Différences entre les versions de « La culture ouverte est-elle obsolète en France »

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<b>Lionel Maurel :</b> Bonjour.
 
<b>Lionel Maurel :</b> Bonjour.
  
<b>Vincent Deroussent :</b> Pourquoi, Nathalie Martin, avez-vous, en introduction de votre intervention lors de la plénière associative au Paris Open Source Summit aujourd’hui, débuté par ce constat que la culture française ouverte est un peu obsolète. Je tempère déjà un petit peu !
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<b>Vincent Deroussent :</b> Alors pourquoi, Nathalie Martin, avez-vous, en introduction de votre intervention lors de la plénière associative au Paris Open Source Summit aujourd’hui, débuté par ce constat que la culture française ouverte est un peu obsolète. Je tempère déjà un petit peu !
  
<b>Nathalie Martin :</b> OK. Donc les institutions culturelles, aujourd’hui, ont besoin de faire connaître leurs collections, notamment avec la révolution numérique souhaitée par le grand public. À l’heure actuelle, il y a une structure qui a été en 1990 qui est la Réunion des musées nationaux, la RMN, qui a le monopole de la commercialisation, en fait, des objets tirés, justement, des collections : donc ça peut être les beaux livres, les posters, etc. Et du coup, cette organisation-là, limite, en fait, la diffusion des œuvres, même celles qui sont tombées dans le domaine public. C’est un vrai problème pour les musées pour faire connaître, justement, ces collections et ce n’est pas viable économiquement, en fait. Même pour la Réunion des musées nationaux, ils ne parviennent pas à rentrer dans leurs frais. Donc on pense qu’il faut imaginer d’autres choses.
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<b>Nathalie Martin :</b> OK. Donc les institutions culturelles, aujourd’hui, ont besoin de faire connaître leurs collections, notamment avec la révolution numérique souhaitée par le grand public. À l’heure actuelle, il y a une structure qui a été crée en 1990 qui est la Réunion des musées nationaux, la RMN, qui a le monopole de la commercialisation, en fait, des objets tirés, justement, des collections : donc ça peut être les beaux livres, les posters, etc. Et du coup, cette organisation-là, limite, en fait, la diffusion des œuvres, même celles qui sont tombées dans le domaine public. C’est un vrai problème pour les musées pour faire connaître, justement, ces collections et ce n’est pas viable économiquement, en fait. Même pour la Réunion des musées nationaux, ils ne parviennent pas à rentrer dans leurs frais. Donc on pense qu’il faut imaginer d’autres choses.
  
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Est-ce qu’il y a des exemples de réussite, en Europe, pas en France pour le coup, mais en Europe ?
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Est-ce qu’il y a des exemples de réussite, en Europe, pas en France pour le coup, mais en Europe ?
  
<b>Nathalie Martin :</b> Oui. Il y a le Rijksmuseum à Amsterdam qui a fait le choix, puisque seulement 8 000 objets de ses collections étaient disponibles lors des visites, il a été question de mettre 150 000 images en libre accès donc librement réutilisables, diffusables, etc., et de bonne qualité. Ce qui fait que, contrairement à ce que certains pouvaient penser, ça a augmenté les ventes d’images en parallèle, qui sont encore en meilleure définition. Donc ces images-là, en plus, ont permis d’accroître le nombre de visites, puisqu’il a été question de faire connaître les collections. Et enfin, l’obtention de subventions et de partenariats avec le privé puisque, comme c’est un des premiers musées à s’être lancé dans ce modèle économique là, il y a énormément de retombées médias et de conférences sur ces sujets. Donc c’est, pour eux, c’est pour ce musée une véritable réussite.
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<b>Nathalie Martin :</b> Oui. Il y a le Rijksmuseum à Amsterdam qui a fait le choix, puisque seulement 8 000 objets de ses collections étaient disponibles lors des visites, il a été question de mettre 150 000 images en libre accès donc librement réutilisables, diffusables, etc., et de bonne qualité. Ce qui fait que, contrairement à ce que certains pouvaient penser, ça a augmenté les ventes d’images en parallèle, qui sont encore en meilleure définition. Donc ces images-là, en plus, ont permis d’accroître le nombre de visites, puisqu’il a été question de faire connaître les collections. Et enfin, l’obtention de subventions et de partenariats avec le privé puisque, comme c’est un des premiers musées à s’être lancé dans ce modèle économique là, il y a énormément de retombées médias et de conférences sur ces sujets. Donc c’est, pour eux, pour ce musée une véritable réussite.
  
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Lionel Maurel, comment peut-on, finalement, essayer de reproduire ce modèle en France ?
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Lionel Maurel, comment peut-on, finalement, essayer de reproduire ce modèle en France ?
  
<b>Lionel Maurel:</b> En fait, ce qui est important de voir c’est que les musées pourraient choisir, aujourd’hui, de libérer leurs collections. C’est tout à fait possible, mais encore faut-il qu’ils le décident et qu’ils le veuillent. Et nous, on pense qu’il faut créer les conditions de ce changement de culture. Et pour ça, on propose de créer une organisation ou une initiative qui s’appellerait « culture ouverte » et qui aurait pour but de rapprocher des acteurs publics − les musées, les archives, les bibliothèques − des acteurs privée, des entreprises innovantes du secteur et des acteurs de ce qu’on appelle les communs c’est-à-dire des gens qui font des ressources partagées sur Internet, comme peut l’être Wikipedia. Mais il y a des communautés, aussi, qui existent en France, qui s’appelle par exemple Museomix, qui cherchent à réinventer les musées au 21e siècle, et donc mettre ensemble tous ces gens-là pour créer les conditions d’un changement.
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<b>Lionel Maurel:</b> En fait, ce qui est important de voir c’est que les musées pourraient choisir, aujourd’hui, de libérer leurs collections. C’est tout à fait possible, mais encore faut-il qu’ils le décident et qu’ils le veuillent. Et nous, on pense qu'en fait  qu’il faut créer les conditions de ce changement de culture. Et pour ça, on propose de créer une organisation ou une initiative qui s’appellerait « culture ouverte » et qui aurait pour but de rapprocher des acteurs publics − les musées, les archives, les bibliothèques − des acteurs privée, des entreprises innovantes du secteur et des acteurs de ce qu’on appelle les communs c’est-à-dire des gens qui font des ressources partagées sur Internet, comme peut l’être Wikipedia. Mais il y a des communautés, aussi, qui existent en France, qui s’appelle par exemple Museomix, qui cherchent à réinventer les musées au 21e siècle, et donc mettre ensemble tous ces gens-là pour créer les conditions d’un changement.
  
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Quels besoins avez-vous, finalement, aujourd’hui ? Besoin de soutien politique, j’imagine aussi ?
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Quels besoins avez-vous, finalement, aujourd’hui ? Besoin de soutien politique, j’imagine aussi ?
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<b>Vincent Deroussent :</b> Quel est le calendrier ? Quelles sont les prochaines échéances de ce projet ?
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Quel est le calendrier ? Quelles sont les prochaines échéances de ce projet ?
  
<b>Lionel Maurel:</b> Très bientôt. En fait demain, il y a aura un atelier ici à l’Open Source Summit pour réfléchir aux premiers pas à faire et aux conditions.
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<b>Lionel Maurel:</b> Alors c'est très bientôt. En fait demain, il y a aura un atelier ici à l’Open Source Summit pour réfléchir aux premiers pas à faire et aux conditions.
  
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Je précise : jeudi 17 novembre, donc ça va être un peu passé par rapport à la diffusion de la vidéo. Mais donc voilà, qu’est-ce que qui va se passer exactement ce jeudi 17 novembre ?
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Je précise : jeudi 17 novembre, donc ça va être un peu passé par rapport à la diffusion de la vidéo. Mais donc voilà, qu’est-ce que qui va se passer exactement ce jeudi 17 novembre ?
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<b>Vincent Deroussent :</b> Très bien. Et donc vous vous êtes associés avec la Fondation Wikimédia, notamment sur cette initiative.
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Très bien. Et donc vous vous êtes associés avec la Fondation Wikimédia, notamment sur cette initiative.
  
<b>Lionel Maurel:</b> Oui, oui. Wikimédia est un acteur très important dans le champ de la culture parce qu’ils donnent une visibilité aux images et ils ont une communauté très importante autour de la culture, qui est incontournable.
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<b>Lionel Maurel:</b> Oui, oui. Wikimédia est un acteur très important dans le champ de la culture parce qu’ils donnent une visibilité aux images et ils ont une communauté très très importante autour de la culture, qui est incontournable.
  
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Très bien. Eh bien on vous souhaite, en tout cas, beaucoup de courage pour ce projet.
 
<b>Vincent Deroussent :</b> Très bien. Eh bien on vous souhaite, en tout cas, beaucoup de courage pour ce projet.
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<b>Lionel Maurel:</b> Merci.
 
<b>Lionel Maurel:</b> Merci.
  
<b>Vincent Deroussent :</b> De porter ça jusqu’aux plus hautes sphères politiques en tout cas, le message est passé. Merci beaucoup Nathalie Martin, directrice exécutive de Wikimédia France et Lionel Maurel cofondateur du collectif SavoirsCom1. Merci à vous.
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<b>Vincent Deroussent :</b> De porter ça jusqu’aux plus hautes sphères politiques en tout cas, le message est passé. Merci beaucoup Nathalie Martin, directrice exécutive de Wikimédia France et Lionel Maurel cofondateur du collectif SavoirsCom1. Merci à vous deux.

Version du 17 décembre 2016 à 20:29

Titre : Pourquoi la culture ouverte est-elle obsolète en France ?

Intervenants : Nathalie Martin, Wikimédia France - Lionel Maurel, SavoirsCom1 - Vincent Deroussent, journaliste

Lieu : Paris Open Source Summit

Date : Novembre 2016

Durée : 5 min

Visualiser l'entretien

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

Transcription

Vincent Deroussent : La culture ouverte en France est-elle obsolète ? C’est, en tout cas, un des constats que Nathalie Martin a porté aujourd’hui lors du Paris Open Source Summit. Bonjour Nathalie Martin.

Nathalie Martin : Bonjour.

Vincent Deroussent : Vous êtes directrice exécutive de Wikimédia France. À vos côtés Lionel Maurel, bonjour. Vous êtes cofondateur du collectif SavoirsCom1. Bonjour.

Lionel Maurel : Bonjour.

Vincent Deroussent : Alors pourquoi, Nathalie Martin, avez-vous, en introduction de votre intervention lors de la plénière associative au Paris Open Source Summit aujourd’hui, débuté par ce constat que la culture française ouverte est un peu obsolète. Je tempère déjà un petit peu !

Nathalie Martin : OK. Donc les institutions culturelles, aujourd’hui, ont besoin de faire connaître leurs collections, notamment avec la révolution numérique souhaitée par le grand public. À l’heure actuelle, il y a une structure qui a été crée en 1990 qui est la Réunion des musées nationaux, la RMN, qui a le monopole de la commercialisation, en fait, des objets tirés, justement, des collections : donc ça peut être les beaux livres, les posters, etc. Et du coup, cette organisation-là, limite, en fait, la diffusion des œuvres, même celles qui sont tombées dans le domaine public. C’est un vrai problème pour les musées pour faire connaître, justement, ces collections et ce n’est pas viable économiquement, en fait. Même pour la Réunion des musées nationaux, ils ne parviennent pas à rentrer dans leurs frais. Donc on pense qu’il faut imaginer d’autres choses.

Vincent Deroussent : Est-ce qu’il y a des exemples de réussite, en Europe, pas en France pour le coup, mais en Europe ?

Nathalie Martin : Oui. Il y a le Rijksmuseum à Amsterdam qui a fait le choix, puisque seulement 8 000 objets de ses collections étaient disponibles lors des visites, il a été question de mettre 150 000 images en libre accès donc librement réutilisables, diffusables, etc., et de bonne qualité. Ce qui fait que, contrairement à ce que certains pouvaient penser, ça a augmenté les ventes d’images en parallèle, qui sont encore en meilleure définition. Donc ces images-là, en plus, ont permis d’accroître le nombre de visites, puisqu’il a été question de faire connaître les collections. Et enfin, l’obtention de subventions et de partenariats avec le privé puisque, comme c’est un des premiers musées à s’être lancé dans ce modèle économique là, il y a énormément de retombées médias et de conférences sur ces sujets. Donc c’est, pour eux, pour ce musée une véritable réussite.

Vincent Deroussent : Lionel Maurel, comment peut-on, finalement, essayer de reproduire ce modèle en France ?

Lionel Maurel: En fait, ce qui est important de voir c’est que les musées pourraient choisir, aujourd’hui, de libérer leurs collections. C’est tout à fait possible, mais encore faut-il qu’ils le décident et qu’ils le veuillent. Et nous, on pense qu'en fait qu’il faut créer les conditions de ce changement de culture. Et pour ça, on propose de créer une organisation ou une initiative qui s’appellerait « culture ouverte » et qui aurait pour but de rapprocher des acteurs publics − les musées, les archives, les bibliothèques − des acteurs privée, des entreprises innovantes du secteur et des acteurs de ce qu’on appelle les communs c’est-à-dire des gens qui font des ressources partagées sur Internet, comme peut l’être Wikipedia. Mais il y a des communautés, aussi, qui existent en France, qui s’appelle par exemple Museomix, qui cherchent à réinventer les musées au 21e siècle, et donc mettre ensemble tous ces gens-là pour créer les conditions d’un changement.

Vincent Deroussent : Quels besoins avez-vous, finalement, aujourd’hui ? Besoin de soutien politique, j’imagine aussi ?

Lionel Maurel: Oui, il y a besoin de soutien politique, d’une certaine manière. C’est sûr que le ministère de la Culture, par exemple, pourrait avoir un rôle pour débloquer ça, mais je pense que ce qui est le plus important, c’est d’avancer par l’exemple. C’est-à-dire de trouver des musées qui voudraient commencer, même sur des portions limitées de leurs collections, à faire le test, à essayer, et ensuite d’avoir, en fait, des belles histoires à raconter sur des premières réussites et de, comme ça par exemple, de faire provoquer le changement.

Vincent Deroussent : Quel est le calendrier ? Quelles sont les prochaines échéances de ce projet ?

Lionel Maurel: Alors c'est très bientôt. En fait demain, il y a aura un atelier ici à l’Open Source Summit pour réfléchir aux premiers pas à faire et aux conditions.

Vincent Deroussent : Je précise : jeudi 17 novembre, donc ça va être un peu passé par rapport à la diffusion de la vidéo. Mais donc voilà, qu’est-ce que qui va se passer exactement ce jeudi 17 novembre ?

Lionel Maurel: Eh bien il y aura un atelier, en fait ici, qui va être organisé pour réfléchir collaborativement aux premières pistes de culture ouverte et trouver, justement, des cas d’espèce et des cas pratiques où l’ouverture pourrait être un bénéfice pour les acteurs culturels. Et plus tard, en fait, ce qu’on va faire, c’est qu’on va lancer un appel aux bonnes volontés pour se rassembler autour cette initiative culture ouverte et créer la dynamique.

Vincent Deroussent : Très bien. Et donc vous vous êtes associés avec la Fondation Wikimédia, notamment sur cette initiative.

Lionel Maurel: Oui, oui. Wikimédia est un acteur très important dans le champ de la culture parce qu’ils donnent une visibilité aux images et ils ont une communauté très très importante autour de la culture, qui est incontournable.

Vincent Deroussent : Très bien. Eh bien on vous souhaite, en tout cas, beaucoup de courage pour ce projet.

Lionel Maurel: Merci.

Vincent Deroussent : De porter ça jusqu’aux plus hautes sphères politiques en tout cas, le message est passé. Merci beaucoup Nathalie Martin, directrice exécutive de Wikimédia France et Lionel Maurel cofondateur du collectif SavoirsCom1. Merci à vous deux.