.
D’ici dix-quinze minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, autrement dit les CHATONS.
En fin d’émission nous aurons la chronique « Le libre fais sa com’ » d’Isabella Vanni, consacrée au retour d’expérience de l’anumation d’un stand de l’April lors d’un évènement.
À la réalisation de l’émission Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred.

Frédéric Couchet : On va vous proposer un petit quiz. Je vous donnerai les réponses en cours d’émission. Vous pouvez proposer des réponses soit sur le salon web de la radio et également sur les réseaux sociaux.
Première question : la même que la semaine dernière vu que j’avais oublié de donner la réponse, mais c’est quand même en lien avec l’émission d’aujourd’hui. Lors de l’émission du 4 juin, notre sujet principal portait sur Framasoft. La question est : d’où vient le nom Framasoft ?
Deuxième question, que se passe-t-il à Rézé dans les pays de la Loire samedi 22 juin, une activité en lien avec notre émission de la semaine dernière ? Réponse en fin d’émission.

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

2’ 18 Chronique « In code we trust » sur l'usurpation d'identité numérique avec Noémie Bergez - Podcasts format OGG et MP3 (10 minutes 53 secondes)

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par une intervention de Noémie Bergez, avocate au cabinet Dune pour chronique In code we trust. La chronique du jour va porter sur l’usurpation d’identité numérique. Bonjour Noémie.

Noémie Bergez : Bonjour Fred. Bonjour à tous.

Frédéric Couchet : Nous t’écoutons.





Noémie Bergez : Merci.

Frédéric Couchet : Bonne journée.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons faire une petite pause musicale. Nous allons écouter et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Reset par Jaunter.

Voix off : Cause Commune 93.1.

16’17Chatons 2e partie sur la création, la maintenance et le collectif - Podcasts format OGG et MP3 (48 minutes 31 secondes)En cours MO

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Reset par Jaunter, c’est disponible sous licence Creative Commons Attribution. Les références sont sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous!, l’émission pour comprendre et agir avec l’April , sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et sur causecommune.fm partout dans le monde.
Nous allons maintenant passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, autrement dit les CHATONS. Les personnes qui écoutent régulièrement l’émission se diront que c’est que la deuxième fois qu’on en parle vu qu’effectivement, le 16 avril, on a déjà parlé des CHATONS, mais là on va approfondir ce sujet passionnant. Les invités du jour :au téléphone Angie Gaudion de l’association Framasoft.

Angie Gaudion : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Avec moi en studio Christian Pierre Momon du Chapril, donc chapril.org. Bonjour Christian.

Christian Momon : Bonjour.

Frédéric Couchet : Également Denis Dordoigne d’INFINI, donc infini.fr. Bonjour Denis.

Denis Dordoigne : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Comme je l’ai dit c’est une deuxième émission sur les CHATONS. Lors de la première émission – les personnes qui n’auraient pas écouté l’émission je vous rappelle que le podcast est celui du 16 avril 2019 ; vous le retrouvez à la fois sur causecommune.fm et sur april.org – dans cette première émission on avait plutôt axé la présentation des Chatons sur les personnes ou structures qui pourraient avoir intérêt à utiliser les services que l’on va décrire. Dans cette deuxième on va rentrer un peu plus sur la partie, on va dire, participation au Collectif CHATONS, comment créer un chaton, le maintenir, en essayant de ne pas être trop techniques. C’est une deuxième partie sur le sujet. Tout d’abord on va commencer par un tour de table de présentation pour rappeler qui vous êtes. On va commencer par Angie de Framasoft.

Angie Gaudion : Je suis chargée de communication et de partenariat au sein de l’association Framasoft qui propose une trentaine de services libres pour se « dégoogliser ». Donc des alternatives aux services traditionnels proposés par les GAFAM. En parallèle je coordonne le collectif CHATONS pour une période de six mois.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc Framasoft, framaoft.org, comme tout le monde le sait, donc une centaine [trentaine, NdT] de services. Denis Dordoigne.

Denis Dordoigne : Je suis de l’association INFINI qui est un chaton brestois, les informations sont sur infini.fr. Sinon je suis un militant du logiciel libre donc c’est pour ça que je suis rentré là-dedans.

Frédéric Couchet : D’accord. Christian Momon de l’April.

Christian Momon : Je suis développeur du Libre personnellement et au sein de l’April je suis membre du conseil d’administration et j’interviens notamment dans le groupe Chapril qui est le chaton de l’April.

Frédéric Couchet : Donc chapril.org.
On va commencer par un rappel synthétique, on va essayer de résumer en quelques minutes la première émission sur ce qu’est le projet CHATONS. On va peut-être proposer à Angie d’essayer de nous faire un rappel sur ce qu’est le projet CHATONS, à qui il s’adresse, quels sont les services proposés, etc.

Angie Gaudion : CHATONS c’est un collectif qui regroupe une soixantaine d’Hébergeurs Alternatifs Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, qui sont les initiales de l’acronyme CHATONS. Parmi ces hébergeurs, ils sont nombreux à proposer des services alternatifs à ceux proposés par les géants du Web. Chaque membre du collectif propose différents services, selon différentes modalités ; c’est très large dans la façon de fonctionner.
L’objectif c’est de fournir une structure globale, via ce collectif, qui fera de l’hébergement de proximité en fait. L’objectif principal c’est que chaque internaute, chaque citoyen puisse, à proximité de chez lui, trouver une structure qui va lui permettre de découvrir des alternatives justement à ces services des géants du Web.

Frédéric Couchet : Donc, je crois que c’était peut-être toi qui avais employé cette expression la dernière fois, un petit peu comme les AMAP finalement : des services loyaux de proximité.

Angie Gaudion : Exactement. On est d’ailleurs partis de ce modèle-là. Il faut savoir que le Collectif CHATONS a été initié par l’association Framasoft qui partait du constat qu’en proposant tous ces services libres et gratuits en ligne, reproduisait finalement ce que faisaient les GAFAM, alors à une échelle toute autre, mais quand même avec une centralisation. Il était important qu’on fasse savoir qu’il y a d’autres acteurs que Framasoft sur le territoire qui proposent des solutions, soit différentes, soit identiques, mais, en tout cas, que tout le monde ne passe pas par une seule porte d’entrée. Donc l’idée d’avoir une décentralisation des services et de montrer, justement, que c’est un ensemble d’acteurs qui les proposent sur tous les territoires.

Frédéric Couchet : Christian est-ce que tu veux compléter cette introduction sur les CHATONS ?

Christian Momon : C’était très bien. Effectivement on retrouve le fait que Framasoft proposait des services, a prouvé qu’on pouvait proposer des services libres à tout le monde, mais, du coup, il fallait effectivement passer à une autre échelle, c’est-à-dire que ça ne soit pas que Framasoft qui le fasse, d’autres structures. Et plutôt que de faire un appel en disant « débrouillez-vous, allez, tout le monde, bougez-vous ! », ils ont proposé quelque chose de formidable, c’est-à-dire de partager une expérience, une vision, avec une charte, une structure et aussi un accompagnement qui fait que tous ceux qui veulent mettre ces services en ligne ont le moyen d’avoir un repère, une base solide, et aussi une sorte de label, une sorte d’identifiant qui fait que tous les utilisateurs peuvent s’y retrouver et plus facilement accéder à des services libres. Donc super initiative !

Frédéric Couchet : Denis, est-ce que tu peux citer quelques exemples de services majeurs proposés par les chatons ?

Denis Dordoigne : Il y a beaucoup des services de Framasoft, donc les pads, les formulaires, des choses comme ça. Selon les chatons, leur âge, etc., il y a des gestions de listes de diffusion, il y a des hébergements de sites internet. Je sais que chez INFINI on fait de la diffusion de radio en live. Il y a d’autres hébergeurs qui sont plus anciens comme La Mère Zaclys ou Marsnet qui ont aussi des services particuliers. En fait il n’y a pas beaucoup de limites dans les services qu’on peut proposer. On en propose plus que n’importe quel GAFAM tout seul.

Frédéric Couchet : Exactement ! On va citer le nom du site de référence, évidemment c’est chatons avec un « s » point org, sur lequel vous trouvez tous les membres de ce collectif qui offrent donc des services très variés avec des formats de contribution ou d’utilisation qui peuvent être très différents ; ça peut être une utilisation totalement libre, ça peut être réservé à des adhérents. Vous allez sur chatons.org et vous retrouvez une cinquantaine, peut-être, de services différents, je dirais en fonction de l’ensemble des chatons.

Christian Momon : Et les services ne sont pas les mêmes chez tous les chatons. C’est intéressant de pouvoir comparer et d’ailleurs d’avoir une offre différente. Pour le même type de service, on va avoir différents logiciels utilisés, du coup ça donne du choix. On n’est pas enfermé, limité aux choix définis par une structure. C’est plutôt intéressant en tant qu’utilisateur de ne pas être enfermé.

Frédéric Couchet : Tout à fait. Angie est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur cette introduction avant qu’on passe, on va dire, à la présentation du collectif et de la contribution ?

Angie Gaudion : Du coup parler du site chatons.org sur lequel il y a une rubrique qui permet à n’importe quel internaute de trouver un chaton en fonction de différents critères. Ça peut être le type de service qu’il recherche ; je ne sais pas, vous cherchez par exemple à avoir une adresse mail alternative, libre. Du coup vous pouvez chercher en fonction de ce service. On peut chercher avec ce critère-là (???). Ça peut être en fonction du type de structure : vous ne voulez travailler qu’avec le monde associatif ou ne passer que par des entreprises ou des coopératives. On a un module de recherche qui permet de chercher parmi les structures existantes du collectif celles qui correspondent le mieux à la recherche de l’internaute. Et ensuite, les réponses sont géolocalisées. Donc l’objectif est, par exemple, si vous cherchez à avoir une boîte mail sécurisée, eh bien on va vous dire quels sont les chatons qui le propose et surtout on va les placer sur une carte, ce qui vous permettra de trouver le chaton le plus proche de chez vous.

Frédéric Couchet : Christian.

Christian Momon : Si je peux dire, me permettre, le site est vraiment bien fait. Il y a plein d’informations, ne pas hésiter à y aller, c’est vraiment accessible.

Frédéric Couchet : En tout cas, pour les personnes qui cherchent des services, n’hésitez donc pas à aller sur chatons.org, avec un « s », et vous trouverez des chatons qui proposent différents proches de chez vous, donc avec une proximité intéressante parce que l’un des engagements, et on en parlera sans doute tout à l’heure aussi, c’est de pouvoir recevoir les personnes qui utilisent lors d’apéros ou de réunions ; la partie proximité est vraiment essentielle. Ça c’est un rappel synthétique. Si vous voulez plus de détails je vous encourage à écouter le podcast de l’émission du 16 avril 2019, qui est sur le site de l’April et sur le site de Cause Commune ou/et de vous connecter sur le site chatons.org.
Maintenant on va essayer de parler un peu plus, de se mettre du côté de la création de chatons, de la maintenance de chatons, et du Collectif CHATONS.
On va commencer par la partie création d’un chaton. Pourquoi créer un chaton ? Comment ça se passe ? Quels services mettre en place ? Peut-être que Denis voudrait commencer sur cette partie-là avec l’expérience d’INFINI ?

Denis Dordoigne : INFINI c’est particulier, on faisait déjà des activités de chaton avant que les chatons existent. Ça a été facile pour nous de rejoindre le collectif. Après, ce qu’on aime bien dans le collectif CHATONS, c’est qu’il y ait des nouveaux chatons qui se montent ; on a des particuliers, on a des associations, des petits groupements. On a vraiment beaucoup de types de structures dans le spectre CHATONS. Pourquoi se lancer dans un chaton ? Déjà on peut avoir des services qui ne sont pas disponibles ailleurs. Ou on a des amis qui cherchent un service à proximité. Ça peut être juste pour soi qu’on peut le lancer à l’origine, puis pour sa famille et puis l’ouvrir éventuellement plus tard. Ou on peut faire quelque chose de très particulier, je ne sais pas, on a un club de philatélie, eh bien on peut très bien monter un chaton de philatélistes. Vraiment tout le monde peut devenir chaton selon ses besoins.

Frédéric Couchet : Christian Momon.

Christian Momon : À l’April c’est un peu différent parce que l’April n’est pas une association qui donne du service à ses membres, c’est une association d’activisme. Par contre, quand l’initiative CHATONS a été lancée, là on s’est posé la question « est-ce qu’on le fait ou pas ». Ce n’est pas pour rendre des services aux utilisateurs, c’est pour développer la liberté numérique pour tout le monde, donc ça, ça fait partie de l’activisme de l’April. Donc nous nous sommes effectivement lancés suite à l’appel du CHATONS.
Pour la création d’un chaton, une recommandation c’est d’aller voir le site chatons.org parce que, effectivement, c’est plutôt bien fait et notamment il y a une page qui explique comment monter son chaton et l’introduire dans l’initiative CHATONS. Les conseils que je pourrais donner c’est justement d’aller voir comment sont faits les autres chatons, avec quels produits, chez quel hébergeur, pour comparer, pour prendre exemple ou, justement, pour essayer de faire autrement que ce qui est déjà fait. Ça c’est important qu’on n’ait pas tous les mêmes produits, qu’on ne soit pas tous chez le même hébergeur et que, justement, on travaille les alternatives, puisque quand même, le but du jeu de tout ça, c’est de développer les alternatives.

Frédéric Couchet : Angie, l’un des critères, parce qu’on a parlé de services, mais le fait de proposer des services libres ne fait pas forcément un chaton, il faut autre chose de plus. Il y a des orientations, il y a une charte. Est-ce que tu peux un petit peu nous rappeler ces principes fondamentaux qui font que, finalement, on peut devenir un chaton ?

Angie Gaudion : Il faut effectivement un certain nombre d’engagements pour faire partie du collectif, qui sont donc transcrits dans la charte des chatons. Il y a 70 critères différents, je crois, qui sont demandés, donc je vais essayer de les synthétiser.
Bien sûr on a repris la notion de collectif au sein de CHATONS. L’ensemble des membres du collectif s’engage, du coup, à être respectueux, bienveillant de l’ensemble des membres du collectif et aussi des utilisateurs auxquels il s’adresse. C’est un critère, on va dire de base et nécessaire.
Ensuite, les membres du collectif doivent proposer des services alternatifs à ceux des entreprises traditionnelles qui sont donc fermés et centralisés, avec cet objectif de proposer des services qui sont orientés autour de solutions libres et qui sont mis à disposition de leurs utilisateurs, que ce soit pour des fins personnelles ou collectives.
Les chatons ont aussi des engagements en termes de transparence : on va leur demander tout simplement d’assurer, de confirmer, de s’engager en tout cas, de s’engager à ce que les données de leurs utilisateurs, l’identité des utilisateurs utilisant leurs services soit le plus transparent possible. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas le droit de les utiliser, mais on doit faire connaître aux utilisateurs comment elles peuvent, du coup, être traitées par la structure qui les héberge.
On demande donc un certain nombre de critères à ce niveau-là, par exemple d’avoir des conditions générales d’utilisation très bien décrites et compréhensibles par l’utilisateur ou l’utilisatrice lambda.
On leur donne aussi une clause sur les données personnelles et le respect de la vie privée, donc on leur demande de décrire quelle est la politique de la structure au regard de ces notions de données personnelles.
Chaque membre du collectif s’engage aussi à rendre publics ses comptes, ses rapports d’activité. C’est un élément de transparence supplémentaire et puis, bien sûr, à donner des informations techniques sur toute l’infrastructure ce qui permet du coup à l’utilisateur de pouvoir s’engager au regard de ces éléments techniques.
Autre types de critères, tout ce qui relève de l’ouverture des services. En fait, on demande aux chatons d’être des contributeurs à l’univers du mouvement du logiciel libre. Que ce soit techniquement ou financièrement, on va avoir le fait que, vu qu’on est dans un modèle du Libre, il faut que les membres du collectif du coup soient des acteurs du mouvement du Libre, tout simplement. Ça semble assez évident mais c’est quand même important, donc on leur demande de lister publiquement les contributions au Libre qui sont faites au sein de chaque structure.
On essaye de faciliter l’interopérabilité, à savoir permettre à un utilisateur d’un chaton de pouvoir récupérer l’ensemble de ses données pour pouvoir migrer chez un autre hébergeur s’il le souhaite.
Et, bien sûr, on s’engage à supprimer toutes les informations sur les utilisateurs à la demande de ceux-ci, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs.
Autre élément important : la neutralité. On va demander aux chatons d’avoir un comportement indépendant, donc à ne pas pratiquer de censure par exemple par rapport aux contenus, à ne pas surveiller ce que font les utilisateurs et utilisatrices ; à s’engager, en fait, à héberger ces contenus dans les cadres juridiques qui sont prévus par la loi.
Et enfin la solidarité, c’est le dernier point, du coup, des engagements des membres du collectif. C’est le fait qu’on est dans un collectif et que c’est important que chaque membre du collectif s’engage à participer à l’organisation et à la gouvernance du collectif. Ça peut prendre plein de formes différentes, mais il y a une volonté que l’ensemble des membres soient présents pour l’organisation du collectif, donc une participation moins neutre (???).
Le modèle économique des chatons doit être basé sur la solidarité, c’est-à-dire qu’on ne refuse pas des membres du collectif qui proposeraient des services payants, bien évidemment, mais on considère qu’ils doivent être raisonnables et en adéquation avec les coûts de mise en œuvre ; qu’ils ne soient pas surévalués.
Bien sûr on demande aux chatons de s’entraider les uns avec les autres, c’est-à-dire qu’il y a « participer au collectif », mais il y a aussi « aider les autres membres du collectif », que ce soit sur des questions techniques, sur des questions marketing, sur des questions, je ne sais pas, de support utilisateur, ce qui permet du coup un échange de connaissances et de compétences au sein des différents membres de chaque structure.

Frédéric Couchet : C’est une très bonne présentation. Je vais passer la parole à Christian qui veut réagir, mais je veux juste faire une référence par rapport à l’actualité. Tu as employé un mot que les gens ne connaissent pas forcément qui est le mot « interopérabilité » et qui est important, qui est donc le fait de pouvoir librement quitter une plateforme sans perdre ses données, ses liens sociaux et de pouvoir continuer à communiquer avec ses contacts, ce qui paraît essentiel aujourd’hui dans un monde connecté. On voudrait juste rappeler que le nouveau secrétaire d’État au numérique, Cédric O, a jugé récemment que cette interopérabilité pourrait être considérée comme étant excessivement agressive pour le modèle économique des grandes plateformes. Je dis ça pour insister justement sur l’importance des chatons quand on voit qu’un représentant du gouvernement considère que l’interopérabilité c’est un point agressif pour le modèle économique des grandes plateformes, effectivement les géants du Web. Christian Momon, tu voulais réagir sur ça.

Christian Momon : Effectivement la présentation par Angie est très bien. Ça peut effrayer quand on dit qu’il y a 70 points à respecter, que ce sont des contraintes ; ça peut paraître lourd. En fait, si on regarde bien, ça fait un plan qui contient tous les éléments, en principe élémentaires, quand on fait un site web ou une plateforme. Tout le monde peut faire une plateforme mais s’il n’y a pas les mentions légales, s’il n’y a pas les conditions générales d’utilisation, s’il n’y a pas ce qui est fait des données des utilisateurs, en fait c’est une plateforme qui, déjà, n’est pas forcément très légale mais aussi pas complète, pas finie.
Or là, grâce à chatons.org, la page qui liste toutes ces « contraintes » entre guillemets, eh bien vous avez un plan. Si vous voulez monter un chaton vous avez un plan qui vous permet de ne rien oublier et de suivre les points très facilement.
Ensuite, en tant que chaton et en tant qu’utilisateur, en tant qu’utilisateur de ces chatons, eh bien vous allez trouver des éléments de confiance qui vont vous dire « bon, eh bien voilà, là il y ce qu’il faut pour que ça soit bien ». Donc il ne faut pas avoir du nombre ou de la longueur de la page ou de ce qui est dedans, c’est vraiment fait pour faciliter les choses et avancer.

Frédéric Couchet : Il ne faut pas avoir peur, comme tu le dis, de tous ces points, d’autant plus que le site chatons.org propose évidemment de l’aide et il y a la liste de discussion des membres du collectif dont on reparlera tout à l’heure, mais là j’aurais une question sur la création d’un chaton. Angie a évoqué les CGU, donc conditions générales d’utilisation ; tout à l’heure, Christian, tu as évoqué la partie hébergement, ne pas être hébergé partout. J’aimerais que vous soyez peut-être un peu plus précis par exemple sur l’aspect technique, notamment sur la partie hébergement. Imaginons qu’on soit une structure quelconque, des amis qui veulent monter un chaton, concrètement au niveau hébergement, au niveau services comment ça se passe ? Il faut prendre ses machines, les mettre dans son garage comme il y a longtemps ? Il faut louer des machines, acheter des machines ? Comment ça se passe ? Et les services, comment on les met en place ? Denis, tu veux réagir ? Denis Dordoigne.

Denis Dordoigne : C’était un moyen de faire de mettre dans son garage, etc. En fait, la première à faire, c’est de savoir où on va mettre ses machines, donc on peut très bien les mettre dans son garage si on a une bonne connexion à Internet et qu’elle est fiable. On peut aller chercher de l’hébergement ailleurs. Ce que fait Framasoft, par exemple, leurs services sont hébergés en Allemagne.

Frédéric Couchet : Chez Hetzner.

Denis Dordoigne : J’ai oublié le nom ! Et on peut déjà s’appuyer sur les structures locales pour héberger les services, donc les membres de la FFDN, des fournisseurs d’accès à Internet.

Frédéric Couchet : C’est quoi FFDN ? Fédération FDN French Data Network. Donc une fédération de fournisseurs d’accès à Internet locaux.

Denis Dordoigne : Le mieux c’est de passer par des réseaux comme ça. Sinon il y en a qui hébergent leurs machines dans des endroits pas forcément recommandables parce que ce ne sont pas des acteurs du Libre. Il faut débuter. Pour s’entraîner on peut faire n’importe quoi, mais au moment où on veut vraiment devenir chaton, proposer les choses, il faut se poser la question et ne pas hésiter à contacter CHATONS en disant « j’ai besoin de tel espace, quel type de matériel ? », des choses comme ça et nous on les aidera à trouver où héberger.

Frédéric Couchet : Au niveau connaissances techniques il faut quoi comme connaissances techniques ? Christian.

Christian Momon : Il y a quand même des critères techniques à choisir. Suivant les services que vous allez mettre en ligne vous allez avoir besoin de beaucoup d’espace disque, de beaucoup de mémoire, de beaucoup de CPU ou de beaucoup de bande passante. Ces critères-là, si on s’installe dans son garage, même si on a une fibre optique comme connexion à Internet, les services vont en dépendre. Du coup, on peut effectivement installer les serveurs chez soi ; on peut acheter des machines et puis les faire héberger ; on peut louer des serveurs dans des grandes structures qui existent déjà. Il se trouve qu’on a un acteur français qui est vraiment reconnu mondialement.

Frédéric Couchet : Sauf en France !

Christian Momon : Sauf en France !

Frédéric Couchet : Tu parles d’OVH je suppose.

Christian Momon : Voilà ! On peut parler d’autres hébergeurs en France. Il y a online.net, il y a 1&1, il y a des grosses structures qui ont des gros data centers où on peut louer pour quelques dizaines d’euros par mois un serveur et on peut démarrer comme ça.
Là où il faut se poser les questions c’est il est là le serveur ? Si le serveur est, par exemple, aux États-Unis, eh bien là il y a potentiellement une infraction à la charte du CHATONS dans le sens où ce serveur va être soumis à une loi américaine qui fait que les données des utilisateurs ne seront pas protégées, entre guillemets, « correctement ».

Frédéric Couchet : Le temps que tu réfléchisses je vais poser une question à Angie : est-ce qu’il ne faut que des compétences techniques pour monter un chaton ? Ou quelqu’un qui n’a pas de compétences techniques peut contribuer à un chaton ? Parce que j’ai bien compris qu’à la base c’est proposer des services, mais j’imagine bien que proposer des services ne suffit, qu’il y a forcément d’autres compétences qui sont nécessaires, je ne sais pas lesquelles. Quelles sont les autres compétences qui pourraient être nécessaires dans un chaton ?

Angie Gaudion : En plus des compétences techniques, parce que, j’insiste, je pense si on n’a pas de compétences techniques dans le groupe de personnes qui souhaitent monter un chaton je pense qu’on n’y arrivera pas. Ça demande quand même d’avoir des compétences en administration système qui ne sont, du coup, pas données à n’importe qui. En revanche ça ne suffit pas. Effectivement, on peut être un très bon technicien et pour autant ne pas être en mesure de savoir, je ne sais pas, designer les interfaces des services, typiquement ; donc on a besoin de gens qui vont avoir des compétences en création de site web, en mise en valeur, en accès.
On va aussi avoir besoin de communiquer sur ces services. C’est bien beau de créer sa plateforme et d’intégrer le collectif mais si, ensuite, on ne se fait pas connaître auprès des internautes, ça va être une limite, donc derrière on va avoir des missions de communication, de valorisation de l’offre. Et puis très souvent les chatons proposent aussi des actions parallèles à la fourniture de services hébergés qui sont de l’accompagnement numérique au sens beaucoup plus large du terme, car souvent il va nous falloir des médiateurs numériques qui seront en mesure d’accompagner, du coup, des citoyens dans la découverte des services numériques alternatifs.
Et puis peut-être encore un élément : le support. Quand on utilise un service, eh bien il ne marche pas tout le temps à 100 % correctement ou il marche d’une certaine façon et on est habitué à une autre et, très souvent, on a des questions tout simplement sur le fonctionnement du service ou son utilisation, donc il faut avoir quelqu’un effectivement en face qui va pouvoir répondre à tous les questionnements des utilisateurs et des utilisatrices.

Christian Momon : Nous à l’April, enfin dans le Chapril, on a identifié trois types de ressources :

  • il y a les ressources techniques qu’on a vues ;
  • il y a les ressources organisationnelles : il faut pouvoir s’organiser pour que tout fonctionne ;
  • mais il y a aussi les ressources humaines parce qu’il y a de la modération, il y a du rédactionnel, il y a du support.

Frédéric Couchet : Qu’est-ce que tu appelles la modération ?

Christian Momon : Typiquement, la modération c’est quelqu’un qui va poster un message qui n’a pas sa place et il y a quelqu’un qui va demander à ce que ce message soit étudié pour voir s’il est conforme à la charte ou s’il a bien sa place là. Par exemple si c’est un appel à la haine, il faut intervenir pour le gérer.

Frédéric Couchet : Ce point important me fait penser : tout à l’heure Angie a parlé des CGU, des conditions générales d’utilisation. Un point essentiel c’est d’avoir des CGU très claires qui précisent le contexte du chaton et notamment le statut d’hébergeur par rapport à la loi française. Tout à l’heure Noémie Bergez, dans la première chronique, parlait de la LCEN, la loi pour la confiance dans l’économie numérique. C’est très important pour la responsabilisation des différents acteurs de préciser ça dans les CGU et là, ça peut peut-être faire peur, mais là il y a des ??? CGU exemples. Par exemple à l’April, au Chapril, on est partis des CGU de Framasoft qu’on a légèrement adaptées, mais ça c’est un point important cet aspect vraiment responsabilisation et donc aussi modération côté humain. Je te repasse la parole après, Christian, je suppose que côté Framasoft, comme vous êtes historiquement les premiers à avoir lancé des gros services et vous avez eu beaucoup d’utilisateurs et d’utilisatrices, je ne sais pas si c’est un travail à temps plein ou à temps partiel simplement de modérer les contenus.

Angie Gaudion : C’est plus que ça. Oui. Du coup on a un salarié à temps plein dans l’association qui est en charge des supports globaux, donc sur l’ensemble de nos services, donc c’est vrai que c’est très large. Ensuite on a une équipe de modérateurs sur nos services médias sociaux, parce que c’est très différent, du coup, de faire du support sur des services qu’on utilise à priori tout seul et qui ne sont pas mis en relation avec d’autres utilisateurs. En revanche, sur ce qui se passe sur Mastodon et Diaspora en l’occurrence, là il y a besoin d’un travail de modération qui est très différent des autres services.

Frédéric Couchet : Christian et après on va faire une petite pause musicale.

Christian Momon : Donc là on voit qu’il n’y a pas forcément besoin que de techos ou de gens qui font de l’informatique pour participer à un chaton. Il faut savoir rédiger des notices de présentation des services. Il faut savoir répondre en support aux courriels des gens qui nous posent des questions et puis, effectivement, si on a un service de médias sociaux, il faut pouvoir regarder, pouvoir vérifier que tout est conforme au règlement et à la loi. Il ne faut pas avoir peut de cette histoire de loi qui oblige l’hébergeur, etc. On n’a pas à vérifier chaque message dans la minute. On a un devoir de faire quelque chose dans un temps raisonnable et on voit que ça ce n’est pas forcément fait par des informaticiens. C’est aussi une façon de faire les choses avec des non informaticiens, un non informaticien dans les chatons.

Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale avant de poursuivre notre discussion. Nous allons écouter Agger par Stone From The Sky et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Agger par Stone From The Sky.

Voix off : Cause Commune 93.1

46’ 28 en cours MO

Frédéric Couchet : Agger par Stone From The Sky, qui est disponible sous licence libre à la fois Creative Commons Partage dans les mêmes conditions et licence Art libre . Vous retrouvez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.







Frédéric Couchet : Je vous souhaite une belle journée.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter Plus haut par Sucrepop et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Plus haut par Sucrepop.

Voix off : Cause Commune 93.1.

1 h 08’ 27 Chronique « Le libre fait sa comm' » sur le retour d'expérience de l'animation d'un stand par Isabella Vanni - Podcasts format OGG et format MP3 (12 minutes 5 secondes)

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Plus haut par Sucrepop qui est disponible sous licence libre Creative Commons Attribution Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouvez les références sur le site de l’April, april.org.

Vous écoutez l’émission Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre
. Vous êtes sur Cause Commune sur 93.1 en Île-de-France et sur causecommune.fm partout dans le monde.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Pour parler d’actions de type sensibilisation



[Virgule musicale]

1 h 21’00 Annonces - Podcasts format OGG et format MP3 (4 minutes 51 secondes)

Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons donc terminer par quelques annonces.