Liberté 0 - Radio RMLL 2014

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Titre : Liberté 0

Intervenant : Armony Altinier - Samuel Thibault

Lieu : RMLL - Montpellier

Date : Juillet 2014

Durée : 17 min 06

Lien vers l'enregistrement : [1]


00'transcrit MO

Journaliste : De retour sur radio RMLL à Montpellier si vous nous écoutez de loin et de proche. Maintenant on va parler de liberty, Liberté 0 avec Armony et toi, j'ai oublié ton prénom.

Samuel : Samuel.

Journaliste : Et Samuel. Voilà. Bonjour à tous les deux, tout d’abord. Est-ce que vous pouvez déjà expliquer ce qu'est Liberté 0 ?

Armony : Liberté 0 c'est une association qui défend le numérique libre et accessible à tous.

Journaliste : D'accord !

Armony : Tu veux que je dise plus de choses ? Le nom Liberté 0 c'est en référence à la liberté 0 du Logiciel Libre. Le Logiciel Libre a quatre libertés. La liberté 0 c'est la liberté d'exécuter le programme, sauf que tout le monde n'a pas cette liberté si le programme lui-même n'est pas accessible. Donc l’objectif de l'association c'est de forker la philosophie qu'il y a derrière liberté 0, pour ce soit, libre, du Logiciel Libre pour tout le monde, et, quelle que soit sa situation, sa façon d'accéder aux logiciels, qu'on ait un handicap ou non, qu'on utilise le logiciel avec la souris ou avec le clavier ou avec un lecteur d'écran ou avec certains dispositifs et technologies d’assistance.

Journaliste : D'accord. Vous avez commencé comment à penser à ça ?

Samuel : Y penser ça fait très longtemps. De toutes façons, l'accessibilité, il y a des projets depuis une vingtaine d'années, peut-être. Sous Linux ça fait très longtemps que des logiciels existent. Après, se dire on se regroupe, on centralise, on essaie de s'ouvrir à la fois aux développeurs mais aussi aux collectivités pour leur expliquer. D'un côté pour les développeurs que c'est important l'accessibilité. De l'autre côté, du côté de collectivités et compagnie de leur dire, oui, le logiciel libre, il y a moyen qu'il soit accessible pour pouvoir l'utiliser et que du coup ça soit plus intéressant pour les collectivités. Mais c'est relativement récent.

Cette année on va vraiment fonder l'association Liberté 0, mais en fait on a lancé ce projet-là l'année dernière aux RMLL, et puis les années précédentes, c’était déjà un peu dans la tête de se dire il faut être fédérateur.

Armony : D'un point de vue de l'historique c'est aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre de Nantes 2009, donc on a lien très fort avec les Rencontres Mondiales de manière générale, il se passe toujours plein de trucs pour nous, où on a fondé le groupe de travail Accessibilité et Logiciel Libre de l'April.

Journaliste : D'accord.

Armony : Donc on s'est tous retrouvés à ce moment-là et puis en, je ne sais pas quelle année, il y a un an et neuf mois, donc j'animais le groupe de travail, j'en suis partie, parce qu'on n'avait pas vraiment le même positionnement au sein de l'April, puisque l'April c'est vraiment la définition de Richard Stallman uniquement, donc nous on va un petit plus loin.

Du coup en en est sortis, et voilà, et neuf mois plus tard on s'est retrouvé aux Rencontres Mondiales. Tout le monde était toujours partant pour faire des choses et donc on a créé Liberté 0, en se disant si dans un an, donc aux prochaines Rencontres Mondiales, donc cette année à Montpellier, il y a toujours du monde, c'est toujours dynamique, on se constitue en association officiellement, pour aller encore plus loin, porter davantage les projets, avoir une reconnaissance officielle. Et donc c'est ce qu'on vient de faire, puisqu’il y a une centaine d'inscrits je pense sur la liste de discussions, plein de projets et beaucoup d’échos très favorables, alors qu'on n'a pas encore commencé à communiquer.

Journaliste : Est-ce que vous avez d'autres retours aussi ? Par exemple un peu plus négatifs ?

Armony : Je ne sais pas, je ne vois pas de quoi tu parles !

Journaliste : Il y a beaucoup de ouï-dire qui se racontent, en tout cas sur le village, aux RMLLL.

Armony : Oui on a fait un peu les trublions. Mais au départ, donc il y a un an, j'ai écrit un article sur le Framablog qui relatait une discussion qu'on a eue. J'ai eu une discussion privée par mails avec Richard Stallman, sur justement la liberté 0, qui était une vraie question, que j'avais déjà posée à l'April et ils ne savaient pas trop eux-mêmes. Ils m'ont dit tu devrais en discuter avec Richard. Est-ce qu'un logiciel libre est vraiment libre si finalement tout le monde ne peut pas y accéder pour des raisons d'inaccessibilité ?

Donc c'est une question qu'on avait déjà posée aussi sur Radio RMLL. On pensait vraiment de bonne foi, que oui eh bien pour que ce soit libre et libérateur pour tout le monde il faut donc aussi prendre en compte l'accessibilité. Je me suis entretenue sur cette question avec Richard Stallman par mails et il n'a pas voulu que je publie notre conversation. Mais donc son point de vue c'est que l'accessibilité c'est une fonctionnalité. On ne peut pas l'imposer aux développeurs. Le Logiciel Libre en tant que tel, et la liberté 0 se suffit en tant que telle, pour faire de la liberté. Si les gens ne sont pas contents ils n'ont qu'à coder, puisqu'ils peuvent modifier le programme et s'ils ne savent pas faire ils n'ont qu'à financer la modification du programme.

Donc ça c'est le point de vue de Richard Stallman. J'avais relaté cette discussion. Son point de vue c'est que l'accessibilité c'est une fonctionnalité, ce n'est pas une question de liberté. Évidemment on n'est pas d'accord. Est-ce qu'on est libre quand on ne peut pas travailler parce que son logiciel n'est pas accessible, alors que d'autres le peuvent ? Eh bien non ! On n'a pas cette liberté. Il y a même des gens, des situations assez dramatiques, que le logiciel soit libre ou pas d'ailleurs, où des gens perdent leur travail ou ne peuvent pas accéder à certains emplois parce que les outils de travail ne sont pas accessibles. Donc leur expliquer qu'ils sont libres quand même, c'est un petit peu compliqué.

J'ai écrit cet article « L'accessibilité est-elle une question de liberté ?» sur le Framablog. Il y a eu pas mal d'échos. Ça a un peu lancé la liste de discussions et le groupe de travail. Donc là cette année effectivement j'en ai profité de voir Richard Stallman, pour aller lui dire nous on promeut le Logiciel Libre tel que tu le décris, on peut avoir des approches différentes. Mais lui expliquer que ce n’était pas inamical et que, au contraire, nous on continue à le promouvoir et qu'on continuera à promouvoir parce qu'il n'y a pas non plus d'accessibilité réelle sans liberté, sans logiciel libre, parce qu'on est dans ce cas dépendant d'un éditeur de logiciels, de ce qu'il peut décider et du coup on n'est pas libre non plus. Pour nous ce sont les deux qui doivent aller ensemble. Il n'est pas du tout d'accord avec ça et pour lui ça reste une fonctionnalité, seulement.

Journaliste : Là en fait, si je comprends bien, vous concevez cette liberté aussi basée sur le fait que vous n'ayez pas d'accessibilité en dehors du dit logiciel ou vous devez en fait utiliser des logiciels propriétaires pour remplacer ceux-là ? C'est ça ?

Armony : La liberté ce sont deux choses. C'est, soit on ne m'interdit pas de faire quelque chose, donc ça c'est sur le principe juridique de la licence, si c'est sous licence libre, on ne m'interdit pas de le modifier, de l'utiliser etc. Et puis c'est la liberté de permettre de faire quelque chose, ça peut être dans ce sens-là et dans ce cas, il ne suffit pas que ce soit sous licence libre pour que je puisse l'utiliser. Si le logiciel est conçu de telle manière qu'un lecteur d'écran on ne peut pas, on ne va pas dire à la personne aveugle achète-toi des yeux ! Non, elle ne peut pas voilà. Non, elle n'a pas cette liberté. Du coup ça ce n'est pas uniquement l’accessibilité, ce n'est pas juste une question pour le logiciel libre, c'est juste que nous, notre travail, enfin notre mission qu'on se donne, c'est que le logiciel libre c'est une question de liberté, c'est un projet politique qui est important. Et l'autre définition de Richard Stallman au-delà des quatre libertés, c'est liberté, égalité fraternité. Elle est où l'égalité, la fraternité si ce n'est pas accessible ? Pour nous les deux doivent aller ensemble. Je laisse Samuel compléter.

Samuel : Non. Je suis complètement d'accord.

08' 01

Journaliste : Parler d’accessibilité est-ce que ce n'est pas extrêmement large parce que ça peut inclure aussi bien tout ce qui est traduction, enfin dans notre civilisation