Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 14 janvier 2020 »

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<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
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<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/>
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Pourquoi la ville de Nancy considère que le logiciel libre est un vrai vecteur de transformation du service public en général et des collectivités locales en particulier ? Le livre consacré à Aaron Swartz, militant des libertés numériques et intitulé <em>Ce qu’il reste de nos rêves</em>. Quels sont les problèmes de la tentation de la réécriture ? Eh bien nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
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Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
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Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.<br/>
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Le site web de l’association c’est april.org. Vous y trouvez une page consacrée à cette émission avec les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission.
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Nous sommes mardi 14 janvier 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.<br/>
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Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct ou participer à la discussion, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ainsi sur le salon dédié à l’émission.
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Nous vous souhaitons une excellente écoute.
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Voici maintenant le programme de cette émission.<br/>
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Nous commencerons par une note de lecture du livre <em>Ce qu’il reste de nos rêves</em> de Flore Vasseur consacré à Aaron Swartz, militant des libertés numériques, décédé à l’âge de 26 ans le 11 janvier 2013.<br/>
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D’ici dix à quinze minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur la politique logiciel libre et données publiques de la ville de Nancy, récente récipiendaire d’un label Territoire Numérique Libre de niveau 5.<br/>
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En fin d’émission nous aurons la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame sur le thème de « a tentation de la réécriture ».<br/>
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À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
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<b> Étienne Gonnu : </b>Salut Fred.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tout de suite place au premier sujet.
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==Notes de lecture du livre <em>Ce qu'il reste de nos rêves</em> de Flore Vasseur, consacré à Aaron Swartz==
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<b>Mag : </b>Salut à tous.
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À l’occasion de la commémoration de sa mort le 11 janvier 2013, j’ai très envie de vous parler de Aaron Swartz, donc du livre <em>Ce qu’il reste de nos rêves</em> écrit par Flore Vasseur aux Éditions des Équateurs. C’est un livre qui est paru en 2019, donc c’est quand même assez récent, mais comme je ne pourrais pas avoir l’auteur avec moi, j’ai demandé à un connaisseur de venir. Salut Manu.
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<b>Manu : </b>Salut Mag.
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<b>Mag : </b>Manu, tu es responsable de la revue de presse de l’April.
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<b>Manu : </b>Et je suis informaticien par ailleurs.
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<b>Mag : </b>Et de l’Agenda du Libre.
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<b>Manu : </b>Oui, que j’ai codé dans sa version actuelle.
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<b>Mag : </b>J’en profite, je te fais de la pub !
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<b>Manu : </b>Ça ne peut faire de mal !
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<b>Mag : </b>Aaron Swartz est né en 1986, il est mort en 2013 à 27 ans. C’est une vie très courte mais très, très riche.
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<b>Manu : </b>Il vient d’une famille dans laquelle le père est informaticien.
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<b>Mag : </b>Il a des frères tout aussi intelligents que lui. Il est brillant, c’est un élève surdoué, on va le voir par la suite, il a fait énormément de choses.
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<b>Manu : </b>Il a commencé à quel âge ?
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<b>Mag : </b>À 12 ans il créeThe Info Network. The Info Network c’est une encyclopédie, c’est une sorte de prémisse de Wikipédia.
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<b>Manu : </b>Oui, un peu en avance, mais déjà un début. Ça n’a pas pris à l’époque, effectivement il était un peu jeune, ça ne doit pas aider.
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<b>Mag : </b>Peut-être aussi qu’il ne devait pas avoir les connaissances. À 12 ans on n’a pas le réseau que pouvaient avoir les fondateurs de Wikipédia. Mais déjà il est pour le partage des connaissances, la libre circulation des informations. À 13 ans il reçoit un prix, je ne vous dirai pas le nom du prix parce que c’est en anglais, mais, en gros, la récompense de ce prix c’est une visite au MIT.
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<b>Manu : </b>Donc un endroit où il y a plein d’informaticiens. On pourrait même dire qu’il y a un nid et il va y rencontrer des gens importants pour sa vie plus tard.
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<b>Mag : </b>Il y rencontre Lawrence Lessig.
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<b>Manu : </b>Notamment, un grand défenseur du droit d’auteur, du domaine public plus précisément, qui est un des créateurs des Creative Commons, donc quelqu’un d’important.
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<b>Mag : </b>À 14 ans, il participe au format RSS. C’est quoi le RSS.
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<b>Manu : </b>C’est quelque chose d’assez technique qui permet de s’abonner aux sites web pour avoir leur actualité. C’est très utile mais ça reste assez technique. Donc quelque chose qui a vraiment beaucoup aidé à partager de l’information sur Internet. À son époque, ça a fait vraiment fureur.
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<b>Mag : </b>Et c’est toujours d’actualité.
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<b>Manu : </b>C’est toujours d’actualité, même si ça a évolué d’une certaine manière, donc il y a d’autres choses.
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<b>Mag : </b>À 15 ans il s’intéresse au droit d’auteur et aux licences des Creative Commons.
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<b>Manu : </b>Justement créées par Lawrence Lessig, un ami à lui.
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<b>Mag : </b>Un mentor.
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<b>Manu : </b>Un mentor, on peut le dire.
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<b>Mag : </b>En tout cas au début c’était son mentor et après, manifestement, les choses se sont inversées, ça vous le découvrirez dans les interviews du livre de Flore Vasseur.
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<b>Manu : </b>Les Creative Commons c’est quelque chose qu’on peut utiliser quand on diffuse des contenus sur Internet notamment, et ça touche à peu près tous les contenus qu’on peut imaginer. C’est très à la mode, notamment aujourd’hui sur Wikipédia.
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<b>Mag : </b>À 16 ans il rentre à l’université de Stanford.
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<b>Manu : </b>Donc c’est plutôt jeune, mais c’est bien !
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<b>Mag : </b>À 17 ans il devient ou il commence à devenir très actif dans Wikipédia. Forcément vu que son encyclopédie n’a pas marché, autant être actif là où ça marche, Wikipédia, ça marche.
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À 19 ans il rejoint les fondateurs de Reddit. C’est quoi Reddit ?
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<b>Manu : </b>C’est une sorte de site où on partage des liens et où on discute. C’est un nid à trolls, c’est un forum gigantesque.
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<b>Mag : </b>À trolls.
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<b>Manu : </b>Il y a plein de trolls sur Reddit, c’est assez incroyable !
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<b>Mag : </b>Des débats.
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<b>Manu : </b>Des débats. Il y a plein de débats sur Reddit. C’est un milieu qui est très bougeant, ça remue dans tous les sens.
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<b>Mag : </b>Je ne me couche pas tant que quelqu’un a tort sur Internet, c’est ça ?
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<b>Manu : </b>Exactement. Ceci dit, il n’y est pas resté non plus.
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<b>Mag : </b>Non, parce que Reddit a été racheté par Condé Nast et manifestement la politique a changé ce qui fait qu’il s’est barré.
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<b>Manu : </b>Ce n’est déjà pas mal, il a quand même participé encore à quelque chose d’assez important sur Internet.
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<b>Mag : </b>À 21 ans, il fait partie des membres du W3C et du RDF.
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<b>Manu : </b>Le W3C [World Wide Web Consortium] c’est l’organisme qui gère un peu le Web, donc une grosse partie d’Internet tel qu’on le connaît aujourd’hui, c’est quelque chose de gigantesque, d’important.<br/>
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RDF [<em>Resource Description Framework</em>] est un des formats qui est utilisé, qui est attesté par le W3C, qui est en lien avec le RSS justement, donc quelque chose d’assez important qui est toujours utilisé aujourd’hui sur des métadonnées globalement et des formats de fichiers.
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<b>Mag : </b>Tu vois, heureusement que tu es là !<br/>
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C’est aussi à cet âge -là qu’il élabore le langage de balisage léger Markdown. Ça je sais, parce que je l’utilise.
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<b>Manu : </b>Parce que tu l’utilises.
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<b>Mag : </b>Bref, quand je vais sur mon site internet j’utilise du Markdown pour dire « attention, ce texte sera en gras, en italique, il faut aller à la ligne, c’est un titre » et ainsi de suite. C’est quelque chose qui est extraordinaire le Markdown, il a trempé là-dedans.
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<b>Manu : </b>C’est un des créateurs et ce mécanisme-là est un des mécanismes qui est beaucoup utilisé dans les wikis, dans les outils comme Wikipédia, même si ce n’est pas toujours la même syntaxe. Il y a eu beaucoup de difficultés à mettre en place des syntaxes communes et aujourd’hui Markdown est une des syntaxes les plus utilisées quand on veut écrire à la mode wiki.
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<b>Mag : </b>La classe !
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<b>Manu : </b>Vraiment quelque chose de très important et assez incroyable parce qu’il y a beaucoup de ces syntaxes qui se sont battues les unes avec les autres.
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<b>Mag : </b>Il continue. À 22 ans il participe à Tor2web. C’est un proxy http pour les services cachés de Tor. Déjà il va falloir que tu expliques : proxy, http et Tor.
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<b>Manu : </b>On ne va pas forcément aller dans les détails. Tor c’est un outil pour être anonyme sur Internet, un outil en oignon, on passe par plusieurs couches et grâce à toutes ces couches, au moins trois, c’est ce qui recommandé, on est supposé être à peu près anonyme si on ne fait pas d’erreur par ailleurs. Les proxys ce sont des intermédiaires par lesquels on passe. Donc développer des proxys pour aller sur le Web, c’est utile. Je ne sais pas si la brique en question est encore utilisée aujourd’hui, mais c’est quelque chose d’important qu’il a dû mettre en place pour faciliter la vie et pour rester anonyme sur Internet, donc quelque chose de fondamental.
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<b>Mag : </b>Il s’investit aussi dans Watchdog, en 2008. En gros c’est de l’<em>open data</em> qui force plus ou moins les gouvernements à mettre des données en transparence, en libre accès ?
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<b>Manu : </b><em>Open data</em>, ce qu’on en dit aujourd’hui, c’est effectivement quand les administrations partagent des données, les horaires de train, des données sur les budgets, des choses comme ça, qui sont partagées, qui sont diffusées, très utiles pour nous les citoyens, notamment, pour les entreprises et pour les autres administrations aussi. Oui, il a trempé là-dedans encore.
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<b>Mag : </b>Incroyable ! Pas que ça. Il a aussi fait l’<em>open</em> librairie.
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<b>Manu : </b>Ah ! Oui, parce que tu es libraire.
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<b>Mag : </b>Je suis libraire effectivement. L’<em>open</em> librairie c’est énormément de livres en libre accès. C’est-à-dire que tout ce qu’il a pu avoir sous la main il l’a envoyé et on peut y accéder gratuitement, librement.
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<b>Manu : </b>Vraisemblablement des livres du domaine public.
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<b>Mag : </b>Et il y en déjà pas mal !
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<b>Manu : </b>Il y en a beaucoup et c’est un effort qui est louable parce qu’il faut les diffuser, il faut les reprendre et il me semble qu’il a fait ça notamment pour essayer de damer le pion à Google qui, lui aussi, avait des projets dans ce sens-là, mais ce n’était pas forcément pas des projets ouverts.
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<b>Mag : </b>Déjà, en 2008, il se méfiait de Google !
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<b>Manu : </b>Effectivement il avait senti qu’il y a avait des acteurs qui étaient trop importants, qu’il ne fallait pas leur laisser tout faire.
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<b>Mag : </b>Bien sûr, nous on le connaît pour autre chose. Enfin, on le connaît !
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<b>Manu : </b>En tout cas pour sa dernière affaire on va dire, son dernier combat.
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<b>Mag : </b>L’affaire JSTOR.
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<b>Manu : </b>En soi ce n’était pas la plus connue mais c’est effectivement la diffusion de journaux scientifiques.
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<b>Mag : </b>Ce sont des diffusions qu’il est allé récupérer sur le site du MIT.
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<b>Manu : </b>Et qu’il a diffusées ensuite sur Internet, et, en tout cas, on ne lui avait pas donné la permission de le faire, donc c’était considéré un accès illégal et une diffusion illégale.
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<b>Mag : </b>Il n’y avait rien qui empêchait de le faire. Le MIT était quand même reconnu pour garder ce genre de données ouvertes.
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<b>Manu : </b>Oui, en interne, mais le fait qu’il les a diffusées ça a été à l’encontre de la politique officielle du MIT. Même si le MIT ne s’en est pas plaint officiellement, il y a quelqu’un qui lui est tombé dessus, un procureur des États-Unis qui l’a mis en accusation pour avoir diffusé et hacké des informations qu’il n’aurait pas dû mettre en partage sur Internet.
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<b>Mag : </b>C’est un procureur des États-Unis, Carmen Ortiz, qui va porter plainte et va se gérer une affaire sachant que JSTOR n’a pas porté plainte et va menacer Aaron de 35 ans d’emprisonnement et de un million de dollars, je crois, quelque chose de totalement loufoque comme somme !
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<b>Manu : </b>C’était de la démesure et effectivement certains considèrent que c’était devenu une forme d’acharnement judiciaire. Elle voulait vraisemblablement faire un exemple avec Aaron Swartz, qui était déjà très connu à cette époque, donc le mettre en face de ses responsabilités, on va dire, l’accuser et lui faire plier l’échine aurait été un succès, on peut imaginer, pour cette procureur.
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<b>Mag : </b>Il faut savoir qu’Aaron Swartz avait des problèmes de santé, que ce soit sa santé alimentaire mais aussi un peu psychique et il s’est pendu. Il s’est pendu dans le costume qu’il avait acheté pour aller au tribunal, donc il n’y a pas eu de jugement.
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<b>Manu : </b>Il a mis fin à cette affaire, mais effectivement c’est sa vie qu’il a mise en jeu. C’est un peu dommage, on ne sait pas dans quelle mesure c’est l’affaire qui l’a poussé à cela. En tout cas, aujourd’hui il est considéré un petit peu…
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<b>Mag : </b>Comme un martyr du Libre. En tout cas une figure incontournable du mouvement du logiciel libre, des droits d’auteur et de tout ce qui est licences et <em>open source</em>.
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<b>Manu : </b>C’est un combattant du partage d’informations, du partage d’informations scientifiques, de la collaboration, de la mise en commun et des formats qui vont sous-tendre ces mises en commun. C’est quelqu’un d’important parce qu’il a marqué son époque. Il y a des pétitions qui ont circulé en sa mémoire, notamment contre la procureure. Lawrence Lessig continue à parler de lui assez régulièrement. C’est quelqu’un qui, malgré son jeune âge, a contribué de manière marquante à la vie d’Internet.
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<b>Mag : </b>Il a marqué les esprits. Il y a plein de choses qui sont dites sur lui, même après sa mort. D’ailleurs on fête sa mort.
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<b>Manu : </b>Et on écrit des livres sur sa vie, sur sa courte vie.
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<b>Mag : </b>Sur sa vie.<br/>
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Ce que j’ai aimé dans ce livre, donc dans cette biographie, c’est qu’elle est écrite comme un roman. Pour ceux qui ne sont pas trop biographie, qui préfèrent les romans, n’hésitez pas à aller la lire, parce qu’on suit vraiment toute son histoire. Il y a le témoignage de sa famille, il y a le témoignage de ses amis, de ses proches. Il y a aussi le témoignage de ses mentors puisque Lawrence Lessig y participe énormément, d’ailleurs c’est peut-être grâce à lui que cette biographie existe. C’est bien ficelé, il y a plein de références à l’actualité, on n’est pas perdu. Je trouve que c’est une manière très intelligente de nous prévenir et de nous sensibiliser aux dérives des GAFAM mais aussi des gouvernements parce que là c’est le gouvernement qu’il s’est pris en pleine face notre Aaron Swartz. Il se sentait innocent et, malgré tout, les jugements, la pression, la prison puisqu’il a été arrêté, ça l’a mis dans un état qui l’a conduit au suicide.
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<b>Manu : </b>C’est une vie marquante, courte. J’espère qu’on continuera à parler de lui régulièrement, il n’y a pas de raison qu’on l’oublie. En tant que martyr des libertés, c’est toujours important de parler de lui.
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<b>Mag : </b>Je pense que tant que Lawrence Lessig sera vivant on parlera de lui. Il a vraiment été marqué par ce gamin qui réfléchissait et lui donnait des pistes de réflexion auxquelles il ne s’attendait pas forcément.<br/>
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Avant de conclure je voudrais parler un petit peu de Flore Vasseur. Flore Vasseur c’est une Française.
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<b>Manu : </b>Donc l’autrice de la biographie.
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<b>Mag : </b>L’autrice de la biographie. En 1999 elle est partie s’installer à New-York. Elle travaillait dans une entreprise de luxe. Elle a monté sa propre société de marketing. Et là paf ! Attentats du 11 septembre 2001. Elle ne doit pas être très loin des tours, on sent que ça la marque et elle va totalement changer de vie. Ces attentats, c’est une sorte de déclic et elle change tout. Elle devient journaliste, chroniqueuse, elle quitte New-York, elle revient en France. Elle va commencer à faire des chroniques sur France Culture, sur <em>Le Monde</em>, sur <em>Le Figaro</em>, sur <em>Le Journal du dimanche</em>. Elle fait des articles sur pas mal de gens. Elle s’intéresse énormément aux lanceurs d’alerte qu’elle a connus quand elle a fait un documentaire, en 2016, sur la rencontre entre Lawrence Lessig, Snowden et Birgitta Jónsdóttir.
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<b>Manu : </b>Qui ça ?
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<b>Mag : </b>Birgitta Jónsdóttir.
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<b>Manu : </b>Ce n’est pas facile !
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<b>Mag : </b>Je ne suis pas sûre de le prononcer correctement en plus. Birgitta c’est une femme islandaise qui a fondé le Parti pirate. Donc en 2010, elle fonde le Parti pirate, elle était très proche de Julien Assange de WikiLeaks, elle s’en est un peu éloignée après, elle prône les droits d’auteur, le partage de la connaissance, la liberté sur Internet, enfin c’est une femme bien. Elle a fait un documentaire sur la rencontre de ces trois personnes qui est fabuleux. Je vous conseille d’aller voir ce documentaire et même d’aller lire d’autres livres de Flore Vasseur parce que c’est quand même quelqu’un qui réfléchit, qui partage, et c’est intéressant de lui consacrer un peu de temps.
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<b>Manu : </b>À priori elle défend des droits d’auteur logiques et bien délimités et pas des droits d’auteur un peu fous qui seraient défendus notamment par des procureurs qui ont envie de marquer le coup et d’obtenir une cible, d’obtenir une cible un peu forte.
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<b>Mag : </b>Je propose qu’on s’arrête là. Merci Manu d’avoir joué les experts avec moi et merci à tous de nous avoir écoutés. Bye-bye.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous avons écouté Magali Garnero

Version du 15 janvier 2020 à 07:10


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 14 janvier 2019 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Véronique Bonnet - Frédéric Couchet - à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 14 janvier 2020

Durée : 1 h 30 min

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Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Pourquoi la ville de Nancy considère que le logiciel libre est un vrai vecteur de transformation du service public en général et des collectivités locales en particulier ? Le livre consacré à Aaron Swartz, militant des libertés numériques et intitulé Ce qu’il reste de nos rêves. Quels sont les problèmes de la tentation de la réécriture ? Eh bien nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’association c’est april.org. Vous y trouvez une page consacrée à cette émission avec les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission.

Nous sommes mardi 14 janvier 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct ou participer à la discussion, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ainsi sur le salon dédié à l’émission.

Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Voici maintenant le programme de cette émission.
Nous commencerons par une note de lecture du livre Ce qu’il reste de nos rêves de Flore Vasseur consacré à Aaron Swartz, militant des libertés numériques, décédé à l’âge de 26 ans le 11 janvier 2013.
D’ici dix à quinze minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur la politique logiciel libre et données publiques de la ville de Nancy, récente récipiendaire d’un label Territoire Numérique Libre de niveau 5.
En fin d’émission nous aurons la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame sur le thème de « a tentation de la réécriture ».
À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred.

Frédéric Couchet : Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

Notes de lecture du livre Ce qu'il reste de nos rêves de Flore Vasseur, consacré à Aaron Swartz

Mag : Salut à tous. À l’occasion de la commémoration de sa mort le 11 janvier 2013, j’ai très envie de vous parler de Aaron Swartz, donc du livre Ce qu’il reste de nos rêves écrit par Flore Vasseur aux Éditions des Équateurs. C’est un livre qui est paru en 2019, donc c’est quand même assez récent, mais comme je ne pourrais pas avoir l’auteur avec moi, j’ai demandé à un connaisseur de venir. Salut Manu.

Manu : Salut Mag.

Mag : Manu, tu es responsable de la revue de presse de l’April.

Manu : Et je suis informaticien par ailleurs.

Mag : Et de l’Agenda du Libre.

Manu : Oui, que j’ai codé dans sa version actuelle.

Mag : J’en profite, je te fais de la pub !

Manu : Ça ne peut faire de mal !

Mag : Aaron Swartz est né en 1986, il est mort en 2013 à 27 ans. C’est une vie très courte mais très, très riche.

Manu : Il vient d’une famille dans laquelle le père est informaticien.

Mag : Il a des frères tout aussi intelligents que lui. Il est brillant, c’est un élève surdoué, on va le voir par la suite, il a fait énormément de choses.

Manu : Il a commencé à quel âge ?

Mag : À 12 ans il créeThe Info Network. The Info Network c’est une encyclopédie, c’est une sorte de prémisse de Wikipédia.

Manu : Oui, un peu en avance, mais déjà un début. Ça n’a pas pris à l’époque, effectivement il était un peu jeune, ça ne doit pas aider.

Mag : Peut-être aussi qu’il ne devait pas avoir les connaissances. À 12 ans on n’a pas le réseau que pouvaient avoir les fondateurs de Wikipédia. Mais déjà il est pour le partage des connaissances, la libre circulation des informations. À 13 ans il reçoit un prix, je ne vous dirai pas le nom du prix parce que c’est en anglais, mais, en gros, la récompense de ce prix c’est une visite au MIT.

Manu : Donc un endroit où il y a plein d’informaticiens. On pourrait même dire qu’il y a un nid et il va y rencontrer des gens importants pour sa vie plus tard.

Mag : Il y rencontre Lawrence Lessig.

Manu : Notamment, un grand défenseur du droit d’auteur, du domaine public plus précisément, qui est un des créateurs des Creative Commons, donc quelqu’un d’important.

Mag : À 14 ans, il participe au format RSS. C’est quoi le RSS.

Manu : C’est quelque chose d’assez technique qui permet de s’abonner aux sites web pour avoir leur actualité. C’est très utile mais ça reste assez technique. Donc quelque chose qui a vraiment beaucoup aidé à partager de l’information sur Internet. À son époque, ça a fait vraiment fureur.

Mag : Et c’est toujours d’actualité.

Manu : C’est toujours d’actualité, même si ça a évolué d’une certaine manière, donc il y a d’autres choses.

Mag : À 15 ans il s’intéresse au droit d’auteur et aux licences des Creative Commons.

Manu : Justement créées par Lawrence Lessig, un ami à lui.

Mag : Un mentor.

Manu : Un mentor, on peut le dire.

Mag : En tout cas au début c’était son mentor et après, manifestement, les choses se sont inversées, ça vous le découvrirez dans les interviews du livre de Flore Vasseur.

Manu : Les Creative Commons c’est quelque chose qu’on peut utiliser quand on diffuse des contenus sur Internet notamment, et ça touche à peu près tous les contenus qu’on peut imaginer. C’est très à la mode, notamment aujourd’hui sur Wikipédia.

Mag : À 16 ans il rentre à l’université de Stanford.

Manu : Donc c’est plutôt jeune, mais c’est bien !

Mag : À 17 ans il devient ou il commence à devenir très actif dans Wikipédia. Forcément vu que son encyclopédie n’a pas marché, autant être actif là où ça marche, Wikipédia, ça marche. À 19 ans il rejoint les fondateurs de Reddit. C’est quoi Reddit ?

Manu : C’est une sorte de site où on partage des liens et où on discute. C’est un nid à trolls, c’est un forum gigantesque.

Mag : À trolls.

Manu : Il y a plein de trolls sur Reddit, c’est assez incroyable !

Mag : Des débats.

Manu : Des débats. Il y a plein de débats sur Reddit. C’est un milieu qui est très bougeant, ça remue dans tous les sens.

Mag : Je ne me couche pas tant que quelqu’un a tort sur Internet, c’est ça ?

Manu : Exactement. Ceci dit, il n’y est pas resté non plus.

Mag : Non, parce que Reddit a été racheté par Condé Nast et manifestement la politique a changé ce qui fait qu’il s’est barré.

Manu : Ce n’est déjà pas mal, il a quand même participé encore à quelque chose d’assez important sur Internet.

Mag : À 21 ans, il fait partie des membres du W3C et du RDF.

Manu : Le W3C [World Wide Web Consortium] c’est l’organisme qui gère un peu le Web, donc une grosse partie d’Internet tel qu’on le connaît aujourd’hui, c’est quelque chose de gigantesque, d’important.
RDF [Resource Description Framework] est un des formats qui est utilisé, qui est attesté par le W3C, qui est en lien avec le RSS justement, donc quelque chose d’assez important qui est toujours utilisé aujourd’hui sur des métadonnées globalement et des formats de fichiers.

Mag : Tu vois, heureusement que tu es là !
C’est aussi à cet âge -là qu’il élabore le langage de balisage léger Markdown. Ça je sais, parce que je l’utilise.

Manu : Parce que tu l’utilises.

Mag : Bref, quand je vais sur mon site internet j’utilise du Markdown pour dire « attention, ce texte sera en gras, en italique, il faut aller à la ligne, c’est un titre » et ainsi de suite. C’est quelque chose qui est extraordinaire le Markdown, il a trempé là-dedans.

Manu : C’est un des créateurs et ce mécanisme-là est un des mécanismes qui est beaucoup utilisé dans les wikis, dans les outils comme Wikipédia, même si ce n’est pas toujours la même syntaxe. Il y a eu beaucoup de difficultés à mettre en place des syntaxes communes et aujourd’hui Markdown est une des syntaxes les plus utilisées quand on veut écrire à la mode wiki.

Mag : La classe !

Manu : Vraiment quelque chose de très important et assez incroyable parce qu’il y a beaucoup de ces syntaxes qui se sont battues les unes avec les autres.

Mag : Il continue. À 22 ans il participe à Tor2web. C’est un proxy http pour les services cachés de Tor. Déjà il va falloir que tu expliques : proxy, http et Tor.

Manu : On ne va pas forcément aller dans les détails. Tor c’est un outil pour être anonyme sur Internet, un outil en oignon, on passe par plusieurs couches et grâce à toutes ces couches, au moins trois, c’est ce qui recommandé, on est supposé être à peu près anonyme si on ne fait pas d’erreur par ailleurs. Les proxys ce sont des intermédiaires par lesquels on passe. Donc développer des proxys pour aller sur le Web, c’est utile. Je ne sais pas si la brique en question est encore utilisée aujourd’hui, mais c’est quelque chose d’important qu’il a dû mettre en place pour faciliter la vie et pour rester anonyme sur Internet, donc quelque chose de fondamental.

Mag : Il s’investit aussi dans Watchdog, en 2008. En gros c’est de l’open data qui force plus ou moins les gouvernements à mettre des données en transparence, en libre accès ?

Manu : Open data, ce qu’on en dit aujourd’hui, c’est effectivement quand les administrations partagent des données, les horaires de train, des données sur les budgets, des choses comme ça, qui sont partagées, qui sont diffusées, très utiles pour nous les citoyens, notamment, pour les entreprises et pour les autres administrations aussi. Oui, il a trempé là-dedans encore.

Mag : Incroyable ! Pas que ça. Il a aussi fait l’open librairie.

Manu : Ah ! Oui, parce que tu es libraire.

Mag : Je suis libraire effectivement. L’open librairie c’est énormément de livres en libre accès. C’est-à-dire que tout ce qu’il a pu avoir sous la main il l’a envoyé et on peut y accéder gratuitement, librement.

Manu : Vraisemblablement des livres du domaine public.

Mag : Et il y en déjà pas mal !

Manu : Il y en a beaucoup et c’est un effort qui est louable parce qu’il faut les diffuser, il faut les reprendre et il me semble qu’il a fait ça notamment pour essayer de damer le pion à Google qui, lui aussi, avait des projets dans ce sens-là, mais ce n’était pas forcément pas des projets ouverts.

Mag : Déjà, en 2008, il se méfiait de Google !

Manu : Effectivement il avait senti qu’il y a avait des acteurs qui étaient trop importants, qu’il ne fallait pas leur laisser tout faire.

Mag : Bien sûr, nous on le connaît pour autre chose. Enfin, on le connaît !

Manu : En tout cas pour sa dernière affaire on va dire, son dernier combat.

Mag : L’affaire JSTOR.

Manu : En soi ce n’était pas la plus connue mais c’est effectivement la diffusion de journaux scientifiques.

Mag : Ce sont des diffusions qu’il est allé récupérer sur le site du MIT.

Manu : Et qu’il a diffusées ensuite sur Internet, et, en tout cas, on ne lui avait pas donné la permission de le faire, donc c’était considéré un accès illégal et une diffusion illégale.

Mag : Il n’y avait rien qui empêchait de le faire. Le MIT était quand même reconnu pour garder ce genre de données ouvertes.

Manu : Oui, en interne, mais le fait qu’il les a diffusées ça a été à l’encontre de la politique officielle du MIT. Même si le MIT ne s’en est pas plaint officiellement, il y a quelqu’un qui lui est tombé dessus, un procureur des États-Unis qui l’a mis en accusation pour avoir diffusé et hacké des informations qu’il n’aurait pas dû mettre en partage sur Internet.

Mag : C’est un procureur des États-Unis, Carmen Ortiz, qui va porter plainte et va se gérer une affaire sachant que JSTOR n’a pas porté plainte et va menacer Aaron de 35 ans d’emprisonnement et de un million de dollars, je crois, quelque chose de totalement loufoque comme somme !

Manu : C’était de la démesure et effectivement certains considèrent que c’était devenu une forme d’acharnement judiciaire. Elle voulait vraisemblablement faire un exemple avec Aaron Swartz, qui était déjà très connu à cette époque, donc le mettre en face de ses responsabilités, on va dire, l’accuser et lui faire plier l’échine aurait été un succès, on peut imaginer, pour cette procureur.

Mag : Il faut savoir qu’Aaron Swartz avait des problèmes de santé, que ce soit sa santé alimentaire mais aussi un peu psychique et il s’est pendu. Il s’est pendu dans le costume qu’il avait acheté pour aller au tribunal, donc il n’y a pas eu de jugement.

Manu : Il a mis fin à cette affaire, mais effectivement c’est sa vie qu’il a mise en jeu. C’est un peu dommage, on ne sait pas dans quelle mesure c’est l’affaire qui l’a poussé à cela. En tout cas, aujourd’hui il est considéré un petit peu…

Mag : Comme un martyr du Libre. En tout cas une figure incontournable du mouvement du logiciel libre, des droits d’auteur et de tout ce qui est licences et open source.

Manu : C’est un combattant du partage d’informations, du partage d’informations scientifiques, de la collaboration, de la mise en commun et des formats qui vont sous-tendre ces mises en commun. C’est quelqu’un d’important parce qu’il a marqué son époque. Il y a des pétitions qui ont circulé en sa mémoire, notamment contre la procureure. Lawrence Lessig continue à parler de lui assez régulièrement. C’est quelqu’un qui, malgré son jeune âge, a contribué de manière marquante à la vie d’Internet.

Mag : Il a marqué les esprits. Il y a plein de choses qui sont dites sur lui, même après sa mort. D’ailleurs on fête sa mort.

Manu : Et on écrit des livres sur sa vie, sur sa courte vie.

Mag : Sur sa vie.
Ce que j’ai aimé dans ce livre, donc dans cette biographie, c’est qu’elle est écrite comme un roman. Pour ceux qui ne sont pas trop biographie, qui préfèrent les romans, n’hésitez pas à aller la lire, parce qu’on suit vraiment toute son histoire. Il y a le témoignage de sa famille, il y a le témoignage de ses amis, de ses proches. Il y a aussi le témoignage de ses mentors puisque Lawrence Lessig y participe énormément, d’ailleurs c’est peut-être grâce à lui que cette biographie existe. C’est bien ficelé, il y a plein de références à l’actualité, on n’est pas perdu. Je trouve que c’est une manière très intelligente de nous prévenir et de nous sensibiliser aux dérives des GAFAM mais aussi des gouvernements parce que là c’est le gouvernement qu’il s’est pris en pleine face notre Aaron Swartz. Il se sentait innocent et, malgré tout, les jugements, la pression, la prison puisqu’il a été arrêté, ça l’a mis dans un état qui l’a conduit au suicide.

Manu : C’est une vie marquante, courte. J’espère qu’on continuera à parler de lui régulièrement, il n’y a pas de raison qu’on l’oublie. En tant que martyr des libertés, c’est toujours important de parler de lui.

Mag : Je pense que tant que Lawrence Lessig sera vivant on parlera de lui. Il a vraiment été marqué par ce gamin qui réfléchissait et lui donnait des pistes de réflexion auxquelles il ne s’attendait pas forcément.
Avant de conclure je voudrais parler un petit peu de Flore Vasseur. Flore Vasseur c’est une Française.

Manu : Donc l’autrice de la biographie.

Mag : L’autrice de la biographie. En 1999 elle est partie s’installer à New-York. Elle travaillait dans une entreprise de luxe. Elle a monté sa propre société de marketing. Et là paf ! Attentats du 11 septembre 2001. Elle ne doit pas être très loin des tours, on sent que ça la marque et elle va totalement changer de vie. Ces attentats, c’est une sorte de déclic et elle change tout. Elle devient journaliste, chroniqueuse, elle quitte New-York, elle revient en France. Elle va commencer à faire des chroniques sur France Culture, sur Le Monde, sur Le Figaro, sur Le Journal du dimanche. Elle fait des articles sur pas mal de gens. Elle s’intéresse énormément aux lanceurs d’alerte qu’elle a connus quand elle a fait un documentaire, en 2016, sur la rencontre entre Lawrence Lessig, Snowden et Birgitta Jónsdóttir.

Manu : Qui ça ?

Mag : Birgitta Jónsdóttir.

Manu : Ce n’est pas facile !

Mag : Je ne suis pas sûre de le prononcer correctement en plus. Birgitta c’est une femme islandaise qui a fondé le Parti pirate. Donc en 2010, elle fonde le Parti pirate, elle était très proche de Julien Assange de WikiLeaks, elle s’en est un peu éloignée après, elle prône les droits d’auteur, le partage de la connaissance, la liberté sur Internet, enfin c’est une femme bien. Elle a fait un documentaire sur la rencontre de ces trois personnes qui est fabuleux. Je vous conseille d’aller voir ce documentaire et même d’aller lire d’autres livres de Flore Vasseur parce que c’est quand même quelqu’un qui réfléchit, qui partage, et c’est intéressant de lui consacrer un peu de temps.

Manu : À priori elle défend des droits d’auteur logiques et bien délimités et pas des droits d’auteur un peu fous qui seraient défendus notamment par des procureurs qui ont envie de marquer le coup et d’obtenir une cible, d’obtenir une cible un peu forte.

Mag : Je propose qu’on s’arrête là. Merci Manu d’avoir joué les experts avec moi et merci à tous de nous avoir écoutés. Bye-bye.

Frédéric Couchet : Nous avons écouté Magali Garnero