L'ergonomie, indispensable à l'adoption massive du libre - PSESHSF2016

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Titre : L'ergonomie, indispensable à l'adoption massive du libre.

Intervenants : Matthias Dugué (m4dz) - Luc Chaffard

Lieu : PSESHSF - Pas Sage En Seine - Hacker Space Festival

Date : Juillet 2016

Durée : 39 min 45

Pour visionner la vidéo

Licence : Verbatim

Statut : Transcription MO

Description

Une informatique libre est synonyme d’une société libre. Une adoption massive est nécessaire afin d’atteindre cet objectif.

Afin d’y arriver, une interface utilisateur facile d'approche et ergonomique, construite avec le support de ses utilisateurs, est la clé.

En partant de l'approche développée par une équipe de libristes, Cozy Cloud, nous verrons comment écouter ses utilisateurs et les impliquer dans les étapes stratégiques du projet, du support au design en passant par le développement : les mains dans le cambouis, laissez vos utilisateurs hacker vos interfaces.

Transcription

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‘’’Matthias :’’’ Ce n'était pas prévu mais nous voilà quand mème pour vous parler un peu d'ergo et de libre et de la nécessité de travailler l'ergo et de faire de l’ergo intelligemment quand on veut faire du libre, si on veut faire les choses bien jusqu’au bout. Alors qui qu'on est ? Ton micro, sinon les gens ne t’entendent pas en direct. Coucou les gens !

‘’’Luc :’’’ Ça va être un petit réflexe à prendre ça. Je suis Luc, le product designer de chez Cozy.

‘’’Matthias :’’’ Moi je suis M4dz, je travaille chez Cozy également, je fais du dev d'interface, principalement. Avec Luc, on travaille conjointement sur le design et sur l'ergo des interfaces de notre produit. Notre produit c'est donc Cozy. Cozy, pour ceux qui ne savent pas, c'est une solution de serveur </>open source personnel, auto hébergeable. L’idée c’est de permettre aux gens d’installer leurs propres instances de serveur et via des outils qui sont intégrés à l’ensemble, de pouvoir reprendre le contrôle sur ses données, de pouvoir se réapproprier tout ça, se libérer des GAFA ou des GAFAM, ou des GAFAMeee, mettez ce que vous voulez derrière, en gros de redevenir vraiment possesseur de ce qu'on a et d’arrêter de disséminer un peu des choses.

Pourquoi je vous dis ça ? Pour une raison simple c'est que si on veut que ça marche et si on veut que les gens adhèrent à notre produit et s'en servent au maximum et donc se libèrent au maximum, on n’a pas le choix, il va falloir que ça passe par une adoption de masse, parce que tout seul on ne gagnera jamais la guerre. Et pour cette adoption de masse, eh bien il faut que l'ergo soit au cœur de notre processus de réflexion. Sinon, les amateurs éclairés pourront toujours s’en sortir. Les gens qui ont juste besoin que ça marche seront clairement perdus avec ça.

Petite démonstration par l'exemple. Ça c'est le bureau GNOME de 2002. Je ne vous fais pas le topo, GNOME, tout ça, etc. C'est tiré des notes de version de GNOME.

Ça c'est le bureau GNOME 3, 2011, dix ans plus tard, cinq ans déjà, et il y a quand même eu un gap assez énorme entre ça, qui était utilisable, mais qui piquait un peu et ça, qui est utilisable et qui est déjà un peu plus mousse. Après on aime ou on n'aime pas, ce n'est pas forcément la question. Perso GNOME n’est pas mon bureau de prédilection, mais force est de constater que sur la même période de temps Mac OS faisait aussi un gap entre 2001 et 2010 avec une vraie progression en termes d’ergo et GNOME a suivi le même mouvement et, au final, on retrouve des paradigmes à peu près équivalents. Ça, ça a été très pensé au départ pour travailler sur de la tablette. L’idée c’est vraiment de permettre aux gens de s’approprier l’outil pour pouvoir s’en servir, parce que si on les force à utiliser un truc qui ressemble à Windows 95, ça va être un peu plus tendu quoi ! Donc il va falloir prendre ça en main dès le départ et il faut le penser.

‘’’Luc :’’’ Attention, moment ???, si on veut une adoption de masse, il faut forcément rendre le produit accessible au maximum de gens.

Donc, prenons par exemple notre ami à tous Google, qu’on aime tous ici, Google, à l’époque, quand ils sont arrivés avec leur moteur de recherche, ils avaient juste un moteur de recherche. Leur plus gros concurrent, qui était en face d’eux, Yahoo, on arrivait sur leur site, c’était un peu de tout, de rien, des news, des images, enfin un gros n’importe quoi et on sait maintenant qui est devant tout le monde à l’heure actuelle. Donc autant s’inspirer de nos ennemis pour mieux les combattre.

‘’’Matthias :’’’ C’est Rage Against The Machine. C’est la slide corporate. Open source, ergo et design. Le statut de la relation entre les trois et les univers entre les trois, c’est que eh bien c’est compliqué. C’est compliqué parce que l’open source, le libre, l’ergo, et le design ensemble, ils ont parfois du mal à dialoguer.

‘’’Luc :’’’ Tout simplement, quand on arrive sur un logiciel libre, première phase à faire, l’installation pour la plupart des logiciels. Le commun des mortels n’a juste même pas envie. Ça demande des process des compliqués, une documentation que la plupart des gens n’arrivent pas à lire. Il faut un bac + 15, les gens ne vont pas à ce stade. Et même pour le peu des élus qui y arrivent, ils arrivent sur une interface, certes qui a des belles promesses, mais qui est juste inutilisable. Qui paraît cohérente pour un ingénieur, mais pour quelqu’un, on va dire, de plus normal, du commun des mortels, ça n’a aucun sens.

‘’’Matthias :’’’ Tout ça, ça implique un vrai manque de confiance entre les différents acteurs qui collaborent au projet. Il y a des gens qui dev dans la salle ? Il y a beaucoup de devs dans la salle, qui font un peu d’interface, un peu de machin comme ça ? D’accord OK . Il y a des gens qui font de l’ergo pur et dur ? OK. Ouais, en mode comme ça quoi ! Voilà ! En brasse coulée ! En gros, l’un des principaux soucis, c’est qu’il y a vrai manque de dialogue et un vrai manque de confiance entre les différents acteurs du projet. Quand vous développez une interface en tant que dev et que avez imaginé votre produit, vous, vous savez très bien où vous voulez aller. Donc pour vous c’est limpide. Ça ne le sera pas forcément pour l’essentiel des gens. Donc il faut collaborer avec des gens qui sont capables de vous apporter du savoir-faire, vous apporter de l’expérience, de l’expertise, des ergonomes, par exemple, des designers, entre autres, mais ça veut dire qu’il va falloir faire confiance à ces gens-là, il va falloir travailler avec ces gens-là et pas contre ces gens-là.

Donc le problème c’est qu’on est dans une espèce de relation qu’on a nommée assez aimablement une relation « égosexuelle », je nomme le « aimablement » quand même, parce que très vite on en vient à faire de l’entre-soi. On fait un produit, on l’a pensé pour nous, on l’aime bien, c’est notre bébé, on l’a vachement pensé, on le raisonne énormément. C’est super ! Pas très inclusif, mais c‘est super ! Donc l’enjeu c’est d’apprendre à vivre ensemble, c’est d’apprendre...

‘’’Luc :’’’ À travailler ensemble. Inaudible. Un, deux.

‘’’Matthias :’’’ Tu as un choc de micro ! Interlude. Ah c’est possible. Ça fait de la lumière. Tiens, parle avec moi !

‘’’Luc :’’’ On va se mettre avec Matthias. Bonjour Matthias. [Luc enlace les épaules de Matthias.]

‘’’Matthias :’’’ Coucou les gens !

‘’’Luc :’’’ Si la femme de Matthias regarde, il ne se passe rien, je tiens juste à le dire. En gros, la preuve en est c’est parfait pour cette slide, Matthias est développeur frontpage, je suis designer, nous partageons la même culture. On fait tous les deux partie de la génération Dragon Ball Z. On a passé beaucoup plus de temps derrière notre ordi ou notre petite ??? plutôt que dehors à jouer au ballon.

‘’’Matthias :’’’ Aller, au parc.

‘’’Luc :’’’ Je t’ai déjà vu jouer au ballon, excuse-moi Matthias, je ne suis pas bien en forme aujourd’hui. On partage des mêmes valeurs. On a peut-être un langage différent parce que, à un moment de notre vie, il y a en a un qui a choisi les crayons de couleur alors que l’autre a préféré se focusser sur l’ordinateur, mais malgré tout on partage des mêmes valeurs sauf que le langage est différent. Et c’est juste une communication qu’on a besoin de se réapproprier et être capable de ne pas juger l’autre parce qu’il n’utilise pas les bons termes. Et juste s’écouter et être capables de partager ensemble.

‘’’Matthias :’’’ Tu veux qu’on s’embrasse là ?

‘’’Luc :’’’ C’est un peu cochon ça !

‘’’Matthias :’’’ Non, on ne va pas le faire. Du coup, il y a une très belle citation dont je n’arrive pas à retrouver la source, que je vais peut-être un peu démesurément attribuer à Stallman qui est en face, donc coucou, et qui dit : « Si le libre ne parvient finalement qu’à libérer que du code source ça sera un échec : « Si vous retrouvez la source, j’offre des câlins, vraiment ! Je n’arrive pas à remettre la main dessus. L’idée c’est vraiment de dire ouvrir des choses, c’est super, libérer des choses c’est bien. Si tout ce qu’on arrive à libérer derrière ce n’est que de la ligne de code, on aura perdu quoi ! La philosophie est nettement plus énorme que ça. Elle va bien au-delà de tout ça.

‘’’Luc :’’’ Du coup l’ergonomie, eh bien késaco ? Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est un joli terme.

‘’’Matthias :’’’ J’aime bien késaco !

‘’’Luc :’’’ C’est principalement ce qu’on utilise par le terme UX qui veut dire user experience en anglais donc expérience de l’utilisateur. C’est le principe d’offrir une utilisation de votre produit sans friction. La personne qui va venir là, elle n’est pas là pour vous faire plaisir, elle est là pour qu’on lui simplifie la vie sur une tâche de son quotidien. Elle n’est pas là pour réfléchir comment votre produit fonctionne et pourquoi il y a ça ici ou comment j’accède à ça, comment je configure telle chose ou quoi. Non ! La personne est venue parce qu’elle a un objectif, elle a compris une valeur ajoutée et son seul objectif, c’est d’être badass, c’est ce que vous lui avez vendu quoi : votre produit lui permet de résoudre des problèmes dans son quotidien qu’il ne pouvait pas avoir ailleurs. Ce n’est pas comprendre votre produit.

‘’’Matthias :’’’ Ça nécessite de savoir qui est votre utilisateur. Donc quand vous commencez à travailler sur une solution, quand vous commencez à réfléchir à un produit, vous avez une idée, un projet, un machin qui va changer la vie des gens, vous avez raison, on en a besoin. Il faut déjà savoir à qui vous vous adressez. Savoir à qui vous vous adressez ça veut dire déterminer un ensemble d’utilisateurs, en marketing on parle de niche ou de marché. C’est ça, c’est de savoir à qui vous voulez vous adresser. Parce que simplement dire mon produit s’adresse aux gens qui ont Internet, vous ciblez quand même une portion extrêmement large de la population. Ça va être extrêmement compliqué de les avoir. Donc il faut être suffisamment précis.

Et deuxième principe à garder à l’esprit, toujours, c’est que, même si vous avez imaginé votre produit, même si vous le connaissez, même si vous le savez, que vous le vivez, vous n’êtes pas un utilisateur avec un pouvoir de vote supérieur à celui des autres. Vous n’êtes qu’un utilisateur parmi tant d’autres. Ce n’est pas parce que vous avez votre usage et votre réflexion que c’est celui de l’ensemble des gens. Au contraire votre usage sera souvent un peu biaisé parce que vous connaissez votre produit. Donc il faut garder ça à l’esprit.

Il faut déterminer un parcours utilisateur. Déterminer un parcours utilisateur qu’est-ce que c’est ? Eh bien c’est déterminer quelle est la fonctionnalité phare de votre produit ou de votre solution. On ne fait pas des couteaux suisses, on ne fait jamais des couteaux suisses. La philosophie UNIX c’est ça, c’est un outil, une chose, et ça le fait bien, et ça ne fait que ça. Finalement, c’est ça qu’il faut appliquer quand vous concevez un nouveau produit, c’est que, même s’il y a une myriade de choses autour, vous avez une fonctionnalité qui est le cœur même de votre produit et c’est ça qui le fera vivre. Donc il va falloir trouver ce que c’est que cette fonctionnalité et il va falloir précisément déterminer comment on y accède et comment on s’en sert. À partir du moment où vous déterminez ce passage-là, ce parcours-là, le parcours de l’utilisateur, vous avez déjà libéré et défriché 60 % du boulot.


11’ 28

‘’’Luc :’’’ On a souvent aussi une confusion entre le principe de design et d’ergonomie.