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'''Titre :''' L'écologie et le numérique
 
'''Titre :''' L'écologie et le numérique
  
'''Intervenants :''' Elliot Lepers - Amaelle Guiton - Frédéric Martel
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'''Intervenants :''' Elliot Lepers - Amaelle Guiton - Zoé ??? - Frédéric Martel
  
'''Lieu :''' Émission <em>le club de la presse numérique</em> - France Culture
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'''Lieu :''' Émission <em>Le club de la presse numérique</em> - France Culture
  
 
'''Date :''' septembre 2018
 
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'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins.<br />
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'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas forcément celles de l'April.</em>
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Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
  
'''Statut :''' Transcrit mammig
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==Description==
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Data center, consommation d'électricité... Moins tangible que nos déchets organiques, le numérique a aussi un impact écologique important. La pollution numérique représente un réel défi. On en parle avec Eliott Lepers, fondateur du Mouvement et Amaelle Guiton, journaliste à <em>Libération</em>.
  
 
==Transcription==
 
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SoftPower, le club de la presse numérique, Frederic Martel.
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<b>Voix off :</b><em>Soft Power</em>, <em>Le club de la presse numérique</em>, Frédéric Martel.
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<b>Frédéric Martel :</b>Vingt heures passées de treize minutes, <em>Le club de la presse numérique</em>, notre nouveau rendez-vous, comme chaque dimanche. On parle ce soir d’écologie et de numérique et nous sommes, pour en débattre, avec Eliott Lepers, entrepreneur, fondateur de l’ONG lemouvement.ong. Bonsoir.
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<b> Eliott Lepers : </b>Bonsoir.
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<b>Frédéric Martel :</b>Et Amaelle Guiton de <em>Libération</em>, qui êtes restée avec nous ce soir.
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<b>Amaelle Guiton :</b>Je vais m’installer une Quechua dans le couloir, je pense…
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[Rires]
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<b>Frédéric Martel :</b>Voilà. Les outils numériques, sans transition, les outils numériques ont permis – une Quechua, c’est particulièrement écolo ? c’est ça que vous voulez dire ?
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<b>Amaelle Guiton :</b>Je ne sais pas.
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<b>Frédéric Martel :</b>Il faut citer deux autres marques pour que ce soit légal.
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<b>Amaelle Guiton :</b>Ah mince !
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<b>Frédéric Martel :</b>Allez-y !
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<b>Amaelle Guiton :</b>Ça ne me vient pas là ! Au vieux campeur et Lafuma… On y est.
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<b>Frédéric Martel :</b>Bien ! les outils numériques ont permis, d’une part, de faire de nombreuses économies d’énergie pour la sauvegarde de la planète. On pense par exemple aux écrans qui réduisent les besoins en papier, la poste qui distribue moins de lettres ou encore aux voitures électriques qui roulent sans essence. Pour autant, la multiplication de ces objets pose de nouveaux problèmes, de nouveaux débats. Les données qui circulent en masse sur Internet sont stockées dans des centres, des data centers très énergivores, c’est vrai aussi de la blockchain et en particulier du bitcoin ; les appareils sont difficiles à recycler et sont sujets à l’obsolescence, et ce soir on s’intéresse au lien entre écologie et numérique. Pour lancer ce débat, Eliott Lepers.
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<b> Eliott Lepers : </b>Oui. On a des usages numériques qui évoluent et on peut parler du streaming ou des accès au nuage, notamment ce fameux système de cloud, qui font qu’on est connecté en fait en permanence à des serveurs, et donc ces pratiques sont de plus en plus exponentielles. L’usage c’est 63 %, je crois, du trafic mondial, qui est utilisé pour le streaming vidéo. Et le streaming vidéo contribue le plus à une consommation évidemment d’énergie, d’électricité, et donc à une production de gaz à effets de serre.<br/>
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Il y a des mouvements en cours chez les géants du Web pour s’engager à acheter directement de l’énergie propre auprès de fournisseurs d’électricité propre, donc ça, ça a été fait, ce sont des engagements qui ont été pris par Google, par Facebook, par Apple notamment. Mais il y a d’autres acteurs comme Netflix, dont vous parliez juste avant, qui utilisent encore des énergies fossiles pour fournir ces services-là.
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<b>Frédéric Martel :</b>Quels sont concrètement les problèmes nouveaux qui émergent de cette utilisation de données et de transport de ces films ou autres que nous utilisons chaque jour ?
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<b> Eliott Lepers : </b>Je ne sais pas si le problème est nouveau. Il se trouve qu’on utilise à la fois des machines et des données : quand on utilise Internet, en fait, c’est qu’on utilise son ordinateur qui consomme effectivement de l’électricité, mais derrière il y a tout un tas d’autres systèmes qu’on ne voit pas, qui sont actionnés par notre action. Le moindre clic sur un lien, actionne des serveurs parfois à l’autre bout du monde.
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<b>Frédéric Martel :</b>Et ces serveurs sont très nombreux. On sait que pour Google, Amazon ou Facebook, pour chacune de ces trois sociétés, c’est plusieurs millions de serveurs connectés entre eux.
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<b> Eliott Lepers : </b>Notamment pour avoir accès à un Internet rapide. C’est-à-dire que plus on a un Internet rapide et plus ça veut dire qu’il faut que l’information soit dupliquée partout dans le monde pour qu’elle soit le plus proche de soi, pour qu’elle soit le plus rapidement accessible. Simplement les usages évoluent. On est de plus en plus d’êtres humains à être connectés, on consomme de plus en plus de données parce que les flux sont de plus en plus rapides et parce que les usages et le temps passé sur les écrans sont de plus en plus important, donc on arrive à un moment où on a une sorte de goulot d’étranglement parce qu’effectivement la consommation globale au niveau mondial d’électricité pour Internet, ça équivaut à certain des plus grands pays du monde en termes de consommation.
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<b>Frédéric Martel :</b>Il y a le problème de ces data, mais il y a aussi le problème du refroidissement des serveurs. Autre question importante.
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<b> Eliott Lepers : </b>D’ailleurs il y a des initiatives intéressantes, parce qu’effectivement un serveur ce sont des centaines ou des milliers de petits ordinateurs qui sont connectés à Internet, qui permettent de stocker du contenu et de le délivrer à tous les utilisateurs et utilisatrices, donc il y a des initiatives pour placer ces data centers dans des endroits qui sont froids et donc pour réduire la nécessité en refroidissement électrique.
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<b>Frédéric Martel :</b>Donc en Islande, au Canada, au Groenland.
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<b> Eliott Lepers : </b>Voilà, Facebook s’est installé en Suède par exemple. Il y a aussi une initiative intéressante qui est de réutiliser la chaleur produite par ces machines. C’est le cas en France : il y a, je crois, trois sites aujourd’hui, notamment à Marne-la-Vallée et Aubervilliers, qui utilisent la chaleur et qui l’introduisent dans le réseau de chaleur urbain. Et puis il y a la piscine de la Butte-aux-cailles par exemple à Paris, qui est chauffée intégralement par un data center.
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<b>Frédéric Martel :</b>Donc on envoie un émail, on chauffe la piscine de la Butte-aux-cailles. Amaelle Guiton.
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<b>Amaelle Guiton :</b>Il n’y a pas que le problème des données. Ceci étant il y a avait eu, il n’y a pas très longtemps, un rapport de l’Institut du développement durable et des relations internationales en commun avec le WWF qui expliquait que le premier impact écologique de la technologie ce sont plutôt les terminaux en fait. C’est l’extraction de métaux, le fait qu’ils ne sont pas tous recyclables, je crois que pour fabriquer un smartphone il faut 60 métaux différents ; il faut 32 kilos de matière première pour fabriquer une puce électronique de 2 grammes. Donc on voit que là ! Avant même de se poser la question des data centers ou de l’impact de l’empreinte écologique du bitcoin, il faudrait probablement commencer par se poser la question de l’impact des terminaux eux-mêmes et du fait qu’en fait ils sont assez peu ré-employés, assez peu recyclés. Je crois que dans le même rapport, il y a seulement 16 % des téléphones portables qui sont collectés à des fin soit de ré-emploi, soit de recyclage. On voit bien que ce ne sont pas que les données, ce sont aussi les objets eux-mêmes.
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<b>Frédéric Martel :</b>Ça veut dire qu’il ne faut pas seulement moins les utiliser, il ne faut plus les utiliser du tout, il ne faut plus de smartphones ! Zoé.
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<b>Zoé :</b>Effectivement. Question très rhétorique, parce que je pense que vous allez me répondre oui, mais feu le Conseil national du numérique avait fait un livre blanc l’année dernière.
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<b>Frédéric Martel :</b>Il a été recréé depuis, il existe toujours le Conseil.
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<b>Zoé :</b>Je dis feu, mais en l’occurrence celui-ci n’est plus. Il y avait toute une foule de préconisations pour que, je crois, transition numérique et écologique se rejoignent dans un même mouvement. Il y avait la question, par rapport à ce que vous disiez Amaelle, d’appliquer une TVA réduite  pour les gens qui recyclent. Parce que, vous avez raison, il y a très peu d’acteurs aujourd’hui, qui recyclent les matériaux. Comment on peut expliquer un tel trou, même économique, parce qu’il y a des choses à faire quand même ?
  
Vingt heure passé de treize minutes, le club de la presse numérique, notre nouveau rendez-vous, comme chaque dimanche.
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<b>Amaelle Guiton :</b>Effectivement. Je pense qu’on manque à la fois de politique incitative et de politique punitive. Il peut y avoir débat là-dessus, mais, en tout état cause, il manque aussi d’un influx de la part des politiques publiques sur cette question-là comme sur d’autres, alors que oui, effectivement, il y aurait des choses à faire.
On parle ce soir d'écologie et de numérique et nous sommes pour en débattre avec Eliott Lepers, entrepreneur, fondateur de l'ONG "lemouvement.ong".
 
  
FM : Bonsoir.
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<b>Zoé :</b>Et peut-être de pédagogie aussi, parce que tout simplement, moi je pense que je l’ai appris assez tard : quand vous ne triez pas vos mails, que vous ne le supprimez pas, que vous avez trois quatre mille sur Gmail que vous n’avez pas ouverts depuis des années !
EL : Bonsoir.
 
FM : et Amaelle Guiton de Libération qui êtes restés avec nous ce soir.
 
AG : Je vais m'installer une Queshua dans le couloir, je pense...
 
FM : Voilà, vous... voilà...
 
  
FM : Les outils numériques
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<b>Frédéric Martel :</b>Et c’est quelque chose qui arrive chez vous Zoé.
rires
 
FM : Sans transitions, les outils numériques ont permis - une Queshua, c'est particulièrement écolo ? c'est ça que vous voulez dire ?
 
AG : rires - je ne sais pas.
 
FM : Il faut citer deux autres marques pour que ce soit légal.
 
AM : Ha mince, outch, ça ne me vient pas là... heu... Vieux campeur et Lafuma... Bim, on y est
 
FM : Bien, les outils numériques, ont permis d'une part de faire de nombreuses économies d'énergies pour la sauvegarde de la planète. On pense par exemple aux écrans qui réduisent les besoins en papiers, la poste qui distribue moins de lettres ou encore aux voitures électriques qui roulent sans essences. Pour autant, la multiplication de ces objets pose de nouveaux problèmes, de nouveaux débats. Les données qui circulent en masse sur Internet sont stockées dans des centres - des data center - très énergivores, c'est vrai aussi du blockChain, de la blockChain, et en particulier du BitCoin, les appareils sont difficiles à recycler et sont sujets à l’obsolescence, et ce soir on s'intéresse au lien entre écologie et numérique.
 
Pour lancer ce débat : Eliott Lepers.
 
  
1 min 24 sec
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<b>Zoé :</b>Effectivement, plus vous gardez de mails, plus il y a des serveurs qui continuent à tourner pour rien. On a l’impression qu’il y a quand même aussi, évidemment, mais c’est toujours le cas en matière de numérique, des vraies lacunes en termes de pédagogie.
  
EL : Oui ben on a des usages numériques qui évoluent, notamment on peut parler du streaming ou des accès au nuage, notamment ce fameux système de Cloud, qui font qu'on est connecté, en fait en permanence à des serveurs, et donc ça ces pratiques sont de plus en plus exponentielles. L'usage, c'est 63%, je crois, du trafic mondial, qui est utilisé pour le streaming vidéo. Et le streaming vidéo, c'est, ça contribue le plus à une consommation évidement d'énergie, d'électricité, et donc à une production de gaz à effet de serre. Il y a des mouvements en cours chez les géants du web pour s'engager à acheter directement de l'énergie propre auprès de fournisseurs d'électricité propre, donc ça, ça a été fait, c'est des engagements qui ont été pris par Google, par Facebook, par Apple notamment. Mais il y a d'autres acteurs comme Netflix, dont vous parliez juste avant, qui utilisent encore des énergies fossiles pour fournir ces services là... donc...
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<b>Frédéric Martel :</b>Eliott Lepers.
  
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<b>Eliott Lepers :</b>De pédagogie oui. Après il y a des campagnes. On se souvient qu’il y a quelques mois un grand opérateur de téléphonie avait lancé une grande campagne d’affichage pour effectivement inciter à supprimer ses mails stockés. En fait il y a l’enjeu du stockage, donc la quantité de données qu’on stocke. Effectivement aujourd’hui elle est croissante et comme on ne supprime pas ses données, comme on en crée systématiquement de plus en plus, eh bien on a besoin de plus de plus de place pour les stocker. Ça c’est un problème qui va continuer. Ça veut dire comment est-ce qu’on miniaturise le stockage ? Comment est-ce qu’on arrive à mieux compresser les données pour effectivement qu’elles prennent moins de place et qu’elles nécessitent moins de surface, parce qu’elles sont écrites sur des surfaces physiques ? Et après il y a combien est-ce qu’on en consomme ? Donc il y a ces deux éléments-là et ces deux éléments-là sont croissants.
  
FM : Donc quelles sont concrètement les problèmes nouveaux qui émergent de ces... de cette utilisation de donnée et de transport de ces films, ou autre, que nous utilisons chaque jour ?
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<b>Frédéric Martel :</b>Sont croissants et aussi parce là on parle d’un problème national avec ce qu’on pourrait faire mais c’est un problème global, avec aujourd’hui sur huit milliards et quelques de citoyens, déjà plus de la moitié qui sont connectés, et probablement six ou sept milliards prochainement qui seront connectés. Donc c’est un problème qui n’est que au début.
EL : Je ne sais pas si le problème est nouveau. Il se trouve que, voilà, on utilise à la fois des machines et des données qui font... quand on... utilise Internet en fait,
 
c'est qu'on utilise son ordinateur, effectivement, qui consomme de l'électricité, mais derrière il y a tout un tas d'autres systèmes que l'on ne voit pas, qui sont actionnés par notre action. C'est le moindre clic sur un lien, actionne des serveurs parfois à l'autre bout du monde...
 
FM : Et ces serveurs sont très nombreux. On sait que pour Google, Amazon ou Facebook, pour chacun de ces trois sociétés, c'est plusieurs millions de serveurs connectés entre eux.
 
EL : Notamment pour avoir accès à un internet rapide. C'est à dire, plus on a un internet rapide et plus ça veut dire qu'il faut que l'information soit dupliquée partout dans le monde pour qu'elle soit le plus proche de sois, pour qu'elle soit le plus rapidement accessible. Donc, simplement que les usages évoluent. On est de plus en plus d'êtres humains à être connectés. On consomme de plus en plus de données parce que les flux sont de plus en plus rapides et parce que les usages et les temps passés sur les écrans sont de plus en plus importants, et donc on arrive à un moment où on a une sorte de goulot d'étranglement parce que effectivement la consommation globale au niveau mondiale d'électricité pour Internet, ça équivaut à certain des plus grands pays du monde en terme de consommation.
 
  
3 min 26 sec
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<b>Eliott Lepers :</b>C’est ça qui est vertigineux. C’est qu’effectivement on a un enjeu qui est massif aujourd’hui, qui n’est presque pas adressé, alors qu’on a la majorité de la population mondiale qui n’est pas encore connectée, donc qui n’est pas encore entrée dans le calcul.<br/>
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L’autre idée c’est de mettre des serveurs sous l’eau.
  
FM : alors il y a le problème de ces datas, mais il y a aussi le problème du refroidissement des serveurs. Autre question importante...
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<b>Frédéric Martel :</b>Il paraît que ça marche !
  
EL : et d’ailleurs il y a des initiatives intéressantes, parce que, effectivement, un serveur c'est donc des centaines ou des milliers de petits ordinateurs qui sont connectés à Internet et qui permettent de stocker du contenu et de le délivrer à tous les utilisateurs et utilisatrices, et donc il y a des initiatives pour placer ces data center dans des endroits qui sont froids et donc pour réduire la nécessité en refroidissement électrique...
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<b>Eliott Lepers :</b>Parce que du coup ils se refroidissent automatiquement, c’est ça que je voulais dire.
FM : donc en Islande, au Canada
 
EL : Voilà, Facebook c'est installé en Suède par exemple
 
FM : Au Groenland...
 
EL : Il y a aussi une initiative intéressante qui est de réutiliser la chaleur produite par ces machines. et donc c'est le cas en France. Il y a je crois trois sites, notamment à Marne la vallée et à Aubervilliers qui utilisent la chaleur et qui l'introduisent dans le réseau de chaleur urbain. Et puis il y a la piscine de la butte au caille par exemple, à Paris, qui est chauffée intégralement par un data center.
 
FM : Donc on envoie un email, on chauffe la piscine de la butte aux cailles.
 
EL : C'est ça. Amaelle Guiton
 
  
4 min 18 sec
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==8’ 02==
  
AG : Il n'y a pas que le problème des données. Ceci étant il y a avait eu, il n'y a pas très longtemps, un rapport de l'institut du développement durable et des relations internationales en commun avec le WWF qui expliquait que le premier impact écologique de la technologie, c'est plutôt les terminaux en fait. C'est l'extraction de métaux, le fait qu'ils ne sont pas tous recyclables, je crois qu'il faut voilà, pour fabriquer un smartphone, il faut 60 métaux différents, il faut 32 kilos de matières premières pour fabriquer une puce électronique de 2 grammes. Donc on voit que là... avant même de se poser la question des datas centers ou de l'impact de l'emprunte écologique du BitCoin, il faudrait probablement commencer par se poser la question de l'impact des terminaux eux-même et du fait que, ben en fait, ils sont assez peu ré-employés, assez peu recyclés. Je crois que dans le même rapport, ils y a seulement 16% des téléphones portables qui sont collectés à des fin soit de ré-emploie, soit de recyclage.
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<b>Amaelle Guiton :</b>Ceci dit,

Version du 9 décembre 2018 à 19:46


Titre : L'écologie et le numérique

Intervenants : Elliot Lepers - Amaelle Guiton - Zoé ??? - Frédéric Martel

Lieu : Émission Le club de la presse numérique - France Culture

Date : septembre 2018

Durée : 15 min

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Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Statut : Transcrit mammig - MO

Description

Data center, consommation d'électricité... Moins tangible que nos déchets organiques, le numérique a aussi un impact écologique important. La pollution numérique représente un réel défi. On en parle avec Eliott Lepers, fondateur du Mouvement et Amaelle Guiton, journaliste à Libération.

Transcription

Voix off :Soft Power, Le club de la presse numérique, Frédéric Martel.

Frédéric Martel :Vingt heures passées de treize minutes, Le club de la presse numérique, notre nouveau rendez-vous, comme chaque dimanche. On parle ce soir d’écologie et de numérique et nous sommes, pour en débattre, avec Eliott Lepers, entrepreneur, fondateur de l’ONG lemouvement.ong. Bonsoir.

Eliott Lepers : Bonsoir.

Frédéric Martel :Et Amaelle Guiton de Libération, qui êtes restée avec nous ce soir.

Amaelle Guiton :Je vais m’installer une Quechua dans le couloir, je pense…

[Rires]

Frédéric Martel :Voilà. Les outils numériques, sans transition, les outils numériques ont permis – une Quechua, c’est particulièrement écolo ? c’est ça que vous voulez dire ?

Amaelle Guiton :Je ne sais pas.

Frédéric Martel :Il faut citer deux autres marques pour que ce soit légal.

Amaelle Guiton :Ah mince !

Frédéric Martel :Allez-y !

Amaelle Guiton :Ça ne me vient pas là ! Au vieux campeur et Lafuma… On y est.

Frédéric Martel :Bien ! les outils numériques ont permis, d’une part, de faire de nombreuses économies d’énergie pour la sauvegarde de la planète. On pense par exemple aux écrans qui réduisent les besoins en papier, la poste qui distribue moins de lettres ou encore aux voitures électriques qui roulent sans essence. Pour autant, la multiplication de ces objets pose de nouveaux problèmes, de nouveaux débats. Les données qui circulent en masse sur Internet sont stockées dans des centres, des data centers très énergivores, c’est vrai aussi de la blockchain et en particulier du bitcoin ; les appareils sont difficiles à recycler et sont sujets à l’obsolescence, et ce soir on s’intéresse au lien entre écologie et numérique. Pour lancer ce débat, Eliott Lepers.

Eliott Lepers : Oui. On a des usages numériques qui évoluent et on peut parler du streaming ou des accès au nuage, notamment ce fameux système de cloud, qui font qu’on est connecté en fait en permanence à des serveurs, et donc ces pratiques sont de plus en plus exponentielles. L’usage c’est 63 %, je crois, du trafic mondial, qui est utilisé pour le streaming vidéo. Et le streaming vidéo contribue le plus à une consommation évidemment d’énergie, d’électricité, et donc à une production de gaz à effets de serre.
Il y a des mouvements en cours chez les géants du Web pour s’engager à acheter directement de l’énergie propre auprès de fournisseurs d’électricité propre, donc ça, ça a été fait, ce sont des engagements qui ont été pris par Google, par Facebook, par Apple notamment. Mais il y a d’autres acteurs comme Netflix, dont vous parliez juste avant, qui utilisent encore des énergies fossiles pour fournir ces services-là.

Frédéric Martel :Quels sont concrètement les problèmes nouveaux qui émergent de cette utilisation de données et de transport de ces films ou autres que nous utilisons chaque jour ?

Eliott Lepers : Je ne sais pas si le problème est nouveau. Il se trouve qu’on utilise à la fois des machines et des données : quand on utilise Internet, en fait, c’est qu’on utilise son ordinateur qui consomme effectivement de l’électricité, mais derrière il y a tout un tas d’autres systèmes qu’on ne voit pas, qui sont actionnés par notre action. Le moindre clic sur un lien, actionne des serveurs parfois à l’autre bout du monde.

Frédéric Martel :Et ces serveurs sont très nombreux. On sait que pour Google, Amazon ou Facebook, pour chacune de ces trois sociétés, c’est plusieurs millions de serveurs connectés entre eux.

Eliott Lepers : Notamment pour avoir accès à un Internet rapide. C’est-à-dire que plus on a un Internet rapide et plus ça veut dire qu’il faut que l’information soit dupliquée partout dans le monde pour qu’elle soit le plus proche de soi, pour qu’elle soit le plus rapidement accessible. Simplement les usages évoluent. On est de plus en plus d’êtres humains à être connectés, on consomme de plus en plus de données parce que les flux sont de plus en plus rapides et parce que les usages et le temps passé sur les écrans sont de plus en plus important, donc on arrive à un moment où on a une sorte de goulot d’étranglement parce qu’effectivement la consommation globale au niveau mondial d’électricité pour Internet, ça équivaut à certain des plus grands pays du monde en termes de consommation.

Frédéric Martel :Il y a le problème de ces data, mais il y a aussi le problème du refroidissement des serveurs. Autre question importante.

Eliott Lepers : D’ailleurs il y a des initiatives intéressantes, parce qu’effectivement un serveur ce sont des centaines ou des milliers de petits ordinateurs qui sont connectés à Internet, qui permettent de stocker du contenu et de le délivrer à tous les utilisateurs et utilisatrices, donc il y a des initiatives pour placer ces data centers dans des endroits qui sont froids et donc pour réduire la nécessité en refroidissement électrique.

Frédéric Martel :Donc en Islande, au Canada, au Groenland.

Eliott Lepers : Voilà, Facebook s’est installé en Suède par exemple. Il y a aussi une initiative intéressante qui est de réutiliser la chaleur produite par ces machines. C’est le cas en France : il y a, je crois, trois sites aujourd’hui, notamment à Marne-la-Vallée et Aubervilliers, qui utilisent la chaleur et qui l’introduisent dans le réseau de chaleur urbain. Et puis il y a la piscine de la Butte-aux-cailles par exemple à Paris, qui est chauffée intégralement par un data center.

Frédéric Martel :Donc on envoie un émail, on chauffe la piscine de la Butte-aux-cailles. Amaelle Guiton.

Amaelle Guiton :Il n’y a pas que le problème des données. Ceci étant il y a avait eu, il n’y a pas très longtemps, un rapport de l’Institut du développement durable et des relations internationales en commun avec le WWF qui expliquait que le premier impact écologique de la technologie ce sont plutôt les terminaux en fait. C’est l’extraction de métaux, le fait qu’ils ne sont pas tous recyclables, je crois que pour fabriquer un smartphone il faut 60 métaux différents ; il faut 32 kilos de matière première pour fabriquer une puce électronique de 2 grammes. Donc on voit que là ! Avant même de se poser la question des data centers ou de l’impact de l’empreinte écologique du bitcoin, il faudrait probablement commencer par se poser la question de l’impact des terminaux eux-mêmes et du fait qu’en fait ils sont assez peu ré-employés, assez peu recyclés. Je crois que dans le même rapport, il y a seulement 16 % des téléphones portables qui sont collectés à des fin soit de ré-emploi, soit de recyclage. On voit bien que ce ne sont pas que les données, ce sont aussi les objets eux-mêmes.

Frédéric Martel :Ça veut dire qu’il ne faut pas seulement moins les utiliser, il ne faut plus les utiliser du tout, il ne faut plus de smartphones ! Zoé.

Zoé :Effectivement. Question très rhétorique, parce que je pense que vous allez me répondre oui, mais feu le Conseil national du numérique avait fait un livre blanc l’année dernière.

Frédéric Martel :Il a été recréé depuis, il existe toujours le Conseil.

Zoé :Je dis feu, mais en l’occurrence celui-ci n’est plus. Il y avait toute une foule de préconisations pour que, je crois, transition numérique et écologique se rejoignent dans un même mouvement. Il y avait la question, par rapport à ce que vous disiez Amaelle, d’appliquer une TVA réduite pour les gens qui recyclent. Parce que, vous avez raison, il y a très peu d’acteurs aujourd’hui, qui recyclent les matériaux. Comment on peut expliquer un tel trou, même économique, parce qu’il y a des choses à faire quand même ?

Amaelle Guiton :Effectivement. Je pense qu’on manque à la fois de politique incitative et de politique punitive. Il peut y avoir débat là-dessus, mais, en tout état cause, il manque aussi d’un influx de la part des politiques publiques sur cette question-là comme sur d’autres, alors que oui, effectivement, il y aurait des choses à faire.

Zoé :Et peut-être de pédagogie aussi, parce que tout simplement, moi je pense que je l’ai appris assez tard : quand vous ne triez pas vos mails, que vous ne le supprimez pas, que vous avez trois quatre mille sur Gmail que vous n’avez pas ouverts depuis des années !

Frédéric Martel :Et c’est quelque chose qui arrive chez vous Zoé.

Zoé :Effectivement, plus vous gardez de mails, plus il y a des serveurs qui continuent à tourner pour rien. On a l’impression qu’il y a quand même aussi, évidemment, mais c’est toujours le cas en matière de numérique, des vraies lacunes en termes de pédagogie.

Frédéric Martel :Eliott Lepers.

Eliott Lepers :De pédagogie oui. Après il y a des campagnes. On se souvient qu’il y a quelques mois un grand opérateur de téléphonie avait lancé une grande campagne d’affichage pour effectivement inciter à supprimer ses mails stockés. En fait il y a l’enjeu du stockage, donc la quantité de données qu’on stocke. Effectivement aujourd’hui elle est croissante et comme on ne supprime pas ses données, comme on en crée systématiquement de plus en plus, eh bien on a besoin de plus de plus de place pour les stocker. Ça c’est un problème qui va continuer. Ça veut dire comment est-ce qu’on miniaturise le stockage ? Comment est-ce qu’on arrive à mieux compresser les données pour effectivement qu’elles prennent moins de place et qu’elles nécessitent moins de surface, parce qu’elles sont écrites sur des surfaces physiques ? Et après il y a combien est-ce qu’on en consomme ? Donc il y a ces deux éléments-là et ces deux éléments-là sont croissants.

Frédéric Martel :Sont croissants et aussi parce là on parle d’un problème national avec ce qu’on pourrait faire mais c’est un problème global, avec aujourd’hui sur huit milliards et quelques de citoyens, déjà plus de la moitié qui sont connectés, et probablement six ou sept milliards prochainement qui seront connectés. Donc c’est un problème qui n’est que au début.

Eliott Lepers :C’est ça qui est vertigineux. C’est qu’effectivement on a un enjeu qui est massif aujourd’hui, qui n’est presque pas adressé, alors qu’on a la majorité de la population mondiale qui n’est pas encore connectée, donc qui n’est pas encore entrée dans le calcul.
L’autre idée c’est de mettre des serveurs sous l’eau.

Frédéric Martel :Il paraît que ça marche !

Eliott Lepers :Parce que du coup ils se refroidissent automatiquement, c’est ça que je voulais dire.

8’ 02

Amaelle Guiton :Ceci dit,