Différences entre les versions de « Le Libre, catalyseur de projets responsables »

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'''Titre :''' Le Libre, catalyseur de projets responsables
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Publié [https://www.librealire.org/le-libre-catalyseur-de-projets-responsables ici] - Février 2023
 
 
'''Intervenantes :''' Agnès Crépet, Head of Software Longevity & IT - Fairphone
 
Isabelle Huynh, Co-Founder of Institut Transitions
 
 
 
'''Lieu :''' Open Source Experience 2022
 
 
 
'''Date :''' 9 novembre 2022
 
 
 
'''Durée :''' 48 mn 42
 
 
 
'''[https://www.youtube.com/watch?v=RkLTSvF0gyo&list=PLJjbbmRgu6RoEY8jfo96bPtS8R50Wlx41&index=1 Vidéo]'''
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Illustration :''' Logo de Open Source Experience en haut à droite de la vidéo ?
 
 
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
 
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
==Le Passive Cooker est un projet <em>open source</em>==
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b>Bonjour à tous. Le Libre, je pense que si vous êtes là aujourd’hui, pour vous, c’est clair ! On va vous accentuer un petit peu ce qu’on entend par projet responsable et pour cela, je vais commencer par vous montrer un exemple d’actualité. Peut-être avez-vous vu passer cette pub~: si vous êtes quelqu’un assez fan de cuisine, les algos vous ont capté sur ça. Barilla a sorti un nouveau produit. En ce moment, Barilla fait toute une campagne sur la cuisson passive, c’est-à-dire que vous faites cuire vos pâtes pendant deux minutes, vous les laisser dans l’eau chaude en train de cuire plutôt que de laisser le feu allumé tout le long.
 
 
 
Quel est le rapport avec ce dont nous sommes en train de parler~? Ils ont développé un petit produit connecté<ref>[https://www.barilla.com/fr-fr/cuisson-passive Le cuiseur passif Barilla]</ref> à sur votre casserole ; ça va compter, à deux minutes ça sonne, ça vous prévient que les deux minutes sont passées, et puis, comme c’est connecté à votre téléphone, ça sait le type de pâte et donc ça sonne à nouveau quand les pâtes sont cuites. Concrètement, ça vous aide à faire cuire des pâtes. On en est à ça !<br/>
 
Mais, heureusement, c’est un super produit puisqu'ils l’ont mis en <em>open source</em>. Le site de Barilla vous dit~: «~Le Passive Cooker est un produit <em>open source</em>. Pourquoi~? Pour augmenter l’autonomie des personnes et, si vous voulez, vous pouvez l’améliorer. Donc, vous pouvez l'utiliser pour des pâtes, pour du riz, le panel des opportunités est fantastique !~» C’est un exemple un peu caricatural. Même si la cuisson passive est un mode de cuisson très intéressant, sur ça il n'y a pas débat, la question, c’est plus~: est-ce qu’on a vraiment besoin de ce petit outil, ce petit gadget, pour savoir cuire nos pâtes et, tout simplement, ne pouvait-on pas s’en passer~? Est-ce que le fait de le passer en <em>open source</em> le rend responsable pour autant~? Pas vraiment.
 
 
 
==Des visières <em>open source</em> en tant de crise==
 
 
 
Mous avons une conviction assez forte, avec Agnès : le Libre et l’<em>open source</em> peuvent être un vecteur intéressant en terme de multiplication de projets responsables. Je vais vous raconter une petite histoire qui est assez intéressante. Je vous remets dans un contexte qui n’était pas très fun, 2020, début du covid, c’est la panique. Je ne sais pas si vous vous souvenez, à l’époque — je vois encore qu’il y a quelques masques qui traînent —, on nous disait de ne pas mettre de masque et on nous disait~: «~Il nous faut des visières pour les soignants~». Quiconque était un petit peu dans les réseaux industriels à ce moment-là se rendait compte qu’il n’y avait plus de biens disponibles. C’était un peu la bataille pour tous les acheteurs pour essayer de trouver des visières pour les différents hôpitaux. C’était la bataille pour trouver des plastiques, tout simplement, c’était la bataille pour trouver des moules. Donc, ceux qui produisaient des masques étaient déjà à fond et, d'une certaine manière, ils ne pouvaient pas produire plus de masques, plus de visières.
 
 
 
Et là, je pense que j’ai vu l’exemple le plus stimulant que j’ai pu voir d’un point de vue <em>open source</em>~: en l’espace de quelques jours, on a vu différents fabricants, Prusa <ref>[https://www.prusa3d.com/fr/ Prusa]</ref>, par exemple, qui est le fabricant de ces imprimantes, qui a mis en libre les modèles de visière. Vous avez eu différentes marques, mais Prusa a été un peu le modèle qui est allé le plus vite et le plus loin. Et très rapidement, vous avez vu plein de citoyens, des <em>makers</em> quand même, on parle des citoyens qui ont leur petite imprimante 3D chez eux, qui avant s’amusaient à faire des figurines Pokémon, grand cliché de l’imprimante 3D. Et là, d’un coup, on a eu des personnes —~ça allait d’un lycéen de 15/16 ans, le plus jeune avec qui j’ai discuté, à des retraités qui bossaient au <em>lab</em> de la SNCF~ —, qui se sont mises à fabriquer des visières de façon collective. Il y a eu tout un réseau, on a créé une plateforme où les personnes, en Rhône-Alpes, pouvaient indiquer leurs besoins : «~On a besoin de cinq visières pour ce cabinet d’infirmières~», «~on a besoin d’une vingtaine de visières pour une école~», des choses comme ça. Et, de l’autre côté, on avait des <em>makers</em> qui étaient en train de fabriquer, d’échanger les informations, les modèles, pour pouvoir répondre à tout ça. En l’espace d’une semaine, ce réseau s’était mis en place.<br/>
 
Avec le fait que tout soit en <em>open source</em>, on a pu faire énormément d’échanges à la fois avec les équipes qui étaient, par exemple, celles qui étaient allé le plus vite parce qu’on avait eu des cas de Covid un peu plus tôt à Strasbourg~; des échanges d’un point de vue international, si je ne me trompe pas, dans les pays de l’Est, et nous, côté Rhône-Alpes, on a pu s’adapter. Par exemple, on a eu pas mal d’informations qui venaient de l’hôpital de Saint-Étienne, puisqu’on avait un brancardier qui était dans le collectif, un brancardier qui travaillait à l’hôpital de Saint-Étienne et, du coup, il a pu faire les petites modifs dans le modèle pour s’adapter aux normes de l’hôpital de Saint-Étienne. Ça nous a permis de le déployer après dans les hôpitaux de Lyon en disant « l’hôpital de Saint-Étienne nous a validé ce modèle, on peut y aller. »
 
 
 
Là, on voit vraiment — ~c’est un exemple caricatural~ —comment le Libre a été un énorme catalyseur de développement. On était même, d’un point de vue vitesse, beaucoup plus rapides que ce que les industriels pouvaient faire. Les industriels ont mis un mois, un mois et demi, à arriver à sortir des choses et, quand on leur disait  « là, il y a déjà 80~000 visières faites par les citoyens », eux-mêmes n’y croyaient pas.
 
 
 
Ce type d’anecdote, c’est un peu ce que j’ai creusé avec mon premier projet associatif qui s’appelle La Clavette <ref>[http://www.laclavette.fr/ La Clavette]</ref>. À la base, je suis ingénieure mécanique, développeuse de produits et rapidement, dans ma carrière, je me suis intéressée à un projet, ce que j’ai appelé ingénierie positive, qui réponde à des enjeux sociaux, qui prenne en compte l’écologie et qui s’appuie sur la collaboration. Ce qui m’a amenée, naturellement, vers mon dernier projet qui s’appelle l’Institut Transitions <ref>[https://www.instituttransitions.org/ Institut Transitions]</ref>. À l’Institut Transitions on accompagne les personnes qui veulent se reconvertir pour travailler dans la transition écologique et solidaire, des personnes de la technique, mais aussi des profils très variés. Entre l’Institut Transitions et La Clavette, ça m’a donné une petite panoplie de projets dont on va vous parler avec Agnès.
 
 
 
==<em>Let's look at our smartphone...</em>==
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Merci Isabelle. C’est avec La Clavette que je t’avais rencontrée, j’invite chacune et chacun à aller voir ce site, les vidéos que tu as faites, j’ai trouvé ça très inspirant.
 
 
 
Je suis Agnès Crépet et je travaille chez Fairphone, comme tu l’as dit Richard. J’ai aussi monté une boîte en France qui s’appelle Ninja Squad <ref>[https://ninja-squad.fr/ Ninja Squad]</ref> ; c’est une boîte de quatre développeurs et développeuses où on fait de l’<em>open source</em>. On n’a pas de manager, on a le même salaire, on n’a pas de locaux, etc. Et je fais partie aussi de Duchess France <ref>[https://www.duchess-france.org/ Duchess France]</ref>, il y a des représentantes ici. Duchess France est une association qui travaille sur la visibilité des femmes dans la tech. J’ai aussi cofondé MiXit <ref>[https://mixitconf.org/ MiXiT]</ref>. Qui connaît MiXit~? Oui, Tristan, tu étais déjà venu, il y a quelques personnes dans la salle, Florence aussi.MiXit est une association qui œuvre sur Lyon et qui organise depuis dix ans une conférence dédiée à la tech et l’éthique, et aussi à plus de diversité dans la tech.
 
 
 
Il y a vingt ans —~ça ne me rajeunit pas tout ça~—,j’ai rejoint les mouvements des médias alternatifs, pour ceux qui se souviennent de Indymedia <ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/Indymedia Indymedia]</ref>, etc., d’ailleurs je pense que c’est pour ça que j’ai choisi le métier de développeuse. En 1999, il y a des violences policières à Seattle par rapport à un sommet de l’OMC, des manifestants se font un peu casser la gueule par la police, en gros, et les médias n'en parlent pas. À ce moment-là, des médias alternatifs arrivent  pour dire « il faut parler de ces exactions » et il y a toute une vague de réseaux de médias alternatifs qui arrivent à ce moment-là, dont en France. Du coup, avec mes potes — j’avais~18/20 ans —, il a fallu qu’on développe des solutions pour mettre en place ces médias-là. J’ai appris à coder et je pense que j’ai voulu faire des études dans l’informatique grâce à ça.
 
 
 
Aujourd’hui, je bosse chez Fairphone <ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/Fairphone_(entreprise) Fairphone]</ref>. On va vous parler un petit peu de l’industrie des smartphones.
 
Si on regarde un peu ce qui se cache derrière nos téléphones, il faut savoir qu’il y en a plein de téléphones dans nos tiroirs Un rapport est sorti récemment par le WEEE <ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9chets_d%27%C3%A9quipements_%C3%A9lectriques_et_%C3%A9lectroniques Les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE, D3E en français ; WEEE en anglais)]</ref>. Par rapport aux télés, aux ordinateurs, c’est vraiment un produit qu’on recycle très mal et qui reste dans nos tiroirs. Une des raisons principales —~46~% exactement des gens~— pour laquelle les gens gardent leur téléphone, c’est parce qu’ils pensent le réutiliser un jour. Ce qui fait qu’on a à peu près 1,5~milliards de téléphones qui sont vendus chaque année.
 
 
 
==<em>The electronics industry</em>==
 
 
 
Si je parle des téléphones Android —~ceux que je connais le mieux parce que Fairphone fait des téléphones Android~—, leur durée d’utilisation moyenne est de deux à trois ans, donc c’est très court, c’est récent, ça a moins de dix ans. Si vous vous souvenez de votre Nokia 3310 ou de ce genre de marque, ce qu’on appelle aujourd’hui des <em>dumbphones</em>, en fait, je serais d’avis de rebaptiser ce nom-là, ce n’est pas si <em>dumb</em> que ça, ce sont des téléphones qui étaient beaucoup plus durables qu’aujourd’hui, des téléphones dont la batterie tenait une semaine. Certes, ils étaient moins <em>smarts</em>, effectivement, ce n’étaient pas des smartphones, vous ne pouviez pas vous connecter facilement à Internet, etc. Mais c’est quand même assez triste d’arriver à des durées d’usage aussi courtes. Et, comme je disais juste à l’instant, on a moins de 20~% des téléphones qui sont recyclés, 17,4~% exactement.
 
 
 
Aujourd’hui, tout ça résulte en un vaste nombre de téléphones portables, d’ordinateurs, qui arrivent bien souvent dans des pays loin de chez nous, notamment en Afrique. En 2019, l’étude de WEEE montrait qu’il y avait plus de 53~millions de tonnes de déchets électroniques. Aujourd’hui, le dernier rapport montre des chiffres un peu plus bas — 44~millions de tonnes —, par contre, ce n’est pas très joyeux parce que ce même rapport dit qu’on a plus de cinq~milliards de téléphones qui vont finir dans des décharges en 2022.<br/>
 
Donc on a vraiment un boulevard pour faire des choses plus responsables dans ce secteur.
 
 
 
==<em>Putting planet <b>and people</b> at rik</em>==
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b>Ce qui est intéressant, on en profite pour faire cette parenthèse, pour enfoncer le clou aussi d’un point de vue écologique. On entend beaucoup parler de tout ce qui est changement climatique. Je pense que là, à mon avis, vous êtes tous saturés. On entend beaucoup parler des déchets, mais je vous invite aussi à regarder les autres conséquences, les conséquences sur tout ce qui va être biodiversité, les conséquences qui vont être tout ce qui est pollution des sols, pollution de l’air. Une personne qui en parle très bien, en tout cas sur tout ce qui vont être les problématiques minières, c’est Aurore Stephant, que vous pouvez écouter sur le podcast de Richard Hanna, profitez-en pour écouter ce qu’elle dit. Elle ouvre encore d’autres réalités dont, peut-être, on n’a pas conscience. En fait, on est en train de passer à l’étape où c’est bon, on commence à être conscients sur le climat, mais on risque de suivre un mauvais chemin parce qu’on va se concentrer sur le climat et on ne va pas prendre en compte tout le reste. Donc ayez bien conscience de cette boussole à plusieurs dimensions. Et, surtout, il y a une dimension qu’on a encore beaucoup trop oublié, c’est la dimension humaine, l’instant t. Je te laisse donner les détails.
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Fairphone, typiquement, ce n’est pas un projet de start-up qui <em>pitche</em> à la French Tech. Fairphone est un projet activiste~: pendant deux ans ce n’était pas une boîte, c’était une association de gens entre le Congo et les Pays-Bas, il n’y avait pas que des gens d’Amsterdam, il y avait aussi des personnes congolaises, qui militent contre les minerais dits de conflits. Pendant deux/trois ans, ces activistes officient et décident plus tard de lancer une boîte pour être vraiment au centre du business, parce qu'ils et elles se rendent compte que c’est moyennement satisfaisant pour elles et eux, à ce moment-là, d’être juste activiste pour pouvoir acheter des minerais, être vraiment dans dans les échanges commerciaux , pour pouvoir avoir de l’impact et c'est pour ça qu'ils montent une boîte.<br/>
 
Fairphone naît en 2013 avec une campagne de <em>crowdfunding</em> ; 50~000 personnes achètent un téléphone à 350~balles ; il y a six personnes derrière qui ne savent pas faire un téléphone ; je peux faire un <em>talk</em> sur le Fairphone et son histoire un peu chaotique du début, mais ça c’est l’origine de Fairphone. Donc c'est vraiment une histoire très militante à la base pour montrer toutes les exactions au niveau des gens. En fait, on parle de projet décolonial.
 
 
 
Hier encore, j’étais invitée à une table ronde à Mines ParisTech sur la problématique des ressources, etc. Bien sûr qu’il faut en parler, mais dès que j’ai parlé de la problématique de «~on exploite des gens au Congo, en Asie, etc.~», là, il y avait une mouche qui volait. Pas que je n’aime pas Mines ParisTech, c’est le cas de beaucoup de tables rondes. Je pense que c’est lié ! Le fait d’avoir des problématiques environnementales sur l’industrie électronique, c’est lié au fait qu’on a des rapports coloniaux avec des pays dans lesquels on a officié en tant que colons. Donc il faut vraiment arriver à approcher cette problématique d’un point de vue décolonial.
 
Le fait qu’il y ait des conflits armés — la dernière image sur la droite — c’est très lié à des conflits géopolitiques et, justement, le fait de prendre compte de cette dimension décoloniale est, à mon avis, une très bonne approche.
 
 
 
Au niveau du travail des enfants, c’est très compliqué. Le travail des enfants est très fort en industrie minière originelle, donc le fait de creuser dans la terre et de choper des métaux. On parle de 44~000 enfants qui travaillent comme mineurs dans les mines artisanales au Congo, c’est beaucoup, plus d’un million au niveau du monde entier. C’est vrai que ce ne sont pas des sujets qu’on aborde beaucoup. En tout cas nous, chez Fairphone,on essaye vraiment de les mettre vraiment.
 
 
 
==<em>Technology is the answer, but what was yhe question?</em>==
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b>Du coup, quand on voit toutes ces conséquences, ça nous amène à se poser la question~: est-ce qu’il faut tout arrêter~? Est-ce que ça vaut la peine d’utiliser ces minerais, etc.~? Du coup ça me fait penser à cette citation, que vous connaissez peut-être, mais que je trouve assez pertinente à garder en tête~: <em>«~Technology is the answer but what was the question?~»</em> [La technologie est la réponse, mais quelle était la question~?]. Pour tout vous dire, je m’amuse souvent à amener cette citation devant des publics industriels et à leur demander~: « À quelle question répondez-vous avec votre produit, avec votre service~? » Tu parlais de mouche, alors là ! Et quelqu’un, à un moment, va dire~: « Eh bien on a vu un marché, je pense ! »
 
 
 
Je pense que c’est intéressant, pour chaque produit, de se dire « OK, <em>technology is the answer but what was the question?</em> ». Et même au-delà de ça, j’aime bien bifurquer cette citation en disant « <em>Technology can be the answer, but depends on the question.</em> [La technologie est peut-etre la réponse, mais ça dépend de la question].<br/>
 
Bien sûr, on peut parfois se dire que la technologie peut répondre à plusieurs de nos problématiques, mais, des fois, ce n’est peut-être pas la technologie. Donc ça demande vraiment de s’arrêter et de se demander à quelle problématique on essaye de répondre avec son produit, avec son service~?
 
 
 
Prenez le cas du téléphone ; on peut très bien débattre de si le téléphone est nécessaire ou pas. Je pense que, dans cette salle, on aura beau dire, on a tous son smartphone, ou quelques <em>dumbphones</em> pour les plus alters d’entre nous. Du coup, quel sens peut-on donner à ce téléphone~? Je pense que c’est la question qui s’est vite posée chez Fairphone.
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Le fait qu’on lance un téléphone c’était,  quelque part, un levier pour changer l’industrie électronique. On dit souvent chez Fairphone que finalement, si on n’existe plus dans 20 ans, ce n'est pas très grave si Samsung fait la même chose, etc. L’objectif n’est pas de faire un téléphone mieux que les autres. L’objectif c’est de faire en sorte qu'on soit tous, industriels de l’électronique, alignés sur le fait de faire quelque chose de différent. Donc, on veut établir un marché pour une industrie qui va agir de manière beaucoup plus responsable.
 
 
 
==<em>4 Impact Areas</em>==
 
 
 
On le fait sur quatre axes.<br/>
 
Je vais plus parler de longévité aujourd’hui, pour vous parler de comment l’<em>open source</em> nous aide, mais il faut savoir qu'on officie aussi sur la partie <em>fair materials</em> [matériaux équitables]. J'ai parlé juste avant de ce que vous voyez sur la deuxième image, donc faire en sorte que l’extraction des métaux de la terre soit plus responsable~: on a monté la Fair Cobalt Alliance <ref>[https://www.faircobaltalliance.org/ Fair Cobalt Alliance]</ref>, en République démocratique du Congo, récemment, il y a deux-trois ans, et on a plein d’autres métaux sur lesquels on travaille. On travaille aussi sur les mines urbaines~: le fait d’extraire des métaux dans les déchets électroniques, ce qui est très compliqué, les terres rares ne sont pas recyclées, il faut le savoir. Donc, même si c’est compliqué, on essaye de faire des choses quand même là-dedans.
 
 
 
Et on veut faire en sorte que les gens qui travaillent dans cette chaîne d’approvisionnement soient mieux payés, mieux considérés, luttent contre les conflits armés, etc.
 
 
 
On a le pendant sur l’assemblage, donc les <em>fair factories</em> [usines équitables] que vous voyez ici. On veut faire en sorte que les femmes —~ 75~% de femmes bossent dans les chaînes d’assemblage en Chine~— soient mieux payées, les femmes et les hommes. On veut faire en sorte que leur voix compte. Il y a un syndicat unique en Chine, on ne peut vraiment pas  penser que c’est un syndicat d’un point de vue européen, et on veut faire en sorte que la voix des travailleuses compte vraiment dans les revendicationsde ce qu’on appelle des bonnes conditions de travail.
 
 
 
Fin de la chaîne~: réutilisation, recyclage, évidemment qu’on est dedans. Mais le recyclage n’est pas la solution, on le sait aujourd’hui. Je pense que Tristan [Tristan Nitot], tu en parlais sûrement dans ton truc ce matin <ref>[https://www.youtube.com/watch?v=RRPUHyUSrbY Tristant Nitot~: Quel rapport entre numérique et changement climatique~? (vidéo)]</ref>, le recyclage, c’est la fin de vie de votre produit. C’est bien de regarder tout ce qui se passe avant~: la production, comment on peut l’améliorer pour la rendre plus <em>fair</em>, l’usage allongé, j’y reviendrai juste après. Éventuellement, évidemment qu’il faut faire quelque chose du produit une fois qu’il ne marche plus, mais ça n’est qu’une partie de la solution.
 
 
 
On fait du <em>long lasting design</em> à travers la modularité. Quand vous regardez un Fairphone, vous pouvez l’ouvrir facilement. Je me suis mise un petit objectif perso : à chaque fois que je fais un truc, je parle de tata Ginette, qui habite en Haute-Loire, à chaque fois elle me dit « arrête de parler de moi ! » Je parle tout le temps d’elle parce que c’est l’exemple typique de ce qu’on veut faire avec Fairphone. Elle a 85 ans, quand elle a cassé l’écran de son téléphone, elle a pu le changer puisque c’est un Fairphone. Donc, vous l’achetez sur le Webshop et vous le changez vous-même~: pas besoin d’être un technicien, une technicienne hors pair pour faire ça.
 
 
 
La modularité se voit~: vous pouvez démanteler le téléphone facilement.
 
 
 
Ce qui se voit moins, c’est le <em>long term software support</em>. C’est mon job chez Fairphone. J’ai une équipe d’ingé, on est cinq, on ne fait que ça, on bosse sur la lutte contre l’obsolescence logicielle des téléphones. On veut faire en sorte que les téléphones aient du support logiciel long.<Br/>
 
Quand on regarde notre petite famille de téléphone~: voici les téléphones qu’on a sortis sur à peu près huit ans, déjà, on n'en a pas un par an : le Fairphone 1, le Fairphone 2, le Fairphone 3 qui a deux variantes, mais on va dire que c’est le même produit, et le Fairphone 4. Et si on regarde un peu, le Fairphone 1 n’existe plus aujourd’hui, mais le Fairphone 2 est toujours maintenu ; il est sorti en 2015, on va fêter ses sept ans de support. Pour les Fairphone 3, Fairphone 4, on veut faire du support logiciel long, on pousse sur 5 à 7 ans de support et, si on peut, on veut faire mieux.
 
 
 
La modularité, j’en ai parlé, c’est quelque chose qui est plus visible, plus reconnu. En France, il y a beaucoup d’initiatives. L’indice de réparabilité, c’est une bonne chose, même s’il est perfectible. Vous pouvez aller chez Darty, à la FNAC, etc., acheter votre téléphone et, comme les diagnostics énergétiques quand vous achetez un appartement, vous pouvez voir si votre produit est réparable. Bientôt, il y aura l’indice de durabilité, qui sera plus grand, un scope beaucoup plus large, en fait.  Ce sont des bonnes choses. Au niveau européen, des directives arrivent aussi. Par exemple, je trouve que coller les batteries c’est aberrant, eh bien ça va être interdit ; en  mars 2024, une directive européenne va passer là-dessus.
 
 
 
Donc, cette directive-là, le fait que ces indices arrivent, permettent de mettre en avant le fait que la modularité aide à garder votre téléphone plus longtemps parce que vous pouvez le réparer vous-même.
 
 
 
Je l’ai dit tout à l’heure qu'il y a l’enfant pauvre dont on ne parle pas beaucoup~: la partie <em>software</em>. Je vais prendre cinq minutes pour en parler un peu plus. Il faut savoir que c’est 20~% des cas, selon une étude européenne, la raison pour laquelle les gens arrêtent d’utiliser leur téléphone. 20~%, c’est à cause du software, TikTok ne se lance plus sur votre téléphone. J’utilise souvent l’exemple de TikTok parce que c’est maintenu par une boîte chinoise qui fait de la maintenance très courte. Donc, typiquement, TikTok ne tourne plus avec des versions un peu anciennes d’Android. Votre application bancaire ne se lancera pas si votre Android n’est plus mis à jour d’un point de vue sécurité. Donc, votre téléphone peut être parfaitement fonctionnel d’un point de vue matériel, si le logiciel ne marche pas, vous ne pouvez plus l’utiliser ?
 
 
 
Et c’est dû à quoi~? C’est dû au fait que, dans un téléphone, vous avez une puce qui régit beaucoup de choses, qu’on appelle un <em>chipset</em>, et vous avez Android -~en tout cas pour nous~-, un système d'exploitation qui est fait par Google. L’un et l’autre, en fait, ne sont pas forcément dans une approche où on va faire du <em>software support</em> sur sept ou huit~ans. Qualcomm <ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/Qualcomm Qualcomm]</ref> fait beaucoup d’efforts ces derniers temps pour arriver à avoir du plus long terme, c’est bien, il y a quand même des choses qui arrivent, mais Google, typiquement au niveau Android, on est plutôt sur trois~ans. Une version d’Android va durer trois ans. Donc on est un peu, en tant que fabricant de téléphones, entre deux chaises. Vous avez le fabricant de puces qui peut vous dire, au bout d’un moment~: «~Votre puce, là, que vous avez achetée il y a déjà huit ans, n’est plus maintenue avec une nouvelle version d’Android~» et Google qui vous dit «~cette version d’Android, là, qui est compatible avec votre puce, eh bien je ne la maintiens plus.~»
 
 
 
On essaye de faire en sorte de développer des couches logicielles pour que les deux mondes fonctionnent, pour que les nouvelles versions d’Android tournent sur des vieilles puces. C’est ce que je vais vous expliquer ici.<br/>
 
Voici un petit aperçu des différentes étapes~: quand vous voulez implémenter une version d’Android sur un <em>device</em>, vous prenez ce qu’on appelle AOSP, <em>Android open source project</em>, la nouvelle <em>release</em> d’Android par Google ; vous avez le fabricant de puces qui va sortir ses propres composants, qui sont en partie <em>open source</em>, ensuite, nous intégrons tout ça. Donc, c’est au milieu en bleu, nous intégrons tous ces éléments-là, les bons drivers, etc. On bosse avec tous les opérateurs européens, Orange, SFR, Bouygues en France, etc. Donc, il faut aussi intégrer tous les ??? [23:05] des opérateurs, c’est un job qu’on fait en tant que fabricant de téléphones. Et, si on <em>chip</em> un Android certifié, avec les <em>Google Mobile Services</em>, pas un Android alternatif, vous devez avoir une certification Google. Ce sont donc toutes les étapes qu’il faut faire pour arriver à <em>chiper</em> un Android sur un téléphone. Ici, les étapes sont un peu plus expliquées.
 
 
 
<em>Android open source project</em> est vraiment en partie <em>open source</em>, mais pas que. Vous avez quand même, au niveau de la stack Android, des parties qui ne sont pas <em>open source</em>, mais on part vraiment de la partie AOPS <em>open source</em>, quand on commence à travailler une nouvelle implémentation.<br/>
 
Ensuite, il y a cette fameuse étape de Qualcomm, je le souligne, il y a une grosse partie des composants de Qualcomm qui sont quand même <em>open source</em>, qui sont posés sur ce qu’on appelle le Code Aurora Forum, mais il y a toujours, forcément, des parties <em>closed</em>, donc modem, etc., qui sont sous l’égide de Qualcomm, on ne peut pas publier en <em>open source</em> ces éléments-là.
 
 
 
On fait toute l’intégration dont j’ai parlé, ça c’est vraiment Fairphone qui est responsable. On teste, on fait en sorte que tout marche, ce sont de longues étapes qui durent plusieurs mois, et on demande ces fameuses opérations de certification. Sur Google, typiquement ce qu’on appelle les ??? [24:19], l’étape de certification, c’est à peu près 500~000 tests à passer, s’il y en a un qui merde, vous n’êtes pas certifié ! Sur le Fairphone 2, avec mon pote Carsten, mon collègue, on a passé deux mois à résoudre un test. C’était le dernier. On a demandé des wathers ??? [24:35], des process d’exception à Google pour dire «~ouais, notre truc, il est vieux, ça marche pas~». Évidemment, je ne blâme pas de Google là, c’est pas le but. Mais le process est tel que c’est très compliqué d’avoir ces wathers ??? et on aurait pu échouer à cause d’un test sur les 500~000 qui ne passe pas.
 
 
 
Qu’est-ce qui se passe quand vous voulez faire une mise à jour d’Android quand il n’y a plus le support Qualcomm~? Donc la même étape que j’ai montré juste avant, mais sans le support Qualcomm. Vous êtes un peu dans la merde potentiellement. Ce qu’on fait, nous, c’est qu’on s’appuie beaucoup sur la communauté open source, je vous  expliquerai juste après. On publie tous nos codes sources, tout ce qu’on peut publier du point de vue légal. On s’est appuyé aussi sur les sources open source de Qualcomm d’un autre chipset qui était similaire, le Snapdragon 835 ??? [25:22], un gros projet communautaire open source qui existe dans la communauté Android. Vu qu’on a publié nos sources, ces projets-là existent et ils ont contribué à sortir des bouts de la version de l’OS pour faire en sorte qu’on puisse upgrader. Donc, c’est en ce sens que c’est essentiel d’arriver à open sourcer ce qu’on fait pour avoir le support des communautés, pour faire du long terme. Là typiquement, on a sorti l’année dernière Android 10 sur le Fairphone~2, sui va nous mener à 7~ans et demi de support logiciel sur le Fairphone~2.
 
 
 
==Open source et durabilité des produits électroniques==
 
 
 
Et comment on fait pour faire ça~? Et bien tout ce qu’on fait, toutes les release chaque mois -~sur Fairphone~4 on est à une release par mois~-, on release notre code en open source. Quand on a des composants propriétaires, on met les <em>binaries</em>, les bulles d’instruction ??? [26:10], sur notre site.
 
 
 
Et oui, c’est trop cool de faire de l’open source, parce qu’au final, même quand le <em>manufacturer</em> comme nous, le fabricant, on drope le support officiel -~les Fairphone~2, au bout de de 7~ans et demi on va normalement arrêter~-, vu qu’on a tout ouvert et ben, allez-y, les filles et les gars~: si vous avez envie d’allonger le support, go. Et là on a Commown <ref>[https://commown.coop/ Commown]</ref>, une coopérative d’électronique responsable, qui veut continuer à maintenir le Fairphone~2 grâce à des OS open source, et ils sortent l’offre FrankenPhone, que je trouve trop bien. L’offre FrankenPhone, c’est votre téléphone Fairphone~2 qui va être assuré avec un support logiciel, avec un OS alternatif, et qui va être porté sur Android~11 - nous on s’arrête mais eux, ils continuent sur Android~11 - et ça va nous mener à huit~ans et demi. Ça, c’est top.
 
 
 
Donc, ça veut bien dire que l’open source ici va être un vrai catalyseur pour la durabilité des produits électroniques. C’est la preuve par l’exemple. Moi, au quotidien, je baigne avec mes cinq collègues dans la stack open source, à discuter avec les gens de ??? [27:20], d’autres OS comme postmarket <ref>[https://postmarketos.org/ postmarketOS, en anglais]</ref>, lui c’est mon petit préféré. Il n’est pas très connu, mais ce sont des gens des pays d’Europe de l’Est qui font ça, je suis super fan de leur OS~: ils sont sortis d’Android, c’est un Linux base OS comme Ubuntu Touch à une époque -~qui existe toujours, il a été repris par UBports <ref>[https://ubports.com/fr/ UBports, en anglais]</ref>, une fondation allemande. Eux, c’est un peu similaire à Ubuntu Touch, ils sont Linux based OS ??? [27:50], il n’y a plus Android, et vraiment l’objectif qu’ils ont eu quand ils ont lancé cet OS il y a sept~ans, c’était de donner une vie aux téléphones qui ne sont plus dispos sur le marché du point de vue commercial. Donc voilà, allez voir ce qu’ils font.
 
 
 
Et pourquoi aussi les OS libres, c’est bien~? Et bien d’un point de vue <em>privacy</em>. Typiquement, vous avez plein de versions de systèmes alternatifs, d’OS alternatifs qui dégooglise leur OS si jamais ils sont basés sur Android, ou en tout cas qui font en sorte qu’il n’y ait pas de tracking de vos activités sur votre téléphone. Donc, c’est aussi bien, d’un point de vue <em>privacy</em>.
 
 
 
==L’offre cohérente==
 
 
 
J’ai parlé de Commown tout à l’heure~: à Fairphone, on a monté un collectif qui s’appelle Fair~TEC - je vous invite à regarder <ref>[https://fairtec.io/fr/ Fair TEC]</ref> -~avec notamment un opérateur alternatif qui s’appelle Telecoop <ref>[https://telecoop.fr/ Telecoop]</ref>. Pareil, en terme de numérique responsable c’est intéressant à regarder. Donc, ils vous donnent une carte sim, mais ils ne vous invitent pas à acheter de la data ou à avoir de la data à outrance, etc. On a monté ce collectif pour essayer d’avoir, justement, une offre un peu cohérente dans la mobilité. Quand vous avez envie d’avoir un téléphone qui soit un peu plus éthique, c’est bien d’avoir au niveau matériel quelque chose d’éthique mais c’est bien de s’intéresser à l’OS. Donc là, typiquement, on a un OS qui s’appelle /e/OS <ref>[https://e.foundation/e-os/ /e/OS, en anglais]</ref>, qui est disponible. Vous pouvez acheter un Fairphone avec l’OS pré-flashé dessus. Vous avez aussi la possibilité d’avoir cette fameuse carte sim Telecoop, et le tout est disponible via la coopérative d’électronique responsable qui s’appelle Commown.
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b>Pour essayer de pousser un petit peu plus loin encore l’exemple, on voit là pas mal de coopération entre des personnes qui sont déjà pas mal sur ces sujets électroniques. On peut même encore pousser à essayer d’avoir l’utilisateur lambda, ta tatan, pour l’amener un peu plus loin encore, d’une certaine façon.
 
 
 
==Un projet open source matériel pour les prothèses==
 
 
 
J’avais envie de vous raconter cette anecdote par rapport à la fondation Materialización~3D<ref>[https://materializacion3d.com/ Materialización 3D, en espagnol]</ref>, qui est en Colombie. Souvent, si on parle d’un projet open source matériel qui s’est très bien développé, c’est quand même les prothèses. On ne va pas débattre des heures sur l’utilité de la prothèse. Ce qui est intéressant au-delà de ça, c’est surtout le pivot qu’a fait cette fondation. On était à l’époque sur un déploiement de produits~: en gros, on va chercher de l’argent auprès de mécénat, fondation, etc. On récupère de l’argent, on fabrique des prothèses qui sont en open source et on les donne aux personnes.
 
 
 
De quoi on s’est rendu compte~? On s’est rendu compte qu’en fait, les personnes n’arrivaient pas à s’approprier le produit. Première chose, une prothèse, c’est un petit peu invasif. Donc, si vous n’êtes pas très à l’aise avec ça, vous avez tendance à lâcher. Deuxième élément: on s’est rendu compte d’un point de vue durabilité, comme disait Agnès, quand on vous donne un produit gratuit, donner une prothèse à un enfant, ça va durer quelques mois, d’une certaine façon. Au bout d’un moment, la prothèse casse et les personnes n’osent plus venir la faire réparer parce qu’elles disent~: «~bon, je suis mal à l’aise par rapport à ça, et du coup, je ne sais pas quoi en faire~». Et enfin, en terme d’évolution, tout simplement~: si vous la donnez à un enfant, par exemple, l’enfant grandit, au bout d’un moment, la prothèse n’est plus compatible~: pareil, pendant un an il a une prothèse, après il n’en a plus.
 
 
 
Et donc ce qu’ils ont fait, ils sont passés d’une position d’ingénieur concepteur humaniste -~pas de soucis~- à une position plutôt de pédagogues facilitateurs. Ça veut dire que l’objectif de la fondation est maintenant de former les personnes à pouvoir fabriquer des prothèses open source. Ça demande de former les personnes à de l’imprimante 3D, à faire de la CAO, à faire un peu de code pour les prothèses qui sont électromécaniques. Et ça change totalement le positionnement de l’ingénieur, du concepteur développeur. Ça veut dire qu'on n’a plus du tout cette posture où on offre le produit, mais c’est plus comment on fait le pont entre le monde de la technique et les citoyens, la société lambda, sur lequel ça peut répondre à des besoins. Et de la même façon, en terme de témoignage d’espoir -~un peu comme toi~-, ils se sont rendus compte qu’une fois qu’ils ont fait ça, eh bien, en fait, beaucoup de bénéficiaires se sont mis à faire la même chose. Ça veut dire que, à l’heure actuelle, on a 23~<em>human lab</em> qui se sont développés~: c’est des personnes qui ont été formées à utiliser l’imprimante 3D, à développer des modèles CAO et qui du coup ont ouvert un autre lieu pour former d’autres personnes dans d’autres régions, dans d’autres pays.
 
 
 
Donc c’est un peu tout ça la plus belle facette de l’open source qu’on peut voir, qu’on constate au quotidien.
 
 
 
On voulait pour conclure vous donner trois grandes phrases sur ce qu’on aime dans l’open source. La première, qui est peut-être la plus évidente, c’est de se dire~: ben voilà, c’est une démarche pour plus de coopération, pour travailler avec des personnes qui étaient vos concurrents. Moi, je me souviens de mes cours à l’école d’ingé, mes cours d’ouverture d’esprit, c’était un cours sur la propriété intellectuelle. Voilà le brevet~: faites attention, ne vous faites pas voler vos idées. C’était un peu le cauchemar, à l’époque. Déjà encourager pour un peu plus de coopération, pour de plus belles communautés. Allez voir des projets comme Precious Plastic <ref>[https://preciousplastic.com/ Precious Plastic, en anglais]</ref>, un super déploiement du point de vue communautés.
 
 
 
Après, c’est un peu aussi remettre le consommateur, l’utilisateur à une posture un peu plus active. Et donc on dit~: une démarche qui laisse place pour autonomiser la population. Tout ce courant qu’on a de plus en plus pour autonomiser les personnes, je trouve ça fantastique. Vous avez des auteurs, il y a déjà plusieurs dizaines d’années, comme Ivan Illich <ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Illich Ivan Illich]</ref> qui parlait d’une technologie conviviale. Il y a cette envie de se dire qu’on essaye de d’autonomiser les personnes. Si vous allez sur le courant de la low-tech, pareil, allez creuser~: c’est ça qui est le plus fort dans la low-tech. C’est pas juste de parler de faire des sites plus économes en énergie, c’est de dire~: comment est-ce que les citoyens comprennent aussi leur technologie~? Qu’on ait des territoires qui deviennent résilients, autonomes. C’est tout ça que cette communauté essaye de porter.
 
 
 
Et le dernier point, parce que l’enfer et les crises climatiques sont pavées de bonnes intentions~: faire de l’open source ne rend pas un projet responsable, pour reprendre l’exemple de notre intro. Mais l’open source est un levier pour les projets responsables. Donc, s’il vous plaît, faites attention à tous ces projets qui sont déposés, des fois sous caution-bannière d’open source~: les projets gadgets resteront des projets gadgets, les projets inutiles resteront des projets inutiles, ce n’est pas mettre un badge open source qui pourra sauver ça. Et presque, d’une certaine façon, évitez de mettre en open source des projets qui sont néfastes~: on va se retrouver avec l’effet inverse d’avoir une réplication de projets néfastes. Je suis à des salons ou à des jurys de projets responsables et je me dis~: mais en fait, ce projet n’est pas du tout responsable, mais comme les personnes ne comprennent rien à l’open source, elles vont dire «~mais oui, mais pourtant c’est open source~». Ben non~: gardez la tête froide, restez focus sur est-ce que ça fait sens ou pas pour vous.
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Juste un petit test, un petit lien par rapport à ce que vient de dire Isabelle. Je vous invite à regarder la licence hippocratique <ref>[https://firstdonoharm.dev/ The Hippocratic License, en anglais]</ref>. Elle n’a pas encore un succès dingue, mais justement, c’est pour arriver à donner cet angle sur la finalité du projet. Par rapport à ce qui existe dans la définition officielle de l’open source, ça peut compléter les licences qui existent déjà.
 
 
 
Merci.
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b> Merci à vous.
 
 
 
[Applaudissements]
 
 
 
==Questions 35:45==
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Donc, je pense qu’on a dix minutes de questions. Non, sept. Je te laisse prendre les questions, Richard~?
 
 
 
<b>Question inaudible 35:58</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b> Tout à l’heure je parlais de Qualcomm, je ne vais pas dire grand-chose, mais quand même. Dans ce monde-là, il y a beaucoup de choses, mais je trouve qu’il y a des choses qui bougent, en tout cas chez eux. Typiquement, maintenant, ils ont des <em>chipset</em> avec du support beaucoup plus long, et -~je ne vais pas rentrer dans des choses très techniques~-, mais sur les codes sources de modem, il y a quelques années, c’était très compliqué d’avoir accès au code source. Nous, si on n’a pas accès au code source, c’est compliqué. Donc, la première étape, c’est que nous ayons cet accès-là. Et bien, ça y est, ça devient possible. Et après, l’avantage, c’est que si nous au moins on a accès, même si au final, au niveau de ce qu’on va livrer, ça sera du blob et du <em>binaries</em>, au moins, le fabricant a accès à ce code-là, ce qui est déjà une étape.
 
 
 
<b>Remarque inaudible 37:06 </b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b> Voilà, exactement. Donc déjà le fait que c’est plus facile pour un petit fabricant, comme nous où on ne vend pas -~encore~- un million de téléphones par an, mais on ne sait jamais, ça peut peut-être arriver sous peu -~c’est génial quoi. C’est cool qu’on puisse arriver à ça. Après, moi je suis assez fan de Librem Purism. Je ne sais pas si vous connaissez~: c’est une boîte américaine, c’est des <em>warriors</em>, ils sont dingues, ils fond de <em>l’open hardware</em> et ces gens-là ont pris des chipset de l’aéronautique, qui sont beaucoup plus ouverts, et ils essayent vraiment de pousser à l’open source dans le milieu hardware. On n’y est pas du tout, de notre côté.
 
 
 
<b>Question inaudible 37:48</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Typiquement Librem Purism c’est leur approche. C’est génial qu’il y ait des gens comme ça~: nous, on n’est vraiment pas là-dedans, ce n’est pas qu’on ne veut pas, c’est qu’on n’a pas la force d’arriver là-dessus. On me pose souvent la question de pourquoi on ne travaille pas plus sur le minage urbain, le fait de recycler, etc. Il faudrait beaucoup d’ingénieurs pour bosser là-dessus. Donc, nous on a les quatre axes que j’ai présentés au début~: <em>fair</em> matériaux, <em>fair factory</em>, longévité et <em>reuse and recycling</em>. Mais par contre, bienvenue~: les gens de Librem on leur parle, on trouve ça super, j’en parle dans les conférences, la preuve en est. Donc, heureusement il y a des gens comme ça. Il y en a pas beaucoup.
 
 
 
<b>Question inaudible 38:40</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>C’est une bonne question. On s’est penché un peu dessus chez Fairphone. Au niveau de l’OS, c’est vachement plus compliqué. Vous avez des problèmes de media codec qui sont très différents entre la tablette et le téléphone. Donc, ça voudrait dire que nous, si un jour on veut faire une tablette, il faut vraiment qu’on investisse en ressources, qu’on ait des gens qui puissent travailler sur les codecs, etc. Ce qui n’est pas le cas. Par contre, si on sort du monde des tablettes, au niveau des laptops... Dans le monde des tablettes, pas grand chose se passe. Par contre, si on regarde le laptop il y a Why <ref>[https://whyopencomputing.ch/fr/ Why]</ref>, Framework <ref>[https://frame.work/fr/fr Framework]</ref>, qui font des choses beaucoup plus modulaires, beaucoup plus réparables. Why, c’est suisse et Framework c’est américain.
 
 
 
<b>Question inaudible 39:30</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>C’est au niveau de l’OS, typiquement. Si nous, on voulait faire une tablette, -~on s’est posé la question, je ne vais pas vous mentir~-, il faudrait vraiment qu’on arrive à avoir beaucoup plus d’ingénieurs qui puissent bosser sur ces fameux codecs. Parce que ce ne sont pas les mêmes en fait, et du coup, nous, on n’a pas la force d’arriver à faire ça aujourd’hui.
 
 
 
<b>Remarque inaudible</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Ils pourraient nous aider. Mais trente ingénieurs, voilà, c’est toujours la même chose, en fait. Je pense que si un jour on arrive à avoir plein d’argent, tous autant qu’on est, on arriverait à faire des choses.
 
 
 
<b>Remarque inaudible</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Oui, on est bien d’accord.
 
 
 
<b>Remarque inaudible 40:01</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Complètement propriétaire~? Non, mais ça serait génial. Il n’y a pas longtemps, on m’a posé la question officiellement, à l’Éducation nationale. On a fait une prés, à l’Éducation nationale, avec Isa. Et oui, mais qu’est ce qu’on fait avec toutes ces tablettes~? J’aimerais bien avoir l’argent pour faire ça, mais j’en suis arrivé à un point où je me dis qu’en fait peut-être la question est même plus de faire en sorte que les gamins aient du chauffage que des tablettes, vu où on en est... Il n’y a pas de solution. Après, si on choisit de faire des tablettes, il faut arriver à mettre les moyens dessus et qu’il ait des gens qui puissent orienter dessus~: nous on n’a pas la force financière pour faire ça aujourd’hui. On s’est posé la question.
 
 
 
<b>Remarque inaudible 40:55</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Oui, on est bien d’accord. Tout simplement.
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b>Pour reprendre un peu cette histoire de tablette, je pense que souvent, les défricheurs on n’attend d’eux qu’ils fassent tout le chemin, alors que, d’une certaine façon, vous êtes vraiment les défricheurs, votre but, c’est de dire~: regardez ce qu’on a fait dans les téléphones, emparez-vous de le faire dans les tablettes, etc. Et on vous donnera les coups de main s'il faut, mais je pense que ce serait presqu’une erreur que vous alliez sur tous les fronts.
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Oui, déjà que faire un téléphone tous les deux, trois ans, c’est compliqué pour nous~! Il faut qu’on arrive à s’améliorer en qualité. On avait une question, au fond~? Alors la question c’est~: pourquoi on a la 5G sur le Fairphone~4~? Typiquement sur le Fairphone~4, on ne le dit pas publiquement encore, mais vraiment, personnellement, sur la partie software support, j’aimerais arriver à dix ans. Si jamais on veut que le téléphone dure dix ans, vu ce qui se passe, et aussi que potentiellement on sorte de l’Europe -~par exemple aux États-Unis ou en Inde, où ça droppe la 3G, où c’est déjà en train de dropper des bandes, des supports de bande. Donc, ça veut dire que si on veut qu’il dure, il faut faire en sorte de pouvoir optimiser la longévité des composants~: au niveau modem, au niveau processeur. Vous ne pouvez pas acheter un truc 4G et le rendre compatible, en fait au niveau du chipset et du modem. Ça veut dire que le choix qu’on a fait il y a un an, quand on a embarqué notre puce, on s’est dit~: voilà, si on arrive à faire en sorte que ce Fairphone~4 dure, il faut qu’il soit compatible, sinon dans des pays ça ne marchera pas. On este le Fairphone aux USA, en ce moment. Et même s’il est compatible 5G -~heureusement qu’il est compatible~-, mais c’est encore une vraie problématique pour que ça marche.
 
 
 
<b>Remarque inaudible 42:47 </b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>C’est la question numéro un qu’on a par les journalistes~: «~Mais comment ça~? vous ne supportez pas la 5G~?~». On ne dit pas qu’on supporte et qu’on cautionne, en fait.
 
 
 
<b>Remarque inaudible 43:02 </b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Oui, tout à fait. C’est pour ça qu’avec Fair~TEC on a fait ce plaidoyer pour expliquer ce qu’on pense de la 5G, qu'on ne cautionne pas le fait que la data soit surconsommée. Mais après, si notre téléphone va être fonctionnel dans huit ans, sept, neuf~ans, dix~ans, hélas, il n’y a pas le choix. Ce n’est pas pour autant qu’on va faire la pub de la 5G. On nous a demandé, plein de fois~: «~ça serait quand même bien que vous disiez que votre truc il est 5G, c’est trop bien~». Ben non. On ne va pas faire la pub de la 5G en disant qu’on est vraiment content qu’il y ait de la 5G. On répond ce que je viens de vous répondre.
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b>C’est toujours un travail d’équilibriste, je trouve, entre ce que vous faites en tant que fabricant, concepteur, développeur, et comment vous armez les autres pressions à avoir du poids civil. Par exemple, armer des gens à dire «~mais en fait la 5G c’est de la merde~». Vous, en tant que constructeur, peut-être que vous êtes sur la 5G, mais au moins vous donnez plus de billes pour d’autres, pour pouvoir lutter sur ça. Vous ne pouvez pas être dans les deux sièges en fait, c’est ça qui est très compliqué.
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Et puis, on nous a dit~: «~Pourquoi vous ne faites pas deux téléphones, un qui est 4G, un qui est 5G~?~» Ben non, enfin, je veux dire, ça irait contre nos valeurs. On nous a un peu critiqué sur le fait qu’on avait droppé une prise jack, des choses comme ça. On l’a fait parce que, justement, cette prise jack, c’était très compliqué sur la durabilité du~??? [44:28] du Fairphone~4.Peut-être qu’on a fait une erreur et qu’on va la remettre sur le Fairphone~5. Et aussi on itère~: on a fait des erreurs, le Fairphone 2, c’est un téléphone qui avait beaucoup de problèmes sur le bottom module, le module du bas.
 
 
 
Voilà, le coût énergétique de la modularité aussi~: on a vachement amélioré, c’était 12~% de surplus au niveau de la production des gaz à effet de serre, sur la production, 12~% en plus parce qu’on a fait de la modularité. Donc là, on n’était pas très fiers de nous. On a droppé, on arrivait à 3~% sur le Fairphone~%2, et 1~% de plus sur le Fairphone~%4. Et là, pareil, 12~%% ça n’était pas satisfaisant. On a appris de nos erreurs.
 
 
 
<b>Remarque inaudible 45:16 </b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Moi, je pense que ça n’est pas inintéressant, en fait, de travailler ce secteur-là. Donc, nous Fairphone, ça n’est pas du tout notre truc pour le moment. On veut être là où ça se passe mal, je vous l'ai dit~: les minerais de conflit, donc pour le moment on est vraiment sur arriver à améliorer les conditions de travail, où 70~% du cobalt vient de la République démocratique du Congo. On veut rester là. Mais si des gens travaillent sur le tungstène en Ariège, etc, on ne serait pas du tout contre, on serait content de pouvoir...
 
 
 
<b>Remarque inaudible 46:15 </b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Je reviens sur le côté décolonial~: sur quoi on se heurte, sur le fait que le tungstène revienne en Ariège ou que le lithium soit exploité dans les Pyrénées. Les gens ne veulent pas ça, parce que c’est crade, une mine. Moi, je viens d’une cité minière du charbon, à Saint-Étienne~: mes grands-parents ont fait la fête quand la mine a fermé, parce que ça polluait la ville. Aujourd’hui, les gens ne veulent pas de mine dans leur ville, ce qui peut se comprendre. Par contre, évidemment, on ne se pose pas la question de ce qui se passe en Afrique. D’un point de vue éthique, je ne serais pas contre, en fait, qu’on rachète quelque part, qu’on participe au fait d’accepter le coût écologique de l’exploitation minière, parce qu’on a tous des téléphones dans la poche. Du point de vue éthique, je suis pas contre~; la faisabilité, c’est autre chose.
 
 
 
<b>Remarque inaudible 47:10</b>
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Oui, il y en a~: il y a du tungstène, il n’y pas de cobalt mais on peut exploiter beaucoup de métaux non rares, non précieux. Les terres rares, c’est plus compliqué, mais vous vous souvenez, quand Trump voulait racheter le Groenland parce que la Chine faisait un embargo sur les terres rares -~90% des terres rares sont en Chine~- ben le gars a voulu racheter le Groenland. Donc, il y en a, pas forcément à côté de chez nous, mais il est possible d’aller chercher des choses ailleurs. Mais je vous dis, on se heurte à des problèmes géopolitiques et aussi à des gens qui, localement, ne veulent pas avoir ces gisements-là.
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b>Voilà, on a oublié qu’à l’époque on avait moins de richesses minières. Il y a cinquante ou soixante~ans, on avait pas mal de métaux qui venait tout simplement de France et on a fermé petit à petit pour délocaliser.
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Alors quand Elon Musk dit qu’il veut faire une exploitation de lithium aux États-Unis, ça n’est pas pour arrêter d’exploiter les gens en Afrique.
 
 
 
<b>Isabelle Huynh~: </b>C’est pour avoir plus de lithium.
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Oui, voilà, c’est pour être indépendant, en fait, parce qu’il y a beaucoup de problèmes géopolitiques. Ce qui s’est passé avec les terres rares, avec le président chinois et Trump en 2019, c’est vraiment l’ambition d’être autonome et d’avoir ses propres ressources dans son pays pour pouvoir faire ce qu’on veut. Il n’avait pas d’ambitions éthiques, pour être clair.
 
 
 
<b>Richard~: </b>On va s’arrêter là.
 
 
 
<b>Agnès Crépet~: </b>Merci beaucoup.
 
 
 
[Applaudissements]
 

Dernière version du 13 février 2023 à 12:05


Publié ici - Février 2023