Les milliardaires de l'informatique, pourquoi en a-t-il autant - Décryptualité du 16 décembre 2019

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Titre : Décryptualité du 16 décembre 2019 - Les milliardaires de l'informatique, pourquoi y en a-t-il autant ?

Intervenants : Manu - Luc

Lieu : April - Studio d'enregistrement

Date : 16 décembre 2019

Durée : 15 min 13

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Revue de presse pour la semaine 50 de l'année 2019

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription : MO

Description

La moitié des 10 milliardaires les plus fortunés sont issus du monde de l'informatique. Sans doute en raison à la fois de la nature immatérielle de l'informatique et du mouvement d'appropriation tous azimuts mené par ces acteurs.

Transcription

Luc : Décryptualité.

Voix off de Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Luc : Semaine 50. Salut Manu.

Manu : Salut Luc.

Luc : Qu’as-tu pour le sommaire ?

Manu : C’est une de nos dernières revues de presse orales. C’est la fin de l’année.

Luc : Ce sera la dernière de l’année.

Manu : Semaine 50, on est bien avancés. On a cinq articles.

Luc : ZDNet France, « La police russe perquisitionne les bureaux de NGINX à Moscou », un article de Catalin Cimpanu.

Manu : C’est un gros sujet. Ça correspond un petit peu à ces forces de l’ordre qui interviennent dans les entreprises qui font des technologies web et du Libre et là c’est NGINX qui est largement un concurrent d’Apache, qui a dépassé Apache comme serveur web sur Internet depuis assez peu de temps, donc un logiciel qui marche très bien. Il y a des accusations de vol de propriété intellectuelle parce que le développeur principal, à l’origine du projet, travaillait en même temps dans une entreprise qui maintenant réclame son dû. C’est un petit lourd et la police russe les aide. Il y a un petit peu de peur.

Luc : Ça ne peut que bien se passer.

Manu : Oui bien sûr ! Bien sûr !

Luc : Le Monde Informatique, « POSS 2019 : Quelles voies pour réussir et monétiser un projet open source ? », un article de Maryse Gros.

Manu : Le POSS c’est Paris Open Source Summit. C’est un gros évènement qu’il y a tous les ans et, comme tous les ans, on a ensuite pas mal d’articles qui parlent de ce qui s’y est passé, et c’est très bien, et là c’est l’article qui discute un petit peu des modèles économiques qu’on a autour du logiciel libre, qui sont possibles autour du logiciel libre. Il y a une table ronde avec différents acteurs qui travaillent dans ces problématiques-là. Allez jeter un œil si vous voulez voir comment faire de l’argent avec du logiciel libre.

Luc : Le courrier des maires, « Travailler avec l'Adullact, pour des logiciels libres au sein de la collectivité », un article de Clément Pouré.

Manu : Le courrier des maires, on se doute un petit peu quelle est la cible. Ça montre que dans les collectivités, les administrations territoriales, les administrations locales, eh bien on peut faire des choses intéressantes avec l'Adullact, l’Association des développeurs et utilisateurs de logiciels libres pour les administrations et les collectivités territoriales — j’ai réussi —, donc c’est tout à fait approprié.

Luc : TforBusiness, « L'open source continue de croître plus vite que le marché de l'IT. », un article de Laurent Delattre.

Manu : Là aussi c’est encore un article conséquence du POSS.

Luc : Beaucoup d’anglicismes !

Manu : Plein d’anglicismes, effectivement, et ça parle du monde du logiciel libre en général dans les entreprises, économiquement, en termes de parts de marché. Donc des sous, mais sous une autre approche.

Luc : Silicon, « Open Source : la France a une longueur d'avance sur ses voisins », un article de Ariane Beky.

Manu : Rebelote, POSS et là ça parle de la France où 10 % du marché des logiciels et des services serait dédié à l’open source, donc c’est plus que d’autres pays équivalents.

Luc : Donc pas mal de trucs sur l’open source et sur les gros sous. Du coup ça nous a inspirés, on va parler gros sous.

Manu : Très gros sous même !

Luc : Très gros sous puisqu’en fait on réfléchissait à ces questions de nos amis les milliardaires.

Manu : Nos grands amis les milliardaires et il se trouve qu’il y en a pas mal, dans les milliardaires actuels, qui touchent un petit peu à nos sujets.

Luc : Oui. En fait, quand on a vérifié la liste des milliardaires sur Wikipédia, évidemment ça varie d’une liste à l’autre en fonction de comment on calcule, peu importe, dans les dix premiers la moitié vient du monde de l’informatique. Il y en a d’autres derrière.

Manu : Oui. Dans la liste ils sont pas mal nombreux et puis c’est quoi ? C’est du Amazon, du Microsoft, du Google, du Facebook.

Luc : Une chose que je trouve intéressante par rapport à ça, c’est que les autres, on va trouver des gens dans le monde de l’énergie, de la pétrochimie, de la finance.

Manu : Du luxe.

Luc : Du luxe, donc des trucs qui existent depuis longtemps, alors que nos milliardaires du monde de l’informatique sont les patrons de boîtes qui ont été montées il y a 20 ans, un petit peu plus.

Manu : Pour Microsoft c’est un petit peu plus ancien mais c’est une des plus anciennes dans le lot finalement, effectivement ; Google c’est plus de 20 ans.

Luc : Ce sont des boîtes qui sont sur des domaines qui n’existaient pas avant, qui étaient embryonnaires, et qui sont sorties de rien du tout. Du coup voilà la question : pourquoi nous on n’est pas milliardaires ?

Manu : On s’est plantés, clairement, on n’a pas fait ce qu’il fallait. N’oublions pas qu’en général ce sont des milliardaires qui ne se sont pas eux-mêmes faits de rien du tout, ils n’ont pas commencé complètement tout seuls, dans un garage, sans aide autour. Bill Gates est connu pour ça, il avait une famille assez riche et des relations familiales, avec IBM notamment, qui lui ont permis de démarrer.

Luc : En général ils ont aussi fait des grandes universités américaines.

Manu : Et ils ont travaillé par exemple dans la finance, c’est le cas de Jeff Bezos, le numéro 1 officiel.

Luc : Patron d’Amazon.

Manu : Qui a commencé en touchant à plein de domaines économiquement rentables et il s’est dit « tiens il y a un Internet, ça grossit à tout-va, eh bien si je me mettais là-dedans » et en gros, en tout cas c’est ce qu’il dit, c’était son idée de départ, c’est un domaine qui grossit énormément et il a investi ce qu’il avait là-dedans et ça paye parce que là il arrive à dépasser les 130 milliards de dollars, c’est considérable. Il me semblait qu’il allait les diminuer en divorçant, mais ça Doit se discuter.

Luc : Peu importe, finalement. Ces temps-ci on parle beaucoup de la question des inégalités et notamment ce statut des milliardaires, du 0,1 %, qui est très important puisqu’on sait que leur part a augmenté de façon absolument considérable. Les 1 % sont vraiment beaucoup plus riches. Aux États-Unis c’est particulièrement marqué, on voit qu’il y a des courbes en miroirs entre les 50 % les plus pauvres qui baissent et les 1 % les plus riches montent, comment dire, vraiment de façon parfaitement symétrique et les 0,1 % dont ces gens font partie.

Manu : Ou les 0,0… disons, oui.

Luc : Mais avec tous nos milliardaires et tous nos millionnaires on a le 0,1 %, pour eux c’est une explosion. Cette inégalité est en croissance énorme, en Europe c’est moins marqué mais c’est quand même réel. Pourquoi l’informatique ? Qu’est-ce qui, dans l’informatique, fait qu’on arrive à s’enrichir à ce point-là ?

Manu : De mon point vue c’est que c’est une révolution et, comme dans toutes les révolutions, je pense que dans la révolution agricole, les agriculteurs étaient milliards au début.

Luc : Eh bien non !

Manu : Comment ça ? La révolution industrielle, peut-être !

Luc : Les industriels ont fait effectivement beaucoup d’argent.

Manu : La révolution de l’automobile.

Luc : En fait ce n’est pas tant la question de la révolution technique, c’est d’abord une révolution organisationnelle. Je suis en train de lire le dernier bouquin de Piketty donc je suis un petit peu orienté pour ça ; lui parle de société « propriétariste » en disant qu’on est passé des systèmes d’Ancien régime, d'une société ternaire avec le découpage entre les nobles, le clergé et le peuple, à des sociétés où tout fonctionne par la propriété, c’est le système essentiel et que du coup on s’est mis à mettre des titres de propriété sur tout et n’importe quoi et que ça s’est concentré dans les mains de quelques-uns. Le 19e siècle a généré beaucoup plus de misère que ce qu’on pouvait connaître au 18e. Donc le projet libérateur de la Révolution française a finalement accouché d’une misère accrue par rapport au système d’avant.

Manu : On peut extrapoler et dire qu’au 20e siècle vraisemblablement les entreprises et les gens qui étaient très riches étaient des gens qui possédaient beaucoup, qui possédaient des grosses boîtes, Ford et les pétroliers divers et variés, ça ne correspond pas tout à fait à Bill Gates. Il possède quoi Bill Gates ?

Luc : Bill Gates possède maintenant plein de choses. Pour moi, la différence qu’on peut avoir entre ces industries et l’informatique c’est le côté immatériel. Dans l’industrie, la vraie industrie, prenons par exemple la voiture, si demain tu deviens patron d’un grand producteur de bagnoles…

Manu : Oh mon Dieu !

Luc : Si tu veux que le monde entier puisse acheter ta nouvelle voiture en même temps, dans tous les pays du monde, le même jour, eh bien ce n’est pas possible parce qu’il faudrait que tu fasses tourner tes usines très en avance mais dans ce cas tu prends du retard et ça te coûte très cher parce qu’il faut les faire tourner sans faire de ventes, stocker des voitures, les envoyer dans le monde entier, du coup ça te coûte une fortune et assez rapidement moi-même je pourrais réussir à te faire concurrence sur d’autres marchés où ce serait trop cher pour toi, trop compliqué.

Manu : Le monde matériel possède une sorte de difficulté interne qui fait qu’on ne peut pas monter dans les volumes facilement, dans le quantitatif facilement.

Luc : On a intérêt à grossir, mais dans l’industrie, en général à partir d’une certaine taille, ça devient un handicap.

Manu : Alors que dans l’immatériel, dans le monde du logiciel particulièrement, effectivement vendre d’un coup à des milliards d’individus ce n’est pas forcément beaucoup plus coûteux que de vendre à quelques individus.

Luc : En plus de ça notre copie en elle-même ne vaut rien. C’est-à-dire qu’on a des frais de développement, ça coûte de l’argent, mais un Microsoft, par exemple, qui reste encore aujourd’hui ultra-dominant sur la question de la bureautique.

Manu : Et des systèmes d’exploitation.

Luc : Il a arrosé et continue d’arroser le système scolaire et ça ne lui coûte rien.

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Manu : On parlait d’un ratio, justement, de bénéfices sur les ventes de licences.

Luc : Microsoft, je ne sais pas si c’est toujours vrai, mais à une époque on parlait de 80 % de bénéfice sur la suite Office et sur Windows, ce qui est complètement dingue. Et on se dit qu’avec un bénéfice aussi important, il y a plein de capitalistes qui devraient dire moi aussi je veux en être, je mets de l’argent sur la concurrence, sauf qu’ils n’ont jamais réussi à prendre la place.

Manu : Je vais faire mon naïf mais c’est sûrement parce que ce sont les meilleurs et qu’on ne peut pas faire mieux que la suite Office et Windows. La preuve, ce sont eux qui sont encore les dominants sur le marché, bien sûr.

Luc : Non. C’était particulièrement sensible avec le logiciel libre quand il y avait Windows 98, ce machin plantait à tour de bras. Dès lors qu’on est gros on a déjà cet effet d’échelle qui joue en positif, du coup on peut amortir extrêmement vite. En plus de ça, comme c’est immatériel, on a du mal à savoir ce que ça vaut vraiment. Si j’achète une voiture je peux faire le ratio de combien ma voiture pèse au kilo. Ça n’a pas grand sens, mais au moins je peux me dire voilà, telle voiture pèse tant au kilo, je peux comparer ça à une pièce de bœuf si je veux, alors que c’est quoi le prix au kilo d’un logiciel ? Je n’en sais rien ! Je ne sais pas combien de personnes ont bossé dessus.

Manu : Sans oublier que c’est la licence du logiciel qu’on achète, on n’achète pas le logiciel lui-même, on achète la licence, c’est le prix qui est donné par son vendeur et pas par un effet de marché, un choix, une négociation réelle.

Luc : Oui. Et comme on n’a pas le choix, de toute façon il fait un peu ce qu’il veut !

Manu : Ils ont abusé de leur position dominante. Je crois qu’on peut le dire aujourd’hui.

Luc : On l’a dit de multiples fois. On parle beaucoup de Microsoft mais les autres sont dans la même situation. On ne sait pas combien ça coûte, donc du coup, est-ce que le prix est raisonnable ? D’une part il y a des prix qui sont cachés, notamment avec la vente liée : quand on achète un ordinateur avec des logiciels installés dessus, on ne sait pas combien on paye les logiciels. On s’est beaucoup battu à l‘April et dans d’autres associations pour essayer de savoir ça, ça n’a jamais fonctionné.

Manu : Ou pas complètement. L’État a fait des avancées là-dessus, il demande aux administrations les coûts des logiciels propriétaires, mais ça reste un truc un peu…

Luc : On ne sait pas combien on paye, mais on paye ! En plus de ça, des boîtes comme Microsoft et d’autres peuvent faire de l’abus de position dominante, c’est-à-dire qu’une fois qu’elles sont en position de force, elles ont tous les leviers qu’elles veulent. On se souvient avec Microsoft, les constructeurs d’ordinateurs, physiques, qui, par malheur, voulaient proposer autre chose que du Microsoft, ne pas arrêter de Microsoft mais dire on fait les deux, bizarrement le prix des licences explosait et, du coup, ils n’étaient plus compétitifs par rapport à leurs concurrents.

Manu : On a vu des cas avec Oracle, donc Oracle un gros vendeur de très grosses bases de données, trifouillait ses conditions de vente pour augmenter ses revenus. Ça a fait beaucoup de mal à ses clients et ceux qui travaillaient avec, mais ils étaient un peu bloqués, parce que changer de base de données comme ça, ça ne se fait pas du jour au lendemain.

Luc : Changer toute son infrastructure, c’est compliqué.

Manu : Petite remarque qui va dans le sens de l’accumulation de richesses, le coût des licences, le coût des brevets, le coût des marques, ce sont des coûts qui sont fixés par celui qui les détient et ce sont des coûts qui ne sont pas mis en concurrence, par essence, ce sont des monopoles d’exploitation, ces coûts-là sont aussi utilisés pour favoriser l’optimisation fiscale, parce qu’il n’y a rien de tel pour Microsoft que de dire « voilà moi j’ai un coût de licence qui est faramineux, donc Microsoft France me doit de l’argent ». Ce coût-là ce sont qui le fixent en interne, ils le fixent au niveau qu’ils veulent, et ça leur permet de faire une optimisation fiscale de folie.

Luc : Effectivement c’est très facile à faire, ce n’est que de l’immatériel, donc comment on peut dire j’ai fait tant d’argent, mes services sont ici ou là ; on n’en sait rien. Ce qui est intéressant aussi, tu l’as dit, il faut le rappeler, c’est que même pour les licences propriétaires, on n’achète pas un logiciel, on achète le droit de l’utiliser dans un certain nombre de conditions qui sont fixées par la licence, mais on n’est jamais propriétaire du logiciel. Et ça c’est un mouvement qui se développe de plus en plus.

Manu : C’est le passage à la rente.

Luc : Oui. Effectivement, mais cette question de l’appropriation, que ce soit dans tous les services qu’on a, les services de mail, les réseaux sociaux, la propriété de la donnée est très souvent contrôlée par le fournisseur. Tout ce qu’on met dans un Facebook ou Instagram, qui est, remarque, aussi Facebook, on cède un droit d’exploitation des données, même si ce n’est pas un droit exclusif : Facebook a le droit de les revendre, de les re-licencier, d’en faire ce qu’il veut et de faire de l’argent avec. Ce qui veut dire que les milliards de données qui sont mises dans ces réseaux sociaux sont vendues à des boîtes qui ont des droits de propriété dessus. Ça veut dire qu’ils acquièrent des droits sur l’expression des gens : ce que les gens ont exprimé ça leur appartient, pas de façon exclusive, mais ça appartient quand même à ces boîtes-là.

Manu : Il y a quand même un cas qui sort peut-être du lot, c’est Amazon qui ne travaille pas que dans l’immatériel, loin de là.

Luc : Eux vendent du matériel, mais ils s’appuient sur tout un réseau de vendeurs, qui ne sont pas eux. Ils ont quand même leurs boutiques, mais ils ont toute une série de vendeurs. Si ça se plante, ce n’est pas grave pour eux parce qu’ils ne font pas faillite et c’est toute la logique de l’ubérisation où on va, effectivement, faire porter le risque du matériel à autrui.

Manu : C’est une évolution quasiment marxiste !

Luc : C’est une sorte de retournement du marxisme puisque dans le marxisme on a cette idée que c’est la propriété privée des moyens de production qui fait le capitalisme.

Manu : Qui fait le capitalisme.

Luc : Et là on en est finalement à l’inverse. C’est-à-dire que dans ce principe d’ubérisation c’est celui qui possède les moyens de production qui se fait avoir.

Manu : Celui qui contrôle tout ça, c’est celui qui possède le réseau, c’est celui qui possède l’intelligence, la brique organisationnelle, qui va être au centre et qui va lui permettre d’avoir la mainmise sur tout le reste.

Luc : Il possède la brique et il possède aussi les données. Et il en possède de plus en plus. Amazon vient là de faire un très beau coup.

Manu : Ils ont racheté des trucs ? Ils ont fait quoi ?

Luc : Ils viennent d’acquérir le droit d’accès à toutes les données de santé du NHS [National Health Service], le système de sécurité sociale britannique pour faire du conseil et accéder à tout ça.

Manu : On sait qu’ils s’intéressent de plus en plus, de près ou de loin, à tout ce qui est banques, assurances, où il y a des choses à faire.

Luc : Aujourd’hui les banques classiques sont en train de faire dans leur froc parce qu’elles savent que les GAFAM vont débarquer pour proposer des services.

Manu : Ça va favoriser d’autant plus, parce que là c’est de l’argent au sens propre du terme, la concentration de richesses et la constitution encore de plus gros acteurs.

Luc : Et le contrôle des gens. Dès lors qu’on possède tous les moyens des gens d’accéder à l’information, l’information elle-même, les données personnelles des gens, eh bien on possède les gens de plus en plus.

Manu : D’autant plus que tout ça, à chaque fois, c’est dans des formes de propriété, c’est-à-dire que vous êtes quelqu’un qui va utiliser des produits Apple, vous êtes quelqu’un qui va utiliser des produits Google, quelqu’un qui va être Amazon et, à un moment donné, on pourra mettre des logos sur le front, on saura à qui on appartient.

Luc : Voilà ! C’est une sorte de retour d’un système féodal et on sait que l’asservissement par la dette, qui est par exemple assez pertinent aujourd’hui aux États-Unis et qui existait historiquement : des tas de gens se sont retrouvés asservis dans des situations de semi-esclavage par la dette et aujourd’hui on est dans un système d’appropriation et on voit comment cette classe ultra-dominante arrive finalement à vivre dans l’opulence en étant financée par le travail d’une majorité qui vit plus ou moins bien, avec un certain nombre de gens qui vivent mal et d’autres qui vont être entre les deux.

Manu : En tout cas c’est une des évolutions possibles, c’est l’ubérisation. On peut espérer que ça s’écroule, ça a été le cas pour d’autres. Uber on attend là, demain, ça va s’écrouler parce que vraisemblablement ces entreprises-là en tout cas ne sont pas des entreprises qui ont un avenir qui nous parait solide.

Luc : En tout cas je vois vraiment une dimension très politique là-dessus. Pour moi Amazon n’est pas près de se casser la gueule, a un poids énorme et ça ne va faire que se renforcer. On voit notamment que sur les cryptomonnaies les États commencent à se dire il faut que ça commence à s’arrêter.

Manu : Il y a une limite ici !

Luc : Parce que les droits régaliens vont finir par être impactés.

Manu : Sur ce ton un peu négatif, je te propose quand même d’arrêter. On part sur un ton positif l’année prochaine, sûrement !

Luc : Oui, il faut qu’on arrête pour dépenser nos sous et consommer pour Noël. Il faut quand même que l’économie tourne !

Manu : Je te dis à l’année prochaine.

Luc : À l’année prochaine.

Manu : Salut tout le monde.