Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 12 novembre 2019 »

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===Chronique de Vincent Calame ===
 
===Chronique de Vincent Calame ===
  
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre avec la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l’April.  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre avec la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l’April. Bonjour Vincent.
  
 
<b> Vincent Calame : </b>Bonjour.
 
<b> Vincent Calame : </b>Bonjour.
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<b>Frédéric Couchet : </b> Alors aujourd'hui, tu souhaites nous parler de la clause «Pas d'usage commercial» de certaines licences Creative Commons.
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<b>Vincent Calame : </b> Oui tout à fait. Pour cette chronique, j'ai un peu marché sur les plates-bandes de Jean-Christophe Becquet qui tient ici même une chronique «Pépite libre» qui présente des ressources justement sous licence libre. Et dans sa toute première chronique que l'on peut télécharger sur le site de l'April, il évoquait le cas d'une vidéo d'une conférence qui était sous licence Creative Commons mais qui ne pouvait pas rééutiliser dans une formation parce que ce n'est pas cette clause et qu'est-ce qu'elle avait justement cette clause usage non commercial. Et donc, dans sa chronique il parle de l'échange qu'il a eu avec l'auteur pour lui faire retirer cette clause. Et c'est ça dont je voudrais parler aujourd'hui.
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<b>Frédéric Couchet : </b> Alors : clause, licence, Creative Commons... Trois mots de jargon d'un coup, explique nous ça.
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<b>Vincent Calame : </b> Voilà alors, les habitués connaissent ça par coeur mais il faut préciser pour les personnes qui nous rejoignent. La licence c'est un document juridique qui indique les conditions d'utilisation d'un logiciel ou de toute autre production. Je parle sous contrôle. Vous savez, c'est souvent ce long texte que vous faites défiler rapidement sans lire pour faire activer le bouton «J'accepte» sans poser de questions. Il y a donc de très nombreuses licences différentes. Et dans le cas des logiciels libres, on dit qu'un logiciel est libre quand l'auteur lui a attaché une licence qui assure à l'utilisateur donc quatres libertés : la liberté d'utilisation, la liberté d'examen du code, de modification du code et de distribution de codes modifiés. La plus célèbre des licences libres et la première c'est la GNU GPL. Ces licences qui sont très utilisées dans le monde du logiciel libre ont inspiré d'autres licences plus adaptées à d'autres productions intellectuelles comme les textes et les vidéos. Et une des plus connues c'est la Creative Commons.
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<b>Frédéric Couchet : </b> Attention Vincent, attention ! On ne dit pas la licence Creative Commons mais les licences Creative Commons.
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<b>Vincent Calame : </b> Voilà, parce que nous approchons du problème. En fait, le système des Creative Commons, c'est une famille de licences. Et quand vous avez votre document, vous êtes l'auteur, vous voulez le mettre sous licence Creative Commons, vous choisissez un certain nombre de clauses parmi celles disponible. Il y a par exemple, la clause attribution qui demande que l'auteur initial soit bien cité, la clause «Partage à l'identique» qui impose de distribuer les modifications sous les mêmes conditions et la clause NC pour Non-Commercial qui interdit l'usage commercial.
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<b>Frédéric Couchet : </b> Alors nous y sommes. Alors pourquoi pose-t-elle problème cette clause «Pas d'usage commercial» ?
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<b>Vincent Calame : </b>Alors parce que une licence Creative Commons avec cette clause est une licence non libre. En effet, la première liberté des licences libres c'est celle de la liberté d'utilisation donc y compris dans un usage commercial. Et donc, avec une clause non commercial, vous limitez la liberté de l'utilisateur. Le problème en fait de cette clause, c'est que elle apparaît comme assez naturelle même très naturelle en particulier pour une association qui en France est régie par la fameuse loi de 1901.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Donc la loi qui parle d'associations à but non lucratif.
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<b>Vincent Calame : </b> Exactement. Et pour les associations, il y a une légitime fierté à faire partie d'un secteur non marchand. Du coup, je pense qu'elles ont le sentiment que la clause NC est faite pour elles. Donc la difficulté du côté des millitants du libre, c'est de montrer en quoi cette clause est un frein à la diffusion de leurs productions. Donc un exemple, une photo ne peut pas être mise dans une production papier même si cette production a été vendue à un prix coûtant, juste au prix de l'impression. Je pense que pour les associations aussi, cette clause rassure parce que derrière ça, il y a quelqu'un, la crainte que quelqu'un profite du travail. Qu'il se fasse de l'argent dans le dos de l'association.
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<b>Frédéric Couchet : </b> Oui oui. Ça c'est un fantasme en fait. Non ?
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<b>Vincent Calame : </b> Oui. Je pense que oui dans le sens où moi je n'ai pas d'exemple concret d'un vol de données, d'informations ou de quelque chose qui serait de l'argent là-dessus. Mais je pense qu'il n'y a pas d'exemple concret mais en revanche il y a un environnement dont il faut être conscient quand on est aussi millitant du libre dans le sens où le monde associatif est en ce moment soumis à une très forte pression de rentabilité. Il y a des suppressions de subventions, il y a des exigences de redevabilité excessives, de rendre les comptes, des évalutations comptables et très tatillonnes et très financières, il faut faire du chiffre. Il y a également ce phénomène dans certains secteurs qui relève de l'économie sociale et solidaire comme les aides à la personne, à l'insertion etc,

Version du 14 novembre 2019 à 04:59


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 12 novembre 2019 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : - Frédéric Couchet - à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 12 novembre 2019

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou enregistrer le podcast PROVISOIRE

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.


Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.



[Virgule musicale]

Chronique de Jean-Christophe Becquet « Pépite libre »

Frédéric Couchet :




[Virgule musicale]

Open Food Facts

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal



[Virgule musicale]

Chronique de Vincent Calame

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l’April. Bonjour Vincent.

Vincent Calame : Bonjour.

Frédéric Couchet : Alors aujourd'hui, tu souhaites nous parler de la clause «Pas d'usage commercial» de certaines licences Creative Commons.

Vincent Calame : Oui tout à fait. Pour cette chronique, j'ai un peu marché sur les plates-bandes de Jean-Christophe Becquet qui tient ici même une chronique «Pépite libre» qui présente des ressources justement sous licence libre. Et dans sa toute première chronique que l'on peut télécharger sur le site de l'April, il évoquait le cas d'une vidéo d'une conférence qui était sous licence Creative Commons mais qui ne pouvait pas rééutiliser dans une formation parce que ce n'est pas cette clause et qu'est-ce qu'elle avait justement cette clause usage non commercial. Et donc, dans sa chronique il parle de l'échange qu'il a eu avec l'auteur pour lui faire retirer cette clause. Et c'est ça dont je voudrais parler aujourd'hui.

Frédéric Couchet : Alors : clause, licence, Creative Commons... Trois mots de jargon d'un coup, explique nous ça.

Vincent Calame : Voilà alors, les habitués connaissent ça par coeur mais il faut préciser pour les personnes qui nous rejoignent. La licence c'est un document juridique qui indique les conditions d'utilisation d'un logiciel ou de toute autre production. Je parle sous contrôle. Vous savez, c'est souvent ce long texte que vous faites défiler rapidement sans lire pour faire activer le bouton «J'accepte» sans poser de questions. Il y a donc de très nombreuses licences différentes. Et dans le cas des logiciels libres, on dit qu'un logiciel est libre quand l'auteur lui a attaché une licence qui assure à l'utilisateur donc quatres libertés : la liberté d'utilisation, la liberté d'examen du code, de modification du code et de distribution de codes modifiés. La plus célèbre des licences libres et la première c'est la GNU GPL. Ces licences qui sont très utilisées dans le monde du logiciel libre ont inspiré d'autres licences plus adaptées à d'autres productions intellectuelles comme les textes et les vidéos. Et une des plus connues c'est la Creative Commons.

Frédéric Couchet : Attention Vincent, attention ! On ne dit pas la licence Creative Commons mais les licences Creative Commons.

Vincent Calame : Voilà, parce que nous approchons du problème. En fait, le système des Creative Commons, c'est une famille de licences. Et quand vous avez votre document, vous êtes l'auteur, vous voulez le mettre sous licence Creative Commons, vous choisissez un certain nombre de clauses parmi celles disponible. Il y a par exemple, la clause attribution qui demande que l'auteur initial soit bien cité, la clause «Partage à l'identique» qui impose de distribuer les modifications sous les mêmes conditions et la clause NC pour Non-Commercial qui interdit l'usage commercial.

Frédéric Couchet : Alors nous y sommes. Alors pourquoi pose-t-elle problème cette clause «Pas d'usage commercial» ?

Vincent Calame : Alors parce que une licence Creative Commons avec cette clause est une licence non libre. En effet, la première liberté des licences libres c'est celle de la liberté d'utilisation donc y compris dans un usage commercial. Et donc, avec une clause non commercial, vous limitez la liberté de l'utilisateur. Le problème en fait de cette clause, c'est que elle apparaît comme assez naturelle même très naturelle en particulier pour une association qui en France est régie par la fameuse loi de 1901.

Frédéric Couchet : Donc la loi qui parle d'associations à but non lucratif.

Vincent Calame : Exactement. Et pour les associations, il y a une légitime fierté à faire partie d'un secteur non marchand. Du coup, je pense qu'elles ont le sentiment que la clause NC est faite pour elles. Donc la difficulté du côté des millitants du libre, c'est de montrer en quoi cette clause est un frein à la diffusion de leurs productions. Donc un exemple, une photo ne peut pas être mise dans une production papier même si cette production a été vendue à un prix coûtant, juste au prix de l'impression. Je pense que pour les associations aussi, cette clause rassure parce que derrière ça, il y a quelqu'un, la crainte que quelqu'un profite du travail. Qu'il se fasse de l'argent dans le dos de l'association.

Frédéric Couchet : Oui oui. Ça c'est un fantasme en fait. Non ?

Vincent Calame : Oui. Je pense que oui dans le sens où moi je n'ai pas d'exemple concret d'un vol de données, d'informations ou de quelque chose qui serait de l'argent là-dessus. Mais je pense qu'il n'y a pas d'exemple concret mais en revanche il y a un environnement dont il faut être conscient quand on est aussi millitant du libre dans le sens où le monde associatif est en ce moment soumis à une très forte pression de rentabilité. Il y a des suppressions de subventions, il y a des exigences de redevabilité excessives, de rendre les comptes, des évalutations comptables et très tatillonnes et très financières, il faut faire du chiffre. Il y a également ce phénomène dans certains secteurs qui relève de l'économie sociale et solidaire comme les aides à la personne, à l'insertion etc,