Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 17 septembre 2019 »

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<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour. Vous êtes toujours sur <em>Libre à vous !</em>, l’émission de l’April sur 93.1 FM en Île-de-France et sur causeommune.fm sur le Web. Bienvenue. Nous allons aujourd’hui, dans ce sujet long du projet, parler du projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et pour une économie circulaire. J’ai le plaisir d’avoir aujourd’hui avec moi normalement au téléphone Frédéric Bordage. Bonjour.
  
<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Bordage : </b>Bonjour.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour Frédéric, et Adèle Chasson de Halte Obsolescence Programmée.
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<b>Adèle Chasson : </b>Bonjour. Merci pour l’invitation.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Avec plaisir. Avant de vous demander de vous présenter, je vais peut-être juste expliquer pourquoi nous faisons cette émission aujourd’hui, quel est le contexte de cette émission. Comme je disais, il y a un projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et pour l’économie circulaire, projet de loi pour une économie circulaire. Ce projet de loi fait partie de ces quelques lois qui, finalement, sont annoncées comme une des conséquences, on va dire, de ce qu’a été le grand débat organisé par le président de la République plus tôt cette année. Je vais vous lire un extrait de son exposé des motifs qui exprime la raison d’être de ce texte. On peut ainsi lire que « cette transition vers une économie circulaire est garante d’une consommation sobre des ressources non renouvelables où les déchets deviennent des ressources, où les produits ont une durée de vie plus longue, où il est mis fin au gaspillage et où 100 % des plastiques sont recyclés. » On voit quand même une ambition très forte. On va voir si le texte va s’en donner les moyens.<br/>
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On en parle aujourd’hui. Pour tout dire l’émission est en train d’être enregistrée pour des questions de disponibilité de nos intervenants et pour cause, à l’heure de la diffusion habituelle de l’émission, à 15 heures 30 cet après-midi, le projet de loi sera effectivement discuté en commission du développement durable au Sénat où le texte est introduit pour la première fois. Et puis les 24, 25, 26 septembre auront lieu les discussions en séance publique, donc les plus gros débats et plus tard, ensuite dans l’année, les débats auront lieu à l’Assemblée nationale.
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Il y a aussi un contexte plus général, on sait très bien en termes de dérèglement climatique, on sait très bien qu’il y a la problématique de gestion de déchets, de consommation de plus en plus importante en termes d’énergie par ce qu’on appelle maintenant le numérique, qui est devenu un peu un terme à lui-même. Je vais peut-être juste citer rapidement le projet Shift, <em>shift</em> veut dire transition en anglais, et je pense qu’on peut directement l’évoquer ici parce qu’il amène des données, des chiffres très intéressants – on va vous mettre le lien sur le site –, il fait 88 pages, comme je disais une lecture utile. Bien sûr je n’ai pas du tout l’intention de résumer ce document, mais en gros il appelle à une consommation plus sobre, une sobriété numérique, sobriété énergétique et surtout il fait ressortir la nécessité d’allonger la durée de vie de nos équipements informatiques, notamment de nos terminaux mobiles, car ce qu’il fait ressortir c’est que c’est vraiment la production et le traitement ensuite des déchets qui consomment de manière significative le plus de ressources. Donc il y a un véritable enjeu à allonger les durées de vie de nos terminaux et c’est un enjeu extrêmement important, surtout ce qu’on voit, autre chiffre déterminant que fait ressortir ce projet, c’est qu’il y a une hausse tous les ans de 9 % de consommation supplémentaire d’énergie pour le numérique en général.<br/>
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La question qu’on peut se poser : est-ce que ce texte, finalement, est à hauteur des ambitions ? Malheureusement, ce qu’on peut constater pour le moment, c’est l’absence des questions liées à l’informatique, au numérique au général dans ce texte. C’est toute l’ambition de GreenIT.fr, de Halte Obsolescence Programmée qui ont une vocation historique sur ses sujets, et de l’April qui souhaite aussi s’engager pour lutter contre l’obsolescence logicielle. Il y a un véritable enjeu à amener ce sujet dans le débat.
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Avant d’enter dans ce fond-là, je pense qu’il peut être intéressant d’avoir justement un petit retour sur votre expérience, sur la raison d’être de vos structures, sur ce que vous faites. Je vais demander à Frédéric Bordage de se présenter. Frédéric Bordage vous pouvez me corriger, vous êtes donc un expert en numérique, responsable et fondateur de GreenIT.fr. Est-ce que vous pouvez vous présenter et présenter votre structure ?
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<b>Frédéric Bordage : </b>Tout à fait. Je suis un expert indépendant sur ces sujets depuis à peu près 15 ans. Il y a 15 ans, face à la non-action, en fait, de la société sur ces sujets on a lancé GreenIT.fr qui est la communauté des acteurs du numérique responsable dans les pays francophones. On a des actions concrètes. Par exemple on publiera, dans trois semaines, un rapport sur l’empreinte environnementale du numérique mondial ; c’est la plus grosse étude jamais réalisée au niveau mondial sur l’empreinte du numérique, ses sources, etc., qui va d’ailleurs conforter l’étude du Shift. D’ailleurs, juste pour mettre en perspective historique, l’étude du Shift ça fait 15 ans, en fait, qu’on sait tout ce qui est dedans et qu’on le dit. Cette étude a défrayé la chronique, c’est bien parce que ça fait avancer le sujet, mais ce n’est pas du tout une découverte : ça fait 15 ans qu’on sait que la fabrication des équipements numériques est la principale source d’empreinte environnementale et qu’il faut absolument en fabriquer moins et allonger la durée de vie des équipements existants.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Super. Adèle, est-ce que vous pouvez nous présenter un peu votre structure et qui vous êtes ?
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<b>Adèle Chasson : </b>Je suis Adèle Chasson, je suis chargée de mission à l’association HOP, Halte à l'Obsolescence Programmée et l’association HOP a été créée en 2015, elle a pour l’objectif de fédérer le plus possible de citoyens pour influencer à la fois les lois et les industriels, pour aller vers des produits plus durables et réparables. On fait beaucoup de sensibilisation du grand public, on fédère une communauté d’environ 40 000 personnes aujourd’hui qui affirment leur souhait de lutter contre l’obsolescence programmée, d’avoir des produits qui durent. On fait aussi du plaidoyer auprès des pouvoirs publics, notamment dans le cadre de la loi comme on va y revenir, et on accompagne aussi les entreprises qui souhaitent changer de modèle et faire partie de cette économie-là des produits plus durables.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Vous parliez d’obsolescence programmée, c’est vrai que c’est un terme qu’on entend très souvent, il est assez central dans le projet de loi qui va être étudié. Peut-être qu’il pourrait être intéressant d’avoir votre opinion déjà sur cette notion obsolescence. Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi est-ce qu’on parle d’obsolescence programmée ? Est-ce qu’il y a forcément une volonté derrière ? Est-ce que ça peut être systémique peut-être aussi ? Est-ce que vous pouvez nous donner votre lecture sur cette notion ?
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<b>Adèle Chasson : </b>L’obsolescence programmée se définit ccomme l’ensemble des techniques par lesquelles un fabricant d’un produit réduit délibérément la durée de vie de son produit dans le but de pousser le consommateur à un nouvel achat. Ça peut être un composant qui est irréparable. Il y a trois types principaux d’obsolescence qu’on distingue :
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<li>l’obsolescence technique,</li>
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<li>l’obsolescence logicielle dont on va plutôt parler</li>
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<li>et l’obsolescence esthétique.</li>
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</ul>
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L’obsolescence technique c’est très classique, c’est quand, par exemple, vous avez une pièce d’un produit qui ne fonctionne plus, qui est irréparable ou alors vous ne pouvez pas trouver la pièce détachée, donc là vous n’avez aucun moyen de le réparer.<br/>
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L’obsolescence esthétique ou culturelle, c’est plutôt quand vous allez avoir des publicités, du marketing, qui vous incitent à renouveler votre produit plus tôt que nécessaire, alors que, par exemple, vous n’avez même pas le produit en panne, mais vous voulez un smartphone avec un écran plus grand, ce genre de choses.<br/>
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Enfin l’obsolescence logicielle, peut-être que Frédéric pourra en parler un parler un peu plus, c’est quand c’est le logiciel en fait, pas le hardware, pas le matériel, qui est facteur de l’accélération de l’obsolescence du produit, ce qui fait que ça raccourcit la durée de vie du produit.<br/>
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Il y a beaucoup de débats sur « est-ce que c’est programmé ou pas », mais je pense que ce n’est pas vraiment ça l’important, même si l’obsolescence programmée, vraiment au sens classique du terme, est un délit en France depuis 2015 du coup, nous on a porté deux plaintes pour essayer de punir ce délit. Mais, plus largement en fait, c’est toute la durée de vie des produits qu’il faut allonger, notamment des produits numériques, parce que l’impact environnemental de ces produits se situe surtout à la phase de fabrication. Par exemple pour un smartphone c’est environ 80 % de ses impacts environnementaux qui se situent à la phase de fabrication et non pas à la phase d’utilisation ou de transport. D’où l’importance d’allonger la durée de vie du produit et de ne pas fabriquer des équipements quand ça pourrait être évité.
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<b>Étienne Gonnu : </b>En fait mécaniquement, plus longtemps on fait durer un produit moins souvent on en achète, c’est vrai que le lien est direct. Vous parliez de 2015, effectivement la loi la loi transition énergétique. Ce qui est assez intéressant, notamment dans cette définition de l’obsolescence programmée, c’est qu’il y a un amendement, on en parlera, qui vient proposer d’enrichir la définition. En fait il reprend une définition qui avait d’abord été acceptée puis rejetée <em>in fine</em>au moment de la lecture du projet de loi en 2015. On voit quand même les difficultés de faire rentrer ça, de faire rentrer ces considérations dans la loi et d’avoir une politique forte.<br/>
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Vous parliez d’obsolescence logicielle, peut-être, Frédéric, vous pouvez donner votre définition, votre lecture de cette notion.
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<b>Frédéric Bordage : </b>On n’a pas encore de définition totalement arrêtée de l’obsolescence logicielle. Clairement, par contre, on a des constats qui sont avérés aujourd’hui où on constate donc que le logiciel va déclencher l’obsolescence du matériel. On a différents cas qui sont notamment liés aux mises à jour dont on va reparler après dans l’émission j’imagine. Typiquement, pour prendre l’exemple le plus classique parce qu’en fait il y a des dizaines de formes d’obsolescence logicielle, mais pour prendre l’exemple le plus classiquement vécu par les auditeurs et auditrices c’est quand un vendeur de smartphones ne propose plus de mises à jour du système d’exploitation qui permet de faire fonctionner le smartphone. Pour le cas, on s’expose à des failles de sécurité, donc on est obligé d’abandonner un équipement qui fonctionne parfaitement simplement parce que le logiciel qui s’exécute dessus n’est plus mis à jour et qu’on n’a pas envie de se faire voler ses données personnelles par exemple.<br/>
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A l’inverse, on se retrouve avec des phénomènes, le phénomène d’ « obésitiel » où le smartphone est tellement mis à jour, et notamment avec des mises à jour évolutivess donc qui vont rajouter des fonctionnalités qu’on n’a pas forcément demandées, que petit à petit il s’encrasse et tout ce gras logiciel qui va s’empiler finalement sur le smartphone va tellement le ralentir que même si l’équipement matériel est fonctionnel, l’exécution du logiciel ralentit tellement le matériel qu’on ne peut plus l’utiliser de façon confortable, en fait. Donc ça va nous pousser, de la même façon, à changer de smartphone alors qu’il fonctionne parfaitement.<br/>
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Le phénomène d’obsolescence logicielle c’est quand un logiciel, pour une raison ou une autre, va finalement déclencher le renouvellement prématuré d’un équipement qui fonctionnait parfaitement avant qu’on mette à jour.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Très bien. Merci pour ces explications, c’est très clair. J’en tire deux choses. Déjà on voit l’importance et aussi tout l’enjeu d’avoir une maîtrise de son informatique, de la capacité de choisir ou non de mettre à jour, la capacité de pouvoir installer les logiciels que l’on souhaite, le système d’exploitation que l‘on souhaite, finalement du logiciel libre et c’est donc pour ça que l’April aussi s’engage sur ce texte. Et je pense, au-delà de ce texte, une des difficultés qu’on constate souvent sur des sujets techniques c’est aussi comment traduire cela dans un langage juridique, dans une loi qui soit d’application générale. Et là, de ce que je comprends sur l’obsolescence logicielle, on la définit entre les lignes, on la déduit plus qu’on ne l’observe et elle a des facteurs, des aspects très divers que vous avez commencé à évoquer ce qui fait qu’il n’est pas évident d’adresser la question.<br/>
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Vous parliez, Adèle, Frédéric peut peut-être réagir aussi là-dessus, mais pour revenir un peu au projet de loi, vous parliez de divers aspects d’obsolescence, on constate donc qu’il y a une absence de l’obsolescence logicielle qui n’est pas du tout prise en compte actuellement dans le texte proposé par le gouvernement, par le secrétariat d’État à la Transition écologique. Est-ce qu’on peut, finalement, juste répondre à un aspect d’obsolescence et en ignorer un autre ? J’ai quand même l’impression que tout est absolument intrinsèquement lié. Est-ce qu’on peut adresser l’obsolescence programmée en ignorant sa composante logicielle ? Qu’est-ce que vous en pensez ?
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<b>Adèle Chasson : </b>Évidemment non. C’est vrai que le logiciel prend une importance croissante, surtout avec les objets connectés parce qu’on a de plus en plus de logiciels et d’électronique dans des appareils qui n’en avaient pas auparavant, par exemple des frigos qui sont tous connectés en wifi aujourd’hui et tout ça. C’est vrai que le texte ne parle pas du tout d’obsolescence logicielle, il n’y a rien là-dessus, et c’est d’ailleurs ce qu’on essaye de changer en proposant des amendements, en proposant des choses sur l’obsolescence logicielle.<br/>
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Il n’y a rien directement sur l’obsolescence logicielle, mais elle abordée un peu indirectement par certains articles du texte, notamment l’article 2 qui parle de l’indice de réparabilité. L’indice de réparabilité c’est une note sur 10 qui va être affichée sur tous les produits électriques et électroniques en magasin à partir de 2021, c’est-à-dire, du coup, tout ce qui est électroménager, électronique, donc les lave-linge, ordinateurs, smartphones et tout ça. Quand vous irez en magasin à partir de 2021 vous aurez une note sur 10 qui vous indiquera à quel point votre produit sera réparable ou pas. C’est-à-dire est-ce que vous allez facilement trouver les pièces détachées, est-ce qu’il sera facilement démontable et tout. Et, dans ce cadre-là, pour les appareils comme les ordinateurs portables ou les smartphones, on a essayé, avec Frédéric aussi, de faire en sorte que le logiciel soit pris en compte dans cette note de réparabilité. Voir si on peut notamment installer un logiciel libre, est-ce qu’on peut faire les mises à jour et tout ça. Du coup, indirectement, le logiciel est quand même pris en compte dans la loi.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Vous offrez une transition, effectivement, on peut rentrer dans le texte et voit cet indice de réparabilité qui va être envoyé, après coup, pour une meilleure définition en décret, donc ce sera une nouvelle étape à suivre. Donc il y a tout un enjeu de s’assurer effectivement que les composantes logicielles soient prises en compte dans cet indice de réparabilité. Frédéric vous aviez peut-être des choses à rajouter ?
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<b>Frédéric Bordage : </b>Oui. En fait, quand on regarde le texte actuel de la loi et quand on regarde un petit peu comment le monde politique, en général, s’empare du sujet de l’obsolescence programmée des produits électroniques, ce qu’on constate c’est que l’électronique et l’informatique font encore peur à des non-experts et que le lien qui est très fort entre le logiciel et le matériel, donc le logiciel déclenchant l’obsolescence prématurée du matériel, est encore mal compris et mal perçu finalement par les décideurs politiques qui, c’est normal, ne sont ni experts ni informaticiens et donc pas experts du sujet. Donc aujourd’hui on traite surtout la matérialité, ce qui est perceptible, c’est-à-dire l’objet en lui-même et il y a encore, je pense, un effort important d’éducation des décideurs politiques, tous partis et tous mouvements politiques confondus, pour leur faire comprendre à quel point le logiciel est devenu le déclencheur de l’obsolescence prématurée des équipements.<br/>
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Aujourd’hui, clairement, il suffit d’appuyer sur un bouton quand on est un grand éditeur ou un grand fabricant, un bouton qui va forcer une mise à jour très grasse, très lourde et qui va faire ralentir des smartphones au point qu’on ne puisse plus les utiliser. C’est ce qu’a reproché par exemple l’Italie récemment. L’Italie récemment a condamné en fait Samsung pour une mise à jour forcée qui ralentissait trop un certain nombre de smartphones et qu’on ne pouvait plus utiliser.
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Aujourd’hui, clairement, il y a une méconnaissance de ce lien entre le logiciel et le matériel de la part des pouvoirs publics. Il y a besoin, au-delà de tout ce qu’on va dire sur le texte de loi, de continuer à faire prendre conscience et à informer, en fait, les responsables politiques.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Je pense qu’on peut peut-être rentrer et voir ce que vous proposez. Halte Obsolescence Programmée a publié un livre blanc, je crois qu’il y a huit propositions sur l’obsolescence dans son aspect logiciel. Là vous évoquiez, vous en aviez déjà parlé, on peut peut-être rentrer un peu plus dans les détails sur cette proposition de GreenIT, puisque vous évoquiez le gras logiciel, vous parliez d’« obésitiel », et vous aviez évoqué plus tôt, c’est une proposition que vous portez, la distinction entre ce qui serait les mises correctives, donc nécessaires et les mises à jour évolutives. Là on voit aussi très bien l’intérêt, j’y reviens, notamment du logiciel libre qui permet finalement de garder la main sur les mises à jour que l’on souhaite faire, même si encourager effectivement au mieux les mises à jour correctives, avoir une information et être en mesure de faire ce choix de manière éclairée. Est-ce que vous souhaitez détailler un peu plus cette question ?
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<b>Adèle Chasson : </b>Effectivement c’est une proposition qu’on a portée dans notre livre blanc, qui est paru en avril de cette année, où on a 50 propositions pour une consommation, une production, plus durables où, du coup, on fait des propositions à tous les échelons, local, national et européen. On a toute une partie sur l’obsolescence logicielle parce que pour nous c’est un sujet important et cette partie on y a travaillé notamment avec Frédéric Bordage qui fait partie de notre comité d’experts parce que, comme on touche à beaucoup de sujets, l’obsolescence c’est très large, on travaille avec des experts qui nous permettent d’affiner nos propositions.<br/>
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C’est vrai que c’est peut-être un peu difficile à comprendre quand on ne connaît pas vraiment le sujet, c’est aussi pour ça qu’on travaille avec des experts, mais je pense que tout le monde connaît la situation de faire une mise à jour, enfin d’être forcé en fait de faire une mise par exemple sur son smartphone, et ensuite de constater que la batterie se décharge plus vite, que les applications s’ouvrent plus lentement et effectivement, comme le disait Frédéric, il y a vraiment une grogne par rapport à ces situations et au-delà de la France même où on a, en Italie, la condamnation de Apple et Samsung pour les mêmes faits et une plainte en France pour obsolescence programmée contre Apple qui a été déposée par HOP, pour laquelle on a reçu plus de 14 000 témoignages. Donc il y a quand même vraiment un mouvement pour des produits plus durables et plus réparables et une vraie frustration des consommateurs.<br/>
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L’idée de cette proposition c’est de faire en sorte qu’on puisse, en fait, déjà être informé des conséquences qu’une mise à jour peut avoir sur le fonctionnement de l’appareil, donc de savoir si la mise à jour qu’on va faire va potentiellement ralentir notre téléphone, c’est quand même le moindre des choses quand on achète un appareil d’être informé de ça, et ensuite de vraiment obliger les éditeurs de logiciels à dissocier deux types de mises à jour : comme le disait Frédéric, les mises à jour correctives qui corrigent des failles de sécurité, qui sont nécessaires pour protéger ses données personnelles et tout ça, et les mises à jour plutôt évolutives, donc de confort, qui vont apporter des nouvelles fonctionnalités, par exemple revoir le design du système d’exploitation, ajouter des nouvelles fonctionnalités. Frédéric, peut-être si tu veux compléter ou préciser certaines choses que j’ai dites.
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<b>Frédéric Bordage : </b>Oui. En fait, ce qu’on demande concrètement, c’est que les mises à jour correctives soient distinguées clairement des mises à jour évolutives et notamment que les mises à jour évolutives soient dans un système qu’on appelle le double <em>opt-in</em>, c’est-à-dire qu’on demande le consentement systématique de l’utilisateur avant toute installation d’une mise à jour évolutive, ce qui fait que ça permettrait aux utilisateurs de choisir eux-mêmes d’engraisser leur système d’exploitation au point que ça le fasse ramer ou pas. L’idée c’est simplement qu’on puisse maîtriser son smartphone, son ordinateur portable, et qu’on puisse maîtriser les mises à jour de confort. C’est pour ça qu’on tient absolument à ce qu’il y ait un consentement systématique de l’utilisateur, ce qui fait, après, cette grogne dont parlait Adèle avec 14 000 personnes qui sont revenues vers nous. Après on choisit en fait, on choisit de diminuer volontairement la durée de vie de son smartphone ou pas, concrètement. Compte-tenu du code de la consommation, on devrait être informé systématiquement quand la nature du logiciel est changée par une mise à jour. Ça devrait être un minimum aujourd’hui, en 2019, compte-tenu du droit de la consommation.
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<b>Adèle Chasson : </b>Si je peux juste ajouter quelque chose, je pense que le problème des smartphones en particulier, c’est que ce sont vraiment les cumulards de l’obsolescence programmée. Comme je le disais tout à l’heure il y a trois types d’obsolescence : l’obsolescence technique, la plus classique du terme quand quelque chose ne fonctionne plus, logicielle et esthétique. Et pour les smartphones on peut avoir vraiment les trois types, c’est-à-dire, par exemple, une difficulté à réparer : une batterie qui est soudée, qui est très difficile à remplacer ou alors un écran qui coûte 600 euros à réparer comme c’est le cas pour les derniers iPhones ; une obsolescence logicielle, quand on fait une mise à jour qui va être lente, et pile au moment où on fait une mise à jour on va avoir une énorme publicité qui va nous vanter la rapidité et le design des nouveaux smartphones. Forcément tout est un peu fait pour nous pousser au renouvellement un peu prématuré de notre appareil.
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<b>Étienne Gonnu : </b>C’est intéressant ce que vous dites. On voit aussi à quel point, finalement, ces formes d’obsolescence sont très liées. L’aspect logiciel, mais des nouvelles fonctionnalités logicielles vont pouvoir, peut-être amener un biais culturel ou une incitation, on va dire, par mimétisme ou parce qu’un nouveau service et nos proches l’utilisent également, on va être incité et ainsi de suite à toujours, finalement, rajouter du gras numérique comme l’évoquait Frédéric Bordage. On voit à nouveau l’importance d’éduquer et de garantir la liberté informatique et le fonctionnement. Là on voit que, comme pour beaucoup de choses, le savoir est une forme de pouvoir et c’est comme ça qu’on peut s’assurer d’avoir une gestion responsable et réellement maîtrisée. On est avec une vraie connaissance des implications de nos pratiques.<br/>
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On reviendra peut-être sur un autre aspect qui serait plutôt on va dire l’obsolescence introduite dans les produits, mais là on voit aussi vraiment l’aspect systémique où est toujours poussé à la consommation, où il y a une accélération toujours plus poussée, mais qui est assez inhérente, peut-être, au système économique tel qu’il fonctionne. On voit l’importance et la manière, grâce à la liberté informatique, de pouvoir reprendre possession et reprendre la maîtrise de nos outils.<br/>
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Je vous propose de faire une petite pause musicale avant de voir les autres propositions, les autres amendements portés par les sénateurs. On vous laisse avec Kellee Maize, <em>2012</em>.
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<b>Pause musicale : </b><em>2012</em> par Kellee Maize.
  
  

Version du 19 septembre 2019 à 17:53


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 3 septembre 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 17 septembre 2019

Durée : 1 h 30 min

[ Écouter ou télécharger le podcast]

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.


Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. Merci d’être avec nous pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
La radio dispose d’un webchat, utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et ainsi retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission. La radio dispose également d’une application, Cause Commune, pour téléphone mobile.
Nous sommes mardi 17 septembre 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Le site web de l’April est april.org et vous pouvez déjà trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Maintenant le programme du jour.
Nous commencerons par la chronique « les Transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi qui portera sur le thème de « L’État de droit à l’État de surveillance ».
D’ici 10 à 15 minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur l’obsolescence programmée et le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.
En fin d’émission nous aurons la chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet qui portera sur le concours mondial de photos libres Wiki Loves Monuments.
À la réalisation de l’émission Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred.

Frédéric Couchet : Nous allons vous proposer un petit quiz, comme à chaque émission. Je vous donnerai les réponses en fin d’émission et vous pouvez proposer vos réponses soit sur le salon web de la radio, je rappelle sur causecommune.fm, soit sur les différents réseaux sociaux que nous fréquentons.
Les deux questions, la première : lors de l’émission du 10 septembre 2019, donc la semaine dernière, nous avons évoqué une nouvelle école d’informatique conçue avant tout par des femmes et qui s’adresse aux femmes post-bac. Quel est le nom de cette école ?
Deuxième question : on va parler dans l’émission du jour d’économie circulaire, de durée de vie, de réparabilité. Nous vous avions présenté il y a quelques mois des projets libres visant à rendre les terminaux mobiles non seulement plus libres mais aussi plus durables. Est-ce que vous pourriez citer un ou deux de ces projets  ?
Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

2’38 [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190917/libre-a-vous-20190917-chronique-transcription-redonnent-gout-lecture-marie-odile-morandi-etat-de-droid-a-etat-de-surveillance.ogg Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi 9 min 4 s

Frédéric Couchet : Les choix voire les coups de cœur de Marie-Odile Morandi qui mettent en valeur deux-trois transcriptions dont elle conseille la lecture, c’est la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » donc de Marie-Odile Morandi, animatrice du groupe de travail Transcriptions de l’April. Bonjour Marie-Odile.

Marie-Odile Morandi : Bonjour à tous.

Frédéric Couchet : Quel est ton coup de cœur aujourd’hui ?

Marie-Odile Morandi : Effectivement, ce mois-ci c’est véritablement un coup de cœur. Il s’agit d’une conférence donnée à l’Ubuntu Party qui a eu lieu à Paris au mois de mai dernier, que j’avais écoutée en partie, parce que c’est quand même formidable ce réseau des réseaux qui nous permet de suivre en direct des conférences à distance, et je m’étais dit « dès que c’est en ligne, c’est absolument à transcrire ». Il s’agit de l’intervention de Asma Mhalla, maître de conférences à Sciences Po, qui dure une cinquantaine de minutes et est intitulée « De l’État de droit à l’État de surveillance ».

Asma Mhalla nous explique que l’État de droit repose sur trois éléments :

  • la loi,
  • le contrôle de la loi donc la surveillance
  • et la bienveillance

Concernant la loi, elle estime que nous sommes très bons en France, elle parle de logorrhée juridique, puisqu’à chaque événement particulier on a ce réflexe, mot qu’elle préfère au mot dérive, de pousser une loi supplémentaire : loi antiterroriste, loi anti-fake news, loi anti-casseurs.
Le contrôle est exercé par l’État et par ce qu’elle appelle les méta-plateformes que sont les GAFAM.
Au sujet de la bienveillance, elle se demande si l’État est toujours en train de maintenir un État de droit pour le bien commun, pour l’intérêt général, ou si l’État, c’est-à-dire l’ensemble des institutions, l’ensemble des fonctionnaires, des hauts-fonctionnaires, est en train de jouer sa survie au service de son propre intérêt parce qu’elle trouve ces lois tellement vagues qu’elles pourront faire dire et faire faire n’importe quoi à n’importe qui si elles sont mal manipulées.

Le constat est établi qu’aujourd’hui la demande de la part des citoyens, c’est-à-dire nous, est une demande sécuritaire ; elle parle de discours obsessionnel : on vit pour la sécurité ; la sécurité n’est plus le moyen d’assurer la vie paisible de tous, mais devient l’objectif.

Asma Mhalla constate une différence fondamentale entre l’État et les méta-plateformes : ces dernières portent une vision du monde, une vision de l’humanité et elles savent où elles veulent aller. Grâce à leurs fonds pharamineux elles financent la recherche fondamentale, les expérimentations, les développements par exemple sur l’intelligence artificielle et aujourd’hui, les meilleurs chercheurs vont chez Facebook et chez Google offrir leurs compétences. La recherche fondamentale ne se fait quasiment plus dans les universités, dans les centres de recherche. Ce qui pose d’autres interrogations que je vous laisse découvrir.
Les questions fusent : est-ce qu’on partage cette vision du monde ? Est-ce que c’est le monde que nous souhaitons, vers lequel nous voulons aller ? Est-ce que collectivement, donc via l’État, il nous est donné la possibilité d’en débattre ?
Ces méta-plateformes arrivent à un moment d’affaiblissement de l’État social et disent : « nous allons préempter un certain nombre de fonctions sociales qui initialement étaient, entre guillemets, « gratuites » et collectives, comme l’éducation, la santé ».

Et que se passe-t-il ? L'État cherche à se transformer en État-plateforme, à se mettre au niveau de ces méta-plateformes dont il accepte les règles et la concurrence qu’elles vont lui faire. La fonction sociale de l’État va disparaître, ses prérogatives seront de plus en plus sécuritaires, de moins en moins sociales. Donc la collusion entre ces plateformes de l’économie numérique et l’État fait apparaître une nouvelle gouvernance mondiale.

Elle rappelle un discours du président de la République dans lequel il a lancé le concept de co-régulation entre État et plateformes, avec une répartition des tâches laissant ce qu’elle appelle le punitif à l’État.
En effet, si tout d’un coup les plateformes entraient dans une logique punitive on pourrait ne plus les utiliser de façon aussi massive, parce qu’on aurait alors peur ; ce qui ne ferait pas leur affaire parce que tout leur modèle économique est basé sur notre désir de nous exposer.
L’État a aussi besoin de ces plateformes parce que c’est là où il va chercher nos données personnelles, d'où la surveillance, qui est bien organisée sur la base de nos données personnelles.

Sa conclusion est claire : le contrat social qui était « liberté contre sécurité » ou « sécurité contre liberté, est devenu « liberté contre sécurité contre vie privée ».

Frédéric Couchet : D’accord. C’est ton coup de cœur et selon toi la transcription de cette conférence doit être lue et relue ?

Marie-Odile Morandi : Tout à fait. Je me permets de vous inciter à écouter cette conférence, à lire ou relire sa transcription. J’ai trouvé la réflexion de Asma Mhallah personnelle et pertinente, donc à partager. Cela nous concerne tous. Elle nous conseille de nous documenter, de nous renseigner, de porter un regard critique. Pour elle, à l’école on ne doit pas se limiter à l’étude du code : il faut une formation à l’éthique, à l’économie numérique, car il s’agit de comprendre les enjeux d’autonomie individuelle et collective qui ne sont absolument pas des enjeux de codage, qui ne sont pas des enjeux d’informaticiens. Ce sont des enjeux de vivre ensemble, de vision du monde et, fondamentalement des enjeux de démocratie.

Je vais répéter l’intitulé de cette conférence « De l’État de droit à l’État de surveillance » et vous trouverez le lien vers la transcription sur le site de l’April sur la page des références concernant l’émission d’aujourd’hui.

Frédéric Couchet : Effectivement sur april.org. Est-ce que tu voulais mentionner autre chose, une autre transcription ?

Marie-Odile Morandi : Tout à fait. Comme dit précédemment, on en revient toujours à la formation de base et à ce qui est enseigné ou devrait être enseigné dans les écoles. Peut-être, diront certains, que c’est quelque chose de convenu en ce mois de septembre traditionnellement mois de rentrée scolaire, mais je voulais rappeler les transcriptions de diverses conférences tenues par Richard Stallman en France et en français, depuis 2013, dans lesquelles il répète inlassablement que « les écoles devraient utiliser exclusivement du logiciel libre. »
Là aussi vous trouverez les liens concernant ces transcriptions à l’onglet références sur la page consacrée à l’émission d’aujourd’hui et vous pourrez relire les explications données par Richard Stallman dans chacune de ces conférences.

Pour approfondir le sujet, je tiens à rappeler la transcription de la chronique de Véronique Bonnet dans l’émission Libre à vous ! du 9 avril de cette année. Elle montre que Richard Stallman, dans ses arguments, commence toujours par ce qui est le moins important, l’argument monétaire, pour arriver à ce qui est le plus essentiel, l’éducation morale, l’habitude d’aider les autres.

Je vais faire miennes les paroles prononcées par le lieutenant-colonel Stéphane Dumond de la Gendarmerie nationale dans l’émission Libre à vous ! du 3 septembre, j’ouvre des guillemets, « j’insiste, je martèle, mais la marteau thérapie a parfois du bon ». Je pense donc qu’il est nécessaire de rappeler inlassablement les fondamentaux concernant l’enseignement de l’informatique au sein de nos établissements, d’autant plus que de nouveaux programmes doivent être mis en place au cours de cette année scolaire en particulier au lycée. Souhaitons que les préconisations de Richard Stallman concernant l’utilisation du logiciel libre de la maternelle à l’université soient respectées et sincèrement mises en œuvre.

Voilà pour la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de ce mois de septembre 2019.

Frédéric Couchet : Écoute Marie-Odile merci pour ces transcriptions. Tu as parlé en introduction de l’Ubuntu Party à Paris du mois de mai dernier donc 2019, j’en profite pour signaler que la prochaine Ubuntu Party aura lieu les 16 et 17 novembre 2019 à la Cité des sciences et de l’industrie. Comme tu viens de parler de Richard Stallman qui est dans l’actualité, je signale que je ferai un petit point sur l’actualité en fin d’émission concernant Richard Stallman.
Merci Marie-Odile. On se retrouve le mois prochain, je te souhaite de passer une belle fin de journée.

Marie-Odile Morandi : Merci. À vous tous et toutes aussi, bonne soirée.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons passer une pause musicale. Nous allons écouter Beyond the door par Les journées musicales de Ziklibrenbib et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Beyond the door par Les journées musicales de Ziklibrenbib.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Beyond the door par Les journées musicales de Ziklibrenbib disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et, pour en savoir plus sur Ziklibrenbib vous pouvez écouter l’émission du 9 juillet 2019.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm. Nous allons passer maintenant au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui a été enregistré ce matin, qui porte sur l’obsolescence programmée, le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire avec nos invités Adèle Chasson de Halte à l'Obsolescence Programmée et Frédéric Bordage de GreenIT.fr.


16’ 18 [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190917/libre-a-vous-20190917-obsolescence-programmee-et-projet-loi-economie-circulaire-avec-adele-chasson-de-HOP-et-frederic-bordage-de-greenit-fr.ogg Obsolescence programmée et projet de loi économie circulaire avec Adèle Chasson de Halte à l'Obsolescence Programmée et Frédéric Bordage de GreenIT.fr 48 min 53 s

Étienne Gonnu : Bonjour. Vous êtes toujours sur Libre à vous !, l’émission de l’April sur 93.1 FM en Île-de-France et sur causeommune.fm sur le Web. Bienvenue. Nous allons aujourd’hui, dans ce sujet long du projet, parler du projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et pour une économie circulaire. J’ai le plaisir d’avoir aujourd’hui avec moi normalement au téléphone Frédéric Bordage. Bonjour.

Frédéric Bordage : Bonjour.

Étienne Gonnu : Bonjour Frédéric, et Adèle Chasson de Halte Obsolescence Programmée.

Adèle Chasson : Bonjour. Merci pour l’invitation.

Étienne Gonnu : Avec plaisir. Avant de vous demander de vous présenter, je vais peut-être juste expliquer pourquoi nous faisons cette émission aujourd’hui, quel est le contexte de cette émission. Comme je disais, il y a un projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et pour l’économie circulaire, projet de loi pour une économie circulaire. Ce projet de loi fait partie de ces quelques lois qui, finalement, sont annoncées comme une des conséquences, on va dire, de ce qu’a été le grand débat organisé par le président de la République plus tôt cette année. Je vais vous lire un extrait de son exposé des motifs qui exprime la raison d’être de ce texte. On peut ainsi lire que « cette transition vers une économie circulaire est garante d’une consommation sobre des ressources non renouvelables où les déchets deviennent des ressources, où les produits ont une durée de vie plus longue, où il est mis fin au gaspillage et où 100 % des plastiques sont recyclés. » On voit quand même une ambition très forte. On va voir si le texte va s’en donner les moyens.
On en parle aujourd’hui. Pour tout dire l’émission est en train d’être enregistrée pour des questions de disponibilité de nos intervenants et pour cause, à l’heure de la diffusion habituelle de l’émission, à 15 heures 30 cet après-midi, le projet de loi sera effectivement discuté en commission du développement durable au Sénat où le texte est introduit pour la première fois. Et puis les 24, 25, 26 septembre auront lieu les discussions en séance publique, donc les plus gros débats et plus tard, ensuite dans l’année, les débats auront lieu à l’Assemblée nationale.

Il y a aussi un contexte plus général, on sait très bien en termes de dérèglement climatique, on sait très bien qu’il y a la problématique de gestion de déchets, de consommation de plus en plus importante en termes d’énergie par ce qu’on appelle maintenant le numérique, qui est devenu un peu un terme à lui-même. Je vais peut-être juste citer rapidement le projet Shift, shift veut dire transition en anglais, et je pense qu’on peut directement l’évoquer ici parce qu’il amène des données, des chiffres très intéressants – on va vous mettre le lien sur le site –, il fait 88 pages, comme je disais une lecture utile. Bien sûr je n’ai pas du tout l’intention de résumer ce document, mais en gros il appelle à une consommation plus sobre, une sobriété numérique, sobriété énergétique et surtout il fait ressortir la nécessité d’allonger la durée de vie de nos équipements informatiques, notamment de nos terminaux mobiles, car ce qu’il fait ressortir c’est que c’est vraiment la production et le traitement ensuite des déchets qui consomment de manière significative le plus de ressources. Donc il y a un véritable enjeu à allonger les durées de vie de nos terminaux et c’est un enjeu extrêmement important, surtout ce qu’on voit, autre chiffre déterminant que fait ressortir ce projet, c’est qu’il y a une hausse tous les ans de 9 % de consommation supplémentaire d’énergie pour le numérique en général.
La question qu’on peut se poser : est-ce que ce texte, finalement, est à hauteur des ambitions ? Malheureusement, ce qu’on peut constater pour le moment, c’est l’absence des questions liées à l’informatique, au numérique au général dans ce texte. C’est toute l’ambition de GreenIT.fr, de Halte Obsolescence Programmée qui ont une vocation historique sur ses sujets, et de l’April qui souhaite aussi s’engager pour lutter contre l’obsolescence logicielle. Il y a un véritable enjeu à amener ce sujet dans le débat.

Avant d’enter dans ce fond-là, je pense qu’il peut être intéressant d’avoir justement un petit retour sur votre expérience, sur la raison d’être de vos structures, sur ce que vous faites. Je vais demander à Frédéric Bordage de se présenter. Frédéric Bordage vous pouvez me corriger, vous êtes donc un expert en numérique, responsable et fondateur de GreenIT.fr. Est-ce que vous pouvez vous présenter et présenter votre structure ?

Frédéric Bordage : Tout à fait. Je suis un expert indépendant sur ces sujets depuis à peu près 15 ans. Il y a 15 ans, face à la non-action, en fait, de la société sur ces sujets on a lancé GreenIT.fr qui est la communauté des acteurs du numérique responsable dans les pays francophones. On a des actions concrètes. Par exemple on publiera, dans trois semaines, un rapport sur l’empreinte environnementale du numérique mondial ; c’est la plus grosse étude jamais réalisée au niveau mondial sur l’empreinte du numérique, ses sources, etc., qui va d’ailleurs conforter l’étude du Shift. D’ailleurs, juste pour mettre en perspective historique, l’étude du Shift ça fait 15 ans, en fait, qu’on sait tout ce qui est dedans et qu’on le dit. Cette étude a défrayé la chronique, c’est bien parce que ça fait avancer le sujet, mais ce n’est pas du tout une découverte : ça fait 15 ans qu’on sait que la fabrication des équipements numériques est la principale source d’empreinte environnementale et qu’il faut absolument en fabriquer moins et allonger la durée de vie des équipements existants.

Étienne Gonnu : Super. Adèle, est-ce que vous pouvez nous présenter un peu votre structure et qui vous êtes ?

Adèle Chasson : Je suis Adèle Chasson, je suis chargée de mission à l’association HOP, Halte à l'Obsolescence Programmée et l’association HOP a été créée en 2015, elle a pour l’objectif de fédérer le plus possible de citoyens pour influencer à la fois les lois et les industriels, pour aller vers des produits plus durables et réparables. On fait beaucoup de sensibilisation du grand public, on fédère une communauté d’environ 40 000 personnes aujourd’hui qui affirment leur souhait de lutter contre l’obsolescence programmée, d’avoir des produits qui durent. On fait aussi du plaidoyer auprès des pouvoirs publics, notamment dans le cadre de la loi comme on va y revenir, et on accompagne aussi les entreprises qui souhaitent changer de modèle et faire partie de cette économie-là des produits plus durables.

Étienne Gonnu : Vous parliez d’obsolescence programmée, c’est vrai que c’est un terme qu’on entend très souvent, il est assez central dans le projet de loi qui va être étudié. Peut-être qu’il pourrait être intéressant d’avoir votre opinion déjà sur cette notion obsolescence. Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi est-ce qu’on parle d’obsolescence programmée ? Est-ce qu’il y a forcément une volonté derrière ? Est-ce que ça peut être systémique peut-être aussi ? Est-ce que vous pouvez nous donner votre lecture sur cette notion ?

Adèle Chasson : L’obsolescence programmée se définit ccomme l’ensemble des techniques par lesquelles un fabricant d’un produit réduit délibérément la durée de vie de son produit dans le but de pousser le consommateur à un nouvel achat. Ça peut être un composant qui est irréparable. Il y a trois types principaux d’obsolescence qu’on distingue :

  • l’obsolescence technique,
  • l’obsolescence logicielle dont on va plutôt parler
  • et l’obsolescence esthétique.

L’obsolescence technique c’est très classique, c’est quand, par exemple, vous avez une pièce d’un produit qui ne fonctionne plus, qui est irréparable ou alors vous ne pouvez pas trouver la pièce détachée, donc là vous n’avez aucun moyen de le réparer.
L’obsolescence esthétique ou culturelle, c’est plutôt quand vous allez avoir des publicités, du marketing, qui vous incitent à renouveler votre produit plus tôt que nécessaire, alors que, par exemple, vous n’avez même pas le produit en panne, mais vous voulez un smartphone avec un écran plus grand, ce genre de choses.
Enfin l’obsolescence logicielle, peut-être que Frédéric pourra en parler un parler un peu plus, c’est quand c’est le logiciel en fait, pas le hardware, pas le matériel, qui est facteur de l’accélération de l’obsolescence du produit, ce qui fait que ça raccourcit la durée de vie du produit.
Il y a beaucoup de débats sur « est-ce que c’est programmé ou pas », mais je pense que ce n’est pas vraiment ça l’important, même si l’obsolescence programmée, vraiment au sens classique du terme, est un délit en France depuis 2015 du coup, nous on a porté deux plaintes pour essayer de punir ce délit. Mais, plus largement en fait, c’est toute la durée de vie des produits qu’il faut allonger, notamment des produits numériques, parce que l’impact environnemental de ces produits se situe surtout à la phase de fabrication. Par exemple pour un smartphone c’est environ 80 % de ses impacts environnementaux qui se situent à la phase de fabrication et non pas à la phase d’utilisation ou de transport. D’où l’importance d’allonger la durée de vie du produit et de ne pas fabriquer des équipements quand ça pourrait être évité.

Étienne Gonnu : En fait mécaniquement, plus longtemps on fait durer un produit moins souvent on en achète, c’est vrai que le lien est direct. Vous parliez de 2015, effectivement la loi la loi transition énergétique. Ce qui est assez intéressant, notamment dans cette définition de l’obsolescence programmée, c’est qu’il y a un amendement, on en parlera, qui vient proposer d’enrichir la définition. En fait il reprend une définition qui avait d’abord été acceptée puis rejetée in fineau moment de la lecture du projet de loi en 2015. On voit quand même les difficultés de faire rentrer ça, de faire rentrer ces considérations dans la loi et d’avoir une politique forte.
Vous parliez d’obsolescence logicielle, peut-être, Frédéric, vous pouvez donner votre définition, votre lecture de cette notion.

Frédéric Bordage : On n’a pas encore de définition totalement arrêtée de l’obsolescence logicielle. Clairement, par contre, on a des constats qui sont avérés aujourd’hui où on constate donc que le logiciel va déclencher l’obsolescence du matériel. On a différents cas qui sont notamment liés aux mises à jour dont on va reparler après dans l’émission j’imagine. Typiquement, pour prendre l’exemple le plus classique parce qu’en fait il y a des dizaines de formes d’obsolescence logicielle, mais pour prendre l’exemple le plus classiquement vécu par les auditeurs et auditrices c’est quand un vendeur de smartphones ne propose plus de mises à jour du système d’exploitation qui permet de faire fonctionner le smartphone. Pour le cas, on s’expose à des failles de sécurité, donc on est obligé d’abandonner un équipement qui fonctionne parfaitement simplement parce que le logiciel qui s’exécute dessus n’est plus mis à jour et qu’on n’a pas envie de se faire voler ses données personnelles par exemple.
A l’inverse, on se retrouve avec des phénomènes, le phénomène d’ « obésitiel » où le smartphone est tellement mis à jour, et notamment avec des mises à jour évolutivess donc qui vont rajouter des fonctionnalités qu’on n’a pas forcément demandées, que petit à petit il s’encrasse et tout ce gras logiciel qui va s’empiler finalement sur le smartphone va tellement le ralentir que même si l’équipement matériel est fonctionnel, l’exécution du logiciel ralentit tellement le matériel qu’on ne peut plus l’utiliser de façon confortable, en fait. Donc ça va nous pousser, de la même façon, à changer de smartphone alors qu’il fonctionne parfaitement.
Le phénomène d’obsolescence logicielle c’est quand un logiciel, pour une raison ou une autre, va finalement déclencher le renouvellement prématuré d’un équipement qui fonctionnait parfaitement avant qu’on mette à jour.

Étienne Gonnu : Très bien. Merci pour ces explications, c’est très clair. J’en tire deux choses. Déjà on voit l’importance et aussi tout l’enjeu d’avoir une maîtrise de son informatique, de la capacité de choisir ou non de mettre à jour, la capacité de pouvoir installer les logiciels que l’on souhaite, le système d’exploitation que l‘on souhaite, finalement du logiciel libre et c’est donc pour ça que l’April aussi s’engage sur ce texte. Et je pense, au-delà de ce texte, une des difficultés qu’on constate souvent sur des sujets techniques c’est aussi comment traduire cela dans un langage juridique, dans une loi qui soit d’application générale. Et là, de ce que je comprends sur l’obsolescence logicielle, on la définit entre les lignes, on la déduit plus qu’on ne l’observe et elle a des facteurs, des aspects très divers que vous avez commencé à évoquer ce qui fait qu’il n’est pas évident d’adresser la question.
Vous parliez, Adèle, Frédéric peut peut-être réagir aussi là-dessus, mais pour revenir un peu au projet de loi, vous parliez de divers aspects d’obsolescence, on constate donc qu’il y a une absence de l’obsolescence logicielle qui n’est pas du tout prise en compte actuellement dans le texte proposé par le gouvernement, par le secrétariat d’État à la Transition écologique. Est-ce qu’on peut, finalement, juste répondre à un aspect d’obsolescence et en ignorer un autre ? J’ai quand même l’impression que tout est absolument intrinsèquement lié. Est-ce qu’on peut adresser l’obsolescence programmée en ignorant sa composante logicielle ? Qu’est-ce que vous en pensez ?

Adèle Chasson : Évidemment non. C’est vrai que le logiciel prend une importance croissante, surtout avec les objets connectés parce qu’on a de plus en plus de logiciels et d’électronique dans des appareils qui n’en avaient pas auparavant, par exemple des frigos qui sont tous connectés en wifi aujourd’hui et tout ça. C’est vrai que le texte ne parle pas du tout d’obsolescence logicielle, il n’y a rien là-dessus, et c’est d’ailleurs ce qu’on essaye de changer en proposant des amendements, en proposant des choses sur l’obsolescence logicielle.
Il n’y a rien directement sur l’obsolescence logicielle, mais elle abordée un peu indirectement par certains articles du texte, notamment l’article 2 qui parle de l’indice de réparabilité. L’indice de réparabilité c’est une note sur 10 qui va être affichée sur tous les produits électriques et électroniques en magasin à partir de 2021, c’est-à-dire, du coup, tout ce qui est électroménager, électronique, donc les lave-linge, ordinateurs, smartphones et tout ça. Quand vous irez en magasin à partir de 2021 vous aurez une note sur 10 qui vous indiquera à quel point votre produit sera réparable ou pas. C’est-à-dire est-ce que vous allez facilement trouver les pièces détachées, est-ce qu’il sera facilement démontable et tout. Et, dans ce cadre-là, pour les appareils comme les ordinateurs portables ou les smartphones, on a essayé, avec Frédéric aussi, de faire en sorte que le logiciel soit pris en compte dans cette note de réparabilité. Voir si on peut notamment installer un logiciel libre, est-ce qu’on peut faire les mises à jour et tout ça. Du coup, indirectement, le logiciel est quand même pris en compte dans la loi.

Étienne Gonnu : Vous offrez une transition, effectivement, on peut rentrer dans le texte et voit cet indice de réparabilité qui va être envoyé, après coup, pour une meilleure définition en décret, donc ce sera une nouvelle étape à suivre. Donc il y a tout un enjeu de s’assurer effectivement que les composantes logicielles soient prises en compte dans cet indice de réparabilité. Frédéric vous aviez peut-être des choses à rajouter ?

Frédéric Bordage : Oui. En fait, quand on regarde le texte actuel de la loi et quand on regarde un petit peu comment le monde politique, en général, s’empare du sujet de l’obsolescence programmée des produits électroniques, ce qu’on constate c’est que l’électronique et l’informatique font encore peur à des non-experts et que le lien qui est très fort entre le logiciel et le matériel, donc le logiciel déclenchant l’obsolescence prématurée du matériel, est encore mal compris et mal perçu finalement par les décideurs politiques qui, c’est normal, ne sont ni experts ni informaticiens et donc pas experts du sujet. Donc aujourd’hui on traite surtout la matérialité, ce qui est perceptible, c’est-à-dire l’objet en lui-même et il y a encore, je pense, un effort important d’éducation des décideurs politiques, tous partis et tous mouvements politiques confondus, pour leur faire comprendre à quel point le logiciel est devenu le déclencheur de l’obsolescence prématurée des équipements.
Aujourd’hui, clairement, il suffit d’appuyer sur un bouton quand on est un grand éditeur ou un grand fabricant, un bouton qui va forcer une mise à jour très grasse, très lourde et qui va faire ralentir des smartphones au point qu’on ne puisse plus les utiliser. C’est ce qu’a reproché par exemple l’Italie récemment. L’Italie récemment a condamné en fait Samsung pour une mise à jour forcée qui ralentissait trop un certain nombre de smartphones et qu’on ne pouvait plus utiliser. Aujourd’hui, clairement, il y a une méconnaissance de ce lien entre le logiciel et le matériel de la part des pouvoirs publics. Il y a besoin, au-delà de tout ce qu’on va dire sur le texte de loi, de continuer à faire prendre conscience et à informer, en fait, les responsables politiques.

Étienne Gonnu : Parfait. Je pense qu’on peut peut-être rentrer et voir ce que vous proposez. Halte Obsolescence Programmée a publié un livre blanc, je crois qu’il y a huit propositions sur l’obsolescence dans son aspect logiciel. Là vous évoquiez, vous en aviez déjà parlé, on peut peut-être rentrer un peu plus dans les détails sur cette proposition de GreenIT, puisque vous évoquiez le gras logiciel, vous parliez d’« obésitiel », et vous aviez évoqué plus tôt, c’est une proposition que vous portez, la distinction entre ce qui serait les mises correctives, donc nécessaires et les mises à jour évolutives. Là on voit aussi très bien l’intérêt, j’y reviens, notamment du logiciel libre qui permet finalement de garder la main sur les mises à jour que l’on souhaite faire, même si encourager effectivement au mieux les mises à jour correctives, avoir une information et être en mesure de faire ce choix de manière éclairée. Est-ce que vous souhaitez détailler un peu plus cette question ?

Adèle Chasson : Effectivement c’est une proposition qu’on a portée dans notre livre blanc, qui est paru en avril de cette année, où on a 50 propositions pour une consommation, une production, plus durables où, du coup, on fait des propositions à tous les échelons, local, national et européen. On a toute une partie sur l’obsolescence logicielle parce que pour nous c’est un sujet important et cette partie on y a travaillé notamment avec Frédéric Bordage qui fait partie de notre comité d’experts parce que, comme on touche à beaucoup de sujets, l’obsolescence c’est très large, on travaille avec des experts qui nous permettent d’affiner nos propositions.
C’est vrai que c’est peut-être un peu difficile à comprendre quand on ne connaît pas vraiment le sujet, c’est aussi pour ça qu’on travaille avec des experts, mais je pense que tout le monde connaît la situation de faire une mise à jour, enfin d’être forcé en fait de faire une mise par exemple sur son smartphone, et ensuite de constater que la batterie se décharge plus vite, que les applications s’ouvrent plus lentement et effectivement, comme le disait Frédéric, il y a vraiment une grogne par rapport à ces situations et au-delà de la France même où on a, en Italie, la condamnation de Apple et Samsung pour les mêmes faits et une plainte en France pour obsolescence programmée contre Apple qui a été déposée par HOP, pour laquelle on a reçu plus de 14 000 témoignages. Donc il y a quand même vraiment un mouvement pour des produits plus durables et plus réparables et une vraie frustration des consommateurs.
L’idée de cette proposition c’est de faire en sorte qu’on puisse, en fait, déjà être informé des conséquences qu’une mise à jour peut avoir sur le fonctionnement de l’appareil, donc de savoir si la mise à jour qu’on va faire va potentiellement ralentir notre téléphone, c’est quand même le moindre des choses quand on achète un appareil d’être informé de ça, et ensuite de vraiment obliger les éditeurs de logiciels à dissocier deux types de mises à jour : comme le disait Frédéric, les mises à jour correctives qui corrigent des failles de sécurité, qui sont nécessaires pour protéger ses données personnelles et tout ça, et les mises à jour plutôt évolutives, donc de confort, qui vont apporter des nouvelles fonctionnalités, par exemple revoir le design du système d’exploitation, ajouter des nouvelles fonctionnalités. Frédéric, peut-être si tu veux compléter ou préciser certaines choses que j’ai dites.

Frédéric Bordage : Oui. En fait, ce qu’on demande concrètement, c’est que les mises à jour correctives soient distinguées clairement des mises à jour évolutives et notamment que les mises à jour évolutives soient dans un système qu’on appelle le double opt-in, c’est-à-dire qu’on demande le consentement systématique de l’utilisateur avant toute installation d’une mise à jour évolutive, ce qui fait que ça permettrait aux utilisateurs de choisir eux-mêmes d’engraisser leur système d’exploitation au point que ça le fasse ramer ou pas. L’idée c’est simplement qu’on puisse maîtriser son smartphone, son ordinateur portable, et qu’on puisse maîtriser les mises à jour de confort. C’est pour ça qu’on tient absolument à ce qu’il y ait un consentement systématique de l’utilisateur, ce qui fait, après, cette grogne dont parlait Adèle avec 14 000 personnes qui sont revenues vers nous. Après on choisit en fait, on choisit de diminuer volontairement la durée de vie de son smartphone ou pas, concrètement. Compte-tenu du code de la consommation, on devrait être informé systématiquement quand la nature du logiciel est changée par une mise à jour. Ça devrait être un minimum aujourd’hui, en 2019, compte-tenu du droit de la consommation.

Adèle Chasson : Si je peux juste ajouter quelque chose, je pense que le problème des smartphones en particulier, c’est que ce sont vraiment les cumulards de l’obsolescence programmée. Comme je le disais tout à l’heure il y a trois types d’obsolescence : l’obsolescence technique, la plus classique du terme quand quelque chose ne fonctionne plus, logicielle et esthétique. Et pour les smartphones on peut avoir vraiment les trois types, c’est-à-dire, par exemple, une difficulté à réparer : une batterie qui est soudée, qui est très difficile à remplacer ou alors un écran qui coûte 600 euros à réparer comme c’est le cas pour les derniers iPhones ; une obsolescence logicielle, quand on fait une mise à jour qui va être lente, et pile au moment où on fait une mise à jour on va avoir une énorme publicité qui va nous vanter la rapidité et le design des nouveaux smartphones. Forcément tout est un peu fait pour nous pousser au renouvellement un peu prématuré de notre appareil.

Étienne Gonnu : C’est intéressant ce que vous dites. On voit aussi à quel point, finalement, ces formes d’obsolescence sont très liées. L’aspect logiciel, mais des nouvelles fonctionnalités logicielles vont pouvoir, peut-être amener un biais culturel ou une incitation, on va dire, par mimétisme ou parce qu’un nouveau service et nos proches l’utilisent également, on va être incité et ainsi de suite à toujours, finalement, rajouter du gras numérique comme l’évoquait Frédéric Bordage. On voit à nouveau l’importance d’éduquer et de garantir la liberté informatique et le fonctionnement. Là on voit que, comme pour beaucoup de choses, le savoir est une forme de pouvoir et c’est comme ça qu’on peut s’assurer d’avoir une gestion responsable et réellement maîtrisée. On est avec une vraie connaissance des implications de nos pratiques.
On reviendra peut-être sur un autre aspect qui serait plutôt on va dire l’obsolescence introduite dans les produits, mais là on voit aussi vraiment l’aspect systémique où est toujours poussé à la consommation, où il y a une accélération toujours plus poussée, mais qui est assez inhérente, peut-être, au système économique tel qu’il fonctionne. On voit l’importance et la manière, grâce à la liberté informatique, de pouvoir reprendre possession et reprendre la maîtrise de nos outils.

Je vous propose de faire une petite pause musicale avant de voir les autres propositions, les autres amendements portés par les sénateurs. On vous laisse avec Kellee Maize, 2012.

Pause musicale : 2012 par Kellee Maize.









Nous allons faire une pause musicale

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons écouter Seven Sisters par Bert Jerred et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Seven Sisters par Bert Jerred.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Seven Sisters par Bert Jerred, musique libre disponible sous licence libre Creative Commons Attribution. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune sur 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
Nous allons passer sujet suivant.

[Virgule musicale]

1 h 08’ 38 Chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet sur le concours mondial de photos libres Wiki Loves Monuments 9 min 25 s

Frédéric Couchet : Textes, images, vidéos ou bases de données, sélectionnés pour leur intérêt artistique, pédagogique, insolite, utile, Jean-Christophe Becquet nous présente une ressource sous une licence libre. Les auteurs à l’origine de ces pépites ont choisi de mettre l’accent sur les libertés accordées à leur public, parfois avec la complicité du chroniqueur. C’est donc la chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, président de l’April. Bonjour Jean-Christophe.

Jean-Christophe Becquet : Bonjour.

Frédéric Couchet : Aujourd’hui tu vas nous parler du concours mondial de photos libres Wiki Loves Monuments.

Jean-Christophe Becquet : Oui ! Wiki Loves Monuments est, comme tu l’as dit, un concours mondial de photos libres qui se déroule pendant tous le mois de septembre. Il porte sur le patrimoine architectural et vise notamment à illustrer les articles de l'encyclopédie libre Wikipédia.

Le concours, initié en 2010 aux Pays-Bas, a été officiellement reconnu comme le plus grand concours de photographie du monde en 2012. Il se décline aujourd'hui dans 48 pays et a déjà permis d'enrichir la médiathèque libre Wikimedia Commons de plus d'un million et demi d'images partagées par 60 000 contributeurs.
Dans chaque pays participant, un jury choisit les dix meilleures photos qui participent ensuite à la sélection mondiale.

En France, l'édition 2019 porte sur quelque 200 000 bâtiments et autres trésors du patrimoine. Le site du concours donne la liste des monuments éligibles que l'on peut localiser sur une carte. Il suffit de zoomer sur votre commune pour trouver les monuments à photographier autour de chez vous. N'hésitez pas à profiter des Journées européennes du patrimoine pour participer à votre tour. Vous pouvez prendre de nouvelles photos ou fouiller vos disques durs pour sélectionner vos meilleurs clichés. Il suffit ensuite de les partager sous licence libre Creative Commons CC BY-SA (Attribution – Partage à l'identique). Il n'est pas obligatoire que les photos aient été prises en septembre. C'est la date de dépôt sur Wikimedia Commons qui fait foi. Aussi n'oubliez pas, vos anciennes photos sont également éligibles.

Chaque contributeur peut soumettre plusieurs photos, il n'y a pas de limitation.

Wiki Loves Monuments a reçu le soutien de l'UNESCO qui souhaite encourager la création de contenus sous licence libre.
Dans le cadre des Journées européennes du patrimoine l'association Wikimédia France tiendra un stand à la Maison de l'UNESCO, ce week-end, samedi 21 et dimanche 22 septembre, de 10 heures 30 à 18 heures. Ils invitent le public à « devenir acteur de la promotion et de la protection du patrimoine de manière ludique ». Si vous êtes sur Paris, n'hésitez pas à venir à leur rencontre.

Au printemps a lieu un autre concours, Wiki Loves Earth. Celui-ci, consacré au patrimoine naturel, se déroule chaque année en mai. En attendant de connaître les finalistes du millésime 2019 Wiki Loves Earth, on peut déjà parcourir les photos gagnantes de l'édition française et de plusieurs autres pays. Vous pouvez me croire, on y trouve plusieurs pépites !

Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe. On va indiquer que le site de Wiki Loves Monuments est wikilovesmonuments tout attaché point fr. C’est bien ça ?

Jean-Christophe Becquet : Exact, pour l’édition française.

Frédéric Couchet : Pour l’édition française parce que c’est une édition mondiale et c’est important effectivement, le site précise quels monuments sont éligibles. Tiens, je vais poser une question : est-ce que tous les monuments sont éligibles avec notamment les questions de droit des photographes ou des éclairages ? Est-ce que tous les monuments sont éligibles à ce concours ?

Jean-Christophe Becquet : Éligibles au concours au sens où effectivement on souhaite avoir des photos libres du plus grand nombre possible de monuments, mais les organisateurs du concours précisent très bien que des contributeurs doivent vérifier les autres droits attachés aux photos qui sont soumises dans le cadre du concours. Effectivement, en France il n’y a pas ce qu’on appelle la liberté de panorama qui permet d’avoir le droit de photographier des bâtiments dont les droits de l’architecte ou d’éclairage, comme dans le cas de la Tour Eiffel à Paris, sont protégés. Ça, effectivement, c’est une restriction sur les contributions possibles.
Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui il y a un très grand nombre de bâtiments qui ne sont plus protégés par des droits et qu’on peut aller librement photographier pour illustrer Wikipédia et contribuer au concours Wiki Loves Monuments.

Frédéric Couchet : On peut contribuer jusqu’à quelle date ?

Jean-Christophe Becqquet : C’est tout le mois de septembre, jusqu’au dernier jour de septembre à minuit. Comme je l’ai dit c’est la date de dépôt, la date de mise en ligne des photos dans le cadre du concours qui fait foi. Même si on a des photos qui datent d’il y a quelques années ou qui ont été prises à une autre saison, on peut tout à fait les soumettre, la seule condition c’est de respecter le délai de mise en ligne dans le cadre du concours avant le 30 septembre à minuit.

Frédéric Couchet : D’accord. Peut-être une question piège parce que je ne sais pas si tu sais, mais qui sont les membres du jury qui vont choisir ces dix meilleures photos ?

Jean-Christophe Becquet : Pour l’édition française, le jury est composé d’experts, de contributeurs à Wikipédia experts en patrimoine, de photographes professionnels et je crois qu’il y a également le ou des vainqueurs de précédentes éditions du concours Wiki Loves Monuments.

Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que toi, à titre personnel, tu as déjà participé ? Tu vas participer ?

Jean-Christophe Becquet : Non, je n’ai jamais participé, je ne suis pas photographe. Par contre, à plusieurs reprises, j’ai utilisé des photos de ces concours Wiki Loves Monuments et Wiki Loves Earth pour illustrer des activités, des conférences. Pour la précédente édition Wiki Loves Earth, avec la médiathèque de ma ville Digne-les-Bains, on a accompagné des publics de la médiathèque à participer au concours et là, à nouveau pour l’édition Wiki Loves Monuments, des personnes présentes à Digne qui voudraient participer au concours mais qui ne maîtrisent pas la mise en ligne de leurs photos, les questions de licence, etc., peuvent venir à la médiathèque pour être aidées, pour être accompagnées dans leur participation au concours.

Frédéric Couchet : D'accord. Donc comme tu l’as dit tout à l’heure il y a une présentation qui a lieu par Wikipédia France qui est la structure qui organise ce concours à la Maison de l'UNESCO qui est à Paris, donc ce week-end samedi 21, dimanche 22 septembre. On rappelle que c’est aussi dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. Je suppose qu’il y a d’autres évènements qui se passent dans d’autres régions et qui doivent être annoncés sur le site de l’Agenda du libre, agendadulibre.oprg.

Jean-Christophe Becquet  : Oui, tout à fait. En France je n’en ai pas vu pour Wiki Loves Monuments, mais j’ai vu qu’en Italie, par exemple, de plus en plus de territoires s’emparent de ce concours Wiki Loves Monuments pour organiser des éditions locales qui donnent lieu, ensuite, à des petites remises de prix, à des expositions locales. Les concours, en fait, s’imbriquent les uns dans les autres par territoires croissants, c’est-à-dire qu’on a d’abord les éditions locales – nous à Digne, on avait organisé un Wiki Loves Earth sur la région Sud PACA – ensuite les concours nationaux, Wiki Loves Monuments France, Wiki Loves Monuments Espagne, Italie, etc., et ensuite le concours mondial. L’objectif, en fait, c’est d’encourager le plus grand nombre de contributeurs à participer à ce concours.

Frédéric Couchet : Je précise que pour les contributeurs ou contributrices francophones, sur le site wikilovesmunments.fr il est indiqué qu’il y a aussi des actions en Tunisie, au Maroc, en Algérie ainsi qu’au Canada. Donc il y a un lien qui permet de voir si le pays participe à cet évènement, à ce concours mondial de photos libres. Donc wikilovesmonuments.fr.
Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose, cher Jean-Christophe.

Jean-Christophe Becquet : Non. C’est tout pour aujourd’hui, merci.

Frédéric Couchet : D'accord. On se retrouve le mois prochain pour la prochaine chronique «  Pépites libres ». Je te souhaite une belle journée.

Jean-Christophe Becquet : Entendu. Merci. Belle journée à tous les auditeurs et auditrices. Au revoir.

Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

1 h 18’ 13 Annonces 11 min 44 s

Frédéric Couchet : On a un peu de temps parce qu'on est un petit peu en avance. Donc les annonces. D'abord, je vais répondre aux questions du quiz. Parce que évidemment si j'oublie les réponses... Donc la première question c'était : Lors de l'émission du 10 septemnbre 2019, nous avions évoqué une nouvelle école d'informatique conçue avant tout par des femmes et qui s'adresse aux femmes post-bac. La question c'était : Quel est le nom de cette école ? Et bien le nom c'est : Ada Tech School. Le site web c'est, ada-school.com. Ça se passe en France, je crois de mémoire que c'est à Paris. Et j'en profite pour signaler d'ailleurs concernant Ada donc Ada Lovelace qui est la première programmeuse de l'histoire, le livre de Catherine Dufour qui s'intitule Ada ou la beauté des nombres et je pense qu'on va envoyer une invitation prochainement une invitation à Catherine Dufour pour venir nous parler un petit peu de Ada Lovelace.

La deuxième question concernait le sujet du jour : l'économie circulaire, l'obsolescence programmée, la durée de vie, la réparabilité de nos outils informatiques. Et la question c'était : nous vous avions présenté il y a quelques mois, des projets libres visant à rendre des terminaux mobiles non seulement plus libres mais aussi plus durables et on vous demandait si vous pouviez en citer un ou deux de ces projets. C'était dans l'émission du 6 novembre 2018. Le podcast et la transcription sont en ligne sur le site de l'april, april.org et sur causecommune.fm. Et parmi ces projets notamment, il y a : LineageOS, Replicant, il y a le Fairphone, Librem donc qui sont à la fois du matériel du logiciel libre. Donc écoutez l'émission du 6 novembre 2018 et vous en saurez plus sur ces outils libres.

Je vais continuer ensuite... D'abord, avant les annonces, dans le premier sujet du jour, Marie-Odile nous a parlé de textes de Richard Stallman qui est une des personnes à lorigine du mouvement du logiciel libre dans les années 80. Qui est fondateur et qui était jusqu'à tout récemment toujours président de la fondation pour le logiciel libre. Je disais dans le sujet que Richard Stallman est dans l'actualité depuis ce week-end mais pas pour de bonnes raisons. Il a été annoncé hier soir la démission de Richard Stallman de son poste de président de la fondation pour le logiciel libre. Cela fait suite à des publications d'échanges de courriels sur une liste interne du MIT. Une université et institut de recherche américain dans lequel Richard Stallman a travaillé dans le passé, dans lequel il a toujours un bureau. Ces échanges porte sur les conséquences de l'affaire Jeffrey Epstein donc le traffic de personnes mineures. Conséquences au MIT notamment l'implication d'un ancien collègue de Richard Stallman : Marvin Minsky, grand scientiique américain et qui a travaillé de très nombreuses années au MIT. Je crois que de mémoire, il dirigeait le laboratoire d'intelligence artificielle. À noter que Marvin Minsky et Jeffrey Epstein sont tous les deux décédés. Jeffrey Epstein récemment en août 2019 et Marvin Minsky en 2019. Donc des échanges de courriels qui ont générés un certain nombre de réactions. La fondation pour le logiciel libre n'a pas donné de détails concernant la démission de Richard Stallman et on va éviter de réagir à chaud. Mais, nous publierons une réaction sur notre site. Et en attendant, si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à consulter l'article du monde publié aujourd'hui qui relate l'affaire avec les extraits d'échanges, les articles de presse américains, la façon dont ils ont relayés l'information. Donc c'est sur le site du monde.fr. Je n'ai pas en tête le titre de l'article mais je crois que ça fait la une en tout cas, c'est sur la page d'accueil du monde. Donc voilà, nous ferons une réaction écrite sur le site de l'April et je vous en parlerai sans doute la semaine prochaine.

Alors je regarde le temps, il reste encore quelques minutes pour des annonces. D'abord, Paris Open Source Summit se déroule à Paris le 10 et 11 décembre 2019. Plus précisément à Aubervilliers aux docks Pullman. L'appel à conférences est ouvert donc vous pouvez proposer des conférences pour cette édition de Paris Open Source 2019, 10 et 11 décembre. Alors le 10 décembre étant un mardi, il est fort possible que nous diffusions en direct l'émission Libre à vous ! depuis Paris Open Source Summit. Nous vous confirmerons ça rapidement. Toujours dans les appels à conférences, il y a le capitole du libre qui se déroule à Toulouse les 16 et 17 novembre. L'appel à propositions de conférences et de stands est également ouvert jusqu'au 6 octobre 2019. J'en profite pour rappeler que le même week-end, les 16 et 17 novembre, il y a à Paris l'Ubuntu Party donc bientôt il y aura aussi l'appel à propositions de conférences et de stands. En ce moment se déroule également la fête des possibles du 14 au 29 septembre. Alors, c'est des organisations de la transition. Des centaines de rendez-vous sont prévus en France pour rendre visible des initiatives locales qui embellissent la société et construisent un avenir plus durable et solidaire. Le mot d'ordre de cette fête c'est : «C'est possible». C'est possible de manger bio et à moindre coût, c'est possible de se déplacer au quotidien sans polluer, c'est possible d'utiliser des logiciels libres. Donc évidemment, il y a des événements de sensibilisation au logiciel libre qui sont organisés. Le site c'est : fete-des-possibles.org. À Nantes cette semaine, se déroulent les rencontres régionales du logiciel libre donc le 19 septemnbre. Ces rencontres s'adressent aussi bien aux services informatiques qu'aux services métiers notamment donc des collectivités qui trouveront des réponses à leurs problématiques techniques et besoins fonctionnels. Le site c'est sur alliance-libre.org qui est un regroupement d'entreprises du logiciel libre sur la région Nantaise. Ça se passe le 19 septembre à Nantes. Cette semaine encore, jeudi soir, il y a la soirée de contribution au libre à la FPH à Paris dans le 11e et c'est également la réunion du groupe de travail sensibilisation dans le cadre de cette soirée de contribution au libre donc c'est à partir de 19 heures 30 à la FPH dans le 11e. Et le même soir, à Montpellier, il y a un apéro April qui est organisé par Montpel'libre. Je précise d'ailleurs que Montpel'libre qui est un groupe d'utilisateurs et d'utilisatrices de logiciels libres de Montpellier seront nos invités pour une interview téléphonique la semaine prochaine donc dans l'émission du 24 septembre. Évidemment, tous ces événements sont annoncés sur le site de l'April, april.org et également sur le site de L'agenda du libre

Alors je poursuis dans les annonces, cette semaine il y en a beaucoup mais comme on a le temps, ça va. Ce n'est pas juste pour combler. On m'a signalé sur le salon Web, la semaine québécoise de l'informatique libre dans la région de Montréal du 21 au 29 septembre 2019. Donc pareil, les informations sont sur le site de l'April. Donc ça dure plus d'une semaine avec des événements de sensibilisation au logiciel libre autour de Montréal et c'est organisé par l'association qui s'appelle FACIL qui sont des camarades, un petit peu comme l'April en France.

Alors, est-ce que il y a d'autres annonces ? Oui ! Je vais en faire une petite rapide. Alors, je me mets simplement sur la bonne page pour le pas me tromper. Elle est où ? Voilà. Associations, si vous voulez tester un logiciel libre pour faciliter la valorisation du bénévolat et bien a été lancé il y a quelques jours Bénévalibre donc un logiciel libre destiné à faciliter la valorisation du bénévolat dans les associations avec notamment à l'initiative le CRAJEP, Comité Régional des Associations de Jeunesse Éducation Populaire de Bourgogne-Franche-Comté avec le soutien de la région Bourgogne-Franche-Comté, de la fondation du crédit coopératif avec les conseils et l'appui technique de Framasoft et de l'April. Le développement a été confié à une entreprise du logiciel libre du Nord qui s'appelle Cliss XXI. Donc le site Web c'est, benevalibre.org et nous aurons la semaine prochaine si je ne me trompe pas, une interview de Laurent Costy qui a piloté ce projet donc dans l'émission du 24 septembre 2019.

Je crois que j'ai fait le tour des annonces. Si vous pensez que j'en ai oublié, elles sont sur le site, agendadulibre.org. Je vérifie sur le salon Web si on me signale quelque chose, non à priori. Ah oui ! On me signale simplement que l'article du monde, le titre de l'article du monde dont je parlais tout à l'heure c'est : Richard Stallman, précurseur du logiciel libre, démissionne du MIT et de la Free Software Foundation donc de la fondation pour le logiciel libre en bon Français.

Notre émission se termine. Je remercie les personnes qui ont participé à l'émission : Marie-Odile Morandi, Adèle Chasson, Frédéric Bordage, Étienne Gonnu, Jean-Christophe Becquet. Je remercie également Isabella Vanni qui a assuré la régie ce matin lors de l'enregistrement du sujet sur l'’obsolescence programmée. Vous retrouvez sur notre site web april.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm. Évidemment, n'hésitez pas à nous faire des retours pour nous indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d'amélioration. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l'adresse courriel libreavous@april.org. «libreavous» tout attaché. Nous vous remercions très sincèrement d'avoir écouté l'émission. Si vous avez aimé cette émission, n'hésitez à en parler le plus possible autour de vous. La prochaine émission aura lieu en direct mardi 24 septembre 2019 à 15 heures 30 et ce coup-ci, ça sera totalement en direct. Notre sujet principal portera sur OpenStreetMap, le projet de cartographie du monde de manière libre et coopératif. C'est la deuxième émission consacrée à ce sujet-là. N'hésitez pas à nous envoyer des questions avant l'émission que ce soit par courriel, sur les réseaux sociaux, sur le salon web de l'émission, par tous les moyens que vous voulez. Christian Quest sera notre invité pour nous parler d'OpenStreetMap y répondra avec plaisir. Nous vous souhaitons de passer une très belle fin de journée. On se retrouve donc en direct mardi 24 septembre et d'ici là, portez-vous bien.