Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 13 octobre 2020

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 13 octobre 2020 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Vincent Calame - Catherine Heintz - Jean Couteau - Isabelle Carrère - Freco - Frédéric Couchet - Isabella Vanni à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 13 octobre 2020

Durée : 1 h 30 min

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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcrit : MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Le réseau Libre-entreprise du logiciel libre qui partage des valeurs et modes de fonctionnement basés sur la démocratie d’entreprise, la transparence et la compétence, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique de Vincent Calame sur le choix des noms en informatique et aussi la chronique d’Antanak sur téléphones et vie privée.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’April c’est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette l’émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous poser toute question, nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission.

Nous sommes mardi 13 octobre 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui ma collègue Isabella Vanni.

Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.

Je précise que nous enregistrons à nouveau le début de cette émission, notamment à distance avec le premier intervenant, car en direct mardi 13 octobre nous avons eu des problèmes techniques et le début de l’émission n’a pas été diffusé. Ceci explique la différence de son que vous allez entendre entre le début et la suite de l’émission.

Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Je vais commencer par vous proposer un petit quiz. Je vous donnerai les réponses en fin d’émission. Vous pouvez proposer des réponses soit sur le salon web de la radio soit sur les réseaux sociaux sur lesquels nous sommes.
En fait c’est le premier intervenant, Vincent, qui va nous parler du choix des noms en informatique, qui me l’a suggérée ou, en tout cas, l’idée m’est venue à la lecture de sa chronique. La question : quel est le nom de l’association qui porte ce merveilleux projet de radio Cause commune. Je répète : quel est le nom de l’association qui porte ce merveilleux projet de radio Cause commune ?

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l'April, sur le choix des noms en informatique

Frédéric Couchet : Vincent Calame, informaticien libriste et bénévole à l’April, nous fait partager son témoignage d’un informaticien embarqué au sein de groupes de néophytes. Choses vues, entendues et vécues autour de l’usage des logiciels libres au sein de collectifs, associations, mouvements et équipes en tout genre, c’est la chronique « Jouons Collectif ». Le thème du jour : le choix des noms en informatique.
Vincent, explique-nous un petit peu ce choix des noms en informatique.

Vincent Calam : Bonjour.
L’idée de cette chronique m’est venue lors de la rédaction de ma chronique précédente qui portait sur la terminologie utilisée en informatique et certains choix malheureux comme « Maître et esclave ». En écrivant cette chronique, je me suis donc rendu compte qu’en informatique nous avions très souvent comme tâche de nommer les choses. À l’intérieur de notre propre code nous manipulons en permanence des objets et des concepts qui doivent porter des noms. Le début de la plupart des fichiers de code informatique commence par la « déclaration des variables » où, justement, on nomme ce qui va être manipulé.
Nommer est tout un art, il faut être à la fois concis, car on va devoir réécrire le nom souvent, et compréhensible.
Cet art est aussi un jeu quand il s’agit de donner un nom à un nouveau projet, un nouvel outil. Dans le monde de l’entreprise cette mission de donner un nom est confiée à des agences de communication. Quand vous êtes bénévole, que vous travaillez pour le secteur associatif, la discussion est beaucoup plus collective et c’est là que cela devient ludique, car il faut faire preuve d’imagination. L’April, par exemple, récemment a dû trouver des noms pour son Chaton ou pour cette émission-même.

Frédéric Couchet : Oui, tout à fait. Choisir des noms fait partie des activités récurrentes. On va d’abord rappeler que CHATONS avec un « S », chatons.org, c’est le Collectif des Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires qui propose des services éthiques à toute personne. Notre contribution à ce collectif c’est le site Chapril, chapril.org. Effectivement que veut dire Chapril ? Chapril pourrait signifier plein de choses, notamment « Chaton pour le respect aprilien de votre informatique et de vos libertés » ; « Centre d’hébergement aprilien pour le respect d’une informatique libre » ou encore « Chaton aprilien pour le respect d’une informatique libre » ou, plus simplement, c’est tout simplement c’est sans doute un jeu de mots, un mot valise entre « Chaton » et « April ».
Concernant le nom de l’émission Libre à vous !, on documente tout à l’April, eh bien j’ai retrouvé les références du choix de ce nom-là parmi de nombreuses propositions, le choix vient pour être dans l’esprit de « le Libre vient à vous » et également dans l’esprit de « libre à vous de participer, contribuer ». Donc c’est le côté collectif, ce qui correspond évidemment à ta chronique qui s’appelle, je le rappelle, « Jouons collectif ».

Vincent Calame : Tout à fait. On notera, à l’April, un fort usage du mot « libre », ce qui ne nous étonne pas. Dans beaucoup de logiciels libres, on va utiliser des mots anglais, cela fait chic, branché et ça donne tout de suite l’impression de travailler à l’international. Il en résulte une utilisation immodérée du mot open. « OpenTruc », « OpenMachin », il est partout. Cela aboutit d’ailleurs à des confusions amusantes avec d’autres utilisations en français de open comme dans « Open de tennis » et surtout dans « Open Bar », terme qui, dans le cas du Libre, désigne des ministères français qui n’ont pas du tout une activité liée au Libre.

Frédéric Couchet : Effectivement « Open Bar », on en a souvent parlé dans l’émission Libre à vous !. D’ailleurs la première émission de mai 2018 était entièrement consacrée à l’« Open Bar » Microsoft-Défense, c’est-à-dire le contrat qui lie depuis 2008 le ministère de la Défense et Microsoft. En fait, ce sont des contrats de type location d’une durée de quatre ans qui permettent l’usage de la plupart des logiciels de Microsoft par le ministère de la Défense et au bout de quatre ans, s’ils veulent continuer à utiliser ces systèmes, ils doivent renouveler ce contrat. En fait ils n’ont pas le temps d’étudier des alternatives, notamment par exemple la migration vers le logiciel libre. En fait le ministère est pieds et poings liés à Microsoft. C’est pour ça qu’on a utilisé ce terme « Open Bar ».

Vincent Calame : Il existe plusieurs pistes, heureusement, pour sortir des sentiers battus de l’OpenMachinChose. La première est d’explorer d’autres langues que celles de notre voisinage immédiat. Je ne citerai que deux exemples célèbres qui parlent d’eux-mêmes : Ubuntu, la distribution GNU-Linux bien connue. Ubuntu est un mot issu de langues bantoues du sud de l’Afrique qui désigne une notion proche des concepts d’humanité et de fraternité, je cite Wikipédia, et surtout le mot wiki qui signifie en hawaïen rapide, vite ou informel. Cette trouvaille, que je trouve géniale, a eu un succès immédiat, amplifié bien sûr par le succès de Wikipédia.
Si vous n’avez pas la chance de connaître une autre langue que celles enseignées couramment en France, il existe toujours un vivier inépuisable dans lequel le français ne cesse de puiser depuis des siècles pour forger de nouveaux concepts, à savoir le latin et le grec.

Frédéric Couchet : Oui, Vincent, mais tout le monde n’a pas suivi les cours de latin et de grec à l’école !

Vincent Calame : Bien sûr ! C’est là que je place cette chronique sous le haut patronage de Réné Goscinny, un de nos grands auteurs du XXe siècle. Les albums d’Astérix sont remplis de citations latines. Or, de son propre aveu, René Goscinny n’a jamais fait de latin, toutes ses citations viennent des pages roses du dictionnaire Larousse. Il s’amusait même d’avoir reçu des lettres de latinistes distingués lui signalant une erreur. En fait, nous baignons dans le latin, que nous en ayons fait ou non à l’école. Quant au grec, la dette des sciences et des techniques à son égard est énorme, il n’y a qu’à penser à des mots comme « téléphone » ou au « micro » que j’utilise en ce moment.

Frédéric Couchet : Cher Vincent, comment procède-t-on ?

Vincent Calame : Je vais prendre mon exemple. Je cherchais un nom pour un logiciel que je code qui est un moteur de recherche et je voulais justement éviter « OpenSearch », évidemment. Je suis allé sur un site, lexilogos.com, qui offre la possibilité de chercher dans de vieux dictionnaires numérisés. J’ai regardé le mot « chercher » qui possèdent en latin plusieurs entrées - quaero, scrutor, investigo. Comme par ailleurs, en latin, les déclinaisons sont très nombreuses, on a le choix, pour une même racine, à une grande variété de formes. J’ai choisi scrutari qui est l’infinitif de scrutor qui signifie plus particulièrement « fouiller ». C’est d’ailleurs le terme qui a donné en français « scruter » et « scrutateur ».
Pour le grec, j’ai procédé de la même manière. Il faut seulement être un peu plus familier de l’alphabet. Pour un autre projet, j’ai trouvé le terme desmos qui veut dire « lien » ; c’est une racine très peu utilisée en français, à part le terme « desmodromique » connu des amateurs de mécanique. Avec ce terme, cela m’a permis de construire des mots comme « desmographie » pour la représentation des liens entre des éléments ou « desmogramme » qui pourrait être synonyme de « carte conceptuelle ». Donc les infinités sont nombreuses.

Pour conclure et pour revenir au réflexe d’utiliser l’anglais pour des soucis d’universalité qui sont louables, utiliser le latin et le grec ne me pose aucun problème justement d’universalité parce qu’elles ont joué ce rôle pendant des siècles, notamment dans la communauté scientifique. La grande majorité des mots anglais de plus de trois syllabes vient du latin ou du grec et rappelons qu’Isaac Newton a écrit son ouvrage fondamental en latin : Philosophiae naturalis principia mathematica.
Un mot latin ou construit à partir du grec sera adopté immédiatement en anglais comme en français.

Voilà, il ne vous reste plus qu’à vous plonger dans les dictionnaires et à explorer les trésors de l’étymologie pour faire preuve d’un peu d’originalité. Pour information, je signale que « ouvert » peut se traduire par expositus en latin et « code » se dit codex. Donc « Ce logiciel est expositum codex » ; ça change un petit peu de « ce logiciel est open source », non ?

Frédéric Couchet : Effectivement ça change, mais alors comment dit-on « logiciel libre » ? Est-ce que tu le sais ?

Vincent Calame : « Logiciel » est une construction récente à partir de « logique » et de « matériel », « logique » venant lui-même directement de logicus en latin. Donc on pourrait imaginer pour « libre » c’est liber, pour « logiciel » il y a logicus et puis « matériel » se ditinstrumentum. On pourrait imaginer liberum logicus instrumentum. Mais bon ! Les déclinaisons ne sont pas bonnes, les latinistes corrigeront.

Frédéric Couchet : Les latinistes qui nous écoutent nous corrigeront. En tout cas c’est très joli, effectivement.
Je te remercie pour cette chronique sur le choix des noms. C’était la chronique de Vincent Calame « Jouons collectif ». e te souhaite une belle fin de journée. On se retrouve le mois prochain.

Vincent Calame : Merci. Oui.

Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Aujourd’hui notre programmateur musical Éric Fraudain, du site auboutdufil.com, nous fait découvrir l’artiste Myuu. Nous allons écouter un premier titre intitulé Hold On. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Voix off : Cause Commune 93.1.

Pause musicale : Hold On par Myuu.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Hold On par Myuu, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, qui permet la réutilisation légale et gratuite, la modification, la diffusion à condition de créditer le nom de l’artiste, le titre du morceau et la source du fichier original. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.com, et sur le site de la radio, causecommune.fm.

Comme nous avons un problème technique au début de l’émission, je vais vous rappeler la question quiz qui porte sur les noms, que Vincent Calame a abordé juste avant, que vous n’avez pas eu le plaisir d’entendre, mais que vous entendrez en podcast, je vous le promets, on va à nouveau l’enregistrer. La question : quel est le nom de l’association qui porte ce merveilleux projet de radio Cause Commune. Je donnerai la réponse à la fin de l’émission je la donnerai à la fin de l’émission, évidemment vous pouvez la proposer notamment sur le salon web de la radio.
Vous écoutez toujours radio Cause Commune 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm. Rejoignez-nous sur le site, bouton « chat », salon #libreavous.

On passe au sujet principal.

[Virgule musicale]

Le Réseau Libre-entreprise avec Catherine Heintz de Néréide et Jean Couteau de Code Lutin

Deuxième partie

[Virgule musicale]

Chronique « Que libérer d'autre que du logiciel » avec Isabelle Carrère et François de Antanak sur téléphones et vie privée

Frédéric Couchet : « Que libérer d'autre que du logiciel », la chronique d'Antanak. Antanak - comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire - eh bien, on est voisin, rue Bernard Dimey, dans le dix-huitième à Paris. Donc aujourd'hui, Isabelle Carrère et Fréco vont nous parler de téléphone et de vie privée. Je crois que c'est Isabelle qui fait l'introduction.
Isabelle : Une introduction hyper rapide. Bonjour Fred, bonjour tout le monde. En fait, l'idée c'est que je passe juste la parole à François, puis que cette chronique est bien une chronique d'Antanak et non pas de moi-même, et donc merci d'avoir accepté cette affaire.
Frédéric Couchet : Alors, Fréco, ça va être à toi. Ton micro, il est allumé ou pas ? Allez, vas-y, parle... Non, ton micro n'est pas allumé ... Tu peux recommencer, ton micro est allumé.
Fréco : Bonjour Fred, bonjour Isabelle. Alors, juste pour me présenter rapidement : moi, c'est François, ou Fréco comme vient de le dire Fred. J'ai découvert le libre il y a dix ans, après avoir refusé d'acheter un nouvel ordinateur pour remplacer le mien qui ramait franchement avec Windows. Et depuis, j'ai toujours été fasciné par la possibilité de redonner vie à des vieux PC avec des logiciels ??? et de partager cette expérience autour de moi. Logiquement, je me retrouve totalement dans la démarche d'Antanak de revaloriser des ordinateurs récupérés et depuis quatre ans je participe à aider dans la préparation des distributions GNU-Linux adaptées aux vieux, voire très vieux, PC. Par exemple, vous pouvez venir dans nos locaux et tester comment ??? permet à un vieux PC avec seulement un méga de RAM de naviguer correctement sur Internet. Il faut vraiment venir l'essayer pour le croire. Voilà, et depuis deux ans et mon passage enfin sur un smartphone, je milite pour diffuser des logiciels libres sur téléphone. D'où la chronique d'aujourd'hui : Téléphone et vie privée. L'idée étant de prendre conscience de la collecte de données personnelles et des solutions pour y échapper, avec les applications et systèmes d'exploitation libres pour téléphone.
Aujourd'hui, les téléphones sont devenus des objets indispensables au quotidien qui nous suivent partout. Ils rentrent dans notre vie intime et récoltent énormément d'informations personnelles. Alors, vous allez me dire que vous contrôlez vos données et que vous n'avez rien à cacher. Le souci étant qu'on n'a pas forcément conscience du niveau d'information recueilli. On ne le voit pas tous les jours. Un cas par exemple où on peut le remarquer, c'est quand vous échangez deux mots avec un ami que vous croisez dans la rue en disant par exemple « Il fait beau, je me ferai bien un barbecue ce midi. » Et puis, ensuite, plus tard, en reprenant votre téléphone, vous voyez des publicités pour des brochettes. À ce moment-là, on prend conscience que tout ce qu'on dit à l'oral est analysé par le téléphone car sinon, le reste du temps, on ne se rend compte de rien. Aussi, un bon test pour prendre conscience de ce que peut garder en mémoire un géant du Net comme Google, vous allez sur Internet, vous cherchez Google, Mon activité ou My activity, et la-dessus, suivant les services Google que vous utilisez, vous risquerez d'être surpris par le niveau de renseignements collecté sur vous. Même moi, qui ne me connecte jamais sur mon compte Google, j'y ai retrouvé l'historique de toutes les vidéos que j'ai visionnées sur YouTube depuis neuf ans. Sauf celles que j'ai pu regarder sur mon navigateur en mode privé. C'est franchement impressionnant, voire franchement flippant.
Mais malheureusement, il n'y a pas que Google comme espion, il y en a d'autres. Par exemple, si, comme sur de nombreux téléphones, vous avez l'application Facebook de préinstallée, sachez bien qu'au premier démarrage de votre téléphone, l'application récupère tous vos contacts de votre carte SIM et la renvoie à Facebook. Que vous ayez un compte Facebook ou non, l'application ne se gêne pas pour récupérer vos données même sans l'avoir utilisée.
Isabelle : Ah bon, mais alors, du coup, comment est-ce qu'on peut savoir, dans les applications par défaut, quelles sont celles que j'installe, est-ce qu'elles respectent vraiment ma vie privée ?
Fréco : Alors, la seule garantie dont vous disposez, c'est l'utilisation d'applications libres. Par principe, tout le monde peut regarder le code de l'application libre, pour l'améliorer entre autres. Il est donc impossible d'y cacher un programme espion et, si un développeur mal intentionné tentait quand même d'y glisser un mouchard, il se ferait rapidement bannir par la communauté. Ici, la confiance est basée sur la transparence. Et ce principe de logiciel libre fonctionne depuis plus de trente-cinq ans et il est garanti par la licence libre, la GPL pour General Public License.
Isabelle : Ok, alors, sur les ordinateurs, on a l'habitude à Antanak des logithèques, des bibliothèques qui permettent de trouver tout ça. Et sur les téléphones ?
Fréco : Alors, sur Android, on a la chance d'avoir un magasin d'applications libres, F-Droid, pour Free Droid, qui permet de rechercher, installer et de mettre à jour les applications disponibles. Et il y en a beaucoup, plusieurs milliers. Alors vous êtes sûrs de trouver une application libre pour chaque fonctionnalité dont vous avez besoin. Vous pouvez voir sur le lien suivant une sélection des meilleurs applications F-Droid sélectionnées par l'association Parinux : pad.chapril.org/p/smartphone_libre.
Isabelle : Et alors, du coup, grâce à ça, réellement, les téléphones ne peuvent plus espionner quoi que ce soit de l'activité ?
Fréco : Alors, cela limite l'espionnage des applications que vous utilisez, mais il reste toujours dans Android, conçu par Google, des services d'espionnage dans le système d'exploitation lui-même.
Isabelle : Et celles-là, on peut les supprimer du téléphone ?
Fréco : Alors, on peut le faire, mais c'est compliqué et risqué. Il faut savoir quoi modifier dans les fichiers système sans tout casser. C'est faisable mais à réserver aux geeks.
Isabelle : Et alors, si on n'est pas geek, comment fait-on ?
Fréco : Le mieux, dans ce cas-là, c'est de changer complètement le système d'exploitation par un système entièrement libre, nettoyé de tout espionnage. Alors, comme tu l'as expliqué, Isabelle, pour les ordinateurs le mois dernier,lors de la première chronique d'Antanak, on peut changer le système d'exploitation aussi sur un téléphone qui reste un ordinateur plus plus. La différence ici est que chaque sous-version de chaque modèle possède du matériel spécifique comme l'écran, la caméra, le GPS, le wi-fi. Malheureusement, on ne peut pas avoir une image unique s'installant sur chaque téléphone mais on a besoin d'une image pour chaque sous-modèle s'adaptant aux spécificités de chaque appareil, chaque appareil identifié par un unique codename. Pour que votre téléphone soit compatible, il faut donc qu'un développeur ait adapté le système à votre sous-modèle. La conséquence, c'est qu'il est plus facile de trouver des systèmes libres pour des modèles plutôt haut de gamme parmi les plus courants du marché. En installant un système d'exploitation libre, finies les applications propriétaires non désinstallables pouvant récupérer vos données. On repart sur une base saine, optimisée, plus performante, à jour et donc plus sécurisée.
Par contre, pour les i-phones, contrairement aux ordinateurs Mac, il n'est pas possible de changer de système d'exploitation, mais il reste toujours la possibilité d'utiliser des applications libres. Pour savoir ce qu'il existe en libre sur l'i-phone, vous pourrez trouver toujours les renseignements sur le même pad.chapril.com/smartphone_libre cité précédemment. Pour info, l'astuce connue sur i-phone sous le nom de jailbreak, la sortie de prison, consiste à contourner le magasin d'applications payant d'Apple et non à changer le système.
Isabelle : Okay, et, du coup, pour les téléphones sous Android, on a le choix en système libre ?
Fréco : Oui, alors là, pour les téléphones basés sur Android, c'est une toute autre histoire. Il existe des systèmes basés sur la version libre d'Android qui permettent une compatibilité parfaite ou partielle des applications d'Android et, à côté, on trouve aussi des systèmes GNU-Linux sur téléphone. Alors, oui, je précise GNU-Linux pour les distinguer d'Android qui utilise un noyau Linux mais, là, il n'y a plus rien de libre. Alors, pour commencer avec les systèmes compatibles Android, les plus populaires, on a Lineage, "linéage" à la française, le système le plus répandu et qui a fait sa réputation grâce à sa performance et à sa stabilité. En plus de libérer un téléphone, cela peur permettre de redonner vie à un vieil appareil en le remettant au goût du jour avec une base Android plus récente. À l'installation, il faut choisir entre la version de Lineage sans ou avec les services Google. Sans l'installation des services Google, donc, on n'est pas du tout pisté, toutes les applications libres fonctionnent ainsi qu'un certain nombre d'applications populaires propriétaires. Cependant, ce n'est pas forcément conseillé pour le grand public car certaines des applications dépendant des services Google ne fonctionneront pas, comme par exemple Waze, pour la navigation, très bien connue, qui a besoin de Google Maps pour fonctionner. Alors vous trouvez bien sûr l'équivalent sur F-Droid en libre, basé sur Open Street Map, comme Osmond, mais vu que cette application n'espionne pas les automobilistes comme le fait Google, vous n'aurez pas les mêmes informations sur les bouchons en temps réel. Donc, sans les services Google, vous aurez un usage fonctionnel mais alternatif du téléphone par rapport à un Android classique. Donc si vous choisissez d'installer complètement les services Google, et si toutes les applications Android sont compatibles, jusque là vous êtes pisté par le géant du Net.
Isabelle : Oui, mais alors dommage d'en arriver là pour se faire totalement googliser. Bon, est-ce qu'il y a une solution pour avoir à la fois un usage strictement identique à un Android classique mais en même temps garantir ses éléments de sa vie privée ?
Fréco : Oui, alors voilà la magie du libre. Beaucoup l'ont rêvé et les développeurs l'ont fait. Alors, c'est une base Lineage sur laquelle vous pouvez utiliser les services Google tout en donnant de mauvaises informations aux espions de Google. Le système s'appelle e, écrit /e/, il est aujourd'hui le système idéal pour protéger sa vie privée tout en étant accessible pour le grand public. Lors d'une prochaine chronique, on pourra détailler tous les autres systèmes d'exploitation existant pour smartphones, il y en a beaucoup, ainsi que préciser certaines informations sur l'installation d'un nouveau système d'exploitation sur votre téléphone. Mais avant celà, sachez juste qu'il est possible de se renseigner, de se faire installer son téléphone lors d'install-parties, comme celles organisées par Parinux tous les premiers samedis du mois à la Villette et que le site e.foundation propose des téléphones reconditionnés et neufs déjà préinstallés avec e. Donc aujourd'hui, plus besoin d'être un geek pour se dégoogliser et ne plus avoir de mouchard dans la poche. Maintenant, c'est à vous de choisir.
Isabelle : Voilà.







[Virgule musicale]

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