Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 16 avril 2019 »

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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Bonjour à tous.
 
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Bonjour à tous.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Quel est le sujet dont tu souhaites nous parler aujourd’hui ?
  
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Le sujet de cette nouvelle chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » m’est venu suite à une situation que j’ai vécue récemment, pas sur Internet mais dans une banque. On m’a demandé de signer un document… j’avais la personne en face qui me pressait comme si c’était banal… Et le lendemain, après réflexion je me suis dit que ce qui m’avait été demandé était intrusif, concernait ma vie privée et j’ai repensé à la réflexion qu’on entend encore bien trop souvent « je n’ai rien à cacher ».<br/>
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Diverses conférences ont été transcrites par notre groupe avec dans leur intitulé cette affirmation et vous retrouverez tous les liens sur le site de l’April, sur la page de références concernant cette émission.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Quelle est la conférence la plus ancienne que le groupe Transcriptions ait transcrite avec ces mots dans son intitulé « je n’ai rien à cacher » ?
  
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Déjà en 2013, lors de l’évènement Pas Sage en Seine, une personne dont le pseudo est Numendil avait tenu une conférence intitulée « Si, vous avez quelque chose à cacher ».<br/>
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Il nous montre qu’il est très difficile de définir ce qu’est la vie privée, qui dépend de nombreuses variables si bien que chacun d’entre nous aura sa propre définition et toutes ces définitions seront différentes.<br/>
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Il rappelle que quand on dit : « moi j’ai des choses à cacher », il nous est répondu « c’est que tu es un terroriste, un pédophile, voire les deux » Bien entendu, comme l’idée même de ces crimes est révoltante, il sera facile pour les gouvernements d’expliquer que la vie privée, eh bien on la met au second plan. On en arrive à une société de surveillance généralisée avec, comme conséquence, une évolution de l’État policier au fur et à mesure des années.<br/>
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Numendil nous indique comment il a pu, presque par jeu, connaître la vie complète d’une personne et donc combien ce sera facile pour d’autres entités.<br/>-
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Ses conclusions sont qu’il faut une sensibilisation dès le plus jeune âge, une éducation au numérique ; qu’il faudrait plus de transparence de la part des sites qu’on consulte concernant la récupération de nos données et qu’il faudrait expliquer au public que la nécessité de lire les fameuses CGU, les conditions générales d’utilisation, avant de cliquer sur le bouton « OK » est très importante.<br/>
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Je vous laisse lire la transcription de cette conférence, je le rappelle de 2013, avec en particulier une actualité de l’époque concernant la reconnaissance faciale dans le métro pour repérer les personnes ayant un comportement suspect. L’actualité récente, certes dans le registre de la publicité ciblée dont il est aussi fait mention dans la conférence, a pointé les fameux panneaux publicitaires dans les couloirs du métro qui diffuseront des messages différents selon les heures de la journée en fonction du profil des usagers. Cela ne manque pas de laisser perplexe…
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça c’est la plus ancienne conférence. Par la suite quelles conférences ont été transcrites ?
  
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Diverses conférences ont été transcrites par la suite, en particulier en 2015 car plusieurs conférences se sont tenues sur ce sujet. 2015 est l’année qui correspond à la discussion de la loi renseignement au Parlement et à sa promulgation.<br/>
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Nous avons transcrit la conférence de Julien Vaubourg, alors doctorant dans une équipe de recherche, et qu’il a donnée loirs d’un séminaire à Nancy.
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Il aborde la question de façon provocatrice en disant : je n’ai rien à cacher donc j’ai donné à Google une licence de reproduction, de modification, d’affichage, de distribution de tous les contenus que je lui fournis. Quand j’envoie un message sur Gmail, Google en fait ce qu’il veut parce que je l’ai accepté : il a le droit de lire, d’interpréter, de recopier, de distribuer les informations. J’ai accordé à Facebook une licence non-exclusive, transférable, des contenus que je publie. » Il nous rappelle que certes sur Facebook on peut effacer des contenus sauf ceux qui sont partagés par d’autres, l’essence même d’un réseau social !<br/>
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Il nous invite à réfléchir avec cette question : « Sommes-nous prêts à assumer dans dix ans ce que nous faisons aujourd’hui ? », mentionnant le conseil du PDG de Google : « Si nous souhaitons que personne ne soit au courant de certaines choses que nous faisons peut-être ne faudrait-il pas les faire, tout simplement ! »<br/>
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Il nous rappelle qu’une analyse de 2008 du principal fichier policier français comportait de nombreuses erreurs dues à des fautes de frappe, à des homonymies, qu’il faut se méfier de cette surveillance de masse dont on fait l’objet au quotidien et qui risque de nous mettre en péril.<br/>
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Surtout il s’inquiète de la façon dont évoluera la société et à quoi ressembleront nos lois dans 20 ans. « Certes, dit-il, peut-être que j’ai confiance dans mon gouvernement actuel, mais qu’en sera-t-il des gouvernements qui suivront et des gouvernements étrangers ? » Son opinion est qu’il faut toujours garder une certaine latitude pour que la population puisse ne pas respecter totalement la loi, puisse faire un pas de travers pour se rebeller si ça part dans le mauvais sens, pour que la loi puisse évoluer, qu’elle ne soit pas morte. N’est-ce pas cela la démocratie ?<br/>
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Je vous invite aussi à lire la transcription des questions du public et des réponses apportées par Julien Vaubourg lors de cette conférence. Le lien est sur la page des références concernant notre émission.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça c’était en 2015 et toujours en 2015 il y a une conférence de Laurent Chemla à Pas Sage en Seine.
  
Nous allons faire maintenant une pause musicale. Le titre a été choisi par l’un de nos invités qui intervient tout à l’heure ; le titre s’appelle <em>Clémentines</em>, l’artiste c’est Löhstana et on se retrouve juste après.
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Oui, et qui était intitulée « Rien à cacher – Vie privée : guide de survie en milieu hostile ». Pour Laurent Chemla, le milieu hostile c’est notre famille, nos amis, les personnes avec qui nous sommes en relation.<br/>
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Laurent nous rappelle que ce sujet n’est pas très récent, il en parlait déjà en 2004. Il constate lui aussi que personne n’a jamais vraiment défini ce qu’est la vie privée et il nous demande de ne pas confondre privé et secret, je vous laisse aller lire ses explications.<br/>
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Pour Laurent, cela fait une trentaine d’années que la vie privée a perdu de son importance dans l’esprit du public ; il cite tour à tour les émissions de télé-réalité, les babyphones, la vidéoconférence ainsi que la sémantique avec l’exemple du mot « vidéosurveillance » qui devient « vidéo protection ».<br/>
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Laurent indique qu’une façon de convaincre son interlocuteur qu’il a bien quelque chose à cacher sera de lui marteler :« Si toi tu considères que tu n’as rien à cacher, moi j’ai des choses à cacher. Donc en te protégeant, tu protèges aussi ton entourage dont je fais partie. »<br/>
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Mais pour Laurent ce qui est plus grave, c’est qu’avec cette surveillance constante, on ne se sent plus libre, on n’agit plus de la même façon non seulement physiquement mais dans sa façon de penser. On adopte un conformisme qui nous est imposé, on ne se démarque plus. Il n’y a plus de confrontation des idées, tout le monde adopte les mêmes. « Il n’y aura plus de démocratie, nous dit-il, mais un semblant de démocratie. Certes on ira toujours voter, mais pour quoi ? Aura-t-on encore le choix ? »<br/>
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Laurent est bien conscient qu’il donne cette conférence devant un public de convaincus, le public de PSES. Il nous propose des pistes, que je vous engage à lire, car selon lui faudra beaucoup de travail et de temps pour faire en sorte que les gens se sentent concernés, pour que la vie privée retrouve de sa valeur auprès du public.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu cites Pas Sage en Seine. Pas Sage en Seine c’est à Choisy-le Roi près de Paris et la prochaine édition arrive dans quelques mois, je n’ai pas les dates en tête, mais c’est sans doute juin 2019. Le site c’est passageenseigne.org, « passageenseine » tout attaché. Dernière question : Laurent Chemla ne te semble-t-il pas un peu pessimiste sur le sujet ?
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Oui, il me semble un peu pessimiste même si lui dit qu’il est optimiste. Il est optimiste surtout parce que nous parlons de cette question-là et qu’il y a des conférences concernant ce sujet.<br/>
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Pour terminer sur quelque chose d’un petit peu plus léger dans son expression, je souhaitais terminer en voua parlant de la transcription d’un podcast enregistré en 2016 et intitulé « Je n’ai rien à cacher – Conversation entre 4 assos du Libre », « Partage d’arguments pour répondre au fameux « je n’ai rien à cacher ».<br/>
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Le thème est traité de façon plus légère et plus accessible, mais de façon tout aussi percutante, les exemples choisis allant du journaliste qui veut protéger ses sources aux ados qui ne souhaitent pas que leurs parents ou leurs profs sachent ce qu’ils partagent avec leurs amis. Je vous laisse prendre connaissance de ces divers exemples.<br/>
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Il nous est aussi redit que les bases de données dans lesquelles chacun d’entre nous se retrouve de nombreuses fois sous de nombreuses formes ne sont pas du toutes fiables, qu’il y a des homonymies, des risques d’usurpation d’identité.<br/>
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Les mœurs changent. L’évolution vers des systèmes autoritaires est en marche. Nous risquons demain d’être fichés demain comme ayant eu des comportements qui ne sont plus tolérés. Avec comme conclusion ce cet échange entre 4 assos du Libre : « Peut-être qu’on n’a rien à cacher, mais on a des choses à protéger. »
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<b>Frédéric Couchet : </b>Pour conclure tu encourages les personnes à relire ces transcriptions dont les références sont sur le site de l’April, april.org, c’est bien ça ?
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Effectivement, j’encourage les auditeurs et les auditrices à relire ces transcriptions afin de garder à l’esprit et à tout moment ce dont il est question et d’être en capacité de réfléchir. Il en va effectivement de la protection de notre vie physique, de notre vie numérique et, comme cela a été souligné plusieurs fois, de notre démocratie.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Écoute merci Marie-Odile pour cette nouvelle chronique intitulée « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture ». Les références sont sur le site de l’April, april.org. Marie-odile je te souhaite de passer une belle journée, on se retrouve le mois prochain.
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Entendu. À la prochaine fois.
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<b>Frédéric Couchet : </b>À la prochaine. Nous allons faire maintenant une pause musicale. Le titre a été choisi par l’un de nos invités qui intervient tout à l’heure ; le titre s’appelle <em>Clémentines</em>, l’artiste c’est Löhstana et on se retrouve juste après.
  
 
Pause musicale : <em>Clémentines</em> par Löhstana.
 
Pause musicale : <em>Clémentines</em> par Löhstana.

Version du 18 avril 2019 à 10:45


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 16 avril 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : Marie-Odile Morandi - Angie Gaudion - Denis Dordoigne - Christian Pierre Momon - Noémie Bergez - Frédéric Couchet

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 16 avril 2019

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou télécharger le podcast

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Statut : Transcrit MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur libre préféré, rendez-vous sur le site de la radio et rejoignez-nous sur le webchat consacré à l’émission.
Nous sommes mardi 16 avril 2019, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’April c’est april.org, a, p, r, i, l, point org et vous y retrouvez déjà une page consacrée à cette émission avec un certain nombre de références, qui sera mise à jour après l’émission. Je vous souhaite une excellente écoute.

Nous allons passer maintenant au programme de l’émission.
Nous commencerons dans quelques secondes par la chronique de Marie-Odile Morandi intitulée « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture ». Marie-Odile est avec nous avec nous par téléphone, on la retrouve d’ici quelques secondes.
D’ici une quinzaine de minutes notre sujet principal portera sur les CHATONS, le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires et je présenterai mes invités à ce moment-là.
En fin d’émission nous aurons la chronique juridique de Noémie Bergez intitulée In code we trust.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui Patrick Creusot, bonjour Patrick, avec l’aide d’Isabella Vanni ma collègue de l’April.

1’ 41 chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture Podcast

Frédéric Couchet : Nous allons commencer tout de suite par une intervention de Marie-Odile Morandi pour sa chronique intitulée « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture ». Marie-Odile bonjour.

Marie-Odile Morandi : Bonjour à tous.

Frédéric Couchet : Quel est le sujet dont tu souhaites nous parler aujourd’hui ?

Marie-Odile Morandi : Le sujet de cette nouvelle chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » m’est venu suite à une situation que j’ai vécue récemment, pas sur Internet mais dans une banque. On m’a demandé de signer un document… j’avais la personne en face qui me pressait comme si c’était banal… Et le lendemain, après réflexion je me suis dit que ce qui m’avait été demandé était intrusif, concernait ma vie privée et j’ai repensé à la réflexion qu’on entend encore bien trop souvent « je n’ai rien à cacher ».
Diverses conférences ont été transcrites par notre groupe avec dans leur intitulé cette affirmation et vous retrouverez tous les liens sur le site de l’April, sur la page de références concernant cette émission.

Frédéric Couchet : Quelle est la conférence la plus ancienne que le groupe Transcriptions ait transcrite avec ces mots dans son intitulé « je n’ai rien à cacher » ?

Marie-Odile Morandi : Déjà en 2013, lors de l’évènement Pas Sage en Seine, une personne dont le pseudo est Numendil avait tenu une conférence intitulée « Si, vous avez quelque chose à cacher ».
Il nous montre qu’il est très difficile de définir ce qu’est la vie privée, qui dépend de nombreuses variables si bien que chacun d’entre nous aura sa propre définition et toutes ces définitions seront différentes.
Il rappelle que quand on dit : « moi j’ai des choses à cacher », il nous est répondu « c’est que tu es un terroriste, un pédophile, voire les deux » Bien entendu, comme l’idée même de ces crimes est révoltante, il sera facile pour les gouvernements d’expliquer que la vie privée, eh bien on la met au second plan. On en arrive à une société de surveillance généralisée avec, comme conséquence, une évolution de l’État policier au fur et à mesure des années.
Numendil nous indique comment il a pu, presque par jeu, connaître la vie complète d’une personne et donc combien ce sera facile pour d’autres entités.
- Ses conclusions sont qu’il faut une sensibilisation dès le plus jeune âge, une éducation au numérique ; qu’il faudrait plus de transparence de la part des sites qu’on consulte concernant la récupération de nos données et qu’il faudrait expliquer au public que la nécessité de lire les fameuses CGU, les conditions générales d’utilisation, avant de cliquer sur le bouton « OK » est très importante.
Je vous laisse lire la transcription de cette conférence, je le rappelle de 2013, avec en particulier une actualité de l’époque concernant la reconnaissance faciale dans le métro pour repérer les personnes ayant un comportement suspect. L’actualité récente, certes dans le registre de la publicité ciblée dont il est aussi fait mention dans la conférence, a pointé les fameux panneaux publicitaires dans les couloirs du métro qui diffuseront des messages différents selon les heures de la journée en fonction du profil des usagers. Cela ne manque pas de laisser perplexe…

Frédéric Couchet : Ça c’est la plus ancienne conférence. Par la suite quelles conférences ont été transcrites ?

Marie-Odile Morandi : Diverses conférences ont été transcrites par la suite, en particulier en 2015 car plusieurs conférences se sont tenues sur ce sujet. 2015 est l’année qui correspond à la discussion de la loi renseignement au Parlement et à sa promulgation.
Nous avons transcrit la conférence de Julien Vaubourg, alors doctorant dans une équipe de recherche, et qu’il a donnée loirs d’un séminaire à Nancy. Il aborde la question de façon provocatrice en disant : je n’ai rien à cacher donc j’ai donné à Google une licence de reproduction, de modification, d’affichage, de distribution de tous les contenus que je lui fournis. Quand j’envoie un message sur Gmail, Google en fait ce qu’il veut parce que je l’ai accepté : il a le droit de lire, d’interpréter, de recopier, de distribuer les informations. J’ai accordé à Facebook une licence non-exclusive, transférable, des contenus que je publie. » Il nous rappelle que certes sur Facebook on peut effacer des contenus sauf ceux qui sont partagés par d’autres, l’essence même d’un réseau social !
Il nous invite à réfléchir avec cette question : « Sommes-nous prêts à assumer dans dix ans ce que nous faisons aujourd’hui ? », mentionnant le conseil du PDG de Google : « Si nous souhaitons que personne ne soit au courant de certaines choses que nous faisons peut-être ne faudrait-il pas les faire, tout simplement ! »
Il nous rappelle qu’une analyse de 2008 du principal fichier policier français comportait de nombreuses erreurs dues à des fautes de frappe, à des homonymies, qu’il faut se méfier de cette surveillance de masse dont on fait l’objet au quotidien et qui risque de nous mettre en péril.
Surtout il s’inquiète de la façon dont évoluera la société et à quoi ressembleront nos lois dans 20 ans. « Certes, dit-il, peut-être que j’ai confiance dans mon gouvernement actuel, mais qu’en sera-t-il des gouvernements qui suivront et des gouvernements étrangers ? » Son opinion est qu’il faut toujours garder une certaine latitude pour que la population puisse ne pas respecter totalement la loi, puisse faire un pas de travers pour se rebeller si ça part dans le mauvais sens, pour que la loi puisse évoluer, qu’elle ne soit pas morte. N’est-ce pas cela la démocratie ?
Je vous invite aussi à lire la transcription des questions du public et des réponses apportées par Julien Vaubourg lors de cette conférence. Le lien est sur la page des références concernant notre émission.

Frédéric Couchet : Ça c’était en 2015 et toujours en 2015 il y a une conférence de Laurent Chemla à Pas Sage en Seine.

Marie-Odile Morandi : Oui, et qui était intitulée « Rien à cacher – Vie privée : guide de survie en milieu hostile ». Pour Laurent Chemla, le milieu hostile c’est notre famille, nos amis, les personnes avec qui nous sommes en relation.
Laurent nous rappelle que ce sujet n’est pas très récent, il en parlait déjà en 2004. Il constate lui aussi que personne n’a jamais vraiment défini ce qu’est la vie privée et il nous demande de ne pas confondre privé et secret, je vous laisse aller lire ses explications.
Pour Laurent, cela fait une trentaine d’années que la vie privée a perdu de son importance dans l’esprit du public ; il cite tour à tour les émissions de télé-réalité, les babyphones, la vidéoconférence ainsi que la sémantique avec l’exemple du mot « vidéosurveillance » qui devient « vidéo protection ».
Laurent indique qu’une façon de convaincre son interlocuteur qu’il a bien quelque chose à cacher sera de lui marteler :« Si toi tu considères que tu n’as rien à cacher, moi j’ai des choses à cacher. Donc en te protégeant, tu protèges aussi ton entourage dont je fais partie. »
Mais pour Laurent ce qui est plus grave, c’est qu’avec cette surveillance constante, on ne se sent plus libre, on n’agit plus de la même façon non seulement physiquement mais dans sa façon de penser. On adopte un conformisme qui nous est imposé, on ne se démarque plus. Il n’y a plus de confrontation des idées, tout le monde adopte les mêmes. « Il n’y aura plus de démocratie, nous dit-il, mais un semblant de démocratie. Certes on ira toujours voter, mais pour quoi ? Aura-t-on encore le choix ? »
Laurent est bien conscient qu’il donne cette conférence devant un public de convaincus, le public de PSES. Il nous propose des pistes, que je vous engage à lire, car selon lui faudra beaucoup de travail et de temps pour faire en sorte que les gens se sentent concernés, pour que la vie privée retrouve de sa valeur auprès du public.

Frédéric Couchet : Tu cites Pas Sage en Seine. Pas Sage en Seine c’est à Choisy-le Roi près de Paris et la prochaine édition arrive dans quelques mois, je n’ai pas les dates en tête, mais c’est sans doute juin 2019. Le site c’est passageenseigne.org, « passageenseine » tout attaché. Dernière question : Laurent Chemla ne te semble-t-il pas un peu pessimiste sur le sujet ?

Marie-Odile Morandi : Oui, il me semble un peu pessimiste même si lui dit qu’il est optimiste. Il est optimiste surtout parce que nous parlons de cette question-là et qu’il y a des conférences concernant ce sujet.
Pour terminer sur quelque chose d’un petit peu plus léger dans son expression, je souhaitais terminer en voua parlant de la transcription d’un podcast enregistré en 2016 et intitulé « Je n’ai rien à cacher – Conversation entre 4 assos du Libre », « Partage d’arguments pour répondre au fameux « je n’ai rien à cacher ».
Le thème est traité de façon plus légère et plus accessible, mais de façon tout aussi percutante, les exemples choisis allant du journaliste qui veut protéger ses sources aux ados qui ne souhaitent pas que leurs parents ou leurs profs sachent ce qu’ils partagent avec leurs amis. Je vous laisse prendre connaissance de ces divers exemples.
Il nous est aussi redit que les bases de données dans lesquelles chacun d’entre nous se retrouve de nombreuses fois sous de nombreuses formes ne sont pas du toutes fiables, qu’il y a des homonymies, des risques d’usurpation d’identité.
Les mœurs changent. L’évolution vers des systèmes autoritaires est en marche. Nous risquons demain d’être fichés demain comme ayant eu des comportements qui ne sont plus tolérés. Avec comme conclusion ce cet échange entre 4 assos du Libre : « Peut-être qu’on n’a rien à cacher, mais on a des choses à protéger. »

Frédéric Couchet : Pour conclure tu encourages les personnes à relire ces transcriptions dont les références sont sur le site de l’April, april.org, c’est bien ça ?

Marie-Odile Morandi : Effectivement, j’encourage les auditeurs et les auditrices à relire ces transcriptions afin de garder à l’esprit et à tout moment ce dont il est question et d’être en capacité de réfléchir. Il en va effectivement de la protection de notre vie physique, de notre vie numérique et, comme cela a été souligné plusieurs fois, de notre démocratie.

Frédéric Couchet : Écoute merci Marie-Odile pour cette nouvelle chronique intitulée « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture ». Les références sont sur le site de l’April, april.org. Marie-odile je te souhaite de passer une belle journée, on se retrouve le mois prochain.

Marie-Odile Morandi : Entendu. À la prochaine fois.

Frédéric Couchet : À la prochaine. Nous allons faire maintenant une pause musicale. Le titre a été choisi par l’un de nos invités qui intervient tout à l’heure ; le titre s’appelle Clémentines, l’artiste c’est Löhstana et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Clémentines par Löhstana.

16’ 38 Le collectif CHATONS Podcast

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Clémentines par Löhstana qui est une musique libre, licence Creative Commons Partage à l’identique. Les références sont sur le site de l’April. Comme vous l’avez entendu ce n’est pas tout à fait de saison parce que c’est la fin des clémentines, en tout cas. C’est un très beau titre qui est en licence Art libre.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm. Vous écoutez toujours l’émission, nous allons changer de sujet. Excusez-moi le démarrage a été un petit peu speed parce qu’on avait un petit problème technique. Je vais en profiter pour indiquer que le générique de début a changé ; je ne sais pas si les personnes qui écoutent régulièrement l’émission l’ont noté. Vous le réécouterez la semaine prochaine et je salue au passage PG qui est une personne du salon qui nous a fait ce nouveau montage avec des voix réenregistrées récemment. Donc petit montage différent par rapport à d’habitude. Je voulais signaler parce que je l’avais oublié tout à l’heure lors de la diffusion du générique de début.

Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur les CHATONS, le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires des mots qu’on va expliquer au fur et à mesure et je vais commencer par présenter mes invités. Normalement nous avons au téléphone Angie Gaudion de l’association Framasoft. Bonjour Angie.






Frédéric Couchet : D’accord. On va faire une pause musicale avant de poursuivre sur la partie héherger. Le titre s’appelle Akilou le groupe 6 février 1985 et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Akilou par 6 février 1985.

Voix off : Cause Commune 93.1

41’ 45 Le collectif CHATONS Suite

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Akilou par 6 février 1985. Cette musique est disponible en licence libre Art libre et vous retrouvez la référence sur le site de l’April.






Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale, un nouveau titre choisi par Christian, c’est Schmaltz par Jahzzar et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Schmaltz par Jahzzar.

Voix off : Cause Commune 93.1

1 h 11’ 53 Chronique « In code we trust » Podcast

Frédéric Couchet : Nous étions en train d’écouter Schmaltz par Jahzzar. Nous allons maintenant passer au sujet suivant, je vais demander à la régie d’activer le micro de Noémie. Merci Patrick. Le sujet suivant, comme je le disais tout à l’heure, c’est la chronique juridique « In code we trust »