Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 10 septembre 2019 »

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(Transcription de la chronique jouons collectif)
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==18’ 07 [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190910/libre-a-vous-20190910-initiation-a-la-programmation-pour-les-enfants-tony-bassette-raphael-et-ludine-pierquin.ogg Initiation à la programmation pour les enfants (et les grands) avec Tony Bassette, Raphaël et Ludine Pierquin] 56 min 32 s==
 
==18’ 07 [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190910/libre-a-vous-20190910-initiation-a-la-programmation-pour-les-enfants-tony-bassette-raphael-et-ludine-pierquin.ogg Initiation à la programmation pour les enfants (et les grands) avec Tony Bassette, Raphaël et Ludine Pierquin] 56 min 32 s==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons aborder notre sujet principal qui va porter sur l’apprentissage de la programmation, du code – nous verrons les éventuelles différences – pour les enfants, mais on verra aussi que la participation des grands est importante. C’est une première émission sur ce thème avec des initiatives privées. Nous reviendrons bien entendu sur ce sujet avec d’autres initiatives, d’autres contextes et notamment à l’école. Nos invités du jour, Tony Bassette cofondateur de Tech Kids Academy.
  
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons aborder notre sujet principal
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<b>Tony Bassette : </b>Bonjour Fred.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Raphaël Pierquin, cofondateur des Coding Goûters. Bonjour Raphaël.
  
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Bonjour.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et Ludine Pierquin, Coding goûteuse. Bonjour Ludine.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour Frédéric.
  
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<b>Ludine Pierquin : </b>Avec ces trois invités nous allons parler de l’apprentissage de la programmation pour les enfants mais aussi pour les grands. Première question, même si je vous ai déjà présentés rapidement, est-ce que vous pouvez faire un petit point sur votre parcours, les points essentiels. On va commencer par Tony Bassette.
  
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<b>Tony Bassette : </b>Mon parcours : j’ai travaillé pendant de nombreuses années en société de services et il y a quelque temps, avec l’aide de mon associée Alexandra Bernard, nous avons fondé Tech Kids Academy pour apprendre aux enfants la programmation, entre autres.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord Raphaël Pierquin.
  
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<b>Raphaël Pierquin : </b>J’étais en CM1, j’ai eu un ordinateur, j’ai programmé à partir de ce moment-là et j’ai beaucoup aimé. Aujourd’hui j’ai 44 ans. Entre temps j’ai une formation d’ingénieur en informatique. Aujourd’hui je travaille dans une coopérative de développeurs et, pour terminer, je m’intéresse notamment aux questions de pédagogie surtout quand il s’agit de mes propres enfants.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Justement Ludine Pierquin.
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<b>Ludine Pierquin : </b>Enfant de Raphaël. J’ai fait des Coding Goûters de mes 9 ans à mes 17 ans que j’ai aujourd’hui. J’ai aussi fait Informatique et Sciences du Numérique au lycée.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On va en parler justement dans le cadre de l’émission, les différences peut-être ou les complémentarités entre les initiatives privées dont on va parler, Coding Goûter dont le site web, je le dis tout de suite, est codinggouter.org [https://codinggouter.org/doku.php], tout attaché et sans « s » à goûter et l’initiative techkidsacademy.com [https://www.techkidsacademy.com/], tout attaché, « academy » avec un « y », pas « ie ». Les références seront évidemment sur le site de l’April.<br/>
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Déjà avant d’aborder en détail vos initiatives sur la programmation, l’apprentissage de la programmation, première question : c’est quoi la programmation ? Et au fond, pourquoi on parle de ça aujourd’hui notamment pour les enfants, quel est l’intérêt d’apprendre la programmation aux enfants ? Qui veut commencer ?
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Ce sera moi.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Raphaël Pierquin.
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<b>Raphaël Pierquin : </b>L’intérêt d’apprendre la programmation aux enfants c’est probablement qu’on est entouré d’objets avec lesquels on interagit en permanence et qui sont programmés. Ils interagissent avec nous, que ce soit une voiture, un frigo, une console de jeux, évidemment un ordinateur, une télévision, un téléphone et tout ça a été conçu, fabriqué par des humains qui ont pris des décisions sur le comportement devant ces objets. Du coup ça a beaucoup d’impacts sur la vie et, du coup, ça a un intérêt de regarder ça de près, d’autant plus que la plupart des adultes ne savent pas de quoi il s’agit, donc ils ne sont pas capables de transmettre, en fait, des informations ou des concepts autour de ça. Si ce ne sont pas les adultes qui leur expliquent, il faut bien trouver un moyen que eux manipulent ces concepts ; c’est une des raisons. Mais la raison qui m’a poussé à montrer ça à mes enfants c’est parce que c’est très amusant, enfin moi j’avais trouvé très amusant, en tant qu’enfant, de programmer - Ludine pourra dire ce qu’elle en pense de son côté – et puis c’est un moyen d’expression qui est formidable, on peut faire plein de choses en codant et c’est dommage de ne pas mettre ça entre les mains des enfants comme des adultes.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu parles de Ludine, justement Ludine quel intérêt tu vois à l’apprentissage de la programmation ?
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<b>Ludine Pierquin : </b>Quand j’étais petite et que j’expliquais à mes ami·e·s ce que je faisais le dimanche matin, l’heure à laquelle on faisait des Coding Goûters, je disais que j’apprenais à donner des informations à mon ordinateur pour qu’il fasse ce que je veux qu’il fasse. Je n’avais pas de recul à l’époque mais maintenant je me dis que c’est cool d’avoir appris la programmation jeune, parce que ça permet de comprendre – ce qu’a dit mon père, Raphaël – comment fonctionnent les objets connectés autour de toi. Quand j’étais petite j’ai commencé à comprendre comment fonctionnait la télé et que ce n’était pas juste magique d’appuyer comme ça sur un bouton. Ça donne des outils pour, c’est un peu niais, comprendre le monde et après se poser d’autres questions sur d’autres choses.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Nous sommes à la radio, elle me fait des signes, on reviendra sur ce sujet.
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<b>Ludine Pierquin : </b>Ce n’est pas très radiophonique !
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est pour ça que j’explique aux personnes qui écoutent. Quand tu parles des outils pour comprendre ce monde, Raphaël, Tony et moi on est à peu près de la même génération, on a eu beaucoup de cours de physique et de biologie à l’époque parce que le monde est physique, industriel, c’était une base pour comprendre ce monde. Aujourd’hui le monde devient de plus en plus informatique, donc il paraît naturel d’apprendre l’informatique en général – on y reviendra tout à l’heure – et pas simplement la programmation aux enfants et aussi aux grands pour comprendre ce monde évidemment en pleine évolution.<br/>
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Tony Bassette est-ce que tu veux compléter sur pourquoi apprendre la programmation aux enfants ? Pourquoi tu t’es aussi lancé dans cette initiative après de longues années de services aux entreprises diverses et variées ?
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<b>Tony Bassette : </b>Je vais reprendre ce que disait Raphaël. Effectivement le monde, aujourd’hui, des smartphones il y en a partout, des tablettes il y en a partout, des ordinateurs, enfin on est entouré d’objets programmables. Les enfants, aujourd’hui, sont spectateurs, principalement, de tous ces objets, ils sont utilisateurs basiques et c’est malgré tout des outils qu’ils vont être amenés à manipuler demain. Une des raisons qui nous a poussés à la création de Tech Kids ça a été justement de pouvoir donner aux enfants la possibilité de devenir maîtres de tous ces appareils : contrôler, comprendre comment fonctionne un smartphone, comprendre comment fonctionne un ordinateur, une tablette ; on a même eu des enfants qui venaient en nous disant « moi j’ai un téléphone, je veux savoir comment ça marche. »
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est-à-dire pour comprendre.
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<b>Tony Bassette : </b>Voilà, exactement.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est intéressant, tu dis « smartphone, ordinateur », peut-être aussi faire comprendre aux gens qu’aujourd’hui un smartphone c’est avant tout un ordinateur, de plus en plus un ordinateur et finalement la fonction téléphone n’est qu’une des fonctions de ce smartphone, d’ailleurs ce n’est pas là-dessus que les fabricants communiquent, c’est plutôt sur les autres fonctionnalités.<br/>
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Donc voilà. On a bien compris l’intérêt pour les enfants mais aussi pour les gens qui animent, finalement le côté fun dont a parlé Raphaël ou amusant, je ne sais plus quelle expression tu as employée, mais ça fait aussi partie de l’informatique, ça a un côté fun, et ce que disait Ludine est aussi intéressant : expliquer à l’ordinateur ce qu’elle veut que l’ordinateur fasse, évidemment parce que l’ordinateur est programmé par des êtres humains.<br/>
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Maintenant on va parler un petit peu de vos deux initiatives un peu plus en détail, deux initiatives très différentes sur leur fonctionnement et évidemment complémentaires. On va commencer peut-être par Raphaël et Ludine Pierquin sur les Coding Goûters. C’est quoi les Coding Goûters ? Pourquoi vous les avez lancés ? À quel moment ? Expliquez-nous un petit peu ça.
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<b>Raphaël Pierquin : </b>La genèse des Coding Goûters doit se passer en 2012 à un moment on est plusieurs parents, j’ai envie de citer Jonathan Perret et Julien Dorra, à se dire « c’est dommage, on aimerait bien montrer ce que c’est que la programmation à nos enfants, mais il n’y a rien. Il n’y a pas de support ». On se souvient bien que quand on avait leur âge, avec le plan informatique pour tous dans les années 80, il y avait des ordinateurs dans les écoles, mais il n’y a plus rien. Donc on a inventé quelque chose. Essentiellement ça consistait à se dire « si on essaie de montrer l’environnement de programmation, enfin un moyen de programmer à nos enfants ils vont passer à autre chose très vite. Par contre, si on s’extrait à un endroit comme on irait à un pique-nique, un endroit spécifique, on n’est pas chez soi, il y a d’autres enfants qui sont là et il y a quelque chose de ludique et d’amusant et puis on va essayer ensemble de patouiller sans forcément savoir ce qu’on va faire, eh bien peut-être que ça va marcher ». Et en fait ça a marché très bien au sens où, dès le départ, les enfants ont dit « c’est super, on a envie de recommencer » et on a recommencé. Au début c’était toutes les trois semaines, quelque chose comme ça et, comme en plus dans ma coopérative on a une expertise sur comment on interagit quand on programme, donc de derrière l’ordinateur comment se transmet la connaissance ou ce genre de choses – ça fait partie de la programmation professionnelle aujourd’hui, c’est une activité qui est très sociale contrairement à ce qu’on peut croire – du coup on a mis toute notre connaissance là-dedans et ça a donné un genre de format au sujet duquel on s’est dit « c’est tellement bien qu’on peut essayer de documenter ce format et encourager d’autres personnes à se lancer là-dedans ». Donc le week-end, c’est d’ailleurs plus le dimanche après-midi dans notre cas que le matin.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Le format précis d’un Coding Goûter ?
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<b>Raphaël Pierquin : </b>À quoi ça ressemble ? Je suis expert sur le sujet, donc il faut que j’arrive à rendre ça très court. On réunit des familles, pour le coup, donc on invite des familles, on n’invite pas des enfants, on invite des familles entières qui s’intéressent à la question. Au début, dans notre cas, ce sont des familles avec au moins un adulte qui connaissait le sujet, mais souvent il suffit qu’il y ait un membre qui s’intéresse à la question de qu’est-ce que c’est que la programmation ? On se réunit pendant quatre heures – ça peut être un peu long –, au début on explique le mode de fonctionnement, on dit « chacun va patouiller de son côté, on va essayer des trucs ».
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<b>Frédéric Couchet : </b>Le terme que tu emploies c’est « patouiller ».
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Ouais, patouiller, on essaye des trucs.
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<b>Frédéric Couchet : </b>La main à la pâte, en fait.
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Voilà. On ne propose pas de démarche pédagogique, on ne propose pas de support, on dit aux gens : « Si vous avez envie d’essayer de faire des choses, essayez-les et si vous ne savez pas quoi faire, copiez sur vos voisins ! » ; ça c’est super important. Ces séances de patouille sont entremêlées, entrecoupées par d’autres séances que les enfants ont appelées « spectacles », qui sont des moments où on s’arrête et ceux et celles qui le souhaitent montrent sur un grand vidéoprojecteur où ils en sont. Donc c‘est formidable, on ne montre pas ce qu’on a réussi à faire...
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ce qu’on a essayé de faire.
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Ce qu’on a essayé de faire ou ce qu’on vient d’apprendre. C’est très amusant à voir quand les enfants qui ont l’habitude. On a une jeune fille qui était très impressionnante, qui est habituée, qui disait : « Je viens d’essayer de faire ça et ça ne marche pas ! » Point. C’est étonnant, mais on le refait plusieurs fois, c’est : patouille, spectacle, patouille, spectacle, patouille, spectacle ; on le refait trois fois, en fait, pendant la séance et des gens qui ne connaissent pas commencent à voir, du coup, pendant les spectacles, ce qui se passe, voient les difficultés des autres et puis, peu à peu, eh bien il se passe des choses entre les différents groupes qui sont constitués et, au final, tout le monde apprend quelque chose et à la fin on <em>debrief</em>, on discute entre nous ce qui était bien, ce qui n’était pas bien. C’est notamment dans ces discussions de fin que les enfants ont dit : « Le moment, là, c’est le spectacle », ce sont eux qui ont nommé le spectacle, c’est très amusant. À la fin on a appris et ce qui est intéressant dans ce format c’est que les adultes ont exactement la même position que les enfants, ils ne sont pas plus sachants ou moins sachants, ils ne sont pas moins participants que les enfants d’une part, et du coup il n’y a pas de sachant, il n’y a pas d’expert qui vient animer. Du coup ça a ce formidable intérêt que si moi je suis un adulte, que je suis intéressé par la question, que j’ai envie de montrer un truc à mes enfants mais que je ne suis pas expert en pédagogie, eh bien ce n’est pas grave, en fait. Je peux me lancer et il va se passer quelque chose pourvu qu’on soit suffisamment nombreux et qu’on ne se mette pas trop la pression.<br/>
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Dernière chose, évidemment on vient avec un gâteau ou un goûter qu’on partage, comme ça ça permet à chacun de contribuer d’une manière ou d’une autre et, en général, à la fin on ressort plutôt satisfait.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je vais aussi passer la parole de Ludine, évidemment, tout à l’heure quand on parlera de Tech Kids Academy, la différence c’est le rôle des parents, je suppose, dans les deux initiatives.<br/>
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Toi, Ludine, ta position est un peu particulière étant la fille d’un informaticien. Première question : est-ce que tu es venue parce que ton papa t’a invitée à le faire ou parce que tu étais déjà intéressée par le sujet ? Et deuxième question : comment ça se passe, pour toi, en tant que Coding goûteur, c’est-à-dire côté enfant ? Qu’est-ce que tu en as retiré ? Est-ce que la partie spectacle ne t’a pas un peu impressionnée ? Moi j’ai participé à des Coding Goûters il y a quelques années et mon fils, par exemple, avait refusé de montrer ce qu’il avait fait parce qu’il est un petit timide, etc., donc ça doit être un peu impressionnant de montrer ce qu’on a essayé de faire devant les autres. Comment ça se passe pour toi ?
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<b>Ludine Pierquin : </b>Première question, je me souviens que mon père m’avait dit : « Ça te dirait qu’on fasse ça ? » J’avais dit : « Oui, pourquoi pas ? » Donc on y était allés, je pense que les premiers on n’était vraiment pas nombreux ; l’ambiance m’avait plu. C’est arrivé plus tard, mais, par exemple, le fait que des adultes viennent demander de l’aide ce n’était pas quelque chose que je connaissais avant ; avant j’ai fait beaucoup de Scratch et je n’étais pas mauvaise à un moment.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Scratch c’est un des logiciels utilisés, on en reparlera tout à l’heure.
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<b>Ludine Pierquin : </b>Du coup c’était fréquent qu’il y ait des personnes qui viennent me demander de l’aide et solliciter mon expertise. J’ai oublié la deuxième question, pardon. C’était ? Ce que ça m’a apporté.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Sur comment ça se passe pour toi ? Est-ce que le côté spectacle t’a impressionnée ?
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<b>Ludine Pierquin : </b>Je ne me souviens pas d’avoir été particulièrement impressionnée par ça. Non, justement, c’est plutôt gratifiant parce que même si on a raté, au final tout le monde applaudit, tout le monde est content. On montre la réalisation, mais on montre le code derrière et, parfois, même si ça ne marche pas les gens sont contents de voir la réalisation.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça c’est un point important que tu cites, c’est que l’erreur est valorisée, ce qui n’est pas toujours le cas dans de nombreuses activités et aussi à l’école où, des fois, c’est plutôt l’erreur qui est sanctionnée. Là l’erreur est valorisée parce que l’erreur fait partie de l’apprentissage du code. D’ailleurs je signale, pour les personnes qui nous écoutent, qu’on a consacré une émission sur le métier de développement logiciel, c’était le 14 mai 2019, le podcast est disponible, avec un développeur et une développeuse et je crois que c’était un des sujets que ces deux personnes abordaient, cette notion de l’erreur qui permet de progresser, dont on ne doit pas avoir peur.
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<b>Ludine Pierquin : </b>Oui, voilà, c’est ça. Au final, pour ne pas faire d’erreur il faut juste ne pas essayer. Si on a testé parfois ça rate. Ce n’est pas tant le résultat, le produit final qu’on a qui compte, c’est plus la démarche et ça c’était chouette parce que, parfois, ça nous arrivait de faire des trucs qui ne marchaient pas et, au final, on avait quand même un truc et on avait appris derrière.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On va évidemment revenir sur les Coding Goûters. On va passer un petit peu maintenant à la présentation d’une initiative quand même un peu différente dans le fonctionnement, Tech Kids Academy. Tony Bassette, tu as expliqué tout à l’heure pourquoi tu as lancé cette académie avec ton associée. Comment ça se passe concrètement pour les enfants et puis pour les parents ?
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<b>Tony Bassette  : </b>Comment ça se passe. Typiquement on a différentes formules. À la différence des Coding Goûters, nous on fonctionne à l’année, en fait comme une activité extra-scolaire, donc on a différents ateliers selon les tranches d’âge. On regroupe les enfants de 7/9 ans, 10/12 ans et 13/17 ans. Ce qui se passe c’est que, à l’année, on a découpé l’année en cinq cycles, quatre entièrement dirigés par nous, dirigés dans le sens où, un petit peu comme un cours, on va leur expliquer un certain nombre de choses. Le cinquième cycle est un cycle projets. Les quatre cycles qu’on propose sont autour de la programmation, donc en fonction des âges on va utiliser des outils et des langages de programmation différents, ça va de Scratch pour les plus petits à Python pour les plus grands. On va faire un cycle sur l’électronique, puisque aujourd’hui l’électronique est programmable différemment.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Quand tu parles d’électronique ce sont notamment les robots programmables ?
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<b>Tony Bassette : </b>Entre autres, là c’est sur la robotique en fait. On a aussi des cycles sur la robotique. Là, sur l’électronique, on est autour des cartes Arduino, les objets connectés ; il y a plutôt tous ces aspects-là qui sont abordés. Pour les petits on est plutôt sur une initiation, une présentation de l’électricité, de l’électronique. Pour les plus grands on est sur la conception de schémas électroniques un peu plus aboutis.<br/>
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On a justement un cycle sur la robotique où là, de la même manière, on va présenter dans les grandes lignes les différents aspects que l’on trouve autour d’un robot – qu’est-ce qu’un capteur, qu’est-ce qu’un moteur, comment on fait interagir tout ça ensemble – et on a un cycle sur le design, sur le dessin, le pixel art et sur la modélisation 3D. Tous ces aspects-là sont dirigés à travers des petits ateliers où, de temps en temps, on va se permettre de les <em>challenger</em>, de vérifier s’ils ont bien compris les notions qu’on a essayé de leur faire comprendre, avec, justement, ces cas d’échec dont on parlait où on leur dit : « Tu t’es trompé, ce n’est pas grave ! » À la différence où, à l’école justement on dit : « Hou la la, tu t’es trompé, c’est catastrophique ! » Non ! « Là tu t’es trompé » et souvent les enfants finissent par comprendre d’eux-mêmes « je me suis trompé, ah ben oui, j’ai interverti deux blogs, je me suis trompé ici, je me suis trompé là », ils se corrigent et arrivent au résultat. Ce qui est souvent intéressant dans ces challenges c’est de voir qu’autour de la table, sur une même question posée, eh bien on a parfois des solutions complètement différentes.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Je vais aussi préciser qu’une différence entre vos deux structures, c’est que les Coding Goûters n’importe quelle personne peut venir, la seule condition c’est d’amener un goûter, en fait, quelque part, et que Tech Kids Academy c’est une académie plus classique avec un format d’abonnement ou de paiement des ateliers. Physiquement vous avez une académie à Saint-Germain-en-Laye et une à Paris.
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<b>Tony Bassette : </b>Paris 15e, tout à fait. On a aujourd’hui deux centres qui nous permettent d’accueillir les enfants à l’année et en stage pendant les vacances scolaires.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je précise aussi pour les personnes qui n’habitent pas en Île-de-France qu’il y a des Coding Goûters dans d’autres régions françaises et sans doute dans le monde ; sur le site codinggouter.org, on retrouve les informations et, évidement, il y a des académies de même style que Tech Kids Academy en Île-de-France et ailleurs et puis dans les autres régions françaises.<br/>
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En tout cas une des différences entre les deux initiatives c’est le rôle des parents. Tony Bassette, dans Tech Kids Academy, le rôle des parents, quelque part, entre guillemets, si j’ai bien compris, à moins, peut-être qu’il y ait une participation plus que ça, c’est d’amener les enfants, finalement de payer les frais, mais ils ne sont pas impliqués plus que ça ? Ou est-ce qu’il y a des initiatives pour essayer de les impliquer ?
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<b>Tony Bassette : </b>Dans les activités à l’année et les stages, ça peut se résumer à tout ça. N’empêche qu’on a commencé à réfléchir à une nouvelle activité puisque nous, avec Alexandra, on a appris à programmer tous les deux quand on était plus jeunes et même vous je pense – je dis « vous » c’est Raphaël et toi Fred – on a commencé avec du Basic et aujourd’hui on a lancé une petite initiative de journées rétrogaming où typiquement on va proposer aux parents et aux enfants de réaliser différentes activités.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est quoi le rétrogaming ? Les jeux anciens, c’est ça ?
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<b>Tony Bassette : </b>Rétrogaming, ce sont les jeux d’avant, ce sont les jeux auxquels on a joué quand on était petits. Si je parle de Space Invaders, aujourd’hui tout le monde se dit « oui, j’ai joué à Space Invaders quand j’étais plus jeune », je parle de la génération, enfin de notre génération. Les plus jeunes aussi ont découvert Space Invaders mais c’est autre chose. Typiquement, lors de ces journées rétrogaming, ce sont des activités transgénérationnelles. Les parents et les enfants ont tous les deux une liste de petits challenges avec des outils adaptés, donc pour les enfants, comme on l’a cité tout à l’heure, on travaille avec Scratch ; on a placé les parents derrière du Basic. Le Basic, aujourd’hui, c’est un petit peu…, je ne sais même pas s’il est encore utilisé de manière industrielle ; il y a eu des évolutions du Basic, mais en tout cas là on est vraiment sur le Basic de début des années 80. C’est assez marrant de voir des parents qui, d’ailleurs, n’ont jamais programmé, se lancer sur le Basic, réussir les challenges et surtout, à la fin de la journée, se dire « mais c’est génial, j’ai réussi à faire l’ensemble des challenges ». Aujourd’hui, aussi parce que les parents cherchent à comprendre ce que font les enfants, on essaye à travers cette initiative de journées rétrogaming de permettre aux parents et aux enfants de vivre une expérience un petit peu unique.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça permet, si je comprends bien, à la fois aux parents et aux enfants de comprendre que l’informatique, finalement, n’est pas un monde mystérieux, que c’est un monde qu’on peut comprendre, sur lequel on peut agir. Raphaël veut réagir.
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Tout à fait. Je m’amuse à dire que le Coding Goûter n’est pas du tout une activité pour apprendre la programmation aux enfants, que c’était pour apprendre la programmation aux adultes et que ce sont les enfants qui sont les médiateurs de tout ça. En fait, ça marche très bien au sens où, quand on met un adulte et un enfant en binôme derrière un même écran, en particulier avec Scratch, on parle de Scratch, où c’est très intuitif, il y a quelque chose qui marche très bien. C’est-à-dire que les enfants, souvent on les voit, ils n’ont pas peur de casser l’ordinateur, ils sont prêts à essayer plein de trucs, ils sont très spontanés, ils vont à toute vitesse, ils ne sont pas du tout inhibés, alors qu’un adulte est pris par tous ces films où il a vu qu’au moment où le codeur intervient il y a des lettres vertes, cryptiques ; le message qu’on a reçu depuis longtemps c’est : « c’est compliqué, c’est trop compliqué pour vous, n’essayez même pas de comprendre. Si vous essayez de comprendre c’est que vous êtes un extraterrestre ! » Les adultes sont pourris par ça, par contre ils ont une structure, ils ont une intention qu’ils arrivent à garder, ils arrivent à garder leur focalisation et le mélange des deux ça fait quelque chose de formidable. Vraiment ! C’est un truc que j’adore. J’adore voir apparaître dans des binômes qui se créent au sein des familles ; les deux apprennent quelque chose. De fait on a des adultes qui repartent en ayant appris à programmer. Typiquement la mère de mes enfants a appris à programmer par accident. Elle et venue parce qu’elle n’avait d’autre à faire que suivre ses enfants et, au final, elle a appris des choses. Au départ, les binômes qui se constituent sont souvent au sein de la famille et il y a des relations qui se crée entre les groupes, les gens se retrouvent et ce n’est pas rare de retrouver à un spectacle un binôme d’adultes qui ne sont pas de la même de famille, qui sont contents de présenter ce qu’ils ont fait et qui sont heureux de leur réalisation, alors que leurs enfants sont en train de jouer parce que quatre heures ça fait un peu long et qu’ils ont besoin de se dégourdir les jambes. On a aussi des binômes d’enfants qui se créent. En tout cas les adultes ont vraiment quelque chose à apprendre de ça. C’est même vital, j’ai l’impression, qu’ils arrivent à sortir de ce complexe qui a été inculqué depuis longtemps par rapport à la programmation.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça me fait penser, venir une question à l’esprit, les Coding Goûters c’est depuis 2012, si je me souviens bien. Tech Kids Academy, c’est depuis combien de temps ?
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<b>Tony Bassette : </b>Depuis 2014.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Depuis 2014, mais le projet est plus ancien.
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<b>Tony Bassette : </b>Le projet est plus ancien. En fait, je pense que 2012 est une année charnière parce qu’on a commencé à réfléchir au projet Tech Kids justement en 2012 et je sais que certains concurrents ont commencé à réfléchir sur leurs projets aussi cette année-là.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ma question étant : sur le long terme, est-ce que vous avez des enfants, des familles qui sont là depuis le début et qui progressent, qui continuent ? Ou est-ce que ce ne sont vraiment que des gens qui viennent ponctuellement ? Coding Goûters et Tech Kids Academy.
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Ludine me fait signe que c’était…
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<b>Ludine Pierquin : </b>C’était 2011.
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Attention !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ah ! 2011.
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<b>Ludine Pierquin : </b>On était là avant !
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Est-ce qu’on voit des gens revenir ? Il y a un truc qu’il faut savoir c’est qu’il n’y a pas des organisateurs d’un Coding Goûter, ce sont des parents qui ont envie d’organiser quelque chose, qui trouvent un local et qui réunissent suffisamment de monde. Du coup, nous est une communauté, en fait. Un Coding Goûter, d’une certaine manière, c’est une communauté de familles, un petit noyau de familles qui se retrouvent, qui décident de se retrouver et qui attirent autour d’elles un certain nombre de personnes. On peut dire que oui, moi j’ai vu des familles venir et revenir et c’est en faisant plusieurs Coding Goûters, en fait, qu’on voit la magie s’opérer parce qu’au départ, quand on débarque, on est perdu, on ne sait pas ce qu’on veut faire, on copie un peu sur les autres et puis très vite on devient à l’aise avec le processus et on se retrouve à expliquer aux autres. Ça, ça fait partie du processus d’apprentissage.<br/>
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Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il y a des enfants qui sont devenus experts. Au bout d’un moment les enfants grandissent. Mes enfants qui étaient très contents, au départ, de venir avec leurs parents faire des activités, eh bien au bout d’un moment ils deviennent ados et passer un dimanche après-midi à manger des gâteaux avec les parents c’est la dernière chose qu’ils ont envie de faire, donc après il a fallu qu’on innove et qu’on trouve d’autres formats, mais, pour le coup, il y a vraiment une forme de récurrence, même si, en fait c’est complètement libre puisque les gens viennent en fonction de leurs disponibilités du week-end et de leurs envies. Voilà !
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<b>Frédéric Couchet : </b>De leurs envies, etc. Tony, de ton côté, est-ce que tu vois des enfants qui reviennent, enfin des familles qui reviennent ? Pas forcément depuis le début.
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<b>Tony Bassette : </b>Oui. Depuis le début, pas forcément depuis le début, mais on a maintenant de nombreux enfants qui reviennent tous les ans, qui ont commencé on peut dire au cycle zéro - 7/9 ans année 1 - et qui, aujourd’hui, viennent d’intégrer 10/12 ans, année 2. Pour le coup ça fait quatre ans qu’ils sont chez nous. Je pense à plusieurs, mais il y a en un m’avait frappé au tout début de l’initiative, c’est Maximilien qui, à l’époque, avait six trois quarts et on lui avait posé la question, parce qu’il était vraiment très passionné, on lui avait demandé si demain il voulait continuer, faire de l’informatique au quotidien, etc. Et il nous a répondu du haut de ses six ans trois quarts « non pas du tout moi demain je veux être nanobiologiste ». OK. Très bien, On s’est dit « il a entendu un joli mot, il s’est dit je ferai ça plus tard. » On lui a posé la question de ce que voulait dire être nanobiologiste et là il nous a expliqué exactement ce qu’était la nanobiologie en sortant des termes que je ne pourrais même citer et que je n’ai pas compris. Maximilien sait exactement ce qu’il veut faire demain, mais malgré tout l’informatique le passionne. Comme nous, il a trouvé un endroit où il peut laisser libre cours à sa passion, essayer, développer, s’améliorer et aider, puisqu’il y a aussi l’entraide, l’entraide fait aussi partie des valeurs qu’on essaye d’enseigner aux enfants : si tu as compris tu as le droit de demander à tes camarades autour de toi qui a besoin d’aide et d’aller l’aider, de lui expliquer.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Tu parles de Maximilien, ça me fait penser à une question pour Ludine, à deux questions pour Ludine. La première : est-ce que tu comptes devenir développeuse dans le futur ?
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<b>Raphaël Pierquin : </b>Je réponds tout de suite : non.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu as d’autres projets. Est-ce que tu sais déjà ce que tu veux faire ?
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<b>Ludine Pierquin : </b>Non plus. Mais je sais que je en veux pas faire quelque chose dans l’informatique. Par rapport à ce que tu disais c’est intéressant parce que quand je disais que je faisais de la programmation à mes ami·e·s qui ne savaient ce que c’était, mais après que j’ai expliqué, comme quand j’étais petite – je suis née en 2001 – ce n’était pas du tout un truc courant de faire de la programmation le dimanche, mes ami·e·s faisaient du tennis ou éventuellement du dessin, mais ce n’était pas une activité courante dans le paysage extrascolaire, du coup, j’étais directe cataloguée genre « tu vas faire ça plus tard, tu prends de l’avance », alors que non, pas du tout l’entre en Hypokhâgne dans deux jours, en prépa lettres. Oui, j’ai fait de l’informatique l’année dernière, mais c’est plus un loisir qu’autre chose ; je ne compte pas en faire ma vie et c’est bien. C‘est une activité et ça fait des cordes en plus à son arc, on va dire, mais ce n’est pas du tout quelque chose que j’envisage professionnellement. C’est une question qui revient souvent pour moi.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tony, avant la pause musicale, vas-y.
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<b>Tony Bassette : </b>Pour réagir justement là-dessus, on a de nombreux enfants, j’ai cité le cas de Maximilien, mais c’est vrai qu’on a beaucoup d’enfants qui nous disent : « Moi l’informatique c’est une passion ; il y en a c’est les échecs, c’est le foot, c’est le tennis, moi c’est l’informatique ; je n’aime pas faire de sport, par contre j’adore les ordinateurs et j’aime comprendre comment ça marche » et demain qu’est-ce qu’ils veulent faire ? Comme Maximilien on en a beaucoup qui nous disent : « Eh bien non, je ne me destine pas nécessairement à devenir informaticien, développeur, administrateur ou autre ; j’ai juste envie de découvrir ce monde et de m’amuser avec des gens qui ont cette même passion. »
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<b>Ludine Pierquin : </b>C’est un loisir plus qu’autre chose.
  
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Très bien on va faire une pause musicale et on va revenir après sur ce sujet qui mélange à la fois la compréhension du monde, les rencontres sociales et le fun.<br/>
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Très bien on va faire une pause musicale et on va revenir après sur ce sujet qui mélange à la fois la compréhension du monde, les rencontres sociales et le fun.<br/>

Version du 12 septembre 2019 à 11:24


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 3 septembre 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : - Frédéric Couchet - Patrick Creusot à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 10 septembre 2019

Durée : 1 h 30 min

Écouter ou télécharger le podcast

Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription : MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. Merci d’être avec nous aujourd’hui pour cette nouvelle émission.
La radio dispose d’un webchat, utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et ainsi retrouvez-nous sur le salon web dédié à l’émission. La radio dispose également d’une application, Cause Commune, pour téléphone mobile.
Nous sommes mardi 10 septembre 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle émission de Libre à vous ! de l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’association est april.org et vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.

Voici maintenant le programme de l’émission du jour ; nous allons pas mal parler des cookies sous des formes différentes.
Nous commencerons en effet par la chronique « In code we trust » de Noémie Bergez sur les nouvelles lignes directrices de la CNIL, justement sur les cookies informatiques !
D’ici 10 à 15 minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur l’apprentissage de la programmation pour les enfants et notamment les Coding Goûters, où on partage différents gâteaux autour de la programmation.
En fin d’émission nous aurons la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred.

Frédéric Couchet : Nous allons vous proposer un petit quiz. Je vous donnerai les réponses en fin d’émission et vous pouvez essayer de proposer des réponses sur les réseaux sociaux ou sur le salon web de la radio, donc sur causecommune.fm.
Première question : lors de l’émission du 3 septembre 2019 nous avons parlé de la migration de la Gendarmerie nationale vers les logiciels libres. La question est : combien de postes informatiques sont désormais sous système libre GNU/Linux ? Aller, à quelques milliers près !
Deuxième question : quelle est la suite bureautique libre utilisée au début de la migration de la Gendarmerie et quelle est la suite bureautique libre utilisée aujourd’hui ?
Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

2’35 Chronique « In code we trust » de Noémie Bergez sur les nouvelles lignes directrices de la CNIL sur les cookies 12 min 5 s

Frédéric Couchet : Évoquer le code à la main une règle de droit ou un procès en lien avec les œuvres, les données, les logiciels ou les technologies c’est la chronique In code we trust, « Dans le code nous croyons », c’est la chronique de Noémie Bergez, avocate au cabinet Dune. Bonjour Noémie.

Noémie Bergez : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : J’espère que tu as passé un bel été.

Noémie Bergez : Très bien.

Frédéric Couchet : Noémie, tu souhaites nous parler aujourd’hui de nouvelles lignes directrices de la CNIL sur les cookies, la CNIL étant la commission nationale de l’informatique et des libertés.
Nous t’écoutons.

Noémie Bergez : Cette première chronique de la saison sera dédiée




Frédéric Couchet : Merci Noémie. On aura des nouvelles informations fin septembres en fonction de la décision qui sera prise et nul doute que tu reviendras sur le sujet dans une prochaine chronique. Je te souhaite une belle journée et au mois prochain.

Noémie Bergez : Merci. À très bientôt.

Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons écouter Hans Trap Returns par Ghandizilla/Raphaël Badawi et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Hans Trap Returns par Ghandizilla/Raphaël Badawi

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Hans Trap Returns par Ghandizilla/Raphaël Badawi, c’est une musique disponible sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
Nous allons maintenant passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Le sujet suivant est consacré à l’apprentissage de la programmation pour les enfants. Exceptionnellement c’est un sujet qui n’est pas en direct simplement parce que l’une des intervenantes reprenait l’école la semaine dernière et n’était pas disponible à 15 heures 30 donc nous avons enregistré l’émission il y a deux semaines. Nous allons diffuser cet enregistrement et on se retrouve juste après.

18’ 07 Initiation à la programmation pour les enfants (et les grands) avec Tony Bassette, Raphaël et Ludine Pierquin 56 min 32 s

Frédéric Couchet : Nous allons aborder notre sujet principal qui va porter sur l’apprentissage de la programmation, du code – nous verrons les éventuelles différences – pour les enfants, mais on verra aussi que la participation des grands est importante. C’est une première émission sur ce thème avec des initiatives privées. Nous reviendrons bien entendu sur ce sujet avec d’autres initiatives, d’autres contextes et notamment à l’école. Nos invités du jour, Tony Bassette cofondateur de Tech Kids Academy.

Tony Bassette : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Raphaël Pierquin, cofondateur des Coding Goûters. Bonjour Raphaël.

Raphaël Pierquin : Bonjour.

Frédéric Couchet : Et Ludine Pierquin, Coding goûteuse. Bonjour Ludine.

Frédéric Couchet : Bonjour Frédéric.

Ludine Pierquin : Avec ces trois invités nous allons parler de l’apprentissage de la programmation pour les enfants mais aussi pour les grands. Première question, même si je vous ai déjà présentés rapidement, est-ce que vous pouvez faire un petit point sur votre parcours, les points essentiels. On va commencer par Tony Bassette.

Tony Bassette : Mon parcours : j’ai travaillé pendant de nombreuses années en société de services et il y a quelque temps, avec l’aide de mon associée Alexandra Bernard, nous avons fondé Tech Kids Academy pour apprendre aux enfants la programmation, entre autres.

Frédéric Couchet : D’accord Raphaël Pierquin.

Raphaël Pierquin : J’étais en CM1, j’ai eu un ordinateur, j’ai programmé à partir de ce moment-là et j’ai beaucoup aimé. Aujourd’hui j’ai 44 ans. Entre temps j’ai une formation d’ingénieur en informatique. Aujourd’hui je travaille dans une coopérative de développeurs et, pour terminer, je m’intéresse notamment aux questions de pédagogie surtout quand il s’agit de mes propres enfants.

Frédéric Couchet : Justement Ludine Pierquin.

Ludine Pierquin : Enfant de Raphaël. J’ai fait des Coding Goûters de mes 9 ans à mes 17 ans que j’ai aujourd’hui. J’ai aussi fait Informatique et Sciences du Numérique au lycée.

Frédéric Couchet : On va en parler justement dans le cadre de l’émission, les différences peut-être ou les complémentarités entre les initiatives privées dont on va parler, Coding Goûter dont le site web, je le dis tout de suite, est codinggouter.org [1], tout attaché et sans « s » à goûter et l’initiative techkidsacademy.com [2], tout attaché, « academy » avec un « y », pas « ie ». Les références seront évidemment sur le site de l’April.
Déjà avant d’aborder en détail vos initiatives sur la programmation, l’apprentissage de la programmation, première question : c’est quoi la programmation ? Et au fond, pourquoi on parle de ça aujourd’hui notamment pour les enfants, quel est l’intérêt d’apprendre la programmation aux enfants ? Qui veut commencer ?

Raphaël Pierquin : Ce sera moi.

Frédéric Couchet : Raphaël Pierquin.

Raphaël Pierquin : L’intérêt d’apprendre la programmation aux enfants c’est probablement qu’on est entouré d’objets avec lesquels on interagit en permanence et qui sont programmés. Ils interagissent avec nous, que ce soit une voiture, un frigo, une console de jeux, évidemment un ordinateur, une télévision, un téléphone et tout ça a été conçu, fabriqué par des humains qui ont pris des décisions sur le comportement devant ces objets. Du coup ça a beaucoup d’impacts sur la vie et, du coup, ça a un intérêt de regarder ça de près, d’autant plus que la plupart des adultes ne savent pas de quoi il s’agit, donc ils ne sont pas capables de transmettre, en fait, des informations ou des concepts autour de ça. Si ce ne sont pas les adultes qui leur expliquent, il faut bien trouver un moyen que eux manipulent ces concepts ; c’est une des raisons. Mais la raison qui m’a poussé à montrer ça à mes enfants c’est parce que c’est très amusant, enfin moi j’avais trouvé très amusant, en tant qu’enfant, de programmer - Ludine pourra dire ce qu’elle en pense de son côté – et puis c’est un moyen d’expression qui est formidable, on peut faire plein de choses en codant et c’est dommage de ne pas mettre ça entre les mains des enfants comme des adultes.

Frédéric Couchet : Tu parles de Ludine, justement Ludine quel intérêt tu vois à l’apprentissage de la programmation ?

Ludine Pierquin : Quand j’étais petite et que j’expliquais à mes ami·e·s ce que je faisais le dimanche matin, l’heure à laquelle on faisait des Coding Goûters, je disais que j’apprenais à donner des informations à mon ordinateur pour qu’il fasse ce que je veux qu’il fasse. Je n’avais pas de recul à l’époque mais maintenant je me dis que c’est cool d’avoir appris la programmation jeune, parce que ça permet de comprendre – ce qu’a dit mon père, Raphaël – comment fonctionnent les objets connectés autour de toi. Quand j’étais petite j’ai commencé à comprendre comment fonctionnait la télé et que ce n’était pas juste magique d’appuyer comme ça sur un bouton. Ça donne des outils pour, c’est un peu niais, comprendre le monde et après se poser d’autres questions sur d’autres choses.

Frédéric Couchet : D’accord. Nous sommes à la radio, elle me fait des signes, on reviendra sur ce sujet.

Ludine Pierquin : Ce n’est pas très radiophonique !

Frédéric Couchet : C’est pour ça que j’explique aux personnes qui écoutent. Quand tu parles des outils pour comprendre ce monde, Raphaël, Tony et moi on est à peu près de la même génération, on a eu beaucoup de cours de physique et de biologie à l’époque parce que le monde est physique, industriel, c’était une base pour comprendre ce monde. Aujourd’hui le monde devient de plus en plus informatique, donc il paraît naturel d’apprendre l’informatique en général – on y reviendra tout à l’heure – et pas simplement la programmation aux enfants et aussi aux grands pour comprendre ce monde évidemment en pleine évolution.
Tony Bassette est-ce que tu veux compléter sur pourquoi apprendre la programmation aux enfants ? Pourquoi tu t’es aussi lancé dans cette initiative après de longues années de services aux entreprises diverses et variées ?

Tony Bassette : Je vais reprendre ce que disait Raphaël. Effectivement le monde, aujourd’hui, des smartphones il y en a partout, des tablettes il y en a partout, des ordinateurs, enfin on est entouré d’objets programmables. Les enfants, aujourd’hui, sont spectateurs, principalement, de tous ces objets, ils sont utilisateurs basiques et c’est malgré tout des outils qu’ils vont être amenés à manipuler demain. Une des raisons qui nous a poussés à la création de Tech Kids ça a été justement de pouvoir donner aux enfants la possibilité de devenir maîtres de tous ces appareils : contrôler, comprendre comment fonctionne un smartphone, comprendre comment fonctionne un ordinateur, une tablette ; on a même eu des enfants qui venaient en nous disant « moi j’ai un téléphone, je veux savoir comment ça marche. »

Frédéric Couchet : C’est-à-dire pour comprendre.

Tony Bassette : Voilà, exactement.

Frédéric Couchet : C’est intéressant, tu dis « smartphone, ordinateur », peut-être aussi faire comprendre aux gens qu’aujourd’hui un smartphone c’est avant tout un ordinateur, de plus en plus un ordinateur et finalement la fonction téléphone n’est qu’une des fonctions de ce smartphone, d’ailleurs ce n’est pas là-dessus que les fabricants communiquent, c’est plutôt sur les autres fonctionnalités.
Donc voilà. On a bien compris l’intérêt pour les enfants mais aussi pour les gens qui animent, finalement le côté fun dont a parlé Raphaël ou amusant, je ne sais plus quelle expression tu as employée, mais ça fait aussi partie de l’informatique, ça a un côté fun, et ce que disait Ludine est aussi intéressant : expliquer à l’ordinateur ce qu’elle veut que l’ordinateur fasse, évidemment parce que l’ordinateur est programmé par des êtres humains.
Maintenant on va parler un petit peu de vos deux initiatives un peu plus en détail, deux initiatives très différentes sur leur fonctionnement et évidemment complémentaires. On va commencer peut-être par Raphaël et Ludine Pierquin sur les Coding Goûters. C’est quoi les Coding Goûters ? Pourquoi vous les avez lancés ? À quel moment ? Expliquez-nous un petit peu ça.

Raphaël Pierquin : La genèse des Coding Goûters doit se passer en 2012 à un moment on est plusieurs parents, j’ai envie de citer Jonathan Perret et Julien Dorra, à se dire « c’est dommage, on aimerait bien montrer ce que c’est que la programmation à nos enfants, mais il n’y a rien. Il n’y a pas de support ». On se souvient bien que quand on avait leur âge, avec le plan informatique pour tous dans les années 80, il y avait des ordinateurs dans les écoles, mais il n’y a plus rien. Donc on a inventé quelque chose. Essentiellement ça consistait à se dire « si on essaie de montrer l’environnement de programmation, enfin un moyen de programmer à nos enfants ils vont passer à autre chose très vite. Par contre, si on s’extrait à un endroit comme on irait à un pique-nique, un endroit spécifique, on n’est pas chez soi, il y a d’autres enfants qui sont là et il y a quelque chose de ludique et d’amusant et puis on va essayer ensemble de patouiller sans forcément savoir ce qu’on va faire, eh bien peut-être que ça va marcher ». Et en fait ça a marché très bien au sens où, dès le départ, les enfants ont dit « c’est super, on a envie de recommencer » et on a recommencé. Au début c’était toutes les trois semaines, quelque chose comme ça et, comme en plus dans ma coopérative on a une expertise sur comment on interagit quand on programme, donc de derrière l’ordinateur comment se transmet la connaissance ou ce genre de choses – ça fait partie de la programmation professionnelle aujourd’hui, c’est une activité qui est très sociale contrairement à ce qu’on peut croire – du coup on a mis toute notre connaissance là-dedans et ça a donné un genre de format au sujet duquel on s’est dit « c’est tellement bien qu’on peut essayer de documenter ce format et encourager d’autres personnes à se lancer là-dedans ». Donc le week-end, c’est d’ailleurs plus le dimanche après-midi dans notre cas que le matin.

Frédéric Couchet : Le format précis d’un Coding Goûter ?

Raphaël Pierquin : À quoi ça ressemble ? Je suis expert sur le sujet, donc il faut que j’arrive à rendre ça très court. On réunit des familles, pour le coup, donc on invite des familles, on n’invite pas des enfants, on invite des familles entières qui s’intéressent à la question. Au début, dans notre cas, ce sont des familles avec au moins un adulte qui connaissait le sujet, mais souvent il suffit qu’il y ait un membre qui s’intéresse à la question de qu’est-ce que c’est que la programmation ? On se réunit pendant quatre heures – ça peut être un peu long –, au début on explique le mode de fonctionnement, on dit « chacun va patouiller de son côté, on va essayer des trucs ».

Frédéric Couchet : Le terme que tu emploies c’est « patouiller ».

Raphaël Pierquin : Ouais, patouiller, on essaye des trucs.

Frédéric Couchet : La main à la pâte, en fait.

Raphaël Pierquin : Voilà. On ne propose pas de démarche pédagogique, on ne propose pas de support, on dit aux gens : « Si vous avez envie d’essayer de faire des choses, essayez-les et si vous ne savez pas quoi faire, copiez sur vos voisins ! » ; ça c’est super important. Ces séances de patouille sont entremêlées, entrecoupées par d’autres séances que les enfants ont appelées « spectacles », qui sont des moments où on s’arrête et ceux et celles qui le souhaitent montrent sur un grand vidéoprojecteur où ils en sont. Donc c‘est formidable, on ne montre pas ce qu’on a réussi à faire...

Frédéric Couchet : Ce qu’on a essayé de faire.

Raphaël Pierquin : Ce qu’on a essayé de faire ou ce qu’on vient d’apprendre. C’est très amusant à voir quand les enfants qui ont l’habitude. On a une jeune fille qui était très impressionnante, qui est habituée, qui disait : « Je viens d’essayer de faire ça et ça ne marche pas ! » Point. C’est étonnant, mais on le refait plusieurs fois, c’est : patouille, spectacle, patouille, spectacle, patouille, spectacle ; on le refait trois fois, en fait, pendant la séance et des gens qui ne connaissent pas commencent à voir, du coup, pendant les spectacles, ce qui se passe, voient les difficultés des autres et puis, peu à peu, eh bien il se passe des choses entre les différents groupes qui sont constitués et, au final, tout le monde apprend quelque chose et à la fin on debrief, on discute entre nous ce qui était bien, ce qui n’était pas bien. C’est notamment dans ces discussions de fin que les enfants ont dit : « Le moment, là, c’est le spectacle », ce sont eux qui ont nommé le spectacle, c’est très amusant. À la fin on a appris et ce qui est intéressant dans ce format c’est que les adultes ont exactement la même position que les enfants, ils ne sont pas plus sachants ou moins sachants, ils ne sont pas moins participants que les enfants d’une part, et du coup il n’y a pas de sachant, il n’y a pas d’expert qui vient animer. Du coup ça a ce formidable intérêt que si moi je suis un adulte, que je suis intéressé par la question, que j’ai envie de montrer un truc à mes enfants mais que je ne suis pas expert en pédagogie, eh bien ce n’est pas grave, en fait. Je peux me lancer et il va se passer quelque chose pourvu qu’on soit suffisamment nombreux et qu’on ne se mette pas trop la pression.
Dernière chose, évidemment on vient avec un gâteau ou un goûter qu’on partage, comme ça ça permet à chacun de contribuer d’une manière ou d’une autre et, en général, à la fin on ressort plutôt satisfait.

Frédéric Couchet : Je vais aussi passer la parole de Ludine, évidemment, tout à l’heure quand on parlera de Tech Kids Academy, la différence c’est le rôle des parents, je suppose, dans les deux initiatives.
Toi, Ludine, ta position est un peu particulière étant la fille d’un informaticien. Première question : est-ce que tu es venue parce que ton papa t’a invitée à le faire ou parce que tu étais déjà intéressée par le sujet ? Et deuxième question : comment ça se passe, pour toi, en tant que Coding goûteur, c’est-à-dire côté enfant ? Qu’est-ce que tu en as retiré ? Est-ce que la partie spectacle ne t’a pas un peu impressionnée ? Moi j’ai participé à des Coding Goûters il y a quelques années et mon fils, par exemple, avait refusé de montrer ce qu’il avait fait parce qu’il est un petit timide, etc., donc ça doit être un peu impressionnant de montrer ce qu’on a essayé de faire devant les autres. Comment ça se passe pour toi ?

Ludine Pierquin : Première question, je me souviens que mon père m’avait dit : « Ça te dirait qu’on fasse ça ? » J’avais dit : « Oui, pourquoi pas ? » Donc on y était allés, je pense que les premiers on n’était vraiment pas nombreux ; l’ambiance m’avait plu. C’est arrivé plus tard, mais, par exemple, le fait que des adultes viennent demander de l’aide ce n’était pas quelque chose que je connaissais avant ; avant j’ai fait beaucoup de Scratch et je n’étais pas mauvaise à un moment.

Frédéric Couchet : Scratch c’est un des logiciels utilisés, on en reparlera tout à l’heure.

Ludine Pierquin : Du coup c’était fréquent qu’il y ait des personnes qui viennent me demander de l’aide et solliciter mon expertise. J’ai oublié la deuxième question, pardon. C’était ? Ce que ça m’a apporté.

Frédéric Couchet : Sur comment ça se passe pour toi ? Est-ce que le côté spectacle t’a impressionnée ?

Ludine Pierquin : Je ne me souviens pas d’avoir été particulièrement impressionnée par ça. Non, justement, c’est plutôt gratifiant parce que même si on a raté, au final tout le monde applaudit, tout le monde est content. On montre la réalisation, mais on montre le code derrière et, parfois, même si ça ne marche pas les gens sont contents de voir la réalisation.

Frédéric Couchet : Ça c’est un point important que tu cites, c’est que l’erreur est valorisée, ce qui n’est pas toujours le cas dans de nombreuses activités et aussi à l’école où, des fois, c’est plutôt l’erreur qui est sanctionnée. Là l’erreur est valorisée parce que l’erreur fait partie de l’apprentissage du code. D’ailleurs je signale, pour les personnes qui nous écoutent, qu’on a consacré une émission sur le métier de développement logiciel, c’était le 14 mai 2019, le podcast est disponible, avec un développeur et une développeuse et je crois que c’était un des sujets que ces deux personnes abordaient, cette notion de l’erreur qui permet de progresser, dont on ne doit pas avoir peur.

Ludine Pierquin : Oui, voilà, c’est ça. Au final, pour ne pas faire d’erreur il faut juste ne pas essayer. Si on a testé parfois ça rate. Ce n’est pas tant le résultat, le produit final qu’on a qui compte, c’est plus la démarche et ça c’était chouette parce que, parfois, ça nous arrivait de faire des trucs qui ne marchaient pas et, au final, on avait quand même un truc et on avait appris derrière.

Frédéric Couchet : D’accord. On va évidemment revenir sur les Coding Goûters. On va passer un petit peu maintenant à la présentation d’une initiative quand même un peu différente dans le fonctionnement, Tech Kids Academy. Tony Bassette, tu as expliqué tout à l’heure pourquoi tu as lancé cette académie avec ton associée. Comment ça se passe concrètement pour les enfants et puis pour les parents ?

Tony Bassette  : Comment ça se passe. Typiquement on a différentes formules. À la différence des Coding Goûters, nous on fonctionne à l’année, en fait comme une activité extra-scolaire, donc on a différents ateliers selon les tranches d’âge. On regroupe les enfants de 7/9 ans, 10/12 ans et 13/17 ans. Ce qui se passe c’est que, à l’année, on a découpé l’année en cinq cycles, quatre entièrement dirigés par nous, dirigés dans le sens où, un petit peu comme un cours, on va leur expliquer un certain nombre de choses. Le cinquième cycle est un cycle projets. Les quatre cycles qu’on propose sont autour de la programmation, donc en fonction des âges on va utiliser des outils et des langages de programmation différents, ça va de Scratch pour les plus petits à Python pour les plus grands. On va faire un cycle sur l’électronique, puisque aujourd’hui l’électronique est programmable différemment.

Frédéric Couchet : Quand tu parles d’électronique ce sont notamment les robots programmables ?

Tony Bassette : Entre autres, là c’est sur la robotique en fait. On a aussi des cycles sur la robotique. Là, sur l’électronique, on est autour des cartes Arduino, les objets connectés ; il y a plutôt tous ces aspects-là qui sont abordés. Pour les petits on est plutôt sur une initiation, une présentation de l’électricité, de l’électronique. Pour les plus grands on est sur la conception de schémas électroniques un peu plus aboutis.
On a justement un cycle sur la robotique où là, de la même manière, on va présenter dans les grandes lignes les différents aspects que l’on trouve autour d’un robot – qu’est-ce qu’un capteur, qu’est-ce qu’un moteur, comment on fait interagir tout ça ensemble – et on a un cycle sur le design, sur le dessin, le pixel art et sur la modélisation 3D. Tous ces aspects-là sont dirigés à travers des petits ateliers où, de temps en temps, on va se permettre de les challenger, de vérifier s’ils ont bien compris les notions qu’on a essayé de leur faire comprendre, avec, justement, ces cas d’échec dont on parlait où on leur dit : « Tu t’es trompé, ce n’est pas grave ! » À la différence où, à l’école justement on dit : « Hou la la, tu t’es trompé, c’est catastrophique ! » Non ! « Là tu t’es trompé » et souvent les enfants finissent par comprendre d’eux-mêmes « je me suis trompé, ah ben oui, j’ai interverti deux blogs, je me suis trompé ici, je me suis trompé là », ils se corrigent et arrivent au résultat. Ce qui est souvent intéressant dans ces challenges c’est de voir qu’autour de la table, sur une même question posée, eh bien on a parfois des solutions complètement différentes.

Frédéric Couchet : D’accord. Je vais aussi préciser qu’une différence entre vos deux structures, c’est que les Coding Goûters n’importe quelle personne peut venir, la seule condition c’est d’amener un goûter, en fait, quelque part, et que Tech Kids Academy c’est une académie plus classique avec un format d’abonnement ou de paiement des ateliers. Physiquement vous avez une académie à Saint-Germain-en-Laye et une à Paris.

Tony Bassette : Paris 15e, tout à fait. On a aujourd’hui deux centres qui nous permettent d’accueillir les enfants à l’année et en stage pendant les vacances scolaires.

Frédéric Couchet : Je précise aussi pour les personnes qui n’habitent pas en Île-de-France qu’il y a des Coding Goûters dans d’autres régions françaises et sans doute dans le monde ; sur le site codinggouter.org, on retrouve les informations et, évidement, il y a des académies de même style que Tech Kids Academy en Île-de-France et ailleurs et puis dans les autres régions françaises.
En tout cas une des différences entre les deux initiatives c’est le rôle des parents. Tony Bassette, dans Tech Kids Academy, le rôle des parents, quelque part, entre guillemets, si j’ai bien compris, à moins, peut-être qu’il y ait une participation plus que ça, c’est d’amener les enfants, finalement de payer les frais, mais ils ne sont pas impliqués plus que ça ? Ou est-ce qu’il y a des initiatives pour essayer de les impliquer ?

Tony Bassette : Dans les activités à l’année et les stages, ça peut se résumer à tout ça. N’empêche qu’on a commencé à réfléchir à une nouvelle activité puisque nous, avec Alexandra, on a appris à programmer tous les deux quand on était plus jeunes et même vous je pense – je dis « vous » c’est Raphaël et toi Fred – on a commencé avec du Basic et aujourd’hui on a lancé une petite initiative de journées rétrogaming où typiquement on va proposer aux parents et aux enfants de réaliser différentes activités.

Frédéric Couchet : C’est quoi le rétrogaming ? Les jeux anciens, c’est ça ?

Tony Bassette : Rétrogaming, ce sont les jeux d’avant, ce sont les jeux auxquels on a joué quand on était petits. Si je parle de Space Invaders, aujourd’hui tout le monde se dit « oui, j’ai joué à Space Invaders quand j’étais plus jeune », je parle de la génération, enfin de notre génération. Les plus jeunes aussi ont découvert Space Invaders mais c’est autre chose. Typiquement, lors de ces journées rétrogaming, ce sont des activités transgénérationnelles. Les parents et les enfants ont tous les deux une liste de petits challenges avec des outils adaptés, donc pour les enfants, comme on l’a cité tout à l’heure, on travaille avec Scratch ; on a placé les parents derrière du Basic. Le Basic, aujourd’hui, c’est un petit peu…, je ne sais même pas s’il est encore utilisé de manière industrielle ; il y a eu des évolutions du Basic, mais en tout cas là on est vraiment sur le Basic de début des années 80. C’est assez marrant de voir des parents qui, d’ailleurs, n’ont jamais programmé, se lancer sur le Basic, réussir les challenges et surtout, à la fin de la journée, se dire « mais c’est génial, j’ai réussi à faire l’ensemble des challenges ». Aujourd’hui, aussi parce que les parents cherchent à comprendre ce que font les enfants, on essaye à travers cette initiative de journées rétrogaming de permettre aux parents et aux enfants de vivre une expérience un petit peu unique.

Frédéric Couchet : Ça permet, si je comprends bien, à la fois aux parents et aux enfants de comprendre que l’informatique, finalement, n’est pas un monde mystérieux, que c’est un monde qu’on peut comprendre, sur lequel on peut agir. Raphaël veut réagir.

Raphaël Pierquin : Tout à fait. Je m’amuse à dire que le Coding Goûter n’est pas du tout une activité pour apprendre la programmation aux enfants, que c’était pour apprendre la programmation aux adultes et que ce sont les enfants qui sont les médiateurs de tout ça. En fait, ça marche très bien au sens où, quand on met un adulte et un enfant en binôme derrière un même écran, en particulier avec Scratch, on parle de Scratch, où c’est très intuitif, il y a quelque chose qui marche très bien. C’est-à-dire que les enfants, souvent on les voit, ils n’ont pas peur de casser l’ordinateur, ils sont prêts à essayer plein de trucs, ils sont très spontanés, ils vont à toute vitesse, ils ne sont pas du tout inhibés, alors qu’un adulte est pris par tous ces films où il a vu qu’au moment où le codeur intervient il y a des lettres vertes, cryptiques ; le message qu’on a reçu depuis longtemps c’est : « c’est compliqué, c’est trop compliqué pour vous, n’essayez même pas de comprendre. Si vous essayez de comprendre c’est que vous êtes un extraterrestre ! » Les adultes sont pourris par ça, par contre ils ont une structure, ils ont une intention qu’ils arrivent à garder, ils arrivent à garder leur focalisation et le mélange des deux ça fait quelque chose de formidable. Vraiment ! C’est un truc que j’adore. J’adore voir apparaître dans des binômes qui se créent au sein des familles ; les deux apprennent quelque chose. De fait on a des adultes qui repartent en ayant appris à programmer. Typiquement la mère de mes enfants a appris à programmer par accident. Elle et venue parce qu’elle n’avait d’autre à faire que suivre ses enfants et, au final, elle a appris des choses. Au départ, les binômes qui se constituent sont souvent au sein de la famille et il y a des relations qui se crée entre les groupes, les gens se retrouvent et ce n’est pas rare de retrouver à un spectacle un binôme d’adultes qui ne sont pas de la même de famille, qui sont contents de présenter ce qu’ils ont fait et qui sont heureux de leur réalisation, alors que leurs enfants sont en train de jouer parce que quatre heures ça fait un peu long et qu’ils ont besoin de se dégourdir les jambes. On a aussi des binômes d’enfants qui se créent. En tout cas les adultes ont vraiment quelque chose à apprendre de ça. C’est même vital, j’ai l’impression, qu’ils arrivent à sortir de ce complexe qui a été inculqué depuis longtemps par rapport à la programmation.

Frédéric Couchet : Ça me fait penser, venir une question à l’esprit, les Coding Goûters c’est depuis 2012, si je me souviens bien. Tech Kids Academy, c’est depuis combien de temps ?

Tony Bassette : Depuis 2014.

Frédéric Couchet : Depuis 2014, mais le projet est plus ancien.

Tony Bassette : Le projet est plus ancien. En fait, je pense que 2012 est une année charnière parce qu’on a commencé à réfléchir au projet Tech Kids justement en 2012 et je sais que certains concurrents ont commencé à réfléchir sur leurs projets aussi cette année-là.

Frédéric Couchet : Ma question étant : sur le long terme, est-ce que vous avez des enfants, des familles qui sont là depuis le début et qui progressent, qui continuent ? Ou est-ce que ce ne sont vraiment que des gens qui viennent ponctuellement ? Coding Goûters et Tech Kids Academy.

Raphaël Pierquin : Ludine me fait signe que c’était…

Ludine Pierquin : C’était 2011.

Raphaël Pierquin : Attention !

Frédéric Couchet : Ah ! 2011.

Ludine Pierquin : On était là avant !

Raphaël Pierquin : Est-ce qu’on voit des gens revenir ? Il y a un truc qu’il faut savoir c’est qu’il n’y a pas des organisateurs d’un Coding Goûter, ce sont des parents qui ont envie d’organiser quelque chose, qui trouvent un local et qui réunissent suffisamment de monde. Du coup, nous est une communauté, en fait. Un Coding Goûter, d’une certaine manière, c’est une communauté de familles, un petit noyau de familles qui se retrouvent, qui décident de se retrouver et qui attirent autour d’elles un certain nombre de personnes. On peut dire que oui, moi j’ai vu des familles venir et revenir et c’est en faisant plusieurs Coding Goûters, en fait, qu’on voit la magie s’opérer parce qu’au départ, quand on débarque, on est perdu, on ne sait pas ce qu’on veut faire, on copie un peu sur les autres et puis très vite on devient à l’aise avec le processus et on se retrouve à expliquer aux autres. Ça, ça fait partie du processus d’apprentissage.
Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il y a des enfants qui sont devenus experts. Au bout d’un moment les enfants grandissent. Mes enfants qui étaient très contents, au départ, de venir avec leurs parents faire des activités, eh bien au bout d’un moment ils deviennent ados et passer un dimanche après-midi à manger des gâteaux avec les parents c’est la dernière chose qu’ils ont envie de faire, donc après il a fallu qu’on innove et qu’on trouve d’autres formats, mais, pour le coup, il y a vraiment une forme de récurrence, même si, en fait c’est complètement libre puisque les gens viennent en fonction de leurs disponibilités du week-end et de leurs envies. Voilà !

Frédéric Couchet : De leurs envies, etc. Tony, de ton côté, est-ce que tu vois des enfants qui reviennent, enfin des familles qui reviennent ? Pas forcément depuis le début.

Tony Bassette : Oui. Depuis le début, pas forcément depuis le début, mais on a maintenant de nombreux enfants qui reviennent tous les ans, qui ont commencé on peut dire au cycle zéro - 7/9 ans année 1 - et qui, aujourd’hui, viennent d’intégrer 10/12 ans, année 2. Pour le coup ça fait quatre ans qu’ils sont chez nous. Je pense à plusieurs, mais il y a en un m’avait frappé au tout début de l’initiative, c’est Maximilien qui, à l’époque, avait six trois quarts et on lui avait posé la question, parce qu’il était vraiment très passionné, on lui avait demandé si demain il voulait continuer, faire de l’informatique au quotidien, etc. Et il nous a répondu du haut de ses six ans trois quarts « non pas du tout moi demain je veux être nanobiologiste ». OK. Très bien, On s’est dit « il a entendu un joli mot, il s’est dit je ferai ça plus tard. » On lui a posé la question de ce que voulait dire être nanobiologiste et là il nous a expliqué exactement ce qu’était la nanobiologie en sortant des termes que je ne pourrais même citer et que je n’ai pas compris. Maximilien sait exactement ce qu’il veut faire demain, mais malgré tout l’informatique le passionne. Comme nous, il a trouvé un endroit où il peut laisser libre cours à sa passion, essayer, développer, s’améliorer et aider, puisqu’il y a aussi l’entraide, l’entraide fait aussi partie des valeurs qu’on essaye d’enseigner aux enfants : si tu as compris tu as le droit de demander à tes camarades autour de toi qui a besoin d’aide et d’aller l’aider, de lui expliquer.

Frédéric Couchet : D’accord. Tu parles de Maximilien, ça me fait penser à une question pour Ludine, à deux questions pour Ludine. La première : est-ce que tu comptes devenir développeuse dans le futur ?

Raphaël Pierquin : Je réponds tout de suite : non.

Frédéric Couchet : Tu as d’autres projets. Est-ce que tu sais déjà ce que tu veux faire ?

Ludine Pierquin : Non plus. Mais je sais que je en veux pas faire quelque chose dans l’informatique. Par rapport à ce que tu disais c’est intéressant parce que quand je disais que je faisais de la programmation à mes ami·e·s qui ne savaient ce que c’était, mais après que j’ai expliqué, comme quand j’étais petite – je suis née en 2001 – ce n’était pas du tout un truc courant de faire de la programmation le dimanche, mes ami·e·s faisaient du tennis ou éventuellement du dessin, mais ce n’était pas une activité courante dans le paysage extrascolaire, du coup, j’étais directe cataloguée genre « tu vas faire ça plus tard, tu prends de l’avance », alors que non, pas du tout l’entre en Hypokhâgne dans deux jours, en prépa lettres. Oui, j’ai fait de l’informatique l’année dernière, mais c’est plus un loisir qu’autre chose ; je ne compte pas en faire ma vie et c’est bien. C‘est une activité et ça fait des cordes en plus à son arc, on va dire, mais ce n’est pas du tout quelque chose que j’envisage professionnellement. C’est une question qui revient souvent pour moi.

Frédéric Couchet : Tony, avant la pause musicale, vas-y.

Tony Bassette : Pour réagir justement là-dessus, on a de nombreux enfants, j’ai cité le cas de Maximilien, mais c’est vrai qu’on a beaucoup d’enfants qui nous disent : « Moi l’informatique c’est une passion ; il y en a c’est les échecs, c’est le foot, c’est le tennis, moi c’est l’informatique ; je n’aime pas faire de sport, par contre j’adore les ordinateurs et j’aime comprendre comment ça marche » et demain qu’est-ce qu’ils veulent faire ? Comme Maximilien on en a beaucoup qui nous disent : « Eh bien non, je ne me destine pas nécessairement à devenir informaticien, développeur, administrateur ou autre ; j’ai juste envie de découvrir ce monde et de m’amuser avec des gens qui ont cette même passion. »

Ludine Pierquin : C’est un loisir plus qu’autre chose.

Frédéric Couchet : Très bien on va faire une pause musicale et on va revenir après sur ce sujet qui mélange à la fois la compréhension du monde, les rencontres sociales et le fun.
Nous allons écouter Kings par Cyber SDF et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Kings par Cyber SDF.

49’ 52

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Kings par Cyber SDF, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez l’émission Libre à vous ! Sur radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm

Notre sujet, que nous allons poursuivre,




Nous allons faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Nous allons écouter I'm here par Big Albert et on se retrouve juste après.

Pause musicale : I'm here par Big Albert

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter I'm here par Big Albert, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions.
Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune sur 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
Nous allons aborder le sujet suivant.

[Virgule musicale]

1 h 18’ 06 Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame sur la patrouille du libre 5 min 35 s

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l'April et le thème du jour, est la patrouille du Libre.

Vincent Calame : Oui. Alors la patrouille du libre, cette idée de chronique m'est venue lors d'une discussion post-émission d'un précédent Libre à vous ! qui portait sur LibreOffice et où j'avais avez évoqué également ma quête du libre dans ma structure. Et je discutais migration avec Philippe Hemmel qui était un des intervenants de cette émission et il m'évoquait le cas d'une migration où après la migration proprement dite c'est-à-dire l'installation et la formation des postes, ils étaient restés sur place et passaient régulièrement dans les bureaux pour s'assurer que tout allait bien. Cette approche rejoignait un peu ma propre expérience et cette approche que j'intitule justement «patrouille du libre» est un moyen efficace de résoudre les problèmes et de diminuer les tensions.

Frédéric Couchet : Tu veux dire que les personnes n'osent pas le dire qu'elles ont un problème ?

Vincent Calame : Bien sûr quand ça ne marche pas, elles le disent. On l'entend très vite. Moi je pense plutôt à toutes ces petites choses qu'on a envie de réaliser mais auxquelles on n'arrive pas parce que on ne sait pas par quel bout les prendre. Par exemple, une mise en page particulière sur LibreOffice, on a vu un autre document et on voudrait le reproduire et on n'y arrive pas. C'est souvent pas des choses indispensables et si la personne ne peut pas le faire elle va abandonner l'idée mais à chaque fois il reste un arrière-goût d'inachevé.

Frédéric Couchet : Alors l'idée que tu présentes dans cette patrouille du libre, c'est d'aller devant la personne pour favoriser l'expression de ses besoins.

Vincent Calame : Oui c'est ça. On fait le tour des couloirs et comme ça on reste dans un cadre informel qui libère la parole. On parle du temps, on papotent et puis là la personne place un petit «À propos, je voudrais faire ça et je n'y arrive pas». On prend cinq minutes, ça ne suffit pas toujours mais ce que je constate c'est que des choses pour lesquelles les personnes sont gênées de vous déranger justement quand elles sont résolues en quelques secondes et sont moins disposées à suivre une procédure un peu formelle qui serait d'ouvrir un ticket. Ouvrir un ticket, c'est quand il y a des bugs, on va sur un site et puis on dépose une demande. Elles ne vont pas le faire. Derrière ça, je pense qu'il y a aussi un peu la honte de ne pas y arriver tout seul. Et donc en prenant les devants on désamorce beaucoup de tensions et on montre qu'on est disponible et aussi qu'on ne juge pas les gens, on ne peste pas parce qu'ils nous dérangent et on ne les note pas.

Frédéric Couchet : Et quelque part, cela assure un Service Après-Vente du logiciel libre.

Vincent Calame : `Oui voilà. L'idée, c'est de jamais laisser les gens démunis, les accompagner dans les premiers pas et leur faire gagner en autonomie. L'informatique, ça s'apprend en se pratiquant, ça a été abordé dans le sujet principal de cette émission. Et puis aussi c'est plus facile de transmettre par petites touches quand le besoin se présente plutôt d'assurer une formation initiale qui ne peut pas couvrir tous les cas de figure.

Frédéric Couchet : Alors est-ce que ta suggestion est de généraliser ces patrouilles du libre ?

Vincent Calame : Là évidemment, j'évoque mon propre cas où je suis dans une structure...

Frédéric Couchet : À demeure.

Vincent Calame : À demeure voilà. Je suis un informaticien à demeure. Donc c'est évidemment pas toujours possible. Dans le cas d'organisations plus petites, on pourrait imaginer des patrouilles plus espacées dans le temps. Évidemment, là je parle des organisations. Pour le grand public, c'est évidemment beaucoup plus compliqué à mettre en place, je n'ai pas d'exemple. Mais je pense qu'il y a une approche complémentaire à la patrouille, c'est celui de la permanence. C'est d'indiquer un lieu, une heure régulière où la personne pourra trouver un interlocuteur pour le renseigner sur ses petits problèmes du quotidien là aussi dans un cadre plutôt informel. Et ça, je sais que c'est un mécanisme qui a été mis en place par plusieurs groupes d'utilisateurs locaux de logiciels libres pour ce que je connais qui est Parinux. Il y a les premiers samedis du libre à la cité des sciences et j'en profite d'ailleurs pour conclure, pour vous inviter à vous rendre sur l'Agenda du libre où vous pourrez voir si un groupe local d'utilisateurs de logiciels libres organise des permanences près de chez vous.

Frédéric Couchet : D'accord. Donc Parinux c'est le groupe d'utilisateurs et d'utilisatrices de logiciels libres de la région parisienne. Enfin Paris et la région parisienne. Il organise régulièrement des événements, Les premiers samedis, c'est chaque premier samedi du mois à la cité des sciences et de l'industrie de 14 heures à 18 heures. Parinux avec d'autres groupes organise une journée consacrée aux logiciels libres avec des conférences et des ateliers d'accueil. Évidemment pour les personnes qui nous écoutent ailleurs qu'en région parisienne, sur l'agenda du libre donc, agendadulibre.org tout attaché, vous retrouverez les permanences ou en tout cas les événements récurrents qui sont organisés dans les autres régions. Et puis il y a aussi les permanences on va dire «un peu plus festive». C'est l'occasion par exemple de parler des apéros. De rencontrer des gens autour des apéros et de parler de leurs problèmes notamment de ces patrouilles du libre ou de ces permanences. Est-ce que tu souhaites ajouter un mot de conclusion sur ces patrouilles du libre, ces parmanences ?

Vincent Calame : Non. ??? toujours mélangée, informelle et puis pratique toujours. Ne pas avoir un cadre trop rigoureux...

Frédéric Couchet : Trop formel et qui peut bloquer les utilisateurs et utilisatrices.

Vincent Calame : Et les culpabiliser.

Frédéric Couchet : D'accord. Merci Vincent pour cette chronique «Jouons collectif». On se retrouve le mois prochain et je te souhaite de passer une belle journée.

Vincent Calame : Merci.



Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

1 h 23’ 52 Annonces 6 min 7 s

Frédéric Couchet : D'abord, les réponses aux questions du quiz.