Différences entre les versions de « Le rachat de Redhat par IBM est-il inquiétant - Décryptualité du 5 novembre 2018 - Transcription »

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Redhat, le fleuron des entreprises du libre, racheté par IBM risque-t-il d'y perdre son fonctionnement en accord avec le libre ?
 
Redhat, le fleuron des entreprises du libre, racheté par IBM risque-t-il d'y perdre son fonctionnement en accord avec le libre ?
  
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<b>Luc : </b>Décryptualité.
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<b>Voix off de Nico : </b>Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.
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<b>Luc : </b>Semaine 44. Salut Manu.
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<b>Manu : </b>Salut Mag.
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<b>Mag : </b>Salut Christian.
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<b>Christian : </b>Salut Luc.
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<b>Luc : </b>Bien ! Nous sommes quatre ce soir. On va commencer par la revue de presse, comme d’habitude.
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<b>Manu : </b>On a six jolis articles cette semaine.
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<b>Mag : </b> :<em>silicon</em>, « Open Source : plus d’un développeur sur deux est un contributeur », par Ariane Beky.
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<b>Manu : </b>Le titre parle par lui-même, plutôt intéressant, même si ça semble poussé par une entreprise, donc allez jeter un œil.
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<b>Mag : </b><em>L’Informaticien</em>, « Chaises musicales à la DINSIC, la DSI de l’État », par Guillaume Périssat.
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<b>Manu : </b>Toujours dans la suite du renouvellement des postes dans les ministères. Il y a eu des changements, je m’étais d’ailleurs un peu trompé la semaine dernière sur les sièges. C’est intéressant parce qu’on voit que les chaises musicales sont en train de tourner. Ça nous touche parce que ça touche des postes liés à l’informatique.
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<b>Luc : </b>C’est en gros La DSI de l’État ; c’est elle qui donne les avis défavorables au fait de mettre de Microsoft dans les ministères et c’est cet avis-là que le pouvoir décide de ne pas suivre.
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<b>Mag : </b><em>Télérama.fr</em>, « L’Union européenne renonce à durcir l’exportation de technologies de surveillance », par Olivier Tesquet.
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<b>Manu : </b>Là aussi ce sont les sujets qu’on suit. Dans nos pays, la France, l’Allemagne, on exporte des logiciels qui peuvent être utilisés pour surveiller les citoyens. Ça a été le cas notamment en Tunisie et la France est impliquée là-dedans avec des entreprises françaises. Durcir ça veut dire essayer, peut-être, de mieux respecter les droits de l’homme à l’étranger.
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<b>Luc : </b><em>Developpez.com</em>, « Richard Stallman : « l’open source est un substitut amoral et dépolitisé du mouvement du logiciel libre », qui n’ose pas défendre la liberté », par Michael Guilloux.
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<b>Manu : </b>Ça parle de la philosophie du logiciel libre. Ce n’est pas mal. Allez jeter un œil parce que c’est un bon résumé, ne serait-ce que dans le titre ; on voit un peu mieux le déroulé des arguments. Effectivement, cette différence logiciel libre/open source on en a beaucoup parlé. Ça peut peut-être se terminer sur ça, la moralité.
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<b>Mag : </b><em>Next INpact</em>, « Aux États-Unis, on peut contourner les DRM pour réparer des produits », par la rédaction.
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<b>Manu : </b>C’est une bonne nouvelle dans un monde de brutes. Les DRM ce sont les menottes numériques qui vous empêchent de faire ce que vous voulez avec les produits culturels que vous achetez. Eh bien là, aux États-Unis dans certains contextes, vous allez pouvoir outrepasser ces menottes numériques pour faire des réparations notamment. Ça ne marche pas sur beaucoup de choses. Il y a des trucs genre Apple où c’est encore bloqué bien sûr, mais ils ouvrent un petit peu, ils vous permettent un petit peu de réparer vos propres produits, parce que c’était un peu scandaleux quand même.
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<b>Mag : </b>Et le dernier article : <em>L’OBS</em>, « Rachat record de Red Hat par IBM : "Nous venons de faire l’histoire” », par Thierry Noisette.
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<b>Manu : </b>C’est 34 milliards de dollars, tellement important, parce que c’est un gros acteur qu’on va en parler.
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<b>Luc : </b>Christian, tu es administrateur de l’April ; tu étais déjà là la semaine dernière ; on va t’avoir pour quelques semaines encore et on est contents. Red Hat c’est quoi ?
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<b>Christian : </b>C’est l’éditeur d’une distribution GNU-Linux ; une distribution c’est un système d’exploitation et tout ce qui va avec pour le gérer de façon facile et pratique.
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<b>Luc : </b>C’est un produit professionnel.
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<b>Christian : </b>Leur modèle économique est basé sur la vente de licences de supports pour leur distribution, pour leur système ; donc c’est tourné vers les professionnels et ça marche très bien, très très bien ! Ils font des milliards de chiffre d’affaires et depuis des années c’est reconnu partout, par les plus grands et aujourd’hui encore plus.
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<b>Mag : </b>Si ça marche très bien, pourquoi ils se font racheter ?
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<b>Christian : </b>Il faudrait leur demander ! C’est une des questions qui reste en suspens.
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<b>Manu : </b>Moi j’ai une réponse rapide : l’argent !
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<b>Luc : </b>Oui, effectivement ! Donc Red Hat c’était vraiment l’exemple de la plus grosse boîte du Libre. On aime bien ici fustiger l’open source qui est le côté « on ouvre le code, mais on n’est pas tellement très nets sur la question de la liberté des utilisateurs ». Et Red Hat, ils étaient quand même clean. C’est professionnel, mais il y a un truc qui s’appelle CentOS, qui est pour moi un exemple que j’ai souvent utilisé, c’est que Red Hat publie son système d’exploitation, des services autour, notamment de l’aide aux utilisateurs, etc., et puis il y a une autre boîte qui prend leur système exploitation, qui change l’étiquette et qui dit prenez-le gratos. Dans n’importe quelle activité commerciale classique on dirait « ils sont en train de nous voler, c’est la fin du monde, on va mourir, etc. »
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<b>Manu : </b>C’est du parasitage typiquement !
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<b>Luc : </b>C’est du parasitage. Eh bien ça fonctionne depuis longtemps : Red Hat et CentOs travaillent ensemble.
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<b>Christian : </b>Ensemble. Oui.
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<b>Luc : </b>Donc cette boîte-là était vraiment l’exemple type de la boîte commerciale qui arrive à marcher, à très bien marcher, avec du Libre et du vrai Libre !
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<b>Christian : </b>Et en respectant les valeurs du Libre. Red Hat c’est une grande entreprise, il y a beaucoup de choses dedans, mais ce qu’on en voit, ce qu’on a pu en voir, c’est que quand ils faisaient du code pour ajouter un logiciel dans la distribution, il était en licence GPL la plupart du temps. Ils ont racheté ou ils ont pris la gouvernance de projets libres qui sont en licence GNU GPL, donc c’est vraiment du Libre libre.
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<b>Luc : </b>GPL, on rappelle.
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<b>Manu : </b><em>General Public License</em>.
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<b>Luc : </b>C’est, en fait, une licence libre qui garantit les quatre libertés mais qui force les gens qui vont éventuellement récupérer ce code à conserver la même licence. Ça veut dire que c’est une licence qu’on ne peut pas refermer.
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<b>Christian : </b>Voilà !
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<b>Luc : </b>Elle force tout le monde à rester dans le Libre.
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<b>Christian : </b>C’est anti boîte noire. On ne donne pas l’opportunité à ceux qui vont le prendre de priver les autres d’y accéder.
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<b>Luc : </b>Donc IBM face à ça. IBM c’est la boîte qui existe depuis ?
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<b>Mag : </b>1911.
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<b>Luc : </b>1911. La fameuse informatique de 1911 ! On suppose qu’ils faisaient autre chose à l’époque. Ça a été dans les années 70-80 l’ogre absolu de l’informatique, qui était en situation de monopole.
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<b>Manu : </b>Juste avant Microsoft.
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<b>Luc : </b>Et qui vendait des grosses machines très cher, totalement contrôlées, avec des gens sur place qui étaient là pour faire la maintenance. À l’époque il y avait des très grosses infrastructures et effectivement il y a un changement dans les années 80 ; on est arrivé avec des unités plus petites, en distribuant les machines. Microsoft à l’époque est arrivée avec Windows donc un système d’exploitation par machine où chacun avait la main dessus et IBM a connu une dégringolade considérable.
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<b>Manu : </b>En tout cas, ils ont perdu leur statut de mammouth. Ils n’ont pas vraiment diminué en taille. Ils n’étaient plus les dominants.
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<b>Christian : </b>Ils se sont restructurés. Ils ont abandonné le côté matériel, ils se sont concentrés sur le côté des services.
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<b>Luc : </b>Et au début des années 2000, ils ont investi un milliard dans Linux. Ils ont fait un tournant vers Linux.
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<b>Manu : </b>Il semblerait qu’ils l’ont refait en 2013, ils ont réinvesti un milliard officiellement.
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<b>Christian : </b>On peut dire qu’ils ont même été au-delà : ils ont mis un milliard dans l’open source. IBM a même a fait une licence anti GNUGPL. IBM a soutenu des projets qui étaient en licence open source. Donc ils ont été au-delà de Linux ; ils ont été dans le développement d’Apache, de Tomcat, etc., mais toujours avec une approche open source, ça veut dire qui avantage l’éditeur, qui permet de mutualiser les ressources et les coûts. Typiquement Tomcat et Apache, eh bien IBM en a fait une boîte noire qui s’appelle WebSphere. Donc la démarche d’IBM, pendant cette période, n’a pas été du tout d’embrasser la philosophie du logiciel libre, c’était d’embrasser ses profits, ses économies, ses économies d’échelle, son pragmatisme, pour continuer à faire des boîtes noires qui enferment l’utilisateur.
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<b>Mag : </b>Du coup, ce sont des gros méchants qui rachètent des gentils !
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<b>Christian : </b>Ça c’est le point de vue éthique. Aujourd’hui, effectivement, il faut qu’on constate qu’on a un grand de l’open source qui rachète un grand du logiciel libre. Oui.
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<b>Luc : </b>Quel problème ça pose, si ça pose un problème ?
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<b>Christian : </b>Jusqu’ici la politique d’IBM

Version du 6 novembre 2018 à 13:58


Titre : Le rachat de Redhat par IBM est-il inquiétant ? Décryptualité du 5 novembre 2018 -

Intervenants : Christian - Mag - Manu - Luc

Lieu : April - Studio d'enregistrement

Date : novembre 2018

Durée : 14 min 40

Écouter ou télécharger le podcast

Revue de presse pour la semaine 44 de l'année 2018

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des orateurs·trices mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Statut : Transcrit MO

Description

Redhat, le fleuron des entreprises du libre, racheté par IBM risque-t-il d'y perdre son fonctionnement en accord avec le libre ?

Transcription

Luc : Décryptualité.

Voix off de Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Luc : Semaine 44. Salut Manu.

Manu : Salut Mag.

Mag : Salut Christian.

Christian : Salut Luc.

Luc : Bien ! Nous sommes quatre ce soir. On va commencer par la revue de presse, comme d’habitude.

Manu : On a six jolis articles cette semaine.

Mag :  :silicon, « Open Source : plus d’un développeur sur deux est un contributeur », par Ariane Beky.

Manu : Le titre parle par lui-même, plutôt intéressant, même si ça semble poussé par une entreprise, donc allez jeter un œil.

Mag : L’Informaticien, « Chaises musicales à la DINSIC, la DSI de l’État », par Guillaume Périssat.

Manu : Toujours dans la suite du renouvellement des postes dans les ministères. Il y a eu des changements, je m’étais d’ailleurs un peu trompé la semaine dernière sur les sièges. C’est intéressant parce qu’on voit que les chaises musicales sont en train de tourner. Ça nous touche parce que ça touche des postes liés à l’informatique.

Luc : C’est en gros La DSI de l’État ; c’est elle qui donne les avis défavorables au fait de mettre de Microsoft dans les ministères et c’est cet avis-là que le pouvoir décide de ne pas suivre.

Mag : Télérama.fr, « L’Union européenne renonce à durcir l’exportation de technologies de surveillance », par Olivier Tesquet.

Manu : Là aussi ce sont les sujets qu’on suit. Dans nos pays, la France, l’Allemagne, on exporte des logiciels qui peuvent être utilisés pour surveiller les citoyens. Ça a été le cas notamment en Tunisie et la France est impliquée là-dedans avec des entreprises françaises. Durcir ça veut dire essayer, peut-être, de mieux respecter les droits de l’homme à l’étranger.

Luc : Developpez.com, « Richard Stallman : « l’open source est un substitut amoral et dépolitisé du mouvement du logiciel libre », qui n’ose pas défendre la liberté », par Michael Guilloux.

Manu : Ça parle de la philosophie du logiciel libre. Ce n’est pas mal. Allez jeter un œil parce que c’est un bon résumé, ne serait-ce que dans le titre ; on voit un peu mieux le déroulé des arguments. Effectivement, cette différence logiciel libre/open source on en a beaucoup parlé. Ça peut peut-être se terminer sur ça, la moralité.

Mag : Next INpact, « Aux États-Unis, on peut contourner les DRM pour réparer des produits », par la rédaction.

Manu : C’est une bonne nouvelle dans un monde de brutes. Les DRM ce sont les menottes numériques qui vous empêchent de faire ce que vous voulez avec les produits culturels que vous achetez. Eh bien là, aux États-Unis dans certains contextes, vous allez pouvoir outrepasser ces menottes numériques pour faire des réparations notamment. Ça ne marche pas sur beaucoup de choses. Il y a des trucs genre Apple où c’est encore bloqué bien sûr, mais ils ouvrent un petit peu, ils vous permettent un petit peu de réparer vos propres produits, parce que c’était un peu scandaleux quand même.

Mag : Et le dernier article : L’OBS, « Rachat record de Red Hat par IBM : "Nous venons de faire l’histoire” », par Thierry Noisette.

Manu : C’est 34 milliards de dollars, tellement important, parce que c’est un gros acteur qu’on va en parler.

Luc : Christian, tu es administrateur de l’April ; tu étais déjà là la semaine dernière ; on va t’avoir pour quelques semaines encore et on est contents. Red Hat c’est quoi ?

Christian : C’est l’éditeur d’une distribution GNU-Linux ; une distribution c’est un système d’exploitation et tout ce qui va avec pour le gérer de façon facile et pratique.

Luc : C’est un produit professionnel.

Christian : Leur modèle économique est basé sur la vente de licences de supports pour leur distribution, pour leur système ; donc c’est tourné vers les professionnels et ça marche très bien, très très bien ! Ils font des milliards de chiffre d’affaires et depuis des années c’est reconnu partout, par les plus grands et aujourd’hui encore plus.

Mag : Si ça marche très bien, pourquoi ils se font racheter ?

Christian : Il faudrait leur demander ! C’est une des questions qui reste en suspens.

Manu : Moi j’ai une réponse rapide : l’argent !

Luc : Oui, effectivement ! Donc Red Hat c’était vraiment l’exemple de la plus grosse boîte du Libre. On aime bien ici fustiger l’open source qui est le côté « on ouvre le code, mais on n’est pas tellement très nets sur la question de la liberté des utilisateurs ». Et Red Hat, ils étaient quand même clean. C’est professionnel, mais il y a un truc qui s’appelle CentOS, qui est pour moi un exemple que j’ai souvent utilisé, c’est que Red Hat publie son système d’exploitation, des services autour, notamment de l’aide aux utilisateurs, etc., et puis il y a une autre boîte qui prend leur système exploitation, qui change l’étiquette et qui dit prenez-le gratos. Dans n’importe quelle activité commerciale classique on dirait « ils sont en train de nous voler, c’est la fin du monde, on va mourir, etc. »

Manu : C’est du parasitage typiquement !

Luc : C’est du parasitage. Eh bien ça fonctionne depuis longtemps : Red Hat et CentOs travaillent ensemble.

Christian : Ensemble. Oui.

Luc : Donc cette boîte-là était vraiment l’exemple type de la boîte commerciale qui arrive à marcher, à très bien marcher, avec du Libre et du vrai Libre !

Christian : Et en respectant les valeurs du Libre. Red Hat c’est une grande entreprise, il y a beaucoup de choses dedans, mais ce qu’on en voit, ce qu’on a pu en voir, c’est que quand ils faisaient du code pour ajouter un logiciel dans la distribution, il était en licence GPL la plupart du temps. Ils ont racheté ou ils ont pris la gouvernance de projets libres qui sont en licence GNU GPL, donc c’est vraiment du Libre libre.

Luc : GPL, on rappelle.

Manu : General Public License.

Luc : C’est, en fait, une licence libre qui garantit les quatre libertés mais qui force les gens qui vont éventuellement récupérer ce code à conserver la même licence. Ça veut dire que c’est une licence qu’on ne peut pas refermer.

Christian : Voilà !

Luc : Elle force tout le monde à rester dans le Libre.

Christian : C’est anti boîte noire. On ne donne pas l’opportunité à ceux qui vont le prendre de priver les autres d’y accéder.

Luc : Donc IBM face à ça. IBM c’est la boîte qui existe depuis ?

Mag : 1911.

Luc : 1911. La fameuse informatique de 1911 ! On suppose qu’ils faisaient autre chose à l’époque. Ça a été dans les années 70-80 l’ogre absolu de l’informatique, qui était en situation de monopole.

Manu : Juste avant Microsoft.

Luc : Et qui vendait des grosses machines très cher, totalement contrôlées, avec des gens sur place qui étaient là pour faire la maintenance. À l’époque il y avait des très grosses infrastructures et effectivement il y a un changement dans les années 80 ; on est arrivé avec des unités plus petites, en distribuant les machines. Microsoft à l’époque est arrivée avec Windows donc un système d’exploitation par machine où chacun avait la main dessus et IBM a connu une dégringolade considérable.

Manu : En tout cas, ils ont perdu leur statut de mammouth. Ils n’ont pas vraiment diminué en taille. Ils n’étaient plus les dominants.

Christian : Ils se sont restructurés. Ils ont abandonné le côté matériel, ils se sont concentrés sur le côté des services.

Luc : Et au début des années 2000, ils ont investi un milliard dans Linux. Ils ont fait un tournant vers Linux.

Manu : Il semblerait qu’ils l’ont refait en 2013, ils ont réinvesti un milliard officiellement.

Christian : On peut dire qu’ils ont même été au-delà : ils ont mis un milliard dans l’open source. IBM a même a fait une licence anti GNUGPL. IBM a soutenu des projets qui étaient en licence open source. Donc ils ont été au-delà de Linux ; ils ont été dans le développement d’Apache, de Tomcat, etc., mais toujours avec une approche open source, ça veut dire qui avantage l’éditeur, qui permet de mutualiser les ressources et les coûts. Typiquement Tomcat et Apache, eh bien IBM en a fait une boîte noire qui s’appelle WebSphere. Donc la démarche d’IBM, pendant cette période, n’a pas été du tout d’embrasser la philosophie du logiciel libre, c’était d’embrasser ses profits, ses économies, ses économies d’échelle, son pragmatisme, pour continuer à faire des boîtes noires qui enferment l’utilisateur.

Mag : Du coup, ce sont des gros méchants qui rachètent des gentils !

Christian : Ça c’est le point de vue éthique. Aujourd’hui, effectivement, il faut qu’on constate qu’on a un grand de l’open source qui rachète un grand du logiciel libre. Oui.

Luc : Quel problème ça pose, si ça pose un problème ?

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Christian : Jusqu’ici la politique d’IBM