Différences entre les versions de « Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 10 juin 2019 »

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<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1.
 
<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1.
  
==18’10 OpenStreetMap avec Christian Quest Jean-Christophe Becquet et Noémie Lehuby - Podcasts [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190611/libre-a-vous-20190611-openstreetmap-state-of-the-map-france-christian-quest-jean-christophe-becquet-noemie-lehuby.ogg format OGG] et [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190611/libre-a-vous-20190611-openstreetmap-state-of-the-map-france-christian-quest-jean-christophe-becquet-noemie-lehuby.mp3 format MP3] 52 minutes - En cours MO==
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==18’10 OpenStreetMap avec Christian Quest Jean-Christophe Becquet et Noémie Lehuby - Podcasts [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190611/libre-a-vous-20190611-openstreetmap-state-of-the-map-france-christian-quest-jean-christophe-becquet-noemie-lehuby.ogg format OGG] et [https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/emissions/20190611/libre-a-vous-20190611-openstreetmap-state-of-the-map-france-christian-quest-jean-christophe-becquet-noemie-lehuby.mp3 format MP3] 52 minutes - Transcrit MO==
  
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>In the desert</em> par Daniel Bautista, c’est en licence libre, les références sont sur le site de l’April, april.org.<br/>
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>In the desert</em> par Daniel Bautista, c’est en licence libre, les références sont sur le site de l’April, april.org.<br/>
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Nous allons poursuivre avec notre sujet principal.
 
Nous allons poursuivre avec notre sujet principal.
  
Nous allons parler d’OpenStreetMap avec nos invités, que je vais commencer par présenter les personnes qui ont en plateau, d’abord Christian Quest, porte-parole d’OpenStreetMap France. Bonjour Christian.
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Nous allons parler d’OpenStreetMap avec nos invités. Je vais commencer par présenter les personnes qui ont en plateau, donc Christian Quest, porte-parole d’OpenStreetMap France. Bonjour Christian.
  
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<b>Christian Quest : </b>Bonjour.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Noémie Lehuby qui est contributrice à OpenStreetMap et également secrétaire de l’association OpenStreetMap. Bonjour Noémie.
  
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<b>Noémie Lehuby : </b>Bonjour Frédéric.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et normalement nous avons au téléphone Jean-Christophe Becquet qui est animateur de l’initiative Dessine ta ville et formateur autour d’OpenStreetMap. Bonjour Jean-Christophe.
  
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<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Bonjour.
  
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tout le monde est là, c’est parfait. C’est une première émission sur OpenStreetMap parce que c’est un sujet tellement large qu’on fera évidemment plusieurs émissions. Les personnes qui écoutent régulièrement l’émission penseront, par exemple, à Wikipédia : on a déjà fait deux émissions sur Wikipédia. Là c’est une première émission d’introduction. Je vais poser une première question dont la réponse doit être rapide, notamment pour les personnes qui ont le plus de passé, on va dire. C’est votre présentation individuelle, qui vous êtes ? On va commencer par Noémie.
  
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<b>Noémie Lehuby : </b>Bonjour. Je suis Noémie Lehuby. Je suis contributrice OpenStreetMap depuis bientôt cinq ans je pense. Je m’intéresse principalement aux sujets autour des transports et de la mobilité, donc c’est aussi principalement sur ces sujets que je contribue à OpenStreetMap. Depuis quelques années, je m’investis dans l’association OpenStreetMap France qui fait la promotion du projet OpenStreetMap sur le territoire français et cette année je suis secrétaire de cette association.
  
<b>Frédéric Couchet : </b>Il y a pas mal de questions sur le salon web, mais on va faire une petite pause musicale et on poursuivra sur la partie contribution. Nous allons écouter <em>Le chariot de Malik </em> par Löhstana et on se retrouve juste après.
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<b>Frédéric Couchet : </b>J’ai oublié de préciser que tu es aussi cofondatrice de Jungle Bus, une cartographie des réseaux de transport.
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<b>Noémie Lehuby : </b>Tout à fait.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Christian Quest.
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<b>Christian Quest : </b>Moi j’ai démarré sur OpenStreetMap en 2009, un petit peu avant Noémie. Je suis un des fondateurs d’OpenStreetMap France qui est une association loi de 1901, qui fait la promotion du projet. Que dire d’autre ? J’ai été président de l’association, je fais plein de choses dans l’association, maintenant je m’occupe un peu plus de la partie technique, faire fonctionner des serveurs.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et intervenir à la radio !
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<b>Christian Quest : </b>Voilà !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Jean-Christophe Becquet.
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<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Contributeur aussi d’OpenStreetMap depuis 2011, j’anime une initiative qui s’appelle Dessine ta ville, avec les collectivités de ma région dans les Alpes du Sud et je suis formateur logiciel libre à titre professionnel et notamment, du coup, autour d’OpenStreetMap.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci. Première question : c’est quoi OpenStreetMap ? Qui veut commencer ? Le porte-parole.
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<b>Christian Quest : </b>Vu que j’ai commencé en premier. En gros, on fait l’équivalent de Wikipédia sauf qu’on ne fait pas une encyclopédie, on fait un atlas du monde, tout simplement. C’est contributif, c’est ouvert à tout le monde en termes de contribution.<br/>
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Quand on a démarré, le projet a démarré...
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<b>Frédéric Couchet : </b>En quelle année ?
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<b>Christian Quest : </b>En 2004. Le décollage réel où il a commencé à y avoir vraiment de la contribution c’est plutôt 2007/2008, et on est partis d’une carte blanche ; il n’y avait absolument rien exactement comme au début Wikipédia, il n’y avait rien. Et petit à petit on a complété, complété, complété.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Donc une cartographie. Si on fait par référence à Wikipédia, je suppose que c’est sous licence libre.
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<b>Christian Quest : </b>Bien sûr.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Est-ce que c’est la même licence libre que Wikipédia ?
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<b>Christian Quest : </b>Non. C’est une licence différente. Dans le passé on a utilisé une autre licence puis on a changé. Depuis 2012 on est sous une licence qui s’appelle l’ODBL, Open Data Base License. L’idée de cette licence c’est de protéger les données et la base de données. C’est un peu l’équivalent d’une CC BY-SA, si vous voulez, c’est-à-dire un partage à l’identique. L’important c’est que les gens qui utilisent les données participent aussi à leur mise à jour et à leur élaboration d’où le choix de cette licence. Par contre c’est une licence qui ne protège que le côté base de données, pour l’aspect partage à l’identique, et ce que l’on fait avec cette base de données, des cartes par exemple, n’a pas besoin d’être sous la même licence : on peut mettre des cartes qu’on ferait avec les données de la base de données dans d’autres licences, ce qui permet beaucoup de réutilisations.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça c’est un point intéressant et on reviendra sur la réutilisation tout à l’heure. Noémie, est-ce que tu veux compléter cette introduction sur OSM, donc OpenStreetMap.
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<b>Noémie Lehuby : </b>Oui. Je voudrais revenir un petit peu sur le côté collaboratif et participatif parce qu’effectivement je pense qu’une des grandes forces du projet c’est sa communauté. Avant d’être un projet informatique de création de base de données, c’est un projet de communauté et ce sont beaucoup de communautés de passionnés qui se retrouvent dans ce projet. On a avoir des cyclistes qui vont venir cartographier des équipements cyclables, des pistes cyclables, des parkings vélos, etc. On va avoir, je ne sais pas, des végétariens qui vont indiquer quels sont les restaurants qui servent des plats végétariens, et c’est un petit peu toute cette agrégation de passionnés qui fait qu’on a une aussi belle carte aujourd’hui.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Jean-Christophe est-ce que tu veux rajouter quelque chose ?
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<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Je dis souvent que OpenStreetMap c’est une équipe dans laquelle chacun dessine sa rue, son quartier ; les quartiers s’assemblent pour faire des régions, les régions pour faire des pays et à la fin, au bout de 15 ans, on a une carte du monde.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est une bonne présentation.<br/>
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On va quand même donner une information importante, le nom peut-être du site pour aller sur OpenStreetMap : openstreetmap.org.
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<b>Christian Quest : </b>Voilà, c’est le site international. Il y a aussi openstreetmap.fr, qui est le site de notre association, qui fait la promotion du projet, mais la grande porte d’entrée du site c’est openstreetmap.org.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On va parler de contribution tout à l’heure. On va commencer par la réutilisation même si, en fait, les deux peuvent être un petit peu mélangées. J’ai envie de vous demander, pour les personnes qui utilisent d’autres outils de cartographie, on ne va pas les citer, mais je vois lesquels ils utilisent, quels sont les intérêts d’utilisation d’OpenStreetMap que vous pourriez donner à la radio, comme si vous étiez en soirée et que quelqu’un vous dit : « J’ai un itinéraire machin, je vais utiliser telle application privatrice » et vous lui dites « attendez, il y a OpenStreetMap » ? Des exemples d’utilisation. Christian Quest.
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<b>Christian Quest : </b>Des exemples d’utilisation. La grosse différence qu’on a entre OpenStreetMap et des services qui commencent par exemple par un « G », c’est l’accès aux données qui permet à des développeurs de faire des applications ou des outils adaptés à une problématique bien particulière.<br/>
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Noémie a cité, par exemple, les cyclistes. Pendant longtemps les cyclistes, au niveau de la cartographie, étaient un petit peu la cinquième roue du carrosse, il n’y avait pas vraiment de cartes qui leur étaient dédiées, il n’y avait pas vraiment de sites qui fonctionnaient, qui étaient destinés à cette population-là. Mais le fait d’avoir énormément de données sur la cyclabilité dans OpenStreetMap ça a permis par exemple à une entreprise comme Géovélo, ce n’est pas le nom de l’entreprise, c’est une appli qui s’appelle Géovélo, de fournir vraiment un excellent outil pour les cyclistes.<br/>
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C’est ça la particularité que l’on a quand on a accès à l’intégralité des données, pas simplement à des services qu’on vous offre sur des données. Le fait d’avoir cet accès complet permet énormément d’innovation et énormément d’usages qui, sinon, ne sont pas possibles parce que les services tout prêts, tout prêts mâchés, vous limitent dans votre imagination et dans votre innovation. Ça c’est une des grandes particularités. Ça me permet, par exemple, de faire une carte dédiée pour des pilotes de vol libre, de parapente ou de delta, parce que je vais sélectionner vraiment les informations qui sont utiles à ces gens-là. La particularité d’une carte c’est qu’elle est destinée, en général, à un usage. Vous n’allez pas du tout mettre la même chose sur une carte pour des chauffeurs poids lourd et des cyclistes. Un chauffeur poids lourd va vouloir voir les grands axes de circulation, là où il peut circuler, alors que pour un cycliste, au contraire, une autoroute c’est une barrière infranchissable : il n’a pas le droit de circuler dessus et il ne peut pas non plus la couper. Donc vous voyez la carte est une représentation du monde en fonction de ce que l’on veut faire.<br/>
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Donc c’est très important d’avoir un accès libre à toutes les données qu’il y a en dessous.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Noémie.
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<b>Noémie Lehuby : </b>Effectivement, je rejoins pas mal ce que dit Christian. Je pense aussi qu’on a beaucoup parlé de cartes mais OpenStreetMap c’est une base de données. On peut faire plein avec dont des cartes.<br/>
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Par exemple sur ma thématique qui est plutôt le transport, on va pouvoir faire autre chose que des cartes. On peut aussi faire des plans schématiques, du calcul d’itinéraires, etc., et tout ça c’est possible justement parce que l’écosystème est ouvert, parce que la base de données est sous licence libre et parce que d’autres acteurs peuvent, du coup, l’utiliser, faire grossir cet écosystème idéalement avec des logiciels libres, mais ce n’est pas obligé.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Et on est, je suppose, indépendant du choix des algorithmes contrairement aux autres outils qui commencent par un « G » ou par un « W » pour certains. Finalement c’est la « porte ouverte », entre guillemets, à la liberté qui va dépendre avant tout des usages, comme vous l’expliquiez tout à l’heure.
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<b>Christian Quest : </b>Oui. Tout à fait. Et on vise aussi une grande neutralité dans nos données On a par exemple des sujets, de temps en temps, de positionnement de frontière entre certains pays qui ne sont pas d’accord. Ou bien quel est le nom, par défaut, qu’on va faire apparaître sur une carte pour, par exemple, une ville comme Jérusalem. On va le mettre dans quelle langue ? Ce n’est pas évident. En fait dans notre base on a, je ne peux pas dire toutes les langues, mais si vous prenez le cas de Paris, je crois qu’il y a 250 langues différentes. On peut faire des cartes et des applications effectivement, Noémie a rappelé qu’on ne s’arrête pas aux cartes, qui ne sont pas limitées par la langue, etc.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Jean-Christophe.
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<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Comme Noémie l’a dit OpenStreetMap c’est d’abord une base de données géographiques sur laquelle s’appuie tout un ensemble de services en ligne, ceux qu’on trouve sur le site openstreetmap.org mais aussi tout un tas d’autres. En fait, cette base de données libres et ses enjeux libres rejoignent les enjeux du logiciel libre qu’on défend à l’April, c’est-à-dire retrouver la maîtrise de son informatique, retrouver la maîtrise de ses données. Tout simplement dans la base de données OpenStreetMap, si je constate une erreur, une manque, une information qui n’est pas à jour, eh bien comme dans Wikipédia, je clique sur le bouton « modifier », je corrige, je complète et dans l’instant la base de données est actualisée, complétée, améliorée. Je pense que ce caractère libre de la base de données OpenStreetMap est vraiment un enjeu important qui permet de retrouver la maîtrise de sa base de données.<br/>
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Dans ma ville à Digne-les-Bains, la base de données OpenStreetMap est de qualité nettement supérieure à celle de ses concurrents propriétaires parce qu’il y a des contributeurs OpenStreetMap dans ma région. Donc aujourd’hui si on cherche un service public, un restaurant, une adresse à Digne, il vaut beaucoup mieux passer par OpenStreetMap que par les cartes propriétaires.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Jean-Christophe. Là je regarde le salon web de la radio, je rappelle c’est sur causecommune.fm, vous cliquez sur « chat ». Il y a une question et une remarque et je vais commencer par la remarque de un-oeuf-o2, c’est son pseudo, qui nous dit : « Ce que j’aime avec OpenStreetMap c’est que l’on peut utiliser les données cartographiques même en étant hors-ligne. » Ça c’est la remarque, je vous laisserai réagir là-dessus et je vous donne l’autre question qui concerne plus OpenStreetMap France, qui est donc de PG : « Est-ce que l’association est dotée d’une équipe de cartographes ? » Déjà est-ce que vous voulez réagir sur la première remarque, sur le fait qu’on peut utiliser les données cartographiques même en étant hors ligne c’est-à-dire sans connexion internet, je suppose évidemment sur téléphone mobile, notamment. Noémie
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<b>Noémie Lehuby : </b>Oui, pourquoi pas. Oui, tout à fait, il y a plusieurs applications mobiles qui existent, qui reprennent justement ce principe. On peut citer par exemple OsmAnd ou plus récemment Maps.me et, effectivement, ce sont des applications qui font un peu tout ce qu’on attend d’une application mobile de cartographie. On peut se repérer avec son GPS, on peut regarder ce qu’il y a autour de soi, chercher des lieux, calculer des itinéraires, enregistrer son adresse préférée en favori, etc., et le tout, effectivement, va fonctionner hors ligne ce qui va permettre de l’utiliser par exemple à l’étranger si on n’a pas de réseau. Ça, effectivement, c’est une grande force d’OpenStreetMap qui est venue très tôt, ça fait assez longtemps que ces services-là existent. Moi, personnellement, c’est comme ça que j’ai découvert OpenStreetMap, c’est en utilisant une de ces applications pendant mes vacances à l’étranger que je suis tombée dedans.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je vais compléter la remarque, toujours de un-oeuf-02, qui précise, « le manque – évidemment tout n’est pas toujours rose – ce qui manque, dit-il, ce sont les données de trafic routier en temps réel », par rapport à d’autres applications où il y a effectivement les infos de trafic. Christian Quest.
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<b>Christian Quest : </b>Oui. Tout à fait. OpenStreetMap a vocation à décrire le monde, on va dire un monde un petit peu statique, une base de données géographiques mais relativement statiques avec des choses qui ont de la pérennité. Donc tout ce qui est très temporaire comme des travaux, des bouchons ou des accidents, effectivement ça n’a pas sa place dans la base OpenStreetMap.<br/>
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Je vais faire une toute petite parenthèse : j’ai essayé de démarrer un projet qui s’appelle OpenEventDatabase pour venir combler ce manque et pour venir compléter OpenStreetMap en apportant des données qui, elles, sont localisées dans l’espace, mais aussi dans le temps, avec des choses beaucoup plus liées au temps réel. Mais là, pareil, il va falloir qu’il y ait de la collaboration, il faut que tout le monde partage ses données en temps réel, ce qui n’est pas évident. Déjà pour les données cartographiques quand on a démarré ce n’était pas évident, mais alors pour les données en temps réel aujourd’hui c’est encore considéré comme le petit trésor !
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<b>Frédéric Couchet : </b>Ça me fait venir à l’esprit une question, j’ai une question, mais je vais la poser juste après. Je vais relancer la question sur OpenStreetMap France. Christian est-ce qu’il y a une équipe de cartographes au sein de l’association ?
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<b>Christian Quest : </b>Il n’y a pas d’équipe, en tant que telle, de cartographes. Il y a beaucoup de gens dans l’association qui n’ont pas, non plus, une formation de cartographes. Il y a des gens qui collectent des données et qui les utilisent, mais, en fait, c’est assez décorrélé du côté association.<br/>
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Ce qu’on essaye vraiment de maintenir dans l’association c’est d’être un point de contact pour, ça peut être des entreprises, ça peut être des médias, ça peut être des autorités qui veulent avoir un lien avec le projet OpenStreetMap parce que ce sont des centaines de milliers de contributeurs. Comment un média contacte des contributeurs ? C’est extrêmement compliqué. C’est entre autres pour ça qu’on a créé l’association et aussi pour organiser une conférence annuelle, pour avoir des serveurs, pour pouvoir faire fonctionner tout ça. On essaye de garder le côté association assez limité. Il n’y a que des bénévoles, il y a zéro employé, c’est très important de le dire, même au niveau international.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Même au niveau de la fondation ? C’est une fondation au niveau international ?
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<b>Christian Quest : </b>Au niveau international il y a une fondation de rang(???) anglais qui correspond à peu près à l’équivalent d’une association à but lucratif. Il y a un demi-employé, si je ne me trompe pas, qui s’occupe vraiment d’administratif. C’est tout. Tout le reste fonctionne avec uniquement des bénévoles, ce qui fait que le budget de l’association est absolument ridicule par rapport à d’autres projets. Quand on compare par exemple…
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<b>Frédéric Couchet : </b>Le budget le Wikipédia par exemple.
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<b>Christian Quest : </b>Quand on compare, Wikipédia c’est plusieurs millions de dollars par an et la Fondation OpenStreetMap je crois qu’on doit être aux alentours de 200, 300 000 euros, c’est tout.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Est-ce que quelqu’un veut compléter sur la partie réutilisation avant de parler de la partie contribution ? Jean-Christophe peut-être.
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<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Effectivement, avec les données OpenStreetMap, tout un chacun va pouvoir inventer, imaginer, comme le disait Christian, les services qu’il souhaite. Par exemple, si aujourd’hui vous venez en vacances à Digne-les-Bains et que vous allez à l’office de tourisme, vous demandez un plan de la ville, le plan de la ville qui vous sera donné c’est un plan qui a été imprimé à partir d’une extraction des données OpenStreetMap. Et si vous vous dites que vous voulez emprunter les transports en commun – il y a un petit réseau de bus à Digne, seulement cinq lignes – et que vous demandez le plan du réseau des bus, eh bien, de la même manière, le plan du réseau des bus c’est une extraction OpenStreetMap et chaque affichette que vous trouverez dans les Abribus pour vous indiquer les arrêts desservis par la ligne a été réalisé, effectivement, avec des données OpenStreetMap.<br/>
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Donc on voit bien que OpenStreetMap, la base de données OpenStreetMap, est un véritable outil de production. Moi je travaille beaucoup avec les collectivités, donc j’emprunte des exemples dans ce domaine-là, mais ça s’applique vraiment à tout type d’utilisateur puisque, aujourd’hui, des données géographiques c’est vraiment un sujet de convergence entre tous les domaines, tous les métiers. Moi je fais un petit d’enseignement, j‘interviens auprès d’étudiants en génie biologique et je leur fais des cours de cartographie parce que, aujourd’hui, quand on fait de l’agronomie et qu’on travaille sur des exploitations agricoles, on a besoin de cartographier des parcelles, des cours d’eau, des canaux d’irrigation. Donc on voit bien que c’est un sujet complètement transversal et le fait de disposer d’une base mondiale de données libres, ça va vraiment venir servir à tout le monde.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Très bien. On va passer à la partie contribution parce que tout à l’heure, dans l’instruction, le mot « collaboratif » ou « participatif » ou « contributif » a été évoqué et plusieurs fois on a parlé des personnes qui contribuent. La question que j’ai envie de poser, je me dis je suis sur une carte surt openstreetmap.org, tout à l’heure l’un de vous ou l’une de vous, je ne sais plus, a dit « on peut utiliser le bouton modifier pour ajouter une information », un peu, effectivement, comme sur Wikipédia. La question c’est : est-ce que c’est compliqué ? Est-ce qu’il faut des connaissances techniques ? Est-ce que quand on appuie sur ce bouton de modification il y a un éditeur qui nous aide ? Est-ce qu’on peut rentrer n’importe quelle information ? Est-ce qu’on peut supprimer des informations ? Quelles sont les limites ? Quelles informations on peut indiquer? Quelles sont les limites éventuelles et est-ce que, finalement, il faut être cartographe pour contribuer à OpenStreetMap ? Noémie.
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<b>Noémie Lehuby : </b>Pas du tout. Il ne faut pas du tout être cartographe pour contribuer à OpenStreetMap, c’est complètement accessible. Le point de départ c’est d’aller sur openstreetmap.org et de cliquer sur « modifier » et là on a effectivement un éditeur web qui est disponible directement sur le site, qui permet de faire ses premiers pas très facilement. Donc de visualiser un petit peu les données OpenStreetMap, de voir à quoi ça ressemble et de faire ses premières modifications. Du coup, j’ai envie de dire, que le seul prérequis pour contribuer dans OSM c’est de connaître son quartier, de connaître sa rue, de connaître un petit peu tout ce qu’il y a autour de soi et de se lancer.<br/>
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J’irais même encore plus loin puisqu’on a déjà mentionné des applications mobiles, c’est que, aujourd’hui, dans des applications mobiles telles que Maps.me ou OsmAnd, qui sont basées sur OpenStreetMap, on a aussi la possibilité de faire des modifications. Donc de la même manière on va avoir un bouton « modifier » qui va apparaître et qui va permettre d’ajouter par exemple un commerce ou de modifier les horaires d’ouverture d’un restaurant. Contrairement à ce qu’on pourrait penser c’est très accessible et c’est très facile de faire ses premières modifications.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Un peu comme sur Wikipédia donc, c’est aussi simple techniquement.
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<b>Noémie Lehuby : </b>Tout à fait.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Christian Quest.
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<b>Christian Quest : </b>Il y a une grosse différence, par contre, c’est que aujourd’hui, pour contribuer dans Wikipédia, il faut être assez expert d’un domaine.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu as raison.
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<b>Christian Quest : </b>Alors qu’on est tous experts de notre quartier.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est effectivement une bonne remarque sur la différence importante.
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<b>Christian Quest : </b>Ça fait qu’on peut très facilement contribuer en maintenant à jour des informations qu’on peut juste constater. Il y avait une autre partie dans ta question c’est : qu’est-ce qui a sa place dans OpenStreetMap et qu’est-ce qui n’a pas sa place ?
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<b>Frédéric Couchet : </b>Qu’est-ce qu’on peut rajouter et qu’est-ce qui n’a pas sa place ?
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<b>Christian Quest : </b>Qu’est-ce qui n’a pas sa place ? Tout à l’heure j’ai un peu parlé, par exemple, des choses qui sont très temporaires : des travaux, des choses comme ça.<br/>
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Et puis on a quelques règles assez simples, par exemple il faut que ça soit vérifiable sur le terrain : il faut qu’on puisse aller sur le terrain et le vérifier ou bien avoir une source qui permet vraiment de vérifier. Il y a certaines choses qui ne sont pas vérifiables sur le terrain, par exemple la limite entre deux communes n’est pas tracée au sol, par contre on a des sources qui permettent d’aller vérifier. Et puis, autre chose, ce sont les sources d’information qu’on utilise : il faut qu’elles soient libres. Par exemple une des règles qu’on a, on n’a pas beaucoup de règles, on a une des règles qui est quasiment la numéro un c’est : on ne copie pas de cartes, parce que, en général, toutes les autres cartes que l’on peut trouver, sauf les cartes qui sont faites avec des données OpenStreetMap, mais là ce serait un peu le serpent qui se mord la queue, toutes les autres cartes, en général, il y a un copyright dessus et on ne peut vraiment pas reprendre les informations qui sont sur ces cartes.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est une très bonne remarque parce que sur le salon web – aujourd’hui il y a vraiment beaucoup de questions – quelqu’un dont le pseudo est dans les Dansleslimbes – je vois qu’ils sont très imaginatifs aujourd’hui – pose la question : comment la licence des OpenStreetMap peut-elle « interagir » entre guillemets avec des bases d’autres services, alors IGM, données d’entreprises ? Je crois que, en partie, tu viens un peu de répondre à la question, mais tu peux évidemment compléter.
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<b>Frédéric Couchet : </b>En général c’est assez difficile d’utiliser les données si elles n’ont pas été mises au préalable sous une licence libre. Les données en <em>open data</em> en France sont largement utilisables dans le cadre d’OpenStreetMap, donc ça peut être une bonne source d’informations pour mettre à jour la carte, enfin la base de données.<br/>
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On a d’ailleurs une source très importante qui nous a été ouverte depuis 2009 c’est le cadastre. Les services du cadastre nous ont autorisés à utiliser les plans cadastraux pour améliorer les données OpenStreetMap, ce qui nous a permis de compléter énormément de noms de rues, par exemple, sans forcément aller sur le terrain parce qu’on ne peut pas être partout et on n’a, pas non, des contributeurs partout.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Il y a pas mal de questions sur le salon web, mais on va faire une petite pause musicale et on poursuivra sur la partie contribution. Nous allons écouter <em>Le chariot de Malik</em> par Löhstana et on se retrouve juste après.
  
 
Pause musicale : <em>Le chariot de Malik </em> par Löhstana
 
Pause musicale : <em>Le chariot de Malik </em> par Löhstana
  
<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1
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<b>Voix off : </b>Cause Commune 93.1.
  
 
==43’ 42==
 
==43’ 42==

Version du 15 juin 2019 à 13:43


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 10 juin 2019 sur radio Cause Commune

Intervenants : François Zaïdi - Noémie Lehuby - Christian Quest - Jean-Christophe Becquet - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 10 juin 2019

Durée : 1 h 30 min

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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio causecommune.fm et cliquez sur « chat ». Vous pouvez ainsi nous rejoindre sur le salon web dédié à l’émission.
Nous sommes mardi 11 juin 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’association est april.org, vous y retrouverez une page consacrée à l’émission avec un certain nombre de références que nous allons citer pendant l’émission et, évidemment, la page sera mise à jour après l’émission. N’hésitez pas également à utiliser le formulaire de contact ou le webchat pour nous faire des retours sur ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
Je vous souhaite une excellente écoute.

Maintenant le programme de l’émission.
Nous allons commencer par la présentation d’un nouveau documentaire sur le logiciel libre intitulé LOL – logiciel libre une histoire sérieuse [LOL – Logiciel libre une affaire sérieuse ].
D’ici dix-quinze minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur OpenStreetMap, projet de cartographie qui a pour but de constituer une base de données géographiques libres du monde permettant, par exemple, de créer des cartes sous licence libre.
En fin d’émission nous aurons la chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, président de l’April, qui portera sur les films libres de la Fondation Blender.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred.

Frédéric Couchet : On va vous poser un petit quiz comme depuis quelques émissions. Je vous donnerai les réponses en fin d’émission ou en cours d’émission. Vous pouvez proposer des réponses soit sur le salon web de la radio, soit via les réseaux sociaux.
Première question : lors de l’émission de la semaine dernière, le 4 juin, notre sujet principal portait sur Framasoft. D’où vient le nom Framasoft ? Je poserai aussi la question à nos invités pour voir s’ils connaissent.
Deuxième question, en lien avec l’émission d’aujourd’hui : quel site web utiliseriez-vous pour trouver où boire votre bière préférée autour de vous ? Boire, évidemment, avec modération !

Tout de suite place au premier sujet.

[Virgule musicale]

2’ 23 Interview François Zaïdi réalisateur du documentaire LOL - Logiciel libre une histoire sérieuse - Podcasts format OGG et MP3 11 minutes - Transcrit MO

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la présentation d’un nouveau documentaire sur le logiciel libre intitulé LOL – Logiciel libre une affaire sérieuse avec François Zaïdi, réalisateur. Bonjour François.

François Zaïdi : Bonjour Frédéric.

Frédéric Couchet : C’est un nouveau documentaire. On a fait récemment une émission sur un autre documentaire qui est passé sur Arte. Première question : comment, en tant que réalisateur avec l’équipe qui a produit ce documentaire, tu es venu à t’intéresser à ce monde du logiciel libre. Est-ce que tu es informaticien à la base ?

François Zaïdi : Absolument pas. Je revendique complètement ne rien y connaître ni en développement ni en logiciel libre. Moi je suis réalisateur, j’aime bien raconter des histoires, c’est mon métier. Effectivement, quand on cherche des sujets, on est venu à me parler de cette problématique des logiciels libres et c’est mon acolyte, Thierry Bayoud et sa femme Léa Deneuville qui sont mes auteurs, qui m’ont présenté ce sujet : le logiciel libre en tant qu’objet audiovisuel pour un documentaire.
Moi, comment dire, j’étais plutôt à l’aise avec l’informatique parce que ça va avec mon métier, les ordinateurs, depuis tout petit. Je connaissais le logiciel libre, je connaissais l’open source, mais c’était un peu des mots. Je connaissais la différence avec le logiciel propriétaire, mais finalement ce n’était pas une problématique en soi qui me paraissait dingue, mais ça m’intéressait quand même. On a gratté un petit peu le sujet et, à force de regarder, on s’est rendu compte qu’il y avait vraiment une problématique de société, qu’il y avait quelque chose qui allait bien au-delà de la technique, de l’informatique et que, finalement, même les gens qui n’utilisent pas l’informatique ou qui pensent ne pas utiliser l’informatique peuvent socialement être concernés par cette problématique-là.
Donc ils ont démarché tout un tas de personnes pour voir qui voulait bien intervenir et nous parler un petit peu de cette notion de logiciel. Je tiens à préciser que nous, sur la gestion, sur la conception du documentaire au départ, on n’était pas forcément arrêtés sur le logiciel libre. Moi personnellement, en tant que réalisateur et producteur, je ne connaissais pas forcément les tenants et les aboutissants de tout ça, mais la question m’intéressait parce qu’elle était digne d’intérêt – c’est un petit peu un truisme que je viens de faire, mais vous l’apprécierez. On a donc eu des intervenants, divers et variés.

Frédéric Couchet : Des intervenants informaticiens, des intervenants du champ politique ? Quels types d’intervenants vous avez interviewés ? Et combien, pour ce documentaire ?

François Zaïdi : On a tapé à pas mal de portes. Il y en a beaucoup qui sont restées fermées, notamment les tenants du logiciel propriétaire, finalement, qui n’ont pas souhaité venir. On a été très bien accueillis par la plupart de ce qu’on peut appeler le champ des tenants du logiciel libre, voire open source.
Du coup nous avons interviewé un petit peu moins de moins de 20 intervenants, 14 restent finalement dans le documentaire. Ce n’est pas juste un documentaire, il y a des parties d’originalité. Moi je viens de la fiction, j’aime bien raconter des histoires et on s’est permis quelques petites originalités. Par exemple il n’y a pas de voix off sur ce documentaire. C’est une suite de ce que vont nous dire ces intervenants.

Frédéric Couchet: C’est une suite des interviews des personnes qui ont été interviewées donc ?

François Zaïdi : Tout à fait. On fait une narration, on construit une narration grâce au montage sur sept points précis, particuliers. Au départ c’est plutôt construit sur ce qu’est l’informatique, c’est plutôt une vulgarisation, finalement, de l’informatique et du logiciel : qu’est-ce que c’est ? Comment ça marche ? Il y a quoi dedans ? Et ensuite, très vite, avec certains intervenants, on s’est rendu compte, et je pense que Thierry Bayoud et Léa Deneuville le savaient bien avant moi, qu’on allait rentrer sur quelque chose de beaucoup plus social, politique et géopolitique

Frédéric Couchet : Donc en fait Thierry et Léa s’attendaient à cette présentation un peu plus politique mais finalement pas toi.

François Zaïdi : Je soupçonne, oui.

Frédéric Couchet : Ça a été ta découverte en tant que personne, finalement.

François Zaïdi : Il faut dire que Léa et Thierry ont travaillé sur le documentaire bien avant que moi j’y arrive. Eux ont développé et ont écrit au départ ce documentaire et après ils m’ont présenté le projet pour que, du coup, je le mette en image, le réalise, le tourne.
Gigowatt Film, qui est ma société, qui produit le documentaire est une toute petite structure. On n’a aucune connaissance avec les diffuseurs ; c’est vraiment une auto-production on est complètement indépendants pour le coup et c’est un objet audiovisuel un petit peu particulier. Je ne veux pas dire que c’est formidablement original, mais il y a une tournure assez particulière dans le fait qu’il n’y a pas de voix off, dans le fait qu’on a aussi utilisé beaucoup de vieux films pour mettre en parallèle les problématiques d’aujourd’hui.

Frédéric Couchet : Des vieux films de quoi ?

François Zaïdi : Des vieux films de cinéma.

Pierre-Yves Gosset : D’accord. OK !

François Zaïdi : Ce sont des illustrations assez allégoriques mais qui, finalement, nous montrent, au fur et à mesure du documentaire, que ces problématiques-là qui paraissent extrêmement modernes parce qu’elles sont numériques et que le numérique n’est pas si lointain par rapport à nos constructions sociétales, mais finalement ces problématiques-là se retrouvent dans un temps qui est beaucoup plus long, finalement. On a retrouvé, on s’en est étonnés, des films de plus d’un siècle qui, finalement, illustrent très bien des problématiques numériques actuelles. C’est rigolo. On les a utilisés.

Frédéric Couchet : Ce documentaire dure combien de temps ?

François Zaïdi : C’est un documentaire qui, à l’heure actuelle, fait 57 minutes

Frédéric Couchet : 57 minutes. Je précise que je n’ai pas vu ce documentaire, il y a une réservation de la surprise. Où est-ce qu’on va pouvoir le voir et à partir de quand ?

François Zaïdi : Le documentaire fait son avant-première privée le 20 juin prochain au cinéma CGR.

Frédéric Couchet : CGR, c’est Paris 20e.

François Zaïdi : Exactement, c’est Porte des Lilas.

Frédéric Couchet : Porte des Lilas.

François Zaïdi : J’insiste sur le mot « privée » parce que, à l’heure actuelle ,on n’a pas encore le visa d’exploitation et l’avant-première nous permet de réserver la première pour, par exemple, un festival de telle ou telle qualité. L’avant-première va nous permettre de présenter le film à un certain nombre de personnes, ça va nous permettre d’avoir un certain nombre de retours. Il n’est pas exclu qu’on puisse faire un certain nombre de modifications, c’est peu probable, mais pourquoi pas, on est toujours ouverts à ça. C’est également une manière de montrer ce travail-là pour éventuellement intéresser un distributeur ou un diffuseur.

Frédéric Couchet : D’accord. Si des personnes qui nous écoutent sont intéressées pour assister à cette avant-première comment concrètement elles doivent faire ?

François Zaïdi : Le mieux c’est de nous contacter, de m’envoyer un mail par exemple à l’adresse premiere@gigowattfilm.com, g, i, g, o, w, a, t, t, f, i, l, m point com, c’est au singulier, premiere@gigowattfilm.com, vous m’envoyez un petit mot et on peut vous trouver encore une place ou deux. Il reste encore un certain nombre de places, donc si vous êtes intéressé par le documentaire c’est avec plaisir qu’on vous recevra.

Frédéric Couchet : On mettra l’adresse courriel sur le site de l’April en référence, donc n’hésitez pas à envoyer un courriel à François pour vous inscrire.
Le titre, petite explication sur le titre, donc LOL— logiciel libre, une affaire sérieuse. LOL c’est un acronyme que la plupart des gens connaissent, qui veut dire le rire, l’amusement. Pourquoi le choix de ce titre ?

François Zaïdi : Ce qui nous a intéressés là-dedans par exemple, ce sont les auteurs qui sont venus avec ça, c’est quelque chose qui a été dès le début. On travaille ce documentaire depuis trois ans et demi voire un petit peu plus, le premier tour de manivelle on l’a fait en janvier 2016, rendez-vous compte, ça fait trois ans et demi. C’est quelque chose qui est resté, ce titre. Donc LOL, effectivement, c’est l’émoticône, le smiley qui rigole. Et pour moi, enfin pour nous, ça symbolisait l’utilisation que la plupart des gens ont du numérique : quelque chose d’assez simple, d’assez facile. Un téléphone, un smartphone, un Facebook, j’envoie une photo, des utilisations filialement assez légères. Et on s’est rendu compte et on veut le dire d’ailleurs dans ce documentaire, que nos utilisations informatiques sont finalement très, très sérieuses parce qu’elles impactent nos vies personnelles dans des manières avec lesquelles même moi j’ai été surpris ; elles impactent également notre société ; elles impactent nos ministères ; elles impactent notre école ; elles impactent notre propre sécurité et la sécurité de nos États. Et on trouvait intéressant de mettre ça en parallèle, on trouvait intéressant que la plupart des gens qui ne connaissent pas le code, qui ne connaissent pas l’implication et les conséquences de leur utilisation numérique sont finalement des prolétaires du numérique et que, avec ça, eh bien ils ont le LOL, c’est le smiley, on a déjà une utilisation de l’informatique et elle n’est pas anodine, elle n’est plus neutre cette utilisation informatique et ça paraissait intéressant d’autant plus que LOL, voilà, j’allais y venir, LOL, si vous le décollez, c’est aussi un acronyme de logiciel libre. Et finalement, à l’image animée, c’est un titre qui passe très bien. Vous me direz ce que vous en pensez dans deux semaines Frédéric.

Frédéric Couchet : Effectivement parce que je n’ai pas vu le film, faisant partie des personnes interviewées, peut-être dans ceux qui restent en tout cas.

François Zaïdi : Oui, tout à fait, je confirme.

Frédéric Couchet : C’est un plaisir de découvrir ça au cinéma parce que, en plus, le cinéma est un lieu que j’aime beaucoup. On verra effectivement graphiquement à quoi ça ressemble. En tout cas je te remercie François Zaïdi.
Je vais rappeler que l’avant-première c’est au cinéma CGR qui est situé Porte des Lilas Paris 20e, que pour s’inscrire il faut envoyer un courriel à François. Vous retrouverez la référence sur le site de l’April parce que c’est une présentation privée. Nous espérons que vous allez trouver un distributeur pour ensuite diffuser ce film.

François Zaïdi : C’est vraiment notre souhait. Je reprends une seconde. Gigowatt Film est une toute petite structure. On a fait ce documentaire de très loin, c’est pour ça qu’on a mis quatre ans à le faire parce qu’on voulait le faire bien et que, finalement, on n’avait pas d’intérêt à le précipiter. Pour nous le documentaire a une valeur assez particulière, on en est très fiers. On verra le 20 juin si c’est à tort ou pas. En tout cas c’est quelque chose qu’on a fait avec nos tripes, qu’on a fait avec notre tête, beaucoup. On n’a pas toujours été d’accord, ça a provoqué beaucoup de débats et je pense que ça a enrichi ce documentaire, ce produit et effectivement, si on arrivait à trouver quelqu’un qui serait prêt à le distribuer voire à le diffuser, on serait vraiment extrêmement contents.

Frédéric Couchet : Eh bien belle lancée. On espère que les gens nous écouteront et pourront répondre à cet appel. Merci François Zaïdi , réalisateur de LOL— logiciel libre, une histoire sérieuse.

François Zaïdi : Une affaire sérieuse.

Frédéric Couchet : Une affaire sérieuse. Pourquoi je dis « une histoire sérieuse » ?

François Zaïdi : En fait, une affaire même à l’écrit, une affaire sérieuse c’est beaucoup plus lourd de sens qu’une histoire. On raconte une histoire, mais en fait c’est une affaire. Je veux vraiment insister sur le côté que moi j’ai découvert au bout de quelques mois d’interviews, sur l’aspect profondément géopolitique de la question du logiciel. Et je ne parle pas de la question du logiciel libre, je parle de la question du logiciel parce qu’au départ, et même à l’arrivée finalement, on s’est efforcés de ne pas prendre parti. Je voulais juste mettre une caméra en face de personnes qui m’ont expliqué ce qu’elles en pensaient, sans voix off, avec moins d’artifices – je ne dis pas qu’il n’y en pas parce qu’il y a du montage, forcément –, mais avec moins d’artifices pour avoir des points de vue qui étaient finalement assez différents, même dans les personnes qu’on a interviewées qui sont principalement issues du Libre, mais c’était assez différent les philosophies, mais toutes, toutes, absolument toutes sans exception nous disent qu’il faut faire extrêmement attention et que la question est extrêmement sérieuse, que c’est une affaire sérieuse, vraiment. Et je voudrais les remercier ces 14 intervenants qui sont restés, dont vous Frédéric, je voudrais vraiment les remercier parce qu’effectivement sans eux, sans leur point de vue, on n’avait pas de film

Frédéric Couchet : Merci François, bonne journée.

François Zaïdi : Merci beaucoup.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale choisie par l’un des intervenants qui suit. Le titre s’appelle In the desert, c’est Daniel Bautista et on se retrouve juste après.

Pause musicale : In the desert par Daniel Bautista.

Voix off : Cause Commune 93.1.

18’10 OpenStreetMap avec Christian Quest Jean-Christophe Becquet et Noémie Lehuby - Podcasts format OGG et format MP3 52 minutes - Transcrit MO

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter In the desert par Daniel Bautista, c’est en licence libre, les références sont sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et sur le site causecommune.fm partout dans le monde.

Nous allons poursuivre avec notre sujet principal.

[Virgule musicale]

Nous allons parler d’OpenStreetMap avec nos invités. Je vais commencer par présenter les personnes qui ont en plateau, donc Christian Quest, porte-parole d’OpenStreetMap France. Bonjour Christian.

Christian Quest : Bonjour.

Frédéric Couchet : Noémie Lehuby qui est contributrice à OpenStreetMap et également secrétaire de l’association OpenStreetMap. Bonjour Noémie.

Noémie Lehuby : Bonjour Frédéric.

Frédéric Couchet : Et normalement nous avons au téléphone Jean-Christophe Becquet qui est animateur de l’initiative Dessine ta ville et formateur autour d’OpenStreetMap. Bonjour Jean-Christophe.

Jean-Christophe Becquet : Bonjour.

Frédéric Couchet : Tout le monde est là, c’est parfait. C’est une première émission sur OpenStreetMap parce que c’est un sujet tellement large qu’on fera évidemment plusieurs émissions. Les personnes qui écoutent régulièrement l’émission penseront, par exemple, à Wikipédia : on a déjà fait deux émissions sur Wikipédia. Là c’est une première émission d’introduction. Je vais poser une première question dont la réponse doit être rapide, notamment pour les personnes qui ont le plus de passé, on va dire. C’est votre présentation individuelle, qui vous êtes ? On va commencer par Noémie.

Noémie Lehuby : Bonjour. Je suis Noémie Lehuby. Je suis contributrice OpenStreetMap depuis bientôt cinq ans je pense. Je m’intéresse principalement aux sujets autour des transports et de la mobilité, donc c’est aussi principalement sur ces sujets que je contribue à OpenStreetMap. Depuis quelques années, je m’investis dans l’association OpenStreetMap France qui fait la promotion du projet OpenStreetMap sur le territoire français et cette année je suis secrétaire de cette association.

Frédéric Couchet : J’ai oublié de préciser que tu es aussi cofondatrice de Jungle Bus, une cartographie des réseaux de transport.

Noémie Lehuby : Tout à fait.

Frédéric Couchet : Christian Quest.

Christian Quest : Moi j’ai démarré sur OpenStreetMap en 2009, un petit peu avant Noémie. Je suis un des fondateurs d’OpenStreetMap France qui est une association loi de 1901, qui fait la promotion du projet. Que dire d’autre ? J’ai été président de l’association, je fais plein de choses dans l’association, maintenant je m’occupe un peu plus de la partie technique, faire fonctionner des serveurs.

Frédéric Couchet : Et intervenir à la radio !

Christian Quest : Voilà !

Frédéric Couchet : Jean-Christophe Becquet.

Jean-Christophe Becquet : Contributeur aussi d’OpenStreetMap depuis 2011, j’anime une initiative qui s’appelle Dessine ta ville, avec les collectivités de ma région dans les Alpes du Sud et je suis formateur logiciel libre à titre professionnel et notamment, du coup, autour d’OpenStreetMap.

Frédéric Couchet : Merci. Première question : c’est quoi OpenStreetMap ? Qui veut commencer ? Le porte-parole.

Christian Quest : Vu que j’ai commencé en premier. En gros, on fait l’équivalent de Wikipédia sauf qu’on ne fait pas une encyclopédie, on fait un atlas du monde, tout simplement. C’est contributif, c’est ouvert à tout le monde en termes de contribution.
Quand on a démarré, le projet a démarré...

Frédéric Couchet : En quelle année ?

Christian Quest : En 2004. Le décollage réel où il a commencé à y avoir vraiment de la contribution c’est plutôt 2007/2008, et on est partis d’une carte blanche ; il n’y avait absolument rien exactement comme au début Wikipédia, il n’y avait rien. Et petit à petit on a complété, complété, complété.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc une cartographie. Si on fait par référence à Wikipédia, je suppose que c’est sous licence libre.

Christian Quest : Bien sûr.

Frédéric Couchet : Est-ce que c’est la même licence libre que Wikipédia ?

Christian Quest : Non. C’est une licence différente. Dans le passé on a utilisé une autre licence puis on a changé. Depuis 2012 on est sous une licence qui s’appelle l’ODBL, Open Data Base License. L’idée de cette licence c’est de protéger les données et la base de données. C’est un peu l’équivalent d’une CC BY-SA, si vous voulez, c’est-à-dire un partage à l’identique. L’important c’est que les gens qui utilisent les données participent aussi à leur mise à jour et à leur élaboration d’où le choix de cette licence. Par contre c’est une licence qui ne protège que le côté base de données, pour l’aspect partage à l’identique, et ce que l’on fait avec cette base de données, des cartes par exemple, n’a pas besoin d’être sous la même licence : on peut mettre des cartes qu’on ferait avec les données de la base de données dans d’autres licences, ce qui permet beaucoup de réutilisations.

Frédéric Couchet : Ça c’est un point intéressant et on reviendra sur la réutilisation tout à l’heure. Noémie, est-ce que tu veux compléter cette introduction sur OSM, donc OpenStreetMap.

Noémie Lehuby : Oui. Je voudrais revenir un petit peu sur le côté collaboratif et participatif parce qu’effectivement je pense qu’une des grandes forces du projet c’est sa communauté. Avant d’être un projet informatique de création de base de données, c’est un projet de communauté et ce sont beaucoup de communautés de passionnés qui se retrouvent dans ce projet. On a avoir des cyclistes qui vont venir cartographier des équipements cyclables, des pistes cyclables, des parkings vélos, etc. On va avoir, je ne sais pas, des végétariens qui vont indiquer quels sont les restaurants qui servent des plats végétariens, et c’est un petit peu toute cette agrégation de passionnés qui fait qu’on a une aussi belle carte aujourd’hui.

Frédéric Couchet : D’accord. Jean-Christophe est-ce que tu veux rajouter quelque chose ?

Jean-Christophe Becquet : Je dis souvent que OpenStreetMap c’est une équipe dans laquelle chacun dessine sa rue, son quartier ; les quartiers s’assemblent pour faire des régions, les régions pour faire des pays et à la fin, au bout de 15 ans, on a une carte du monde.

Frédéric Couchet : C’est une bonne présentation.
On va quand même donner une information importante, le nom peut-être du site pour aller sur OpenStreetMap : openstreetmap.org.

Christian Quest : Voilà, c’est le site international. Il y a aussi openstreetmap.fr, qui est le site de notre association, qui fait la promotion du projet, mais la grande porte d’entrée du site c’est openstreetmap.org.

Frédéric Couchet : On va parler de contribution tout à l’heure. On va commencer par la réutilisation même si, en fait, les deux peuvent être un petit peu mélangées. J’ai envie de vous demander, pour les personnes qui utilisent d’autres outils de cartographie, on ne va pas les citer, mais je vois lesquels ils utilisent, quels sont les intérêts d’utilisation d’OpenStreetMap que vous pourriez donner à la radio, comme si vous étiez en soirée et que quelqu’un vous dit : « J’ai un itinéraire machin, je vais utiliser telle application privatrice » et vous lui dites « attendez, il y a OpenStreetMap » ? Des exemples d’utilisation. Christian Quest.

Christian Quest : Des exemples d’utilisation. La grosse différence qu’on a entre OpenStreetMap et des services qui commencent par exemple par un « G », c’est l’accès aux données qui permet à des développeurs de faire des applications ou des outils adaptés à une problématique bien particulière.
Noémie a cité, par exemple, les cyclistes. Pendant longtemps les cyclistes, au niveau de la cartographie, étaient un petit peu la cinquième roue du carrosse, il n’y avait pas vraiment de cartes qui leur étaient dédiées, il n’y avait pas vraiment de sites qui fonctionnaient, qui étaient destinés à cette population-là. Mais le fait d’avoir énormément de données sur la cyclabilité dans OpenStreetMap ça a permis par exemple à une entreprise comme Géovélo, ce n’est pas le nom de l’entreprise, c’est une appli qui s’appelle Géovélo, de fournir vraiment un excellent outil pour les cyclistes.
C’est ça la particularité que l’on a quand on a accès à l’intégralité des données, pas simplement à des services qu’on vous offre sur des données. Le fait d’avoir cet accès complet permet énormément d’innovation et énormément d’usages qui, sinon, ne sont pas possibles parce que les services tout prêts, tout prêts mâchés, vous limitent dans votre imagination et dans votre innovation. Ça c’est une des grandes particularités. Ça me permet, par exemple, de faire une carte dédiée pour des pilotes de vol libre, de parapente ou de delta, parce que je vais sélectionner vraiment les informations qui sont utiles à ces gens-là. La particularité d’une carte c’est qu’elle est destinée, en général, à un usage. Vous n’allez pas du tout mettre la même chose sur une carte pour des chauffeurs poids lourd et des cyclistes. Un chauffeur poids lourd va vouloir voir les grands axes de circulation, là où il peut circuler, alors que pour un cycliste, au contraire, une autoroute c’est une barrière infranchissable : il n’a pas le droit de circuler dessus et il ne peut pas non plus la couper. Donc vous voyez la carte est une représentation du monde en fonction de ce que l’on veut faire.
Donc c’est très important d’avoir un accès libre à toutes les données qu’il y a en dessous.

Frédéric Couchet : D’accord. Noémie.

Noémie Lehuby : Effectivement, je rejoins pas mal ce que dit Christian. Je pense aussi qu’on a beaucoup parlé de cartes mais OpenStreetMap c’est une base de données. On peut faire plein avec dont des cartes.
Par exemple sur ma thématique qui est plutôt le transport, on va pouvoir faire autre chose que des cartes. On peut aussi faire des plans schématiques, du calcul d’itinéraires, etc., et tout ça c’est possible justement parce que l’écosystème est ouvert, parce que la base de données est sous licence libre et parce que d’autres acteurs peuvent, du coup, l’utiliser, faire grossir cet écosystème idéalement avec des logiciels libres, mais ce n’est pas obligé.

Frédéric Couchet : Et on est, je suppose, indépendant du choix des algorithmes contrairement aux autres outils qui commencent par un « G » ou par un « W » pour certains. Finalement c’est la « porte ouverte », entre guillemets, à la liberté qui va dépendre avant tout des usages, comme vous l’expliquiez tout à l’heure.

Christian Quest : Oui. Tout à fait. Et on vise aussi une grande neutralité dans nos données On a par exemple des sujets, de temps en temps, de positionnement de frontière entre certains pays qui ne sont pas d’accord. Ou bien quel est le nom, par défaut, qu’on va faire apparaître sur une carte pour, par exemple, une ville comme Jérusalem. On va le mettre dans quelle langue ? Ce n’est pas évident. En fait dans notre base on a, je ne peux pas dire toutes les langues, mais si vous prenez le cas de Paris, je crois qu’il y a 250 langues différentes. On peut faire des cartes et des applications effectivement, Noémie a rappelé qu’on ne s’arrête pas aux cartes, qui ne sont pas limitées par la langue, etc.

Frédéric Couchet : Jean-Christophe.

Jean-Christophe Becquet : Comme Noémie l’a dit OpenStreetMap c’est d’abord une base de données géographiques sur laquelle s’appuie tout un ensemble de services en ligne, ceux qu’on trouve sur le site openstreetmap.org mais aussi tout un tas d’autres. En fait, cette base de données libres et ses enjeux libres rejoignent les enjeux du logiciel libre qu’on défend à l’April, c’est-à-dire retrouver la maîtrise de son informatique, retrouver la maîtrise de ses données. Tout simplement dans la base de données OpenStreetMap, si je constate une erreur, une manque, une information qui n’est pas à jour, eh bien comme dans Wikipédia, je clique sur le bouton « modifier », je corrige, je complète et dans l’instant la base de données est actualisée, complétée, améliorée. Je pense que ce caractère libre de la base de données OpenStreetMap est vraiment un enjeu important qui permet de retrouver la maîtrise de sa base de données.
Dans ma ville à Digne-les-Bains, la base de données OpenStreetMap est de qualité nettement supérieure à celle de ses concurrents propriétaires parce qu’il y a des contributeurs OpenStreetMap dans ma région. Donc aujourd’hui si on cherche un service public, un restaurant, une adresse à Digne, il vaut beaucoup mieux passer par OpenStreetMap que par les cartes propriétaires.

Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe. Là je regarde le salon web de la radio, je rappelle c’est sur causecommune.fm, vous cliquez sur « chat ». Il y a une question et une remarque et je vais commencer par la remarque de un-oeuf-o2, c’est son pseudo, qui nous dit : « Ce que j’aime avec OpenStreetMap c’est que l’on peut utiliser les données cartographiques même en étant hors-ligne. » Ça c’est la remarque, je vous laisserai réagir là-dessus et je vous donne l’autre question qui concerne plus OpenStreetMap France, qui est donc de PG : « Est-ce que l’association est dotée d’une équipe de cartographes ? » Déjà est-ce que vous voulez réagir sur la première remarque, sur le fait qu’on peut utiliser les données cartographiques même en étant hors ligne c’est-à-dire sans connexion internet, je suppose évidemment sur téléphone mobile, notamment. Noémie

Noémie Lehuby : Oui, pourquoi pas. Oui, tout à fait, il y a plusieurs applications mobiles qui existent, qui reprennent justement ce principe. On peut citer par exemple OsmAnd ou plus récemment Maps.me et, effectivement, ce sont des applications qui font un peu tout ce qu’on attend d’une application mobile de cartographie. On peut se repérer avec son GPS, on peut regarder ce qu’il y a autour de soi, chercher des lieux, calculer des itinéraires, enregistrer son adresse préférée en favori, etc., et le tout, effectivement, va fonctionner hors ligne ce qui va permettre de l’utiliser par exemple à l’étranger si on n’a pas de réseau. Ça, effectivement, c’est une grande force d’OpenStreetMap qui est venue très tôt, ça fait assez longtemps que ces services-là existent. Moi, personnellement, c’est comme ça que j’ai découvert OpenStreetMap, c’est en utilisant une de ces applications pendant mes vacances à l’étranger que je suis tombée dedans.

Frédéric Couchet : Je vais compléter la remarque, toujours de un-oeuf-02, qui précise, « le manque – évidemment tout n’est pas toujours rose – ce qui manque, dit-il, ce sont les données de trafic routier en temps réel », par rapport à d’autres applications où il y a effectivement les infos de trafic. Christian Quest.

Christian Quest : Oui. Tout à fait. OpenStreetMap a vocation à décrire le monde, on va dire un monde un petit peu statique, une base de données géographiques mais relativement statiques avec des choses qui ont de la pérennité. Donc tout ce qui est très temporaire comme des travaux, des bouchons ou des accidents, effectivement ça n’a pas sa place dans la base OpenStreetMap.
Je vais faire une toute petite parenthèse : j’ai essayé de démarrer un projet qui s’appelle OpenEventDatabase pour venir combler ce manque et pour venir compléter OpenStreetMap en apportant des données qui, elles, sont localisées dans l’espace, mais aussi dans le temps, avec des choses beaucoup plus liées au temps réel. Mais là, pareil, il va falloir qu’il y ait de la collaboration, il faut que tout le monde partage ses données en temps réel, ce qui n’est pas évident. Déjà pour les données cartographiques quand on a démarré ce n’était pas évident, mais alors pour les données en temps réel aujourd’hui c’est encore considéré comme le petit trésor !

Frédéric Couchet : Ça me fait venir à l’esprit une question, j’ai une question, mais je vais la poser juste après. Je vais relancer la question sur OpenStreetMap France. Christian est-ce qu’il y a une équipe de cartographes au sein de l’association ?

Christian Quest : Il n’y a pas d’équipe, en tant que telle, de cartographes. Il y a beaucoup de gens dans l’association qui n’ont pas, non plus, une formation de cartographes. Il y a des gens qui collectent des données et qui les utilisent, mais, en fait, c’est assez décorrélé du côté association.
Ce qu’on essaye vraiment de maintenir dans l’association c’est d’être un point de contact pour, ça peut être des entreprises, ça peut être des médias, ça peut être des autorités qui veulent avoir un lien avec le projet OpenStreetMap parce que ce sont des centaines de milliers de contributeurs. Comment un média contacte des contributeurs ? C’est extrêmement compliqué. C’est entre autres pour ça qu’on a créé l’association et aussi pour organiser une conférence annuelle, pour avoir des serveurs, pour pouvoir faire fonctionner tout ça. On essaye de garder le côté association assez limité. Il n’y a que des bénévoles, il y a zéro employé, c’est très important de le dire, même au niveau international.

Frédéric Couchet : Même au niveau de la fondation ? C’est une fondation au niveau international ?

Christian Quest : Au niveau international il y a une fondation de rang(???) anglais qui correspond à peu près à l’équivalent d’une association à but lucratif. Il y a un demi-employé, si je ne me trompe pas, qui s’occupe vraiment d’administratif. C’est tout. Tout le reste fonctionne avec uniquement des bénévoles, ce qui fait que le budget de l’association est absolument ridicule par rapport à d’autres projets. Quand on compare par exemple…

Frédéric Couchet : Le budget le Wikipédia par exemple.

Christian Quest : Quand on compare, Wikipédia c’est plusieurs millions de dollars par an et la Fondation OpenStreetMap je crois qu’on doit être aux alentours de 200, 300 000 euros, c’est tout.

Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que quelqu’un veut compléter sur la partie réutilisation avant de parler de la partie contribution ? Jean-Christophe peut-être.

Jean-Christophe Becquet : Effectivement, avec les données OpenStreetMap, tout un chacun va pouvoir inventer, imaginer, comme le disait Christian, les services qu’il souhaite. Par exemple, si aujourd’hui vous venez en vacances à Digne-les-Bains et que vous allez à l’office de tourisme, vous demandez un plan de la ville, le plan de la ville qui vous sera donné c’est un plan qui a été imprimé à partir d’une extraction des données OpenStreetMap. Et si vous vous dites que vous voulez emprunter les transports en commun – il y a un petit réseau de bus à Digne, seulement cinq lignes – et que vous demandez le plan du réseau des bus, eh bien, de la même manière, le plan du réseau des bus c’est une extraction OpenStreetMap et chaque affichette que vous trouverez dans les Abribus pour vous indiquer les arrêts desservis par la ligne a été réalisé, effectivement, avec des données OpenStreetMap.
Donc on voit bien que OpenStreetMap, la base de données OpenStreetMap, est un véritable outil de production. Moi je travaille beaucoup avec les collectivités, donc j’emprunte des exemples dans ce domaine-là, mais ça s’applique vraiment à tout type d’utilisateur puisque, aujourd’hui, des données géographiques c’est vraiment un sujet de convergence entre tous les domaines, tous les métiers. Moi je fais un petit d’enseignement, j‘interviens auprès d’étudiants en génie biologique et je leur fais des cours de cartographie parce que, aujourd’hui, quand on fait de l’agronomie et qu’on travaille sur des exploitations agricoles, on a besoin de cartographier des parcelles, des cours d’eau, des canaux d’irrigation. Donc on voit bien que c’est un sujet complètement transversal et le fait de disposer d’une base mondiale de données libres, ça va vraiment venir servir à tout le monde.

Frédéric Couchet : Très bien. On va passer à la partie contribution parce que tout à l’heure, dans l’instruction, le mot « collaboratif » ou « participatif » ou « contributif » a été évoqué et plusieurs fois on a parlé des personnes qui contribuent. La question que j’ai envie de poser, je me dis je suis sur une carte surt openstreetmap.org, tout à l’heure l’un de vous ou l’une de vous, je ne sais plus, a dit « on peut utiliser le bouton modifier pour ajouter une information », un peu, effectivement, comme sur Wikipédia. La question c’est : est-ce que c’est compliqué ? Est-ce qu’il faut des connaissances techniques ? Est-ce que quand on appuie sur ce bouton de modification il y a un éditeur qui nous aide ? Est-ce qu’on peut rentrer n’importe quelle information ? Est-ce qu’on peut supprimer des informations ? Quelles sont les limites ? Quelles informations on peut indiquer? Quelles sont les limites éventuelles et est-ce que, finalement, il faut être cartographe pour contribuer à OpenStreetMap ? Noémie.

Noémie Lehuby : Pas du tout. Il ne faut pas du tout être cartographe pour contribuer à OpenStreetMap, c’est complètement accessible. Le point de départ c’est d’aller sur openstreetmap.org et de cliquer sur « modifier » et là on a effectivement un éditeur web qui est disponible directement sur le site, qui permet de faire ses premiers pas très facilement. Donc de visualiser un petit peu les données OpenStreetMap, de voir à quoi ça ressemble et de faire ses premières modifications. Du coup, j’ai envie de dire, que le seul prérequis pour contribuer dans OSM c’est de connaître son quartier, de connaître sa rue, de connaître un petit peu tout ce qu’il y a autour de soi et de se lancer.
J’irais même encore plus loin puisqu’on a déjà mentionné des applications mobiles, c’est que, aujourd’hui, dans des applications mobiles telles que Maps.me ou OsmAnd, qui sont basées sur OpenStreetMap, on a aussi la possibilité de faire des modifications. Donc de la même manière on va avoir un bouton « modifier » qui va apparaître et qui va permettre d’ajouter par exemple un commerce ou de modifier les horaires d’ouverture d’un restaurant. Contrairement à ce qu’on pourrait penser c’est très accessible et c’est très facile de faire ses premières modifications.

Frédéric Couchet : Un peu comme sur Wikipédia donc, c’est aussi simple techniquement.

Noémie Lehuby : Tout à fait.

Frédéric Couchet : Christian Quest.

Christian Quest : Il y a une grosse différence, par contre, c’est que aujourd’hui, pour contribuer dans Wikipédia, il faut être assez expert d’un domaine.

Frédéric Couchet : Tu as raison.

Christian Quest : Alors qu’on est tous experts de notre quartier.

Frédéric Couchet : C’est effectivement une bonne remarque sur la différence importante.

Christian Quest : Ça fait qu’on peut très facilement contribuer en maintenant à jour des informations qu’on peut juste constater. Il y avait une autre partie dans ta question c’est : qu’est-ce qui a sa place dans OpenStreetMap et qu’est-ce qui n’a pas sa place ?

Frédéric Couchet : Qu’est-ce qu’on peut rajouter et qu’est-ce qui n’a pas sa place ?

Christian Quest : Qu’est-ce qui n’a pas sa place ? Tout à l’heure j’ai un peu parlé, par exemple, des choses qui sont très temporaires : des travaux, des choses comme ça.
Et puis on a quelques règles assez simples, par exemple il faut que ça soit vérifiable sur le terrain : il faut qu’on puisse aller sur le terrain et le vérifier ou bien avoir une source qui permet vraiment de vérifier. Il y a certaines choses qui ne sont pas vérifiables sur le terrain, par exemple la limite entre deux communes n’est pas tracée au sol, par contre on a des sources qui permettent d’aller vérifier. Et puis, autre chose, ce sont les sources d’information qu’on utilise : il faut qu’elles soient libres. Par exemple une des règles qu’on a, on n’a pas beaucoup de règles, on a une des règles qui est quasiment la numéro un c’est : on ne copie pas de cartes, parce que, en général, toutes les autres cartes que l’on peut trouver, sauf les cartes qui sont faites avec des données OpenStreetMap, mais là ce serait un peu le serpent qui se mord la queue, toutes les autres cartes, en général, il y a un copyright dessus et on ne peut vraiment pas reprendre les informations qui sont sur ces cartes.

Frédéric Couchet : C’est une très bonne remarque parce que sur le salon web – aujourd’hui il y a vraiment beaucoup de questions – quelqu’un dont le pseudo est dans les Dansleslimbes – je vois qu’ils sont très imaginatifs aujourd’hui – pose la question : comment la licence des OpenStreetMap peut-elle « interagir » entre guillemets avec des bases d’autres services, alors IGM, données d’entreprises ? Je crois que, en partie, tu viens un peu de répondre à la question, mais tu peux évidemment compléter.

Frédéric Couchet : En général c’est assez difficile d’utiliser les données si elles n’ont pas été mises au préalable sous une licence libre. Les données en open data en France sont largement utilisables dans le cadre d’OpenStreetMap, donc ça peut être une bonne source d’informations pour mettre à jour la carte, enfin la base de données.
On a d’ailleurs une source très importante qui nous a été ouverte depuis 2009 c’est le cadastre. Les services du cadastre nous ont autorisés à utiliser les plans cadastraux pour améliorer les données OpenStreetMap, ce qui nous a permis de compléter énormément de noms de rues, par exemple, sans forcément aller sur le terrain parce qu’on ne peut pas être partout et on n’a, pas non, des contributeurs partout.

Frédéric Couchet : Il y a pas mal de questions sur le salon web, mais on va faire une petite pause musicale et on poursuivra sur la partie contribution. Nous allons écouter Le chariot de Malik par Löhstana et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Le chariot de Malik par Löhstana

Voix off : Cause Commune 93.1.

43’ 42

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Le chariot de Malik par Löhstana, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez l’émission Libre à vous !, sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.






Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter I need par Jahzzar et on se retrouve juste après.

Pause musicale : I need par Jahzzar.

Voix off : Cause Commune 93.1.

1 h 12’ 55 Chronique « Pépites libres » sur des films libres de la Fondation Blender par Jean-Christophe Becquet - Podcasts format OGG et format MP3 7 minutes

Frédéric Couchet : I need par Jahzzar. Musique disponible en licence libre. Les références sur le site de l’April, april.org.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre
, sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et sur causecommune.fm partout dans le monde.

Nous allons maintenant aborder notre dernier sujet.

[Virgule musicale]

Texte de Jean-Christophe Becquet

Blender est un logiciel libre de modélisation, d’animation et de rendu en 3D. Il est intéressant de se pencher quelques minutes sur son histoire. En effet, Blender était au départ un partagiciel (en anglais on parle de shareware). C'est à dire qu'il était disponible gratuitement dans une version limitée et il fallait payer pour accéder à l'ensemble des fonctionnalités. Blender devient ensuite un logiciel gratuit (freeware en anglais). En 2002, une souscription est lancée afin de racheter les droits d'auteur de Blender pour un montant de 100 000 euros et d'en faire un logiciel libre (free software en anglais) sous licence GPL. Un article récent sur le site du projet intitulé Blender is Free Software célèbre cette liberté. Il explique : « Blender est libre pour toujours, cette liberté qui rend la licence GPL si puissante, est la raison pour laquelle c'est bien plus que de l'open source ». Blender connaît depuis 25 ans un formidable développement. Le 2 février 2019, le créateur du logiciel Blender, Ton Roosendaal, a reçu le prix Annie Ub Iwerks de la Société internationale du film d'animation, ASIFA-Hollywood. Ce prix reconnaît les progrès techniques qui ont un impact significatif sur l’art ou l’industrie de l’animation. Un article sur le site de la licence professionnelle CoLibre titre : Quand un logiciel libre reçoit enfin la reconnaissance qu’il mérite… Depuis 2007, la Fondation Blender qui pilote le développement dulogiciel héberge l'Institut Blender. Il s'agit du premier studio de production cinématographique et vidéo ludique libre. L'équipe basée à Amsterdam se consacre à la production de films et de jeux vidéos avec le logiciel Blender. L'originalité de la démarche réside dans le fait que tout le processus de création artistique (personnages, scènes, textures,) est partagé sous licence libre. Aujourd'hui, la Fondation Blender a publié une dizaine d’œuvres de grande qualité. Citons quelques exemples. Le dessin animé Big Buck Bunny réjouira les enfants de tout âge. Un autre court métrage, Cosmos Laundromat, raconte l'histoire d'un mouton dépressif sur une île déserte. Il rencontre un vendeur excentrique qui lui offre le don de changer de vie. Enfin Spring le dernier sorti est une belle ode à la vie. Une jeune bergère affronte les esprits anciens pour permettre la venue du printemps. Le générique de fin de tous ces films affiche une licence Creative Commons BY. C'est à dire qu'on peut les copier, les projeter dans toutes circonstances et aussi les modifier. C'est du cinéma libre !




[Virgule musicale]

1 h 20’ 22 Annonces - Podcasts format OGG et format MP3 6 minutes

Frédéric Couchet : nous approchons de la fin de l’émission