Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 15 décembre 2020 »

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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur Fondation pour le logiciel libre avec Geoffrey Knauth, président de la Fondation, Odile Bénassy, développeuse de logiciels libres et administratrice de la FSF depuis quelques mois, FSF voulait dire Free Software Foundation, Fondation pour le logiciel libre.<br/>
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur Fondation pour le logiciel libre avec Geoffrey Knauth, président de la Fondation, Odile Bénassy, développeuse de logiciels libres et administratrice de la FSF depuis quelques mois, FSF voulait dire Free Software Foundation, Fondation pour le logiciel libre.<br/>
 
On va vérifier que nous avons nos invités au téléphone. Est-ce que Odile est au téléphone.
 
On va vérifier que nous avons nos invités au téléphone. Est-ce que Odile est au téléphone.
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==Chronique « Le libre fait sa comm' » d'Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l'April, sur l'importance de ne rien lâcher face à une commune se vantant de distribuer gratuitement des logiciels non libres aux élèves de l'école primaire==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Parler d’actions de type sensibilisation menées par l’April ou d’autres structures. Annoncer des événements libristes à venir avec éventuellement des interviews des personnes qui organisent ces événements, c’est la chronique « Le libre fait sa comm’ » de ma collègue Isabella Vanni, qui est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Bonjour Isa.
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<b>Isabella Vanni : </b>Bonjour Fred. Bonjour tout le monde.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Aujourd’hui, ta chronique propose de revenir sur un évènement personnel qui va permettre de mieux comprendre comment réagir face à une commune qui propose la distribution gratuite de logiciels non libres aux élèves de l’école primaire.
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<b>Isabella Vanni : </b>Merci Fred.<br/>
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En effet, il y a quelques semaines, une personne de mon entourage m'a transmis un courriel qui lui avait été adressé par sa commune en tant que parent d'un enfant en école maternelle. Je souhaite lire le contenu du message :
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« Chers parents, nous proposons à tous les élèves de la ville un accès gratuit à une licence Office 365 Pro pendant la durée de leur scolarisation maternelle et élémentaire. Le pack proposé permettra l'installation de tous les logiciels de la suite Office dans leur dernière version, sur cinq terminaux différents. Il comprend par ailleurs un espace de stockage dans le <em>cloud</em>.<br/>
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Cette offre complétera, pour ceux et celles qui le souhaitent, l'accès aux solutions de bureautique libre, par ailleurs installées sur les équipements de la ville.<br/>
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Dans ce cadre, nous sollicitons votre accord pour créer, au nom de votre enfant, un compte Microsoft qui vous servira uniquement à activer auprès de Microsoft la licence Office 365. Cette offre est facultative.<br/>
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Souhaitant que ces propositions d'équipements pédagogiques sauront pleinement répondre aux attentes de vos enfants et de vous-même. »
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Prenons le positif dans cet horrible courriel.<br/>
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« Des solutions de bureautique libre sont déjà disponibles sur les équipements de la ville ! » Le courriel ne retient pas nécessaire d'expliquer en quoi ces solutions consistent. Devons-nous en déduire qu'il prend pour acquis le fait que la population de la ville en question les connaît ? LibreOffice serait aussi connu au point de ne plus avoir besoin de présentation. Si c’est comme ça, c’est génial !<br/>
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L'enthousiasme, bien évidemment, s'arrête là, car, pour utiliser une métaphore très utilisée par les libristes, cette ville est, de fait, en train de proposer la « première cigarette » aux enfants de 3 à 11 ans.
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La personne de mon entourage qui, je précise, est sensible à la cause du logiciel libre sans être non plus militante, ne peut pas s'empêcher de demander à la ville la raison de cette proposition alors que des solutions libres existent.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Quelle a été la réponse de la ville ?
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<b>Isabella Vanni : </b>La voilà : « Sachez, en premier lieu, que la ville n'entend pas prescrire l'utilisation de tel ou tel logiciel dans le cadre des travaux pédagogiques menés par les enseignants. LibreOffice est d'ailleurs installé par défaut sur les matériels qui leur sont fournis, ils ont donc l'entière possibilité de préférer cet outil plutôt qu'un autre.<br/>
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L'objectif de la ville est toutefois d'œuvrer, à son niveau, pour réduire autant que possible la fracture numérique. Or, si les logiciels libres – c’est dur de lire ça !– ne posent pas de problème d'accessibilité financière, par définition ils sont gratuits – raté, dommage ! –, ce n'est pas le cas de la solution bureautique Microsoft, souvent préférée par les enseignants.<br/>
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Cette licence permet par ailleurs l'installation de la suite Office sur cinq terminaux familiaux et nous espérons que cela puisse également bénéficier, le cas échéant, aux parents des élèves, à une sœur ou un frère plus âgés pour lesquels l'accès à cette licence peut représenter un enjeu professionnel. En effet, et que nous soyons ou non d'accord, la maîtrise de la suite bureautique Office, et non LibreOffice, est souvent l'un des prérequis à l'accès à l'emploi. »<br/>
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Ça c’est le courriel du représentant de la ville.
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Le parent d'enfant que je connais est bien sûr déçu par cette réponse, voire démoralisé. J'ai donc voulu tout de suite le féliciter pour sa démarche, le soutenir, le rebooster et partager avec lui un certain nombre d'éléments à évoquer dans une éventuelle contre-réponse. J’en profite pour remercier notre administrateur Christian Momon qui avait si bien résumé ces éléments à une précédente occasion.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Quels sont ces éléments ?
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<b>Isabella Vanni : </b>Il s'agit d'évoquer les dangers auxquels s'expose la ville et auxquels la ville expose ses habitants les plus jeunes :<br/>
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pour commencer, il y a le danger juridique dérivant de l'infraction au RGPD, le Réglement général sur la protection des données : la ville ne peut rien garantir de ce qu'il sera fait par Microsoft des données des utilisateurs et utilisatrices ;<br/>
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au-delà de ce danger juridique, il y a, bien sûr, tous les dangers sur la confidentialité des données : collecte, analyse, fichage, revente, transmission aux agences gouvernementales américaines ;<br/>
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sans compter toute une série de dangers éthiques comme l'optimisation fiscale que fait Microsoft via l'Irlande ; l'abus de position dominante ; le fait de faire l'argent avec les données personnelles des gens et plus particulièrement des enfants dans ce cas ; la stratégie commerciale <em>Embrace, extend and extinguish</em>, « adopte, étend et étouffe », c'est-à-dire adopter des standards, puis y ajouter des extensions propriétaires dans le but de créer de nouveaux standards <em>de facto</em> et exclure les concurrents.
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J'ai également voulu partager des ressources philosophiques qu’il pourrait transmettre à son correspondant :<br/>
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la récente intervention de notre présidente Véronique Bonnet aux États généraux du numérique libre et des communs pédagogiques ;<br/>
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le texte de Richard Stallman « Pourquoi les écoles doivent utiliser exclusivement du logiciel libre », traduit en français par notre merveilleux groupe de travail Trad-GNU dont nous avons parlé tout à l’heure ;<br/>
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la chronique de Véronique Bonnet commentant justement ce texte mentionné dans l'émission de radio <em>Libre à vous !</em> du 9 avril 2019.
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Par la suite, j'ai voulu parler ce retour d'expérience personnelle dans le cadre d'une réunion Sensibilisation et d'une réunion informelle des membres April et personnes actives. D'autres éléments sont ainsi ressortis, des angles d'attaque que je me suis bien sûr empressée de partager avec le parent d'élève.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Quels sont ces angles d’attaque dont tu parles ?
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<b>Isabella Vanni : </b>Il s'agit de questions à adresser au représentant de la ville :<br/>
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sur la base de quoi dit-il que la solution bureautique Microsoft est « souvent préférée par les enseignants » ? A-t-il fait un sondage ?<br/>
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Si c'est vraiment ainsi, pourquoi ne pas envisager, justement, de sensibiliser le corps enseignant à des logiciels qui respectent les utilisateurs et utilisatrices, qui ne les espionnent pas, qui garantissent la pérennité de leurs documents grâce aux standard ouverts, etc. ?<br/>
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Est-il au courant qu'il y a plein de collectivités qui se font un point d'honneur de progresser dans l'utilisation et la promotion des logiciels libres auprès de leurs habitants ? Je fais bien évidemment référence au label Territoire Numérique Libre.<br/>
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Quant à l’argument « Libre-Office, est souvent l'un des prérequis à l'accès à l'emploi », fait-il référence au fait que la suite Office serait demandée dans beaucoup d'annonces d'offre d'emploi ? Est-il au courant que ce qui compte vraiment c'est la connaissance et la maîtrise d'une « fonctionnalité » ? Une personne qui connaît et maîtrise une fonctionnalité dans LibreOffice pourra la maîtriser aussi dans Microsoft Office.<br/>
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Pour ce qui est de l’argument financier, qui payera la licence quand cette version ne sera plus maintenue ou quand il n'y aura plus que la version en ligne d'Office ? Le représentant de la ville se rend-il compte qu'en proposant cette offre il fait les intérêts d'une boîte, américaine de surcroît, et non les intérêts de ses plus jeunes concitoyens et concitoyennes ?
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Je ne sais pas si l'échange entre la personne que je connais et le représentant de la ville a continué. J'attends des nouvelles. Quoi qu'il en soit, c'était fondamental, pour moi, de soutenir l’action de ce parent d’enfant, de lui donner de la matière, des arguments, de l'outiller pour qu'il ne se laisse pas faire.<br/>
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À chaque fois que nous donnons des billes à une personne qui est dans une démarche de promotion et de défense des libertés informatiques, il y a potentiellement d’autres personnes qui utiliseront ces arguments ou qui en profiterons.<br/>
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Donc, en termes de logiciel libre, j’invite à faire exactement l'inverse que pour le covid : surtout, n’interrompons pas la chaîne de sensibilisation !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Très belle conclusion Isabella. Merci pour cette chronique dont le texte sera disponible lors de la transcription.<br/>
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C’était la chronique « Le libre fait sa comm' » d'Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April
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Nous allons passer aux annonces de fin.
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==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je vais vous rappeler que la radio

Version du 16 décembre 2020 à 19:08


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 15 décembre 2020 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Isabella Vanni - Frédéric Couchet- Étienne Gonnu à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 15 décembre 2020

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou enregistrer le podcast PROVISOIRE

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
La Fondation pour le logiciel libre, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique d’Éric Fraudain qui nous présentera l’artiste Darren Curtis et aussi la chronique d’Isabella Vanni qui va nous parler de ses actions de sensibilisation. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’April c’est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.

Nous sommes mardi 15 décembre 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui, le retour de Patrick Creusot. Bonjour Patrick.

Patrick Creusot  : Bonjour tout le monde et bonne émission.

Frédéric Couchet : Si vous voulez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.

Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

Chronique « Le fil rouge de la musique libre » par Éric Fraudain, créateur du site Au Bout Du Fil. Éric nous présente l'artiste Darren Curtis

Frédéric Couchet : « Le fil rouge de la musique libre ». Dans cette chronique Éric Fraudain, créateur du site Au Bout Du Fil va nous faire découvrir des artistes ayant opté pour la libre diffusion de leurs œuvres musicales. Aujourd’hui Éric nous fait découvrir l’artiste Darren Curtis.
Bonjour Éric.

Éric Fraudain : Bonjour Frédéric.

Frédéric Couchet : Je te laisse la parole.

Éric Fraudain : Merci.
Aujourd’hui j’aimerais vous faire découvrir un artiste autodidacte, américain, Darren Curtis, originaire du Maryland. Cet artiste est également connu sous le nom de DesperateMeasurez et il publie chaque année une collection de titres sous licence Creative Commons By Attribution 3.0.
Je vous propose de revenir sur son album Royalty Free Fantasy: The Beginning Years. Écoutons ensemble Journey's Reflection, le premier titre de cet album et on se retrouve juste après pour la <emrevue.

Journey's Reflection de l’album Royalty Free Fantasy: The Beginning Years de Darren Curtis.

Éric Fraudain : Vous venez d’écouter Journey's Reflection de Darren Curtis, un titre sous licence Creative Commons By, Attribution 3.0. Un morceau qui nous plonge instantanément dans l‘univers héroïque fantastique. L’orchestration est sublime, on se voit dévaler la contrée en compagnie de Frodon et Sam. Je regrette simplement que la musique soit coupée quelques secondes à la fin, c’est peut-être intentionnel. Dans tous les cas, ça n’enlève rien à la qualité de cette musique.
Ce morceau est donc le premier titre issu de l’album Royalty Free Fantasy: The Beginning Years composé de 22 musiques. Cest tout simplement impressionnant ! Je vous invite à vous rendre sur la page Bandcamp de l’artiste pour découvrir les musiques de l’album, mais également les autres albums mis à disposition.

Depuis son adolescence, Darren a toujours eu un coup de cœur pour les musiques instrumentales et les bandes originales de films ou de jeux vidéo. Souvent ce sont des musiques qui, sans avoir besoin de mots, arrivent à exprimer encore plus d’émotion qu’une musique ordinaire avec des paroles. C’est cette idée-là qui a séduit Darren Curtis très jeune et lui a donné envie d’apprendre à jouer du piano. Il s’est lancé dans la musique de manière complètement autodidacte et aujourd’hui il compose et produit ses propres morceaux sans se restreindre à un seul genre musical.
Darren a composé Royalty Free Fantasy: The Beginning Years de 2013 à 2016 au tout début de sa carrière de compositeur. Malgré tout, on ressent une étonnante forme de maturité émanent de cet opus.
Vous aurez l’occasion de le constater par vous-même, car vous allez écouter d’autres titres comme <em<A time forgotten, The Death March et peut-être Dreamscape dans cette émission, des musiques toujours issues de ce premier album instrumental.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Darren Curtis, rendez-vous sur son site internet www.darrencurtismusic.com.
Vous pouvez également le soutenir avec des donations sur Patreon, patreon.com/darrencurtismusic.
Voilà. J’en ai terminé

Frédéric Couchet : Merci Éric pour cette découverte et, comme tu le dis, toutes les pauses musicales du jour seront de Darren Curtis. La page Bandcamp de Darren Curtis c’est darrencurtis.bandcamp.com, à Darren, il y a deux « r » et nous mettrons également les références sur le site de l’April et le site de la radio. Ces musiques sont sous licence Creative Commons attribution, CC By, qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion, le partage de la musique pour toute utilisation y compris commerciale, à condition de créditer l’artiste, d’indiquer la licence et d’indiquer si des modifications ont été effectuées.
Je te remercie pour cette chronique musicale qui va bien conclure la dernière émission de l’année 2020. On se retrouve en janvier 2021. Je te souhaite de passer d’agréables fêtes, les plus chaleureuses possible malgré le contexte.

Éric Fraudain : Merci. À vous aussi.

Frédéric Couchet : À bientôt Éric.

Éric Fraudain : À bientôt.

Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Nous allons faire une pause musicale, mais je n’ai pas noté le nom du morceau. On va l’écouter. En tout cas c’est un autre morceau de Darren Curtis et on se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : A time forgotten par Darren Curtis .

Voix off :

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter A time forgotten par Darren Curtis, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Nous poursuivons la découverte de Darren Curtis, proposée aujourd’hui par notre programmateur musical Éric Fraudain.

Nous allons passer au sujet principal.

[Virgule musicale]

Présentation de la Fondation pour le logiciel libre (Free Software Foundation, FSF) avec Geoffrey Knauth, président de la Fondation et Odile Bénassy, développeuse de logiciels libres, administratrice de la FSF depuis quelques mois

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur Fondation pour le logiciel libre avec Geoffrey Knauth, président de la Fondation, Odile Bénassy, développeuse de logiciels libres et administratrice de la FSF depuis quelques mois, FSF voulait dire Free Software Foundation, Fondation pour le logiciel libre.
On va vérifier que nous avons nos invités au téléphone. Est-ce que Odile est au téléphone.







Chronique « Le libre fait sa comm' » d'Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l'April, sur l'importance de ne rien lâcher face à une commune se vantant de distribuer gratuitement des logiciels non libres aux élèves de l'école primaire

Frédéric Couchet : Parler d’actions de type sensibilisation menées par l’April ou d’autres structures. Annoncer des événements libristes à venir avec éventuellement des interviews des personnes qui organisent ces événements, c’est la chronique « Le libre fait sa comm’ » de ma collègue Isabella Vanni, qui est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Bonjour Isa.

Isabella Vanni : Bonjour Fred. Bonjour tout le monde.

Frédéric Couchet : Aujourd’hui, ta chronique propose de revenir sur un évènement personnel qui va permettre de mieux comprendre comment réagir face à une commune qui propose la distribution gratuite de logiciels non libres aux élèves de l’école primaire.

Isabella Vanni : Merci Fred.
En effet, il y a quelques semaines, une personne de mon entourage m'a transmis un courriel qui lui avait été adressé par sa commune en tant que parent d'un enfant en école maternelle. Je souhaite lire le contenu du message : « Chers parents, nous proposons à tous les élèves de la ville un accès gratuit à une licence Office 365 Pro pendant la durée de leur scolarisation maternelle et élémentaire. Le pack proposé permettra l'installation de tous les logiciels de la suite Office dans leur dernière version, sur cinq terminaux différents. Il comprend par ailleurs un espace de stockage dans le cloud.
Cette offre complétera, pour ceux et celles qui le souhaitent, l'accès aux solutions de bureautique libre, par ailleurs installées sur les équipements de la ville.
Dans ce cadre, nous sollicitons votre accord pour créer, au nom de votre enfant, un compte Microsoft qui vous servira uniquement à activer auprès de Microsoft la licence Office 365. Cette offre est facultative.
Souhaitant que ces propositions d'équipements pédagogiques sauront pleinement répondre aux attentes de vos enfants et de vous-même. »

Prenons le positif dans cet horrible courriel.
« Des solutions de bureautique libre sont déjà disponibles sur les équipements de la ville ! » Le courriel ne retient pas nécessaire d'expliquer en quoi ces solutions consistent. Devons-nous en déduire qu'il prend pour acquis le fait que la population de la ville en question les connaît ? LibreOffice serait aussi connu au point de ne plus avoir besoin de présentation. Si c’est comme ça, c’est génial !
L'enthousiasme, bien évidemment, s'arrête là, car, pour utiliser une métaphore très utilisée par les libristes, cette ville est, de fait, en train de proposer la « première cigarette » aux enfants de 3 à 11 ans.

La personne de mon entourage qui, je précise, est sensible à la cause du logiciel libre sans être non plus militante, ne peut pas s'empêcher de demander à la ville la raison de cette proposition alors que des solutions libres existent.

Frédéric Couchet : Quelle a été la réponse de la ville ?

Isabella Vanni : La voilà : « Sachez, en premier lieu, que la ville n'entend pas prescrire l'utilisation de tel ou tel logiciel dans le cadre des travaux pédagogiques menés par les enseignants. LibreOffice est d'ailleurs installé par défaut sur les matériels qui leur sont fournis, ils ont donc l'entière possibilité de préférer cet outil plutôt qu'un autre.
L'objectif de la ville est toutefois d'œuvrer, à son niveau, pour réduire autant que possible la fracture numérique. Or, si les logiciels libres – c’est dur de lire ça !– ne posent pas de problème d'accessibilité financière, par définition ils sont gratuits – raté, dommage ! –, ce n'est pas le cas de la solution bureautique Microsoft, souvent préférée par les enseignants.
Cette licence permet par ailleurs l'installation de la suite Office sur cinq terminaux familiaux et nous espérons que cela puisse également bénéficier, le cas échéant, aux parents des élèves, à une sœur ou un frère plus âgés pour lesquels l'accès à cette licence peut représenter un enjeu professionnel. En effet, et que nous soyons ou non d'accord, la maîtrise de la suite bureautique Office, et non LibreOffice, est souvent l'un des prérequis à l'accès à l'emploi. »
Ça c’est le courriel du représentant de la ville.

Le parent d'enfant que je connais est bien sûr déçu par cette réponse, voire démoralisé. J'ai donc voulu tout de suite le féliciter pour sa démarche, le soutenir, le rebooster et partager avec lui un certain nombre d'éléments à évoquer dans une éventuelle contre-réponse. J’en profite pour remercier notre administrateur Christian Momon qui avait si bien résumé ces éléments à une précédente occasion.

Frédéric Couchet : Quels sont ces éléments ?

Isabella Vanni : Il s'agit d'évoquer les dangers auxquels s'expose la ville et auxquels la ville expose ses habitants les plus jeunes :
pour commencer, il y a le danger juridique dérivant de l'infraction au RGPD, le Réglement général sur la protection des données : la ville ne peut rien garantir de ce qu'il sera fait par Microsoft des données des utilisateurs et utilisatrices ;
au-delà de ce danger juridique, il y a, bien sûr, tous les dangers sur la confidentialité des données : collecte, analyse, fichage, revente, transmission aux agences gouvernementales américaines ;
sans compter toute une série de dangers éthiques comme l'optimisation fiscale que fait Microsoft via l'Irlande ; l'abus de position dominante ; le fait de faire l'argent avec les données personnelles des gens et plus particulièrement des enfants dans ce cas ; la stratégie commerciale Embrace, extend and extinguish, « adopte, étend et étouffe », c'est-à-dire adopter des standards, puis y ajouter des extensions propriétaires dans le but de créer de nouveaux standards de facto et exclure les concurrents.

J'ai également voulu partager des ressources philosophiques qu’il pourrait transmettre à son correspondant :
la récente intervention de notre présidente Véronique Bonnet aux États généraux du numérique libre et des communs pédagogiques ;
le texte de Richard Stallman « Pourquoi les écoles doivent utiliser exclusivement du logiciel libre », traduit en français par notre merveilleux groupe de travail Trad-GNU dont nous avons parlé tout à l’heure ;
la chronique de Véronique Bonnet commentant justement ce texte mentionné dans l'émission de radio Libre à vous ! du 9 avril 2019.

Par la suite, j'ai voulu parler ce retour d'expérience personnelle dans le cadre d'une réunion Sensibilisation et d'une réunion informelle des membres April et personnes actives. D'autres éléments sont ainsi ressortis, des angles d'attaque que je me suis bien sûr empressée de partager avec le parent d'élève.

Frédéric Couchet : Quels sont ces angles d’attaque dont tu parles ?

Isabella Vanni : Il s'agit de questions à adresser au représentant de la ville :
sur la base de quoi dit-il que la solution bureautique Microsoft est « souvent préférée par les enseignants » ? A-t-il fait un sondage ?
Si c'est vraiment ainsi, pourquoi ne pas envisager, justement, de sensibiliser le corps enseignant à des logiciels qui respectent les utilisateurs et utilisatrices, qui ne les espionnent pas, qui garantissent la pérennité de leurs documents grâce aux standard ouverts, etc. ?
Est-il au courant qu'il y a plein de collectivités qui se font un point d'honneur de progresser dans l'utilisation et la promotion des logiciels libres auprès de leurs habitants ? Je fais bien évidemment référence au label Territoire Numérique Libre.
Quant à l’argument « Libre-Office, est souvent l'un des prérequis à l'accès à l'emploi », fait-il référence au fait que la suite Office serait demandée dans beaucoup d'annonces d'offre d'emploi ? Est-il au courant que ce qui compte vraiment c'est la connaissance et la maîtrise d'une « fonctionnalité » ? Une personne qui connaît et maîtrise une fonctionnalité dans LibreOffice pourra la maîtriser aussi dans Microsoft Office.
Pour ce qui est de l’argument financier, qui payera la licence quand cette version ne sera plus maintenue ou quand il n'y aura plus que la version en ligne d'Office ? Le représentant de la ville se rend-il compte qu'en proposant cette offre il fait les intérêts d'une boîte, américaine de surcroît, et non les intérêts de ses plus jeunes concitoyens et concitoyennes ?

Je ne sais pas si l'échange entre la personne que je connais et le représentant de la ville a continué. J'attends des nouvelles. Quoi qu'il en soit, c'était fondamental, pour moi, de soutenir l’action de ce parent d’enfant, de lui donner de la matière, des arguments, de l'outiller pour qu'il ne se laisse pas faire.
À chaque fois que nous donnons des billes à une personne qui est dans une démarche de promotion et de défense des libertés informatiques, il y a potentiellement d’autres personnes qui utiliseront ces arguments ou qui en profiterons.
Donc, en termes de logiciel libre, j’invite à faire exactement l'inverse que pour le covid : surtout, n’interrompons pas la chaîne de sensibilisation !

Frédéric Couchet : Très belle conclusion Isabella. Merci pour cette chronique dont le texte sera disponible lors de la transcription.
C’était la chronique « Le libre fait sa comm' » d'Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April

Nous allons passer aux annonces de fin.

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre

Frédéric Couchet : Je vais vous rappeler que la radio